"Fermeture" de London Calling
Après cinq années sur la toile, London Calling ferme ses portes. Toutes les infos par ici Je suis Charlie ♦ Julianael 2979874845 Je suis Charlie ♦ Julianael 1973890357
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Je suis Charlie ♦ Julianael

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Nathanael E. Keynes
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() message posté Dim 25 Jan 2015 - 23:23 par Nathanael E. Keynes
Je suis Charlie

ft. Julian P. Fitzgerald && Nathanael E. Keynes
Mercredi 07.01.2015 • East London • Times UK headquarters
Il y a des choses auxquelles on s'attend pas le moins du monde. Des nouvelles qu'on a absolument pas vues venir et qui nous laissent choqués, dans l'attente d'un démenti parce qu'on arrive pas à croire qu'elles puissent être vraies. Jusqu'à ce que, ce démenti n'arrivant jamais, on finisse par se rendre à l'évidence, et accepter que l'impensable, l'inconcevable, puis être réel. Aujourd'hui, je me retrouve dans cet état, où j'ai besoin d'un moment pour trier les informations reçues et me faire violence pour mettre mon ressenti de côté.

Pourtant, ce matin, tout laissait à croire que ce serait une journée comme les autres. Je me suis levé comme souvent à l'aube, quittant les bras de Tyler un peu à contrecoeur mais en me promettant de revenir "l'emmerder" très prochainement - comme hier après une soirée quelque peu arrosée avec Elijah... Je suis venu au Times un peu en avance, armé de mon café, là encore comme toujours, et comme toujours, les têtes habituelles m'ont salué, et j'ai déposé un cappuccino sur le bureau de la secrétaire avant de gagner le mien, de bureau, dans cet open space que je partage depuis un mois avec les autres journalistes de la rubrique Money. Dans ma tête, la même question tourne en boucle : est-ce que je vais vraiment être prolongé ? Je suis en CDD pour un mois, à la base, et c'est la dernière limite. Et je doute pas une seconde que Julian ait sciemment repoussé le moment de me donner le verdict. C'est pas comme s'il m'avait pas déjà fait le coup...  Quoi que c'est pas comme si on avait pas énormément de boulot, non plus.

Et si mes relations avec mon supérieur direct ne sont pas toujours très sereines, je dois bien admettre qu'au cours des dernières semaines, il y a eu une certaine évolution. Je dirais pas qu'il me considère enfin comme un égal - on en est loin - mais je ressens moins ce côté condescendant envers le mioche qui débarquait de son école qu'il y avait au départ. Et c'est évidemment super valorisant, particulièrement venant de quelqu'un comme lui. Ce qui me laisse un peu plus perplexe, c'est ce qui se murmure dans les couloirs et ça me plaît pas vraiment. Déjà parce que j'ai beau être une fouine de première, j'aime pas les on-dits non vérifiés et que je peux pas m'empêcher de penser que c'est ce dont il s'agit, là. Parce que le Times UK sans Julian Fitzgerald, c'est juste... impensable. Je peux pas concevoir qu'il soit vraiment en train de se préparer à partir, et je crois que j'ai pas du tout envie de voir quelqu'un d'autre à sa place, quelles que soient ses compétences.

Je me suis promis d'aller poser la question à Miss Jones, discrètement, avant d'aller déjeuner, et je suis en train de peaufiner un des derniers articles que j'ai à rendre pour la fin de la semaine quand cette nouvelle-là est tombée. Je suis toujours branché sur pas mal de fils d'informations européens et quand j'ai vu ces premiers mots, je me suis dit que c'était une connerie, un truc extrapolé... Que c'était juste pas possible. Alors j'ai fait ce que j'avais de mieux à faire à ce moment-là : fouiner. Et c'est pas comme si je connaissais pas des gens dans certaines ambassades. Pour une fois que le taff de mon père me sert à quelque chose... J'ai raccroché mon téléphone, et je suis resté peut-être deux ou trois minutes, le regard fixé sur mes mains serrant encore le combiné. Jusqu'à ce qu'un de mes collègues attire mon attention en me demandant si j'avais vu ce qui se racontait et si je pensais que c'était pas un canular de mauvais goût.

« Malheureusement non. Il semble qu'il y a déjà dix morts, et plusieurs blessés graves dont les pronostics vitaux seraient engagés. J'en sais pas beaucoup plus non plus... »

Je me suis levé après avoir gribouillé un post-it et j'ai filé dans le bureau de Julian, sans vraiment prendre le temps de me faire annoncer. Ok, c'est pas vraiment ma place, je devrais pas me permettre ce genre de choses mais allez, quoi... J'ai frappé, au moins, et puis c'est un cas particulier. Je crois que ça se voit sur ma tête que je suis encore choqué, mais à vrai dire, j'en ai rien à faire.

« Je veux écrire sur ça. Ca a pas grand chose à voir avec la rubrique Money, mais j'y tiens. »

Ca a pas tant à voir avec Arts&Life - quoi qu'il s'agisse de dessinateurs parmi bon nombre des victimes - et il s'en rendra vite compte.

« J'ai contacté quelqu'un que je connais à l'ambassade anglaise en France. Il confirme ce qui commence à tourner sur les réseaux sociaux, évidemment sans vouloir faire de déclaration officielle... »

Sur le post-it que je dépose sur son bureau, il y a juste la mention de l'attaque à la rédaction de ce journal satyrique français qui se nommerait Charlie Hebdo, et j'ai déjà sur mon bureau un certain nombre de notes sur ce qui s'est passé, dont je dois encore vérifier les sources.

« L'article que je devais vous rendre vendredi est dans votre boîte mail. Laissez-moi deux heures et je vous trouve suffisamment de sources et d'informations sur le journal, les personnes visées et ce qu'il en est réellement des conséquences de cette attaque. »

Oui j'impose un peu mon truc, mais j'ai pas vraiment dans l'idée d'accepter non comme réponse. Je suis à jour - et même en avance en réalité - sur le boulot que je devais rendre même sans savoir si je ferais encore parti de la boîte vendredi - mais c'est un point de détail - je vois pas de raison valable pour qu'on refuse d'accéder à cette demande. Et tant pis si je bouffe pas de la journée, je me nourrirai plus tard ; tant pis si je passe la nuit ici, je dormirai plus tard. A cet instant, y a plus que ça qui occupe mes pensées : Je veux écrire sur ce sujet, même si ça doit être le dernier truc que je fais au Times.
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() message posté Mar 27 Jan 2015 - 12:43 par Invité
“Nothing of me is original. I am the combined effort of everyone I've ever known. Most people are other people. Their thoughts are someone else's opinions, their lives a mimicry, their passions a quotation. ” Je me tenais droit dans l’immensité de la pièce, la main plaquée contre le menton, et le regard lointain. Mes pensées tourbillonnaient dans ma tête à une vitesse vertigineuse, et plus je me murais dans le silence, plus mes convictions s’embrouillaient dans un nuage de poussières et de cendres. Ma défunte mère était une anglaise d’origine libanaise, et même si je ne m’étais jamais laissé le temps de baigner dans son univers et ses croyances, je savais que ses origines lui tenaient à cœur. Être libanais ce n’est pas être arabe. Je suis donc phénicien, et mon arrière-grand-père musulman compte pour du beurre lorsqu’on songe que toute sa descendance n’a rien gardé de sa religion. Être libanais c’est parler arabe, mais croire au christ tout en respectant Mohamed. Je ne savais pas. Le visage maculé de sang et de déception de ma mère apparaissait devant moi avant de disparaitre à nouveau dans l’oubli. Serait-elle fière de constater que je ne me sens pas triste ? Ou au contraire, mon ignorance la rendrait-elle nostalgique d’une enfance ou je n’avais rien appris d’elle ? Je soupirai en me penchant avec recueillement. Ma conscience dénonçait les actes de barbaries, quel que soit les motifs ou les religions, et pourtant lorsque je regardais les caricatures, je ne pouvais m’empêcher de penser que cette horloge existe et n’ait point d’horloger. La communauté musulmane existait à Londres, et partout ailleurs, serait-il judicieux de moquer une âme troublée et meurtrière ? Je lançai une longue plainte en faisant volteface en direction de mon bureau. La solitude ne me ceignait pas du tout, j’étais à la fois sage et dérangé. Ma barbe naissante s’écrasant contre mes doigts tandis que je m’asseyais brusquement sur la chaise en cuir. Je remuais les bras avant de saisir un crayon dans un élan d’inspiration. Mes gestes étaient frénétiques, irréfléchis, mais j’avais besoin de coucher sur papier mes premières émotions après la terrible nouvelle.

