« Carstairs, j’espère que tu m’as remis le dossier que je t’avais demandé. » croassa-t-elle d’une voix traînante. Même sans la voir, Rhys pouvait entendre sa langue claquer contre son palais. Lentement, il pivota sur sa chaise, de sorte à être face à elle afin de distinguer les traits d’une satisfaction malsaine qui s’était emparée du visage de sa patronne. « Quel dossier ? » demanda-t-il simplement, faisant tournoyer un stylo entre ses doigts avec un naturel terriblement déconcertant, compte tenu de la situation. Rhys avait l’habitude des joutes verbales avec sa patronne. Au bout de presque un an de travail sous sa tutelle, il avait compris qu’elle était juste comme ça, c’est-à-dire imbuvable. Plusieurs fois, il l’avait soupçonnée de vivre toute seule, entourée d’une dizaine d’animaux avant de se rendre compte avec stupéfaction qu’elle était mariée. Mais enfin, qui était le malheureux élu ? Avait-il était forcé ? La mine de la femme se fendit d’un sourire encore plus large à l’entente de la réponse de Rhys. S’approchant de quelques centimètres, elle tendit son bras et lui lança un dossier d’une trentaine de pages sur les genoux avant de tourner les talons, sans lui accorder un seul regard. « Celui-là. Je le veux demain matin à huit heures sur mon bureau. » Le brunet serra les dents lorsqu’il se rendit compte de l’épaisseur du document qu’elle venait de lui remettre. What a bitch. Grognant encore, il attrapa sa veste et éteignit la lumière, quittant alors les locaux de son lieu de travail alors que la nuit avait déjà englobé le ciel de la capitale britannique. Un bref coup d’œil autour de lui suffit pour qu’il remarque qu’il n’avait cessé de pleuvoir des cordes toute la journée, détail qui n’avait aucune importance aux yeux de Rhys, décidé à profiter un peu de sa soirée pour sortir un peu. Il était dix-neuf heures, l’horaire parfait pour aller faire un tour et taper – ou plutôt, essayer de taper – dans un punching-ball. Il le sentait, il avait besoin de décompresser, de se défouler. Une quinzaine de minutes plus tard et le voilà qui poussait la porte du fitness first, se dirigeant automatiquement vers l’endroit réservé au club de boxe. Il s’attendait à se retrouver seul mais des bruits sourds attirèrent son attention ; qui à part lui venait ici à cette heure-ci ? La réponse ne mit pas longtemps avant de paraître claire. Sam Oswald-Bower. Sa masse capillaire brune virevoltait au gré de ses coups tandis que ses mains frappaient contre un sac de sable avec force. Surpris de la voir ici, Rhys se cala contre un mur et la toisa, analysant le moindre de ses gestes jusqu’à ce qu’elle le remarque enfin et qu’elle s’arrête, visiblement stupéfaite de le trouver là. Un sourire narquois au bout des lèvres, le jeune homme s’avança de quelques mètres. « Tu avais l’air tellement concentrée dans la torture de ce pauvre sac que je n’ai pas osé te déranger. » commenta-t-il d’un ton sarcastique, s’amusant ouvertement de la réaction de l’intéressée. Il sentait que depuis quelques semaines, leurs rapports s’étaient détendus, ils n’étaient plus dans l’agressivité permanente et semblaient plus enclins à… devenir amis ? Non, ce n’était pas le bon mot. En fait, Rhys était incapable de mettre des mots sur sa relation avec Sam, ou même d’avoir un avis dessus. « Si j’avais encore l’usage complet de mon bras, je t’aurais mise à terre en deux temps-trois mouvements. Tu tapes comme une fillette, Oswald. » ajouta-t-il en lui donnant un coup dans l’épaule pour la faire légèrement vaciller. Sam le savait, il la taquinait, ni plus ni moins. A défaut de ne plus se disputer avec elle comme un chiffonnier, il l’embêtait, c’était déjà un bon début, non ? « Allez, tu peux sourire maintenant, je sais que tu attendais désespérément que je fasse mon apparition pour illuminer ta journée. Tu ne peux plus te passer de moi. » Illustrant ses paroles, Rhys leva les yeux au ciel d’un air lassé à la manière d’une rock star qui en avait marre d’être entouré par pleins de groupies.
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(✰) message posté Dim 16 Nov 2014 - 12:41 par Invité
ready for the worst before the damage was done.
'i told him a story of two people. two people who shouldn’t have met, and who didn’t like each other much when they did, but who found they were the only two people in the world who could possibly have understood each other.'
me before you ; sam oswald-bower + rhys carstairs.
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Elle avait eu envie de tout casser. Tout envoyer balader, ses espoirs, ses peurs. Elle avait été bête d'y croire. Elle avait cru pouvoir s'en tirer. Elle avait cru que l'espoir lui tiendrait la main un petit bout de chemin, que la vie serait clémente, pour une fois. Elle avait été bête. L'ambulance avait mis un temps fou à arriver, et pendant qu'elle tenait le corps secoué de spasmes de sa soeur, tout l'espoir que Sam s'était forcée à garder s'était évaporé. Elle avait pensé qu'après avoir tant perdu ces derniers mois, elle aurait un instant de répit, rien qu'un instant. Mais la vie n'avait pas de répit, et celle de Lexie ne tenait qu'à un fil. Elle l'avait appelé, lui avait demandé de rester avec elle, de tenir bon, de s'accrocher encore un peu à ce qu'elles avaient. Un médecin avait posé ses mains sur les épaules frêles de la brunette alors que deux autres entreprenaient de soulever le corps d'Alexandra. Elle suivait les instructions, les regardait faire. Ils posaient un masque sur son visage, et voulurent même lui en donner un pour la calmer. D'un geste vague elle avait ignoré l'offre et avait suivi le brancard jusqu'à l'ambulance, sans lâcher la main de sa soeur une seconde. Elle était sa dernière ancre, son dernier souffle. Et elle allait encore si bien une heure plus tôt. C'était là toute la perversité de la maladie. Elle frappait au moment où personne ne peut l'attendre. Et elle frappait sans répit. S'en suivi tout une matinée à faire les cent pas dans la salle d'attente, ne comprenait pas grand chose au charabia des médecins. Elle n'allait pas bien, les dialyses ne suffisaient plus, il fallait plus, plus, plus. Il lui fallait ce que Sam n'avait pas pu lui donner. La cicatrice bafouant son ventre la brûlait alors qu'elle prenait sa tête entre ses mains. La nausée la prenait alors que des bribes de phrases parvenaient à ses oreilles. 'Besoin d'un rein de toute urgence', 'plus de temps', 'coma artificiel'… Le médecin la somma de rentrer, qu'elle ne servait à rien ici, qu'il n'était pas possible de la voir pour le moment. Après quelques insultes et une après-midi à menacer tout l'hôpital, elle finit par attraper sa veste et foncer vers la sortie. Elle sentait ses membres tremblés, ses jambes retenant à peine le poids de son corps. La colère se lisait dans ses traits tirés alors qu'elle s'enfonçait dans le métro londonien pour rejoindre le seul endroit qui lui paraissait digne d'aider à calmer sa fureur. Cela faisait des années que la boxe l'aidait à extérioriser. Elle tapait dans le sac de sable comme elle aimerait taper sur tous les problèmes qui lui tombaient sur la tête. Elle poussa les portes, salua d'un geste le gardien avant d'ouvrir son casier pour enfiler son short et son débardeur. Elle attrapait ses gants, même si elle était sûre de pouvoir frapper sans tant ses poings étaient contractés, et elle filait vers son sac habituel. L'endroit était désert, alors elle ne se gêna pas. Elle répétait le même schéma : un coup pour sa mère, un autre pour son père, un pour les dettes, un pour la maladie, un pour l'amour, un pour la haine. Elle frappait sans s'arrêter, sentant son échine se décontracter au fur et à mesure. Le souffle court, elle finit par sentir une gêne derrière son épaule et se retourna pour constater qu'elle n'était décidément plus seule. Elle distingua les traits familiers de Rhys, qui la fixait de l'autre bout de la salle. « Tu avais l’air tellement concentrée dans la torture de ce pauvre sac que je n’ai pas osé te déranger. » Il se rapprocha tandis que son attitude suffisante ne faisait que raviver l'agacement de la jeune femme. Ils n'étaient plus ce qu'ils avaient été, ils n'en étaient plus à vouloir engager une guerre, mais leur relation était loin d'être pacifique. « Tu pourrais prendre sa place, je suis sûre que je serais d’autant plus motivée à frapper fort. » Elle retira ses gants avant de se diriger vers le banc voisin et d’attraper sa bouteille d’eau pour réhydrater son corps. Elle retirait d’un revers de main l’eau qu’il restait aux coins de ses lèvres avant de reporter son attention sur Rhys. « Si j’avais encore l’usage complet de mon bras, je t’aurais mise à terre en deux temps-trois mouvements. Tu tapes comme une fillette, Oswald. » Le terme fillette lui hérissa l’échine alors qu’il venait lui donner un coup dans l’épaule qui la fit à peine vaciller. Rhys Carstairs avait l’art de faire traverser à Samantha toutes les émotions connues du monde. L’agacement, la haine, l’amusement, la colère, la paix. Ils n’étaient pas amis, ni ennemis. Ils étaient, mais la définition même restait intouchable. « Oui mais tu n’as pas l’usage de ton bras alors… C’est toi qui finirait par terre. » Elle lui offrit un sourire teintée de sarcasme tout en retournant à son sac, ne sachant pas si la présence du jeune homme la rassurait ou l’énervait au plus haut point. « Allez, tu peux sourire maintenant, je sais que tu attendais désespérément que je fasse mon apparition pour illuminer ta journée. Tu ne peux plus te passer de moi. » Face à ses manières de star pour adolescentes abonnée aux appareils dentaires et à l’eau précieuse, Sam lâcha un râle agacé tout en levant les yeux au ciel. « Crois-moi Carstairs, tu es bien la dernière personne sur cette planète à illuminer mes journées. » Elle se détournait de lui pour taper quelques coups dans le sac de sable avant de laisser retomber ses poings le long de son corps et de tourner les talons pour s’approcher de lui, un sourcil intéressé levé. « Mais rends-toi utile, épargne-moi tes airs de starlette et installe moi le sac de 20 kilos. » Elle pouvait bien accrocher elle-même le sac d’un poids supérieur, mais autant utiliser Rhys à bon escient. Au fond, sa présence n’était pas si dérangeante. Mais au fond, si profond qu’elle ne pouvait le deviner.
