"Fermeture" de London Calling
Après cinq années sur la toile, London Calling ferme ses portes. Toutes les infos par ici without you, it’s hard to remember who I am. (kenzo) 2979874845 without you, it’s hard to remember who I am. (kenzo) 1973890357
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() message posté Mar 23 Déc 2014 - 23:57 par Invité
Je lâche un soupir de satisfaction en ouvrant le tiroir de ma commode. J’y extirpe mon pull blanc préféré que je ne tarde pas à passer par dessus ma tête avant de me laisser tomber en arrière sur le lit. Levant les yeux sur le mur au dessus de moi, je plisse les yeux au gré des clignotements de la guirlande lumineuse que Kenzo avait accroché sur le haut de ma tête de lit. Noël ne m’avait pas attendu cette année. En son lendemain, son esprit flottait pourtant merveilleusement dans l’appartement, Kenzo s’y était employée. Par delà la porte close de ma chambre, je l’entends s’affairer dans le salon. J’avais du la laisser, sitôt rentrée, impatiente à l’idée de prendre une douche, de me débarrasser de cette odeur stérile et entêtante que les draps de l’hôpital avaient laissé sur moi. Elle l’avait compris, m’avait chassé du salon avant même que je n’eus besoin d’argumenter. Voilà une chose qui n’avait pas changé. Voilà ce sur quoi je pouvais compter. En poussant la porte d’entrée, je m’étais préparée à son absence, étant sortie quelques heures plus tôt que prévu. Rien n’aurait pu disposer mon esprit au choc de l’appartement vide, de l’espace nu. Rien n’aurait pu combler la perte, ces dialogues que je n’aurais pas pu établir. Je n’ai pas cette propension qu’ont certains à se laisser emporter par leurs songes. J’en étais devenue incapable, trop ancrée dans la réalité. Tout n’était que labyrinthes, déceptions, rejets et échecs cuisants. Je n’aurais pas supporté de devoir les affronter, seule, ce soir. Je souris légèrement en entendant Kenzo me crier par delà les murs de me dépêcher avant que tout ne soit froid. Je l’imaginais mal derrière les fourneaux, même le soir de ma sortie d’hôpital, mais son entrain faisait plaisir à voir, me réchauffait le cœur. Les rôles avaient été inversés sans que je ne puisse m’y préparer. Je m’en voulais, entre autres choses, de ne pas avoir pu respecter ma parole, de ne pas avoir su honorer ma promesse de ne pas la quitter, de prendre soin d’elle. Après tout, ce rôle avait été le mien à la suite de notre mise en colocation. Je me l’étais attribué. Sans une hésitation. J’en avais eu besoin. Les images de ma meilleure amie baignant dans son sang hantaient mes cauchemars et perturbaient mes journées. Mes cris et supplications laissés sans réponse résonnaient dans mes oreilles sans que je ne puisse les en empêcher. J’avais cru tout perdre ce jour-là. Perdre le seul et unique être qui connaissait et comprenait tout, acceptait tout de moi. J’avais cru me perdre. Et le sentiment de culpabilité qui m’habitait ne disparaitrait jamais. C’était une certitude. Je m’étais éloignée, quelques minutes. J’avais cru avoir trouvé les mots. J’avais cru être suffisante, l’avoir aidé à retrouver son chemin. Et je l’avais laissée sombrer. Alors ce rôle, je me l’étais attribué. Et une nouvelle fois, je m’étais absentée. Une nouvelle fois, j’avais failli. Contre mon gré mais je m’étais éloignée. À présent, je ne souhaitais rien d’autre que de tout savoir des derniers évènements de sa vie durant mon absence. Son sourire m’avait accueillie, je m’étais sentie aussitôt chez moi, de retour dans notre cocon que je n’avais jamais voulu quitter. Je lui devais de pouvoir garder, à chaque fois, dans les moments les plus terribles de nos vies, une capacité de confiance, une énergie et une compassion insolente pour les aspects les plus négatifs de moi-même. J’inspire profondément en lâchant mon téléphone sur la couette. Etonnamment, je n’avais perdu aucun contrat durant mon hospitalisation. Au contraire, de nouveaux m’avaient été proposés et si tout s’enchaînait normalement, je devais faire mon retour devant les objectifs dès la semaine prochaine. Je leur en étais reconnaissante même si je ne l’avouerais jamais. Même si rien ne me paraissait plus éloigné de mon existence de ces dernières semaines. Je n’avais fait que survivre et l’on me demanderait de rayonner alors même que je m’étais ternie. J’aurais voulu être en acier. Trouver en moi des forces que je ne soupçonnais pas. J’aurais souhaité qu’on me les prête le temps de ces épreuves pour être à la hauteur. J’entends Kenzo m’appeler une nouvelle fois dans le salon et je me décide à me lever pour la rejoindre. Je dégage mes cheveux par dessus mon pull, tire sur mes manches pour cacher la fistule, suis forcée de m’arrêter quelques secondes en me tenant au cadre de la porte. Je ferme férocement les yeux, tentant de chasser les vertiges qui s’emparent de mon corps et font danser le couloir devant mes yeux. J’aurais voulu que ces faiblesses me quittent comme par magie une fois autorisée à rentrer chez moi mais rien n’était aussi simple. Ce n’était pas l’hôpital qui me nuisait, comme je me plaisais à le dire. Je n’avais pas le droit de souffler, jamais une occasion. Je rejoins enfin le salon et esquisse un sourire en apercevant un carton de pizza posé sur la table basse du salon. « Je me disais aussi. » J’approche du canapé et me penche au-dessus de la pizza pour connaître sa garniture. « Je ne remets pas en cause tes talents de cordon bleu mais je rêve d’une pizza depuis presque un mois. » laissais-je échapper, enjouée. Je me tourne vers Kenzo me rejoignant à son tour. « Désolée de ne pas avoir pu t’aider. Il est magnifique. » rajoutais-je doucement en désignant le petit sapin lumineux au coin de la pièce.
