"Fermeture" de London Calling
Après cinq années sur la toile, London Calling ferme ses portes. Toutes les infos par ici What if your life flashes before my eyes ft Ginny 2979874845 What if your life flashes before my eyes ft Ginny 1973890357
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What if your life flashes before my eyes ft Ginny

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() message posté Mar 6 Jan 2015 - 12:57 par Invité
  “ We all take different paths in life, but no matter where we go, we take a little of each other everyhwere. But the danger is that in this move toward new horizons and far directions, that I may lose what I have now, and not find anything except loneliness. ”  C’était horrible de ressentir la détresse, le désarroi ou la peine, et d’être incapable d’exprimer mes émotions ou mes sentiments avec l’accent gallois que j’avais feint d’avoir durant des années, alors je me raccrochais au son de sa voix imaginaire. Je l’entendais murmurer à mon oreille et calmer mon esprit torturé. Je l’entendais me réconforter dans mes douleurs, et grincer nerveusement contre mon torse. Je ne pouvais pas envisager de fin. C’était impensable ; L’amour qui germait en moi, battait pour deux. Dans mon cœur et le sien. Je m’accrochais à sa main engourdi avec tout mon désespoir refoulé, mais malgré mes efforts et mes lamentations – Eugenia n’était plus là. Son corps gisait inconscient sous mon regard embué. Le monde n’existait plus depuis quelques jours. Je n’existais plus. J’avais promis de lui montrer l’horizon doré des Highlands, et de l’emmener courir le long des collines verdoyantes et des rochers ancestraux. J’avais voué allégeance à son sang royale et son titre utopique de princesse, mais j’ouvrais les yeux et son visage était blême. Ce n’était pas elle – Je ne pouvais pas m’y résoudre ! Les traces de la mort marquaient sa peau albâtre, et l’âme s’effondrait en moi. Je ne pouvais pas me remettre de cette perte. C’était la vie de trop. La vie que je ne pouvais pas sacrifier. Les médecins faisaient des rondes continuelles autour de la chambre, chuchotant d’un air religieux, comme s’il s’agissait d’un tombeau fermé. Je me rétractais le temps d’un examen sans quitter les lieux. Beatrice avait eu la gentillesse de me prêter des vêtements trop amples, mais propres. Et il fallait avouer que je me fichais de mon apparence ou de mon hygiène corporelle. Je glissais le long des murs de l’hôpital, entre les passages secrets, et les silences douloureux, avant de toucher le sol glacial. Je devais rester fort, mais l’air ne m’inspirait plus que désolation.  Elle était branchée à tous ces artifices et ces câbles compliqués,  elle était suspendue entre deux rives – et elle refusait de me rejoindre malgré mes appels incessants. Il aurait suffi que je sèche un seul cours, que je prenne le train plus tôt, ou que je la supplie de m’attendre. Je l’aurais accompagné dans ce gouffre béant et gluant. J’aurais conduit la voiture à sa place, et j’aurais heurté tous les obstacles. C’était ma faute. Ma lâcheté. Si seulement j’avais trouvé le courage de l’aimer plus tôt …

Je restais reclus dans la salle d’attente, sans mot, sans fortune et sans espoir. J’imaginais les pires scénarii, rongé par le vice et le mal – l’optimisme n’avait jamais été l’une de mes vertus préférées, et après la perte de ma mère, j’avais tendance à broyer du noir facilement. Ginny m’aurait certainement remonté les bretelles, elle m’aurait sommé de sourire et de continuer ma quête hargneuse contre le monde. Mais quel accomplissement pouvais-je trouver au bout du compte, si je n’avais plus ma meilleure amie ? Je  me trouvais à la croisée des chemins, à mille lieux de mes territoires familiers ou de mes petits bonheurs fugaces. Je me recroquevillais sur la chaise inconfortable avant de me laisser aller à la fatigue. Mes rétines irritées vibraient, refusant de m’accorder ne serait-ce qu’une seconde de répit. Je soupirai d’un air abattu. Beatrice s’approcha avec un café à la main.

_ Tu devrais rentrer te coucher.

« Je te rend le compliment.» Soufflai-je avec insolence. Mes nerfs étaient à vif, et je ne supportais pas l’idée d’être loin de ma prison. Les visages épuisés se succédaient tout autour de moi, mais sans ma moitié lumineuse et innocente, je ne parvenais pas à compatir à la douleur de mes semblables. J’étais égocentrique et vicieux. Je voulais la vie de Ginny à la place de toute les autres, de la mienne y compris. Je nourrissais une profonde aversion pour la planète toute entière !

_ J’ai mes deux filles ici. Répondit-elle d’un ton las qui contrastait avec son visage d’habitude si jovial. Son regard terriblement sombre se posa sur moi, et je me sentis tressaillir. Je roulai des yeux, incapable de trouver la force de lui répondre. J’étais agonisant, mais elle ne semblait remarquer ma décadence.  J’étais enfermé dans mes souffrances étranges, et mes diables sanguinaires. Ma respiration lente était un supplice. Comme si ma conscience prenait tout le temps d’apprécier chacune de mes blessures, je succombais à petits feux. Mes traits n’exprimaient rien. Je voulais m’inonder de ténèbres et éteindre toute les étincelles rougeoyantes qui m’embrasaient. Je voulais effacer cette meilleure amie qui valait beaucoup trop à mes yeux, et n’être qu’un homme blasé parmi d’autres. Je voulais être de ceux qui n’avaient pas été béni par le don d’aimer parce que c’était un jeu mortel et dangereux. L’affection gémissante exposait aux crimes atroces du cœur. Je cachais ma tête pour noyer mon chagrin.

« Je ne bougerais pas d’ici.» Grommelai-je dans ma barbe.

_ Tu devrais manger dans ce cas. Fini-t-elle par trancher en me tendant une viennoiserie. Mon ventre se crispa devant cette vision d’horreur. Je valsais au gré de mes inquiétudes, puis je fini par me redresser avec nonchalance, me dirigeant à nouveau vers la chambre 07-14. Les visites étaient interdites à cette heure, mais je restais planté là – dans l’attente d’un miracle ou d’une illumination divine. Ginny ne me quittait jamais. Le marbre glacé m’étreignait, recréant l’illusion de nos accolades d’enfants. Je crispai mes doigts autour de la boite à bijou abandonné dans ma poche – Elle avait raté mon grand geste romantique et narcissique. Nous ne faisions que nous rater. Tout ce temps.

-Une semaine plus tard-

Elle avait refusé de me parler – Elle avait refusé de me parler malgré mes supplications, et mes airs accablés. J’étais laissé à l’abandon comme une ombre soupirante. Je déglutis en m’installant à son chevet. Malgré son réveil, je continuais à m’accrocher à sa main engourdi avec le même désespoir cuisant. Eugenia ne bougeait pas. Elle ne pouvait plus courir à perte d’haleine sur les plages abandonnées de Cardiff ou sautiller tout autour de moi au gré de la houle salée. Je serrais la mâchoire en laissant couler une larme muette. Ma tête tombait sur le matelas avant de se redresser à l’afflux du moindre signe de sa part, mais ma quête était aussi vaine que les tourbillons de vent dans le désert. Je me mordis la lèvre inférieure avant de gémir. Ma bouche était devenue amère à force de subir mes mutilations, et ma poitrine – Ô ma poitrine, je n’étais même plus sûr qu’elle était encore là. J’étais étranger dans mon propre corps, emprisonné dans une plastique qui m’interdisait de l’approcher ou de l’embrasser.

« S’il te plait, parle-moi  Ginny. » Sifflai-je la voix brisée.

Son visage était fixé sur les rideaux hideux de la chambre. Je n’arrivais pas à la sortir de sa torpeur, ou à captiver son attention malgré mes faux élans d’hilarité ou mes longues tirades. Eugenia était une poupée brisée et j’étais démuni de pouvoirs magiques. Peut-être avais-je surestimé la profondeur de mes sentiments. Peut-être n’étais-je qu’un ami pompeux et collant dont elle ne désirait plus la présence. Je secouai la tête frénétiquement avant de me lever. Je me dirigeai vers la fenêtre, afin de m’imposer dans son champ de vision.

« Ginny ! » M’enquis-je en haussant le ton. « Tu ne réagis pas … »

Je savais qu’elle avait parlé à Beatrice et Andreas. Je savais qu’elle répondait aux questions des médecins, et qu’il lui arrivait même d’exiger la solitude, mais elle restait de marbre face à ma sollicitude. Elle me rejetait avec une force déroutante comme ma présence la pesait, mais je refusais de céder à ce chantage affectif. Je résisterais coute que coute. Je résisterais jusqu’au bout.

