(✰) message posté Mar 17 Fév 2015 - 23:21 par Invité
Beaucoup de choses, et beaucoup de personnes avaient le don d’agacer Rhys. Il n’y avait pas besoin de faire partie de son entourage proche pour l’avoir remarqué, il suffisait que quelqu’un aille à l’encontre de son avis pour qu’il se lance sans hésitation dans un débat musclé - qui pouvait d’ailleurs parfois dégénérer, à son plus grand damn. Sam Oswald-Bower en était le parfait exemple, si ce n’est le meilleur. Le journaliste avait beau avoir pas mal de personnes sur sa black-list, la brunette faisait assurément partie de cette fameuse liste, et ce depuis pas mal de temps. Trop de temps, peut être. Au fond, Rhys savait que d’un point de vue extérieur, tout ce cirque semblait ridicule. S’ils se détestaient autant que cela, ils auraient pu simplement s’ignorer et prétendre ne pas se connaître, mais il fallait croire qu’il leur était impossible de s’abandonner à la solution de facilité. Ils se contemplaient dans cette dynamique destructrice, dans cet inlassable échange où le but était de voir qui des deux allait tomber le premier sous les répliques cinglantes de l’autre. Fais comme tu veux, eut-il envie de rétorquer avant de réaliser qu’il faisait ainsi preuve d’une piètre répartie (et qu’éventuellement, il n’avait plus cinq ans). Il n’avait plus rien à répondre, autant laisser le silence s’en charger à sa place. C’était difficile de ne pas la contredire, juste pour le plaisir personnel d’avoir le dernier mot. Il devait sûrement passer pour un cinglé, mais laisser Sam sur cette riposte le faisait grincer des dents, comme un goût amer de défaite qui lui remontait dans le palais. Alors, préférant se cacher derrière un sourire en coin à mi chemin entre le sarcasme et l’amusement, Rhys ricocha aussitôt, se délectant d’avance de la réaction que Sam aurait. « J’en sais rien, je crois que dans le milieu du journalisme, on a un peu moins recours à ce genre de méthode. Ou alors je dois être quelqu’un de trop bien pour m’en apercevoir. » Allez hop, un auto-compliment pour ses confrères et pour lui-même au passage, c’était cadeau. « Cela dit, tu peux passer sous le mien quand tu veux. » ajouta-t-il, sans l’épargner d’un regard appuyé charmeur. Il savait parfaitement que ça n’allait absolument pas marcher chez Sam et que tout ce qu’il récolterait ne serait qu’une insulte ou quelque chose qui y ressemblerait de près, cependant, la tentation de voir son visage s’empourprer – que ce soit de colère ou de gêne – était bien trop grande. Rhys savait que faire ce genre d’allusions l’irritait. Il avait remarqué un côté féministe poussé chez la jeune femme (rien que le fait qu’elle soit flic et qu’elle fasse de la boxe le traduisait), et la titiller sur cette corde faisait partie des armes qu’il avait à sa disposition pour l’importuner. Ceci dit, en règle générale, il lui suffisait de se montrer au naturel pour qu’elle lève les yeux au ciel et soupire d’agacement, mais il fallait quand même varier de temps en temps ses techniques d’attaques. L’ambiance changea du tout au tout lorsque Sam se confia. Si c’était ce qu’il avait au début cherché, à bien y réfléchir, Rhys se demandait finalement s’il n’aurait pas mieux fait de la fermer et de la laisser seule dans ses tourments. Contrairement à ce que la brunette pouvait croire, il n’était pas foncièrement égoïste. Bon, d’accord, on ne pouvait pas nier qu’il était assez mégalomane sur les bords et que souvent, il pensait à son intérêt avant celui des autres. Mais ça ne voulait pas dire qu’il ne faisait rien pour ses proches, ou qu’il ne s’en préoccupait pas, bien au contraire. Et à sa grande surprise, Rhys prenait conscience qu’il se souciait de Sam. Peut être un peu plus que ce qu’il n’aurait voulu. Un peu plus que ce qu’il n’aurait dû. Il déglutit à l’entente de ses mots, ne sachant comment répondre. Il aurait voulu s’opposer à elle, lui dire que non, elle était forte car malgré ce qu’elle avait l’air d’endurer, elle était toujours debout. Mais le brunet comprit qu’aucun de ses mots ne pourraient lui remonter le moral, parce qu’il parlait sans savoir