Rules number one is that you gotta have fun- Junroy

Il y a longtemps que je n'ai pas joué à des jeux idiots comme celui-là, action-vérité, le jeu complètement stupide auquel on s'est tous fait avoir au moins une fois quand on était en cous. Je me suis fait avoir tellement de fois que maintenant je fais la plus part du temps les mêmes réponses, action. Tant qu'on ne me demande pas de qui je suis amoureux ou de révéler ce qui me tracasse le plus, je préfère mille fois qu'on me demande tout et n'importe quoi. Comment en est-on arrivé là ? J'avais besoin de Jun parce que je me sentais un peu seul et que je devais surtout ranger mon appart et déplacer des meubles que je n'arrivais pas à pousser depuis mon agression, mes capacités musculaires en avaient pris un coup, je n'avais pas voulu embêter Robin, ni Dimitri, mais je savais que Jun m'aurait trouvé du temps, même s'il devait gardé es garnements dont j'avais déjà oublié le nom, les enfants et moi … il paraît que c'est pas top, enfin tant que c'est ceux des autres et pas les miens ça me va. Je sais bien que lui ça ne le dérange pas et je l'admire pour ça. J'aurais pu demander à Wally, mais il n'était pas encore revenu de son week end en famille. C'était rare qu'il partait et il m'avait bien donné les coordonnés d'un autre majordome, mais je ne jure que part lui, du coup j'avais appelé Junroy. J'espérais qu'il ne m'en voudrais pas pour ça, de toute manière je savais qu'il m'appréciait assez pour ça et comme on ne s'était pas vu depuis des lustres, ça nous permettrait de raconter les derniers détails de nos vies, même si la mienne est assez pathétique en ce moment.
Une fois que tout fût rangé je me suis affalé dans le canapé, inspirant et expirant après l'effort, si seulement ma jambe me faisait moins mal. J'ai enfin compris qu'il fallait que je fasse mes séances de Kinésithérapie, après être tombé de scène le week-end dernier et m'être bien bourré, je devenais raisonnable. J'ai offert un verre à Jun. Ça faisait un moment qu'on se connaissait lui et moi et je dois avouer qu'il est plutôt canon et qu'il est un très bon coup. C'est dommage qu'il soit parti du Shadow Lowndge.

« Alors comment vont les affaires?»

Je parlais travail, sérieusement … je commence à me vieillir. Ou alors je suis en manque d'idées. Je bois une gorgé de mon verre que j'ai posé sur la table basse. Il y a quelque chose de rassurant dans l'alcool, je ne m'en étais jamais aperçut jusqu'à ma cuite du siècle de ce week-end, mais je me suis promis de ne pas trop recommencer. J'ai été pathétique.

« Bon alors, action ou vérité, je suis sûr qu'on peut faire en sorte que ce jeu sois constructif. »

Je lui ai lancé un clin d'oeil espérant qu'il ne trouverait pas ça trop gamin, même si je me doutais que ça lui plairait.

Le dimanche, c'était le seul jour que Jun pouvait passer avec tous ses frères et sœurs, au chaud (quand le poêle fonctionnait) à la maison. D'habitude, ils s'asseyaient tous dans le salon autour de la table basse et faisaient des jeux ou discutaient avec animation de l'école et de ce qui se passaient dans leurs courtes vies d'enfants. Évidemment, l'aîné ne leur parlait pas de son travail – bien trop lugubre et sale pour leurs douces oreilles – mais il aimait bien les entendre se plaindre d'un professeur trop strict ou d'un devoir trop difficile. Il les aidait comme il pouvait pour faire ces derniers mais il n'avait pas eu l'occasion d'étudier très longtemps alors ils en savaient bien souvent déjà plus que lui. Parfois, il en éprouvait de la honte. Et parfois aussi, il savait que s'il avait sacrifié son éducation, c'était pour que ses frangins puissent en bénéficier alors il en était plutôt fier.
Quoi qu'il en soit, quand Tristan appela sur son portable ce dimanche-là, il était installé par terre, Zoe et Mickey en travers de ses jambes tendues, en train de jouer au Pictonary avec Demetra et Brent pendant que les deux plus grands faisaient leur dissertation de français. Il avait à peine décrocher que la petite jumelle grimpa sur lui pour essayer de lui piquer l'appareil qu'il avait collé à son oreille. Tristan était un ami, c'est d'ailleurs pour cela qu'il avait répondu à l'appel en voyant son prénom sur l'afficheur. Leur relation avait pourtant commencé d'une manière tout à fait atypique. En effet, le barman avait trouvé un client pour un coup d'un soir mais, problème, le client voulait deux hommes pour en faire son dîner. Ayant entendu des rumeurs de prostitution occasionnelle du coté de Junroy – alors son collègue de travail – il lui avait proposé de l'accompagner dans cette mission très bien payée. Les deux jeunes s'étaient alors retrouvés à baiser dans un lit d'hôtel luxueux pendant que leur client prenait son pied en les regardant. Assez intime comme première rencontre. Après, ils avaient liés connaissance et Jun avait bien failli ne plus jamais lui adresser la parole en apprenant qu'il était en fait un fils de riche. Finalement, il était passé au dessus de ça et n'en faisait plus cas.