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(✰) message posté Lun 17 Nov 2014 - 23:18 par Invité
A mille lieues de se vexer à l’entente de sa remarque, Rhys se contenta de lâcher un ricanement. Comme toujours, il arborait un air espiègle sur le visage, cet air qui pouvait le montrer sous une facette adorable tout comme insupportable, c’était au choix. Sam, il pensait l’avoir cernée un minimum, depuis le temps qu’ils se connaissaient. Jamais il ne s’était attendu à un autre type de réponse venant de sa part, ils s’étaient toujours adressés la parole sur le même ton, ce n’était pas aujourd’hui que ça allait définitivement changer. Et pourtant, il ne le prenait pas mal. Peut être parce que finalement, c’était comme ça qu’ils fonctionnaient tous les deux et ce, depuis des années. L’évolution ne s’était opérée que tout récemment et encore, on voyait bien qu’ils ne s’étaient pas lancés dans un élan effusif d’amitié. D’ailleurs, l’idée de devenir ami avec Sam le dérangeait presque. C’était impossible, trop… irréaliste. « Navré, je suis pas fan des relations du style-- violentes. Fifty Shades of Grey, c’est pas mon truc. » réagit-il, feignant d’être désolé. Rhys retint un rire, fier de sa blague. Il avait passé une semaine entière à courir derrière l’auteur de ce roman à succès jusqu’à presque la harceler pour une interview, sous ordre de sa patronne. Il fallait bien qu’il case au moins une fois dans sa vie le nom de ce navet (comme il le disait) dans une de ses blagues salaces destinées à Sam, non ? De toute façon, elle était habituée à son humour douteux et justement, plus elle s’énervait, plus Rhys en rajoutait. Ça paraissait sadique dit comme cela mais il fallait aussi préciser que Sam le lui rendait bien la pareille, le faisant parfois (ou même souvent) réellement sortir de ses gonds. « Tu n’oserais pas profiter de ma faiblesse. » D’accord, ce n’était pas si terrible que cela, il n’était pas non plus dans un état lamentable. Mais tout laissait à croire que le jeune homme avait des talents de comédiens refoulés et que Sam était sa proie favorite lorsqu’il était question de surjouer et de la mener en bateau dans l’unique but de l’agacer. Cherchant au moins l’ombre d’un sourire sur le visage de la petite brune, Rhys se surprit à se retrouver légèrement déçu lorsqu’elle l’envoya balader de cette façon, préférant reporter son attention sur ses coups sur le sac. Non pas qu’il s’attendait à une déclaration ou à un geste affectueux, mais juste au moins un sourire. La laissant taper quelques secondes sur le sac, il croisa les bras, quelque peu piqué. « Je plaisantais hein, inutile de le prendre de cette façon. » grommela-t-il, insistant bien sur le fait qu’il n’avait fait que blaguer. Rhys lui-même ne saurait pas expliquer pourquoi il s’emportait, pourquoi il se sentait tout à coup un peu plus irrité que tout à l’heure. L’effet Sam Oswald-Bower, sans doute. Elle le distrayait comme elle l’énervait. Partagé entre l’idée de la laisser en plan (après tout, elle semblait tout à fait s’en sortir en tête à tête avec son sac de sable) et celle de rester encore un peu auprès d’elle, le jeune journaliste réfléchit une bonne soixantaine de secondes avant de finalement s’exécuter, installant alors le sac demandé. Sans piper mot, il se recula pour lui laisser de l’espace afin qu’elle commence à frapper tandis que ses yeux se posaient avec intérêt sur ses gestes. Passionné par son amour pour ce sport, les pupilles de Rhys mouvaient avec agilité selon les coups de Sam, détaillant toutes ses actions. Au bout de quelques instants, il se rapprocha légèrement de la jeune femme. Indécis, il hésita pendant quelques secondes puis posa fermement sa main gauche sur le bras de Sam, parant alors avec aisance son coup. Lorsqu’elle s’immobilisa, Rhys lut sa stupéfaction sur son visage. Un contact tactile alors qu’ils se connaissaient depuis le collège, wahouuuu. Il y avait de quoi jubiler. Un léger sourire s’esquissa sur les commissures de ses lèvres alors qu’il se félicitait mentalement pour avoir encore de la force dans la main. En soi, il n’y avait absolument rien d’extraordinaire mais pour lui qui n’avait pas encore osé tester ses capacités restantes, c’était presque un soulagement. Lentement, il lui lâcha le bras, reportant son attention sur le sac de frappe. « Regarde, il faut que tu varies l’intensité de tes coups. » dit-il, mimant alors le geste pour allier avec sa parole. Se retournant vers le banc pour lui tendre d’un geste nonchalant sa bouteille d’eau, il la dévisagea longuement, n’ayant pas peur de la regarder de haut en bas (et accessoirement, de s’attarder légèrement sur les courbes de ses jambes, autant joindre l’utile à l’agréable). « Bon, il t’arrive quoi, Oswald ? T’es pas concentrée, t’as juste l’air de vouloir frapper dedans. Ne me fais pas le coup du ‘je vais bien, y’a rien’, je suis peut être la dernière personne sur cette planète à illuminer tes journées comme tu le dis si bien, mais je suis pas non plus con. » Rhys le sentait, quelque chose n’allait pas chez Sam aujourd’hui. C’était peut être seulement un pressentiment ou un futile instinct qui lui jouait des tours, mais il était presque persuadé qu’il ne l’avait pas reconnue lorsqu’elle tapait dans ce sac. Parce qu’après l’avoir observée assez longtemps quand il attendait son tour pour boxer quelques temps auparavant, le jeune homme était persuadé de pouvoir aisément reconnaître ses défauts et ses qualités dans son jeu.
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(✰) message posté Jeu 20 Nov 2014 - 0:00 par Invité
. READY FOR THE WORST BEFORE THE DAMAGE WAS DONE . Rhys Carstairs et Sam Oswald-Bower n'étaient pas faits pour s'entendre. Ils ne l'avaient jamais été. Déjà au collège, elle ne supportait pas ses manières de petit prince tombé dans l'or comme par magie. Elle n'aimait pas le gel dans ses cheveux, son sourire narquois et ce regard qu'il portait sur elle à chaque fois qu'il la croisait. Au lycée, elle méprisait le harem qui s'était formé autour de lui et les journées se terminaient généralement par une extinction de voix à force d'engueulades. Elle n'aimait rien chez Rhys Carstairs, vraiment rien. Il était hautain, trop malin, et aussi grande gueule qu'elle. Il avait été placé sur cette terre, à côté d'elle, juste pour s'assurer de sa souffrance continuelle à le côtoyer jour après jour. Elle avait cru s'en être débarrasser, le temps d'une année. Il lui avait peut-être manqué. Encore fallait-il l'avouer. « Navré, je suis pas fan des relations du style-- violentes. Fifty Shades of Grey, c’est pas mon truc. » Comme si elle avait le temps pour lire ce best-seller vicieux. Elle avait peut-être feuilleté quelques pages à la librairie du coin, relevant souvent ses yeux bleus pour vérifier que personne ne la voyait parfois rougir. Loin de s'intéresser aux prouesses sexuelles de Rhys, elle avait du mal à imaginer ce qui pouvait bien lui plaire de faire avec ses partenaires. À cette pensée, un frisson la parcourue et elle secoua légèrement la tête pour chasser ces sales idées. « J’aurais juré pourtant, tu dois bien être cinglé dans tous les domaines. » Sa voix était emprunte de la même malice dont il avait fait preuve et elle haussa les sourcils d’un air de défis. Si il croyait mener la danse, il se trompait. Il se savait déjà partie pour un jeu de pin pont incessant, comme à chaque fois qu’ils se retrouvaient dans la même pièce. Il ne pouvait pas s’attendre à ce qu’elle baisse les yeux et le laisse l’amadouer. Elle était trop sauvage pour se laisser marcher sur les pieds. Mais ce jeu auquel ils jouaient depuis des années, ces échanges incessants… Peut-être qu’elle s’y était habituée. Peut-être qu’elle y trouvait une certaine joie. Elle lui tourna le dos pour reprendre son entrainement, lui demandant au passage de lui accrocher un sac plus lourd. « Tu n’oserais pas profiter de ma faiblesse. » Elle se souvenait de la première fois où elle l’avait vu revenir avec ce nouveau bras, cette blessure qu’elle savait douloureuse pour lui. Ils n’en avaient jamais discuté - ils n’étaient pas du genre à simplement ‘discuter’ - mais à cet instant elle avait su que quelque chose avait changé en lui. Il était toujours le Rhys insupportable qu’il avait toujours été, mais il n’était plus exactement celui qu’elle avait connu. Elle n’aurait su mettre un mot sur ce point. Dans tous les cas, elle ne pouvait pas se laisser attendrir. La brunette ne prit pas la peine de lui répondre, sachant pertinemment, après des années de disputes, qu’il ne supporterait pas ce silence. Il la relancerait, elle le savait. Et peut-être qu’elle en jouait. « Je plaisantais hein, inutile de le prendre de cette façon. » Bingo. Malgré elle, un fin sourire se dessina sur ses lèvres alors qu’elle l’entendait déjà s’activer pour lui chercher ce qu’elle désirait. Elle n’aurait su dire ce qui la ravivait, peut-être le fait qu’il ne lâchait pas prise, qu’il ne s’en aille pas épaules rentrées et tête baissée. Elle aimait qu’il relance le jeu. Elle chassa son expression satisfaite dès qu’il se dressa devant elle pour accrocher le sac. « Pour une fois que tu sers au lieu d’être servi. » Elle lui lançait un clin d’oeil avant de s’attaquer à ce nouveau sac. Elle aimait le taquiner sur ses origines plutôt aisées par rapport aux siennes. Sam n’avait, concrètement, rien. Elle vivait au jour le jour, accumulait des dettes, versait son salaire directement à l’hôpital en espérant que ses colocataires ne décident pas de la jeter dehors à la fin du mois. Elle n’avait jamais eu grand chose et s’en était toujours contenter. Rhys, lui, n’avait pas connu ça. Elle s’en était rapidement aperçut. Toujours un nouveau skateboard, le dernier téléphone à la mode entre les mains… Et au lieu d’en vouloir au monde entier, Sam se disait qu’il avait bien de la chance. Ca ne l’empêchait pas de vouloir le taquiner à ce propos. Elle enchainait les coups, sentant le regard de Rhys dans sa nuque. Il