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() message posté Mar 6 Jan 2015 - 19:34 par Invité
until you heal the wounds of your past, you are going to bleed. you can bandage the bleeding with food, with alcohol, with drugs, with work, with cigarettes, with sex; but eventually, it will all ooze through and stain your life. you must find the strength to open the wounds, stick your hands inside, pull out the core of the pain that is holding you in your past, the memories and make peace with them. ✻✻✻ J’avais entendu dire que, lorsque nous savions que nous allions mourir, nous revivions notre vie en l’espace de quelques secondes. Que nous voyions défiler sous nos paupières tous ces instants qui avaient faits de nous ce que nous étions. Que tout se terminait en un éclat de lumière aveuglante et nous partions, marchant vers cette aura accueillante.
Mais je n’avais rien vécu de tout cela. J’avais perçu un crissement de pneus. J’avais senti mon cœur s’affoler. Pire encore, j’avais compris. J’avais compris ce qu’il se passait. J’avais entendu ma sœur crier. Et, dans cet hurlement, tout s’était terminé.
Tout était fini.
***
J’avais entendu des bips. Des bips constants. Irréguliers. Des bips au loin, au fin fond de ma mémoire. J’avais entendu des bips et des respirations retenues. J’avais entendu des bips et de vagues paroles. Elle est en train de se réveiller. Voilà ce que mes oreilles avaient perçu, dans le brouillard de mon esprit tourmenté.
A ce moment-là, je n’avais pas su. A ce moment-là, je n’avais pas encore réalisé que tout s’était terminé.
Que tout était fini.
***
J’avais perdu la notion du temps et de l’espace. La notion du vrai et du faux. Les évènements se succédaient sous mes yeux mais je ne parvenais pas à distinguer les nuances réelles du fléau qui m’accablait. Parfois, je venais à me demander si tout appartenait à la réalité. Parfois, je venais à me demander si je ne m’étais pas perdue en cours de route. Alors, comme à chaque fois, je listais les choses que je savais. Je listais mes certitudes, ces certitudes auxquelles je continuai de me raccrocher.
Je m’appelais Eugenia Lancaster. J’avais vingt ans. J’étais née à Cardiff, au Pays de Galles. Mes parents avaient divorcé. J’étais amoureuse de mon meilleur ami. J’avais une sœur jumelle. Une sœur jumelle que j’étais allée chercher à une soirée étudiante. Une sœur jumelle qui m’avait déconcentré durant une poignée de secondes…
Mon cœur s’affola, comme à chaque fois. Mon cœur s’affola exactement comme il avait déjà pu le faire hier, avant-hier, avant-avant-hier. Il s’affola parce qu’il savait que le reste n’était que des incertitudes. Des morceaux de faux perdus dans le réel, perdu dans mon monde, perdu dans cet univers qui m’entourait et qui me perdait.
J’avais mal. Si mal.
Et je recommençais.
Je m’appelais Eugenia Lancaster. J’avais vingt ans. J’avais une sœur jumelle. J’étais allée la chercher. La chercher à une soirée étudiante. Elle m’avait déconcentré. J’avais perdu le contrôle du véhicule. Nous avions sombré. Sombré, sombré, sombré.
Peut-être étions-nous mortes. Sans doute étions-nous mortes.
Tout était fini, après tout.
***
Je m’appelais Eugenia Lancaster. J’avais vingt ans. J’habitais Londres. J’avais eu un accident de voiture avec ma sœur jumelle. Elle s’en était sortie. Les infirmières m’avaient dit que je m’en étais sortie, moi aussi. Puis, j’avais essayé de me lever. J’avais essayé d’aller aux toilettes par moi-même.
Elles m’avaient menti. Je m’en étais pas sortie..
J’avais laissé ma colonne vertébrale au fond du ravin. J’y avais laissé mon âme. Ma vie.
Je m’étais laissée, moi, tout au fond.
Je m’appelais Eugenia Lancaster. J’étais handicapée.
Tout était fini.
***
Mes yeux étaient perdus sur les rideaux de ma chambre. J’avais passé tant de temps à les détailler que j’avais noté les moindres détails de leur tissu au fond de ma mémoire. J’avais remarqué les fils jaunes qui dépassaient sur les bords râpés. J’avais vu le faux-pli dans leur doublure mal cousue. Pire encore, j’avais observé la poussière qui s’en dégageait lorsque quelqu’un venait effleurer de trop près leurs pans, dégageant des petits nuages de particules en suspension dans l’air. J’avais constaté toutes ces choses-là, oui. Je les avais constatés parce que, désormais, ma vie était aussi triste que ces détails que personne ne remarquait.
Je refusais de parler. Je refusais de m’exprimer. Je n’accordais que quelques mots à mes parents lorsque cela était nécessaire, répondant aux questions du corps médical pour leur donner des indices sur les doses d’antidouleur qu’il fallait m’administrer. Le reste du temps, la morphine faisait son travail. Le reste du temps, la morphine m’emmenait au loin, dans les souvenirs, ces souvenirs qui m’envahissaient et m’apaisaient. J’avais cessé de faire la liste de mes certitudes. J’avais cessé de la faire puisqu’à chaque fois, sa finalité me faisait trop mal.
Je sentais les doigts de Julian dans les miens. Je sentais sa présence à mes côtés. Mais je ne parlais pas. Je me réconfortais dans mon silence. Je m’y étais installée. Je me demandais, quelque part, si je pouvais en finir de cette manière. Si attendre suffisait pour que tout finisse par réellement se terminer. Mais j’avais beau attendre ; les jours passaient et je demeurais dans la même position. Les jours passaient et mes jambes ne bougeaient pas. Les jours passaient et je voyais l’espoir me courir entre les doigts pour m’échapper dans des nuages de fumée.
Qu’avaient été les mots de ma mère, déjà ? Ma chérie, ton cœur s’est arrêté. On a tellement de chance que tu sois encore là. Chance, chance. Dans ma torpeur, s’esquissai un sourire, au bord des larmes.
Etait-ce réellement de la chance si, au fond de moi, je me surprenais à préférer l’autre alternative ?
J’aurais aimé que l’on laisse mon cœur mort. J’aurais aimé que l’on me laisse dans l’oubli.
Ma respiration était laborieuse. Je sentais les tubes de l’assistance dans mes narines. Le bip du moniteur m’indiquait que j’étais encore vivante. Cela m’aidait, quelque part. Parce que, parfois, je l’oubliais. « S’il te plait, parle-moi  Ginny. » La voix de Julian s’éleva dans la chambre d’hôpital. Je distinguais sa douleur dans ses mots. Je distinguais toutes ces émotions qu’il contenait. Je me demandais ce qu’il ressentait. Etait-ce de la pitié ? Sans doute. Il ne devait pas savoir quand est-ce qu’il était autorisé à quitter mon chevet, alors il restait, il restait pour se donner bonne conscience. Mon cœur se brisa dans ma poitrine. J’aurais préféré qu’il ne soit pas là. J’aurais préféré que l’on ne le prévienne pas.
J’aurais préféré qu’il n’assiste pas à tout cela.
Les doigts de Julian se détachèrent des miens. Je les sentis m’échapper dans mon état de semi-conscience. Il se leva, avant de se positionner près des rideaux. Avec une fascination biaisée, j’observai la poussière qu’il dérangea ; j’esquissai un vague sourire avant de cligner des paupières. J’étais perdue dans les méandres de la confusion. J’étais perdue dans les méandres de mon être. « Ginny ! Tu ne réagis pas… » Je posai mon regard vide sur lui. Et, comme à chaque fois qu’il pouvait s’adresser à moi, je sentis les émotions déferler au fond de mon être. Je sentis le mal, ce mal qui me rongeait. N’aurais-je pas pu être handicapée de mon cœur, également ? Au lieu d’être handicapée de mes jambes ? Cela aurait été plus simple, plus facile.
Je me souvins de nos balades sur la plage. Je me souvins des joggings que je faisais, le matin, alors que le froid me mordait le visage. Je me souvins des centaines de façons que je pouvais avoir de courir vers lui. Je me souvins de la manière dont j’avais bien pu sauter dans ses bras lorsque je l’avais retrouvé. Je me souvins de toutes ces choses. Je me souvins de nous. Je me souvins de tous ces souvenirs qui ne pourraient pu trouver leur équivalent dans la réalité. Je sentis les sanglots monter dans ma gorge. Je sentis mes poumons s’affoler dans ma cage thoracique. Et je me rendis compte que je ne pouvais plus. Je ne pouvais plus me taire. « Est-ce que tout ce qui s’est passé est réel ? Est-ce que tout ça est vraiment en train d’arriver ? » J’entendis les sanglots déformer ma voix. Je plaçai une main devant ma bouche comme pour retrouver une certaine contenance, mais je n’y arrivais pas. Les larmes brouillaient déjà mon regard. « Qu’est-ce que je vais faire, Julian ? » lui demandai-je. Ma voix se brisa à la fin de ma phrase.
Et je me mis à pleurer.
Je me mis à pleurer parce que je le réalisais enfin. Je réalisais que tout était réellement fini.
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() message posté Jeu 8 Jan 2015 - 1:32 par Invité
  “ We all take different paths in life, but no matter where we go, we take a little of each other everyhwere. But the danger is that in this move toward new horizons and far directions, that I may lose what I have now, and not find anything except loneliness. ”  J’étais brisé. Les éclats de mon âme jonchaient partout sur le sol givré. Je couinais, je gémissais, et je me relevais, le visage déformé par la peur incommensurable. Ma mère m’avait un jour appris que le tout puissant était partout autour ; au-delà des espoirs,  dans les tréfonds des océans, et au sommet des mondes. Il était partout. Mais je levais les yeux au ciel, et seul le plafond semblait écouter mes prières. Je cherchais au fond de mon cœur la force, le courage, ou la puissance, du vaillant croyant, mais la miséricorde se refusait à moi – comme si je ne méritais pas l’indulgence de la lumière divine. Comme si j’étais rejeté par mes religions. J’étais l’enfant né de deux cultures différentes, et pourtant je n’avais ma place nulle part. Je m’abandonnais à la douleur en serrant les doigts engourdis d’Eugenia. Je ployais comme une feuille morte en plein automne, avant de m’écraser contre le matelas. Mon reflet n’était plus qu’une ombre soupirante qui s’éteignait lentement. J’étais le roi des idiots – le roi des cons.  Mon système pourri pompait son venin sirupeux dans mes veines, agrémentant mon sentiment de dédain et de honte. J’étouffais dans mon propre corps, et malgré mes belles paroles, et ma stature noble, je ne parvenais pas à assimiler la réalité. Eugenia s’était réveillée mais elle n’était plus la même. L’air se fendait dans la pièce silencieuse avant de gifler mes joues. Je me fis violence plusieurs fois afin de ne pas succomber aux appels du désespoir. Mes jambes chancelaient avant d’atteindre la fenêtre poussiéreuse, et je croisai enfin ses yeux ternis. Nous étions deux âmes sœurs, crées pour se compléter– Nous étions deux moitiés d’un chaînon manquant, et je l’aimais si fort qu’il me semblait que ma poitrine ne pouvait supporter ce supplice plus longtemps. Je succombais face à mes blessures sans un dernier combat. Reviens-moi, par pitié. Je déglutis avant de la fixer avec émotion. Eugenia, je t’en supplie – soit clémente. Reviens.  Je voulais fuir cet espace de torture et atteindre une nouvelle dimension, autre part, partout ailleurs, mais j’étais enchaîné à ma détresse. Sa vie contre la mienne. Encore et toujours.  Je divaguais, en peine. Mes muqueuses rougeoyantes trahissaient mes écarts de faiblesse. J’avais pleuré comme un enfant pendant des heures, seul, ou à son chevet, avant de réaliser que mes sanglots ne faisaient qu’affaiblir mon assurance. J’enfouis mes mains dans  mes poches d’un geste robotique, ne sachant plus quoi faire de mon corps maudit, puis j’avançais d’un pas peu assuré vers l’obscur tombeau qui nous séparait. Ma bouche se pinça, mes narines se dilatèrent, et l’espace d’un rêve je la voyais courir sur les dunes de sables pour atteindre cette mer salée qu’elle affectionnait tant. Je la revoyais et je regrettais la vie que je lui avais fauchée à cause de mes mensonges. La lâcheté était un vilain défaut, et j’aurais pu la rendre heureuse. J’aurais pu me laisser bercer par le craquement de ses rires taquins et pouffer à mon tour. J’aurais pu me tenir face à l’autel et m’extasier devant la pureté de son voile nacré, et sourire jusqu’à ce que ma mâchoire en tremble de fatigue. Je baissai la tête afin de rassembler les vestiges de ma dignité – je devais résister pour deux.