Tristan avait eu besoin d'un coup de main pour déplacer les fichus meubles de son appartement. Jun n'avait pas un profil de déménageur – il était svelte comme un danseur – mais il avait quand même une certaine force qui lui permit d'aider au mieux. Quand ils eurent terminés de trimbaler les armoires d'un bout à l'autre de la baraque, ils s'affalèrent dans un canapé. L'irlandais accepta de bonne grâce le verre que lui proposa son ami et mit opta pour de l'eau. L'alcoolémie de ses parents l'avaient dégoûté de l'alcool. Il lui arrivait de boire une bière parfois mais c'était tout. Tout mieux d'ailleurs. Il faisait déjà bien assez de conneries tout en étant sobre.
Quand Tristan lui parla de travail, il eut un petit éclat de rire et lui jeta un coup d'oeil entendu. Le barman savait très bien comment allaient les affaires. Même s'ils ne travaillaient plus pour le même club, ils gardaient contact. Tristan devait savoir qu'il était toujours à danser sur son piédestal, à devoir supporter les mains baladeuses sur son corps et accepter les propositions les plus indécentes mais les mieux payées pour gagner un peu plus d'argent et faire vivre sa famille. La même merde quoi.
Jun étudia Tristan du regard en silence. Les deux hommes n'avaient jamais couché ensemble sans que ce soit pour un client. Pourtant, il fallait reconnaître que l'autre avait tout pour lui avec son sourire malin et ses yeux bleus limpides. Au moment où il se demandait si Tristan y avait déjà songé, ce dernier reprit la parole pour lancer un action ou vérité. Cette fois, Jun rit carrément en secouant la tête. Ça faisait des années qu'il n'avait pas joué à ce jeu. Il prenait toujours la même option, l'action, car il détestait devoir révéler des choses sur lui.

« T'es sérieux ? » demanda-t-il en souriant et en bourrant un peu Tristan avant son pied (il avait retiré ses chaussures après le déménagement). « T'as quel âge ? Huit ans ? » Il savait que son ami était plus vieux que lui mais il n'arrivait pas à deviner exactement à quel point. Il laissa filer quelques secondes pour faire croire qu'il n'allait pas se plier au jeu mais il finit par craquer, feignant de le faire seulement à contrecœur alors que l'idée l'amusait : « D'accord, d'accord » Il but une gorgée d'eau et posa le verre sur la table basse avant de s'enfoncer dans son siège, étendant ses deux bras de part et d'autre de lui-même, sur le dossier du canapé. Avec son habituelle décontraction, il leva le menton et lâcha : « Action. »
Ses yeux gris-bleuté brillaient de curiosité tandis qu'il se demandait bien ce que son ami allait lui demander de faire.

Nous avions fini de bouger les meubles et on était installé dans le canapé quand j'ai proposé à Jun' de jouer à un jeu un peu débile je dois l'avouer, mais qui peut s'avérer plutôt marrant et amusant surtout quand on y joue à un niveau plus adulte, si vous voyez ce que je veux dire. Je lui souris lorsqu'il me demanda quel âge j'avais, non pas huit ans, juste vingt ans de plus, mais je pouvais comprendre qu'il trouve ça enfantin. Il a parfois l'air plus mature que moi et il l'est sans doute. Je me rappelle très bien nôtre rencontre, elle fût assez atypique en fait. On travaillait à ce moment là tous les deux au Shadow Loundge et un client voulait prendre son pied en nous regardant tous les deux et on avait accepté lui surtout pour l'argent et moi plus parce qu'il en avait besoin et que ça ne me dérangeait pas plus que ça qu'on m'observe.

« Tu sais bien que j'en ai vingt de plus, mais tu verra ça va être très instructif.»

