Il y a des rencontres qui restent indélébiles dans notre existence. La plupart sont pourtant éphémères, nous laissent parfois même indifférents. Mais il y a ces quelques personnes qui, contre toute attente, peut-être même quant on s'y attend le moins, se présentent devant nous durant notre vie, pourtant courte et insignifiante à l'échelle de l'évolution humaine ; et ils ont entre leur main ce pouvoir invisible : celui de changer le cours de notre existence. Pour moi, cette personne s'appelle Madeleine Brisard. Peut-être ne s'en rend-t-elle pas compte. Mais le jour, plus particulièrement ce jour, où elle m'a vivement convié à se rendre chez elle, ma vie a pris une direction totalement différente que celle vers laquelle je me dirigeais à la base. Cela faisait déjà cinq années que j'avais perdu mon enfant, que j'avais tout perdu en somme ; je m'étais séparée de cet homme que j'avais réussis à détester après avoir vécu tant de belles choses à ces côtés, avec qui j'avais crée l'être qui m'avait été arraché avec cruauté. J'étais plongée dans un profond désespoir, d'où personne ne semblait pouvoir me sortir. Et il y avait eu cette femme ; cette femme avec ses histoires, toutes plus passionnantes les une que les autres, cette femme avec la passion dévorante dans la voix et dans les yeux malgré son vieil âge. Cette femme m'a sorti la tête hors de l'eau. Et peut-être qu'elle n'en a effectivement même pas conscience. Mais c'est elle qui m'a sauvé, le jour où elle m'a fait rencontrer Jack.
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Je me prépare longuement dans ma chambre baigné dans une lumière tangible. Le temps ne semble pas vouloir se débarrasser de ses gros nuages gris; c'est tellement caractéristique de Londres. J'enfile une longue robe noire en dentelle descendant jusqu'à la naissance de mes chevilles et remontant jusqu'à mon cou dans un col volanté. Je laisse mes cheveux détachés, ces derniers tombant dans des larges boucles en cascade. Mes yeux sont finement maquillés de far à paupières sombre et d'un trait d'eyeliner. J'ajoute un peu de blush pour me donner bonne mine. Une paire de bottine à talon habille mes pieds de manière élégante. Cela faisait un moment que je n'avais pas autant pris la peine de me donner aussi bonne allure En général, je ne me maquille pas, du moins pas depuis un long moment. Mes cheveux sont souvent attachés dans des chignons serrés, laissant apparaître à la vue de tous cette mine fatiguée que je me traîne depuis des années. De toute façon, quel importance ? Se faire belle, vouloir être attirante, c'est tellement futile. Tellement insignifiant comparé à la perte de son enfant. Beaucoup de chose me semble ainsi vide de sens depuis cinq ans. Pourtant cette fois, j'ai fais l'effort. Parce que Madeleine me l'avait strictement imposé au téléphone lors de ma prochaine visite. Elle m'avait dit quelque chose qui sonnait comme « Et pouponne-toi pour une fois » avant de raccrocher, me laissant quelque peu interrogative. Pourquoi cette fois en particulier ? Qu'allait-il advenir de si différent qui requiert que je sois à mon avantage ? Je l'ignore, et je préfère ne pas le savoir pour tout dire.
Je rejoins la maisonnette de Madeleine par le biais du métro. Je me rends d'ailleurs compte que je commence à connaître l'itinéraire par cœur, ce qui devrait probablement être alarmant ; je vais de plus en plus régulièrement chez elle. Mais ça ne me dérange pas. Je devrais avoir honte de passer autant de temps avec une « mamie », plutôt qu'avec des personnes de mon âge. Mais étrangement ; je me sens d'avantage à l'aise en sa présence qu'avec des trentenaires. Ils ne comprennent pas, en général, ce que j'ai pu endurer, l'état dans lequel ça me plonge. Eux, ont des vies parfaitement rythmées, parfaitement superposées, parfois même parfaites sur tous les plans ; mais moi, j'ai un trou béant dans le cœur. J'ai l'impression de vivre à contre-courant, au ralenti. Et Madeleine semble le comprendre. Et plus qu'autre chose, elle a les mêmes goûts que moi. À moins que ce soit moi, qui ai les mêmes goûts qu'elle ; l'art, les livres. Ces choses que beaucoup ont remplacé par la télévision, internet. Mais pas moi, et pas Madeleine. J'aime ses drôles habitudes, la façon qu'elle a de me forcer à rester souper avec elle parce que d'après elle, je suis bien trop maigrichonne et mon teint est bien trop pâle pour que je sois en réelle bonne santé. Si seulement une bonne soupe chaude pouvait tout arranger...