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Kenzo A. Armanskij
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() message posté Ven 2 Jan 2015 - 15:10 par Kenzo A. Armanskij
    Lexie était rentrée. Enfin. Nous avions toutes deux fait un long séjour dans les chambres d'hôpital, et la seule chose que nous avions partagé entre deux, c'était notre déménagement. Après ma tentative de suicide, cette idée s'était imposée à nous. Nous avions plus que jamais besoin l'une de l'autre. Nous n'avons pas hésité longtemps, et nous nous sommes mises à partager le même appartement. Pour la première fois depuis longtemps, j'avais ressenti une certaine excitation naître en moi. Mais sa récente hospitalisation avait rendue l'appartement si vide, que je m'étais mise à compter les jours jusqu'à son retour. Et désormais qu'elle était rentrée, j'était bien décidée à l'accueillir comme il se devait. J'avais donc commandé des pizzas en attendant qu'elle se rafraîchisse. L'esprit de Noël m'avait capturée par tous les pores de ma peau cette année. Vivre avec Lexie ne signifiait plus survivre, mais vivre à deux, et Noël était une occasion pour nous de fêter cette fête familiale comme les deux sœurs que nous étions depuis dix ans. Je l'appelais. Je n'entendais plus couler l'eau et je savais qu'elle prenait le temps de reposer pied là où elle se sentait réellement chez elle. Me dirigeant vers le frigidaire, j'en sortais une bouteille de cidre, et le fis couler dans deux coupes. Je les posais sur la table basse du salon, à côté des pizzas et m'asseyais. Je savais que ce n'était pas prudent pour Lexie de boire de l'alcool, mais je lui autorisais cet écart après des semaines enfermée dans cet hôpital, à enchaîner les médicaments et les plats dégueulasses. Je l'appelais à nouveau. Elle était longue à venir et je m'impatientais, trop pressée de retrouver cette meilleure amie qui m'avait tant manquée. Je regardais alors le sapin que j'avais soigneusement décorée, et courais alors jusqu'à ma chambre. J'attrapais les paquets destinées à ma meilleure amie, et les posais sous le sapin. Et je m'asseyais sur le canapé. Quelques secondes plus tard, elle m'avait rejoint, et je lui souriais. Après avoir soulevé son désir de manger une pizza depuis des semaines, elle regarda le sapin et m'avoua qu'elle était désolée de ne pas avoir pu m'aider. Je souriais et répondais : « Ne t'inquiètes pas, la magie de Noël m'a réchauffé le cœur. A ce sujet, regarde, le père Noël est passé! » J'affichais un grand sourire, un sourire d'enfant fière et excitée, et tendais le doigt vers le sapin. La surprise qui se dessinait sur le visage de ma meilleure amie ne fit qu'accroître cette fierté. Elle alla prendre les trois paquets et les posa sur la table. Elle commença par ouvrir le plus grand : un tableau d'elle, que j'avais dessiné pendant son séjour à l'hôpital, faisant alors honneur à la promesse que je lui avais faite de reprendre l'art. Un sourire se dessina sur ses lèvres, et elle continua à ouvrir ses cadeaux. Le suivant était une place pour une journée entière dans un spa. J'ajoutais alors : « Je pense que tu en as besoin... » Et le dernier, cadeau pour lequel je m'étais tué à la tâche pendant une semaine, afin d'avoir des pourboires, était un voyage pour deux, pour la France. « Je me suis promis d'y aller, lorsque j'étais à l'hôpital. On a besoin de changer d'air. J'ai tout prévu. Séjour à Paris, visite du Louvre, de la tour Eiffel, puis on ira quelques jours dans le sud, voir le Soleil et la Provence. J'ai même prit des places pour le Festival des Vieilles Charrues, à Carhaix, en Bretagne... » J'étais fière de moi, fière de voir plus loin, d'essayer de trouver un moyen pour nous redonner le sourire. Je la regardais, soucieuse de sa réaction, et ajoutais, pour me justifier : « Notre monde nous paraît si triste. Voir autre chose nous rappellera qu'il existe encore une beauté ailleurs... » Je m'adossais contre le canapé, et souriais.