observait, ne ratait pas un mouvements. Elle pouvait l’imaginer tressaillir lorsqu’elle fautait, se retenant de faire un réflexion ou de simplement lui arracher ses gants. La jeune femme n’était pas une perfectionniste. Elle tapait, extériorisait. Rhys, lui, jouait. Elle l’avait regardé boxer de nombreuses fois. Il était concentré, précis, passionné. Ce n’était pas un simple sac pour lui, mais un art. Mais autant se tuer avant de le lui révéler. Elle continuait ses coups, un, deux, trois, un, deux, trois, et soudain, plus rien. La main de Rhys s’était posée sur son avant bras, d’un coup qu’elle n’eut pas le temps d’esquiver. C’était leur premier contact en plus de dix ans de connaissance. Elle releva des yeux troublés vers lui alors que le contact de sa peau sur la sienne la brûlait. Il finit par la lâcher et elle se rendit compte qu’elle retenait son souffle. Cependant, elle n’en montra rien et suivit son regard qui se portait sur le sac de sable. « Regarde, il faut que tu varies l’intensité de tes coups. » Elle s’intéressait à peine sur sa démonstration, soudain mal à l’aise, et fut soulagée de le voir s’éloigner. Elle prit le temps de respirer et attrapa la bouteille qu’il lui tendait. Elle but de longues secondes, heureuse d’échapper quelques instants à son regard pesant. « Bon, il t’arrive quoi, Oswald ? T’es pas concentrée, t’as juste l’air de vouloir frapper dedans. Ne me fais pas le coup du ‘je vais bien, y’a rien’, je suis peut être la dernière personne sur cette planète à illuminer tes journées comme tu le dis si bien, mais je suis pas non plus con. » Elle ouvrit de grands yeux alors qu’un instant elle faillit rire. Il blaguait, c’était sûr. Jamais, ô grand jamais il ne lui avait un jour demander comment elle allait. Ce geste simple leur était inconnu. Elle reprit vite ses esprits et retrouva son petit sourire en coin qui pouvait être assez énervant. Elle s’approcha de lui pour déposer la bouteille dans sa main avant de le contourner nonchalamment. « Tu veux jouer au psy avec moi maintenant ? » Sa voix était teintée d’une irritation qu’elle n’aurait su expliquer. Peut-être était-elle énervée qu’il change les règles du jeu ainsi, ou simplement parce qu’il avait su voir que quelque chose n’allait pas. Dans les deux cas, elle n’aimait pas ça. L’image de Lexie entre ses bras la frappa alors qu’elle allait s’asseoir sur le banc, poussant un long soupire comme si l’effort était trop grand. « Alors quoi Carstairs, on s’assoit tous les deux là et on se raconte toutes nos petites histoires en se faisant des tresses ? » Ils n’étaient simplement pas formatés pour ça. Oui, ils s’entendaient mieux, même bien parfois. Mais commencer à demander ce qui allait ou n’allait pas, c’était rajouter une donnée à leur relation. Et elle était déjà assez compliquée comme ça. Elle aurait voulu sourire, lui montrer que, là encore, cela faisait parti du jeu. Elle aurait pu laisser son regard se remplir de malice pour lui montrait qu’elle se foutait ouvertement de lui, mais elle avait simplement croisé les bras et le regard sérieusement, comme si sa réponse était déterminante pour la suite.
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(✰) message posté Ven 28 Nov 2014 - 23:38 par Invité
Rhys ne savait que penser de Sam. Depuis qu'ils étaient gosses, leur relation été ponctuée de disputes, de piques lancées l'un à l'autre en un temps record et de blagues déplaisantes, voire dénigrantes. Jamais l'idée de mieux la considérer ne lui avait effleurée l'esprit. Parce que oui, à ses yeux, elle avait toujours été la fille désagréable et insupportable de son adolescence avec qui il ne partageait absolument rien. Ils n'étaient pas du même milieu, ne semblaient pas apprécier les mêmes choses (mis à part la boxe) et rentraient sans arrêt en conflit, que ce soit à l'époque comme maintenant. C'était quasiment une règle qu'ils s'étaient tous deux indirectement imposés depuis des années, ils n'étaient pas faits pour s'entendre. C’était clair comme de l’eau de roche, une pure évidence. En toute honnêteté, s’ils n’avaient pas la passion commune de ce sport de combat, Rhys était persuadé que leurs chemins se seraient naturellement séparés à la fin du lycée, peut être pour le meilleur. A croire que le karma avait décidément bien fait son job mesquin et avait décidé de les coller ensemble pour encore un bon moment. Une mine facétieuse parcourut son visage pendant quelques secondes alors que son regard se posait sur la petite brune, qu’il toisait d’un air amusé. Visiblement, elle lui tendait la perche pour qu’il continue sur sa lancée de blagues salaces, ni plus ni moins. « Darling, je sais que ma vie sexuelle t’intéresse fortement mais évitons ce sujet-là si tu veux bien, ça commence à devenir gênant. » darda-t-il en appuyant sur le surnom, guettant avec attention le visage de Sam qui allait probablement bientôt changer d’expression. Rhys, il était charmeur et romantique quand il le fallait. En l’occurrence, avec la brunette, ce n’était jamais pour les bonnes raisons ordinaires. C’était uniquement pour l’exaspérer, pour l’agacer. Voir Sam s’énerver et le traiter d’abruti, ça l’amusait. Il adorait la pousser à bout, exagérer dans ses provocations jusqu’à ce qu’elle lui crie dessus. Il n’était pas masochiste, loin de là, c’était juste comme un… passe-temps, et également une satisfaction de voir qu’il arrivait à susciter une réaction chez elle. C’était presque viscéral. Comme un rituel qu’il ne pouvait s’empêcher de faire à chaque fois qu’il la croisait. Et puis, quand elle s’y mettait, Sam lui rendait bien la pareille, parfois même encore pire que ce qu’il lui faisait. Ils jouaient à un jeu incessant et se renvoyaient inlassablement la balle, sans penser au jour où ce jeu évoluerait – ou s’arrêterait, tout bonnement. « C’est vrai que servir les autres est assez humiliant, comment tu fais pour faire ça tous les jours ? » lâcha-t-il à son tour alors qu’il installait le sac de boxe, sans lui accorder un seul regard. C’était petit et mesquin, il le savait parfaitement. Lui rappeler ses origines modestes, Rhys avait toujours utilisé ce point pour l’attaquer. En temps normal, il n’était pas comme ça. Quand il était petit, il jouissait d’une popularité qui était en partie due aux moyens aisés de sa famille mais au fur et à mesure, il s’était détaché de ce cocon, comptant à présent beaucoup d’amis issus de différentes sphères sociales. Certes, il avait encore des aprioris, un côté matérialiste dont il ne pouvait se résoudre à gommer et certes, il n’était pas le moindre du monde désolé pour avoir vécu dans des conditions privilégiées. Cependant, renfoncer les autres dans des remarques déplacées ne faisait pas partie de son éthique. Du moins, il l’espérait. C’était juste qu’avec Sam, ça avait tellement mal démarré depuis qu’ils étaient en âge d’aller à l’école, que ça devait continuer comme cela. Rhys avait conscience d’avoir une image peu glorieuse à ses yeux mais pour une raison inconnue, il continuait à l’alimenter. De toute façon, il n’avait pas la moindre envie de changer et ce n’était sûrement Sam Oswald-Bower qui allait l’y pousser. Lorsqu’il stoppa son geste en posant ses doigts sur son avant-bras, le jeune homme fut presque persuadé d’avoir remarqué qu’elle était très perturbée. Il se retint une nouvelle fois de lui balancer une pique destinée à l’agacer puis préféra se lancer dans des conseils qu’il jugeait judicieux de lui donner. Il ignorait si elle suivait réellement ce qu’il lui disait (les femmes n’écoutent jamais, c’est bien connu) mais fut agréablement surpris de voir qu’elle ne le coupait pas et se contentait de l’observer. La situation était bizarre, il ne fallait pas se le cacher. C’était devenu soudainement calme mais pas non plus tendu, sans que l’ambiance ne soit chaleureuse pour autant. Rhys savait qu’il était le responsable de ce changement d’atmosphère et n’en était pas peur fier, finalement. Poussé par une curiosité étrange, il avait presque hâte de voir ce qu’allait lui répondre Sam, de voir sa réaction face à quelque chose d’autre qu’une dispute. En fait, il était content de l’avoir prise au dépourvu. « Je sais pas, c’est à toi de me dire si t’en as besoin ? Si tu veux mon avis, j’ai toujours pensé que oui. » Allez zou, retour du ping-pong. Il n’avait pu s’en empêcher. Ce n’était pas parce qu’il avait demandé une seule fois à Sam l’état de sa situation qu’ils allaient devenir amis et gambader dans des champs main dans la main. Rhys restait Rhys, il ne perdait jamais le nord. Quand elle rétorqua à son tour, un sourire vint remonter les coins de ses lèvres tandis qu’il réprimait un léger rire. En fait, il venait de repenser à la scène du Disney de Raiponce, celle où Raiponce se fait tresser les cheveux par des petites filles. Il avait honte que cette image lui vienne à l’esprit, à force de mater les Disney qui passaient à la télé quand il n’y avait rien à regarder, ça avait fini par l’imprégner. « Oh arrête, joue pas la reine des neiges avec moi. » Preuve en est ; Disney est un cercle vicieux. « Reine des glaces, plutôt. Non, neige. Non, attends. Glace. Je sais plus. » Carstairs, ou comment perdre toute crédibilité en deux secondes. Epic fail. Se passant une main dans les cheveux en riant lui-même de sa connerie, il finit par s’asseoir par terre, se laissant doucement glisser contre les cordes rouges qui délimitaient le ring de boxe. Ses coudes se posèrent sur les câbles de façon nonchalante et il bascula légèrement la tête en arrière, croisant de nouveau les pupilles envoûtantes de Sam. « Allez, balance, Oswald. Qu’est-ce-que t’as ? Histoire d’amour, ton mec t’a trompé ? Ou triangle amoureux, tu t’es disputée avec ta meilleure amie parce qu’elle t’a piqué ton mec ? Vous les filles, vous faites beaucoup trop de drames pour ce genre de conneries. » Hochant la tête d’un air las, Rhys dévissa le bouchon de la bouteille pour boire une gorgée. Oh, c’était celle de Sam ? Oups, quel dommage.
