"Fermeture" de London Calling
Après cinq années sur la toile, London Calling ferme ses portes. Toutes les infos par ici Another night in misery ♦ Nate² 2979874845 Another night in misery ♦ Nate² 1973890357
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Nathanael E. Keynes
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() message posté Mer 12 Nov 2014 - 22:37 par Nathanael E. Keynes
Another night in misery

ft. Nathaniel L. McCan && Nathanael E. Keynes
Mercredi 05.11.2014 • North London • Barfly
Un pas en avant, trois pas en arrière. A chaque fois que j'ai une petite lueur d'espoir, quelque chose vient tout foutre en l'air et me renvoyer encore plus bas que je ne l'étais déjà. Comme si c'était franchement nécessaire. Ma vie est pourtant pas si pourrie mais... Y a ces petites choses qui sont pas censées être la fin du monde, mais... qui restent trop lourdes sur mes petites épaules. J'ai pas vraiment la carrure d'un rugbyman après tout. Alors je sais bien, une petite peine de coeur, tout le monde est passé par là, on en meurt pas, à moins d'être particulièrement dépressif, ce qui à la base est pas mon cas. Mais ça me mine pas mal. Ajouté à ça que Julian est parti - pour des raisons de santé que je peux comprendre, c'est pas la question - sans me donner de réponse après que je lui ai déposé l'article qui devait décider de mon avenir au sein du Times, et que donc, ça fait des semaines que la pression redescend pas - et je suis sûr qu'il l'a fait tout à fait exprès - et ça donne un cocktail un peu trop détonnant à mon goût. Je sais pas à quelle sauce je vais être mangé professionnellement parlant, et c'est franchement pas quelque chose de très rassurant. Et je sais pas où ça va me mener toute cette histoire, entre les déclarations à mi-mot de Tristan, l'aigreur de Tyler à mon égard la dernière fois que je l'ai vu et les commentaires contradictoires de Rika à ce sujet... Heureusement que je comptais pas vraiment sur une stabilité émotionnelle pour compenser.

J'espérais vaguement que dix jours de vacances me feraient du bien mais... Je reprends mon poste ce soir, et franchement, je dois avoir l'air plus crevé qu'avant de partir en congés. Je suis passé au Times tout à l'heure, c'était le bordel comme j'ai jamais vu ça, et ça me fait un peu chier de l'admettre, mais c'est ingérable sans Fitzgerald. Du coup je suis en attente qu'ils se décident à me trouver un sujet dont ils auraient besoin - même si je leur en ai proposé trois que... "On sait pas trop, on va voir". Hallucinant. Je vois déjà très bien comment ça va se passer, et à la dernière minute, on va m'appeler en catastrophe pour voir quelque chose à sortir demain. Ah ah ah... Autant dire que je commence déjà à m'y préparer et à bosser quelques articles, des fois que.

Et ce soir, c'est mon grand retour au bar. Enfin grand retour, ça va, je suis pas indispensable, mais... N'empêche que le patron a l'air plus que ravi que je sois là, et je pige pas trop bien parce que... Bah je suis pas tout seul à faire tourner la boîte quoi. Il m'a alpagué à peine j'ai passé le seuil, et on a passé peut-être une demi-heure dans son bureau, à évoquer la programmation à venir. Quelque part, ça me fait plaisir qu'il compte sur moi pour cette partie-là aussi, mais je peux pas m'empêcher de me demander ce que je ferai, si jamais Julian tient sa promesse et que j'ai ma rubrique régulière au Times. J'ai beau être assez dynamique - bon d'accord, hyperactif - y a un moment, je vais plus pouvoir tout gérer. Déjà, y a des chances pour que je dise au Sun qu'il ne faudra plus compter sur moi, mais même là... Peut-être qu'il faudra que je fasse un choix avec le Barfly, à terme, si je veux pas arrêter la musique - et y a pas moyen que j'arrête - mais ça aussi, ça m'ennuierait. Pourtant, quand je regarde la salle, encore déserte, et la scène vide là-bas, c'est pas forcément que des bons souvenirs qui me reviennent en mémoire. Ou plutôt, y a de bons souvenirs qui refont surface, mais qui rappellent cruellement le manque d'une certaine personne, et ça, c'est vachement moins sympathique.