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() message posté Mar 6 Jan 2015 - 15:29 par Invité
Je me détachai comme par magie de mes cauchemars, de mes ténèbres. Je m’en détachai instantanément, de retour chez nous. Je déballai consciencieusement le premier paquet emballé. Les précautions que j’employais témoignait de l’instinct qui s’était emparé de moi. Celui-ci était spécial, fragile. Celui-ci était significatif. Au fur et à mesure du papier qui s’effaçait, je distinguais les couleurs, les traits, les lumières. Je restais un instant silencieuse, fascinée par ce qui s’était dévoilé sous mes yeux. Je me voyais. Je me voyais telle que je ne m’étais jamais vue. Je me voyais telle que les autres me voyaient, telle que Kenzo me percevait. J’étais bien plus belle sur ce tableau que je ne le serais jamais en vrai. « C’est magnifique, Kenzo. » laissais-je échapper simplement avant de me reprendre. « En même temps, t’as eu un sacré modèle ! Je sais déjà où je vais l’accrocher, sa place est toute faite. » Le pan de mur, dans ma chambre, au-dessus de ma commode, était vierge, libre. Je le lui avais assez souvent répété, comme un sous-entendu, pour qu’elle s’en rappelle. Presque à contre cœur, j’appuyai le tableau contre le canapé avant de m’emparer du deuxième petit paquet. « Je pense que tu en as besoin... » J’arquai un sourcil, intriguée par cet indice tandis que je finissais d’ouvrir l’enveloppe. C’est avec un sourire que je reçus cette place et décidai de ne rien dire tout de suite en m’emparant du dernier paquet. Trois cadeaux. Kenzo ne faisait jamais rien comme personne mais ici, elle avait vu grand. Elle avait voulu marquer le coup. Elle avait voulu marquer le coup. Elle avait marqué le coup. Cette phrase se répéta inlassablement dans mon esprit tandis que je tenais entre mes mains les billets du voyage. « Je me suis promis d'y aller, lorsque j'étais à l'hôpital. On a besoin de changer d'air. J'ai tout prévu. Séjour à Paris, visite du Louvre, de la tour Eiffel, puis on ira quelques jours dans le sud, voir le Soleil et la Provence. J'ai même prit des places pour le Festival des Vieilles Charrues, à Carhaix, en Bretagne... » Je passai une main nerveuse dans mes cheveux, abasourdie, et je la coupai sans m’en rendre compte. « T’es complètement folle ! Comment t’as pu faire ça ? » lançais-je d’une voix pourtant incroyablement enjouée. J’aurais pu être capable de m’inquiéter tout d’un coup de ce que cela lui avait coûté, qu’elle ne pouvait pas se le permettre et tout un tas d’autres excuses pourtant réelles. Mais je n’en avais pas envie, pas cette fois. Je n’avais aucune idée de ce que je devrais faire pour pouvoir l’accompagner, de quel médecin j’allais devoir soudoyer pour avoir les autorisations nécessaires aux dialyses, j’ignorais tout cela. Et je ne voulais pas le savoir, pas ce soir. Il me restait encore plusieurs semaines, mois, avant cet été, pour tout résoudre. De toute façon, le sourire qui étirait mes lèvres tandis que regardais les billets décrédibiliserait immédiatement la moindre de mes objections. « Notre monde nous paraît si triste. Voir autre chose nous rappellera qu'il existe encore une beauté ailleurs... » Un rire s’échappa d’entre mes lèvres et je fendis l’air pour l’étreindre, la faisant quasiment basculer dans le fond du canapé. On aurait dit des enfants. Et cette innocence, cet engouement, m’avaient manqué. Je me redressai enfin et réajustai mon pull. « D’accord, c’est à toi maintenant. » Sans plus attendre, je me dirigeai vers ma chambre sans rien lui dire, fouillai dans mon placard, sous la multitude de vêtements et en extirpai deux paquets. « Ce n’est pas aussi abouti que toi. J’ai manqué de temps, je ne pensais pas rester à l’hôpital aussi longtemps mais on verra ça ensemble. » commençais-je à mon retour au salon. Je laissais volontairement