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(✰) message posté Dim 30 Nov 2014 - 20:36 par Invité
. READY FOR THE WORST BEFORE THE DAMAGE WAS DONE . La vie avait un humour qui était hors de la portée de Samantha. Elle et Rhys ne s'étaient jamais entendu. Dès leur première rencontre, tout avait été clair : la brune ne l'aimait pas, et il le lui rendait bien. Leurs années collège avaient été rythmé par les disputes, les blagues sournoises et leurs yeux tournés vers le ciel à chaque nouvelle attaque. C'était leur quotidien. À croire qu'ils étaient masochistes. Ils auraient pu s'ignorer, dans le passé comme maintenant. Mais non, ils continuaient de se chercher, espérant faire tomber l'autre le premier. Ils étaient toujours des gamins, cherchant des poux à l'autre sans vraiment savoir pourquoi. Parce que la brune ne savait pas ce qui la retenait ici. Elle aurait pu le remballer, ne même pas lui répondre, s'en aller. Mais elle restait là à l'écouter déblatérer des conneries, et elle n'en était même pas irritée. Peut-être qu'au fond, elle appréciait sa compagnie. Mais cette idée était bien trop loin pour qu'elle puisse l'admettre, ou même y penser. Non, Rhys n'était qu'un gosse de riche insupportable qu'elle supportait pour ne pas trop le froisser. Il pouvait être sacrément fatiguant lorsqu'on touchait à son amour propre. Elle n'était pas psychologiquement prête à endurer ça, alors elle l'écoutait, et leur jeu pouvait continuer. « Darling, je sais que ma vie sexuelle t’intéresse fortement mais évitons ce sujet-là si tu veux bien, ça commence à devenir gênant. » Elle lâcha un instant le sac de sable qu'elle frappait sans relâche et se tourna vers lui, un air hautain collé au visage. « Pas à moi, ’Darling’. Tu dois être aussi heureux qu’un gamin à noël qu’on s’intéresse à toi. Pour une fois. » Elle était certaine qu’il adorait qu’elle fasse mine de s’intéresser à la vie qu’il menait en dehors de cette salle. A vrai dire, il pouvait bien avoir des copines cinglées qui aimaient se faire torturer au lit, elle n’en avait pas grand chose à faire. Elle ne savait pas quelle genre de fille pouvait bien succomber au charme de Carstairs. Elle avait sa petite idée, vu le succès qu’il avait eu au lycée. En somme, toutes les filles que Sam détestait. Il fallait déjà en trouver une qu’elle appréciait. La brunette n’était pas du genre à faire amie-amie, déjà à cet âge-là. D’ailleurs, Rhys le lui avait souvent fait remarquer. Elle se contentait de cette solitude qu’elle trouvait rassurante. Lui avait toujours été bien entouré. Un grand fossé les avait toujours séparés. Ils n’étaient simplement pas compatibles. « C’est vrai que servir les autres est assez humiliant, comment tu fais pour faire ça tous les jours ? » C’était le genre de phrase capable de la mettre en rogne. Son regard devint noir alors qu’elle tapait plus fort dans le sac qu’il venait de monter. Toute sa vie elle n’avait fait que servir, alors qu’il avait été servi. Elle avait souvent envier la vie des riches, cette vie qui semblait sans défauts. Mais elle avait appris qu’ils pouvaient être aussi malheureux que les plus pauvres d’entre nous. Rhys pouvait bien jouer au mec sans coeur, tout le monde cachait une fêlure. Elle gardait précieusement la sienne et la laissait la dominée, définir ce qu’elle était. La remarque de Rhys ne la surprenait pas plus que ça; il suivait les règles du jeu. « Tu devrais essayer un jour, ça te rendrait peut-être moins con. Quoi que, je ne suis même pas sûre de ça. Tu es une cause perdue. » Elle levait les yeux au ciel avant de se laisser emportée par la magie de la boxe. C’était son terrain, son défouloir. La folie l’aurait déjà atteinte sans cela. Elle laissait la haine s’évacuer, la colère, l’injustice qu’elle ressentait au plus profond de son être. C’était le seul moment où elle pouvait s’exprimer. Au lieu de faire entendre sa voix, elle laissait ses poings faire tout le travail. En frappant dans ce sac, elle oubliait la maladie, l’abandon, ce sentiment terrifiant de ne pas savoir à quoi sa vie pouvait bien rimer. Elle se sentait doublement orpheline. Et c’était un sentiment avec lequel elle avait appris à vivre. Les doigts de Rhys se refermèrent sur l’avant de son bras et la jeune femme arrêta net ses coups. Il y avait quelque chose d’anormal dans ce geste, geste qui pouvait apparaitre comme simple dans la vie de tous les jours. Mais le contact physique n’avait jamais fait parti des termes de leur contrat. Ils passaient leur temps à se chercher, s’envoyer piques sur piques, mais jamais encore ils n’avaient traversé la frontière du corps. Peut-être que la prochaine étape serait son poing sur sa jolie figure. L’atmosphère s’était considérablement refroidie, assez pour créer un malaise qui troublait Samantha. Elle l’écoutait sans l’entendre, le regardait sans le voir. Heureusement, le naturel de Rhys revint bien vite. « Je sais pas, c’est à toi de me dire si t’en as besoin ? Si tu veux mon avis, j’ai toujours pensé que oui. » Rien d’étonnant à cela, il devait sûrement la prendre pour une dingue depuis leur tendre adolescence. Il ne pouvait pas en être autrement. C’était de toute manière réciproque. Un vague ricanement s’échappa des lèvres de Sam alors qu’elle lâchait son sac pour regarder Rhys. « Si je fais une thérapie, tu m’accompagnes l’ami. Il y a un boulot considérable à faire sur toi. » Elle haussa des sourcils de défis dans sa direction, elle-même étonnée de pouvoir sourire à pareils conneries. Elle secoua la tête et se concentra de nouveau sur le sac accroché au plafond, même si il n’avait finalement plus autant d’attrait à ses yeux. La question de Rhys la mettait mal à l’aise, et elle redoutait qu’il ne lise l’incompréhension dans ses traits. Il n’avait jamais montré le moindre intérêt pour la vie qu’elle menait, et aujourd’hui il se réveillait et espérait qu’elle se livrerait à lui. « Oh arrête, joue pas la reine des neiges avec moi. » Elle tiqua dans sa direction, impatiente d’en entendre plus. La reine des neiges, un surnom qui lui allait plutôt bien. Ce n’était pas la première fois qu’un homme mettait en avant le froid qu’elle pouvait instaurer. Après tout, on l’avait toujours quitter pour ça. Elle était ce monstre de glace incapable d’avoir des émotions humaines normales. Mais elle n’était pas prête de changer pour quelqu’un. Beaucoup se fatigueraient avant que cela n’arrive. « Reine des glaces, plutôt. Non, neige. Non, attends. Glace. Je sais plus. » Elle rit doucement malgré elle, Rhys était vraiment un idiot, c’en devenait comique. « Révise tes classiques Carstairs, et reviens me voir plus tard. » Elle se détournait de lui, occupée à tenter de retirer les gants de boxe qui gardaient ses mains intactes. Rhys était un bien meilleur punch in ball que ce sac, et elle avait encore quelques coups en réserve. Elle le regardait se laisser glisser contre les cordes qui entouraient le ring et laissait ses gants tomber à ses pieds. « Allez, balance, Oswald. Qu’est-ce-que t’as ? Histoire d’amour, ton mec t’a trompé ? Ou triangle amoureux, tu t’es disputée avec ta meilleure amie parce qu’elle t’a piqué ton mec ? Vous les filles, vous faites beaucoup trop de drames pour ce genre de conneries. » C’était bien une réplique de mec ça. Venant de lui, c’était presque normal. Il n’était pas si loin de la vérité, mais les hommes qui avaient pu la blesser un jour étaient bien éloignés de ses pensées. En un quart de seconde, l’image de Lexie branchée à tout un tas de machines revint sous ses yeux et elle retint un soupire. Elle avait pourtant cru à un moment de répit, mais même Carstairs n’était pas disposer à le lui offrir. Elle n’avait pas envie de lui parler, elle ne voulait pas s’asseoir à ses côtés et transgresser les règles du jeu. Ils n’étaient pas faits pour discuter, ils n’étaient pas programmer pour s’intéresser à la vie que chacun pouvait mener. À bien y réfléchir, Rhys ne connaissait pas grand chose d’elle. Il ne savait rien, et c’était aussi ce qui lui plaisait. Parce que les chose qu’il ignorait aujourd’hui était celles qui pouvaient facilement la faire tomber. Tant qu’il ne savait rien, elle pesait encore dans le jeu. « Depuis quand est-ce qu’on est censés s’intéresser l’un à l’autre ? Tu brises les règles Carstairs. » Elle se détournait pour se retrouver en face de lui, de l’autre côté du ring. Elle s’appuyait à son tour contre les cordes, un pied posé sur la dernière et les bras croisés sous sa poitrine. Elle prit un air sérieux qu’il ne lui connaissait sûrement pas. Il s’attendait sûrement à ce qu’elle déballe tout. Grave erreur. « Tu sais, si tu es tombé amoureux de moi, on peut en discuter tous les deux pour savoir quelles mesures doivent être prises. » Elle haussa les épaules en gardant son sérieux, même si elle avait une terrible envie de rire. C’était ridicule. Il cherchait simplement un autre ragot à se mettre sous la dent pour s’en servir plus tard contre elle. Mais le taquiner était son activité favorite, alors elle restait fidèle à elle-même. Elle croisa à nouveau son regard et elle se dit qu’en en restant là, leur rencontre serait considérablement écourtée. Et les moments qu’elle passait avec Rhys étaient ceux qu’elle ne passait pas à l’hôpital à tourner comme un lion dans sa cage. « Bon d’accord, … Qu’est-ce que tu veux savoir ? » Elle baissa les yeux et se laissa à son tour glisser jusqu’au sol, gardant ses genoux contre sa poitrine. Ils étaient face à face, et étrangement, elle n’était pas inquiète. Elle détestait parler d’elle, donner aux autres de quoi alimenter leur curiosité malsaine. Mais Rhys ne pouvait rien contre elle, car après tout, ce n’était qu’un jeu.
