Sus à la gratte.

✻✻✻   « Si je comprends bien, il suffit que je sois suffisamment mielleux, que j’enrobe la chose pour que tu me dises oui ? C’est bien ça ? Ce n’est pas le fond mais la forme qui pose problème à tes oreilles ?! Tu aurais très bien pu me dire oui mais me dire clairement ta façon de penser au lieu de tout de suite t’opposer à moi »grommela-t-il car s’il comprenait bien le cheminement de Faustine, elle voulait l’épouser mais elle lui avait simplement dit non tout ça parce qu’il avait énoncé un fait plutôt que de lui avoir posé une question ?! C’était totalement idiot ! Elle était enceinte de lui, ils étaient en couple, le cheminement le plus naturel menait au mariage. Ce n’était qu’une question de temps avant qu’elle ne devienne sa femme. « Pour ta gouverne, tu vas devoir apprendre à vivre avec mon côté aristo car je te signale qu’en m’épousant, tu acceptes ce monde. Nos enfants recevront une éducation qui mêlera nos deux mondes et je refuse totalement l’idée de ne pas leur transmettre les valeurs que mes parents m’ont apprise. Cela ne te plairait pas toujours mais je ne vais pas renier qui je suis tout comme je ne te demanderais pas de renier d’où tu viens ni même qui tu es » soupira-t-il car à chaque fois qu’elle mettait en avant son milieu social, il avait l’impression d’être insulté comme s’il n’était qu’une bête de foire ou même la lie de la société. Faustine allait devoir apprendre à vivre et surtout à respecter d’où il venait sans quoi, ce serait la guerre ouverte avec le reste de sa famille.

Le jeune homme savait bien qu’il ne mettait pas franchement de la bonne volonté mais sa colère lui permettait de surmonter cette peur qui l’empêchait de desserrer sa prise autour du volant sous peine de voir ses mains trembler. « La prochaine fois, au lieu de tenter de nous tuer, demande moi de m’arrêter sur le bas-côté ! » fit-il tendu malgré sa main contre la sienne. Il cherchait réellement à se détendre, à se montrer conciliant, de bonne humeur comme il savait si bien l’être mais la peur pouvait faire ressortir un côté sombre même chez le plus gentil des hommes. « Pour le moment, je préfère limite qu’on arrête de parler de mariage. Cela serait plus agréable pour mes nerfs et peut-être que j’ai besoin qu’on s’oppose à moi. Je ne dis pas le contraire mais je te mets au défi de trouver un homme qui serait heureux de se prendre un non à sa demande en mariage. Enfin bref ! Oublions cela »lui dit-il avant de desserrer le frein à main pour reprendre la route. Il avait besoin de contrôler au moins quelque chose. « Je vais bien et conduire me fera du bien »


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✻✻✻ Faustine leva les yeux au ciel. Comment pouvait-il en être autrement ? Malgré ses excuses, il se buttait à poursuivre dans sa lancée sans même prendre en compte ce qu’elle pouvait bien dire. Limite, même en dansant nue à l’arrière de la voiture, il aurait probablement poursuivi son petit bonhomme de chemin sans y faire attention. « Je n’ai jamais dit que tu devais renier tes origines, juste y mettre du tien comme je compte y mettre du mien. C’est logique dans ma tête ! Mais ce n’est pas en m’imposant des choses que tu y mets du tien… tu m’imposes juste des choses façon « soit belle et tais-toi »… désolée mais personne n’aimerait être traité comme ça, pas même toi, surtout pas toi en fait si jamais bien raccroché les bons wagons » soupira-t-elle en ôtant aussitôt sa main, refusant de lui faire entendre raison au bout du compte car c’était inutile. Elle regardait par la fenêtre d’un air pensif, tentant de se calmer en pensant à des choses agréables tout en caressant son ventre, machinalement. A croire que sa grossesse ait hautement dominé son tempérament impulsif, qui aurait pourtant continué à argumenter encore et encore fut un temps. Comme quoi, seuls les idiots ne changeaient jamais, et d’avis, et de caractère au bout du compte…