planer le mystère. Je lui tendis tout d’abord une enveloppe fine, un sourire amusé sur les lèvres sans que je ne puisse m’y en empêcher. Dedans se trouvait en effet également un bon pour une journée dans le même spa qui nous faisait rêver. « Copieuse. » me contentais-je de dire avec malice en voyant son air surpris. Ça ne m’étonnait pas plus que ça finalement. Kenzo et moi passions souvent devant cette enseigne, remettant toujours à plus tard le jour où nous pourrions nous autoriser à passer ses portes, le jour où nous déciderions qu’il n’y avait rien de plus important que d’aller se faire dorloter, le jour où nous accepterions d’y mettre de l’argent alors qu’il y avait tout le reste à gérer. Nous avions finalement eu toutes les deux la même idée : privilégier l’autre, nous l’offrir mutuellement sans le savoir. Nous irons ensemble. Nous irons ensemble, comme pour tout le reste. Je fis glisser ensuite un petit écrin sur la table basse, devant elle, pour l’inciter à l’ouvrir. Celui-ci renfermait une simple clé cuivrée, pendant au bout d’un cordon de fil rouge. Je levai les yeux sur Kenzo, percevant parfaitement l’incompréhension qui s’emparait de son regard. « Depuis des années, oncle Bob a ce local en ville, pas très loin d’ici. Petite, je me réfugiais souvent là-bas sans prévenir personne. Ça rendait Sam folle. Tu te souviens ? Tu étais venue une fois, on y avait passé la nuit. » Je marquai une pause, consciente que cela n’aidait en rien Kenzo à comprendre où je voulais en venir. Je désignai d’un geste de main la clé qu’elle tenait entre ses doigts. « C’est pas très grand, mais la lumière est superbe. Il m’a dit que je pouvais en faire ce que je voulais et c’est toi qui as besoin d’un atelier. » Je continuai aussitôt pour me justifier. « J’aurais voulu l’aménager parfaitement avant de te le montrer mais, comme je te le disais, j’ai été prise de court. On fera ça ensemble. » Je la regardai, me mordant l’intérieur de la joue, anxieuse. Anxieuse à l’idée de la brusquer vers son retour à l’art, d’aller trop vite pour elle. Son cadeau me prouvait le contraire, mais je l’étais quand même.
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Kenzo A. Armanskij
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() message posté Jeu 22 Jan 2015 - 18:19 par Kenzo A. Armanskij
    Mon cœur battait à cent à l'heure. Tout était parfait. Ces retrouvailles dépassaient mes attentes. J'imaginais que cette soirée remonterait le moral de ma meilleure amie. Mais la vérité, c'est qu'elle allait remonter mon moral. J'aimais par dessus tout offrir, mais je ne m'étais pas attendue à ce que Lexie en fasse de même. Je restais là, à écouter ce que je tenais dans mes mains, à écouter ce qu'elle me disait. Etait-elle sérieuse? Je regardais la petite clé cuivré que je tenais encore dans ma main, comme si cette clé allait exploser, comme si elle allait disparaître. Je n'avais jamais imaginé qu'un jour, une telle chose puisse arriver. La bouche ouverte, je sentais les battements de mon cœur s'accélérer, puis ralentir. Enfin, je relevais la tête vers elle et murmurais : « Tu es folle Alexandra... » Je secouais la tête, comme pour me réveiller, comme pour que cette clé se transforme en un joli bijou, ou n'importe quel autre objet qu'on s'offre habituellement entre meilleures amies. Mais la clé ne disparaissait pas, et mes grands yeux bleus se posèrent sur elle, de l'excitation, de la folie dans mon regard. Et je posais la clé soigneusement sur la table, et me jetais dans les bras de ma meilleure amie. « TU ES COMPLETEMENT FOLLE!!! » Je redevenais une enfant. Cette enfant qui sautait partout, qui rêvait, et qui aimait. Cette enfant énergique et taciturne, qui paraissait ne rien ressentir alors qu'une véritable de sentiments et de pensées faisait rage en elle. Je redevenais la véritable Kenzo.
