(✰) message posté Mar 27 Jan 2015 - 0:10 par Invité
“ We all take different paths in life, but no matter where we go, we take a little of each other everyhwere. But the danger is that in this move toward new horizons and far directions, that I may lose what I have now, and not find anything except loneliness. ” ✻ Le sentiment de chagrin était parfois insurmontable. J’avais mal au cœur mais je vivais cet instant avec un mélange de plaisir et de tristesse. Je pensais à tous les obstacles qui s’étaient dressé devant moi et l’idée qu’elle ait survécu à cet accident suffisait à me combler. Nous étions réunis, et je ne pouvais plus me dérober. Je ne voulais pas l’abandonner encore une fois comme j’avais bien pu le faire en partant à la conquête de mes rêves à Liverpool. La vie et le temps se perdaient dans un éclat de fascination ; et malgré les fils qui surplombaient sa silhouette brisée je pouvais encore me souvenir d’Eugenia, de mes sonnets, de ses rires, de nos espoirs, et de mon amour. J’étais hanté, effrayé, par l’image de la mort, mais lorsque je la voyais s’accrocher aux méandres de son existence je voulais résister aux simulacres du passé à mon tour. Je voulais faire face au deuil, et espérer que cette fin soit différente de toutes les autres. Je la regardais avec tant d’émotion que j’en aurais presque pleuré d’allégresse. Sa bouche tremblait au gré de ces injures qui ne lui ressemblaient pas – qu’elle ne pensait pas. Mon visage perché au-dessus du sien ployait dans l’attente d’une délivrance, ou d’une gifle violente, mais elle ne bougeait pas. Je m’emmêlai avant de rendre grâce au destin qui m’avait permis de la rencontrer malgré mes pertes et mes blessures. Je crispai ma prise sur son poignet, mais elle refusait de réagir à mes supplications. Ginny me fusilla du regard, et je compris enfin que la colère qu’elle ressentait vivait au fond de son cœur, qu’elle s’évanouissait dans un moment de faiblesse avant d’éclater sans objet ni nom. Je déglutis en lâchant sa prise. Je déglutis pour ravaler mes rancœurs et mes douleurs. Nous n’avions jamais été aussi proches de la fusion divine, et pourtant elle persistait à me repousser – moi, son meilleur ami, moi, son autre moitié. Je comprenais ses doutes et ses incertitudes mieux que personne. Je m’étais senti inférieur durant des années, comme si le monde tournait en orbite autour de mon malheur afin de m’affliger toujours plus de coups ou plus de souffrances. Je mélangeais au fond de ma mémoire les images de mère, mais je n’avais plus jamais été moi-même après son départ. Le vent soufflait, gémissant, chantonnant, et s’en allant tandis que je demeurais en proie à mes réflexions. L’amitié que j’avais établie avec cette petite galloise, était une alliance déraisonnable. Je m’accrochais à mes secrets, avant de me rétracter lâchement. Je voulais l’embrasser et m’égarer pour fois. Je voulais lui dire qu’elle était ma seule famille dans un monde injuste et sinistre, mais ce n’était pas très adéquat.
«Et tes cours ? Tu n’es pas censé être à l’université en ce moment-même, Julian ? Tu es sûr de vouloir gâcher ton semestre à cause de moi ? Et tu es sûre de vouloir avoir une infirme en guise de meilleure amie ? Je ne pourrais même plus venir à Liverpool. Je serais coincée chez ma mère pendant des années, si ça se trouve. Je serais incapable de m’en sortir toute seule, et quand elle devra sortir avec Andreas… J’imagine qu’elle t’appellera pour venir veiller sur moi. Qu’est-ce que tu diras à toutes tes Serena ? Désolé mais je dois aller changer les couches de ma meilleure amie handicapée qui finira vieille fille au fin fond du Pays de Galles parce que sa mère a enfin trouvé le courage de s’échapper de son quotidien infernal pendant un week-end ?» Sa voix retentissait encore dans mes oreilles même lorsqu’elle avait eu le bon esprit de se taire. Je tentais d’analyser chacune de ses paroles, et je réalisais avec effroi que je ne voulais pas rester. Je ne voulais pas subir ses foudres, et faire semblant de vivre pour apaiser ma conscience. Mes aspirations étaient plus grandes, plus égoïstes. Je fronçai les sourcils avant de poser mes mains sur ses épaules. « Tu ne sais pas encore … Tu es entrain de me pousser à te quitter. Si je t’écoute, si je m’en vais, quel genre d’homme crois-tu que je deviendrais ? Penses-tu réellement que je pourrais être consolé de ton absence ? J’ai dormi avec le foulard d’Aïda sous mon oreiller jusqu’à mes 20 ans, Ginny. Je ne peux pas te considérer comme