« Clairement on ferait mieux d’oublier ça c’est net » coupa-t-elle en gardant une main contre ses lèvres, ne desserrant pas la mâchoire avant qu’ils ne soient arrivés sur le parking du grand centre commercial. Faustine s’étira légèrement en descendant, car elle était tellement tendue que des contractions habituellement supportables n’en n’étaient que plus douloureuses. Bah, ce n’était sûrement rien à côté de Jared, qui ne pouvait pas être plus pâle. « Tu as peur en voiture dois-je comprendre ? Et ne fais pas celui qui ne comprend pas de quoi je parle, tu es nerveux, pâle, ton rythme cardiaque est emballé… qu’est-ce qui te provoque ce stress ? Si c’est mon coup de frein à main je me suis déjà excusée pour ça et je ne le referais plus » mit-elle en avant sans violence, cherchant un creuser un petit brin en évitant de se prendre le revers de la médaille. D’ici à ce qu’il ne l’envoie à nouveau sur les roses, il n’y avait malheureusement qu’un pas, et cela la désolait… d’autant qu’apparemment, elle n’avait même pas réussi à lui faire entendre son point de vue, et donc dépensé de l’énergie et de la salive longtemps. « Tu ne vas pas me bouder toute la journée quand même ? » se paya-t-elle le culot de demander en tentant un petit rapprochement, lui donnant un petit coup de coude.

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✻✻✻  Cela ne servait à rien d’argumenter des heures et Jared n’était pas dans le bon état d’esprit pour le faire. Il lui passait tellement de choses dans la tête pour prendre toute discussion sérieuse, de manière courtoise et agréable. Il ne ferait que se mettre Faustine à dos et quoiqu’elle puisse penser, il ne voulait pas lui être désagréable. Déjà qu’il n’en menait pas large de l’avoir insulté de la sorte… Mon dieu quand il y repensait, il était mort de honte d’avoir perdu le contrôle au point d’avoir eu des mots vulgaires envers la femme de sa vie. Il fallait qu’il s’en excuse mais pour le moment, il était trop focalisé sur ce coup de frein et sur l’accident qu’il avait revu en face pour mettre toute la sincérité qu’il éprouvait pourtant. « Oui »marmonna-t-il au sujet du fait qu’il n’aimerait pas être traité de la sorte. Le problème, c’est que Jared ne comprenait pas où était le mal d’exiger d’elle le mariage. Il ne voulait simplement que lui arracher son consentement après, elle serait libre de prendre toutes les décisions qu’elle désirait prendre : choix de la date, du lieu etc. La seule donnée sur laquelle il serait intraitable serait : mariage ou non.

« Et bien nous sommes déjà d’accord sur quelque chose, tu vois, on va s’en sortir »marmonna-t-il en se traitant d’idiot de mettre de l’huile sur le feu. La tension dans la voiture était palpable si bien que son dos n’en était que plus crispé, lui causant une douleur des plus vives. L’architecte fit des mouvements de nuque pour se détendre, desserrant légèrement ses mains autour du volant. Finalement, le couple arriva devant le grand magasin s’en autre dispute ou encombre. Jared n’était mécontent de poser un pied dehors pour pouvoir faire quelques pas histoire de laisser la tension le quitter. « Tu te demandes réellement ce qui provoque ce stress ? Comment penses-tu au juste que je suis devenu amnésique ? A cause d’un pot de fleur ? J’ai eu un accident de voiture et les conditions que tu as provoqué ont simplement fait ressurgir les images de mon accident » lui répondit-il la mâchoire crispée car ce n’était pas tant qu’il avait revécu son accident mais c’était surtout qu’il ne savait plus vraiment maintenant s’il n’avait pas cherché à se suicider ce jour-là. Dans ses brèves images, il s’était revu, accroché au volant comme s’il était déterminé à foncer dans cet arbre. Il n’avait pas cherché à freiner et cela lui faisait peur de reconnaitre que finalement, il avait peut-être intenté à ses jours. « Je ne te boude pas ! » grogna-t-il en l’empoignant par la main pour l’amener dans le magasin et plus précisément au rayon des bodies. « Tu en penses quoi de celui-là ? »lui demanda-t-il en lui montrant un body qu’il jugeait mignon.

Body qu'il lui montre.