Ma bouche claquait avide de nicotine et de poisons, mais je n’avais pas la force de puiser dans mes poches l’objet de convoitise. Je ne mangeais plus, je dormais peu, et les longs sillons qui creusaient mes joues ne trahissaient personne. Je perdais mon éclat resplendissant, mais je ne m’étais jamais senti aussi libre, et innovateur. Il faut un moment de douleur pour animer l’esprit créateur de l’écrivain. J’écrivais jusqu’à la damnation, espérant, aspirant, atteindre une absolution qui n’existait probablement que dans mon imaginaire. On toqua à la porte, et je me redressai avec nonchalance. Je n’attendais personne, et Jones n’avait pas annoncé une visite. Je courbai la bouche en arquant un sourcil lorsque Nate apparu devant moi. J’esquissai une ébauche de sourire en croisant son regard terriblement bleu, et sa passion presque dérangeante.

« Je veux écrire sur ça. Ca a pas grand chose à voir avec la rubrique Money, mais j'y tiens.» Commença-t-il avec détermination. Il savait pertinemment que je n’avais aucune autorité sur les autres rubriques du journal, l’acte de terrorisme de Charlie Hebdo était propulsé au sommet de l’actualité – les chroniqueurs allaient se jeter dessus comme une bande de vautours sur un cadavre pétrifié. Je joignis les deux mains sur le bureau sans le quitter des yeux. « J'ai contacté quelqu'un que je connais à l'ambassade anglaise en France. Il confirme ce qui commence à tourner sur les réseaux sociaux, évidemment sans vouloir faire de déclaration officielle... L'article que je devais vous rendre vendredi est dans votre boîte mail. Laissez-moi deux heures et je vous trouve suffisamment de sources et d'informations sur le journal, les personnes visées et ce qu'il en est réellement des conséquences de cette attaque. » Enchaina-t-il, anticipant mon contre-argument. J’étais à la fois admiratif de son obstination, et irrité par son manque de tact. Je n’aimais pas qu’on m’impose des idées préfixes, mais je voulais entendre ce qu’il avait à dire. « Bonjour.» Lançai-je avec un calme imperturbable, avant de presser le bouton de mon répondeur. « Jones, deux cafés s’il vous plait. Il me semble que cette matinée sera très longue.» Demandai-je en jetant un coup d’œil à mon jeune assistant. Je me relevai afin de le rejoindre dans le coin salon. « Asseyons-nous.» Je marquai un silence, en attendant que la secrétaire nous serve nos boissons – je la gratifiai d’un simple signe de la tête comme à mon habitude avant de reporter toute mon attention sur mon interlocuteur. « Tu te rend bien compte qu’il y’ a conflit d’intérêt. Je ne peux pas me mouiller pour que tu puisses assouvir une pulsion, même si je partage ton engouement. Ton contrat touche à sa fin, tu n’as même pas eu de réponse sur ton avenir au times.» Expliquai-je d’un ton neutre. « Que veux-tu écrire au juste ? Je ne peux pas te laisser déverser ta rage sur une communauté qui me tient peut-être à cœur, sans connaitre le fond de ta pensée. Je te connais assez pour savoir que tu n’abandonneras pas facilement, et tu sais évidemment que je peux être flexible ou complètement obtus. A toi de choisir avec quel visage je t’aborderais aujourd’hui.» Je crispai mes doigts autour de ma tasse. « Je te conseille de bien choisir tes mots, Nate.» Pendant l’espace d’un instant il n’était plus le petit Nate, ou la version mini d’un journaliste pigiste, devant moi se tenait un talent brut que j’avais passé un mois à polir et dont les éclats commençaient déjà à étinceler. Je souris en croisant les jambes. Vas-y, petit scarabée, montre-moi ce que tu as appris.

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Nathanael E. Keynes
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() message posté Mar 27 Jan 2015 - 22:25 par Nathanael E. Keynes
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Mercredi 07.01.2015 • East London • Times UK headquarters
Je me suis pas attendu à être parfaitement bien accueilli. Comment aurais-je pu l'être alors que je débarquais, sans être annoncé dans le bureau de mon supérieur direct. Ancien employeur, même, dès demain. Peut-être que, quelque part, le défaut de réponse, de retour concernant mon éventuelle prolongation, me rend plus téméraire. Je crois que surtout, c'est la révolte qui gronde et brouille en partie mon jugement. En d'autres circonstances, je ne serais sans doute pas venu ruer dans son bureau. En d'autres circonstances, je n'aurais sans doute pas eu la même flamme au fond des yeux, sans doute. La musique me passionne et le feu qui brûle dans mes prunelles lorsque je joue, lorsque j'en parle, est ardent, mais plus serein, aussi. Aujourd'hui, ça tourne à l'orage et au tonnerre.

Je sais bien qu'il n'est pas décisionnaire. Je sais bien que ça n'est pas sa rubrique, et que je n'ai certainement pas la priorité. Je suis aussi tout à fait conscient que la concurrence va être rude. Que des articles sur le sujet vont fleurir par dizaines au sein de la rédaction. Objectivement, je crois que je sais que mes chances d'être publié sont plus que minimes. Mais je m'en contrefous. Ce pour quoi j'étais embauché est terminé, ce n'est plus que du bonus. A vrai dire, ce dernier article, j'aurais très bien pu ne jamais l'envoyer. Il est pourtant dans sa messagerie, loin d'avoir été délaissé. Je ne sais pas faire ça, de toute façon.

« Bonjour. »

Je reste debout, droit face à lui, hoche simplement la tête. Je manque à la plus élémentaire des politesses et je n'aime pas ça - et venant du barman qui reprend souvent ses clients, venant du fils de bonne famille censément mieux élevé que ça, c'est effectivement déplorable.

« On ne s'est effectivement pas encore croisés aujourd'hui. Bonjour Boss.
- Jones, deux cafés s’il vous plait. Il me semble que cette matinée sera très longue. »


Je n'ai pas bougé, clairement pas décidé à battre en retraite, admettant plus ou moins la faute sans pour autant me confondre en excuse. Ca reste accessoire. Charlie, non. Je n'ai toujours pas cillé, quand il s'est levé, contournant son bureau pour me rejoindre et nous guider vers la partie salon de son antre.

« Asseyons-nous. »

Je m'exécute, étrangement docile pour une fois, avant que sa dévouée secrétaire ne nous dépose deux tasses fumantes devant les yeux sans un mot, remerciée par lui dans le même silence. Ma voix le tranche, pourtant, comme j'esquisse un sourire à son attention.