Je frappe finalement fermement contre la porte d'entrée de la petite maison typiquement londonienne. Je tiens mon sac fermement contre moi, alors qu'un vent froid s'abat durement dans le creux de mon dos. J'ai tenu à mettre mon long manteau en laine noir, mais j'aurais plutôt dû opter pour ma fausse fourrure. Un frisson s'empare de moi, alors que la porte s'ouvre finalement. « Bonjour Madeleine. Comment allez-vous ? » Ai-je dis, un sourire franc et sincère sur la commissure de mes lèvres. Je ne peux m'empêcher de la vouvoyer, car je la respecte profondément. Mais je l'embrasse cependant en guise de salutation, avant de pénétrer dans les lieux lorsqu'elle m'en autorise l'accès. Mes yeux se posent ensuite sur une silhouette qui m'était jusque là encore inconnue. Un homme, un peu plus petit que moi ; mais en vérité, c'est sûrement parce que je porte mes bottines à talon. Il a des grands yeux, d'un bleu profond, et des cheveux courts, châtains clairs. Je pense reconnaître instinctivement un air de famille entre Madeleine et l'homme qui se dresse devant moi. Le regard, et puis, peut-être certains traits du visage. C'est peut-être son petit-fils, elle m'en a déjà fait référence plusieurs fois. Et soudain, une pensée me traverse l'esprit ; Oh non. Elle ne peut pas m'avoir fait ce coup-là. Pas à moi, pas Madeleine. Elle aurait pas osé le coup du rencard arrangé tout de même ? Non, impossible. Je lui laisse le bénéfice du doute pour l'instant, et me contente d'offrir un sourire distingué à l'inconnu et une poignée de main en guise de bonnes manières. « Bonjour. Je ne crois pas qu'on se connaisse. Je suis Helga Lindholm. »
(✰) message posté Dim 4 Mar 2018 - 23:08 par Invité
La vieille dame de Brixton Street se réveilla avec l'aube de très bon pied. Elle se sentait aussi pimpante que faire se peut en cette journée grisonnante, car voyez-vous, ses plans se déroulaient mieux qu'elle aurait pu l'imaginer. Selon Madeleine, on reparlerait de cette journée comme d'un événement important. Qui sait, peut-être même cela serait fêter à chaque année, telle une date où l'on a fait un pas dans l'histoire ou que l'on a rencontrer le grand amour pour de bon...
Madeleine Brisard prit le temps de se préparer convenablement à recevoir la visite de son petit-fils Jack et de la charmante Helga, qui semblait toujours prête à partager des moments de sa vie avec l'octogénaire. Elle appréciait beaucoup Helga; elle lui rappelait un peu elle-même, plus jeune, mais avec tout ce qui faisait d'Helga son unicité. La dame appréciait à quel point elle était cultivée ainsi que son goût pour les arts. Et puis elle se disait que c'était bien dommage de voir une si belle femme accablée de tant de malheurs. Madeleine avait vue et vécue bien des hauts et des bas elle aussi et plus encore que d'avoir de la compassion envers Helga, elle avait quelques idées en tête de comment l'aider à prendre le tout petit élan qu'il lui manquait pour faire le deuil de son passé et reprendre un peu d'estime d'elle-même. La rencontre d'aujourd'hui était l'une de ces idées; il valait mieux prendre son temps et y aller une chose à la fois.