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✻✻✻ Noooon Jared ne boudait pas, à peine ! Faustine aurait pu mettre sa tête au feu, à bouillir et à servir sur un menu que si, justement, il boudait. La seule raison qu’elle voyait, c’était son opposition, sa réponse négative et, bien sûr, le coup de frein… qu’elle ne manqua pas de se prendre en pleine poire car le ton employé n’engendrait ni joie, ni drôlerie, ni désir. « Beaucoup de choses peuvent provoquer une amnésie, comme une AVC, une chute, une méningite… je te fais toute la liste pour te prouver que je ne pouvais pas savoir et encore moins avoir la science infuse ou tu me suis ? » répliqua-t-elle froidement, Faustine n’ayant pas l’intention d’être prise pour un punching ball parce que monsieur l’avait décidé. Hors de question. Il ne s’agissait pas de fierté mais simplement de principe : il lui répondait avec virulence parce qu’il était crispé et énervé, et si elle en était plus ou moins la raison, ne s’était-elle pas justement excusée pour cela ? « Si tu me boudes ! Mais je me suis déjà excusée, je ne vais pas me rouler à tes petits petons mignons et te baiser les pieds non plus, si tu veux tirer une tronche de trois pieds de long libre à toi » haussa-t-elle les épaules, abandonnant les armes puisque manifestement, Jared avait décidé une bonne fois pour toute de faire sa mauvaise tête.

La suite était pour l’instant semblable à un supplice. La jolie blonde avait envie de hurler, de le secouer pour lui faire admettre que tout ceci n’était pas bien grave tant qu’ils étaient vivants, ensemble et en bonne santé mais non… apparemment, c’était un concept qui devrait rester silencieux pour l’heure. Oh, Jared lui montra bien un body, pour lequel elle hocha la tête, évitant de reprendre tout de suite la parole afin de ne pas être une abominable rabat-joie. « J’aime bien celui-là aussi… il est marrant » tenta-t-elle néanmoins en lui montrant un petit vêtement rouge absolument irrésistible, du moins de son point de vue. A croire qu’elle ne soit définitivement pas douée pour faire la paix puisque en dépit de toutes ses tentatives, Jared ne se détendait pas. Alors elle progressait dans le rayon, le poing serré sur le body précédemment montré à son cher et tendre… pouvait-elle encore l’appeler comme ça ? Si cela se trouvait, il allait finir par considérer qu’épouser le dragon lui apporterait moins de contrariétés et à partir de là, qu’était-elle censée répondre ? Je suis désolée ? Non, c’était trop facile. A croire que le monde aristocratique soit définitivement un grand trou noir incompréhensible aux yeux de la demoiselle… et ça la rendait littéralement malade.

Body proposé par Faustine

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✻✻✻ « Eh bien maintenant tu le sais, j’ai eu un accident de voiture »marmonna-t-il en esquissant ce qui se voulait un sourire mais qui tenait plutôt place à un rictus qu’à autre chose. Bien sûr, il s’en voulait d’être ainsi mais il avait beau essayer de se détendre, tout le ramenait à ses interrogations et il ne voulait pas en parler à Faustine. Pour lui dire quoi ? Au fait, je crois que j’ai bien cherché à me foutre en l’air.. On prend ce body ou celui-là ?. Non, ce n’était pas une façon de procéder et Jared se refusait à partir dans cette discussion car il n’était absolument pas prêt à la tenir sur la longueur. Par ailleurs, cela risquerait de se retourner contre lui ou de provoquer une nouvelle dispute au sein de leur couple. Du moins, si Faustine voulait toujours le considérer comme sa chère et tendre moitié mais ce n’était pas gagné. L’architecte craignait que leur condition sociale ne vienne par se mettre entre eux ou que son monde aristo ne lui fasse peur au point de faire s’envoler la belle demoiselle loin de lui. « Est-ce que je t’ai dit quelque chose ? Non. Je t’ai fait aucun reproche depuis que nous sommes arrivés sur ce foutu parking alors arrête aussi de monter sur tes grands chevaux. Je te demande pas de te rouler à mes pieds » s’agaça-t-il en se passant une main sur la nuque. C’était raté pour la détente !