« Est-ce que tout ce qui s’est passé est réel ? Est-ce que tout ça est vraiment en train d’arriver ?» Souffla-t-elle d’une voix étrangement rauque. Elle plaça sa main devant sa bouche dans un élan de détresse. Je la regardais, le cœur en miettes, incapable de trouver le remède magique à toutes ses blessures. « Qu’est-ce que je vais faire, Julian ? » Implora-t-elle et je me sentis vaciller d’avant en arrière. Je me penchai avant d’heurter le sol. Mes genoux endoloris glissaient en direction de l’absolution, mais je tendais les bras vers une lumière qui n’existait plus. Je m’accrochais aux rebords du lit avant de me hisser à sa hauteur.

Eugenia pleurait, et je ne pouvais rien faire pour arrêter le massacre. Ma gorge se serra en un spasme douloureux ; et j’ouvris la boucher avec lenteur. « Restes avec moi.» Articulai-je difficilement. « Restes avec moi, Ginny. Ne me laisse jamais.» Marmonnai-je en m’accrochant à ses bras. Les larmes perlaient au coin de mes yeux terriblement bleus. Je tremblais, assaillit par une sensation bizarre – mélange mesquin entre le soulagement et le chagrin. J’acceptais chacune de ses ratures, j’acceptais son handicap et sa douleur. Je la voulais mille fois, envers et contre tout. Je lâchai sa prise en tremblant. Mon esprit était ivre d’amour, mais ma conscience m’imposait la compassion. Je reniflai, au bord de l’émotion. « Tout ce que je veux que tu fasses, c’est rester.» J’avais cru la perdre pendant plusieurs secondes avant que son cœur ne rejaillisse de ses flammes. Cette pensée continuait de me hanter encore. Je fronçai le visage avant de caresser ses cheveux. « Je te retrouverais, toujours. Tu te rappelles ? Je te sauverais toujours … » Ma voix se brisa, et je laissai les larmes tracer de longs sillons sur mes joues creuses. Je pleurais de joie et de tristesse. Sa renaissance était à la fois mon grand miracle, et son pire cauchemar. Mes lèvres tremblèrent avant de toucher son front brûlant. Si seulement elle pouvait lire en moi. Si seulement …
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() message posté Sam 10 Jan 2015 - 17:22 par Invité
until you heal the wounds of your past, you are going to bleed. you can bandage the bleeding with food, with alcohol, with drugs, with work, with cigarettes, with sex; but eventually, it will all ooze through and stain your life. you must find the strength to open the wounds, stick your hands inside, pull out the core of the pain that is holding you in your past, the memories and make peace with them. ✻✻✻ Je n’avais jamais voulu mourir, au cours de mon existence. Pas une seule fois, et ce malgré les difficultés, malgré les évènements, malgré toutes les choses que l’on avait bien pu me dire, les ricanements qu’il y avait bien pu avoir dans mon sillage et les insultes qui avaient couru le long de mon dos. Le lycée n’avait pas été une période évidente pour moi mais j’étais passée outre ; j’avais continué en encaissant les coups, en avançant même si l’on me retenait vers l’arrière. J’avais été forte, quelque part. Courageuse. J’avais gardé la tête haute en assumant pleinement l’erreur de la nature que j’étais, et en continuant ma route comme si rien, ni personne, ne pouvait m’arrêter.
Mais je savais que si j’avais réussi à m’en sortir, cela était principalement grâce à la présence de Julian. Il ne s’en était probablement pas rendu compte mais chaque jour, chaque heure, chaque minute en sa compagnie m’avait poussé à continuer d’avancer même lorsque j’en avais eu assez de vivre une existence de recluse. Il avait été là, phare de mon existence, pour me rappeler que si, au moins, je ne vivais pas pour moi, je pouvais vivre pour lui. J’avais aimé trop fort ce meilleur ami qui ne m’avait jamais vu. Je lui avais confié mon existence toute entière et il m’avait maintenu en vie sans même s’en rendre compte.
Mais, pour la première fois, j’avais songé à mourir.
J’avais songé à rendre mon dernier souffle.
Et, le pire dans tout cela, avait été que cette idée ne m’avait même pas rebutée.
J’avais l’impression d’être encore vivante sans être en vie. J’avais l’impression d’encore respirer mais que mon cœur ne battait plus dans ma poitrine. J’avais beau tenter de garder la tête hors de l’eau, je me noyais sans cesse, sans fin. Je me rappelais. Je me rappelais constamment que plus rien ne serait pareil. Je me rappelais constamment que je n’étais plus qu’une rature. Je me rappelais constamment que je devenais peu à peu un fardeau pour mon entourage, pour mes proches. Il aurait mieux valu pour tout le monde que je meurs, sans doute. Il aurait mieux valu pour les autres que je rende mon dernier souffle.
N’avait-ce pas été ce qu’ils s’étaient tous appliqué à me faire comprendre ? Que je n’avais pas ma place sur cette Terre ? Je les comprenais, maintenant. J’étais une bonne à rien, une demoiselle brisée. Ma colonne vertébrale avait été la seule réelle chose à me maintenir dans cet univers hostile et, désormais, mon combat d’adolescente me paraissait bien vain.
J’avais maintenu ma tête hors de l’eau pour Julian. Et, maintenant, je ne faisais que l’entrainer avec moi dans les profondeurs. Je voulais qu’il parte et qu’il m’oublie. Je voulais qu’il parte et qu’il m’arrache mon cœur agonisant avant de tourner les talons.
Je voulais mourir. Je voulais mourir pour enfin me reposer.
Je voulais mourir pour enfin cesser d’être courageuse. Parce que je ne l’étais pas, malgré tout ce que j’avais bien pu faire, malgré tout ce que j’avais pu prétendre. Je n’étais pas courageuse. J’avais simplement été trop naïve.
Les larmes coulaient sur mes joues tandis que je brisais le silence pesant dans lequel je m’étais muré. J’avais refusé de parler. Refusé de communiquer. Refusé les autres, ces autres qui voyaient leur existence plonger par ma faute. Ma gorge était serrée et mes sanglots rauques ; je m’en voulais de me montrer si faible mais je n’avais plus aucune once de vaillance au fond de mon être pour continuer de prétendre. Etait-ce ainsi que mon existence s’achevait ? Etait-ce dans des sanglots ? Etait-ce dans des pleurs ? J’étais d’un pathétisme affligeant.
J’aurais mieux fait de crever. Crever. Crever. Crever. Je ne valais pas la peine de parvenir à respirer encore.
Je ne valais plus la peine. Je ne pouvais plus marcher.
Je ne valais plus la peine. Je n’étais qu’un putain de fardeau.
Qu’une putain de rature.
Une erreur.
Julian s’approcha et je l’observai. Je m’autorisai de le regarder et je regrettai presque aussitôt. Les larmes envahissaient ses joues ; son regard criait l’horreur de ma situation et cela ne me fit pleurer qu’encore plus. Ma main n’étouffait pas mes longues plaintes. Ma main ne faisait que les rendre encore plus affligeants. « Reste avec moi. Reste avec moi, Ginny. Ne me laisse jamais. » me dit-il. Ses mains s’accrochèrent à mes poignets. Et, la seule chose que je pus penser était qu’il ne comprenait pas. Il ne comprenait pas qu’il n’avait rien à faire là. Il ne comprenait pas que je ne désirais pas sa présence parce qu’elle ne faisait que me rappeler que je ne pourrais plus jamais l’avoir.
Que c’était terminé.
Ma chance était passée.
Et ma chance m’avait quitté.