    Comme regonflée par je ne sais quel produit inexistant, je m'éloignais alors et entrepris de découper la pizza. Je déposais la première dans une assiette que je tendis à mon amie, et fis de même avec la suivante dans une autre assiette. Je lui tendis sa coupe de cidre et levais mon verre. « A nos retrouvailles, à cette nouvelle vie qui commence. Je t'aime ma sœur. » Je l'embrassais sur ma joue et apportais la coupe à mes lèvres. J'étais heureuse. Cette sensation qui m'avait quitté était alors revenue. Pour combien de temps? Je m'en fichais. Ce qui importait, c'était ce que cette nouvelle colocation, cette nouvelle année, ces nouvelles résolutions allaient apporter dans notre vie. J'espérai que nos deux séjours à l'hôpital allait nous encourager, elle comme moi, à reprendre notre vie en moi. Nous avions été dans la même situation. Nous avions senti ce que nous perdre représenterait pour nous : Tout.
    Et je sentais cet espoir naître en moi. Je ne devais plus penser au passé, mais seulement au présent. Je devais vivre.

    Spoiler:
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() message posté Sam 24 Jan 2015 - 0:26 par Invité
Souvent, je songeais à ces rares instants parfaits, parfaits en tout point, qui éclairaient l’obscurité et effaçaient les mauvais jours. Je regrettais de ne pas en savourer plus souvent, je regrettais de ne pas m’en souvenir parfaitement quand le mal me rattrapait. Je voulais tenter de changer les choses, à cet instant précis. Je voulais regarder, regarder de mes yeux grands ouverts pour pouvoir m’en souvenir plus tard quand mes yeux seront clos, quand mon cœur sera attaqué. Je voulais me souvenir de la chaleur de ce moment, de cet apaisement doux, timide qui tentait de s’emparer tout entièrement de moi. Kenzo s’apprêtait, à présent, à ouvrir l’écrin que je lui tendais et je ne pus m’empêcher de me justifier, de préparer le terrain pour ne pas que ma démarche soit mal interprétée. « Tu es folle Alexandra ... » Murmura-t-elle doucement et je la dévisageai, le ventre noué. Elle était insondable. Kenzo était incontrôlable, une flamme vacillante et extrême, frénétique et immodérée. Je la connaissais par cœur, je la connaissais comme s’il s’agissait de moi, comme si tout mon être avait été calqué sur le sien. Et pourtant, elle parvenait à me surprendre en permanence. Elle explosait, et riait, puis pleurait en hurlant. Kenzo était un camaïeu d’émotions, de toutes les couleurs imaginables, et même celles que l’on ne saurait décrire car elles n’existaient pas. Je ne savais pas comment interpréter sa réaction. Je craignais d’être allée trop vite, j’avais peur qu’elle ne refuse mon cadeau, qu’elle le juge inapproprié ou arrogant. Qu’elle me demande de rester à ma place, de ne pas la brusquer, qu’elle irait à son rythme. Et elle aurait raison. Je ne cherchais pas à la presser, je ne voulais pas qu’elle pense que je ne la voulais plus telle qu’elle était, que je cherchais à la changer. Au contraire. Je l’observais, depuis sa sortie de l’hôpital, redevenir celle qu’elle était, ré-embrasser ses passions qu’elle s’était évertuée à éloigner depuis plusieurs mois. Peut-être lui avait-il fallu ces désordres affectifs, ces mouvements anarchiques pour se retrouver. Peut-être que ces crises et ces besoins de souffrir n’étaient rien d’autre que de tristes tentatives d’appeler à l’aide. Peut-être avait-elle voulu toucher le fond pour mieux s’appuyer au sol et rebondir. J’avais eu peur de la perdre. Les images hantaient mon esprit. J’avais été effrayée à l’idée de ne plus jamais rien voir dans son regard que cette brume morte à la minute où je l’avais extirpé de cette baignoire. J’avais eu peur de ne plus jamais voir cette flamme scintiller, même un peu, même de loin. Je la regardai poser la clé sur la table avant de l’entendre s’exclamer. « TU ES COMPLETEMENT FOLLE !!! » Je laissai échapper un rire en sentant son étreinte soudaine autour de mon cou. Elle balayait toutes mes précédentes questions. « Il n’y a que toi qui saura exactement comment utiliser cet espace. J’espère juste que tu n’y passeras pas tout ton temps, que je puisse te voir de temps en temps. » plaisantai-je en me redressant. Elle se dégagea aussitôt, aussi vite. Elle entreprenait déjà autre chose, se dirigeant vers la table basse. Elle était ainsi, partout à la fois, toujours en mouvement. Son visage s’éclairait. Et dans son sourire, qui illuminait ses traits, se logeait toute l’illusion du monde. Elle essayait d’être heureuse, elle l’avait prévu, m’avait prévenu. Cette année, elle serait heureuse et je ne pouvais que l’encourager. « A nos retrouvailles, à cette nouvelle vie qui commence. Je t'aime ma sœur. » Je m’emparai du verre qu’elle me tendit et le fit tinter contre le sien. Elle n’avait pas de limite, disait ce qu’elle pensait et ressentait, sans barrière aucune. C’était impressionnant. Pour quelqu’un comme moi qui avais du