morte. Je ne suis pas une personne consolable, une personne qui oublie, ou qui va de l’avant. Je ne veux pas ... » Je marquai un silence, en la transperçant du regard. « Même si c’est trop tard, je voudrais vivre pour toi. » De toutes les choses que j’avais connu, elle était ma plus belle découverte – elle était ma raison et ma folie, mon éclat d’espoir et mes relents de désespoir. « Tu devrais fermer les yeux, et imaginer ma vie avec toutes mes Serena, et toutes mes bouteilles d’alcool. Je suis lamentable ; ce n’est pas le genre d’existence que j’espère. Je suis le bonheur que tu cherches, je suis l’incarnation de ce romantisme débile que tu t’obstines à adorer. J’ai été créé pour toi, Eugenia. »
Je pivotai sur mon genou défaillant avant de retrouver mon équilibre. Le son mat de l’écrin s’éleva dans la pièce comme un nuage de poussière, et je me cambrai pour cacher mes secrets. Ginny suivait chacun de mes mouvements, mais j’espérais la tromper en souriant ou en feignant l’ignorance. «Qu’est-ce que c’est ? » S’enquit-elle d’un ton sec. Quoi de plus émouvant que cette scène que j’avais répété pendant des heures ? Je baissai les yeux, affligé par ma malchance. Mes déclarations n’étaient à présent que des mots. «Julian, qu’est-ce que tu as fait tomber ? » Insista-t-elle. Je retins mon souffle en cherchant un mensonge crédible dans ma tête. Ma bouche s’ouvrit avec dégout afin de briser mon beau rêve. « Ma clé.» Mon souffle brûlant se mourrait dans le vide qui m’entourait, et la pensée que je puisse bientôt être délivré de mes peurs me réconfortait un peu dans ma culpabilité. « C’est la clé de ma chambre d’internat.» Je cachai mes avant-bras dans mon dos en prenant un air dégagé, puis dans élan incompréhensible et complément stupide, je lui présentai ma main fermée « Tu veux peut-être la voir ? » Soufflai-je d’un air imperturbable.
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(✰) message posté Sam 31 Jan 2015 - 23:56 par Invité
until you heal the wounds of your past, you are going to bleed. you can bandage the bleeding with food, with alcohol, with drugs, with work, with cigarettes, with sex; but eventually, it will all ooze through and stain your life. you must find the strength to open the wounds, stick your hands inside, pull out the core of the pain that is holding you in your past, the memories and make peace with them. ✻✻✻ J’avais mal. Mal au cœur et mal à mes espoirs. J’étais tombée. Tombée de haut. Tombée de mon nid bien avant de savoir voler. J’étais tombée et la chute semblait ne jamais finir ; j’étais tombée et j’étais encore perdue quelque part entre le ciel et la terre, encore en train de sombrer dans les abymes de la tristesse. Le pire dans tout cela était sans doute que je ne désirais pas aller mieux. Je ne désirais pas m’en sortir. Je ne désirais pas que tout aille mieux. Je voulais que l’on me laisse à mes peines et qu’on cesse de songer que je pouvais encore être sauvée. Je ne voulais pas repartir en chirurgie. Je ne voulais pas de ces espoirs voilés de mensonge. Je ne voulais pas de ces regards compatissants et de ces mines horrifiées ; était-ce trop demandé ? Oui, sans doute. J’avais eu le malheur de naître dans une famille aimante, dans une famille qui se souciait de moi. J’avais fait la bêtise d’accepter quelqu’un dans mon existence, j’avais accepté que cette personne éprouve une certaine affection pour moi. Au fond, j’aurais mieux fait de ne jamais accepter le monde extérieur et rester dans ma solitude. Julian m’avait peut-être apporté les plus belles choses de mon existence mais je ne tolérais pas l’idée de devenir un fardeau. Il avait été un cadeau du ciel dans ma vie de gamine perdue et rejetée. Et moi ? Qu’étais-je pour lui ? Un présent empoisonné. Un malheur qu’il n’aurait sans doute jamais dû connaître. Une tragédie qui le tirait doucement vers le bas. Alors, oui, j’aurais mieux fait de refuser les autres, le rejeter, lui. Cela m’aurait sans doute anéanti. Cela m’aurait arraché mes plus beaux instants. Mais cela l’aurait sauvé, lui, et en cet instant cela était la seule chose à laquelle je parvenais à penser. Il paraissait peiné. Peiné par mes paroles. Peiné par ma faute, mais je ne cessais de me répéter avec obstination que cela valait le coup. Ses mains vinrent se poser sur mes épaules et je levai la tête vers lui ; j’eus du mal à soutenir son regard mais, en me faisant personnellement violence, je parvins à plonger mes yeux dans les siens. « Tu ne sais pas encore… Tu es en