J'ai été ravi de voir quelques clients arriver, pour le coup, histoire de me changer un peu les idées, de m'occuper surtout, mais on est mercredi soir, il fait froid dehors et c'est franchement pas la cohue. Par moments, je tape la discute avec un ou une habitué(e), ou avec un collègue, entre deux commandes, et la soirée avance beaucoup trop doucement à mon goût. Je souris, pourtant, quand c'est ce visage-là qui se découpe dans l'encadrement de la porte.

« Hey !… »

Ce mec, je l'ai déjà vu une fois ou deux. La dernière fois, je l'ai même dragué - comme quoi c'était y a un moment - et il m'a bien fait comprendre que ça l'intéressait pas. Du coup j'ai lâché l'affaire sur ce plan-là, mais ça m'a bien amusé d'apprendre qu'il s'appelait Nathaniel, et j'ai un peu discuté, plutôt superficiellement cela dit, avec lui. Du coup, il fait partie des visages connus - mais c'est pas comme si j'oubliais beaucoup de visages... - et je me suis approché de son côté du bar en même temps que lui, en lui tendant la main par-dessus le comptoir.

« Salut Nathaniel, comment ça va ? »

On est certainement pas les meilleurs amis du monde, mais ça m'empêche pas d'être poli. J'ai été bien élevé il paraît - même si j'ai eu tendance à leur faire s'arracher les cheveux, à mes parents, mais passons.

« Qu'est-ce que je te sers ? »