réellement ce que c’était. Et aussi parce que venant de sa bouche à lui, ça pouvait sonner faux. C’était tellement compliqué. Il ressentit un pincement au cœur en voyant que Sam tentait de détendre l’atmosphère alors que tout laissait à penser qu’au fond, elle n’en avait pas envie. Elle avait l’air tellement fragile, comme cela. Elle était à mille lieux de la froide et inaccessible Sam que le journaliste avait l’habitude de charrier. Elle était simplement… différente. A choisir, il ne savait pas laquelle des deux il préférait, m’enfin là n’était pas la question. Rhys se sentait idiot. Il avait l’impression d’être à la place d’un témoin d’un accident, le genre de témoin tellement chamboulé qu’il en devient inapte à secourir la personne en danger. Sauf que dans cette situation, il n’était pas chamboulé. Il se sentait juste impuissant. Après quelques secondes qui parurent certainement durer une éternité, le brunet décida de rompre le silence, relevant ses pupilles vers la jeune femme. « Hey, Sam, regarde-moi. » Elle ne s’exécuta pas, ou bien ne l’avait pas entendu, alors il n’eut pas d’autre choix que de s’approcher légèrement, s’accroupissant de sorte à être à sa hauteur. Sa voix, plus ferme qu’il n’aurait pensé, traduisait l’espèce d’adrénaline et de détermination qui l’avait animé en quelques instants. Se surprenant lui-même de son geste, il mit une bonne soixantaine de secondes avant de se rappeler de ce qu’il avait voulu lui dire. « Arrête de t’en prendre comme ça à toi-même. Ce n’est pas de ta faute. T’as pas à t’en vouloir, ni à te sous-estimer de la sorte. » Ce n’était de la faute de personne. C’était de la faute de la maladie, de ce fléau qui venait lui et lui-seul grignoter la vie des gens, mais ce n’était en aucun cas la faute de Sam. Elle ne devait pas porter ce fardeau. Rhys n’était pas certain qu’il employait la bonne méthode pour se sortir de cette atmosphère pesante dans laquelle ils étaient empiétés à cause de lui, mais au moins, il avait tenté. Ce n’est qu’à ce moment qu’il se rendit compte de la distance relativement courte qui liait leurs deux visages. En vérité, ce n’était pas dramatique et rien n’aurait pu laisser penser qu’ils allaient s’embrasser ou quoi, non. C’était surtout le fait que pour deux personnes qui avaient toujours évité le contact physique de l’autre – l’une des innombrables barrières qu’ils laissaient inconsciemment se dresser –, il y avait eu de grands progrès. Entre le coup du poignet et là… Un petit pas pour eux, mais un grand pas pour l’humanité (ou quelque chose du genre). « Ta sœur pense sûrement la même chose que moi. Ce n’est pas de ta faute. Tu n’es pas un super-héros. Tu n’as pas à sauver le monde entier. » Rhys espérait sincèrement que la sœur en question lui ressemble sur quelques points et partage effectivement ces paroles de grand sage ; le cas échéant, il perdait toute crédibilité. Après tout, il parlait au nom de quelqu’un qu’il ne connaissait même pas (du moins, qu’il ne pensait pas connaître). Même si se lancer dans des discours un tant soit peu philosophique ou sentimental n’avait jamais été son fort, il pensait vraiment chaque mot qui franchissait la barrière de ses lèvres. « T’en fais déjà assez. Alex doit être fière de toi. » Lui souriant légèrement, le brun en profita pour finalement se décaler et s’asseoir près d’elle, encore gêné par leur proximité. En temps normal, ça ne le dérangeait pas le moins du monde de se retrouver proche d’une fille, mais ici, c’était Sam Oswald-Bower. La première à le traiter de pauvre con dès qu’il mettait les pieds au club de boxe. « Et puis pour une fois que je te fais un compliment, tu pourrais simplement l’accepter au lieu de me contredire. Je déteste quand tu fais ça. » souligna-t-il dans une plainte presque trop adorable pour que la jeune femme ne riposte à son tour. C’est vrai quoi, il avait remballé sa fierté pour admettre qu’il lui reconnaissait une qualité que lui-même admirait beaucoup et voilà qu’elle le refusait. Renfilant sa casquette habituelle de mec taquin, Rhys lui donna un coup d’épaule, un fin sourire mutin au bout des lèvres.
