"Fermeture" de London Calling
Après cinq années sur la toile, London Calling ferme ses portes. Toutes les infos par ici FB - I'd learned that some things are best kept secret ft Ginny - Page 3 2979874845 FB - I'd learned that some things are best kept secret ft Ginny - Page 3 1973890357
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 :: It's over :: Corbeille :: Anciens RP
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() message posté Dim 10 Mai 2015 - 0:36 par Invité
“ People sleep peaceably in their beds at night only because rough men stand ready to do violence on their behalf.” Les ombres volatiles de la tristesse dansaient au fond de son regard alors que je ployais sur le sol glacial. Je m’étais juré ne laisser personne approcher mon cœur d’aussi près, je ne voulais pas souffrir d’avantage et traverser une nouvelle expérience de deuil, mais Eugenia Lancaster était différente. Elle avait captivé mon attention à la minute où je l’avais croisé dans les longs couloirs du lycée. Je plongeais totalement en elle, absorbé avec un tel bonheur dans les rêveries agréables d’une existence calme et sereine. Je ne faisais plus attention à mes blessures douloureuses. Je m’éveillais lentement afin de me redresser en position assise, puis j’esquissai un mouvement pour me relever comme si je voulais la rejoindre. Mes muscles se courbèrent avant de me lâcher d’un coup. Peine perdue. Je posai mes mains sur mes cuisses en soupirant. Mon visage prit une expression lointaine, grise et éteinte – j’avais l’impression d’être vieux et malade. Je réalisais toute l’ampleur de ma demande. Je voulais qu’elle m’aide à cacher la nature cruelle de mon père afin que je puisse subir ses violences pendant quelques années encore. Je n’étais pas complètement idiot. Je savais qu’il n’arrêterait pas de me battre. Je savais que ses punitions étaient son exutoire depuis la disparition d’Aïda dans la tamise d’Hammersmith. J’étais tout simplement fatigué de me battre contre la fatalité. Mon corps était usé par la froideur et l’inquiétude qui imprégnait les murs de ma maison. Je levai mes bras chevrotants vers la silhouette indistincte qui se dessinait devant mes yeux. « Julian … Je ne peux pas être ton amie et accepter de ne rien faire. » Elle secouait frénétiquement la tête, alors que j’essayais de la toucher de toutes mes forces – Elle pouvait être mon amie et me protéger de la solitude grisante. Elle devait accepter ce compromis ou je serais éloigné de Cardiff pour toujours. C’était la première fois que je me sentais à ma place dans une ville. Nous avions sillonné l’Europe à la recherche d’une absolution perdue pendant deux longues années. Ginny, ce ne sont pas les douleurs physiques qui font le plus mal. Je ravalais mon isolement farouche, mon anxiété et mes désillusions. J’avais besoin de sa promesse. « Je ne veux pas aller à l’orphelinat ; je peux endurer je suis bientôt majeur. C’est mon choix … » Sifflai-je en grimaçant. Mon genou se rebellait contre ma volonté au fur et à mesure que je prononçais ces paroles. Je restai silencieux pendant quelques secondes, assailli par la fièvre. C’est au fond de moi que je suis brisé. Les coups de poings ne changent plus rien. Ne m’abandonne pas, jeune inconnue de la cafétéria. Ne me laisse pas partir.