train de me pousser à te quitter. Si je t’écoute, si je m’en vais, quel genre d’homme crois-tu que je deviendrais ? Penses-tu réellement que je pourrais être consolé de ton absence ? J’ai dormi avec le foulard d’Aïda sous mon oreiller jusqu’à mes 20 ans, Ginny. Je ne peux pas te considérer comme morte. Je ne suis pas une personne consolable, une personne qui oublie, ou qui va de l’avant. Je ne veux pas… Même si c’est trop tard, je voudrais vivre pour toi. » me dit-il et je sentis la boule présente dans ma gorge prendre de l’ampleur. Qu’étais-je censée répondre à cela ? Julian, cesse. Julian, arrête. Tu ne peux plus vivre pour moi. Je suis déjà morte. Je suis déjà loin. J’avais envie de pleurer, pleurer ces instants, pleurer ce qui nous arrivait. Il n’avait jamais été heureux. J’avais peur qu’il n’ait plus la chance de l’être un jour. « Tu devrais fermer les yeux, et imaginer ma vie avec toutes mes Serena, et toutes mes bouteilles d’alcool. Je suis lamentable ; ce n’est pas le genre d’existences que j’espère. Je suis le bonheur que tu cherches, je suis l’incarnation de ce romantisme débile que tu t’obstines à adorer. J’ai été créé pour toi, Eugenia. » Je secouai la tête. Ses paroles me paraissaient bien trop nébuleuses pour que je sache en saisir réellement le sens. N’avait-ce pas toujours été ainsi, entre nous ? Il avait été ce beau jeune homme sachant manier les mots et les phrases, m’impressionnant à chaque fois qu’il pouvait bien ouvrir la bouche pour me faire part d’une pensée savant ou d’une réflexion intelligente. J’avais été cette sale gamine incapable de rentrer dans le moule scolaire, incapable d’aligner plusieurs paroles sans être ridicule. J’avais toujours été bien trop sotte pour le mériter. Bien trop sotte pour le comprendre, malgré toutes les peines que je m’étais donnée afin d’entrapercevoir l’étendue de ce qu’il avançait. « Je n’ai pas été créée pour toi, Julian. Je n’ai été créée pour personne. » marmonnai-je doucement, les mots s’accrochant au fond de ma gorge. « Tu mérites quelqu’un comme ces déesses que tu fréquentais, à Liverpool. Ces déesses intelligentes avec qui tu avais des bras de fer lors des sessions de débats parce qu’elles trouvaient toujours quelque chose à redire sur tes arguments. Je ne leur suis jamais arrivé à la cheville. Tu ne peux pas me dire que tu as été créé pour moi, Julian. Tu ne peux pas perdre ton temps sur une personne comme moi. Sur ta meilleure amie infirme. » Chacun de mes mots m’écorchait la bouche et, pourtant, j’avais la sensation que cela était nécessaire pour installer une distance entre nos deux êtres. Entre ce que nous étions. Je ne comprenais pas où il désirait en venir ; sa loyauté était à la fois apaisante et exaspérante. J’étais heureuse de constater à quel point il tenait à moi mais je considérais cela comme la pire faiblesse qui puisse exister ; je sentais la colère m’envahir à mesure que je comprenais que cela allait sans doute ruiner l’avenir qu’il se promettait s’il continuait de s’obstiner ainsi. Il n’avait pas le droit d’être à mon chevet. Il n’avait pas le droit de gâcher son talent pour simplement veiller à ce que j’aille bien. Pour simplement s’assurer que je ne serais jamais absente. Parce que je le serais. Je serais absente. Une partie de mon existence s’était déjà arrêté. Je n’avais pas pu m’empêcher d’être sèche et insistante lorsque je l’entendis faire tomber quelque chose ; je tentais de l’observer avec attention afin de comprendre ce qu’il se passait et calmer ma paranoïa passagère. Mais ses gestes ne me calmèrent pas. Mais ses gestes ne m’apaisèrent pas. « Ma clé. C’est la clé de ma chambre d’internat. » me répliqua-t-il et je fronçai les sourcils. « Tu veux peut-être la voir ? » Il me tendit son poing fermé et je l’observai presque d’un mauvais œil. Je l’entendais me mentir. Me mentir comme s’il ne savait pas que cela était sans doute la chose que j’exécrais le plus. Mais n’était-ce pas ce que chacun ferait, désormais ? J’étais fragile, après tout. Si fragile qu’il fallait me protéger dans une bulle de mensonges et de tromperie. « Oui. » lui répondis-je, sans doute avec une mine trop sévère. « Mais on sait tous les deux qu’il ne s’agit pas de ta clef d’internat. » Cela n’avait pas résonné ainsi, lorsqu’il l’avait fait tomber à même le sol. Je ne regardai pas sa main, non. Je le regardai, lui. Je plongeai mon regard dans ses prunelles pour tenter de déceler la vérité ; mais tout ce que je pouvais voir était le reflet de ma propre peine.