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(✰) message posté Ven 12 Déc 2014 - 23:52 par Invité
Bien sûr qu’il aimait que l’on s’intéresse à lui. Il ne fallait pas avoir un doctorat pour remarquer que Rhys Carstairs nourrissait en permanence son égo déjà surdimensionné. Les adeptes de la psychologie inversée ou autres théories psychanalytiques diraient qu’il s’agissait en réalité d’un manque de confiance en soi qu’il comblait en se persuadant lui-même d’être de ce qu’il voudrait être, Rhys lui, il préférait affirmer qu’il était convaincu de ce qu’il avançait à chaque fois. Fondamentalement, c’était surtout pour rire et pour agacer ses interlocuteurs s’il se vantait autant mais finalement, il avait peut être fini par s’y habituer. Et puis oui, il avait confiance en lui. Il savait ce qu’il valait et ce qu’il était, il n’y avait rien de plus à dire. Aux côtés de Sam, il avait remarqué que ses excès de prétention avaient tendance à susciter une irritation plus forte que chez n’importe qui, d’où la raison pour laquelle il ne faisait que continuer sans jamais se lasser. En plus de se jeter des fleurs, il arrivait à énerver la jolie brune, c’était tout bénef. « A vrai dire, je ne sais même pas si je dois me sentir flatté ou horrifié à l’idée que tu puisses t’intéresser à moi. Je mérite mieux que ta pauvre attention. » Chassez le naturel et il revient au galop. En vérité, qu’est ce qu’il se fichait de l’intérêt que pouvait lui porter Sam (si elle lui en portait un). A ses yeux, elle restait une pâle adversaire incorrigible. Il n’avait jamais cherché à creuser plus loin chez elle, convaincu qu’il n’y aurait rien à voir. Si elle était exécrable depuis tant de temps, pourquoi serait-elle différente maintenant ? Rhys était conscient qu’il était peut être allé trop vite sur son cas et qu’il l’avait sûrement placée un peu trop rapidement dans sa liste de personnes à mépriser. D’ailleurs, plus il s’autorisait à faire un pas vers elle, plus il remarquait qu’elle pouvait parfois être… agréable. Évidemment, ils n’en étaient pas encore arrivés au stade de l’amitié, jamais la possibilité n’était apparue dans son esprit. C’était étrange, ça ne sonnait pas bien. Comme deux éléments complètement contraires, cette association semblait incompatible. « Une cause perdue sacrément bien foutue et avec un Iphone 6, ma foi. » Elle allait finir par définitivement le prendre pour son sac de frappe s'il continuait, il le sentait venir gros comme une maison. Mais l'envie de la titiller encore plus était irrépressible, Rhys la poussait à bout afin de tester ses limites jusqu'à ce que la goutte déborde enfin du vase. Si certaines fois, c'était Sam qui faisait tout pour le provoquer, aujourd'hui était son jour. Et il était sans retenue. Un sourire canaille s'étendit sur ses lèvres alors que la petite brune lui répondait, cassant du tout au tout l'atmosphère étrange qui s'était installée entre eux depuis qu'il l'avait interrompue dans ses gestes. Fallait-il qu'il s'attende à autre chose ? Elle ne semblait être réceptive qu'aux joutes verbales, mais il ne manqua pas de garder dans un coin de sa tête la réaction qu'elle avait eue lorsqu'il lui avait touché le bras. Comme quoi, elle faisait la grande mais sous ses airs de femme impassible, il en fallait peu pour la perturber, la jolie Sam. C'était bon à savoir, il y avait de quoi avoir encore plus d'armes contre elle. « Tu vois, tu passes ta vie à me remballer mais tu veux que l’on aille en thérapie ensemble. Justement, t’as vu le film avec Bradley Cooper et Jennifer Lawrence, celui où ils sont tous les deux un peu givrés ? Ils finissent ensemble. Je commence à penser que c’est notre destinée, étant donné que je semble condamné à subir ta présence dans ma vie quoique je fasse. » C’était lorsqu’il se servait de ce genre de référence que Rhys réalisait alors qu’il passait trop de temps au cinéma. Sans réellement s’en rendre compte, il soulevait une question qu’il ne s’était que trop peu souvent posée, tandis qu’elle paraissait finalement légitime ; pourquoi diantre leurs chemins se croisaient-ils encore, alors qu’ils savaient parfaitement que ni l’un ni l’autre ne pouvait se supporter ? D’instinct, le jeune homme aurait répondu que leurs perpétuelles entrevues n’étaient dues qu’à un malheureux hasard mais à bien y réfléchir, il fallait aussi admettre qu’il ne faisait rien pour l’éviter. Autant, plus jeunes, ils n’avaient pas eu le choix car ils fréquentaient les mêmes établissements, autant la situation aurait dû changer depuis qu’ils avaient fini leur scolarité. Un seul lieu commun les rapprochait : le club de boxe. Et aussi fort que la présence de Sam dans cet endroit l’irritait, Rhys n’avait jamais considéré l’éventualité de changer de club. Peut être parce qu’il tenait à conserver ses habitudes, ses empruntes, ses repères. Peut être parce que justement, au fil du temps, la brunette avait fini par devenir l’un de ces repères. Il lui était extrêmement difficile de l’avouer (d’ailleurs, jamais il ne le dirait à voix haute) cependant, le journaliste reconnaissait que sans ses nombreuses querelles avec Sam, son quotidien à la boxe se trouverait amputé d’un sacré élément. Il arqua les sourcils, le regard dirigé en sa direction lorsqu’il l’entendit explicitement évoquer le mot « règles ». Un silence flotta dans l’air durant quelques secondes, tandis qu’il réfléchissait sur le sens de ses mots. Etait-ce une manière détournée de lui dire qu’il pouvait toujours courir pour qu’elle lui dise autre chose que des piques virulentes, ou était-ce une façon de l’encourager ? « Changeons les règles, alors. On finit par se lasser lorsqu’il n’y a pas de nouveautés. » rétorqua-il, sur un ton agité de défi. Le changement, c’est maintenant. Appuyé négligemment contre les cordes, le brunet dévisageait Sam, remarquant qu’elle n’avait pas encore rangé ses affaires malgré le fait que les énormes gants rouges n’étaient plus à ses mains. Peut être devait-il en conclure qu’il avait réussi à capter son attention suffisamment longtemps pour la faire rester encore un peu, en dépit de l’aversion qu’elle semblait éprouver pour lui. C’était étrange, mais Rhys prenait toujours un malin plaisir à tenter de décrypter les réactions de ses interlocuteurs, quitte à se faire des interprétations exagérées. Il ne pensait pas avoir un talent de physionomiste particulier, la psychologie était un domaine dont il n’était que trop peu familier, toutefois, parfois, il se plaisait à penser qu’il cachait des facultés tel un mentaliste. Bon, avec Sam, c’était différent. Il n’arrivait jamais à la réellement cerner, d’où peut être l’impression de froideur qu’il avait d’elle. Un ricanement bref s’échappa d’entre ses lèvres tandis qu’il secouait légèrement la tête comme pour balayer de leurs esprits cette idée absurde. Lui, amoureux de Sam ? Par tous les saints, cette pensée était aussi risible qu’insensée. « Sam, Sam, Sam… Ne prends pas tes rêves pour des réalités, c’était pas non plus une demande en mariage. » répondit-il, feignant l’exaspération. Pour une fois que c’était elle qui vantait ses louanges soi-même (parce que oui, pour lui, affirmer que Rhys Carstairs était amoureux d’elle, c’était se complimenter) là où il était le champion toutes catégories confondues, c’était assez amusant à voir. Ne la quittant pas des yeux quand elle se laissait à son tour glisser de l’autre côté du ring de boxe, il esquissa un léger sourire satisfait. En dépit de l’attitude distance et détachée qu’elle s’efforçait d’avoir, Rhys pouvait alors entrevoir chez la brunette une autre facette de sa personnalité qu’il n’avait que rarement pu découvrir. Il avait, certes, remarqué que depuis quelques semaines, ils s’étaient parfois laissés à aller à lâcher quelques échanges autres que leurs habituelles disputes. C’était à un rythme très lent, mais on ne pouvait constater que les choses changeaient petit à petit. « Tu fais quelle taille de soutif ? » Oui, nul doute à avoir, il pouvait être terriblement idiot quand il s’y mettait. « Je plaisante, détends-toi. J’ai un marché à te proposer ; une confidence contre un service. Je te pose une question, tu y réponds sincèrement, je te devrai quelque chose, et vice-versa. J’ai souvent des amendes ou alors il m’arrive parfois de me battre un peu violemment avec quelques copains et comme t’es flic… Get it ? Quand à moi, ben, j’ai de l’argent, quoi. C’est toujours utile au moment des périodes des fêtes. » Pour acheter des cadeaux de Noël, par exemple. Il n’était pas lui-même vraiment convaincu de la valeur du deal, mais en vérité, l’intérêt était surtout de pousser Sam à lâcher quelques détails de sa vie personnelle. Épris d’une humeur particulièrement curieuse, Rhys réalisait qu’il ne connaissait quasiment rien de la jeune femme. Et sans lui laisser le temps de répondre, comme si sa réponse était prise pour acquise, il enchaîna : « Pourquoi t’es venue ici, ce soir ? » Simple, concis, en fait, c’était ce qui l’intéressait le plus à ce moment. Et puis, il n’osait pas non plus s’aventurer sur d’autres terrains, déjà qu’il n’aimait pas parler de sa propre vie personnelle, il ne souhaitait pas que Sam lui réplique un et toi ? sur un sujet délicat.