Je sentis sa prise se desserrer doucement. Je ne dis rien, absolument rien, piégée par mes sanglots insoutenables, perdue dans l’emprise de mes larmes chaudes qui inondaient encore et encore mes joues. A force d’être courageuse, j’avais oublié qu’il était plus facile de pleurer que de sourire. « Tout ce que je veux que tu fasses, c’est rester. » poursuivit-il. Ses mains trouvèrent mon visage. Une nouvelle pensée effleura mon esprit. La pitié. S’il était encore là, cela était uniquement parce qu’il se sentait désolé pour moi. Je ne parvenais pas à trouver d’autre explication. Parce que, au fond de moi, je savais que je ne valais pas la peine de sa présence. « Je te retrouverais, toujours. Tu te rappelles ? Je te sauverais toujours… » Sa voix. Elle s’était brisée à la fin de sa phrase, confirmant mes plus grandes craintes, mes plus grands délires. La pitié. Cela était et resterait de la pitié. J’étais sa pauvre meilleure amie devenue handicapée. Il ne m’avait jamais vu. Et, maintenant qu’il posait enfin son regard sur moi, il ne voyait qu’un corps cassé. « Et si je ne veux pas rester ? » lui demandai-je avant de me rendre compte de l’aspect pathétique de mes propres paroles.
Je me faisais pitié à moi-même. Comment les autres pouvaient-ils m’observer sans ressentir la même chose ? « C’est vrai. C’est réel. » murmurai-je avant de sentir ma gorge se serrer encore une fois. Je pleurais. Je pleurais sans cesse parce qu’une fois que j’avais commencé, j’avais su que je ne pourrais pas m’arrêter. « Je ne peux pas. Je ne veux pas… S’il te plait Julian. S’il te plait. Je ne peux pas vivre comme ça. » Pourtant, je savais que je n’avais pas le choix. Je savais que les médecins avaient pris la liberté de me réanimer sans me demander mon autorisation.
N’avaient-ils pas pensé que je n’avais pas eu envie d’être sauvé ?
N’avaient-ils pas songé que j’étais mieux morte que vivante ?
Les lèvres de Julian se posèrent sur mon front et, faiblement, je m’écartai de son emprise. Je ne voulais pas. Je ne voulais pas qu’il reste. Je ne voulais pas qu’il reste par pitié. Je refusais qu’il fiche en l’air son avenir. Qu’il mette en suspens sa vie pour se donner bonne conscience et rester à mon chevet. « Tu ne devrais même pas être là. » lui lâchai-je dans un souffle. J’avais mal. Mal de le repousser. Mal de ne pas avoir le droit de l’avoir. Mal de savoir que je ne le méritais plus et que cela n’avait sans doute jamais été le cas. Mais, désormais, j’étais seule. J’étais seule avec mon corps brisée. Ma colonne vertébrale sectionnée. J’étais seule et je le serais probablement jusqu’à la fin.
Je ne valais plus rien, au fond. Plus rien du tout.
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() message posté Lun 12 Jan 2015 - 1:09 par Invité
  “ We all take different paths in life, but no matter where we go, we take a little of each other everyhwere. But the danger is that in this move toward new horizons and far directions, that I may lose what I have now, and not find anything except loneliness. ”  Je m’appliquais pour garder le contrôle de mes émotions, mais l’amour était un sentiment horrible. Il grondait dans ma poitrine comme un excès de rage ou de folie. Rien n’était dérisoire dans un monde d’obscurité ; et je regardais Eugenia étinceler au loin comme une petite colombe blessée. Elle se fanait avec une profonde mélancolie au gré de mes sombres pensées. Je comprenais son besoin obsessionnel de trouver le répit éternel, mais j’étais sans doute trop égoïste pour la laisser filer aussi impunément.  Mes paupières tremblèrent avant de rencontrer toute la détresse qui imprégnait son visage. Je reconnaissais la peur et l’injustice ; je m’étais caché durant des années dans les meubles afin d’éviter les coups de bâton de mon père. J’étais une victime du temps, mais personne ne semblait remarquer mon existence, ou les trous dans mes vêtements. Personne ne prenait ne s’était jamais arrêté sur mes cicatrices pour m’envelopper d’affection.  Mes doigts se cramponnaient à sa peau maculée de désespoir. Je refusais de la lâcher. Je refusais de partir, et de lui accorder le silence de la mort. Mon âme se déchirait dans l’absolution tandis que je versais les larmes de sel et de sang sur ses draps d’hôpital. Eugenia ne comprenait pas. Elle ne savait pas, que chacun de mes gestes à son égard était la preuve ultime non pas de ma dévotion amicale, mais de mon sentiment le moins distingué. J’avais fantasmé sur elle pendant des années, adulant chacune de ses formes voluptueuses avec une perversité atroce, et un romantisme égocentrique. Je l’avais porté en moi à chaque instant, même lors de mes ébats sauvages – comme si la simple pensée de l’avoir pouvait me projeter au-delà des plaisirs du corps. Il ne s’agissait pas de mort ou de vie, d’espoir ou d’agonie. Il s’agissait de moi. Uniquement de moi.  Je m’étais perdu dans l’attente infinie, maintenant j’ignorais les voies du cœur pur et innocent . «Et si je ne veux pas rester ?» Souffla-t-elle d’une voix profonde, comme si sa gorge était submergée par des vagues de pleurs. Je clignai des yeux, en m’essuyant le visage violement. Mes mains tremblaient et je me redressai avec toute la nonchalance dont j’étais capable. Je ne voulais pas être indélicat, mais le regard que je posai sur elle à cet instant était noir de ressentiments.  Ses mots venaient de s’enfoncer dans ma poitrine comme le poignard mortel de l’ennemi. « C’est vrai. C’est réel. Je ne peux pas. Je ne veux pas… S’il te plait Julian. S’il te plait. Je ne peux pas vivre comme ça. » Elle se détacha lentement de ma prise ; Mes lèvres la quittaient comme vague qui s’échoue au loin. « Tu ne devrais même pas être là. »  Je secouais la tête frénétiquement horrifié par ses propos. Non. Elle ne pouvait pas me quitter. Non. Je ne pouvais pas la laisser. Et non, je ne serais pas clément. Je bougeais en étouffant mes plaintes et mes gémissements, puis je finis par rejoindre son matelas à nouveau. Je me blottis dans ses bras comme un enfant désabusé. J’avais été orphelin une fois. Je m’étais caché dans les nuances orientales de musc et d’oranger de ma défunte mère. Je savais qu’elle n’était pas partie au ciel. Je savais parce qu’on n’avait même pas pris la peine de me bercer d’illusions. On l’avait tout simplement enterrée quelque part dans les méandres de l’oubli, dans un cercueil fermé à la lumière. Je m’emmêlais dans mes souvenirs, recroquevillé au bord du lit avant de lever le bras d’Eugenia et de le placer derrière ma tête. J’avais le bonheur triste à cause des absences des plus chers. J’étais une âme à sauver. Toujours. J’humais discrètement ses cheveux ; elle sentait la plage, la houle et l’antiseptique. Je ne voyais plus clair. Les sirènes hurlaient le danger imminent et je n’avais qu’une envie : abandonner à mon tour. « Tu ne sais rien.» Sifflai-je entre mes dents. « Je suis revenu pour toi, Ginny. Je vis parce que tu es là. Si tu pars, … » Je reniflai. Je n’étais pas suicidaire, mais j’étais prêt à la suivre dans sa démence post traumatique. J’étais prêt à rejoindre ce monde ou l’autre, pour accomplir mon destin à ses côtés. « Eugenia, si je te perd je ne me battrais plus.» Ma voix vibrait avant de transcender dans le vide. Mes souffrances étaient invisibles, mais elles me blessaient bien plus que tout le reste. Elle semblait indifférente à mes complaintes muettes, ou à nos promesses de jeunesses mais je savais de tout mon cœur ; je savais que nous étions les chainons manquants d’une histoire encore plus grande. « Restes avec moi… » M’étouffai-je entre les plis de sa robe de chambre. « Je n’ai pas de famille sans toi.» Je crispai le visage, assailli par mes cauchemars d’enfant. « Pourquoi tu me rejettes ? Tu crois que je t’aimerais moins ? Ou as-tu peur que je t’aime plus ?» Je pris une grande inspiration. « Parce qu’il est trop tard. Je t’aime plus. Tout le temps. »