C'est pour ça qu'on me paie, là, et je tâche toujours de faire mon boulot au mieux. Pourtant, même si je tente de garder le masque avenant, souriant, que je sers toujours aux clients, faut bien avouer que c'est moins naturelle que d'ordinaire. Et puis... Quand on l'a déjà subi, j'imagine que ça doit être assez évident que le côté charmeur habituel passe un peu à la trappe...
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() message posté Mer 19 Nov 2014 - 13:38 par Invité
Tu ne sais pas très bien pourquoi tu es là. Tu as du travail à faire, tu as des choses à écrire, des choses à dessiner, des devoirs à rendre. Peut-être que c'est à cause de la pression que tu as accumulé ces derniers jours, peut-être que c'est à cause de lui, peut-être que c'est parce que tu n'en peux plus et que tu as besoin de te vider la tête. Te vider la tête de lui, du travail, de tes pensées qui s'emmêlent et qui foutent le bordel absolu dans ta tête, de tes pensées qui t’en font voir de toutes les couleurs alors que tu aimerais que ça s'arrête. Tu n'aimes pas ça, quand ton cerveau se met à foisonner, quand tu te mets à trop réfléchir sur tout et n'importe quoi, sur les choses qui te tracassent, sur les choses qui te font réagir. Tu n’aimes pas ça parce que tu ne sais plus comment faire taire tes pensées, tu ne sais plus comment tout arrêter pour te reposer, ne serait-ce qu'un peu. Tu es fatigué, tu en as marre, et tu t'es dis que l'alcool serait une bonne idée. Ce n'est sûrement pas vrai mais tu n'as plus que cette option, et puis ça te sors un peu de ton appartement trop plein de son image, plein du bordel que ton esprit crée à cause de lui. Alors, tu t'es dis que venir dans ce bar était une bonne idée, parce que tu n'en connais pas d'autres, parce que tu n'as pas l'habitude de sortir. Tu n'aimes pas sortir, tu n'aimes pas avoir à voir des gens, à supporter la foule, à supporter les gros lourds qui ne pensent qu'à ramener quelqu'un dans leur lit en jugeant les gens sur le physique. Les gens comme ça ne te plaisent pas, tu hais ce genre de comportements, tu trouves ça immoral. On ne t'a pas élevé comme ça, toi tu crois en l'amour, toi tu crois en les gens. Personne ne devrait se voir apporter ou retirer des opportunités à cause de son physique, et encore moins en ce qui concerne l'amour, ou quoi que ce soit qui s'y rapporte. On te drague des fois, quand tu viens dans ce genre d'endroits, mais jamais bien longtemps. L'aura glaciale qui émane de tous les pores de ta peau dissuade beaucoup et le peu de courageux qui parviennent à t'aborder ne reçoivent que très peu de considération en retour. Tu n'aimes pas être abordé, tu n'aimes pas qu'on te prenne pour un morceau de viande, pour un simple objet dont on peut se débarrasser le lendemain après s'en être servi. Ce n'est pas ta philosophie, ce n'est pas comme ça que tu fonctionnes, et lui l'a bien compris. Nathanael, c'est ça ? Un de ces garçons qui pensent que le monde est à leurs pieds, qui pensent qu'ils ne doivent rien à personne et qu'ils peuvent bien faire ce qui leur chante. Il t'avait profondément agacé, l'autre soir, au bar. Tu n'avais pas été très tendre, comme tu ne l'es jamais dans ces cas-là, et il avait très vite abandonné l'idée de te ramener chez lui pour faire quoi que ce soit. En plus, il n'était même pas si intéressant que ça et pas aussi beau que lui. Personne ne l'est, personne ne peut l'être, et personne ne t'intéresse à part lui. Cette pensée t'avait considérablement refroidi car elle n'aurait jamais dû s'insinuer dans ton cerveau, mais c'est ce que tu t'étais dit. Tu étais probablement devenu plus glacial encore, moins avenant que jamais, et pourtant il a persisté, vous avez discuté, et tu as révisé ton opinion.Il était sympathique au final, mais ce n'est pas pour autant que toi tu l'as été avec lui. Tu n'es pas comme ça avec les gens, tu ne sais pas être gentil avec ceux que tu connais à peine, et c'est bien cela qui fait que personne ne t'approche vraiment.
Tu hausses les épaules en entrant dans le bar et tu viens t'asseoir au comptoir, une expression neutre imprimée sur tes traits. Tu lui serres la main puisqu'il a l'air d'y tenir, et tu hausses les épaules de nouveau. «  Hey. » Dis-tu simplement, posant tes mains sur le comptoir, les yeux tournés vers lui. Tu n'as pas envie de te faire aborder encore, alors tu espères qu'il ne t'arrivera rien pendant que tu parles avec lui. Ce n'est vraiment pas le moment, et tu sais que tu réagirais très mal. «  On fait aller, et toi ? » dis-tu simplement, le regardant dans les yeux, voyant bien que son masque à lui aussi se casse la gueule. Où est-donc passé le séducteur ? Serait-ce le travail qui lui ferait changer d'attitude de cette manière ? Non, un barman ne s'empêche jamais d'être charmeur, u contraire si ça permet d'avoir des habitué(e)s, et ainsi plus de pourboires. Tu secoues légèrement la tête. C'est peut-être toi ? Il avait l'air très confiant la dernière fois, le genre qui ne se prend quasiment jamais de râteau, le genre qui n'a pas l'habitude qu'on lui dise non. Peut-être que c'est pour ça, peut-être que tu le déstabilises en lui refusant ce qu'il a l'habitude d'obtenir en un claquement de doigts, et ça te fait plaisir, ça te ferait presque sourire. Tu es heureux de gâcher ses plaisirs de cette manière, en lui montrant que tu es un être humain avec des sentiments, même si ça ne se voit pas énormément, et pas juste un corps à prendre et à jeter. Tu t'en fiches de savoir s'il te considère ou pas, tu veux juste qu'il comprenne que la vie c'est pas ça, qu'on a pas le droit de traiter les gens comme de la merde, qu'on a pas le droit de se comporter comme des connards juste parce qu'on en a envie. Alors, un léger sourire vient étirer tes lèvres et tu soupires. «  Je sais pas, tu proposes quoi ? J'ai pas l'habitude de boire de l'alcool, alors j'y connais rien. » Laisses-tu échapper de tes lèvres, haussant les épaules, regardant la carte. «  Alors, comment ça se passe la chasse, ces temps-ci ? » Ta question n'est même pas méprisante, elle est juste amusée. Tu sais que tu n'as plus de raison d'être méchant, que tu peux discuter avec lui, qu'il ne t'arrivera rien. «  Quelqu'un de fixe en vue ou c'est pas dans le programme ? » Lâches-tu pour le taquiner, pour qu'il se sente piqué sans être offensé.
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() message posté Jeu 20 Nov 2014 - 8:23 par Nathanael E. Keynes
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Mercredi 05.11.2014 • North London • Barfly
Il n'y a pas vraiment besoin d'être devin pour voir que c'est pas la grande forme chez lui non plus. Si je pouvais être dans sa petite tête, je crois qu'une partie de moi s'insurgerait de ce qu'il pense de moi, parce que d'accord, je l'ai dragué parce que je le trouvais mignon, effectivement sans le connaître, mais pour le reste... Non, le monde n'est pas à mes pieds, ça se saurait, et je suis assez conscient des comptes que j'ai à rendre à... plein de gens, en fait. Je suis pas aussi individualiste que ma façon de vivre peut le laisser entendre, clairement, et surtout, je fais jamais rien sans prendre en compte l'avis de l'autre. Si bien que oui, quand il a clairement manifesté que passer une nuit dans les bras d'un inconnu, c'était juste hors de question - plus glacial tu meurs - j'ai pas insisté sur ce point. Chacun sa façon de voir les choses, et au fond, je trouve ça beau d'avoir une vision romantique de l'amour. Juste que manifestement, c'est pas pour moi. Et au fond, je l'envie, vraiment, parce que je crois bien que je pourrais être assez fleur bleue, s'il y avait quelqu'un qui compte de cette manière-là dans ma vie. C'est pas d'actualité cela dit.

