☼ Gonna be a long long way to happy ♦ Tyler && Nate && Rika

J’ignorais si c’était la présence de Nate ou si c’était parce que nous nous trouvions dans la section lingerie féminine de la célèbre enseigne britannique Harrods, mais je me sentais d’humeur plutôt taquine malgré ces deux éléments qui auraient pu au contraire me rendre grincheux. Et en dépit de mes relations quelque peu tendues ces derniers temps avec le barman, je m’autorisai tout de même à le charrier comme il m’était possible de le faire avec n’importe qui d’autre. Heureusement pour moi – mais aussi pour Rafael –, Nate sembla avoir retrouvé son humour des premiers jours où je l’avais connu et il entra donc dans mon jeu sans la moindre difficulté – contrairement à Rafael pour qui mon humour semblait un peu trop graveleux. Je l’avais connu moins farouche…

- Rah t'es con ! s’exclama-t-il les joues rougies par la gêne, tout en s’écartant de cette main que je tendais vers son entrejambe. Je tripote pas tout le monde en public, moi, Môssieur. Va jouer ailleurs ! Et sur ses bonnes paroles, il s’enfuit presque vers les caisses afin de régler son achat, tandis que je pris ses derniers mots au pied de la lettre en me tournant vers Nate beaucoup plus enclins à rigoler. Du moins, c’était ce que je pensais jusqu’à ce que je fasse référence au gigolo qui, je le croyais, lui faisait office de petit ami.

- Hein ? fit-il alors en se tournant vers moi avec un air quelque peu abruti sur le visage. Ah non mais... Si tu parles de 'Stan... euh Tristan, c'est pas tout à fait ça, tenta-t-il de m’expliquer, en se corrigeant tout de même sur le surnom qu’il semblait avoir l’habitude de lui donner comme pour appuyer ses paroles sur le fait qu’il ne se passait absolument rien entre eux – ce dont je me permettais tout de même de douter… On se voit de temps en temps, mais il se passe rien de ce genre... Et ça risque encore moins depuis que je l'ai laissé se faire arrêter pour détention de stup', m’avoua-t-il ensuite, me laissant totalement sans voix. Pas sûr qu'il ait très très envie de me revoir à présent. Hum... Tiens, Rika a fini, détourna-t-il finalement la conversation à l’approche de mon meilleur ami, son paquet cadeau dans les mains.

L’aveu que venait de faire Nate m’avait littéralement mis sur le cul. Après tout, il venait tout de même d’admettre qu’il avait dénoncé l’un de ses amis les plus proches – car il était évident qu’un type romantique tel que lui n’aurait jamais balancé aux flics son amant – simplement parce qu’il consommait et/ou revendait de la drogue. Et bien que je me devais à présent de faire attention à mes arrières maintenant que j’étais au courant de cette histoire (même si je n’étais pas utilisateur de produits illicites), je ne pouvais m’empêcher malgré tout d’être heureux de savoir Tristan peut-être sous les barreaux en ce moment même. Rafael nous proposa ensuite d’aller boire un thé, mais je lui rappelai gentiment que j’avais encore son cadeau de Noël à acheter.

- Y a the Tea Room à l'étage au-dessus, on peut se retrouver là-bas ?... proposa alors Nate qui semblait prêt à s’incruster jusqu’au bout. Et contrairement à ce que l’on pourrait croire, cela ne me dérangeait pas outre mesure.

Je quittai donc leur compagnie dans le but de faire un tour dans les rayonnages de ce grand magasin à la recherche peut-être d’une idée de cadeau pour Rafael. Et malgré les innombrables articles que vendait cette enseigne, je ne trouvai rien que je ne lui avais pas déjà offert ou qui soit tout simplement à la hauteur de notre amitié. Je pris donc la direction du dernier étage afin de les rejoindre au Tea Room où ils m’attendaient sûrement.