« Merci Miss Jones. »

Je sais pas trop ce que je dois lire dans son regard, souvent réprobateur à mon égard d'ordinaire, à cet instant précis. Elle n'a rien dit et s'est contentée de refermer la porte derrière elle, sans le moindre commentaire. Et le silence, à nouveau, a plané jusqu'à ce que Julian ne se décide à le rompre

« Tu te rends bien compte qu’il y a conflit d’intérêt. Je ne peux pas me mouiller pour que tu puisses assouvir une pulsion, même si je partage ton engouement. Ton contrat touche à sa fin, tu n’as même pas eu de réponse sur ton avenir au Times.
- Raison de plus pour prouver ma motivation. »


Ai-je vraiment quelque chose à perdre, après tout ?

« Que veux-tu écrire au juste ? Je ne peux pas te laisser déverser ta rage sur une communauté qui me tient peut-être à cœur, sans connaitre le fond de ta pensée. Je te connais assez pour savoir que tu n’abandonneras pas facilement, et tu sais évidemment que je peux être flexible ou complètement obtus. A toi de choisir avec quel visage je t’aborderai aujourd’hui. Je te conseille de bien choisir tes mots, Nate. »

Je vois ses doigts crispés sur sa tasse tandis que je touille un sucre au fond de la mienne.

« Vous me connaissez mieux que ça, Boss. Et vous m'avez mieux formé que ça, aussi. »

Et ça n'est même pas une vile tentative pour l'amadouer, mais bel et bien la vérité. On le sait tous les deux, je l'admets pas souvent, savourez bien ça, parce que je réitérerai sans doute pas de sitôt.

« Je n'ai absolument pas l'intention de stigmatiser quelque communauté que ce soit, comme vous dites. D'autant moins que des musulmans se sont fait abattre aussi bien que les autres. »

J'ai reposé ma cuiller sur la soucoupe sans pour autant toucher au breuvage, avant de poursuivre.

« Ce que je veux écrire, c'est pas juste le récit d'une attaque armée dans un journal satyrique qui tourne au bain de sang, je veux qu'on sache qui ils étaient, ce qu'ils faisaient. Montrer l'absurdité de cet acte aussi, quand on tue des grands-pères dont la seule arme est un crayon, et qu'on abat les siens pour les avoir protégés. »

Ca me tue. J'ai cette image plaquée devant les yeux du flic déjà à terre qui se fait descendre pour avoir seulement fait son boulot et tenté de protéger des vies. J'ai le nom de ce gars, qui a seulement eu le malheur d'être là au mauvais endroit au mauvais moment. aussi. J'ai pas encore le compte de toutes les victimes, j'ai pas encore tous les détails de cette histoire sordide. Et peut-être que j'arriverais pas à écrire ça comme il faut, peut-être que ma passion nuira au résultat final et qu'il me renverra gentiment d'où je viens. Mais je veux au moins essayer, donner ce que j'ai à donner, aujourd'hui. Que ça soit ma façon à moi d'honorer la mémoire de ceux qui sont morts parce qu'ils profitaient de ce droit qui devrait être inaliénable - qui l'est à mon sens - à la liberté d'expression.
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() message posté Mer 28 Jan 2015 - 18:20 par Invité
“Nothing of me is original. I am the combined effort of everyone I've ever known. Most people are other people. Their thoughts are someone else's opinions, their lives a mimicry, their passions a quotation. ” Je ne voulais pas me lancer dans un débat stérile avec Nate ; je connaissais son esprit vif et son implication dans les divers thèmes de société. Son regard clair pétillait avec une ferveur presque dérangeante lorsqu’il s’agissait de vies humaines, de croyances anodines, ou de liberté d’expression. Au fond c’était tout à fait admirable- je devais bien avouer que j’appréciais la fraicheur de ses idées, mais depuis ma rupture avec Athénaïs je ne me sentais plus la force de voir le bien nulle part. Dans une éternité d’injures et d’injustices nous étions tous coupables du même crime ; exister. Je lui adressai un regard vide avant de courber la bouche, signifiant ma profonde lassitude envers la vie. Je n’étais plus que l’ombre d’un homme qui avait aimé jusqu’à l’oubli. J’écris donc j’existe, et si j’existe je suis coupable. Si je pouvais avoir un portrait qui ressentirait toutes les douleurs à ma place, je pourrais vendre mon âme comme Dorian Gray même en sachant que l’indolence aurait raison de ma vivacité. Je balayai l’air d’un geste habile de la main ; ou était-elle à présent? Plissait-elle toujours les yeux d’un air coupable avant d’éclater de rire sans raison ? Je fermai les yeux d’un air religion ; je n’avais pas besoin de savoir. Elle ne m’avait pas brisé, j’avais détruit notre avenir par simple dépit afin de correspondre au cliché universel de l’écrivain solitaire dont le génie restait incompris jusqu’à la mort.

Je m’avançais vers le jeune stagiaire d’un pas lent. Plus je l’observais et plus les mouvements circulatoires de mes doigts contre ma barbe naissante se faisaient intenses ; comment pouvait-il encore avoir la foi en l’humanité ? Pour dénoncer un crime, il fallait avoir l’espoir d’une rédemption or ce n’était plus mon cas. « On ne s'est effectivement pas encore croisés aujourd'hui. Bonjour Boss. » Répondit-il avec politesse, j’acquiesçai d’un signe de la tête. Les fumées de café narguaient mes narines et je me penchai vers ma tasse sans prêter attention à ses égarements de courtoisie envers ma secrétaire. Il avait la manie de saper mon autorité, même lorsque je n’étais pas d’humeur à supporter son insolence. Il pensait peut-être que j’étais mal élevé, que je ne remerciais pas assez une femme qui s’était déplacé le long du couloir pour répondre à mes exigences futiles. Mais il ne savait pas que je connaissais Jones depuis quelques temps déjà, et que nous avions établi ce genre de relation d’un commun accord. Elle acceptait mon manque de tact, et je pardonnais ses absences fréquentes lorsqu’elle devait prendre soin de son neveu trisomique. J’haussai les épaules avec désinvolture sans lui jeter le moindre regard.

« Raison de plus pour prouver ma motivation. » Je relevai le visage avec une expression malsaine ; il commençait enfin à jouer dans la cour des grands. « Tu n’as plus à prouver quoi que ce soit, les dés sont jetés.» Souris-je. « Ils reconnaissent ton talent, ou ils le perdent à tout jamais. Les concurrents s’arrachent les CDD du times en raison de la qualité de formation.» Je bu une nouvelle lampée de café. « Je ne peux pas te donner de réponse ; tu le comprend ? » Il y’ avait des rumeurs sur mon départ, mon licenciement, voir même un éventuel accrochage avec l’un de mes confrères. Mes problèmes de gestion du comportement, et mon obsession pour la colère n’étaient presque plus un secret. Je soupirai en songeant à l’interview qu’avait dirigé ce connard de Winthrow pour la section health ; les miracles de la médecine sur une jeune paraplégique de 22 ans aka Eugenia Lancaster. Je n’avais pas supporté ses questions impertinentes et les allusions mesquines de ses questions. Je savais que j’agissais de manière aussi impitoyable lorsqu’il s’agissait de ficeler un bon article, mais je m’en prenais aux grosses pointures de la finance, pas à une jeune femme innocente qui luttait contre sa paralysie. Il m’avait nargué tout le long, il voulait m’atteindre à travers elle – Je l’avais vu dans son regard prédateur. C’était ma … Je retins ma respiration, incapable de nommer notre relation. Tout ce que je savais c’est que le Times avait perdu l’exclusivité sur cette histoire lorsque j’avais sommé Ginny de se taire. Je m’étais fait violence pour ne pas réduire tout l’étage en cendres, pourtant je voulais tellement cogner contre les murs et annihiler la mâchoire trop carrée de cet idiot. J’avais compris ce jour-là que je n’avais plus ma place en ces lieux de perdition. J’avais compris que je voulais partir.« Vous me connaissez mieux que ça, Boss. Et vous m'avez mieux formé que ça, aussi. Je n'ai absolument pas l'intention de stigmatiser quelque communauté que ce soit, comme vous dites. D'autant moins que des musulmans se sont fait abattre aussi bien que les autres. Ce que je veux écrire, c'est pas juste le récit d'une attaque armée dans un journal satyrique qui tourne au bain de sang, je veux qu'on sache qui ils étaient, ce qu'ils faisaient. Montrer l'absurdité de cet acte aussi, quand on tue des grands-pères dont la seule arme est un crayon, et qu'on abat les siens pour les avoir protégés.» Sa voix m’extirpa de mes songes, je l’écoutais application avant de m’éloigner de la table basse. Je croisai mes jambes en souriant. « Tu réalises que tes chances de te faire publier sont minces, même en y associant mon nom. Je ne suis plus que le presque rédacteur. C’est une question de temps avant que je ne perde mes privilèges.» Je fronçai les sourcils en poussant un soupir. « Je pense que tu devrais écrire, si tu ne le présentes au times, ça te permettras au moins de te libérer, mais je suis curieux … Es-tu Charlie ? »