Songeant à tout cela, Madeleine arborait un léger sourire, heureuse, car de son point de vue il fallait aller de l'avant, et elle avait une entière confiance que cela allait s'arranger pour Helga (et pour Jack aussi par surcroît) et que des bonnes énergies les attendait. Elle s'offrit le temps de savourer un déjeuner respectable, comprenant beaucoup de fruits, du fromage frais et de « tous ces bons nutriments que les gens négligent et qui font qu'ils débutent leur journée sans rien pour leur tenir au corps ». Parfois, à l'entendre, elle était sûrement agaçante, mais force était de reconnaître qu'elle avait une mine en santé, du moins d'apparence. Avec cela et son english breakfast, elle s'offrit une viennoiserie qu'elle avait achetée à la boulangerie du quartier, pour changer. Car il faut malgré tout s'offrir des petits plaisirs de temps en temps! Parlant de « bons nutriments », Madeleine se mit à espérer que sa jeune amie avait suivie un ou deux de ses petits conseils. En additionnant çà et là des bonnes habitudes de vie, elle reprendrait le dessus sans peut-être même s'en rendre compte.
Et puis il y avait son petit-fils Jack, énuméra ensuite Madeleine alors qu'elle se demandait justement qu'elle pâtisserie lui préparer pour tantôt. Elle se doutait bien ▬ et espérait fort pour eux que ça se passe ainsi ▬ que ses invités ne resterait pas éternellement chez elle, aussi commença-t-elle par envisager un en-cas pour la rencontre. Car oui, la grand-mère avait bel et bien en tête d'arranger un « peu les choses » pour qu'ils puissent se rencontrer, eux qui devait absolument faire connaissance, c'était pourtant évident. Par contre, pour Jack, c'était une autre paire de manche... Il ne semblait pas avoir encore trouvé la voie qu'il lui fallait, peut-être par entêtement à prendre les mauvaises décisions ou parce qu'il n'avait pas trouver le filon à puiser, elle ne savait trop dire. Une chose était certaine, l'événement d'aujourd'hui ne pouvait que leur faire du bien aux trois.
Aussi, lorsqu'elle fut prête à les recevoir, elle commença quelques jeux de culture pour s'occuper. Des mots croisés, un peu de télévision sur la chaîne où l'on posait des questions de connaissances générale, quoiqu'elle ne fut pas très prompte à se servir de sa vieille télévision cathodique. Puisque son petit Jack allait surgir d'un instant à l'autre, elle maintenait les petits gâteaux au four à la température adéquate pendant qu'elle reposait son corps et exerçait son esprit. Comme de fait, alors qu'elle achevait une page de son cahier, Jack arriva en annonçant son arrivée, comme toujours, même si Madeleine lui avait déjà dit mille fois qu'il entrait quand il le voulait et qu'elle barrait rarement la porte quand elle attendait de la visite. Elle se leva et accueillit l'homme dans la trentaine, ravie que cet instant tant attendu se concrétise. Elle l'appela « son petit Jack » affectueusement, même s'il était plus grand qu'elle depuis longtemps, elle qui se tassait avec l'âge. Elle lui demanda comment il allait; ce qu'il se passait dans sa vie, ce genre de choses. Ils s'assirent confortablement dans la première salle en entrant chez Madeleine, une confortable pièce faisant office de salon où discuter, de réception pour prendre le thé ou parlant longuement quand on était las des autres pièces et que l'on voulait profiter du foyer. Comme il faisait gris et un peu frais aujourd'hui, de grosses bûches se consumaient lentement dans l'âtre, diffusant une chaleur faible mais qui pénétrait à travers les vêtements. Elle aimait particulièrement cette pièce où s'étalait sur les murs diverses photos de son passé. Comme ça, quand Jack ou d'autres étaient pressés, elle avait moins l'impression de les retenir puisque le vestibule était juste à côté. Elle n'était quand même pas dupe, Madeleine, elle se doutait bien que parfois les jeunes avaient d'autres choses à faire que d'écouter une vieille femme radoter.