Je venais de dépasser une première limite. Ma respiration se faisait de plus en plus ronflante contre ma trachée ; Je me tortillai pris de panique avant de lui jeter un regard. Ma confession n’était pas dérisoire. Ce n’était pas un écart de conduite, ou un élan de pitié. C’était une vérité que j’avais gardé captive de mon esprit. Les mots m’avaient échappés avec une facilité déconcertante, au pire moment possible. Je me mordis l’intérieur des joues jusqu’au sang avant d’étouffer mon malaise dans une crise de quinte.
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() message posté Lun 12 Jan 2015 - 21:27 par Invité
until you heal the wounds of your past, you are going to bleed. you can bandage the bleeding with food, with alcohol, with drugs, with work, with cigarettes, with sex; but eventually, it will all ooze through and stain your life. you must find the strength to open the wounds, stick your hands inside, pull out the core of the pain that is holding you in your past, the memories and make peace with them. ✻✻✻ Sa présence me blessait autant que je pouvais en avoir besoin. Mon cœur ne réclamait que ses bras et, pourtant, mon esprit borné me répétait sans cesse qu’il n’y avait aucune légitimité à sa présence. Plus rien ne serait comme avant. Plus rien ne serait jamais plus pareil. Tout était fini, tout était terminé, le dernier chapitre de mon existence s’était terminé sur une rature et le suivant était contraint de commencer dans la même lignée. Au-delà de mes sentiments et au-delà de notre amitié, il y aurait mon handicap. Mon handicap se plaçant au milieu de mon existence. Mon handicap ralentissant tout ce que j’avais bien pu être. Il était là. Il serait toujours là, si j’en croyais les médecins, si j’en croyais tout ce qu’on avait déjà pu me dire. Il changerait les regards que les autres pouvaient me porter ; au lieu de me perdre dans la foule, je ne serais qu’un monstre de foire. Une personne pas comme les autres. Une personne différente.
Les larmes qui coulaient le long de mes joues exprimaient toutes les lamentations que je retenais depuis trop longtemps. Mes pensées avaient déferlé dans mon esprit fatigué mais je n’avais jamais laissé à mon corps le libre cours aux larmes et à la douleur. J’avais tout gardé en mon sein comme s’il avait s’agit de la meilleure solution. Mais cela n’avait pas été le cas. J’avais laissé la panique me consumer. J’avais laissé la détresse me ronger. J’avais laissé l’amertume m’envahir. Et j’avais souffert sans doute plus que nécessaire. J’étais lasse de toute cette retenue, lasse du reste, lasse du destin. J’avais passé des journées entières à blâmer le destin et à tenter de faire le deuil de mon existence sans parvenir à le faire complètement. Julian avait été là et sa présence m’avait tant partagé que je n’avais jamais trouvé de réconfort dans ses doigts qui m’avaient serré. J’aurais aimé lui dire que je l’aimais. J’aurais aimé lui dire avant mon accident que je l’aimais de tout mon cœur. Cela aurait sans doute été plus facile pour lui faire comprendre qu’il n’avait rien à faire ici. Sa pitié me blessait plus que celle de mes propres parents. Elle me blessait tant elle me rappelait que, non, je ne l’aurais pas. Il ne serait jamais mien, pas de la manière dont je le souhaiterais. Cela me rongeait. Cela me rongeait tellement. Être une infirme était un malheur constant, mais c’était l’interdiction d’aimer qui m’handicapait le plus.
Il se pencha vers moi, attrapant mon bras pour me forcer à l’enlacer. Sa chaleur corporelle trouva la mienne et, pendant un bref instant, j’eus l’impression d’être l’adolescente que j’avais toujours été. J’eus l’impression d’être à la place que j’avais un jour eue. Là. Contre lui. Mais cela appartenait au passé désormais et, dans un éclat de lucidité, je revins précipitamment sur Terre. « Tu ne sais rien. Je suis revenu pour toi, Ginny. Je vis parce que tu es là. Si tu pars… » commença-t-il et je fermai les paupières comme pour retenir toute la violence qui s’acharnait au fond de mon être. Je refusai les paroles qu’il pouvait bien prononcer. Je refusai qu’il puisse penser ou dire des choses pareilles pour m’inciter à rester, tout simplement. Pour m’inciter à continuer. « Eugenia, si je te perds je ne me battrais plus. » Ma gorge se serra si fort qu’un petit gémissement s’en échappa et je plaquai, une nouvelle fois, ma main sur ma bouche. Je pleurais encore. Je pleurerais probablement pour toujours. Les sanglots étaient là, déchainant ma poitrine. Ses paroles ne se conformaient pas à cette idée que je m’étais faite de la pitié. Elle ne convenait pas à ce que j’avais songé. Il n’était pas censé se soucier autant. Il n’était pas s’en faire pour moi. Il n’était pas censé en avoir quelque chose à faire.
Il n’était pas censé rester pour moi et non pas pour satisfaire sa pitié et ses remords. Sa peau brûlait la mienne. Sa prise réconfortante m’étouffait presque. Je voulais qu’il s’en aille mais pour rien au monde je ne désirais qu’il me lâche. « Reste avec moi… Je n’ai pas de famille sans toi. » continua-t-il. Peut-être était-ce cela, alors. Peut-être avait-il simplement peur d’être seul. Peut-être ne supportait-il pas l’idée que je puisse être chez moi à l’attendre. Je me mordis l’intérieur de ma joue avec violence. Mes larmes brouillaient ma vue déjà entravée par ma myopie habituelle. Je ne voyais plus rien, hormis ma propre douleur. Cette douleur qui continuait de résider dans les profondeurs de mon être. Cette douleur qui ne me lâchait plus. « Pourquoi tu me rejettes ? Tu crois que je t’aimerais moins ? Ou as-tu peur que je t’aime plus ? Parce qu’il est trop tard. Je t’aime plus. Tout le temps. » Je secouai la tête. Je secouai la tête parce que cela était plus facile de refuser ses paroles plutôt que de les admettre. Il n’avait pas le droit. Il n’avait pas le droit de rester, ni pour moi, ni pour personne d’autre. Il n’avait pas le droit de rester, ni pour la pitié, ni pour la peine, ni pour soulager sa conscience.
Il n’avait pas le droit.
Ma vie s’était arrêtée. Mais, lui, il vivait encore au gré du vent.
Il avait encore un futur.
Il avait encore cette chance qui m’avait filé entre les doigts.
Je me débattis dans sa prise, trouvant mon corps affaibli par mes batailles. Je n’avais plus aucune force dans mes bras. Je n’aurais plus jamais de force dans mes jambes. J’étais reliée à tout un tas de machine. Des fils filaient sous ma peau pour alimenter mon corps du contenu des perfusions. J’avais même une poche. Une poche pour recueillir mes urines parce que je ne pouvais même plus me lever toute seule. « Non. Non, Julian, non. » me lamentai-je en continuant de me débattre. Mais rien n’y faisait. Je ne pouvais pas. Je ne pouvais pas me détacher de lui et de sa prise. Je ne pouvais pas me détacher de son aura et de mes douleurs. De mes peines. De ma damnation. Du reste. « Ne dis pas ça. Ne me dis pas ça… S’il te plait. Ne me fais pas encore plus mal avec ta pitié. S’il te plait… Ne me dis pas ce que je veux entendre pour soulager ta conscience. » Ma voix était presque perdue dans mes gémissements. Ma gorge était en feu, mes yeux me brûlaient également. J’entrapercevais mes bras dans mon champ de vision, et cela ne m’arracha que des plaintes supplémentaires. Personne ne m’avait donné de miroir, depuis mon accident. Personne ne m’avait montré à quoi je ressemblais. Je savais simplement que j’avais une plaie en voie de cicatrisation sur le front. Et, quand je voyais mes bras, quand je voyais mes jambes brûlées, je comprenais pourquoi on ne m’avait pas montré mon visage. Peut-être ne me reconnaîtrais-je pas moi-même. « Je sais ce que tu penses. Je sais ce que tu vois. Ne dis pas toutes ces choses pour… Ne dis pas toutes ces choses pour réussir à dormir la nuit. S’il te plait, laisse-moi. Je ne t’en voudrais pas, d’accord ? Je ne t’en voudrais pas si tu me fuis. Je comprendrais. » La pitié. La pitié. Je me faisais bien pitié, à moi. J’avais honte de ma propre personne. Je me détestais profondément. Et lui ? Me détestait-il ? Me détestait-il pour avoir interrompu le cours de son existence ?
J’avais besoin de lui.
Je le savais.
J’avais besoin de lui et je savais que je ne saurais avancer sans sa présence.
Pourtant, je devais le laisser partir.
Je devais le laisser partir parce que je ne le méritais pas. Je ne le méritais plus.
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() message posté Mar 13 Jan 2015 - 20:23 par Invité
“ We all take different paths in life, but no matter where we go, we take a little of each other everyhwere. But the danger is that in this move toward new horizons and far directions, that I may lose what I have now, and not find anything except loneliness. ” Ma peau me brûlait d’un contact que j’avais espéré toute ma vie. Les barrières de la bienséance s’effondraient les unes après les autres, dévoilant mes faiblesses cachées. Je me blottissais contre son corps frêle avec désespoir, comme si elle pouvait encore ressentir ma présence au-delà des enveloppes charnelles. Je mélangeais au fond de mon cœur, les détresses et les amours. A chaque fois qu’elle respirait je m’accrochais à son souffle. Ginny ne se rendait probablement compte de la profondeur de mes blessures. Il ne s’agissait pas uniquement de famille, de solitude, ou d’affection. Le destin s’évertuait à nous éloigner mais je ne parvenais pas à me détacher de son emprise. Elle faisait partie de mon âme. Nous étions un, envers et contre le monde. Ses jambes m’importaient peu, je me fichais royalement de ses courses effrénées ou de ses sauts périlleux autour des vagues. Je voulais qu’elle vive pour moi. Je voulais qu’elle se contente de ma présence tous les jours. Je pinçai les lèvres en croisant mes doigts autour du coussin. J’avais l’impression de me débattre contre les flux d’énergie négative qu’elle dégageait. Elle me repoussait par ses mots tranchants, sa foi brisée, et son absence d’entrain. C’était certainement stupide, mais j’avais imaginé qu’elle puisse sourire en me retrouvant, ou m’accorder un minimum d’attention. Je refoulais mes pensées d’un air défaitiste. « Non. Non, Julian, non. » implora-t-elle en se détachant de ma prise. J’avais l’impression que l’âme se mourrait en moi. J’étais incapable de justifier mon attachement démesuré pour cette meilleure amie triste et désabusée. Ce n’était pas de la pitié, ni de la compassion, à cet instant précis chacune de mes demandes étaient animée pour mon égocentrisme romantique. Il n’y avait plus de place pour les autres valeurs humanitaires en moi. «Ne dis pas ça. Ne me dis pas ça… S’il te plait. Ne me fais pas encore plus mal avec ta pitié. S’il te plait… Ne me dis pas ce que je veux entendre pour soulager ta conscience. » Je secouais la tête avant de me redresser. Elle n’avait pas le droit de dénigrer mes sentiments ou de déformer mes propos. Je la connaissais assez pour savoir que malgré mes supplications, et mes lamentations, elle ne comprendrait jamais. Eugenia était bornée sur certains points, et l’éventualité que je puisse l’aimer plus qu’un ami lui paraissait indécente, peut-être même répugnante. Les bouts de tissu s’écrasaient contre mes doigts engourdis, s’accrochant aux vestiges de ma vanité blessée. Je lui adressai un regard évasif. Son visage était égratigné, pâle, et fatigué, mais seuls ses yeux éteints savaient captiver mes élans de fougue. Je soupirai. « Je n’ai pas pitié. Je n’ai même pas pitié de toi. » Soufflai-je d’un ton sec. « Je ne sais pas ce que je ressens mais je peux te jurer que je n’ai pas pitié de toi. Je suis triste, et j’ai peur. Mes sentiments se résument à ça. C’est mal d’avoir peur de te perdre ?» demandai-je avec lenteur. Je m’assis au bord du lit. « Je ne pense pas que ce soit mal.» Répondis-je en haussant les épaules avec désinvolture. Les larmes embrumaient ma vision, mais malgré mes douleurs je refusais de sombrer à nouveau. Eugenia n’avait aucune pitié –tout à coup j’avais l’impression de courir après un mirage. Je ne reconnaissais pas cette froideur, cette ambiance, et cette fille. Je finis par me relever après quelques minutes de silence. Je me murais dans mes doutes ; avant de reprendre mon courage à deux mains. Je fis quelques enjambées boiteuses dans la pièce poussiéreuse avant de m’accouder au mur glacial. Elle voulait que je m’éloigne. Elle voulait la distance, et l’indolence. Les voilà. «Je sais ce que tu penses. Je sais ce que tu vois. Ne dis pas toutes ces choses pour… Ne dis pas toutes ces choses pour réussir à dormir la nuit. S’il te plait, laisse-moi. Je ne t’en voudrais pas, d’accord ? Je ne t’en voudrais pas si tu me fuis. Je comprendrais. » Je serrais les poings dans mes poches. « Je ne dors pas la nuit ; avec ou sans toi.» Soufflai-je. « Tu ne sais rien, Eugenia. Qu’est-ce que je pense ? Qu’est-ce que je vois ?»Je crispai la mâchoire d’un air contrarié. Je me cachais derrière mes faux airs d’impudence, et mon arrogance habituelle. « Dis-le moi.» Je balayai la pièce du regard, avant de lui adresser un froncement de sourcils. « Je pense que tu me repousses par dépit. Et je vois une fille blessante, et égoïste. » Je me raclai la gorge avant de croiser les jambes. « Je pense que tu as besoin de moi. Et je vois que je ne suis d’aucune utilité.» Je continuais d’une voix tremblante ; les mots se bousculaient autour de ma tête mais je ne savais plus faire le tri. « Je pense que je devrais rester. Et je vois que tu n’as pas le choix ; parce que je reste. Tu peux appeler la sécurité si tu veux. Ils vont me foutre dehors, m’interdire de te voir. Je reste.» Je levai la main en indiquant ma poitrine gauche. « Je reste.» Répétai-je.