Il a son petit caractère, mon presque homonyme, et ça m'a plu, aussi. Parce que ma tendance à sauter un peu sur tout ce qui bouge veut pas forcément dire que je peux pas aussi rencontrer et faire connaissance avec des gens sans passer par la case sexe. Je reste quelqu'un de très sociable, en réalité, et du coup, je lui ai un peu tapé la discut'. Je serais peut-être pas en train de lui serrer la main ce soir sinon, même s'il s'est pas vraiment montré beaucoup plus chaleureux après que j'ai clairement spécifié que je battais en retraite sur mon plan de départ, mais il m'a pas non plus particulièrement snobé. Un peu comme ce soir, donc.

« Hey. »

Pas la super grande forme donc, ce haussement d'épaules en est assez révélateur. Viens, on monte un club...

« On fait aller, et toi ?
- A peu près pareil... »


Son regard plongé dans le mien me laisse perplexe. Qu'est-ce qui se passe dans sa tête là ? J'aurais presque l'impression que ça lui fait plaisir que je sois manifestement pas vraiment au mieux de ma forme. C'est pas cool mec. M'enfin je suis pas dans sa tête, donc, et des suppositions, je pourrais en faire douze millions, je vais essayer de pas trop me prendre le chou là-dessus, ça vaudra sans doute mieux. Puis je suis là pour lui proposer à boire alors...

« Je sais pas, tu proposes quoi ? J'ai pas l'habitude de boire de l'alcool, alors j'y connais rien.
- On a des softs aussi, tu sais... Mais quelque chose me dit que c'est pas tout à fait ce que tu recherches, là, ce soir... »


Ouais parce que le connard de playboy derrière son bar, il a aussi des sentiments, et un minimum d'empathie, en fait... Même un peu plus qu'un minimum, mais passons. T'as pas l'air en forme et tu cherches un truc pour te remonter le moral, ok. Bon, je dirais bien que c'est pas forcément une solution, mais je vais franchement pas te jeter la pierre, parce que je t'accompagnerais bien si j'étais pas justement en train de bosser là... Et donc, je vais me contenter de faire mon travail, justement.