Elle me hissa difficilement à travers les marches de l’escalier. Je tremblais sous sa prise avant de réaliser que je ne pourrais pas aller plus loin. L’inflexion de ma jambe se faisait de plus en plus bizarre. Il me semblait qu’il n’y avait presque plus de continuité entre ma cuisse et mon articulation enflée. Cette fois, je ne pourrais pas guérir naturellement. Je relevais ma tête vers Eugenia. Je souris d’un air morne, dans l’espoir de la rassurer d’une quelconque manière mais elle semblait insensible à mes charmes. J’avais eu l’occasion de l’observer durant toute la semaine, mais je découvrais, à ma plus grande surprise, qu’elle était encore plus belle que dans mes souvenirs. L’émotion qui perlait au coin de ses grands yeux troublés enlaçait son visage angélique comme une musique symphonique qui me berçait lentement. « Et maintenant, c’est quoi le reste de ton plan ? Ma mère ne va pas rentrer avant un moment… S’il te plait, laisse moi appeler le samu, au moins. C’est peut-être grave. » Je restai immobile, les sourcils froncés. Je ne voulais pas qu’elle alerte tout le voisinage. Mon père n’avait certainement pas les moyens, et il était probable que ma condition nécessite une intervention chirurgicale. Je me mordis la lèvre, mécontent de son obstination, avant de me caler contre le mur. Je voulais me lancer dans une longue tirade lorsqu’elle m’enjamba d’un air résigné. «Tu sais quoi ? Je n’ai pas besoin de ton avis. J’appelle le samu. » Je voulais protester, mais ma gorge était trop nouée. J’étais abîmé dans mes pensées, étranger dans mon propre univers. Pourquoi se donnait-elle autant de mal pour me sauver ? Je n’en demandais pas autant. Je désirais uniquement un peu de compagnie. Je la vis prendre le téléphone. « Appelle le samu, et ils appelleront mon père. Mon pronostic vital n’est pas mis en jeu, ce n’est pas une urgence. Aucun médecin ne me touchera sans un accord parental à moins de vouloir se retrouver avec un procès au cul. » Je n’étais même pas sûr d’avoir raison, mais mon explication me semblait logique. Je pris une grande inspiration. « Appelle ta mère, on a besoin d’un adulte sobre et responsable. » Je venais de capituler pour lui donner bonne conscience. Je demeure persuadé que ce n’est pas une mauvaise personne. Je sais qu’il a aimé jusqu’à damnation et que l’absence de l’être cher le rend différent, mais c’est mon père. Tu dois me trouver complètement fou mais je suis né loyal et je mourrais loyal. On ne trahit pas la famille. Je pense souvent à lui. Il ne m’a pas facilité la vie. Il ne m’a jamais soutenu. Il ne m’a transmis aucune force, aucune joie et aucune valeur. Mais je suis semblable à lui. Je passai ma main sur mon visage sale. Peut-être que je me sentais bien ici. Peut-être que je n’avais pas envie de quitter cette trêve, même si elle était douloureuse. Allonger mes jambes lasses sur l’escalier d’une maison étrangère, quelque part, dans une autre dimension était une forme de bonheur simple et éphémère.

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() message posté Mer 27 Mai 2015 - 16:00 par Invité

You have to love. you have to feel. it is the reason you are here on earth. you are here to risk your heart. you are here to be swallowed up. and when it happens that you are broken, or betrayed, or left, or hurt, or death brushes near, tell yourself you tasted as many as you could. ✻✻✻ Il avait raison, au fond. C’était son choix. Sa décision. C’était sa vie, son quotidien, son propre enfer. C’était son monde et son univers, deux galaxies dans lesquelles je n’étais qu’une simple étrangère. Je n’avais rien à redire sur tout cela ; il ne s’agissait pas de mes affaires. J’étais simplement une inconnue dans son existence, une personne qu’il croisait de temps à autre dans les couloirs, une demoiselle chez qui il passait parfois pour perdre son temps, pour perdre sa vie, pour occuper les creux de son quotidien. Nous n’avions pas été des amis. Nous n’avions pas été des inconnus. Nous avions été des personnes perdues entre les deux, incapables de faire un pas en avant, incapable de faire un pas en arrière. Il avait été le premier à me proposer son amitié mais je refusais de l’accepter en échange de mon silence ; j’avais presque l’impression que c’était injuste de le laisser seul dans ses problèmes, de l’abandonner dans ce qu’il vivait. L’impression même qu’il ne faisait cela que pour m’acheter refusait de se détacher de mon esprit et je me retrouvais à peser le pour et le contre, le bien et le mal. Je me retrouvais perdue dans mon propre esprit sans l’ombre d’un espoir de pouvoir un jour m’y retrouver.
Il désirait que je sois son amie mais je ne pouvais rien faire pour lui. Il désirait que je sois son amie mais j’étais incapable de lui apporter de l’aide. Il ne voulait pas que je parle. Il ne voulait pas que je le défende. Il désirait simplement que j’endure mon silence de la même manière qu’il pouvait bien endurer les coups de son père. Je n’avais encore jamais eu de réels amis mais je savais que, normalement, ces personnes n’étaient pas faites pour garder le silence. Mais je savais que, normalement, ces personnes n’acceptaient pas de se taire face à une chose aussi grave. Face à un fait qui mettait sa propre vie en danger. Je ne voulais pas être complice de sa destruction. Je ne voulais pas assister à sa chute sans n’avoir tenté quoi que ce soit pour le sauver. Il m’imposait des conditions que mon esprit et ma conscience refusaient d’accepter les yeux fermés.
J’avais la vocation d’abolir les injustices, la vocation de changer le monde. J’avais la vocation d’être une messagère de la vérité, la vocation de ne plus laisser les crimes impunis filer. Il me demandait d’aller à l’encontre même de mes principes les plus fondamentaux. D’aller à l’encontre des principes qui réussissaient à me lever le matin et à me coucher le soir, des principes qui m’encourageaient à continuer de vivre parce qu’ils avaient un réel sens à mes yeux. Il ne se rendait pas compte. Il ne se rendait pas compte de ce qu’il me demandait.