Je n’avais pas besoin de son approbation ou de son consentement. Je savais au fond de mon cœur, qu’il était trop tard pour moi. Mon futur s’était scellé à la minute ou j’avais reçu l’appel téléphonique de Beatrice. Je déglutis. Je ne la méritais certainement pas. J’avais attendu trop longtemps, pour au final me contenter des miettes d’une amitié qu’elle semblait regretter à présent. Mais je ne partirais pas. Plus jamais.

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() message posté Mer 14 Jan 2015 - 19:52 par Invité
until you heal the wounds of your past, you are going to bleed. you can bandage the bleeding with food, with alcohol, with drugs, with work, with cigarettes, with sex; but eventually, it will all ooze through and stain your life. you must find the strength to open the wounds, stick your hands inside, pull out the core of the pain that is holding you in your past, the memories and make peace with them. ✻✻✻ Je n’avais songé que cela puisse m’arriver. Cela n’avait jamais effleuré mon esprit d’enfant. Après tout, j’avais toujours vécu dans un monde plus candide, bercée par mes désillusions de gamine ; si le reste du monde n’avait pas été très accueillant, cela ne m’avait pas empêché d’avoir des rêves, des espoirs. Cela ne m’avait pas empêché d’aimer et de grandir.
J’avais la sensation que tout ceci s’était terminé à l’instant même où je m’étais réveillée dans mon lit d’hôpital. J’étais revenue sur Terre. Non, la vie n’était pas juste. Non, je ne pouvais rien espérer. Non, je n’avais pas le droit d’y croire, pas le droit d’avoir des espoirs. J’étais condamnée, à ma manière. Condamnée de rester les deux pieds sur Terre et de cesser d’avoir la tête dans les étoiles. Mon existence s’était arrêtée. Elle s’était arrêtée sans que je n’aie rien auquel m’accrocher. Je refusais d’empiéter dans la routine de Julian. Je refusais de prendre sa pitié et sa bienveillance. Je refusais d’écouter mes sentiments qui me conjuraient de ne pas le laisser partir. Je refusais. Je refusais toutes ces choses qui me paraissaient égoïstes et douloureuses ; seule ma solitude me semblait envisageable. Seule ma solitude avait l’allure de ne pas être condamnable. Une boule se forma au creux de ma gorge à mesure que je comprenais réellement ce que cela impliquait. Ce que cela sous-entendait.
Jamais, au grand jamais, ma mère n’aurait dû appeler Julian. Jamais, au grand jamais, elle n’aurait dû l’impliquer dans tout cela. J’avais la sensation qu’il s’agissait de mon combat. J’avais la sensation que les autres ne méritaient pas d’assister à mes désillusions et de voir l’épave que j’étais devenue. J’avais la sensation que je me devais d’être seule désormais ; et de le rester jusqu’à la fin de mes jours. Je ne pouvais pas entrainer les autres dans ma chute. Je ne pouvais pas me permettre d’envenimer les quotidiens des autres.
Et surtout pas celui de Julian. Surtout pas lui.
Cela était comme s’il s’agissait du gage d’amour suprême. Cela était comme si le faire fuir et lui demander de partir était être forte et vaillante. Au fond de moi, mon cœur se lamentait. Mon esprit, lui, agonisait, perdu entre la raison et les sentiments, perdu entre mes douleurs et mes désirs. J’étais partagée, écartelée entre deux résolutions ; j’avais besoin de lui mais je refusais de le voir supporter l’infirme que j’étais ; je l’aimais mais je détestais tout ce qui pouvait se prêter à la pitié dans son regard. J’étais confuse et perdue. Et l’afflux de pensées tourmentait mon esprit fatigué. Mon esprit au bord de la rupture. « Je n’ai pas pitié. Je n’ai même pas pitié de toi. Je ne sais pas ce que je ressens mais je peux te jurer que je n’ai pas pitié de toi. Je suis triste, et j’ai peur. Mes sentiments se résument à ça. C’est mal d’avoir peur de te perdre ? » s’emporta-t-il presque en s’asseyant sur le rebord de mon lit. Je continuai de mordre l’intérieur de ma joue. Je continuai, encore et encore, le sang se répandant dans ma bouche sans que je ne m’alarme. « Je ne pense pas que ce soit mal. » conclut-il. Cependant, il honora mes demandes ; il s’éloigna de mon lit, faisant quelques pas jusqu’à l’un des murs de la pièce. Je détournai le regard, fixant de nouveau les rideaux des fenêtres. Tentant, une nouvelle fois, de me concentrer sur la poussière qui s’en échappait. Mais je n’y parvenais pas.
Ses paroles revenaient sans cesse. Ses paroles rythmaient chacune de mes pensées, chacune des douleurs qui pouvaient m’élancer. Mes yeux étaient remplis de larmes mais mon esprit était plein de questions. Il niait ce que j’avançais. Il niait tout ce que je disais avec ses talents d’orateur, d’écrivain, d’homme sachant parfaitement comment utiliser les mots et la grammaire. Devais-je le croire ? Pouvais-je m’autoriser à céder à son argumentation ? Je n’en savais rien. J’étais obnubilée par mon handicap. Par mes sentiments sourds et contenus au fond de mon être. Par la souffrance, également. Par l’égarement de mes pensées.
Parce que c’était ainsi. J’étais égarée. Je m’étais perdue en chemin et personne n’était venu me retrouver.
Julian était amer mais je ne cessais de me répéter que cela était mieux ainsi. Qu’il était préférable qu’il finisse par me détester. Mais cela était bien plus dur que je n’osais me l’avouer. « Je ne dors pas la nuit ; avec ou sans toi. » déclara-t-il dans un souffle. « Tu ne sais rien, Eugenia. Qu’est-ce que je pense ? Qu’est-ce que je vois ? Dis-le-moi. » Je pouvais la sentir, son arrogance d’écrivain et de journaliste. Je ne dis rien. Je me contentai de fixer les rideaux avec un acharnement de petite fille, refusant de lui répondre, refusant de répliquer. Refusant de lui donner la satisfaction d’avoir une réponse dénuée de tout sens. Je n’étais pas lucide, après tout. Je le savais parfaitement. Il me suffisait de presser un bouton pour que la morphine se déverse dans mes veines ; j’étais persuadée que mon corps ne s’était pas encore tout à fait débarrasser des précédentes doses. « Je pense que tu me repousses par dépit. Et je vois une fille blessante, et égoïste. » répondit-il à ma place. Je fermai les paupières. « Tu vois une handicapée. Une putain d’handicapée incapable de se lever pour te gifler. » lui répliquai-je avec amertume. Je voulais qu’il parte. Je voulais qu’il parte, non pas pour moi, mais pour lui.
Ne comprenait-il pas ? Cela ne servait à rien de s’accrocher. Cela ne servait à rien d’y croire. Cela ne servait à rien tout court. « Je pense que tu as besoin de moi. Et je vois que je ne suis d’aucune utilité. Je pense que je devrais rester. Et je vois que tu n’as pas le choix ; parce que je reste. Tu peux appeler la sécurité si tu veux. Ils vont me foutre dehors, m’interdire de te voir. Je reste. » déclara-t-il. « Je reste. » On m’avait toujours traité de têtue. De bornée. Cependant, j’avais toujours su qu’il l’était autant que moi. Mes dents continuaient d’entailler l’intérieur de ma joue ; je fixai encore et toujours les rideaux. Je tentai de me calmer. Je tentai de me raisonner.
Je tentai de peser le pour et le contre sans réellement y parvenir. Les pensées de mon esprit n’étaient pas claires. Elles étaient confuses et indistinctes. Cela faisait des jours que je ne parvenais à réfléchir correctement. Des jours que j’étais là. Des jours que je ruminai tout ce que j’avais perdu à cause d’une fraction d’inattention. « Est-ce que c’est ma mère ? Est-ce que c’est ma mère qui t’envoie pour me dire tout ça ? Qui te supplie de rester à mon chevet de peur que je finisse par virer cinglée ? » finis-je par demander. Je tournai la tête vers lui. Je les voyais, ses larmes. J’entendais le tranchant de mes propres paroles, également. « Je suis une infirme, Julian ! Je ne pourrais plus jamais marcher. Je… Je vais avoir besoin d’assistance, tous les jours, jusqu’à la fin de ma putain de vie. On me demande d’être courageuse. D’aller de l’avant. D’y croire. On m’affirme que ce n’est pas si grave que ça… Je ne veux pas de cette vie. Je ne veux pas de tout ça. Comment est-ce que tu veux que j’accepte de te l’infliger à toi aussi ? » Ma gorge se serra et je plaçai une main sur mes yeux, comme pour contenir mes larmes. Ma respiration était laborieuse. J’entendais les bips du moniteur s’affoler tout seuls à mesure que mon rythme cardiaque se déchainait dans mon corps fragile. « Je ne te repousse pas par dépit. Ou par égoïste. Ou parce que cela me fait plaisir. Je te repousse parce que je refuse d’impliquer qui que ce soit dans mon existence. Ne rend pas la chose plus compliquée qu’elle ne l’est déjà. » énonçai-je avec hésitation, presque. Ma voix se brisa à la fin de mes paroles. Ma voix se brisa tant cela me blessait, au fond. Tant cela était difficile.