Bien décidé à redonner une ambiance plus sereine à leur partie de shopping, il lui montra un premier body, recueillant aucune réponse si ce n’est : tiens, regarde celui-là, il est marrant. Devait-il comprendre qu’elle ne l’aimait pas ?! Aucune idée et il préférait ne plus s’avancer sur la question. « Oui, il est marrant en effet »se contenta-t-il de répondre tandis qu’ils évoluaient dans le rayon, en mode crispés. Pour la détente, on repassera à nouveau. « Qu’est-ce que tu penses de celui-là et de celui-ci ? ou encore celui-ci? »lui demanda-t-il en lui montrant tour à tour trois autres petits bodies qu’il jugeait mignon comme tout. Rien que de songer qu’un petit corps enfantin allait bientôt les remplir, il sentit une émotion lui serrer le cœur. « J’en peux plus… J’arrive pas à me concentrer sur ce shopping parce que j’ai l’impression que tu ne m’épouseras jamais et que cela me rend fou »se désola-t-il, montrant cette fois-ci une facette des plus inattendues : l’homme peu confiant. « Si je t’ai paru brusque dans ma façon de te demander ta main, c’est que je sais pertinemment que je n’avais aucune chance pour que tu tombes amoureuse de moi. Je voulais te forcer à m’épouser en prétextant cet enfant à naitre mais dans la réalité, j’espérais qu’au bout de quelques années, tu puisses tomber amoureuse de moi. Tu veux de l’amour mais qui me dit que toi, tu m’aimeras un jour ? On ne parle que de mes sentiments mais tu n’as rien dit concernant les tiens… »

Body 01. Body 02. Body 03.

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✻✻✻ « Tu peux arrêter de m’envoyer péter dès que j’ouvre la bouche ? Non parce que ça devient gonflant à la longue, je ne suis pas ton punching-ball alors stop ! » s’emporta-t-elle au bout d’un moment, n’ayant aucune intention de se laisser faire en bonne demoiselle docile qui dit oui à tout. Que Jared se le tienne pour dit : Faustine avait du caractère et n’entendait aucunement à se laisser marcher sur les pieds sans rien dire. Dans son monde, on lui disait non à longueur de journée, voire même merde, et elle l’acceptait sans rechigner… alors pourquoi pas lui ? Faire parfois le dos rond ne signifiait pas n’avoir aucune fierté… mais à croire que le jeune aristocrate n’ait définitivement pas la même façon de voir les choses qu’elle, et cela la désolait grandement. Pire, elle affichait désormais un regard triste, se sentant impuissante devant autant de tension entre eux. A chaque fois qu’elle avait le malheur d’ouvrir la bouche, la tension grandissait à vue d’œil et cela ne la désolait que plus encore. Que fallait-il faire ? Juste se taire et attendre que ça passe ? Ne pas se battre, Faustine ne connaissait pas. Elle avait pour habitude de le faire justement, et d’obtenir des résultats à la longue… mais là, elle était sensiblement tombée sur plus fort qu’elle.

« Ils sont magnifiques » répondit-elle en lui tendant le caddie afin qu’il les mette à l’intérieur, poursuivant de quelques pas son inspection du rayon avant que le discours de Jared ne la force à se retourner. Alors ça, c’était la meilleure au top cinquante… depuis quand Faustine ne l’aimait pas ?! « J’étais prête à te répondre que je t’ai déjà déclaré ma flamme cet été mais tu ne t’en souviens pas, c’est vrai… » se mordilla-t-elle aussitôt la lèvre inférieure, s’en voulant de sa presque boulette. Elle fit deux ou trois pas pour s’avancer davantage vers le jeune homme, ne le lâchant pas des yeux même si ses yeux laissaient couler plusieurs larmes. « Je t’aime Jared, c’est ça le truc. Tu n’en n’as peut-être pas l’impression mais… en l’espace de deux mois tu es devenu le pilier de mon existence, mon oxygène. Je suis terrifiée à l’idée que tu ne veuilles bientôt plus de moi parce que je suis chiante, impulsive ou à tout le moins pas de ton monde… je veux bien faire des efforts pour devenir quelqu’un d’autre… je ne sais pas, quelqu’un que tu accepterais mieux… mais… tu n’as pas à me forcer à t’épouser, je suis d’accord. Je voulais juste une demande un peu romantique, une petite ambiance, pas grand-chose… tu as passé ta vie à côtoyer des femmes qui sont blasées et incapables d’être impressionnées, alors que moi, me faut trois fois rien et j’ai des pétales de rose dans les yeux… »