. READY FOR THE WORST BEFORE THE DAMAGE WAS DONE . Rhys Carstairs était le prototype du mec égocentrique qui ne s'intéressait qu'au poids de sa propre petite personne dans le monde. Elle l'avait tout de suite vu, et l'avait tout de suite détester. Elle avait fait ce choix des années auparavant, et pendant tout ce temps, elle avait pensé que c'était le point commun qu'ils partageaient : adorer se détester. Il ne l'avait jamais porté dans son coeur, et elle lui avait bien rendu. Ils n'étaient que des adolescents, mais l'âge n'avait pas changé grand chose à leur relation. Ils en étaient toujours à se lancer des piques, à tester leurs limites. La seule chose qui avait changé, c'était qu'à présent, la brunette y trouvait un certain plaisir. Elle aimait leurs petites batailles puériles qui l'éloignait de ses problèmes quelques instants. Rhys ne posait pas de questions, il ne savait rien, et c'était sûrement la raison pour laquelle sa présence ne la dérangeait pas plus que ça. Elle ne lisait aucune pitié dans ses yeux, seulement le même mépris qu'il avait déjà pour elle au lycée. Elle se fichait de ce qu'il pensait d'elle, de ses fringues bon marché, de ses cheveux mal bouclés, de son téléphone démodé. Elle appréciait d'être simplement Sam à ses yeux, la vraie Sam. Pas Sam la soeur frigide, ni Sam la femme sans coeur. Juste Sam. Et elle aimait son regard sincère, aussi méprisant soit-il. « A vrai dire, je ne sais même pas si je dois me sentir flatté ou horrifié à l’idée que tu puisses t’intéresser à moi. Je mérite mieux que ta pauvre attention. » Elle croisa les bras en balançant une de ses hanches. Chaque nouvelle phrase qu’il prononçait surpassait la précédente, elle était obligée de le reconnaitre : il faisait un bel adversaire. Mais il ne parvenait toujours pas à l’atteindre. Il pouvait bien lui faire comprendre qu’elle n’était pas grand chose à ses yeux, ce n’était pas ce qui allait la briser. Il en fallait tellement plus pour la faire simplement vaciller. « C’est toi qui est venu à moi aujourd’hui, je te signale. Tu es en quête perpétuelle de mon attention, Carstairs. Mais je pourrais tout aussi bien t’ignorer. » C’était vrai, elle s’en savait capable, et Rhys avait déjà été victime de certains jours où sa mauvaise humeur faisait qu’elle ne prenait même pas la peine de répondre à ses appels de guerre. Leurs petites batailles pouvaient se terminer aussi vite qu’elles avaient commencé. Bien que ces derniers temps, elle avouaient sans gêne que leurs joutes verbales donnaient un petit plus à ses séances de boxe. Disons que Rhys était un bon divertissement. « Une cause perdue sacrément bien foutue et avec un Iphone 6, ma foi. » Elle arquait un sourcil tout en secouant la tête. Il avait sûrement tout, mais c’était tout ce dont elle se fichait. Il ne pouvait l’atteindre par l’argent, le luxe, car ce n’était pas ce qu’elle lui enviait. Elle ne voulait pas du dernier téléphone à la mode, ni d’un appartement hors de prix, seulement une vie tranquille. La jeune femme ignorait s’il avait le droit à cette richesse là, mais elle se plaisait à le croire. Elle se plaisait à penser qu’il menait une vie normale, et c’était sûrement la seule chose qu’elle pourrait lui envier. « Rien que mes jambes surpassent de loin ton téléphone à deux balles. » Un sourire satisfait se dessina sur ses lèvres alors que Rhys vérifiait ses dires. Il y avait tant de manières de manipuler les hommes. Et le corps était la première, et sûrement la plus efficace. Sam était loin d’être une top model, mais ses courbes en avait déjà attiré plus d’un. Alors pourquoi Carstairs échapperait-il à la règle. Il n’était qu’un mec après tout. « Tu vois, tu passes ta vie à me remballer mais tu veux que l’on aille en thérapie ensemble. Justement, t’as vu le film avec Bradley Cooper et Jennifer Lawrence, celui où ils sont tous les deux un peu givrés ? Ils finissent ensemble. Je commence à penser que c’est notre destinée, étant donné que je semble condamné à subir ta présence dans ma vie quoique je fasse. » Cela faisait un moment que Sam s’était aperçue d’une autre passion qu’avait Rhys. Il mentionnait souvent des films lors de leurs discussions, et elle en avait conclu que le cinéma devait être l’un de ses innombrables hobbies qu’il avait le temps de développer, contrairement à elle. Mais pour une fois, elle connaissait la référence. « Happiness Therapy. » Elle marmonna le titre dans sa barbe tout en tentant de faire fonctionner sa mémoire. Elle se souvenait de l’histoire globale, mais s’avouait avoir surtout mater l’acteur. « Toi et moi ? Je me doute que tu en rêves, mais autant me tuer tout de suite. Et soyons honnêtes, tu es loin d’être aussi canon que Bradley Cooper. » Il se recula pour s’appuyer contre les cordes qui délimitaient le ring de boxe. Rien que son attitude l’irritait, et son intérêt soudain pour sa vie personnelle lui donnait simplement envie d’appuyer sur un bouton ‘pause’ imaginaire. Elle avait le sentiment que quelque chose changeait. Et ça ne lui plaisait pas plus que ça. Certes, ils s’entendaient mieux qu’avant, mais elle n’était pas sûre de vouloir concrètement de lui dans sa vie. Après tout, cela pouvait aussi être une feinte. Connaitre les faiblesses de son adversaire pour mieux le vaincre. Elle ne pouvait même pas dire si Rhys était assez tordu pour faire une chose pareille. « Changeons les règles, alors. On finit par se lasser lorsqu’il n’y a pas de nouveautés. » Il la défiait du regard, et elle se sentit piéger. Se taire reviendrait à un aveu de faiblesse, et alors il gagnerait. Mais quelque chose lui disait qu’il avait déjà gagné. Elle le savait déjà entrain de tenter de déchiffrer son expression, pour mieux l’utiliser contre elle plus tard. A vrai dire, elle faisait souvent pareil. C’était ainsi qu’ils fonctionnaient depuis toujours. Elle se reculait pour se placer de l’autre côté du ring, son dos contre les cordes. Elle lui laissait carte blanche, et c’était justement ce qui lui faisait peur. On ne savait jamais avec lui. « Tu fais quelle taille de soutif ? » Ses pensées se concrétisèrent. Il était réellement capable de tout, mais ça ne l’étonnait guère. « Tu vas trop loin, Carstairs. » Elle sifflait entre ses dents, regrettant déjà de l’avoir autoriser à poser ses questions. C’était une grosse erreur, et elle continuait pourtant. Peut-être que sa journée s’y prêtait. « Je plaisante, détends-toi. J’ai un marché à te proposer ; une confidence contre un service. Je te pose une question, tu y réponds sincèrement, je te devrai quelque chose, et vice-versa. J’ai souvent des amendes ou alors il m’arrive parfois de me battre un peu violemment avec quelques copains et comme t’es flic… Get it ? Quand à moi, ben, j’ai de l’argent, quoi. C’est toujours utile au moment des périodes des fêtes. » Elle se mit à rire doucement, se moquant ouvertement de lui. Elle s’apprêtait à lui répondre qu’elle n’était pas le genre de flic qu’on pouvait manipuler ainsi mais il la coupa dans son élan, n’attendant même pas son accord. Ce deal n’avait aucune valeur, et il n’obtiendrait rien d’elle ainsi, comme elle ne voulait rien de lui. Surtout pas de son argent, elle n’était pas encore désespérée à ce point. « Pourquoi t’es venue ici, ce soir ? » Son instinct animal reprit le dessus et elle sembla un instant se replier sur elle-même en position de défense. Elle était comme un fauve, constamment sur ses gardes. « Qu’est-ce que ça peut te faire ? » Son ton était sec, spontané, et ses mots irréfléchis. L’intérêt soudain que lui portait Rhys la mettait mal à l’aise, et elle retrouvait ses mauvaises habitudes. Mais elle l’avait autorisé à poser ses questions, alors elle devait faire des efforts. Elle soupira doucement, sans pour autant cacher son agacement. Cette discussion ne lui plaisait pas, autant que Rhys le sache. « D’accord. Je suis venue ici pour me défouler. L’odeur des hôpitaux me rend dingue, j’avais besoin d’évacuer. » Elle avait conscience que, concrètement, ça n’aidait pas Rhys. Elle ne répondait que partiellement, sans entrer dans les détails. Elle imaginait déjà la tonne de questions qui viendraient ensuite et préféra le couper dans son élan. « Alex… » Elle se rendit compte qu’il ne savait sûrement pas de qui elle parlait, alors elle se corrigea. « Ma soeur. Ma soeur est malade. » Son regard quitta Rhys pour se poser sur le ciel dégagé qui se dessinait derrière la grande fenêtre de la salle. Elle se mordait la lèvre inférieure, comme si elle regrettait déjà cette révélation. Elle regrettait de l’avoir autorisé à entrer dans sa tête pour y déceler toutes ses faiblesses.