« Il y a l'embarras du choix... Mmmh... Quels types de saveurs tu apprécies hors alcool ? Ca devrait m'aider à te conseiller de savoir un peu ce que t'aimes autrement... »

Et puis l'avantage d'un cocktail, c'est qu'on doit pouvoir en trouver qui sont composés en partie de boissons que t'apprécie autrement.

« Alors, comment ça se passe la chasse, ces temps-ci ?
- Ca se passe... pas. »


La chasse. C'est comme ça que j'ai parlé à Tyler la dernière fois, à peu près, quand ça a fini qu'il a pris le verre de Tristan dans la tronche et que j'ai eu droit à un bel aperçu de tout le mépris que Playboy pouvait avoir pour moi.

« Quelqu'un de fixe en vue ou c'est pas dans le programme ?
- T'appuies direct là où ça fait mal, c'est pas cool mec... »


Je sais bien qu'il pouvait pas savoir, d'ailleurs y a quand même un petit sourire sur mon visage, parce que j'ai bien compris qu'il pensait pas à mal, que c'était juste une petite pique comme je suis moi aussi capable d'en lancer un peu à tout le monde, mais ça n'empêche que ça fait mal.

« Je voudrais bien. Mais il y a encore moins de chance que ça se fasse que j'en ai eues avec toi, alors... »

Je sais pas trop bien pourquoi je lui raconte ça, je suis pas vraiment censé être là pour me faire plaindre, mais... il m'a posé une question après tout. Et Rika a beau tenter de positiver à ce sujet, je vois pas comment ça pourrait évoluer de façon fvorable. Pas après ce qu'il s'est passé au début de mes vacances...
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() message posté Mer 10 Déc 2014 - 12:28 par Invité
Tu ne sais vraiment plus où tu en es. Dans ta tête, c'est le bordel, tout se mélange, tout fait la fête, plus rien ne va. T'as la migraine, t'as l'impression permanente que ton cerveau va éclater, t'as envie de ne plus penser. Tu aimerais ne plus avoir à penser, mais tu te rends bien compte qu'au fond, on ne peut jamais échapper à son esprit. On ne peut pas se fuir, ce serait ridicule et physiquement impossible. Et pourtant, tu aurais bien envie de te fuir, de t'en aller de cet esprit qui détruit tes barrières, qui t'auto-détruit. Tu aimerais pouvoir t'en aller, ou plutôt tu aimerais qu'il s'en, aille. T'aimerais qu'il ne s’immisce plus dans ta tête, t'aimerais qu'il dégage, t'aimerais ne plus penser à lui. Mais comment ? Tu sais très bien que ce n'est pas en couchant avec d'autres personnes et en salissant ton corps pourtant si peu pur que tu vas t'en sortir. Tu le sais, ça ne marche pour personne, et souvent ça ne fait qu'empirer la situation. Et puis, c'est pas ton genre. Les inconnus peuvent à peine te toucher, alors te baiser, même pas en rêve. Tu serais dégoûté, et au final tu te retrouverais sûrement à pleurer comme un con au fond d'une pièce, à pleurer encore plus que si tu avais pensé à lui toute la soirée. Il t'emmerde, tu ne sais pas quoi faire, tu ne sais pas quoi dire. Tu penses encore à lui, encore et toujours, alors que tu n'es pas en sa compagnie, que tu ne l'as pas été depuis plusieurs jours, et que tu es dans un lieu qui n'a, à priori, aucun rapport avec lui. C'est peut-être justement à cause de toutes ces choses que tu penses à lui. Parce qu'il te manque, peut-être. Mais comment cela pourrait-il être un manque ? Non, non, ce n'est pas ça, ça ne peut pas être ça. Pourquoi te manquerait-il ? Tu ne l'aimes pas, tu le hais, tu ne sais pas ce qui t'as pris. Tu es à l'ouest, complètement à l'ouest, tellement que tu ne sais même plus si ton cœur bat la chamade parce que tu penses à lui ou pour une toute autre raison. Tu ne te sens pas bien, t'as besoin d'un truc, définitivement besoin d'un truc, mais lui ne fait que blablater, il t'inflige encore des minutes douloureuses loin de l'oubli, loin du verre,  près de la déchéance noire de tes pensées. Alors tu le presses, tu fais en sorte qu'il se dépêche, et tu prépares tes réponses dans ta tête. Tu veux qu'il arrête de te demander ce que tu veux. Un putain d'alcool fort, c'est trop demandé sans qu'on t'en fasse un foin ? Tu t'en fiches qu'il ait le goût de la menthe, de la banane ou du kiwi, tu veux que ça t'arrache la gorge, tu veux que ça te rafraîchisse les pensées, tu veux que ça te fasse mal pour que tu saches à quel point t'es vivant. Tu veux sentir que tu vaux encore quelque chose, que t'es pas qu'un cœur accroché à une âme presque morte, que tu vaux le coup de vivre sans avoir les pensées pleine de lui. Tu veux être ivre, mais pas de lui. Ou peut-être que tu l'es déjà ?