J’avais mal, mal, mal. J’aurais aimé que cela cesse.
Mais cela ne s’arrêterait jamais, au fond. J’étais condamnée à une vie de souffrances voilées.
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() message posté Jeu 15 Jan 2015 - 20:37 par Invité
“ We all take different paths in life, but no matter where we go, we take a little of each other everyhwere. But the danger is that in this move toward new horizons and far directions, that I may lose what I have now, and not find anything except loneliness. ” Je sombrais jusqu’au fond de l’abysse sans aucun espoir de rédemption. Eugenia était brisée par un mal encore plus grand que la paralysie. J’avais peur de faire face à ses démons cachés, ou de lui tenir tête dans ses propos abusés. Je n’avais connu que la jeune fille naïve et candide. Je n’avais aimé que la gamine insouciante qui avait juré allégeance aux vagues et à la houle. C’était la première fois que je voyais son regard clair se voiler d’obscurité. Je tendis la main vers son visage maculé de sang avant de me rétracter. Ce n’était pas juste. Elle me refusait la consolation d’un contact éphémère comme si ma présence ne signifiait rien à ses yeux. Je n’étais pas ici pour assouvir une pulsion, ou pour calmer ma conscience. J’étais là depuis des jours et des nuits, retenant mes émotions et mon effroi. Je soupirai en humectant mes lèvres gercées. Je voulais lui montrer les faces cachées de ma personnalité, mais il y’ avait une force obscure qui m’intimait le silence. J’étais profondément triste . Je n’osais pas énumérer toutes les raisons qui faisaient que je l’aimais éperdument, parce qu’il n’en avait aucune. Je l’aimais un point c’est tout. Ginny ne correspondait pas à un schéma que j’avais dressé, ou à une image de la créature parfaite que j’avais façonné. Je l’avais juste choisi, et depuis j’avais stupidement calqué tous mes standards de beauté sur elle. Je m’assis au bord du lit, avant de lui accorder la distance qu’elle s’évertuait à dresser entre nous. Je m’éloignais mais je refusais de croire que ma persévérance était vaine. Mes enchainements n’étaient peut-être pas valables, mais mon cœur me dictait des valeurs auxquelles je m’accrochais avec ferveur. Il n’était jamais trop tard pour essayer. «Tu vois une handicapée. Une putain d’handicapée incapable de se lever pour te gifler.» Fulmina-t-elle. Je souris avec arrogance avant de fendre l’air en sa direction. Je me postai au-dessus de son corps éclopé et d’un geste las je saisis son poignet. « Tu n’as pas besoin de te lever pour me gifler. Je viens à toi. » Je tendis la joue d’un air désinvolte, la sommant de me frapper de toutes ses forces. Je connaissais les douleurs physiques, j’avais expérimenté les spasmes affligeants et les frissons d’horreur. Elle n’impressionnait pas. Je me mordis la lèvre inférieure avec insolence, avant de fixer ses yeux avec une pointe de défi. « Je sais que tu as envie de le faire depuis que je suis apparu dans ton champ de vision. Vas-y ! » Je n’étais pas idiot. Je sentais une once d’amertume dans chacun de ses gestes. Elle se détournait pour voir la poussière s’extirper des rideaux crasseux, mais je savais que ce n’était qu’un prétexte pour fuir la réalité – pour me fuir.

Mes oreilles bourdonnaient sous l’effet de sa voix criarde. Eugenia me choquait par sa froideur, et sa détresse. Elle ne s’était jamais laisser aller de la sorte en face de moi, pourtant nous avions beaucoup partagé durant ses dernières années. Elle avait assisté à mes batailles perpétuelles contre l’alcoolisme de mon père. Elle m’avait vu tomber et me relever un million de fois. Je réalisais avec effarement qu’à part les moqueries que nous subissions au lycée, elle ne s’était jamais permis une seconde de faiblesse – contrairement à moi. Je reportais mon attention sur ses paroles poignantes, mais j’avais beau m’appliquer dans mon analyse, son raisonnement me semblait dérisoire. «Est-ce que c’est ma mère ? Est-ce que c’est ma mère qui t’envoie pour me dire tout ça ? Qui te supplie de rester à mon chevet de peur que je finisse par virer cinglée ? » J’arquai un sourcil en me penchant un peu plus vers elle. C’était presque irrespectueux de me blâmer de la sorte. Les larmes embrumaient ma vision tandis que je retenais une pulsion maladroite. Je n’étais pas connu pour ma patience, et elle ne faisait que me pousser à bout par ses injures démesurées. «Je suis une infirme, Julian ! Je ne pourrais plus jamais marcher. Je… Je vais avoir besoin d’assistance, tous les jours, jusqu’à la fin de ma putain de vie. On me demande d’être courageuse. D’aller de l’avant. D’y croire. On m’affirme que ce n’est pas si grave que ça… Je ne veux pas de cette vie. Je ne veux pas de tout ça. Comment est-ce que tu veux que j’accepte de te l’infliger à toi aussi ? » Je déglutis en reculant. Je le savais, je le voyais qu’elle était infirme, mais je ne lui demandais pas de marcher pour moi. Ma requête était simple. Je voulais qu’elle reste. Je la voulais dans son intégralité, avec ses ratures, ses faiblesses, et ses handicaps. Il n’y avait rien de romantique à la situation. L’avoir à mes côtés était un besoin presque primitif, mon existence était conditionnée par Eugenia Lancaster depuis trop longtemps. «Je ne te repousse pas par dépit. Ou par égoïste. Ou parce que cela me fait plaisir. Je te repousse parce que je refuse d’impliquer qui que ce soit dans mon existence. Ne rend pas la chose plus compliquée qu’elle ne l’est déjà. » Sa voix se brisa afin de me créer l’illusion d’un espoir. Elle ne voulait pas m’impliquer dans sa douleur, comme si je pouvais me rétracter après avoir vu son état, comme s’il était pensable pour moi de rebrousser chemin. Elle se fourvoyait cruellement. J’avais l’impression que Ginny n’avait rien compris à ma personnalité, et à mes penchants suicidaires. Je plissai le front afin d’appuyer mes réflexions. « Dis comme ça, en effet, ça ne donne pas très envie de te supporter tous les jours mais tu n’as jamais été facile à vivre. Je reste quand même. » Marmonnai-je. « Et dès que tu auras besoin de me punir je m’arrangerais pour être à portée de main. Ne t’inquiète pas.» Mon souffle brûlant se brouillait autour de ma bouche avant de disparaitre au contact de sa peau délicate. « Beatrice veut que je parte aussi, ne serait-ce que pour me changer mais je trouve les vêtements d’Andreas très confortables. Ce n’est pas que ce n’est pas la plus belle façon au monde de déclarer son amour à quelqu’un, mais je n’ai jamais été conventionnel. Je reste Eugenia. Les choses n’ont jamais été faciles pour moi, et tu n’es pas obligé de m’intégrer dans ton quotidien en retour. Moi, je sais, que tu fais partie de ma vie avec ou sans tes jambes.» Mon cœur s’enflamma dans ma poitrine. J’entrouvris la bouche, bercé par l’illusion d’un baiser, mais mon bon sens m’empêchait de la brusquer. Ce n’était pas le moment. Ce n’était jamais le bon moment. Je me redressai vaillamment en secouant les pants de mon sweat trop ample. Mon mouvement me fit vaciller, et je perdis l’équilibre pendant quelques instants. La boite noire tomba au pied du lit projetant mon bijou minuscule dans un coin de la pièce. Je me relavais dans la précipitation afin de récupérer mon bien. Il y’ avait le feu dans ma tête, et dans ma poitrine. J’en avais presque le tournis. « Eugenia … » Me lamentai-je d’une petite voix. « Je suis désolé. Je suis maladroit. » Je crispai mes poings en me relevant en face d’elle, toujours incapable de sceller mon destin au sien pour l’éternité.