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(✰) message posté Sam 27 Déc 2014 - 1:08 par Invité
Le jeu continuait inlassablement, sans la présence d‘aucun élément perturbateur qui risquerait de compromettre cet échange. Sans la moindre gêne, Rhys éclata d’un rire franc, qui ne reflétait pas la moindre once de sarcasme ni d’hypocrisie. Ses prunelles sombres rivèrent sur le visage de Sam tandis qu’un sourire d’éternel enfant ornait ses lèvres, comme s’il attendait la suite. Lui, en quête perpétuelle de son attention ? Allons, il ne fallait pas extrapoler. Certes, lorsqu’ils se croisaient, il admettait qu’il ne pouvait s’empêcher de lâcher quelques remarques, mais ce n’était généralement pas dans de bonnes intentions. Là était toute la différence. « C’est ça, agis comme si j’étais constamment celui qui faisait le premier pas. T’auras beau jouer la reine des glaces autant de fois que tu veux, je suis bien placé pour affirmer que t’es une sacrée chieuse quand tu t’y mets. » rétorqua-t-il, levant les yeux au ciel en repensant aux fois où c’était bien Sam qui avait commencé à lancer les hostilités. On avait beau rejeter la faute sur Rhys, lui dire qu’il se comportait comme un gamin et lui reprocher son immaturité, Sam était loin d’être blanche comme neige dans l’animosité qui s’était installée depuis des années dans leur relation. Il n’était pas le seul responsable de cette antipathie qu’ils éprouvaient l’un pour l’autre. A vrai dire, il n’aurait même pas su dire d’où venait réellement toute cette ardeur à entretenir ces joutes verbales si courantes. Dans son esprit, leur aversion remontait depuis trop longtemps pour qu’il puisse aujourd’hui y poser des mots. Inconsciemment, ils semblaient tous deux murés dans un éternel cercle vicieux, dans un monde où ils étaient les maîtres d’une vaste partie d’échec qui demeurait interminable. Les sarcasmes fusaient de toute part, les paroles tranchantes rebondissaient sur leur palais. Ils n’étaient jamais à court d’idées, ni à court de répartie. Tel un automate, les pupilles de Rhys roulèrent instinctivement sur les jambes de Sam alors qu’elle en parlait. Il croisa les bras contre son torse, arquant un sourcil face à la suffisance de l’argument. « C’est peut être ta seule qualité d’ailleurs. C’est comme ça que la grande Sam coince les méchants dans son boulot ? » En écartant les jambes ? se retint-il d’ajouter avant qu’un filtre ne vienne faire office de barrière, mais il se doutait bien que Sam avait saisi ce qu’il avait voulu dire par là. Ça paraissait peut être étrange, mais Rhys ne supportait pas les filles qui se vantaient ouvertement de leurs attributs physiques. Malgré ses airs de prince remake de Chuck Bass version réelle, il accordait peu d’importance aux femmes qui jouaient tout sur leur apparence. Quand il était en couple avec quelqu’un, c’était toujours parce qu’il y avait un feeling, quelque chose de plus au-delà de l’attraction physique. Les bimbos siliconées qui n’avaient rien dans le cerveau ne l’intéressaient pas, du moins, pas pour quelque chose qui irait plus loin qu’une aventure d’un soir. « Au moins on est d’accord sur l’idée du suicide. » bourgeonna-t-il, rebondissant automatiquement sur la réponse de la brunette. Rien que l’évocation d’une pseudo relation avec Sam lui hérissait les poils de la nuque. Ils ne parvenaient pas à être amis, ou même à s’entendre durant l’espace de quelques heures alors qu’ils se connaissaient depuis des années, il était impensable de les voir un jour sous un aspect plus amical, Rhys en était presque sûr. A moins qu’ils décident un beau jour d’abandonner leurs sales caractères respectifs et de se parler correctement l’un à l’autre, le grand amour avait encore un très long périple à faire avant de croiser leurs chemins. « Oh merci, j’avais peur que tu me compares à lui justement. Je suis soulagé, mon honneur est sauvé. » Il posa sa main à l’endroit de son cœur d’une manière théâtrale comme pour montrer son apaisement, s’amusant de l’incompréhension de Sam. En réalité, il prenait le fait qu’elle lui dise qu’il ne ressemblait pas à Bradley Cooper comme un réel compliment. Il avait vu des photos récentes de cet acteur à cause de son boulot, et si les femmes pouvaient le trouver attirant, Rhys était loin d’être de cet avis. Même s’il essayait de se positionner d’un point de vue féminin, il ne voyait rien de spécial chez lui. Accoudé avec nonchalance contre les cordes rouges du ring du boxe, il enchaînait, enchaînait et enchaînait, jusqu’à ce que la conversation prenne une toute autre tournure : la vie de mademoiselle Oswald-Bower. Ses épaules s’élevèrent dans un bref mouvement alors que son visage se dardait d’une mine d’indifférence. Au fond, Sam avait raison. Qu’est-ce-que ça pouvait lui faire ? Absolument rien, hormis l’irrépressible besoin de combler son envie de lui poser un tas de questions maintenant qu’elle l’avait autorisé à le faire. Il n’avait pas envie qu’elle croie qu’il lui portait un intérêt différent de la façon dont il s’adressait à elle habituellement. Il n’avait pas envie qu’elle croie qu’il voulait devenir son ami, ou son confident. Il n’était pas sûr de vouloir changer leur relation parsemée d’épines vénéneuses, qui depuis un moment, lui convenait parfaitement. Elle avait de lui l’image d’un parfait connard égocentrique, il lui donnait ce qu’elle pensait voir, point à la ligne. Prêt à répliquer, il se rétracta lorsque la jeune femme évoqua l’hôpital. Rhys fronça les sourcils, incertain d’avoir bien entendu. « Quoi, qu’est-ce-qui t’est arrivé ?! » dit-il, soudainement angoissé. Sa bouche se tordit légèrement tandis qu’il regrettait déjà ses mots et son impulsivité. Il pouvait ne pas bien s’entendre avec Sam et se plaindre d’elle à chaque fois qu’il la croisait, la savoir potentiellement malade l’inquiétait. Elle ne le savait peut être pas, mais malgré le fait qu’il essayait toujours de paraître impassible, Rhys était de nature très anxieuse lorsqu’il s’agissait de la santé de son entourage, particulièrement depuis qu’il avait eu sa blessure au bras, que sa meilleure amie avait perdu la vue et qu’une autre de ses amies était en fauteuil roulant (big up Ginny). La santé défectueuse, il connaissait. D’un peu trop près, d’ailleurs. Puis finalement, elle confessa qu’il s’agissait de sa sœur. Les yeux du journaliste clignèrent plusieurs fois. Il ne savait même pas qu’elle avait une sœur, preuve qu’il n’avait jamais réellement fait attention à elle en dehors de leurs joutes verbales. L’espace de quelques secondes, il ne dit mot, enfermé dans un silence glacial. Le brunet ne savait pas quoi dire. Réconforter les gens, il savait faire. En général, il balançait deux trois paroles, une vanne, un bref câlin et ça passait. Mais là, on parlait bien de Sam. Que devait-il faire ? Rhys se maudissait d’avoir voulu en savoir plus. Bon dieu, jamais il n’avait imaginé ce genre de confidence. Il s’était attendu à un vulgaire amour déchu, un truc tout con du style ‘je me suis disputée avec ma meilleure copine’ mais jamais l’option de la sœur malade n’était apparue dans son esprit. Idiot, idiot, idiot. « Qu’elle soit atteinte de n’importe quelle saloperie de maladie, elle s’en sortira. » lâcha-t-il finalement, reportant son attention sur les yeux bleus de son interlocutrice. Il ne lui demandait pas la nature de la maladie, beaucoup trop effrayé à l’idée d’en savoir plus. De toute évidence, vu la façon dont Sam en parlait, sa sœur ne semblait pas être atteinte d’un simple rhume. « Elle s’en sortira parce qu’elle est forte. C’est ta sœur. Elle doit te ressembler sur ce point. » Sincère, sans artifice, il ancrait son regard dans le sien pour lui montrer que sur ce sujet, il ne jouerait pas avec elle. S’il devait donner une qualité à la policière, c’était bien celle-ci, sa force. Ça se voyait dans la façon dont elle boxait, quand elle parlait, comment elle parvenait à ne pas montrer ses faiblesses malgré les nombreuses tentatives de Rhys pour la déstabiliser depuis leur tendre enfance. « Je passe pas mal de temps à l’hosto, ces temps-ci. C’est sûrement pas aussi important que pour elle, mais je sais ce que ça fait. » ajouta-t-il en désignant son bras d’un coup d’œil, tentant de paraître le plus détaché possible. Ce soir était la première fois qu’il percevait une certaine fragilité chez Sam, mais également la première fois qu’il la comprenait aussi bien. S’il avait toujours été une épine dans son pied, il espérait aujourd’hui pouvoir être un maigre soutien durant une fraction de secondes.