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Nathanael E. Keynes
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() message posté Jeu 29 Jan 2015 - 17:15 par Nathanael E. Keynes
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Je vais être franc, j'aime pas le voir comme ça. Parce que je vois bien que ça ne va pas, même si j'ai pas vraiment à m'en mêler, même si j'ai rien à dire, ou en tout cas, je suis pas censé me le permettre. Mais outre la barbe plus fournie qu'à l'ordinaire, il y a ces cernes si visibles, ce teint terne et ce manque de mordant. Je suis habitué à une joute verbale autrement plus cinglante, et même s'il lui arrive encore de trouver de belles piques - on ne se refait pas, il paraît - on est loin des grands moments où je ressortais d'ici épuisé psychologiquement des joutes verbales dans lesquelles on se lançait. Sa démarche trop lente en est une autre preuve, et s'il n'était le drame dont je viens de prendre connaissance, c'est sans doute lui qui occuperait toutes mes pensées, là. Miss Jones est aussi discrète que d'ordinaire, et si je ne fonctionne clairement pas comme lui, si je ne me comporte clairement pas comme lui à son égard, je crois bien qu'il y a une éternité qu'elle serait partie, si elle n'y trouvait pas son compte. Ca aussi, ça ne me regarde pas, je suppose, et s'ils fonctionnent comme ça... Faudra cependant pas qu'il me demande de faire pareil, j'en ai pas l'intention, ni la moindre envie.

« Tu n’as plus à prouver quoi que ce soit, les dés sont jetés. Ils reconnaissent ton talent, ou ils le perdent à tout jamais. Les concurrents s’arrachent les CDD du times en raison de la qualité de formation. »

J'esquisse un sourire devant cette ébauche de réponse quant à mon avenir au Times UK, et ce compliment à peine déguisé. Dans sa bouche, ça a une valeur inestimable, même si je ne le lui dis pas comme ça. Et puis mon sourire est aussi dû à cette ébauche de retour du Julian que je connais depuis le début. Mais on est loin de la grande époque, si je peux dire ça comme ça. Il sirote son café, le mien est encore intact dans la tasse entre mes mains. Non pas qu'il ne me fasse pas envie - la caféine reste ma drogue après tout - mais...

« Je ne peux pas te donner de réponse ; tu le comprends ? »

Je hoche simplement la tête. Soit. Je ne suis pas certain de ce à quoi il tente de faire allusion, de ce que je suis censé comprendre, et j'ai pour habitude de ne pas me fier aux rumeurs. Alors certes, on parle de son départ, on parle de Winthrow et de l'interview de cette jeune handicapée, Lancaster, mais je n'ai pas d'information de source sûre et la seule à laquelle je me fierais sur ces deux sujets se trouve à mes côtés. Et non, je ne pose même pas ces questions. Je crois que quelque part, je ne veux pas savoir.

« Tu réalises que tes chances de te faire publier sont minces, même en y associant mon nom. Je ne suis plus que le presque rédacteur. C’est une question de temps avant que je ne perde mes privilèges. »

Ma tasse a regagné la table, intacte, et je me suis tourné vers lui, plongeant mes yeux clairs dans les siens. Je ne voulais pas savoir, je ne voulais pas y croire je crois. Et je crois que j'attends une suite qui ne vient pas. C'est pas son genre de plaisanter avec ça, de toute façon.

« Vous ne pouvez pas partir. »

Bien sûr que si, dans les faits, mais non, je ne suis pas prêt à l'accepter. Très égoïstement, déjà, parce que je sais, quoi que j'aie pu en dire, que je n'en apprendrais jamais autant avec quelqu'un d'autre que je n'en ai déjà appris en quelques mois à travailler sous ses ordres puis à ses côtés. Et puis parce que j'ai vu ce que ça donnait, un mois de son absence. La section Finance ne me tient pas plus à coeur que ça en tant que rubrique, mais elle ne vivrait pas sans lui, c'est indéniable. Quand il s'est absenté à l'automne, tout est parti à vau-l'eau, c'en était pitoyable... Alors certes, son caractère en emmerde plus d'un - moi y compris par moments - et peut-être que plus haut, ça ferait plaisir à certains de le voir tomber. Mais qu'est-ce que je peux y faire ? Qu'est-ce le petit pigiste qui vient tout juste d'être embauché peut avoir comme poids à ce sujet ? J'en ai aucune foutue idée, mais clairement, je ne compte pas en rester là, sur ce point-là non plus. Je le laisserai pas partir - encore moins se faire sortir - sans le défendre, c'est une certitude... même si de ça non plus, je ne lui parle pas.

Ca a toujours été ça, finalement, notre relation. On se pourrit la gueule la moitié du temps - voire plus - on s'engueule parfois, mais je crois que l'un comme l'autre, on sait la valeur de l'autre, et on l'apprécie. Et je crois qu'au fond, malgré tout et malgré les remarques contraires quand on pète un câble, on sait ce que l'autre pense de nous. Sauf qu'on ne se le dit jamais vraiment. Faut croire que je sais pas avoir de relation simple et calme avec les gens...

« Je pense que tu devrais écrire, si tu ne le présentes au Times, ça te permettra au moins de te libérer, mais je suis curieux… Es-tu Charlie ? »

Je le dévisage un moment, pas très sûr de la façon dont je dois me comporter, là. Alors c'est ça, on ne parle pas de vous, hein ? Soit. Vous attendez pas à ce que j'occulte ça, cependant, ça reviendra vite sur le tapis, mais je pense que vous en êtes parfaitement conscient. Quant à écrire... C'est une certitude. Je le présenterai tout de même, aussi... tant pis si ça n'est pas retenu. Tant pis si son nom ne suffit plus pour les autres. Son approbation garde toute sa valeur pour moi, je crois que j'en demandais pas plus, finalement.

« Tout dépend de ce que vous entendez par là. »

J'ai fini par reprendre ma tasse et en siroter quelque peu le café qui commençait doucement à tiédir.

« Pour certains, affirmer 'Je suis Charlie' signifie forcément partager les opinions des dessinateurs de Charlie Hebdo. Dans ce cas, je ne suis sans doute pas Charlie. Mais... »

Le liquide amer avalé d'un trait, j'ai reposé ma tasse sur la table basse, avant de replonger mes prunelles dans ses yeux verts un peu plus sombres que les miens.