Je lui ai souris et me suis passé la langue sur les lèvres, espérant qu'il comprendrait ou je veux en venir et j'espérais que ça ne le dérangerait pas de passer un peu de bon de temps. J'avais besoin de m'amuser, de penser à autre chose qu'à tout ce qui m'arrivait en ce moment et peu importait ce qu'on pourrait penser de moi, que je suis fou, que je suis immature, ça m'était égal, je voulais juste trouver une façon d'oublier et tout était bon. J'ai souris quand il a choisit action. Je lui ai fait signe d'approcher avec un grand sourire avant de lui dire :

« Embrasse-moi.»

Quelque chose me disait qu'il ne serait pas contre, jusqu'à présent personne n'avait jamais refuser un de mes baisers et j'espérais que ça continuerait, parce que j'aimais réellement m'amuser de cette façon, ceux qui trouvent ça déplacé sont juste un peu coincé, je veux profiter de ma jeunesse pendant que je le peux, dans quelque années je serais vieux et ne pourrais sans doute plus autan me faire plaisir, peut-être même que je ne vivrais pas jusque là, que je serais sans doute mort avant avec toutes mes bêtises ou que je finirai seul dans mon appartement mort de faim parce que je ne savais pas me débrouiller tout seul, vive l'optimisme alors oui je profitais de ma vie, de ma jeunesse et du temps que j'avais.

En découvrant l'action que lui donna à réaliser Tristan, Jun esquissa un sourire amusé et leva brièvement les yeux au plafond. Il connaissait son ami. Intimement, on pouvait le dire, depuis qu'ils avaient du coucher ensemble pour un client qui voulait regarder le spectacle. Ils n'avaient pas peur de faire semblant de flirter pour s'amuser ou même de reproduire l'expérience. Ils savaient que l'autre n'était pas sérieux et ne le serait jamais. C'était sans doute la raison pour laquelle ils pouvaient continuer leur petit manège en toute quiétude, sans craindre que le jeu n'empoisonne leur relation amicale.
Lorsque Jun focalisa de nouveau son regard sur celui de son ancien collègue, il lui sourit et se mordit doucement la lèvre. Tristan était beau. Pas d'une beauté classique, non. Il avait quelque chose de mystérieusement beau. Évidemment, ses yeux bleus y étaient pour quelque chose mais, plus que leur couleur, c'était leur éclat qui donnait envie de les contempler. Étrangement limpides, ils donnaient souvent à voir le cœur même du jeune homme si on savait regarder correctement et c'était proprement fascinant.

« D'accord » lâcha l'aîné des O'Flahery en se mettant à genoux sur le canapé pour progresser à quatre pattes en direction de son ami. Il eut tôt fait de le rejoindre et passa une jambe par dessus les siennes pour s'asseoir à califourchon sur lui. Fixant ses mains sur le dossier du canapé, de part et d'autre du visage de Tristan, Jun laissa filer quelques secondes avant de se pencher sur son partenaire pour l'embrasser à pleine bouche, sans gêne ni retenue d'aucune sorte. Se faisant, il ne put s'empêcher de lui donner un léger coup de bassin pour rapprocher leurs corps et il porta une main sur sa nuque au moment où il envoya sa langue habile jouer avec celle du britannique.
Il savait que Tristan était du genre à profiter du moment présent. Parfois, ça faisait aussi du bien à Jun de faire des choses qu'il savait sans conséquence. Juste pour se lâcher. Juste parce qu'il en avait envie. Avec un métier qui consistait à exposer son corps pour que les clients aient vainement envie de lui, le jeune homme avait perdu toute envie d'un vrai contact charnel. Un petit-ami ? Sûrement pas. Ce serait beaucoup trop compliqué. Heureusement, il y avait des gens comme Tristan avec qui il pouvait s'amuser sans avoir à faire d'effort ou de promesse.

Jun n'aurait rien eu contre le fait de prolonger le baiser mais il savait où cela les mènerait alors, quand il sentit que la langue de son ami commençait à réagir activement à son contact, il libéra sa bouche et descendit du même élan de ses genoux pour retourner s'asseoir sur le canapé à coté de lui. Certes, ils étaient encore cote à cote mais ils ne se touchaient plus. Jun essuya d'un geste sensuel du pouce l'humidité au coin de ses lèvres et lança à son partenaire un regard espiègle.
« Action ou vérité ? » Demanda-t-il avant d'attraper son verre d'eau pour boire une petite gorgée.

Si Tristan choisit ACTION :

Spoiler:

Si Tristan choisit VERITE :

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