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(✰) message posté Mer 4 Mar 2015 - 0:15 par Invité
. READY FOR THE WORST BEFORE THE DAMAGE WAS DONE . Samantha n'avait jamais été le genre de personne à avoir un cercle d'amis bien rempli. Elle en avait certes quelques uns, tandis que d'autres lui avaient filé d'entre ses doigts. La brunette n'était simplement pas doué pour les relations humaines. Elle n'avait jamais su, n'avait jamais appris. Son enfance l'avait guidé vers une solitude qui ne lui déplaisait pas. Ainsi seule, elle ne risquait pas la souffrance. Il était plus simple de n'avoir personne, c'était bien plus facile. Et c'était ce qu'elle avait recherché toute sa vie ; la simplicité, la quiétude, cette idée de bonheur dont elle ne pouvait pas donner la définition. En restant en retrait, la jeune femme pensait échapper au mal qui dévorait la plupart des hommes. Seulement, une personne avait réussi à franchir les remparts qui encerclaient son coeur. Alexandra était son point faible, son talon d'Achille. Rien d'autre ne comptait, elle s'était faite la promesse. Elle s'était promis de faire le maximum, de la sauver, de réussir. Elle avait donné un rein, elle avait échoué. Toute sa relation avec Alexandra, depuis leur enfance, tout n'avait été qu'un échec monumental. Elle avait voulu en faire trop, l'avait surprotégé, étouffée, et elle le payait aujourd'hui. Elle était assez lucide pour savoir que la maladie de sa soeur n'avait rien à voir leur enfance solitaire, mais une part d'elle ne pouvait s'empêcher de se blâmer pour tout ce qui était arrivé. Après tout, c'était elle la responsable, c'était elle la chef de famille. Une petite famille, deux membres, et elle avait quand même échoué. Elle avait été absente au moment où Lexie avait le plus besoin d'elle, elle l'avait laissé tomber comme l'avait fait leur père et mère avant cela. Quel exemple pitoyable elle faisait. Un exemple malgré tout. Et elle espérait que sa soeur ne le suivrait jamais. Elle voulait autre chose pour elle, mieux, bien mieux. Elle méritait mieux. « J’en sais rien, je crois que dans le milieu du journalisme, on a un peu moins recours à ce genre de méthode. Ou alors je dois être quelqu’un de trop bien pour m’en apercevoir. » Elle faillit s'étrangler et ne manqua pas de faire mine en entendant les dernières paroles de Rhys. Quelqu'un de trop bien ? La bonne blague. Il n'avait rien perdu de sa self-estime, c'était déjà ça. Elle ne savait pas sous quel bureau il était passé pour s'aimer autant, et elle s'en fichait, à vrai dire. « Cela dit, tu peux passer sous le mien quand tu veux. » C'était un fait, dès que la discussion virait à 'ce genre de choses', Sam ne savait plus où se mettre - partout sauf dans le lit de Rhys. Alors sa meilleure arme était son joli regard méprisant au possible, qui tranchait sec avec le rosé de ses joues. Il pouvait le remarquer ou non, il pouvait le lui rappeler le reste de ses jours, mais elle n'avait pas trouvé mieux sur le moment. Elle aurait aussi pu lui réserver le même sort qu'avait subit le sac de sable, mais elle gardait ça pour une prochaine fois. « Encore une fois, seulement dans tes rêves. » Elle s’écartait avant de le rejoindre au sol où les cordes venait irriter le haut de son dos nu. Une chose incroyable se produisait ; ils parlaient. Il n’y avait ni piques, ni remarque déplacée. Elle ne savait pas ce qui l’avait poussé à se confier, mais à cet instant, ça ne lui semblait pas être mal. Il avait demandé, elle ne faisait que répondre. Autrefois, elle l’aurait envoyé balader, mais elle n’avait pas envie de se battre. Ou peut-être qu’elle ne voulait pas reconnaitre que parler lui faisait du bien. Il était difficile de tout garder pour soi, et c’était exactement ce que Sam s’évertuait à faire depuis des années. Elle ne savait pas si Rhys était une oreille attentive, elle ne lui demandait pas de l’être, ça lui faisait simplement du bien d’évacuer ces mots. « Hey, Sam, regarde-moi. » Ses prunelles étaient fixées sur un point invisible du sol, de sorte que Rhys ne puisse les voir. Elle ne voulait pas lire dans ses yeux