Je ne savais pas ce qui m’avait porté jusqu’au téléphone ; un brin de courage, sans doute, quelques grains de lucidité, peut-être. Je l’observai, à deux doigts de taper le numéro d’urgence 112. « Appelle le samu, et ils appelleront mon père. Mon pronostic vital n’est pas mis en jeu, ce n’est pas une urgence. Aucun médecin ne me touchera sans un accord parental à moins de vouloir se retrouver avec un procès au cul, » dit-il en m’arrêtant dans mes gestes. Je l’observai, presque suspicieuse, alors qu’il prenait une profonde inspiration pour poursuivre. « Appelle ta mère, on a besoin d’un adulte sobre et responsable. » Je fronçai les sourcils alors qu’il concédait cet arrangement. Je restai immobile, le cœur battant dans ma poitrine, sachant pertinemment qu’il devait m’en vouloir pour lui avoir forcé la main de cette manière ; même si je savais que cela était pour son bien, que je n’avais pas le choix, la simple idée qu’il puisse me détester comme tous les autres me rendait presque malade.
Mais il n’avait pas tort, également. Si j’appelais le samu, son père serait au courant puisque les médecins auraient besoin de son accord, et ce même si son état était grave. Mais je savais également que ce genre de soin n’était pas dans les capacités de ma mère. Finalement, je composais son numéro de téléphone portable, ne me faisant pas prier deux fois. « Allô ? Tout va bien, Ginny chérie ? » Sa voix résonna dans le combiné après deux sonneries et je jetai un vague coup d’œil à Julian avant de me balancer nerveusement sur un pied, puis sur l’autre. « Moi oui ça va… Par contre j’ai un… Un ami qui est tombé… Il est tombé dans les escaliers. Enfin, on était à deux, je me suis juste cognée la tête mais lui… » Mentir. Je détestais le faire, et je ne savais probablement pas m’y prendre correctement. J’entendis ma mère devenir silencieuse à l’autre bout du fil. J’entendais le brouhaha lointain de la fête de la ville puis, finalement, elle reprit. « Le petit Julian ? Tu peux me dire ce qu’il a ? Il est conscient ? » Je savais qu’elle avait envie de poser des questions sur lui. Je savais qu’elle s’interrogeait, qu’elle s’était rendue compte qu’il était venu une ou deux fois à la maison sans que je n’ai parlé de lui au préalable. Après tout, ma mère était habituée à ce que je n’invite personne. A ce que je sois seule, tout le temps. Cependant, elle prenait sur elle. Elle prenait sur elle parce qu’elle savait qu’elle ne pouvait pas se permettre de voir son attention se défiler. « Oui c’est Julian, et oui il est conscient. Je… Je ne sais pas bien, c’est sa jambe… Il me dit que c’est sans doute cassé. Tu… Tu peux venir ? » Mes yeux se posèrent sur Julian. « Je suis en chemin. Je me dépêche, » me répondit-elle avant de raccrocher. J’observai le combiné durant quelques instants avant de le reposer dans sa base, et je restai là, debout, à quelques mètres de l’escaliers où Julian se trouvait. « Elle est en chemin, » dis-je au cas où il ne l’avait pas compris en entendant que la moitié de la conversation ; je me sentais incroyablement nerveuse, mais aussi incroyablement mal à l’aise. Je ne savais plus où me mettre. Je ne savais plus quoi faire. « Désolée, » finis-je par lâcher. En cet instant, j’aurais sans doute fui. En cet instant, je serais sans doute partie. Mais j’en étais incapable. Comme s’il m’était impossible de l’abandonner.