« Mais je crois pas que ça soit ce que ça signifie réellement. 'Je suis Charlie', je crois que c'est plutôt un symbole pour la liberté d'expression et d'opinion. Je suis Charlie, parce que j'ai le droit de penser et dire ce que je veux, de tourner en dérision ce que je veux. Parce que c'est ça la liberte d'expression, n'est-ce pas ? Chacun est libre de penser et dire ce qu'il souhaite. On a le droit de ne pas être d'accord et d'affirmer tout le contraire, mais personne n'a le droit d'empêcher quelqu'un de s'exprimer. Et quelles que soient les idées des gens, ça ne vaut pas la peine de mort. La prison, éventuellement, en cas de diffamation ou d'incitation à la haine mais... »

Ceci est une tentative désespérée pour dédramatiser la chose, mais dans ma tête et dans mon coeur, c'est clairement beaucoup trop le bordel pour que ça fonctionne correctement.

« Et vous Boss ? Let me guess... You're not. »

Parce qu'on peut évidemment pas être d'accord tous les deux, n'est-ce pas ? Y a un petit sourire à la con, à cet instant, sur mon visage. Je crois que j'ai franchement besoin de tourner beaucoup de choses en dérision pour passer au-dessus de tout ça. Et d'écrire ce foutu article, aussi, à l'évidence.
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() message posté Sam 31 Jan 2015 - 15:06 par Invité
“Nothing of me is original. I am the combined effort of everyone I've ever known. Most people are other people. Their thoughts are someone else's opinions, their lives a mimicry, their passions a quotation. ” J’avais l’impression de sombrer dans mon propre chaos à chaque fois que je m’attardais sur le décor neutre et imposant de mon bureau. Le Times UK avait été mon sanctuaire depuis plus d’un an, mais à présent, je me sentais seul entre ces murs livides et ces gens indélicats. Je n’étais plus moi-même. Il était probablement temps que je songe à planter mes germes autre part. Je plissai les yeux en m’enfonçant dans mon siège. Les voulûtes de fumée qui s’échappaient de ma tasse de café s’embrumaient dans l’espace avec une grâce presque affligeante. J’observais le sol avec concentration, attendant un miracle ou une solution divine à tous mes problèmes. En vain. Je fis la moue en penchant la tête avec recueillement. Si la situation n’avait pas été aussi compliquée, j’étais sûr que ma rencontre avec Nate aurait pu faire des étincelles. Le petit était doué, il avait du répondant, et son insubordination parfois énervante était un atout majeur dans le milieu de la presse. Il ne fallait pas se leurrer ; l’esprit d’un journaliste devait être vif et curieux.

Je m’attardais dans mes divagations ; Eugenia était ma meilleure amie et malgré la distance qui s’était dressé entre nous, je peinais à couper le cordon. Tous mes instincts me sommaient de la protéger, de la chérir, parfois même de l’aimer. Je poussai un long soupir en croisant le regard de Nate. Je ne regrettais pas d’avoir bravé l’éthique afin de la garder sous mon aile. Nous avions nos petits moments de doutes, et nos joutes verbales étaient parfois sanglantes, mais il me semblait que mes efforts prenaient sens lorsqu’il était là. Il avait toujours un contre-argument, mais il respectait mes exigences quant à ses comptes rendus, et j’appréciais son intégrité au sein du journal. « Vous ne pouvez pas partir. » Murmura-t-il, et je lui adressai un sourire pâle. Je devais parti pour mon propre bien. Je vivais reclus entre ces murs, et même si j’avais signé une clause de non concurrence j’étais prêt à franchir tous les obstacles. Je savais – non j’avais la conviction – que je pouvais encore réussir dans ma carrière journalistique. Ce n’était pas fini. « Si je peux. » Quelque part, je l’abandonnais mais il devait comprendre que je ne pouvais pas tirer un trait sur un aussi brillant collaborateur – Je n’allais pas me mentir, ce milieu nécessitait des contacts et un certain savoir-faire. Au final, Nate était un contact parmi tant d’autres. « Je ne m’incline pas – je serais toujours là, quelque part et tu devras encore batailler contre mes critiques.» Je m’acharnais sur mon café, buvant lampée après lampée, comme pour m’insuffler un peu d’énergie.

Il me dévisagea pendant quelques instants, et je devinais ses pensées. Je savais que son cerveau était en pleine fusion, mélangeant ses profondes réflexions et les événements graves qui venaient de se produire. Les actes terroristes ne pouvaient laisser personne de marbre. Je me penchai vers la table basse avec lenteur avant de poser mon coude sur ma cuisse. « Tout dépend de ce que vous entendez par là. Pour certains, affirmer 'Je suis Charlie' signifie forcément partager les opinions des dessinateurs de Charlie Hebdo. Dans ce cas, je ne suis sans doute pas Charlie. Mais....» Il me fixait avec assurance et désinvolture, après tout peut-être était-il destiné à suivre mes traces voir même à me dépasser. J’arquai la bouche en me concentrant sur ses paroles. « Mais je crois pas que ça soit ce que ça signifie réellement. 'Je suis Charlie', je crois que c'est plutôt un symbole pour la liberté d'expression et d'opinion. Je suis Charlie, parce que j'ai le droit de penser et dire ce que je veux, de tourner en dérision ce que je veux. Parce que c'est ça la liberte d'expression, n'est-ce pas ? Chacun est libre de penser et dire ce qu'il souhaite. On a le droit de ne pas être d'accord et d'affirmer tout le contraire, mais personne n'a le droit d'empêcher quelqu'un de s'exprimer. Et quelles que soient les idées des gens, ça ne vaut pas la peine de mort. La prison, éventuellement, en cas de diffamation ou d'incitation à la haine mais... » Je plissai les yeux en imprégnant les vibrations de sa voix dans ma mémoire ; la liberté d’expression n’est pas une fin en soi. Il ne s’agit pas de partager, de dénigrer ou d’exposer une idée – il faut avoir l’ambition de changer le monde. Je visualisais encore les caricatures du prophète musulman et des autres entités moquées par Charlie, et j’avais beau réfléchir – je ne trouvais aucun sens aux dessins. Vulgariser une religion ? Pourquoi ? C’est un culte sacré, le concept tout entier repose sur l’adoration. Provoquer un grand corps malade ? Pourquoi ? Pour en subir les foudres et pleurer une dizaine de morts par la suite ? J’étais mitigé, peut-être que mon humeur maussade m’empêchait de raisonner de manière tranchante. « Et vous Boss ? Let me guess... You're not. » Lança-t-il tout à coup. Sa question demeura en suspens quelques secondes avant que je ne tente d’y répondre ; étais-je Charlie ? Etais-je quelqu’un ? Je fis la moue en me mordant la lèvre inférieure. « Je suis Julian.» Soufflai-je d’un air absent. « Je suis Julian et je n’ai pas besoin de quelqu’un d’autre pour exprimer mes idéaux – ce mouvement fera le buzz comme le ice bucket challenge, puis tout le monde finira par oublier Charlie. J’ai déjà oublié Charlie. Je ne veux pas être un mouton, Nate. Tu sais mieux que personne que les médias sont contrôlés par la politique, je ne crois pas que ce logo ait les valeurs nobles que tu lui dépeins. Je suis Charlie n’est qu’un hommage, un deuil pour quelques morts qui ne reviendront jamais– tout le monde s’acharne à encourager la liberté d’expression ; mais combien ici même écrivent la vérité ? Combien la formulent sournoisement pour vendre plus de papier ? Alors je ne sais pas si je peux être Charlie, ou si je me contenterais d’être moi malgré mes ratures et mes fautes.» Je m’éloignai avant de sourire. Je n’étais pas d’accord avec lui, mais sur le fond je savais que nous étions identiques.