mal avec les émotions, que je ne voulais pas avoir à affronter ou à exprimer. Si son avenir semblait soudainement plus éclairé, le mien ne m’avait jamais paru plus hors de portée. Il se dressait devant moi dans une ombre intimidante et sombre. Il y avait cette longue succession de journées vides et angoissantes. Et j’ignorais totalement si je parviendrais à les remplir, d’autre chose que de soins et de précautions. « C’est maintenant que commence réellement notre colocation, d’accord ? On efface ce début désastreux, ça ne fera pas une bonne histoire pour plus tard. » déclarai-je avant de porter le verre à mes lèvres. « Et l’on devrait se fixer quelques règles primordiales. S’obliger à se retrouver une soirée par semaine, quoiqu’il arrive, pour s’abrutir devant nos séries. Prévoir un code pour que je ne débarque pas dans ta chambre le matin alors que tu es accompagnée. Ce genre de choses. » continuai-je presque innocemment en lui lançant un coup d’œil. Je tentais de chasser mes idées sombres. Je ne voulais pas de cela pour Kenzo. Elle en avait assez eu. Je voulais participer à ses projets, faire partie de son avenir, je voulais pouvoir dire que j’avais fait ce que j’avais pu, à mon niveau.
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Kenzo A. Armanskij
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() message posté Ven 27 Fév 2015 - 23:26 par Kenzo A. Armanskij
    Nous étions stupides, d'un certain côté. La solution était là, depuis le début, sous notre nez, et nous ne l'avions pas vu. Nous souffrions depuis trop longtemps, nous tentions depuis quelques temps déjà de trouver des solutions. Mais c'était évident. Alexandra et moi avions besoin d'être ensemble, chaque jour, de savoir que si ça ne va pas, l'autre sera là pour te changer les idées le soir même. Nous avions besoin l'une de l'autre. Ainsi, j'étais désormais convaincue qu'emménager ensembles était une bonne idée. Je regardais ma meilleure amie, et je me rendis alors compte que j'étais heureuse. Certes, Zola n'était pas là, je n'étais pas mère, je n'étais pas mariée. Ma vie était toujours aussi catastrophique. Mais, elle était là, elle, depuis notre adolescence. Et elle ne m'avait jamais laissé tomber. Jusqu'alors, je m'étais toujours montré pessimiste, ou alors, silencieuse. La plupart du temps, je préférai ne rien dire, plutôt que de partager mes pensées sombres à tous. Ainsi, encore une fois, même si, cette fois, je voyais les choses d'une autre manière, je restai silencieuse. Cette fois, c'était le bonheur qui m'empêchait de m'exprimer. J'avais confiance. Oui, pour une fois, j'avais confiance en l'avenir. Je ne savais pas où tout cela allait nous mener, mais j'étais convaincue, que pour une fois, les choses allaient bien se passer. Ou du moins, mieux se passer. J'attrapais donc mon verre, avec ce sourire au coin de mes lèvres, et bus une gorgée.  « J'aurai besoin d'une muse, alors je pense que tu seras souvent là-bas, avec moi. » Je souriais. Lexie me donnait la force pour avancer. Elle était mon espoir, ma bouffée d'air, elle me permettait de voir plus loin. La réalité de la détruire, de lui faire vivre cet horrible moment qu'était mon corps nu presque sans vie baignant dans son propre sang, m'avait fait réagir. J'avais compris que je ne devais pas me battre contre mes démons, contre mes peurs, contre Lexie au final, mais tout simplement que je devais avancer avec elle. Avec tout ce que son amitié m'apportait. Je souriais. C'était un nouveau départ. Et même si mon enthousiasme soudain sonnait faux, j'y croyais. Elle leva son verre, et je fis de même. Je laissais le cidre couler dans ma gorge. Qu'est-ce que j'aimais cela, le cidre. A force de toujours me morfondre, j'en avais oublié ce que j'aimais, ce qui me faisait plaisir, ce qui me réchauffait le cœur. Et désormais, je voyais la vie d'une autre manière, et ressentais les choses autrement : je les sentais vraiment. « Je ne risque pas d'être accompagnée souvent, tu sais. Fini les extras après le boulot. Et puis... Julian est... Plutôt occupé en ce moment...  » Sam, Eugénia, Arthémis. Julian enchaînait les histoires d'amour compliquées et chaotiques, et je n'y trouvais plus ma place. Certes, je n'étais que son amie, amie avec qui des nuits entières passaient dans une grande intimité. Mais j'avais tout de même ma place dans sa vie, et désormais, je sentais que sa vie était trop chargée pour que je m'y fasse une place. Quant à Zola, je ne voulais pas en parler. Certes, nous nous étions parlé, et nous nous étions embrassé. Mais je n'étais pas allé plus loin. Je m'étais contrôlée, et je n'avais pas cédé. Je relevais les yeux vers Alexandra et souriais. Je me rendis alors compte que je n'étais pas du tout au courant de l'histoire sentimentale d'Alexandra. Alors je posais mon verre, affichais un sourire et demandais d'un ton innocent : « Et toi? Tu risques d'être accompagnée souvent? ».