ce qu’elle lisait le plus souvent dans ceux des gens. Elle n’en avait pas besoin pour continuer. Pourtant il insista, et elle vit une ombre se rapprocher d’elle jusqu’à être à une proximité qui n’existait pas auparavant entre eux. Déroutée par cette soudaine proximité, ses yeux se posaient finalement dans les siens qui étaient remplis d’une persuasion qu’elle ne lui connaissait pas. « Arrête de t’en prendre comme ça à toi-même. Ce n’est pas de ta faute. T’as pas à t’en vouloir, ni à te sous-estimer de la sorte. » Elle aurait aimé le croire, mais quelque chose la retenait et l’empêchait de se détacher de sa culpabilité. L’amour qu’elle portait à sa soeur l’obligeait à se sentir responsable. Ses lèvres s’entrouvrirent avant de se refermer. C’était bête, il ne comprendrait pas. Il voulait bien faire, et pour ça elle lui devait bien d’appuyer ses propos. « Tu as probablement raison. » Elle n’en pensait pas un mot, trop entêtée pour voir que tout ça n’avait été qu’un jeu de hasard. Elle lui offrit un fin sourire avant de se rendre compte du malaise qui régnait entre eux. Il était vrai que cette proximité était inhabituelle, mais malgré sa gêne, ça ne la dérangeait pas. Disons qu’elle n’avait pas encore ressenti l’envie de le frapper. « Ta sœur pense sûrement la même chose que moi. Ce n’est pas de ta faute. Tu n’es pas un super-héros. Tu n’as pas à sauver le monde entier. » Une étincelle traversa ses yeux bleus alors qu’elle repensait aux innombrables disputes qu’elle et son oncle avait eu à ce sujet. Elle n’avait pas sauver le monde entier. Rhys avait repris les mots exacts, ceux qu’elle n’arrivait pas à accepter. Beaucoup pensaient que c’était ce qu’elle désirait, mais au fond elle ne voulait en sauver qu’une. Et peut-être qu’ensuite, elle prendrait le temps de se sauver elle-même. « T’en fais déjà assez. Alex doit être fière de toi. » Elle le regardait sans le voir. Ses paroles l’étonnait, car au fond, il ne la connaissait pas. Il ne savait rien de son histoire, de ce qu’elle faisait ou non pour sa soeur. Mais il était persuadé qu’elle en faisait beaucoup, qu’elle en faisait même assez. C’était assez gratifiant, en un sens. Elle n’était pas si terrible que ça à ses yeux finalement. Il sourit avant de se décaler pour venir s’asseoir à ses côtés. Cette nouvelle proximité était étrange, comme si ce n’était pas normal, comme ils défiaient un ordre établi depuis bien longtemps. Elle s’apprêtait à le contredire, juste histoire de, avant que ça ne devienne trop bizarre, mais se ravisa lorsqu’il reprit. « Et puis pour une fois que je te fais un compliment, tu pourrais simplement l’accepter au lieu de me contredire. Je déteste quand tu fais ça. » Elle étouffa les mots qu’elle s’apprêtait à dire et tenta de camoufler un fin sourire qui naissait sur ses lèvres. Rhys Carstairs passait aux aveux. Elle avait du mal à croire que c’était le même homme qui était entré quelques temps auparavant dans cette salle en critiquant chacun de ses gestes. Il lui donna un coup d’épaule qu’elle n’attendait pas et un instant elle le regarda avec des yeux ronds, avant de sourire à son tour. « Rhys Jace Carstairs, si je ne vous connaissais pas autant je penserais que vous tentez un rapprochement ! » Elle brisait un bon moment, mais c’était dans sa nature, elle n’était pas parfaite, et ne réagissait pas toujours comme chacun l’attendait. Elle lui rend finalement son coup d’épaule accompagné d’un regard malicieux avant de laisser sa tête se poser sur une des cordes. Elle laissa un soupire s’échapper de ses lèvres alors que le silence régnait de nouveau. Elle le brisa finalement. « Je déteste tes sourcils, genre, vraiment. Ne me demande pas pourquoi, ça a le don de me mettre en rogne à chaque fois que je te vois. La prochaine fois j’embarque la pince à épiler. » Il s’apprêtait à répondre mais elle le doubla en levant un doigt face à elle d’un air de réprimande. « Si je dois faire des concessions, ça vaut pour toi aussi. » Elle lui offrit un regard qui n'appelait aucune contestation, mais elle n'était pas certaine qu'il soit réceptif à ce genre de regard réprobateur.