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Nathanael E. Keynes
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() message posté Mar 3 Fév 2015 - 23:36 par Nathanael E. Keynes
Je suis Charlie

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Mercredi 07.01.2015 • East London • Times UK headquarters
Je ne peux pas croire qu'il va partir. Je peux pas croire qu'au-dessus de ma petite tête, ici, ça sera quelqu'un d'autre - quelqu'un de forcément moins compétent. Et avec qui me relation sera forcément moins intéressante. Peut-être plus professionnelle. Peut-être plus froide, sans doute même. Je me fais pas d'illusion, je passe mon temps à râler sur Julian, mais je sais d'avance que j'arriverais difficilement à accepter les ordres d'un autre. J'aurais forcément le sentiment qu'on lui a volé sa place. Parce qu'on est tous les deux conscients qu'il ne la cède pas pour une promotion, là, n'est-ce pas ?

Je vois ce sourire fade comme j'ai prononcé ces mots qui ne veulent, finalement pas dire grand chose. Bien sûr qu'il peut partir, il a tous les droits de le faire, et d'autres ont tous les droits de le pousser vers la sortie. Mais clairement, ça ne me plaît pas.

« Si je peux.
- And you will. »


Je n'ai rien répondu de plus, parce qu'au fond, il n'y a rien à répondre. Il peut, oui, c'est une évidence. Il va, même. Et je déteste autant cette sensation d'abandon que le fait même que je la ressente. C'est complètement ridicule. Comme si j'avais jamais été autre chose qu'un subalterne. Le meilleur, certes, mais tout de même. Et pourquoi ça me fait chier à ce point, hein ?

« Je ne m’incline pas – je serais toujours là, quelque part et tu devras encore batailler contre mes critiques.
- Le contraire eût été étonnant. »


Et décevant. Bordel, comment je peux déjà me dire que ça, ça va me manquer ? T'es maso Nate, c'est définitivement pas possible autrement... Parce que regretter à l'avance une relation aussi chaotique que celle-ci, franchement ? Je crois que je réalise que je passe le plus clair de mon temps en conflit avec les autres, au final, d'une manière ou d'une autre, même s'il ne s'agit que de joute verbale comme celles qui nous sont coutumières, ici. Je suppose que je suis définitivement pas fait pour le calme, donc...

Alors tant qu'à entrer dans un énième débat sans fin, allons-y à pieds joints, tiens. Charlie. Je ne doute pas un instant qu'on ne sera pas d'accord. Est-ce que c'est seulement arrivé une fois qu'on le soit, en réalité ? Je ne sais pas trop. On concède parfois certaines choses face à l'autre, mais je crois bien qu'il n'y a jamais eu de « bien sûr » inconditionnel entre nous. « Oui, mais... » c'est sans doute la locution qu'on utilise le plus, en définitive.

« Je suis Julian. »

Un sourire pâle, de mon côté, cette fois... Je savais déjà qu'on partirait sur une nouvelle opposition, en voilà la confirmation.

« Je suis Julian et je n’ai pas besoin de quelqu’un d’autre pour exprimer mes idéaux – ce mouvement fera le buzz comme le ice bucket challenge, puis tout le monde finira par oublier Charlie. J’ai déjà oublié Charlie.
- Moi pas. »


Et je ne suis pas près de le faire, mais rien ne le force à le croire, après tout. Je sais juste qui je suis, comment je suis, à quel point je suis capable de me souvenir. De trop de choses, peut-être, parfois. Alors non, je n'oublierai pas Charlie. Quand bien même plus personne n'en parlera plus demain.

Je grince un peu des dents à sa façon de comparer des choses qui, dans mon esprit, ne le sont pas. Un mouvement pour promouvoir une démarche caritative, aussi louable cela soit-il, ça n'a rien à voir avec un deuil national et un hommage aux disparus, à mes yeux. Et ce n'est pas parce qu'un symbole me parle, me touche, que je me cache derrière lui pour exprimer mes propres idéaux. Je l'écoute religieusement, intègre ses propos, ne les partage - comme d'habitude - que peu, au final.

« Je ne veux pas être un mouton, Nate. Tu sais mieux que personne que les médias sont contrôlés par la politique, je ne crois pas que ce logo ait les valeurs nobles que tu lui dépeins. Je suis Charlie n’est qu’un hommage, un deuil pour quelques morts qui ne reviendront jamais...
- C'est un hommage, en effet. Mais je ne crois pas que ce soit seulement ça. Bien sûr, il y a cette image du deuil collectif, comme une espèce de rituel pour montrer qu'on pense à ceux qui ne sont plus. Un peu comme des chrysanthèmes sur une pierre tombale. Et sans doute que quand les fleurs auront fané, beaucoup auront oublié qui les a déposées, et pourquoi. »


Encore une fois, moi pas. Et je ne suis certainement pas le seul.

« ...Tout le monde s’acharne à encourager la liberté d’expression ; mais combien ici même écrivent la vérité ? Combien la formulent sournoisement pour vendre plus de papier ? Alors je ne sais pas si je peux être Charlie, ou si je me contenterais d’être moi malgré mes ratures et mes fautes.
- Je suis Charlie, je n'en deviens pas un mouton dépourvu de neurone pour autant. Je suis Charlie, ça ne m'empêche pas de penser, mieux, de réfléchir. Je partage un avis, sur certains points, j'en désapprouve d'autres. Est-ce que ça ne fait pas partie de la liberté d'expression justement ? Qu'on écrive la vérité, ou qu'on couse de honteux tissus de mensonges, est-ce que ça ne reste pas un choix qu'on ne peut pas dénier à qui que ce soit ? Tous les avis, toutes les prises de position ne sont pas toujours honorables. Il n'en reste pas moins que chacun a le droit de les avoir. Charge aux autres d'y adhérer ou non. »


Un peu comme vos prises de position à mes yeux, donc. Charge à moi d'y adhérer ou non... et de monter au créneau, la plupart du temps, quand je ne suis pas d'accord - presque à chaque fois, donc. Ce qui génère d'autres débats, encourage de longues conversations, souvent passionnées. Je peux pas croire que c'est, là, une des dernières. Et si je suis pas près d'encaisser ce qu'il vient de se passer en France, et si ça n'a, clairement, pas grand chose à voir, ça non plus, je suis pas près à le digérer.
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() message posté Lun 16 Fév 2015 - 1:25 par Invité
“Nothing of me is original. I am the combined effort of everyone I've ever known. Most people are other people. Their thoughts are someone else's opinions, their lives a mimicry, their passions a quotation. ” Je n’étais pas prêt à tirer ma révérence, pourtant je savais que je n’avais plus ma place au Times. Mon cœur s’écrasait contre ma poitrine avec acharnement, luttant vainement contre mon aversion pour le staff du journal. Ils avaient tous été témoin de mon échec cuisant – Oui j’avais échoué. Mon but premier était de devenir le plus jeune rédacteur en chef de l’histoire mais je n’avais fait que saigner dans mes silences – Je ne me leurrais pas je n’avais jamais été apprécié ici. J’étais certes respecté, parfois même craint, mais humainement je ne valais rien. La vérité c’est que je n’avais jamais pris le temps de me dévoiler aux autres. Je cachais mes vraies couleurs derrière un portrait, tout comme Dorian Grey. Je me retournai lentement vers Nate. Evidemment j’arborais le masque de l’indolence, mais au fond je savais que notre relation conflictuelle m’avait beaucoup apporté. J’avais appris à avoir un allier et un ami. Le sentiment de vide qui entourait mon esprit était accablant. « And you will. » Il ne s’exprimait pas réellement sur le sujet, mais je pouvais deviner une pointe d’amertume dans sa voix. « Le contraire eût été étonnant. » J’haussai les épaules en roulant des yeux dans l’immensité de la pièce. Il y’ avait bien quelque chose qui allait me manquer ici : nos longues débâcles et ses questions existentielles parfois irritantes. J’esquissai une ébauche de sourire en me lovant dans le fauteuil. Je ne détenais pas les secrets ultimes de la réussite professionnelle, mais je savais pertinemment que ce jeune homme avait un brillant avenir devant lui.