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(✰) message posté Dim 22 Fév 2015 - 16:32 par Invité
“ We all take different paths in life, but no matter where we go, we take a little of each other everyhwere. But the danger is that in this move toward new horizons and far directions, that I may lose what I have now, and not find anything except loneliness. ” ✻ Eugenia venait de vider la coupe de la vie. Elle se tenait au fond de la crevasse obscure tandis que je restais paralysé par mes propres frustrations, incapable de la rejoindre dans son malheur. Je scrutais les lieux d’un air abattu. Les grands murs livides de la chambre me narguaient vicieusement. Je devais être bien pathétique dans cet espoir froid et lugubre, pourtant je ne pouvais pas m’imaginer ailleurs qu’à ses côtés. Je sombrais parmi les âmes profondes de la matière captive. Je sombrais parce que je ne pouvais rien faire d’autre. Ma meilleure amie était tout à coup devenue une lueur inatteignable et triste. Cette réalité cruelle faisait partie de mon quotidien à présent. Elle pouvait me rejeter ou me traiter de tous les noms ; mon cœur restait indifférent à tous ses piques. Il s’accrochait à l’haleine de l’espoir pour deux. Je soupirai en me redressant avec nonchalance, le regard fixé sur les plis de son front contrarié, combien encore pouvais-je l’aimer ? Malgré la pâleur de son visage, la profondeur de ses cernes, ou les fluctuations disgracieuses de ses longs cils, je continuais à m’extasier devant sa beauté tranquille. Elle transfigurait les pensées jusqu’aux lisières du dernier songe. Elle me permettait d’exister au-delà de l’indignation, de l’amour, de la violence, de la solitude, ou de l’existence elle-même.
Je voyais le trouble s’immiscer dans son corps fragile. Je voyais les couleurs de son innocence se dissiper dans le vide et l’emporter au loin. Elle n’était pas vraiment désespérée mais elle se suicidait, tuée par la mollesse de ses muscles. La médecine avait ses limites mais mon obstination passionnée ne connaissait pas l’échec. Je posai mes mains sur ses épaules en refoulant mes émotions ; elle me blessait délibérément. Je pouvais le comprendre mais je refusais de l’accepter. Eugenia avait besoin de moi. Le contraire était inconcevable. « Je n’ai pas été créée pour toi, Julian. Je n’ai été créée pour personne. » Marmonna-t-elle d’une voix profonde et triste. Je ne pouvais pas la contraindre à l’amour mais l’ombre soupirante se penchait toujours sur le sein de la nuit. Je me penchais toujours sur elle. « Tu mérites quelqu’un comme ces déesses que tu fréquentais, à Liverpool. Ces déesses intelligentes avec qui tu avais des bras de fer lors des sessions de débats parce qu’elles trouvaient toujours quelque chose à redire sur tes arguments. Je ne leur suis jamais arrivé à la cheville. Tu ne peux pas me dire que tu as été créé pour moi, Julian. Tu ne peux pas perdre ton temps sur une personne comme moi. Sur ta meilleure amie infirme. » Je plissai les yeux d’un air entendu. Pourquoi ce besoin constant, presque obsessionnel, de se comparer aux femmes qui avaient partagé mes aventures incongrues ? Ces déesses intelligentes comme elle les appelait n’étaient qu’un espace illusoire que je me créais pour mieux supporter son absence. Ces désirs-là étaient éphémères car j’étais hanté par les senteurs salées d’une mer qui s’échouait uniquement au bord de la ville de Cardiff. Mais Eugenia avait raison sur un point – je ne pouvais plus perdre mon temps sur une personne comme elle. Je ne pouvais plus attendre une intervention divine, ou une espèce de miracle intergalactique. Il était temps que l’homme cherche le plaisir au lieu de fuir la douleur. Je me mordis la lèvre inférieure ; elle était bénie et généreuse. Sa voix émouvante incarnait toutes les promesses du bonheur simple et merveilleux. Infirme ou pas. Je continuais à m’émouvoir par les flux de sa tendresse. Je ne pouvais pas oublier