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() message posté Dim 7 Juin 2015 - 20:33 par Invité
“ People sleep peaceably in their beds at night only because rough men stand ready to do violence on their behalf.”    J’avais si mal. Mes muscles vibraient au contact de l’escalier même lorsque je restais immobile. Mes yeux pâles roulaient dans tous les sens à la recherche d’un point d’ancrage, un meuble, une décoration, une rature sur le vernis des murs, n’importe quoi qui puisse retenir mon attention en attendant l’arrivée des secours. Sans succès. J’avais l’impression de sombrer au fond des eaux glaciales qui avaient emportées ma mère. Je ne pouvais pas parler. Je ne pouvais pas avouer à Eugenia à quel point j’avais peur de l’abandon, des vagues et de la disparition des êtres chers. Il était trop tôt. Je n’étais qu’un étranger à ses yeux, un gamin de plus ou de moins qu’elle rencontrait dans le couloir du lycée. Je soupirai. La douleur physique me semblait supportable tant que mon père était là, alors je lui pardonnais ses écarts de conduites et ses violences répétitives. J’encaissais inconsciemment, persuadé que je méritais d’être battu. Souvent, la crainte et le plaisir, la souffrance et le désir, se retrouvaient intimement mélangés dans ma tête. Parfois j’étais au ciel, parfois en enfer, et la plus part du temps je stagnais dans une marre de sang à moitié mort. Je m’étais habitué à ce mode de vie. J’avais peut-être forgé mon identité en me forçant à me relever après chaque coup. Je gémis en m’adossant lentement contre la rampe. Ma voix flottait dans ma gorge sans que je ne puisse prendre le contrôle sur mes émotions. Je ne voulais pas faiblir ou pleurer devant la jolie fille de la cafétéria, mais mes paupières humides trahissait mon profond mal être. Je n’étais plus qu’un corps éclopé, agonisant sur le sol froid. Les étoiles apparaissaient noires dans un univers sans lumières. J’étais identique. J’étais un astre noir perdu dans un fond noir. Je croisai mes bras sur mon torse en me mordant la lèvre inférieure. L’odeur de la puanteur frôlait mes narines ; était-ce mes viscères pourrissant dans mon abdomen ou tout simplement la désillusion, la honte et l’indignation qui avaient fini par se matérialiser dans la pièce ? Eugenia prit le téléphone afin d’appeler sa mère et je tournais la tête afin de lui laisser un peu d’intimité. Si je te disais toute la vérité, me prendrais-tu pour un fou ? L’opinion des autres m’était absolument égale, mais les choses semblaient différentes avec elle. Ce n’était pas un sentiment qui se commandait. Je voulais réellement être un bon ami pour elle. Je voulais aussi qu’elle me regarde, les yeux pétillants de malice et de railleries, comme si j’étais à sa hauteur. Les fragments de la conversation téléphonique raisonnaient dans le vide sans que je ne puisse en saisir le sens réel. J’étais tout à coup fatigué. Je me demandais encore si Ginny avait respecté mes recommandations ou si au contraire, elle avait décidé d’agir en fonction de ses valeurs. Je voulu me lever mais j’étais complètement paralysé. Je n’avais plus aucune conscience de ce qui m’entourait. Le décor se voilait d’une brume opaque alors qu’elle m’adressait la parole. « Elle est en chemin, désolée. » Je vacillais complètement. Je voyais mille nuances de gris derrière mes paupières closes. Mon esprit planait, alors que j’enfonçais mes doigts dans mes cuisses afin de rester éveillé le plus longtemps possible. De longs nuages cheminaient autour de ma tête avant de se dissiper quelque part entre mes flancs. Je m’accrochais à la réalité de toutes mes forces. Mon cœur était en feu, animé par ma volonté de me redresser. Je sentais mon sang bouillonner dans mes veines et mon souffle devenir douloureux. Je déglutis en tentant de contrôler mon rythme respiratoire. Mes souvenirs tourbillonnaient à toute vitesse sans que je ne parvienne à me placer dans le cadre spatio-temporel adéquat. Je me redressai en toussant. Je n’avais aucune idée de ce qu’elle racontait. Je l’observais avec difficulté avant de lui adresser un sourire terne. Son visage s’embrouillait devant moi. «  Je ... » Articulai-je difficilement.  « Je suis désolé, Ginny. » L’obscurité voilait mon regard pour de bon. Mes membres tombèrent ballants de par et d’autre mon torse, alors qu’elle se précipitait vers moi. Je le savais car je pouvais sentir son agitation et ses caresses dans mes cheveux.

Le lendemain, je me retrouvais dans une chambre d’hôpital entouré de silhouettes ombrageuses. Mon père était là, arborant un sourire hypocrite et chaleureux. Il y avait aussi Eugenia et sa mère, un bouquet de fleur à la main. Je la regardais longuement. Ses traits se dessinaient de plus en plus nettement sous mes yeux. Elle s’approcha innocemment et mon cœur rata un battement. Je ne pouvais pas croire qu’elle soit revenue. Je ne pouvais pas croire qu’elle avait un bleu au visage par ma faute. J’esquissai un maigre sourire en tendant mes bras vers elle. Je su à cet instant que son existence n’était pas qu’une simple incarnation de ma première expérience romantique, mais l’image majestueuse du vrai, de l’unique amour.  


FIN
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