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(✰) message posté Ven 30 Jan 2015 - 18:31 par Invité
. READY FOR THE WORST BEFORE THE DAMAGE WAS DONE . Il avait toujours été question d’un jeu, et il sera toujours question d’un jeu. C’était parti d’un vulgaire regard de travers, et les hostilités semblaient avoir été lancées pour l’éternité. Ils n’avaient jamais pu se supporter, et même si leurs camarades avaient trouvé ça drôle, Samantha s’était toujours demander d’où venait toute cette animosité. Il existait sur cette terre de nombreuses personnes qu’il lui était presque impossible d’encadrée, mais Rhys remportait la palme d’or. Il l’énervait et l’attirait en même temps, puisqu’elle en revenait inlassablement à leur petit jeu du chat et de la souris. Ils avaient grandi pourtant, mais rien n’avait changé. Plus jeune, elle avait élaboré bon nombre de théories quand à sa relation avec Rhys. Elle nommait même cette enquête ‘l’affaire Elvis’, tant la quantité de gel qu’il avait dans les cheveux lui faisait penser au roi du rock. Le dossier était encore aujourd’hui ouvert, elle n’avait jamais trouvé de réponse. Et au fond, elle ne pensait pas en trouver un jour. Ils étaient ainsi, et finalement, pourquoi changer. « C’est ça, agis comme si j’étais constamment celui qui faisait le premier pas. T’auras beau jouer la reine des glaces autant de fois que tu veux, je suis bien placé pour affirmer que t’es une sacrée chieuse quand tu t’y mets. » Elle le regardait lever les yeux au ciel en croisant les bras. Il ne se doutait pas que les mots qu’il balançait ainsi résonnaient comme un compliment à ses oreilles. Elle était une chieuse, peut-être, et c’était justement ce dont elle était fière. Elle détenait la faculté de l’énerver, et c’était à ses yeux un pouvoir exquis. Alors elle hausse des épaules désinvoltes. « Je prend ça comme un compliment. » Le second, elle se le fit à elle-même. Elle osa complimenter une seule partie de son corps, une qu’elle avait pris au hasard, car avec son passé de ‘petite grosse collée au radiateur de la salle de classe’ elle n’avait jamais vraiment connu la confiance en soi. Elle ne se prenait pas pour une jolie femme, encore moins pour une mannequin, mais Rhys l’agaçait et il avait fallu qu’elle trouve une répartie susceptible d’intéresser un mâle. Et les jambes étaient apparues comme une évidence. Mais elles ne devaient visiblement pas être assez jolies pour déstabiliser Rhys. « C’est peut être ta seule qualité d’ailleurs. C’est comme ça que la grande Sam coince les méchants dans son boulot ? » L’éternel clichés de la femme objet. Venant de lui, ça ne l’étonnait guère. Il avait l’allure d’un macho, et il en était un. Ses yeux roulèrent et elle secoua la tête face à pareille répartie. C’était petit, mais c’était à sa hauteur finalement. Il ne la prenait pas au sérieux, ni ici, ni dans son travail. Il pouvait attendre longtemps pour qu’elle se mette en colère, elle ne lui ferait pas ce plaisir. « Exactement Carstairs, t’as tout compris. On passe tous sous le bureau un jour ou l’autre, pas vrai ? » Elle affichait un sourire mauvais alors que les attaques continuaient de fuser. Cela passait par l’horreur face à une possible relation entre eux, puis par la beauté d’un acteur, avant qu’ils ne se laissent tous deux glisser contre les cordes rouges du ring. L’atmosphère avait changé et la brunette se sentait soudain mal à l’aise. La guerre lui manquait presque alors que le regard de Rhys se faisait plus sérieux. Il voulait savoir ce qu’elle avait, ce qui l’amenait ici. Il n’était pas le genre d’homme à poser des questions. Elle n’avait jamais eu le droit à une question sur sa journée, et aujourd’hui il en demandait trop. Sam n’était pas du genre à se confier, à se plaindre, ou à se faire plaindre. Elle n’aimait pas le regard empli de pitié que les gens portait sur elle lorsqu’ils connaissaient toute l’histoire. Elle avait la désagréable impression de changer à leurs yeux, de ne plus être qu’une pauvre fille qui n’avait pas de chance dans la vie. Elle en avait pourtant. Elle en avait une, et elle résidait dans sa soeur. C’était ce qu’elle voulait dire à tous ceux qui la jugeaient pour ses choix et ses actes. Mais le silence valait mieux que de parler dans le vide. Et après tout, elle n’avait rien à prouver. « Quoi, qu’est-ce-qui t’est arrivé ?! » La simple évocation de l’hôpital avait fait réagir Rhys d’une manière qu’elle n’aurait pas soupçonné. Elle s’attendait à un haussement d’épaule, ou même à une réflexion. Mais pas à de l’inquiétude. Sa phrase portait certes à confusion, mais elle n’avait pas l’air d’être malade ; du moins elle l’espérait. Elle ouvrit des yeux ronds face à sa réaction et elle ne pouvait pas dire que son inquiétude n’avait pas quelque chose de plaisant. Malgré tous ses dires, il n’en avait pas rien à faire d’elle et de sa santé. Finalement, elle le rassura en mentionnant sa soeur. C’était elle qui était malade. C’était elle qu’elle perdait doucement. Sa maladie était une torture de tous les jours ; elle la dévorait doucement, longtemps. « Qu’elle soit atteinte de n’importe quelle saloperie de maladie, elle s’en sortira. » Un sourire lasse se dessina sur ses lèvres. Il n’avait aucune idée d’une nombre de fois qu’on lui avait répété ses mots. C’était ceux que tous lui sortaient, pour la rassurer, et pour vite se détacher de cette histoire. On lui disait ces mots, avant de lui offrir un joli sourire qui se voulait réconfortant et de poser des yeux emplis de pitié sur elle. Mais ça ne faisait rien, elle avait l’habitude. « Je ne me fais pas d’illusions tu sais. Je sais qu’on ne vit pas dans un monde de contes de fées. » Elle laissait sa tête tomber en arrière et se poser sur une corde. Elle n’aimait pas cette conversation. Elle se sentait prise au piège dans des confessions qu’elle ne voulait pas faire, ou qu’elle se persuadait de ne pas vouloir évoquer. « Elle s’en sortira parce qu’elle est forte. C’est ta sœur. Elle doit te ressembler sur ce point. » Elle releva la tête précipitamment et croisa son regard. Elle prit le temps d’y chercher une quelconque marque de cynisme ou de pitié, mais rien. Il la regardait simplement, vraiment. La brune était désarçonnée et ne prenait même pas la peine de le cacher. Rhys ne lui avait jamais montrer une once de sympathie, et jamais un compliment n’était sorti de ses lèvres. Mais aujourd’hui il lui avait sûrement dit celui qu’elle espérait depuis son enfance. Elle avait lutté pour devenir une femme forte, peut-être trop. « Elle et moi on est très différentes. Elle est forte. Moi, j’ai voulu le devenir. Je me suis forcée à l’être pour elle. » Sa voix se voulait calme, et elle pesait chacun de ses mots comme si il n’y avait rien de grave là-dedans. Elle regrettait chaque parole qu’elle prononçait et se priait d’arrêter, sans y parvenir. Quelque chose la poussait à parler librement, comme elle n’avait jamais parlé. Pas même à Lexie. Quelque chose lui intimait qu’elle pouvait avoir confiance. « Je passe pas mal de temps à l’hosto, ces temps-ci. C’est sûrement pas aussi important que pour elle, mais je sais ce que ça fait. » Elle regardait le bras meurtri qu’il lui montrait et détourna les yeux. C’était sûrement la première faille qu’elle avait découvert chez lui. Bien qu’il ne le montrait pas, elle savait que cette blessure le touchait. Mais il ne savait pas, au fond. Il ne savait pas ce que cela faisait de regarder un être cher mourir sous ses yeux, et être impuissante. Elle avait essayé pourtant. Elle avait voulu lui donner un rein, et son échec resterait à tout jamais marqué sur sa peau, ancré dans la cicatrice qui barrait son ventre. Il ne savait pas, mais elle ne pouvait pas lui en vouloir. Il avait cette chance. Alors elle lui accorda un sourire avant de baisser les yeux et de jouer avec ses lacets. « C’est marrant, quand on était petites et qu’elle n’avait plus que moi, je lui ai promis qu’elle aurait une belle et longue vie. Ca l’aidait à dormir le soir. Je lui parlais d’un beau prince, d’une belle maison, de deux enfants, d’un chien. Tout ce dont une petite fille pouvait rêver. » Penser à ces instants de son enfance lui faisait mal. C’était de beaux souvenirs, qui aujourd’hui apparaissaient comme extrêmement cruels. Elle s’acharnait sur ses lacets tout en serrant la mâchoire et en reposant son regard las sur Rhys. « Je devrais sûrement arrêter de faire des promesses. » Elle souriait et voulait faire de l’humour. Garde la face. Rester forte. Mais c’était devenu un talent qui se fissurait de jour en jour.