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✻✻✻ « Mais je ne te prends pas pour mon punchingball » protesta-t-il sans grande conviction. Il avait bien conscience que son comportement n’était pas des plus conciliants mais quand même, il n’était pas le seul fautif dans cette histoire et ça, ça le rassurait un peu. Aussi, Jared se concentra sur le shopping, flânant dans le rayon des bodies tout en lui en montrant quelques-uns. C’était une façon à lui de changer de sujet, de faire en quelque sorte la paix. « Tu as pris celui que tu m’as montré ? Il était vraiment bien »lui dit-il pour se montrer agréable mais aussi parce qu’il était sincère. Si la situation avait été différente, Jared en aurait même rigolé mais quelque chose lui faisait croire que cela serait malvenu pour le moment. Faustine lui poussa le caddie vers lui et il plaça les quatre bodies qu’il avait trouvés depuis le commencement. Si cela continuait à ce rythme, ils allaient dévaliser le magasin mais ce n’était pas plus mal. Dépenser avait toujours été une façon efficace pour le détendre.

Toutefois, à force de regarder les petits vêtements, Jared termina par imaginer leur fille dedans, lui faisant prendre conscience qu’il avait besoin de ce mariage pour être heureux. Faustine était la femme de sa vie, il en était persuadé et ne pas l’épouser équivaudrait à une petite mort sur le long terme. Il avait besoin et surtout envie de la considérer comme sa femme, son épouse ; Qu’elle porte son nom comme leur fille le ferait à sa naissance. « Tu m’as dit que tu m’aimais ? » s’étonna-t-il car en effet, il n’avait aucun souvenir d’une pareille confession sans quoi, tout aurait été différent. L’anglais avait toujours pour habitude d’être stricte voire directif dans sa vie mais c’était pour cacher ses failles, son manque de confiance en lui qui avait été renforcé par son amnésie. Alors, quand des larmes glissèrent sur les joues de Faustine, Jared ne put s’empêcher de faire les quelques pas qui la séparait d’elle pour la prendre dans ses bras, écoutant sa déclaration. « Jamais je ne te demanderai de changer ou d’être une autre personne. C’est ainsi que je t’aime petit ange »murmura-t-il avant de s’éloigner de quelques centimètres uniquement dans le but de l’embrasser avec une infinie tendresse. « Je te demande pardon pour mon comportement, je peux être idiot quand je m’y mets mais ta réponse négative a eu l’effet d’un tsunami sur moi car comment faire pour te faire m’aimer si je ne pouvais pas garantir ta présence à mes côtés ?! Maintenant je sais que tu m’aimes »lui dit-il avec un sourire où se lisait clairement le bonheur. « Est-ce que je peux te laisser seule genre une petite heure ? Tu as carte blanche pour la garde-robe de Lou mais pour le reste, on achètera ensemble.. Avant cela, je dois faire quelque chose… Tu veux bien m’attendre sagement dans le magasin ? »

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✻✻✻ Faustine se contenta de hausser les épaules, préférant ne pas répondre car sur ce coup là, elle trouvait Jared de mauvaise foi. Ils ne risquaient pas de s’en sortir à force de se renvoyer sans arrêt la balle, voilà pourquoi la demoiselle préféra conserver un silence salvateur. « Oui, j’ai ajouté le premier que je t’ai montré » lui apprit-elle non sans lui tendre le caddie, afin qu’il rajoute les trois bodys trouvés quelques minutes plus tôt par les soins de l’aristocrate anglais. Mais les achats ne semblaient pas les détendre, du moins jusqu’à ce que le jeune homme ne crève enfin l’abcès, mettant le doigt sur le fond du problème, ce qui semblait tant le torturer… pourtant, ce n’était pas faute de lui avoir longuement déclaré sa flamme lors de leurs vacances d’été, afin de lui prouver que même après ce mois de juillet et d’août, Faustine ne comptait pas l’abandonner de sitôt. A noter que l’amnésie avait fait plus de dégâts qu’elle ne le pensait de prime abord, comme si elle était capable de facilement la mettre de côté… mais ce n’était aucunement le cas en vérité. Elle y pensait… là, leur dispute virulente l’avait simplement touchée plus que de coutume.