- Bon… Je suis au regret de te dire que j’ai rien trouvé. Donc, t’auras rien pour Noël, désolé, annonçai-je à mon meilleur ami sur un ton amusé, tout en m’asseyant sur une chaise libre à la table à laquelle ils s’étaient installés. J’espère qu’ils servent du café ici parce que le thé… fis-je avec une légère grimace de dégoût. Je crois que c’est la seule chose typiquement anglaise que je peux pas consommer. Mon côté américain, sans doute… commentai-je plus pour moi-même qu’à l’attention des deux autres. Et je commandai donc un cappuccino auprès de la serveuse qui ne sembla finalement pas plus étonnée que cela. Alors ? De quoi vous étiez en train de parler ?

- Oh bah oui, bien sûr... répondit Nate de manière tout ce qu’il y avait de plus ironique après avoir éclaté de rire en même temps que Rafael qui avait d’ailleurs failli s’étouffer de peu avec sa boisson. Pour ce qui me concerne, je vais lâchement vous abandonner avant que l'image de ton corps nu en pleine action sur ton sofa me rende complètement fou… annonça-t-il ensuite sur le ton de la plaisanterie. Et si mon meilleur ami n’avait été que sur le point de s’étrangler avec le thé qu’il était actuellement en train de boire, je n’avais malheureusement pas eu cette chance et le contenu extrêmement chaud et amer du café s’évacua donc par le mauvais tuyau, brûlant ainsi mes voies respiratoires, ce qui me provoqua une toux complètement incontrôlée durant de longues secondes. Mon attitude pouvait, certes, sembler quelque peu excessive en réaction à une simple blague, mais celle-ci aurait pu être très drôle, voire même totalement excitante, dans un contexte quelque peu différent – c’est-à-dire dans le cas où Nate ne m’aurait pas avoué il y a quelques mois déjà qu’il était tombé amoureux de moi. Parce que cette soi-disant plaisanterie n’était en fait qu’une constatation on-ne-peut-plus véridique des sentiments que le jeune homme portait à mon égard, d’où ma réaction quelque peu choquée puisque je ne m’attendais pas le moins du monde à ce qu’il ose faire de l’humour sur une chose qu’il semblait pourtant prendre très au sérieux… Je voudrais repasser par l'orphelinat où on va jouer demain soir dans Shoreditch avant d'aller bosser au bar, et faut pas vraiment que je traîne si je veux pas être à la bourre, nous expliqua-t-il alors son départ – même s’il n’avait nullement besoin de se justifier. Et après s’être préparé à partir, il s’arrêta quelques secondes à ma hauteur, posant avec une aisance que je ne lui connaissais pas une main sur mon épaule – un geste qui me choqua d’ailleurs particulièrement. Bonnes fêtes à tous les deux. Et bonne chance avec Lucy !

- Ouais merci... Bonnes fêtes à toi aussi, répondit poliment Rafael à cet échange de vœux dont je n’étais franchement pas amateur. Nate s’en alla donc enfin faire ce pour quoi il était attendu et je lui piquai alors un des scones qu’il avait délaissé dans son assiette – mieux ne valait pas gâcher, n’est-ce pas ? Bon bah je crois qu'il a payé pour tout le monde... Il a pas vraiment l'air d'avoir beaucoup changé d'avis... fit remarquer mon meilleur ami, semblant totalement ignorer ce qu’était la subtilité. C'était quand déjà qu'il t'a dit qu'il était amoureux de toi ?... Looks pretty real to me... Et tout en mâchant le morceau de scone que j’avais dans la bouche, je lui lançai un regard qui en disait long sur ce que je pensais réellement de son commentaire. Tu fais quoi demain soir ? me demanda-t-il ensuite comme si de rien n’était.

- Pourquoi ?... répondis-je moi-même par une question, posant un regard quelque peu suspect sur lui. Je savais bien évidemment la raison pour laquelle il souhaitait savoir mon emploi du temps de demain soir – étant donné que j’avais moi-même entendu ce que Nate nous avez expliqué juste avant de partir – et, même si cela m’ennuyait profondément, je ne pouvais m’empêcher d’être admiratif devant son acharnement évident à vouloir nous rapprocher, Nate et moi. Tu vas pas lâcher l’affaire, hein ?... fis-je ensuite, me demandant s’il arrêta un jour de vouloir me caser…