tous les moments de joie qu’elle m’avait offert lorsque je me sentais battu et désabusé. «Il y’ a la frénésie de la compétition et du débat. Il est vrai que je me plais dans les égarements de ma conscience et que je tergiverse parfois. Mais il y a aussi tout ce que tu représentes pour moi. Ma peine est indicible lorsque tu n’es pas là. Je sais que je te manque incessamment et si tu ne peux pas m’envisager autrement, et que tu veux te cacher derrière notre amitié, laisse-moi succomber à mes sentiments. Je veux être capable de faire mes propres choix. Je veux m’instruire dans la simplicité d’une conversation et veiller sur ma meilleure amie. Je ne le fais pas par dépit. Cet accident m’a touché aussi. Vous étiez deux dans cette voiture ; toi et l’illusion de mon bonheur. Laisse-moi le reprendre et rester. Ginny, j’ai le sentiment que je dois te sauver de tes démons. Tu ne peux pas impitoyablement me foutre dehors. C’est injuste. Tu sais que je ne mérite pas de te perdre. » Je secouai la tête d’un air pensif avant de lui adresser un sourire terne. Sa sollicitude à propos de mon avenir me touchait vraiment mais je ne comptais pas abandonner mon diplôme ou les objectifs que je m’étais fixés. Mon chemin serait plus sinueux et éprouvant que je ne l’avais envisagé mais j’étais capable de braver tous les défis. J’avais assez de volonté pour me débattre jusqu’à bout de souffle. « J’ai besoin que tu me fasses confiance. Je ne vais rien gâcher. Je n’ai pas besoin d’assister à mes cours pour savoir que les lois de la finance sont compliquées. Je peux me former tout seul à distance et quitter mes clubs de lecture. Je continuerais à écrire et je ferais en sorte d’avoir la moyenne dans mes matières principales. Je n’ai pas besoin de l’excellence pour affirmer ma puissance. Je n’ai besoin que de toi. » Mes mots restaient au travers de ma gorge. Je réalisais que j’abandonnais une partie de mon grand rêve mais en dépit de tous mes défauts je n’étais pas mégalomane. Je pouvais me contenter des étincelles de la réussite pour l’instant.
J’avais fait tomber la bague qui scellait ma dévotion inébranlable. Etais-ce un signe du destin ou une opération d’autodestruction ? Le visage blême d’Eugenia était traversé par les éclairs de sa colère sourde, elle savait que je mentais et je ne comptais pas m’enfoncer dans excuses. Mon cœur s’affolait dans ma poitrine à la fois soulagé et apeuré par ses réactions. De tous les scénarii de demande que j’avais imaginée, ce dernier était de loin le plus désastreux. « Oui. Mais on sait tous les deux qu’il ne s’agit pas de ta clef d’internat. » Grinça-t-elle avec un ton sévère. Je déglutis en lui tendant mon poing fermé. Elle me fixa de son regard pétillant sans ciller. Je retins ma respiration avant de lâcher prise, laissant l’anneau en or blanc rencontrer la douceur de sa paume ouverte. Je souris gêné avant de m’agenouiller sans prier. Ma respiration semblait se verser dans l’éclat terne de la pièce mais je relevai le visage sans me détourner. «Eugenia Berenice Lancaster. » Balbutiai-je. «Je sais que je me précipite et que ça peut paraitre surprenant voir grossier, mais je ne pouvais pas trouver de grand geste romantique pour te faire comprendre que mes déclarations n’ont jamais été vaines. Je te connais assez pour savoir que je ne veux pas sortir avec toi. Je ne te propose pas d’avoir un meilleur ami ou un petit ami. Je te propose la présence chaleureuse d’un mari borné, impulsif et torturé, qui jure de te préparer des pancakes au petit déjeuner chaque matin et te de laisser manger des sucreries au lit. J’y pense depuis longtemps déjà et je suis désolé que ma requête coïncide avec le pire moment de ta vie – Je suis désolé de n’avoir jamais trouvé le courage de te faire face. Et surtout je suis désolé de ne pas me contenter d’une magnifique amitié. Je suis avide de plus. Tellement plus. » Je restai en suspens attendant que la foudre me tombe dessus.
