En tout cas, Sharona peut toujours s’estimer heureuse qu’Ivana ne soit pas du genre à vouloir convertir quiconque traverse son chemin à cette noble cause de sauver leurs amis les mammifères. Ces personnes là sont plus nombreuses qu’on le croit, en plus d’être redoutables si ce n’est flippant. Raison pour laquelle elle ne s’est jamais engagée auprès d’une association comme PETA. En plus de cela, la jeune femme ne s’imagine pas dans un de ces calendriers, dénudée (pas dit que cela plaise à son entourage de toute façon). « Je peux gérer la cuisson d’un steak si je me retrouve en manque de bidoche parce que je suis pas veggie moi par contre, ça encore, c’est pas trop compliqué. Si ça te va, je te laisse le reste en revanche, je risque juste de faire des catastrophes… » La rouquine n’a rien à redire. Ce genre de deal lui convient parfaitement. Si elles arrivent à fonctionner de cette façon, elles ne crèveront pas de faim, ni de froid, ni de manque d’eau chaude et ne transformeront pas les lieux en piscine. « Ben pourquoi il pourrait pas ? Ca sera pas que chez moi, et t’as le droit d’avoir un copain ! » Ivana hausse un sourcil, quelque peu surprise que la texane prenne la nouvelle aussi… bien. Certes, ce n’est pas que chez elle, mais elle a toujours son mot à dire. Enfin, elle le croit. En tout cas, elle avait bien lu des clauses du genre dans d’autres annonces : « pas de copain, pas de soirée, pas d’amis qui squattent, l’appartement n’est pas un dortoir ». Elle ne va pas en dire plus au cas où elle change d’avis. « Bah j’espère qu’il est pas méchant, sinon c’est qu’il te mérite pas. Mais je vais pas trop lui jeter la pierre pour ce qui est du blabla par contre… » Méchant ? Non, ce n’est pas du tout le genre de Kaspar. La jeune femme ne peut pas s’empêcher de baisser son regard et de rougir. C’est gentil de sa part de s’en inquiéter. « On peut emménager quand dites ?… » Une chose est sûre, elle n’est pas la seule pressée dans l’histoire. D’ailleurs, c’est à se demander laquelle des deux est la plus impatiente. Maintenant qu’on en parle, Ivana s’y voit le plus vite possible. Avant Noël même. En ce qui concerne le sapin, elle a déjà une petite idée de l’endroit où le mettre. « Et bien, dès que vous avez la possibilité de me fournir les documents signés. Comme vous pouvez le constater, personne n’occupe l’appartement pour le moment. Et il n’y a pas besoin de faire de gros travaux, n’est-ce pas ? » Cette fois, la rouquine manque de laisser sa joie exploser et de sauter dans tous les sens telle une gamine (comme quoi, il n’y a pas que son visage qui a des airs d’enfants). C’est Noël avant l’heure. Avant tout, elle se tourne vers la reine du bricolage pour cette question de travaux. « On signe tout de suite alors ? » Après, elle n’aurait plus qu’à fournir les derniers documents et ranger ses affaires dans des cartons. Si Ivana se fait violence pour ne pas sauter au cou de sa future colocataire, elle ne peut pas s’empêcher de rajouter : « Dis ouiiiii ! »
Sharona K. García-Brown
I walk this empty street on the boulevard of broken dreams.
(✰) message posté Ven 2 Jan 2015 - 20:49 par Sharona K. García-Brown
Rendez-vous en terre inconnue
ft. Ivana Sexton && Sharona K. Garcia-Brown
Dimanche 23.11.2014 • Shoreditch
C'est pas plus mal qu'elle soit pas du genre à essayer de me convertir, parce qu'autant, je me contrefous un peu des opinions des gens, chacun fait et pense ce qu'il veut, c'est pas vraiment mon problème, autant qu'on essaie de m'imposer un truc et... je sors les griffes, presque littéralement. De toutes les façons, je suis pas végétarienne, j'aime bien une bonne viande, un bon burger, même, aussi, mais globalement, je me sens pas forcément obligée d'en manger tous les jours, et donc, les jours où j'en aurais envie, bah je me débrouillerai. Quant à la présence de son copain, je vois franchement pas pourquoi je l'empêcherais de le recevoir et puis... j'ai vécu avec Ty et ses mecs d'un soir plus d'un mois, alors bon... Evidemment, si je peux éviter de participer à leurs ébats du fond de ma chambre, ça serait pas mal aussi... Mais enfin, empêcher ma coloc' de voir son mec, ça me traverse même pas l'esprit. Et puis ça a l'air pas mal insonorisé ici et au pire, je rajouterai une cloison isolante avec l'accord du proprio, donc. C'est pas trop compliqué ça, c'est bon, je pourrais me débrouiller.
Je vois Ivana baisser le nez sur ses chaussures et ses pommettes se colorer de rouge quand je lui dis que son mec a intérêt à être gentil, ou qu'il ne la mérite sans doute pas dans le cas contraire, et je trouve ça trop mignon, mais je la ferme, histoire de pas l'embarrasser davantage. Je me tourne plutôt vers le proprio, super pressée d'avoir enfin un chez moi, pour de vrai... et un peu craintive qu'il change d'avis avant qu'on ait signé aussi.
« Et bien, dès que vous avez la possibilité de me fournir les documents signés. Comme vous pouvez le constater, personne n’occupe l’appartement pour le moment. Et il n’y a pas besoin de faire de gros travaux, n’est-ce pas ? »
Je lui ai adressé un grand sourire et j'ai hoché la tête, avant à mon tour de me tourner vers Ivana, qui doit se contenir à peu près autant que moi de sauter partout, si j'en crois sa question.
« On signe tout de suite alors ? Dis ouiiiii ! - Oh oui ! Evidemment que oui ! C'est trop génial ! »
Non, je n'ai pas trois ans d'âge mental, promis. Enfin pas tout le temps. Et des fois je suis calme, si, si. Mais là, je peux pas m'empêcher d'être juste surexcitée, et sur ses mots témoignant déjà par eux-mêmes de mon enthousiasme, je suis venue prendre les mains d'Ivana dans les miennes. Plus jeune, je lui aurais sans doute sauté au cou, mais il y a un moment que je suis plus trop capable de ce type de contact. J'en aurais presque les larmes aux yeux, tellement je suis émue et heureuse, là, mais hors de question que je me laisse aller à ce point devant qui que ce soit. Même un gentil papy et une coloc' géniale - elle m'accepte, déjà, c'est dire...
« Tu peux pas savoir comme je suis contente ! »
Oui enfin... Si, peut-être un peu, suffit de m'entendre et de regarder ma tronche, en réalité. Et pendant que je suis en train de manifester mon euphorie, le propriétaire nous regarde gentiment, d'un air bienveillant, avant de sortir le contrat de bail et un stylo, visiblement tout aussi prêt que nous à nous faire signer. Restera l'accord écrit de ses parents, si j'ai bien compris, et on sera vraiment chez nous. Je crois que je suis en train de rêver, là, mais bizarrement, j'ai pas du tout envie de me réveiller...