« Oui, je t’ai dit que je t’aimais. A plusieurs reprises même. » Puis vinrent les larmes. La tension et le stress étaient tels sur les épaules de la jolie blonde qu’il lui était impossible de ne pas sentir ses hormones en folie achever de la faire craquer. Oui, Faustine craquait, elle qui se targuait d’avoir des nerfs d’acier, cette fois, sa force habituelle rendait les armes… « Pourtant j’ai vraiment eu l’impression que tu ne m’aimerais jamais telle que je suis… » avoua-t-elle non sans lui rendre son baiser, la jeune irlandaise paraissant frêle entre les bras de Jared que c’en était presque choquant. « Mais ce n’était pas vraiment un non définitif, c’est pour ça que j’ai rajouté « pour l’instant », juste pour que tu comprennes qu’il y avait manière et manière de le faire… tu n’as pas vraiment compris où je voulais en venir et ça me désole de m’y être prise autant comme un pied » soupira-t-elle, la tristesse marquant ses traits. Mais bientôt, ce fut la surprise qui prit possession de son visage, alors qu’il lui demandait de l’attendre dans le magasin juste une heure. « Mais tu vas faire quoi pendant une heure ? Heu… je veux bien mais… » Mais il lui fallait s’occuper pendant une heure, ce que fit bien évidemment Faustine sans rechigner, achetant des tonnes de bodys, gigoteuses et autres chaussettes, chaussures et chaussons pour différents âges, afin qu’ils soient parés. Mais autant dire qu’elle l’attendait de pied ferme…

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✻✻✻ Son amnésie ne lui avait jamais paru aussi préjudiciable qu’à cet instant précis où Faustine lui clamait qu’elle n’avait jamais eu de cesse de lui dire qu’elle l’aimait. « Je donnerai tout ce que j’ai pour me rappeler de ce que nous avons vécu durant ces deux mois » lui avoua-t-il, l’air triste. Il avait l’impression qu’on l’avait amputé de son cœur et que tant que ses souvenirs ne lui seraient pas rendu, il y aurait toujours une partie de lui qui ne vivrait pas. Pourtant, il avait tout pour être heureux : Faustine était de retour dans sa vie, ils allaient avoir un enfant ensemble. Bien sûr, il y avait quelques ombres au tableau mais le plus important était qu’ils s’aimaient. Malheureusement, Jared n’arrivait pas à s’en contenter. Il voulait qu’on lui rende leur deux mois de bonheur. Il voulait se souvenir de son premier sourire, de son premier rire, de leur première fois. Il avait tellement besoin de se réapproprier leur histoire ! « Je ne voulais pas te donner cette impression petit ange. Tu es parfaite comme tu es et c’est ainsi que je t’aime et surtout que je suis retombé amoureux de toi. Je savais que je t’aimais dans mes songes mais c’est bien en vivant à tes côtés que l’amour s’est renforcé. Si tu savais combien ces deux mois de souvenirs me manquent plus que tous les autres »murmura-t-il après leur baiser. Jared aurait tant aimé lui faire comprendre cette frustration mais Faustine ne le pouvait pas. Elle avait toute sa mémoire, comment diable pourrait-elle se mettre à sa place ?! Personne ne le pouvait mise à part un autre amnésique.

« Je crois que nous nous y sommes pris maladroitement tous les deux. Tu avais raison, cela ne me ferait pas de mal de recevoir un non de temps en temps… Je suis par moment trop égoïste, arrogant… Trop aristo comme tu le dis si bien » regretta-t-il mais c’était plus fort que lui, il ne pouvait pas agir autrement car c’était ainsi qu’il avait été éduqué et quoiqu’on dise ou fasse, rien ni personne ne pourrait le changer. Par contre, il pouvait toujours s’arranger sur un point essentiel. « Fais-moi confiance, je reviens d’accord ?! Tu ne bouges pas de là… Je fais au plus vite » lui dit-il avec un sourire lumineux. Jared l’embrassa une dernière fois puis se hâta de quitter le magasin au pas de course pour réaliser quelques achats notamment un énorme bouquet de roses mais aussi un petit quelque chose qui devrait ravir Faustine.