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(✰) message posté Lun 9 Mar 2015 - 18:37 par Invité
until you heal the wounds of your past, you are going to bleed. you can bandage the bleeding with food, with alcohol, with drugs, with work, with cigarettes, with sex; but eventually, it will all ooze through and stain your life. you must find the strength to open the wounds, stick your hands inside, pull out the core of the pain that is holding you in your past, the memories and make peace with them. ✻✻✻ Je le voyais dans ses yeux qu’il ne comprenait pas pourquoi je parlais de toutes ces filles qu’il avait bien pu fréquenter. Cela ne fit que me blesser d’autant plus. Si ces personnes empreinte de perfection n’avaient pas réussi à le satisfaire et retenir son attention, qu’étais-je censée penser de ma propre personne ? Il ne comprenait pas ces comparaisons. Il ne comprenait pas pourquoi j’attachais tant d’importance à ses aventures. Cela était parce qu’elles comptaient. Elles comptaient à mes yeux comme des niveaux d’excellence que je ne parviendrais jamais à atteindre. Je n’étais ni belle, ni charmante. Je n’étais ni avisée, ni intelligente. Je n’étais qu’une sale gamine incapable de se souvenir de ses propres limites. Je n’étais qu’une sale gamine qui l’aimait trop fort et qui se perdait dans l’ampleur de ses propres pensées, dans l’ampleur de sa propre curiosité. Ne l’avait-il pas encore compris ? Ce filles comptaient parce qu’elles étaient déjà bien plus que ce ne je ne serais jamais et que, malgré cela, elles n’étaient même pas suffisantes. Pas pour lui. Je ne lui serais jamais suffisante non plus. C’était arithmétique. C’était de la logique. Et je ne lui serais sans doute pas suffisante maintenant que j’étais incapable de me tenir debout. J’avais l’impression que mon cœur se fendait en deux et que je ne pouvais rien y faire. J’avais l’impression d’assister à ma propre agonie, impuissante. Je m’étais toujours faite à l’idée qu’il ne serait jamais mien mais, désormais confrontée à la réalité, j’avais bien plus de mal à l’accepter. Ma gorgée était serrée, ma bouche était sèche. Il y avait une centaine de mots qui résidaient en moi mais que je ne pourrais jamais prononcer. Julian, je t’aime. Et c’est parce que je t’aime que je te demande de t’en aller. Il ne comprenait pas pourquoi j’attachais de l’importance à ses autres conquêtes et, pourtant, j’avais l’impression que cela était la chose la plus naturelle qui soit ; elles l’avaient eu, lui. Elles l’avaient eu et n’avaient pas pu le retenir. Comment étais-je censée faire mieux qu’elles, alors que je n’étais rien, absolument plus rien ? « Il y a la frénésie de la compétition et du débat. Il est vrai que je me plais dans les égarements de ma conscience et que je tergiverse parfois. Mais il y a aussi tout ce que tu représentes pour moi. Ma peine est indicible lorsque tu n’es pas là. Je sais que je te manque incessamment et si tu ne peux pas m’envisager autrement, et que tu veux te cacher derrière notre amitié, laisse-moi succomber à mes sentiments. Je veux être capable de faire mes propres choix. Je veux m’instruire dans la simplicité d’une conversation et veiller sur ma meilleure amie. Je ne le fais pas par dépit. Cet accident m’a touché aussi. Vous étiez deux dans cette voiture ; toi et l’illusion de mon bonheur. Laisse-moi le reprendre et rester. Ginny, j’ai le sentiment que je dois te sauver de tes démons. Tu ne peux pas impitoyablement me foutre dehors. C’est injuste. Tu sais que je ne mérite pas de te perdre. » me déclara-t-il, me prouvant une nouvelle fois que j’avais raison de penser de cette manière. Je n’étais pas à sa hauteur et, quelque part, je ne pourrais jamais l’être. Il était une étoile. Il brillait, brillait si fort qu’il ne s’en rendait même pas compte. Et, moi, j’étais la Lune. Cette Lune qui rêvait à lui en sachant parfaitement qu’elle n’aurait jamais l’occasion de l’atteindre. « J’ai besoin que tu me fasses confiance. Je ne vais rien gâcher. Je n’ai pas besoin d’assister à mes cours pour savoir que les lois de la finance sont compliquées. Je peux me former tout seul à distance et quitter mes clubs de lecture. Je continuerais à écrire et je ferais en sorte d’avoir la moyenne dans mes matières