Naturellement, aucun de ses deux invités n'était encore au courant du rencart qu'elle avait planifiée. À Helga, elle avait seulement exprimée son désir de discuter avec elle et de la recevoir, l'encourageant avec insistance à bien se présenter cette fois. Elle lui avait recommander au téléphone de se pouponner, pour une fois, en ajoutant : « Fait-le pour toi; tu verras, ça te fera plus de bien que tu le penses. » Elle était comme cela, Madeleine, du genre à prendre en main ceux qu'elle pensait qui avaient besoin de ses conseils, de la sagesse et de l'expérience de son âge et de ses nombreux voyages. À Jack, elle lui avait recommander sensiblement les mêmes conseils, mais peut-être avait-il certains doutes, puisqu'elle le harcelait de temps en temps sur sa situation de célibat. Contrairement à son habitude, elle ne lui offrit pas tout de suite thé et pâtisseries. C'était rare venant de Madeleine, mais bien sûr elle attendait que tous soit présents pour le service. Cependant, Helga frappa à la porte, après un temps qu'elle n'aurait su dire, absorbée qu'elle était à parler à Jack. Se levant, Madeleine enjoignit Jack de la suivre, lui qui se demanda qui cognait à la porte. Elle ouvrit la porte, toute excitée, devant une Helga resplendissante.
« Bonjour!», répondit Madeleine. « Je vais très bien merci, et toi? Tu es magnifique ma chère! Ça doit te faire du bien j'en suis sûre! » Ils se firent la bise, et si elle lui reprocha gentiment qu'elle n'avait plus besoin de la vouvoyer après tout ce temps passées ensembles, elle ajouta : « Mais entre, je t'en prit. Fais comme chez toi, allons; je vais accrocher ton manteau et viens te réchauffer un peu ma pauvre, il fait frais aujourd'hui. »
Et alors, puisque Jack l'avait rejoint à l'entrée, elle vit le visage d'Helga changer au fur et à mesure qu'elle semblait comprendre. Faisant comme si de rien était, Madeleine souligna cette arrivée en disant :
« Je suis contente de vous voir tous les deux. Faisons les présentations, voulez-vous? J'ai préparer du thé pour nous trois, on pourra discuter tranquillement dans le salon. Je crois que vous êtes... pleins de points en commun, c'est certain. »
Cela n'était pas ce qu'elle avait voulu exprimer au début, mais à bien y penser elle préférait les laisser parler d'eux-même et qu'il surgisse tout naturellement qu'ils étaient faits l'un pour l'autre. Elle se contenta donc de leur sourire, satisfaite.
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(✰) message posté Lun 12 Mar 2018 - 6:25 par Invité
Helga, Madeleine et Jack
Le rendez-vous arrangé
Avec toute les épreuves que Jack avait dû traverser dans les dernières années, il avait perdu des plumes et en avait gagné d'autres. Une personne qui avait toujours gardé un oeil sur lui quand les autres semblaient ne plus se soucier de lui et ses erreurs avait été sa grand-mère. Madeleine Brisard, celle pour qui il parlait encore français, plus encore même que sa mère. Alors que ses parents étaient aimants mais quelque peu distants, qu'ils faisaient leurs vies avec des demi sentiments, une demie joie de travailler, une demie joie d'être encore ensemble, sa grand-mère avait toujours eu le don de le toucher Jack par les choix qu'elle faisait, par le plaisir qu'elle avait à vivre d'entre tous les gens qu'il connaissait. Quand il avait connu la dépression, il avait pu compter sur elle aussi souvent qu'il en avait eu besoin pour simplement lui mettre un sourire au visage. Madeleine était contagieuse et donner de cet amour de la vie à ceux qui l'entourait ne lui coûtait rien en terme d'énergie, au contraire, chaque sourire qu'elle donnait la ressourcait. C'est ce qu'il aimait d'elle. Jamais il n'avait été une tâche pour sa grand-mère.