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() message posté Jeu 5 Mar 2015 - 1:32 par Invité
Je laissais les effluves du cidre réchauffer ma gorge comme s’il s’agissait là de la plus terrible des addictions. Et il était en réalité triste de constater que c’était tout ce que j’avais, tout ce que je pouvais me permettre après des semaines d’hospitalisation. Je passai une main nerveuse dans mes cheveux en regardant Kenzo. Elle avait quelque chose de lumineux dans son regard, quelque chose que je pensais avoir vu disparaître. Elle semblait inaccessible, sur un nuage. Je n’arrivais pas à le comprendre, je n’avais pas envie de le comprendre. Je souhaitais simplement que cette lueur perdure le plus longtemps possible, je voulais simplement lui permettre d’exister, malgré les faibles moyens que j’avais en ma possession. « J'aurai besoin d'une muse, alors je pense que tu seras souvent là-bas, avec moi. » répondit-elle avec un sourire qui me fit retenir une réponse empreinte d’ironie. Je haussai les épaules distraitement à la place. Je ne pouvais pas croire en cette flatterie. Je n’étais la muse de personne, je n’en avais pas l’envergure. Kenzo s’illuminait au travers de son art et parvenait à embellir la plus banales des réalités. J’en faisais partie. J’observai une nouvelle fois avec attention le tableau qu’elle m’avait offert. J’étais sa meilleure amie fanée, et son talent me donnait du relief. J’enchainais sur d’autres sujets. Je plaisantais sur de banales règles de colocation alors qu’il était évident que nous n’en avions pas besoin. Depuis notre enfance, j’avais passé plus de nuits chez Kenzo que je n’aurais pu en compter. Nous savions déjà comment vivre l’une avec l’autre, nous l’avions fait depuis le premier jour, nous l’avions su depuis le début. Nous ne faisions que rendre les choses officielles aujourd’hui et je n’avais jamais été aussi certaine de prendre la bonne décision. Il n’y avait pas besoin de règles, de promesses ou de temps d’adaptation. Il s’agissait simplement de continuer, de continuer à vivre avec celle qui avait été toujours là pour moi. Je savais que les circonstances terribles dans lesquelles cette décision avait été prise pouvaient porter à confusion. Je savais que, de l’extérieur, j’avais proposé cette colocation comme une excuse pour pouvoir veiller sur elle, influencée par les inquiétudes que son acte avait provoqué en moi. Mais l’inverse était tout aussi vrai. J’avais toujours eu besoin d’elle, j’avais toujours été habituée à elle, nous ne nous devions rien. « Je ne risque pas d'être accompagnée souvent, tu sais. Fini les extras après le boulot. Et puis... Julian est... Plutôt occupé en ce moment...  » hésita-t-elle un instant. Je déposai mon verre sur la table basse avant de poser ma tête dans la paume de ma main en m’accoudant au canapé. Je lui adressai un léger sourire en l’écoutant. Je ne pouvais m’en empêcher en l’entendant me confirmer la fin de sa vie nocturne. Je ne pouvais m’en empêcher en l’entendant se confier ainsi. Je ne sus cependant que dire alors qu’elle évoquait Julian. Il avait été important dans la vie de ma sœur, puis dans celle de ma meilleure amie, il l’était tout autant pour moi, d’une autre manière. Je posai ma main un instant sur la sienne. « Ce n’est pas un problème en soit. Tu as peut-être besoin de te retrouver pour avancer. Est-ce que ton art n’en ressortira pas plus grandi d’ailleurs ? » Je la taquinai doucement, partagée entre la conscience du cliché de ma réponse et ma réelle envie de la rassurer. Kenzo avait déjà eu le lot de malheurs nécessaires à une vie censé inspirer les artistes. Peut-être avait-elle réellement besoin d’apprendre à se reconstruire par elle-même à présent. « Et toi ? Tu risques d'être accompagnée souvent ? » Je laissai échapper un rire en entendant ma question se retourner contre moi et me redressai avec faiblesse contre le dossier. « Seulement si ça ne te pose aucun problème. » plaisantai-je en lui adressant un regard interrogatif. « Je suis chez lui la plupart du temps, en réalité. Mais j’ai hâte que vous vous rencontriez, que tu me donnes ton avis. » Je n’avais besoin de l’approbation de personne pour aimer James, mais j’avais besoin qu’elle le sache, le connaisse, qu’elle soit celle à apprécier le changement que cela représentait pour moi. « Rien n’est comme nous l’avions imaginé, n’est-ce pas ? » finis-je par murmurer doucement en appuyant ma tête sur le dossier et en levant mon regard vers le plafond. Rien ne l’était, en effet. Rien dans nos vies ne correspondait aujourd’hui aux rêves que nous partagions plus jeunes. Nous n’avions pas su l’imaginer. Mais Kenzo semblait persuadée que nous étions à présent à l’aube d’un croisement et je n’avais qu’une seule envie, celle de la croire.