principales. Je n’ai pas besoin de l’excellence pour affirmer ma puissance. Je n’ai besoin que de toi. » Je secouai la tête, refusant ses paroles, refusant qu’il puisse tout mettre de côté de cette manière. La part la plus égoïste de mon être ne voulait pas qu’il ruine son avenir de peur qu’il ne me blâme, plus tard, lorsqu’il serait enfin revenu sur Terre. Je ne supportais pas l’idée d’être la cause de sa chute, quelque part. Je n’en valais pas la peine. J’étais en colère, si en colère. Contre lui, contre le destin, contre le reste. J’étais froide et distante avec lui dans l’espoir que cela suffise à le faire fuir ; la peine me serrait la gorge et pourtant je m’accrochais à mes résolutions comme si ma propre vie en dépendait. Il ne voulait rien entendre mais cela ne m’étonnait qu’à moitié. Il ne voulait pas m’accorder du crédit parce que c’était ainsi ; il était plus intelligent que moi, plus supérieur et, fatalement, je me trompais forcément. Mais il ne voyait pas ce que je voyais. Il ne savait pas ce que je savais. J’étais une cause perdue, une épave retrouvée au fond de l’océan ; il avait encore tant de choses devant lui que le fait qu’il puisse songer à tout mettre de côté était indécent. J’aurais aimé le secouer. J’aurais aimé le ramener sur Terre. Mais, au lieu de quoi, il fut celui à me perdre encore plus. Dans ma main tendue, il ne déposa pas de clef d’internat. Pas même une autre babiole. Non. Il y déposa une alliance en or blanc, toute simple, sobre, avant de se mettre à genoux en tenant mes doigts. Mes yeux se remplirent de larmes et, avant que je ne parvienne à lui demander de se taire, il s’était déjà mis à parler. « Eugenia Berenice Lancaster. Je sais que je me précipite et que ça peut paraitre surprenant voir grossier, mais je ne pouvais pas trouver de grand geste romantique pour te faire comprendre que mes déclarations n’ont jamais été vaines. Je te connais assez pour savoir que je ne veux pas sortir avec toi. Je ne te propose pas d’avoir un meilleur ami ou un petit ami. Je te propose la présence chaleureuse d’un mari borné, impulsif et torturé, qui jure de te préparer des pancakes au petit déjeuner chaque matin et te de laisser manger des sucreries au lit. J’y pense depuis longtemps déjà et je suis désolé que ma requête coïncide avec le pire moment de ta vie – je suis désolé de n’avoir jamais trouvé le courage de te faire face. Et surtout je suis désolé de ne pas me contenter d’une magnifique amitié. Je suis avide de plus. Tellement plus. » Je l’observai, les yeux grands ouverts. Je l’observai sans parvenir à dire quoi que ce soit. Sans parvenir à penser quoi que ce soit. Mon cœur résonnait dans mon esprit vide. Le silence devint presque assourdissant dans ma propre tête. J’avais rêvé de ces paroles une centaine de fois. Je m’étais imaginé cette scène sans y croire, perdue dans mon innocence et dans mes rêves d’adolescente. Cependant, cela était également la première fois de ma vie que je ne désirais pas que cela se produise réellement. J’étais hospitalisée. Hospitalisée parce que je ne pouvais plus me servir de mes jambes. Je venais de lui faire comprendre, à plusieurs reprises, que je désirais qu’il quitte mon chevet pour son propre bien. Je ne comprenais pas comment il avait bien pu croire que cela était un moment propice pour une demande en mariage. « Tu te fous de moi. » marmonnai-je avant de tenter, désespérément, de me redresser. Mes doigts tremblaient jusqu’à ce que je porte ma main au-dessus de la table de nuit. Je ne pouvais plus toucher cette alliance. Non, je ne pouvais plus. Je la laissai tomber sur la table de chevet. « Tu me demandes en mariage maintenant, tout de suite, après ce que je t'ai dit, alors que je suis dans cet état... » poursuivis-je dans un souffle. « Qu’est-ce qui t’es passé par la tête… » J’avais envie de pleurer, de hurler. Mais je ne pouvais pas. Je ne pouvais plus. Je tremblai si fort que je n’avais absolument plus aucun contrôle sur mon propre corps. « Laisse-moi. » Je pris une profonde inspiration. « Je t’en prie, va-t’en. » Je refusais de pleurer et pourtant je n’avais envie que de laisser aller mes larmes. Il était injuste, le monde entier l’était. Le destin se foutait de moi. J’étais comme sa marionnette, après tout.