Sûrement qu'Helga serait d'accord avec lui. Même si elle n'était pas sa petite fille, elle partageait avec sa grand-mère un lien bien particulier, semblable à celui qu'il avait lui-même sans le savoir. En fait, sans le savoir jusqu'au jour où sa mamie préférée avait décidée de briser leur solitude à eux-deux sans les en aviser. Jack riait souvent juste à repenser à l'idée saugrenue de sa grand-mère. Et puis, il fallait dire que ça avait bien fonctionné.
Ce jour-là, Jack était arrivée chez elle comme si de rien était, ignorant que la suite des événements allait dépasser toute les attentes qu'il s'était fait concernant ce qui devait être une simple visite chez sa grand-mère. Ayant pris l'habitude de toujours arriver chez les gens “clean cut” par respect pour ceux qu'il allait voir, il n'avait pas fait d'exception et avait revêtit un vestion sport par dessus une chemise aux carreaux légers et clairs et un chino bleu foncé. Sa grand-mère avait insisté pour qu'il arrive bien mis, sûrement inviterait-elle un de ses cousins qu'il n'avait pas vu depuis longtemps, qui sait. C'était bien son genre, après tout. Il avait entendu dire par sa mère que Daniel était en ville après tout.
Il avait retiré ses chaussures en entrant, embrassé la joue de son aînée avant d'entrer et de prendre ses aises en lui conversant en français. L'accent de sa grand-mère jurait avec le siens tellement il était parfait : étant né à Londres, il n'avait pu éviter que l'anglais dans lequel il baignait quotidiennement ne déteigne sur son français, quoiqu'il le considère à part égale comme sa langue maternelle au même titre que l'anglais. Comme d'habitude, une sublime odeur reignait dans l'air : le foyer crépitait paisiblement et elle lui avait fait ses pâtisseries préférée, toutes faites de farine biologiques, de vrais fruits, de sucre de canne pur et de sirop d'agave, de beurre biologique, elle qui ne cessait de lui dire qu'il mangeait si mal. Elle lui disait sans cesse que ses pâtisseries, bien que grasses, était en quelque sorte bien meilleure pour la santé que toute son alimentation comme elles ne contenaient aucun produits chimiques, ce qui était vrai. Jack ne se plaignait jamais de cela et considérait que sa grand-mère détenait en effet la vérité à ce sujet. Selon elle, les pâtisseries biologiques maison n'étaient certainement coupable d'aucun cas d'obésité en Angleterre, tout le reste autour si. Il n'avait rien à y ajouter. C'est pourquoi comme à toute les fois qu'il allait visiter sa grand-mère, une pâtisserie attendait celle qu'il mangeait d'abord sans qu'aucune culpabilité ne soit au rendez-vous. En parlant de rendez-vous...
Quand il remarqua que sa grand-mère n'emmena pas immédiatement le thé et les pâtisseries, il assuma que ses attentes étaient donc fondées : Daniel viendrait, sans doute. Il adorait son cousin malgré la distance qui les séparait. Dans les dernières années, chacun avaient été pris à leur façon, l'un par ses cours et son piano, l'autre par un immense projet de développement immobilier en Belgique. Ils s'étaient échangés quelques mots durant, sans plus. Le temps avait fini par avoir raison d'eux. Une certaine nostalgie envahit Jack quand il repensa à ses fous rires avec Daniel : ce qu'ils lui manquaient.
Il se sentiat bien seul en dehors des visites qu'il payait à leur grand-mère, à vrai dire. Il voyait rarement son fils, sortait rarement de chez lui autrement que pour aller au travail... un peu de son “partner in crime” lui ferait le plus grand bien.
À partir de ce temps-là, quand Madeleine lui montra les signes de quelqu'un qui attend une personne supplémentaire, Jack ne pu s'empêcher de ressentir une certaine excitation. Il était prêt à sauter vers la porte pour accueillir le cousin, sa main était prête à se tendre à la sienne et à taper son épaule chaleureusement. Le temps lui sembla plus long, la hâte s'y mêlant.