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() message posté Mar 20 Jan 2015 - 21:39 par Invité
until you heal the wounds of your past, you are going to bleed. you can bandage the bleeding with food, with alcohol, with drugs, with work, with cigarettes, with sex; but eventually, it will all ooze through and stain your life. you must find the strength to open the wounds, stick your hands inside, pull out the core of the pain that is holding you in your past, the memories and make peace with them. ✻✻✻ J’avais l’impression d’avoir assisté à la fin de mon existence. D’avoir refermé le livre qui relatait l’histoire de ma vie sans avoir pris la peine de lire les derniers chapitres. Je ne parvenais plus à me projeter dans l’avenir. Je ne parvenais plus à m’imaginer demain, dans un mois, un an, voire même dix. L’univers tout entier me paraissait flou et instable, hostile et malveillant. Mon futur plus que tout le reste. J’avais la sensation que plus rien n’attendait après moi. Je n’aurais plus rien. Je n’étais plus rien. Plus rien du tout.
Personne n’était encore venu me faire la liste des choses qui ne m’étaient plus possibles mais j’avais été suffisamment lucide pour faire les calculs toute seule. Pour m’imaginer ce qui m’attendait sans l’aide des autres. J’avais compris que je ne pouvais plus entrer dans la police. J’avais su que cela signifiait que je ne serais plus jamais indépendante. J’avais admis que mon corps ne serait plus jamais réellement le mien. Je n’avais même pas osé m’interroger sur les aspects les plus basiques d’une existence ; comment irais-je aux toilettes ? Comment ferais-je pour me coucher, seule ? Je n’étais même pas sûre de pouvoir me laver par moi-même. J’avais cent fois rougi de honte en songeant à tous ces détails qui me posaient les pires problèmes. Puis le reste me sautait aux yeux tous seuls. Prendre le métro. Aller à l’université. Interagir avec les autres, même. Toutes ces choses me paraissaient exclues.
Vivre me paraissait exclu.
Ma gorge était serrée et ma voix cassée. Je sentais la colère se mêler à la douleur, à la confusion et à la détresse. Je pleurais sans parvenir à m’arrêter ; cela était comme si mes yeux refusaient d’admettre que je puisse aller mieux. Je pleurais cette existence que j’avais eue et qui s’était arrêtée. Je pleurais mon passé qui m’avait échappé entre les doigts. J’avais gâché les chances qui m’avaient été donnée auparavant à cause de mes craintes d’enfant et mes sentiments de petite fille. Je m’en voulais. Au plus profond de mon être, je m’en voulais. « Tu n’as pas besoin de te lever pour me gifler. Je viens à toi. Je sais que tu as envie de le faire depuis que je suis apparu dans ton champ de vision. Vas-y ! » me lança Julian en attrapant mon poignet entre ses doigts. Je lui lançai un regard furieux durant quelques secondes avant de détourner le regard ; le simple fait qu’il prenne mes paroles au pied de la lettre me donnait envie de le frapper réellement. Mais je ne réussis pas. Je ne réussis pas à lever la main sur lui. Je ne réussis pas à laisser libre cours à ma colère.
Parce que, désormais, ma colère vivait à l’intérieur de mon cœur. Et elle ne s’en échapperait plus jamais.
On m’avait traité d’entêtée et de bornée mais Julian me poussait à bout. Me poussait au-delà de mon seuil de tolérance. Mon cœur battait de manière irrégulière à mesure que je lui expliquais pourquoi je refusai de l’impliquer dans mon existence de demoiselle brisée. Il refusait de comprendre une chose qui me paraissait évidente. Il refusait d’admettre la véracité de ce que je pouvais bien penser. Il refusait, refusait, encore et encore, et pourtant je continuai de m’accrocher. Je continuai de lui demander de partir. Je continuai d’être froide et sèche pour le faire fuir. Je continuai et je m’en voulais. Mais c’était la seule chose à faire. La meilleure solution à prendre. Qu’il continue de refuser ou non. « Dis comme ça, en effet, ça ne donne pas très envie de te supporter tous les jours mais tu n’as jamais été facile à vivre. Je reste quand même. Et dès que tu auras besoin de me punir je m’arrangerais pour être à portée de main. Ne t’inquiète pas. » me déclara-t-il en se penchant sur moi. Je finis par lever le regard sur lui. Je finis par accepter de l’observer, cessant de tourner la tête vers les rideaux usés de ma chambre d’hôpital. « Beatrice veut que je parte aussi, ne serait-ce que pour me changer mais je trouve les vêtements d’Andreas très confortables. Ce n’est pas que ce n’est pas la plus belle façon au monde de déclarer son amour à quelqu’un, mais je n’ai jamais été conventionnel. Je reste Eugenia. Les choses n’ont jamais été faciles pour moi, et tu n’es pas obligé de m’intégrer dans ton quotidien en retour. Moi, je sais, que tu fais partie de ma vie avec ou sans tes jambes. » Pendant une poignée de secondes, je le vis se pencher encore plus avant de s’arrêter dans son élan. Je le fixai. Je le fixai avec intensité. La seule pensée qui m’effleura remis en question tout son discours. Toutes ses belles paroles. Au fond, je le croyais. Je le croyais de tout mon cœur. Mais je n’avais pas réussi de m’empêcher de me demander quand est-ce qu’il se rendrait compte qu’il n’était pas prêt pour tout cela. Quand est-ce qu’il comprendrait qu’il ne voulait pas rester. Quand est-ce qu’il finirait par quand même partir. « Et tes cours ? Tu n’es pas censé être à l’université en ce moment-même, Julian ? Tu es sûr de vouloir gâcher ton semestre à cause de moi ? » finis-je par dire. « Et tu es sûre de vouloir avoir une infirme en guise de meilleure amie ? Je ne pourrais même plus venir à Liverpool. Je serais coincée chez ma mère pendant des années, si ça se trouve. Je serais incapable de m’en sortir toute seule, et quand elle devra sortir avec Andreas… J’imagine qu’elle t’appellera pour venir veiller sur moi. Qu’est-ce que tu diras à toutes tes Serena ? Désolé mais je dois aller changer les couches de ma meilleure amie handicapée qui finira vieille fille au fin fond du Pays de Galles parce que sa mère a enfin trouvé le courage de s’échapper de son quotidien infernal pendant un week-end ? » Je déglutis en tentant de garder la tête haute. En tentant d’être forte même si je savais que je ne l’étais plus. Même si je savais que cela était un combat vain contre ma propre personne.
J’étais tant perdue dans mes propres pensées que je ne remarquai même pas Julian faire un pas en arrière. Il perdit l’équilibre pendant une demi-seconde et se rattrapa au dernier moment ; cependant, il fit tomber quelque chose à terre et je le vis s’affoler en se baissant instantanément. « Eugenia… Je suis désolé. Je suis maladroit. » Je ne vis pas ce qu’il chassait sur le sol. Les médecins ne s’étaient pas encore donné la peine de me rendre mes lunettes. Mais je remarquai l’embarras de Julian. Je remarquai son agitation, également. « Qu’est-ce que c’est ? » demandai-je avant de me racler la gorge. « Julian, qu’est-ce que tu as fait tomber ? » J’insistai. J’insistai parce que je pouvais presque sentir qu’il me cachait quelque chose. Je ne cessai de me dire que cela avait quelque chose en rapport avec les récents évènements ; je me découvrais paranoïaque et cela m’affligeait autant que tout le reste.
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