Charlie Hebdo. Il semblait un peu trop bouleversé par les récents évènements, mais je refusais de porter un jugement sur ses émotions. Après tout j’étais le premier à dénigrer les articles trop carrés, ou dénudés d’humanité. Je devinais déjà – en détaillant la gravité de son expression, qu’il ne partageait pas mon avis. Bien sûr. Ce n’était pas étonnant. Nous avions l’habitude de nous égarer dans notre différence. Il me semblait même parfois qu’il me contredisait juste pour le plaisir de me contrarier. « Moi pas. » Je croisai mes bras afin de lui accorder toute mon attention. Alors comme ça il ne voulait pas oublier la tragédie. Un pessimiste dans le déni ? « C'est un hommage, en effet. Mais je ne crois pas que ce soit seulement ça. Bien sûr, il y a cette image du deuil collectif, comme une espèce de rituel pour montrer qu'on pense à ceux qui ne sont plus. Un peu comme des chrysanthèmes sur une pierre tombale. Et sans doute que quand les fleurs auront fané, beaucoup auront oublié qui les a déposées, et pourquoi.» J’humai discrètement l’odeur de café qui envahissait l’espace – il commençait par dresser la base de sa plaidoirie en m’amadouant avant de sombrer dans le contre-argument. Subtile, mais pas assez pour m’impressionner. Il ne faut pas oublier que je suis un tyran doublé d’un con, par définition. Je crispai la mâchoire d’un air religieux. Encore une fois, j’avais un avis bien tranché sur le deuil. Ma mère était morte lorsque je n’étais qu’un gosse et même si je m’étais habitué à son absence, je ne parvenais pas complètement à me détacher des circonstances de sa disparition. Il y’ a des personnes qui restent à jamais endeuillé par la perte, et d’autres qui réussissent à passer outre. Parfois j’avais l’impression de m’égarer entre les deux. « Je suis Charlie, je n'en deviens pas un mouton dépourvu de neurone pour autant. Je suis Charlie, ça ne m'empêche pas de penser, mieux, de réfléchir. Je partage un avis, sur certains points, j'en désapprouve d'autres. Est-ce que ça ne fait pas partie de la liberté d'expression justement ? Qu'on écrive la vérité, ou qu'on couse de honteux tissus de mensonges, est-ce que ça ne reste pas un choix qu'on ne peut pas dénier à qui que ce soit ? Tous les avis, toutes les prises de position ne sont pas toujours honorables. Il n'en reste pas moins que chacun a le droit de les avoir. Charge aux autres d'y adhérer ou non.» D’accord. Ce qu’il avançait était l’essence même de la liberté, mais combien même – il y’ avait toujours des limites à respecter. Rien n’est absolu. Je joignis les deux mains avant de prendre une grande inspiration. « Tu as beau parler – je ne vois pas Charlie. Je suis désolé mais tu es Nate. Tu es brillant, parfois enquiquineur, mais tu vaux bien plus que Charlie ou Fabien ou n’importe qui d’autre. Je sais que ce n’est qu’un logo et qu’il ne désigne pas un prénom ou une identité, mais je prône les valeurs de l’individualisme. Tu ne peux pas adopter une doctrine et n’en choisir que les parties honorables comme tu dis. C’est blanc ou noir. Alors au lieu de me fondre dans le mouvement de masse, je choisis d’embrasser toutes les nuances du gris. C’est plus instructif. » Je marquai un pause lors de laquelle je fixai ses grands yeux insolents avec application. « Tu me dis qu’on a tous les droits lorsqu’on s’exprime. On peut être honorable ou pas. On peut prendre position ou pas. Cela revient à dire qu’un tueur a le droit d’ôter des vies. Il s’exprime par des gestes. Il n’y a pas que des mots ou des idées. Tu vois, tu ne peux pas être pas Charlie.» Je m’obstinais comme à chaque fois. J’avais mes tords, mais je refusais de ployer aussi facilement lorsque le débat était lancé. La compétition était un atout ( parfois).

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() message posté Dim 22 Fév 2015 - 18:15 par Nathanael E. Keynes
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Mercredi 07.01.2015 • East London • Times UK headquarters
Je n'arrive pas à y croire. Je ne peux pas le croire. Il ne peut pas partir, pas comme ça. Personne ne pourra le remplacer, j'en reste persuadé. Et peut-être que personne ne l'apprécie à sa juste valeur, j'en conviens. Son caractère de cochon joue assurément. Mais son travail est reconnu, son autorité respectée. Et qui que ce soit qui doive le remplacer, je ne peux simplement pas imaginer qu'il puisse être à la hauteur. Mais y a-t-il seulement la moindre chose que je puisse faire pour l'empêcher de partir ? Je crains fort que non, et cette impuissance me tue. L'amertume s'entend sans doute dans ma voix, je ne peux pas vraiment faire mine de ne rien ressentir à cette nouvelle. Peut-être aussi qu'avoir la confirmation de toutes ces rumeurs juste après ce drame français n'aide en rien ma capacité à prendre du recul. J'ai très certainement les nerfs trop à vif, à l'instant. A fleur de peau. Tout ça prend des proportions gigantesques, sans doute bien au-delà que ça ne devrait. Mais clairement, ces joutes verbales, ces débats sans fin vont me manquer, aussi étonnant que ça puisse paraître. Comme bien d'autres sujets, Charlie est un des nombreux prétextes à ces échanges houleux entre nous. Et enrichissants à la fois, tout du moins je le crois. J'ai répondu à sa question, le plus sincèrement possible, je crois, mais je sais d'avance qu'il n'adhèrera pas. La liberté d'opinion, donc. Les siennes et les miennes se confrontent sans cesse, s'entrecroisent parfois un instant mais divergent bien souvent. Aujourd'hui ne fait pas exception, sans surprise.

« Tu as beau parler – je ne vois pas Charlie. Je suis désolé mais tu es Nate. Tu es brillant, parfois enquiquineur, mais tu vaux bien plus que Charlie ou Fabien ou n’importe qui d’autre. »

Je ne suis pas d'accord. Ou plus exactement, je suis flatté du compliment, mais je ne vois pas en quoi les deux assertions sont contradictoires. Il n'a pas terminé, cependant et tout comme il m'a écouté jusqu'au bout de ma tirade, je le laisse poursuivre à son tour.

« Je sais que ce n’est qu’un logo et qu’il ne désigne pas un prénom ou une identité, mais je prône les valeurs de l’individualisme. Tu ne peux pas adopter une doctrine et n’en choisir que les parties honorables comme tu dis. C’est blanc ou noir. Alors au lieu de me fondre dans le mouvement de masse, je choisis d’embrasser toutes les nuances du gris. C’est plus instructif. »

C'est blanc ou noir, mais il embrasse les toutes les nuances de gris ? Je ne peux pas m'empêcher de songer qu'il se contredit seul.

« Tu me dis qu’on a tous les droits lorsqu’on s’exprime. On peut être honorable ou pas. On peut prendre position ou pas. Cela revient à dire qu’un tueur a le droit d’ôter des vies. Il s’exprime par des gestes. Il n’y a pas que des mots ou des idées. Tu vois, tu ne peux pas être pas Charlie.
- Je dis que n'importe qui a le droit de s'exprimer, pas que toutes les opinions sont morales ou honorables. Je dis qu'exprimer son point de vue ne doit pas être passible de mort sans autre forme de procès. La diffamation, et à fortiori le meurtre que vous évoquez, restent punis par la loi. Ca ne donne pas le droit à qui que ce soit d'aller faire justice soi-même en buttant celui qui aura colporté des inepties à leur sujet, ou ôté la vie à leur proche. Je suis Charlie, parce que je prône la liberté d'expression, pas l'anarchie la plus totale. Et parce que j'attache de la valeur à la vie humaine. Ca ne m'empêche pas de rester Nate, avec mes nombreux défauts. »


Un sourire sur ces mots : il ne me contredira pas sur ce point, n'est-ce pas ?