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Kenzo A. Armanskij
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() message posté Jeu 19 Mar 2015 - 0:49 par Kenzo A. Armanskij
    J'avais de l'espoir. Et ce mot ne cessait de tourner en rond dans mon esprit. Cela faisait bien trop longtemps que je ne m'étais pas aussi vivante. La vie ne m'avait pas laissé sortir de cet enfer dans lequel je vivais depuis la perte de mon bébé. Elle m'avait emprisonné dans un éternel recommencement, dans cette seule pensée que je ne méritais rien d'autre que de vivre dans le malheur puisque cet enfant n'avait pu, ni connaître le malheur, ni le bonheur. Je n'avais pas eut de chance, et même si j'étais la principale responsable de cette mort, je ne devais pas souffrir d'avantage encore. Je devais faire quelque chose de ma vie, sinon l'abréger. Je devais vivre pour ceux qui m'aimaient encore. Zola, Alexandra, Julian. Ces trois là composaient ma vie, la tenait entre leurs mains, et avaient la lourde tache de s'en occuper, de savoir comment la conserver. Ils devaient protéger cette pureté qui m'empêchait aujourd'hui de mettre fin à mes jours, cette innocence qui était revenu lorsque je m'étais rendu compte que l'amour et l'amitié étaient les seules choses pour lesquelles la vie valait la peine d'être vécue. Je m'étais alors rendu compte que ma propre perte influencerait la vie d'autres personnes, et pire encore, de personnes que j'aimais, et pour qui j'étais capable de tout. Je pensais à tort que ma mort les libérerait d'un poids qui les empêche d'avancer. Mais je n'avais pas compris que me perdre serait pour eux un échec, une pièce en moins dans le puzzle que constitue leur vie. Que j'étais une pièce aussi importante qu'une autre, et que ma vie comptait dans celles des autres. Alors j'aimais voir ma meilleure amie sourire, être heureuse que j'ai changé, revenir à la maison comme si rien ne s'était passé. Nous n'avions pas eut assez de temps pour notre amitié ces derniers temps. Nous avions passé notre vie à nous sauver la vie, sans jamais profiter de cette vie ensembles. Les choses devaient s'arrêter là et prendre un tout autre tournant. Parlons d'amour, donc. Zola restait un sujet tabou. Tout le monde savait que je serai à jamais incapable de l'oublier, qu'il constituait ma vie comme s'il était le déclencheur qui m'avait permis d'exister. En le rencontrant, j'étais née une seconde fois, me condamnant alors à vivre pour lui, et par lui. Je baissais la tête et pris une longue inspiration. Oui, je savais cette histoire avec James. Et j'étais heureuse qu'Alexandra ai enfin retrouvé une personne à aimer. J'étais heureuse, oui. Et malheureusement, je n'avais pas encore pu l'étudier, essayer de voir s'il méritait ma meilleure amie, s'il la rendait heureuse. C'était une chose à rajouter à ma liste des choses à faire. C'était même la chose la plus importante à ce jour. Je souriais et hochais la tête avec un grand sourire sur les lèvres. J'étais heureuse, tout simplement. « Je pense oui, j'ai besoin de temps. Mais James est le bienvenue ici, sache le. Comme tu le dis, rien n'est comme nous l'avions imaginé. Alors nous devons vivre avec, et tenter d'aller mieux. D'accord? » Finissais-je enfin par dire, comme si j'avais eut besoin de temps pour lui répondre.
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