Une heure plus tard, la musique du magasin retentissait mais à la place de l’habituelle voix annonçant les diverses promotions du commerce, ce fut la voix de Jared que les clients entendirent. « Faustine O’Hare, tu es la prunelle de mes yeux, le trésor de mes jours et l’ange de mes nuits. Sans toi, la vie perdrait de ses couleurs, les saisons n’auraient plus de prises sur le temps, les oiseaux cesseraient de chanter et le soleil ne prendrait guère la peine de se lever. Tu es celle avec qui je veux vieillir après avoir élevé nos enfants dans l’amour et la tendresse. Je veux voir ton regard devenir ombrageux lorsque je dirais des bêtises plus grosses que moi et que cela te contrariera. Je veux voir des larmes de joie couler sur tes joues lorsque tu seras heureuse… » parlait-il dans le micro jusqu’à la voir approcher de lui. Alors, il posa un genou à terre et toujours en prenant les clients à témoin, il termina. « Faustine O’Hare, accepterais-tu de devenir ma femme et de me rendre heureux pour le restant de mes jours ? » lui demanda-t-il en lui présentant un petit écrin contenant une magnifique bague en or blanc et rose, sertie de diamants.

La bague de fiançailles.

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✻✻✻ Faustine voulait bien croire que la mémoire faisant défaut à Jared n’était qu’une souffrance supplémentaire parmi le monceau de douleur pouvant poignarder son cœur chaque jour. « Mais ça peut revenir… il faut que tu aies confiance… » reprit-elle d’une voix nettement plus douce, extrêmement éloignée de la froideur dont elle avait fait preuve dernièrement, lourdement marquée par la pression se trouvant sur ses épaules. Cette dernière aussi s’était envolée, fondant comme neige au soleil, pour lui rendre plus ou moins son sourire alors que ses lèvres séchaient au gré de la tendresse du bel aristocrate. Fallait-il qu’elle l’aime comme une folle pour être aussi peu rancunière, elle qui savait si bien l’être en temps normal… mais là, tout était différent. Elle se trouvait en face de l’homme de sa vie, avec qui la communication n’était pas toujours évidente mais la jolie blonde partait du principe qu’ils pouvaient accorder leurs violons, ce n’était vraiment qu’une question de temps. « Tu es retombé amoureux de moi ? Tu me diras, toi c’est tous les jours que tu me fais retomber amoureuse de toi et c’est pour ça que j’avais l’impression que ça me tuait tant de te savoir fâché… je ne savais plus quoi faire pour arranger les choses, réparer ma connerie et que tout redevienne comme avant… faut qu’on fasse des efforts de communications, d’accord ? Le stress c’est bon ni pour toi ni pour moi et encore moins pour Lou… » admit-elle d’une voix faible, avant de se payer le culot de l’embrasser passionnément. Tant pis pour le public alentour… elle en avait trop besoin.

« Ce n’est pas grave, tu veux te marier avec une non aristo en chef, ça va peut-être t’aider à mettre un peu d’eau dans ton vin ? Je t’attends mais si t’as la moindre minute de retard fais gaffe ! » le menaça-t-elle faussement, prenant hélas son mal en patience car une heure, cela pouvait être interminable lorsque l’on regardait sa montre toutes les trente secondes comme le faisait actuellement Faustine. De plus, elle avait fini les achats pour la garde robe de Lou, et Jared voudrait très certainement acheter le reste en sa compagnie, elle n’avait donc plus qu’à attendre, caddie en main… jusqu’à ce qu’une voix hautement connue ne lui fasse la surprise de sa vie. Une déclaration à en soulever son cœur, à l’en émouvoir pour le restant de ses jours, alors qu’elle le cherchant dans le magasin pour le trouver. Ce n’est qu’une fois en face de lui qu’elle éclata de rire, d’un rire ému, passant ses mains contre son visage alors qu’il mettait un genou à terre, présentant une magnifique bague de fiançailles, comme la coutume le souhaitait. « T’es un fou furieux… ! » articula-t-elle avec difficulté avant de se mettre à genoux à son tour pour l’embrasser fougueusement. « Bien sûr que oui ! Oui, oui, mille fois oui ! La bague est… elle est magnifique, je n’ai même pas de mot, et puis ce que tu as dit… pfiow tu te débrouilles encore pour me faire pleurer ! En tout cas… je reste à tes côtés pour le restant de tes jours et même bien au-delà… »

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