  «  C'est pas ce qu'il me faut, non. Très honnêtement, je m'en fiche en fait. J'ai pas vraiment la tête à m'occuper de la saveur d'un cocktail, si tu vois ce que je veux dire. » Tu n'aimes pas sa façon de parler, tu n'aimes pas son air bien rangé de barman qui sourit à tout le monde et qui essaye d'être le plus gentil possible pour avoir de généreux pourboires à la fin de la soirée. Tu n'aimes pas son air trop parfait, son air qui pourtant recèle une petite fêlure, une petite fissure que tu repères à peine. Ou peut-être que t'es déjà en train d'y creuser ? Tu sais qu'il est pas si bien qu'il en a l'air, tu sais que son sourire est encore plus faux que d'habitude et que ce n'est pas à cause des pourboires. Tu ne sais pas à quoi c'est dû, tu n'es pas un expert en psychologie, mais tu aimerais bien tout de même en savoir plus sur son cas. Ça t’amuserait, ça te divertirait, ça ferait peut-être sortir l'autre de tes pensées le temps d'une soirée. Tu n'en n'es pas sûr, mais tu veux bien essayer, après tout, bourré, tu ne sauras même plus s'il s'adresse à toi ou pas. Tu apprécies également le fait qu'il ne t'en demande pas plus sur toi, parce qu'il sait que tu n'es pas bien, il le voit, tu le lui dit avec ton regard même si ce n'est pas vraiment ton intention. Tes gestes respirent le mal-être, tu n'es pas dans une bonne période, et ça se voit. Mais il ne te demande pas de développer, il ne te demande pas de continuer à parler, à raconter ta vie, à blablater jusqu'à ce que le bar ferme de vos petites vies personnelles, et tu apprécies vraiment. Tu veux pas devenir le mec bourré et lourd qui retient le barman jusqu'à point d'heure parce qu'il se plaint, parce qu'il aimerait bien avoir un peu de considération de la part des autres, de n'importe qui. Tu n'es pas comme ça, loin de là. «  Donne moi juste l'alcool le plus fort de ta carte de cocktails aux noms bizarres, le reste je m'en fiche. Je suis trop... J'ai trop de choses dans la tête pour m'occuper du goût de la boisson. J'ai juste besoin d'alcool, c'est tout. » Ça t'agace un peu, c'est encore du blabla, des mots qui sortent de sa bouche et qui ne veulent rien dire pour toi. Tu t'en fiches, tu ne veux pas lui faire une liste de tes goûts pour qu'il te file un putain de verre qui te coûtera sûrement la peau des fesses. Ça t’énerve, tu n'aimes pas qu'il te fasse attendre un peu plus, qu'il t’éloigne encore du trou noir dans lequel seront aspirées tes pensées, du chaos dans lequel elles disparaîtront peut-être.