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(✰) message posté Mar 17 Mar 2015 - 19:58 par Invité
“ We all take different paths in life, but no matter where we go, we take a little of each other everyhwere. But the danger is that in this move toward new horizons and far directions, that I may lose what I have now, and not find anything except loneliness. ” ✻ Le vide m’enlaçait violement. Il n’y avait plus rien autour de moi. Je sentais la prise acérée de la déception s’abattre sur ma gorge, m’empêchant de puiser l’énergie suffisante pour convaincre Eugenia de m’aimer en retour. Je me tenais nonchalamment contre le mur glacial, mon dos était droit et mes épaules larges. Mon menton s’élevait fièrement vers son visage, mais au fond de moi, j’avais l’impression de me noyer dans un océan d’injustice. Cette chambre d’hôpital n’existait pas. Je refusais de la voir allongée, inerte, fragile et désespérée. Ma meilleure amie disparaissait au loin, avant de rejoindre le clair d’une lune fugace et insaisissable. J’avais si peur de perdre, si peur de me retrouver seul. Notre histoire n’était pas encore entière, nous n’avions encore rien accompli – et pourtant, mes sentiments sombres et fulgurants me poussaient dangereusement vers le fond du gouffre. Et si je sautais, finirais-je par enfin trouver le repos éternel ? Non. Certainement pas. Je me contenais dans ma tristesse sans prononcer un mot. Son expression à la fois tendre et haineuse, me créait l’illusion d’une victoire. Je n’étais pas encore tombé assez bas pour être ignoré. Eugenia était en colère. Elle me détestait. Elle était blessée. Je ne méritais pas autant de considération. Je soupirai avec lassitude en fixant les plis de sa magnifique chevelure brune qui dansait dans la pénombre. Elle pointait ses armes tranchantes vers mon cœur. La violence de sa voix m’emportait dans ses fluctuations irrégulières. Etait-ce la fin qui était imminente ? Devrais-je tout simplement me plier à sa volonté et partir ? « Tu te fous de moi. » Marmonna-t-elle en se redressant avec difficulté. Je tendis mes deux mains afin de l’aider à se repositionner, mais le froid incommensurable me retenait dans mes mouvements. Mes yeux humides s’encrèrent sur sa bouche –à défaut de comprendre la cruauté de son rejet, je pouvais au moins me laisser bercer par les tremblements gracieux de ses lèvres rosées. « Tu me demandes en mariage maintenant, tout de suite, après ce que je t'ai dit, alors que je suis dans cet état... » Le plus bouleversant, c’était les flammes ardentes qui jaillissaient de ma poitrine. Elle avait beau me repousser, mon amour presque immoral ne succombait jamais. C’était un feu bien trop grand. Je souris d’un air crédule avant de m’assoir sur le rebord du lit. Le plus bouleversant, c’était son état de santé et ma fascination indécente pour chaque éclat fugitive de sa tragédie. « Je t’aime quand même, Ginny. » Voilà ce que j’aurais voulu crier du haut de mon désespoir. « Je t’aime quand même, estropié ou non, avec deux, trois, quatre jambes et une main au milieu de la figure… » Ma langue claqua contre mon palais, sans que je ne puisse trouver le courage d’affronter mes démons. « Qu’est-ce qui t’es passé par la tête… » Je serrais les dents, incapable de voir les signes annonciateurs de son rejet, ou de décrypter l’agressivité qui se cachait derrière son regard abyssal. Mon timing était mauvais. Je soupirai en lui adressant un signe de la tête. « Laisse-moi. Je t’en prie, va-t’en. » Et voilà, le coup de grâce. Je ravalai mon amertume en bondissant comme une bête sauvage. Je tournai lentement la tête vers sa table de chevet afin de reprendre ma bague – Elle était trop petite. Je traînai des pieds jusqu’au milieu de la pièce avant de m’arrêter. «Bon rétablissement, Ginny. » Balbutiai-je avec tristesse. Elle ne comprenait pas que ma demande n’était pas anodine. J’avais programmé cet instant depuis des années, mais la vie était injuste. Elle se foutait de moi aussi. J’haussai les épaules avant de m’avancer douloureusement vers la porte. Mes doigts glacés emprisonnèrent la poignée sans que je ne puisse esquisser le moindre mouvement. Ce n’était qu’un échec parmi tant d’autres. Ce n’était qu’une petite égratignure dans ma poitrine déformée par les coups. Je fronçai les sourcils d’un air consterné. «Je reviendrais toujours. » Delà où je me trouvais, elle ne pouvait pas voir l’effroi déformer l’expression de mon visage. Elle ne pouvait pas m’interdire de ressentir cet amour irréel. Elle ne pouvait pas m’obliger à la quitter ni à m’éloigner. Nous étions éternels dans notre misère. De gré ou de force.
Je me faufilai lentement parmi les visiteurs de l’hôpital avant de rejoindre la sortie. Le vent froid déliait mes boucles blondes afin de m’ôter ce penchant démesuré pour la rébellion qui me caractérisait tant. A présent, sans Ginny, sans mes études, et sans ma rage – je ne valais plus rien.