Quand enfin la cloche retentit, signifiant la visite d'une autre personne, Jack prit la peine de se lever. Sa grand-mère alla tout de suite accueillir la personne et il pu les entendre parler.
La voix qu'entendit le londonnien n'était non pas celle de son cousin, mais bien celle d'une femme.
Jack figea sur place. Le souffle sembla lui manquer quelques courtes secondes, puis il en reprit le contrôle une fois le bug passé. Tout cela était bien réel, lui qui avait été tellement focusé sur la hâte de peut-être revoir Daniel avait oublié tous ces commentaires qu'elle ne cessait de lui passer sur son célibat. Alors que tout était si évident, lui n'avait rien pigé et s'était lancé la tête baissée dans un rencard surprise organisé par... sa grand-mère? Semblerait-il qu'elle avait décidé de prendre le taureau par les cornes en lui présentant une femme. C'était logique, en fait, même s'il s'en trouvait ô combien mal à l'aise. Saurait-il de quoi parler? Oh, tiens, il était nerveux.
Il vit celle que sa grand-mère avait invitée quand elles sortirent du portique. Elle était grande, élégante... il ne pouvait nier qu'elle avait belle apparence. Oui, elle était jolie.
Jamais de sa vie il ne se serait imaginé se tenir là, devant une femme que lui présentait sa grand-mère. Le malaise était palpable autour de lui, le rouge monta à ses joues. Poli, quand elle fit les premiers pas en sa direction, il sourit et prit la main tendue devant lui.
“Enchanté , je suis le petit fils de Madeleine, Jack Thatcher. ” répondit-il poliement en constatant l'aplomb de la poignée de main de celle qu'il savait maintenant s'appeller Helga.
Sa grand-mère réapparut et il l'entendit parler avec cette joyeuse légèreté qu'il lui connaissait.
« Je suis contente de vous voir tous les deux. Faisons les présentations, voulez-vous? J'ai préparer du thé pour nous trois, on pourra discuter tranquillement dans le salon. Je crois que vous êtes... pleins de points en commun, c'est certain. » dit-elle avec un sourire satisfait.
Jack sentit le malaise monter en lui. Son aînée venait directement de mettre l'ambiance, d'énoncer tout haut qu'elle avait intentionnellement organisé un rencard entre eux. Il n'avait jamais demandé à être présenté à une femme, le célibat lui plaisait depuis des années. Puis Helga... elle était jolie, mais elle restait avant tout la bonne amie de sa grand-mère. Ce n'était pas vraiment le genre de situation qui donne envie de flirter avec qui que ce soit.
Gêné, se sachant rouge comme un homard, il avait remis ses mains dans les poches de son chino et hocha la tête de haut en bas. Ses yeux s'aventurèrent dans ceux également bleus d'Helga, un sourire mal à l'aise aux lèvres, malgré ses efforts pour essayer d'avoir l'air naturel et distingué comme il avait l'habitude d'être.
“Vous... tu, on passe au salon? Tu, enfin... tu connais l'endroit, je présume et comment ma grand-mère aime recevoir les gens. Permet-moi de t'inviter à t'installer confortablement, elle nous en voudrait de ne pas prendre nos aises. Je viens avec toi, elle m'en voudrait également d'essayer de servir le thé à sa place.” dit-il poliement à l'adresse d'Helga le plus légèrement possible, tentant une pointe d'humour à son adresse, lui désignant la pièce où leur hôte aimait recevoir les gens qu'elle aimait.
Il lui laissa la meilleure place qu'elle connaissait déjà, celle près du feu afin qu'elle se réchauffe et prit celle à l'opposé. Il serait à égale distance de sa grand-mère et d'Helga quand celle-ci reviendrait avec le thé et les pâtisseries, elle serait donc fière de sa galanterie envers son amie.
Son amie... L'amie de sa grand-mère.
Autant était-elle environ de son âge, autant parraissait-elle bien, mais le contexte rendait cette rencontre bien étrange et surtout un poil malaisante aux yeux de Jack qui à présent ne savait quoi ajouter.