« Vous dites vouloir embrasser toutes les nuaunces de gris, mais vous ne voyez sur ce point que le blanc et le noir. Pourquoi donc ? La perfection n'existe pas, toutes les théories, toutes les idéologies, poussées à l'extrême peuvent finir sur des aberrations. Particulièrement lorsqu'il s'agit de les appliquer aux êtres humains, imparfaits par nature. Vous prônez l'individualisme... Mais la solitude qui en découle ne finira-t-elle pas par être pesante ? »

Je m'aventure sur un terrain dangereux, je m'en doute bien. Mais pour ce qui me concerne, je sais que c'est quelque chose que j'aurais toutes les peines du monde à supporter. J'ai besoin de contacts sociaux, d'échanges, de vie. Je tourne en rond, seul chez moi, ça me frappe davantage à présent que je ne bosse plus la nuit, week-end excepté. Il ne fonctionne certainement pas de la même manière, on le sait aussi bien l'un que l'autre, mais... jusqu'à quel point ? La solitude, réelle, omniprésente, je peux pas croire que quelque être humain que ce soit parvienne réellement à la supporter. L'endurer et l'accepter, à force, peut-être. Mais on n'est pas faits pour ça, j'en reste absolument convaincu. Si bien que...

« D'ailleurs... A défaut d'avoir quelque pouvoir pour vous retenir ici, vous savez où me joindre, hein... Même... après. »

Quand il n'y aura plus de tyran accroc à la nicotine et à la caféine dans ce bureau. Ou un autre, en tout état de cause. J'ai pas envie de le voir partir, de cesser de travailler avec lui. J'ai pas forcément le choix cela dit. Je l'ai au moins quant au fait de garder ou non contact, d'un point de vue plus personnel. Et j'ai pas l'intention de le laisser disparaître comme ça, sans rien faire.
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() message posté Jeu 26 Mar 2015 - 18:08 par Invité
“Nothing of me is original. I am the combined effort of everyone I've ever known. Most people are other people. Their thoughts are someone else's opinions, their lives a mimicry, their passions a quotation. ” Quitter le Times UK n’était pas une décision aussi facile que je le laissais transparaitre. J’étais impulsif et colérique, mais il s’agissait là d’un cri de détresse de mon esprit à l’agonie. Je devais abandonner le poste de mes rêves afin de me consacrer à de nouvelles aventures. Je ne pensais pas pouvoir dépasser mon penchant pour le journalisme et les finances, mais j’espérais que prendre du recul me permettrait de retrouver ma fougue de débutant. J’avais atterris à la rédaction grâce à mes nombreux contacts, je connaissais les bruits de couloirs et les rumeurs sur la fausseté de mes valeurs, mais je défiais qui conque de remettre en cause mon talent. Je pris une grande inspiration en ancrant mon regard dans celui de Nate – Parfois j’espérais être aussi authentique que lui. Il défendait son avis avec passion tandis que je me conformais aux opinions publiques et à ce qui était bon à publier ou pas. Nos débats dans ce bureau, aussi véridiques et poignants soient-ils, ne pouvaient pas changer le monde malheureusement. « Je dis que n'importe qui a le droit de s'exprimer, pas que toutes les opinions sont morales ou honorables. Je dis qu'exprimer son point de vue ne doit pas être passible de mort sans autre forme de procès. La diffamation, et à fortiori le meurtre que vous évoquez, restent punis par la loi. Ca ne donne pas le droit à qui que ce soit d'aller faire justice soi-même en buttant celui qui aura colporté des inepties à leur sujet, ou ôté la vie à leur proche. Je suis Charlie, parce que je prône la liberté d'expression, pas l'anarchie la plus totale. Et parce que j'attache de la valeur à la vie humaine. Ca ne m'empêche pas de rester Nate, avec mes nombreux défauts. » Je me redressai en silence. Il marquait un point, je souris d’un air narquois. Il semblait avoir appris à gérer une joute verbale comme il se doit. J’étais fier d’avoir pu participer à son ascension, cela dit, je ne lui attribuais toujours pas le mérite d’avoir raison. Mon entêtement n’avait aucune limite, je pouvais m’acharner pendant des heures si nécessaire – parce que je faisais partie de ces personnes qui malgré les valeurs précieuses de la vie, connaissaient le chaos et la misère. J’étais du genre à vouloir me rendre justice moi-même. Je fronçai les sourcils en le laissant continuer. « Vous dites vouloir embrasser toutes les nuaunces de gris, mais vous ne voyez sur ce point que le blanc et le noir. Pourquoi donc ? La perfection n'existe pas, toutes les théories, toutes les idéologies, poussées à l'extrême peuvent finir sur des aberrations. Particulièrement lorsqu'il s'agit de les appliquer aux êtres humains, imparfaits par nature. Vous prônez l'individualisme... Mais la solitude qui en découle ne finira-t-elle pas par être pesante ? » Je joignis mes deux mains sous mon menton. Il y avait au fond de mes iris sombre une lueur cruelle. Il ne réalisait toujours pas que de toutes les notions philosophiques et spirituelles du monde, la perfection était celle qui me révulsait le plus. La vie toute entière n’était qu’une succession de manœuvres douteuses et défectueuses. J’étais nihiliste par conviction. L’humain était trop humain, il finissait toujours par décevoir la nature dont l’œil triste et maussade était envahi par l’exubérance de ses actes. « La solitude ... » Je marquai un long silence avant d’éclater d’un rire sans joie. « On ne choisis par de vivre dans la solitude. Elle s’impose à nous, et on finit par s’en délecter pour survivre. La mienne est parfois pesante, je l’avoue, mais sans cette part d’ombre je doute que ma plume soit aussi aiguisée.» Comme je le répétais souvent, il faut avoir en soi une grande souffrance, un profond chaos et une haine viscérale, pour retranscrire la beauté en littérature. Tous les grands poètes sont malheureux, fou ou morts. « Je pense que les nuances de gris sont une illusion d’optique, une question de luminosité, il s’agit toujours de noir ou de blanc. Un avis est toujours tranché. Si tu essaies de le reformuler c’est que tu n’es pas certain. Alors choisis un camp avant de te noyer dans la masse. Ce qui est noir pour moi est blanc pour un autre, mais je peux feindre de voir du gris partout pour vendre du papier. Je sais que tu as encore des rêves plein la tête mais il ne faut pas te fourvoyer, le Times est un journal capitaliste. C’est la référence dans le pays. Tu ne serais jamais réellement libre. Regarde-moi, malgré ma belle gueule et mes longues tirades, je ne suis pas libre de dire Charlie Hebdo a fait le con. Je suis obligé de faire semblant d’être triste et de respecter son deuil. » Je crispai ma prise sur mes genoux avant de m’enfoncer dans mon fauteuil.

« D'ailleurs... A défaut d'avoir quelque pouvoir pour vous retenir ici, vous savez où me joindre, hein... Même... après. » Je le toisai du regard, au début surpris, puis je finis par hocher la tête avec recueillement. Il devait avoir compris depuis le temps, que je l’appréciais bien plus que tous les autres stagiaires malgré nos petites crises existentielles. « Personne ne peut me retenir. Je pense que je veux m’en aller.» Je déglutis, je connaissais déjà trop de monde ici, il était peut-être temps pour moi de faire pousser mes germes ailleurs. « Tu sais ou me joindre aussi, je ne compte pas lâcher prise. J’ai encore le temps de pervertir ton esprit, Mini Nate.»

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