J'étais assise sur le canapé du salon. Ma mère, de la cuisine, me regardait avec ténacité. Dans ses mains, des factures... Sûrement pour mes traitements. Mais je n'y prêtais pas attention. J'étais trop occupée à jouer aux jeux vidéos. Je faisais cela pour passer le temps entre deux révisions. Je savais pertinemment que je devrais plutôt faire celles-ci, mais je n'en ai pas la moindre envie. Le fait est que j'étais frustrée ces temps-ci. Il était bien plus facile de faire la passe à des zombies ou tuer des dragons que de lire mes manuels. Ma mère se leva quelques instants plus tard venant se planter directement devant moi. Je lui jetai un vif regard avant de mettre mon jeu en pause. J'aimais beaucoup ma mère. Nous avions une bonne relation, mais je détestais lorsqu'elle faisait ça, se mettre devant moi sans prévenir quand elle savait très bien que j'étais en plein dans mon jeu. « Tu te souviens que l'infirmier, Monsieur Archibald doit venir aujourd'hui! Il faudrait que tu sois présentable! » me dit ma mère. J'avais complètement oublié sa visite à lui! Mais bon, je ne voyais pas ce qu'elle voulait dire par présentable. J'avais pris ma douche le matin même... Ah oui, peut-être le pyjama? Mais dans les hôpitaux, c'était pire, non? Les gens étaient en jaquette après tout, le derrière à l'air! Moi, on ne voyait rien du tout... Je soupirai, fermant la console. Je me levai et allai dans ma chambre, Gertrude sur les talons. Je ressortis de la pièce quelques minutes plus tard, vêtue d'un jeans et d'un t-shirt rouge vin. « C'est mieux comme cela? » demandais-je à ma mère. Cette dernière me sourit. « Je dois aller à l'épicerie et au café.... J'en ai pour quelques heures... Ça va aller? » me demanda-t-elle. Ma mère essayait toujours de ne pas montrer son inquiétude, mais c'était toujours plus fort qu'elle. Je le voyais dans ses traits constamment tirés et la lueur de tristesse dans son regard lorsqu'elle posait les yeux sur moi. Elle m'aimait plus que tout au monde. Et elle avait peur de me perdre à chaque instants. Mais elle tentait de cacher tout cela parce qu'elle savait très bien ce que ça me faisait. Je détestais qu'on me prenne en pitié. Alors elle ne disait aucun mot qui faisait en sorte qu'on croit qu'elle s'inquiète pour moi.
« Ça va aller maman, comme toujours. Alfie ne va pas me manger! » ajoutais-je après qu'elle m'ait donné un baiser sur le front. « Ne l'appelle pas par son prénom! C'est impoli! » me dit-elle. J'haussai les épaules. « Bonne journée! » lui dis-je avec un sourire. « Je t'aime! » ajoutais-je. Elle me sourit et me dit la même chose. Et voilà, elle était désormais partie. Me restait plus qu'à attendre l'infirmier. Il ne devrait pas tarder d'ailleurs. Il devait être là vers 14 heures cette après-midi.