Et puis t'es surpris, surpris parce que t'as touché au bon endroit. C'était plus une blague qu'autre chose, une taquinerie qui ne devait pas forcément taper juste, et pourtant si. Alors, le jeune homme qui se fait à peu près tout le monde aurait quelqu'un en vue ? Ça te ferait presque rire, si t'étais d'humeur, mais ce n'est qu'un léger sourire qui vient étirer tes lèvres. Tu ne sais pas pourquoi tu as réussi à trouver ce qui le tracassait, mais en fait ça te plaît pas, t'es curieux. Ça, c'est quelque chose qui peut aisément te divertir, un coureur de jupons amoureux. Et puis, tout te revient à la gueule. Tu te rends compte que Leslie est peut-être dans le même cas que lui. Parce que tu l'as vue l'attirance dans les yeux de Leslie, et tu ne sais pas s'il est passé dans beaucoup de lits depuis la fois où il a dormi chez toi. Tu ne sais pas ce qu'il a fait, en fait, et tu te rends compte que ça t'énerve, que t'aimes pas ne pas savoir. Tu aimerais consigner chacun de ses faits et gestes parce que tu sais qu'il se fait du mal et qu'il se fait du monde, et ça te fout pas bien, t'as le cœur qui flanche, t'aimerais le savoir clean et surtout bien célibataire. Pourquoi ? Tu devrais juste t'en foutre, tu devrais pas te mêler de ça. Est-ce que tu l'aimes un peu, au final ? Est-ce que c'est pas toi qui aurait quelqu'un en vue ? Non, non, impossible, c'est pas vrai, c'est impossible. Tu n'es pas amoureux, surtout pas de lui. Ça te ferait trop de peine, t'en chierait beaucoup trop, tu t'en remettrais pas. Et pourtant, la question tourne dans ta tête. Est-ce que c'est pas toi qui est amoureux ? Putain t'es con, t'es vraiment con. T'essayes de jouer les malins avec un barman que tu connais à peine, et au final tout ce que tu fais te revient dans la gueule sans que tu saches pourquoi.

Sa réponse te fait rire, alors tu ris, tu ris comme un con parce que c'est marrant, parce que voir un coureur de jupons se prendre un râteau c'est toujours amusant. Pourtant tu compatis, t'as de la peine pour lui alors tu hausses les épaules, tu t'arrêtes de rire et tu te laisses le temps de boire une gorgée du verre qu'il t'a apporté. Ça pique, ça brûle, ça ramone les poumons, ça t'éclate la tête. Tu penses un  peu moins, tu penses un peu mieux, tes idées sont plus claires, ou peut-être que ce n'est qu'une illusion qu'elles te donnent. Tu le regardes alors simplement et tu souris. «  Comment un mec comme toi peut-il se prendre un râteau ? Comment ça se fait qu'il n'y ai pas de chances de réussite ? Pourtant, t'as très peu de mal à convaincre d'habitude, non ? C'est une femme mariée ? » Tu rigoles encore, très légèrement cependant, et tu hausses les épaules. «  Vas-y, raconte, de toute façon j'ai pas mieux à faire, et c'est intéressant d'écouter. »

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() message posté Dim 14 Déc 2014 - 12:32 par Nathanael E. Keynes
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« C'est pas ce qu'il me faut, non. Très honnêtement, je m'en fiche en fait. J'ai pas vraiment la tête à m'occuper de la saveur d'un cocktail, si tu vois ce que je veux dire.
- Parfaitement bien.
- Donne moi juste l'alcool le plus fort de ta carte de cocktails aux noms bizarres, le reste je m'en fiche. Je suis trop... J'ai trop de choses dans la tête pour m'occuper du goût de la boisson. J'ai juste besoin d'alcool, c'est tout.
- I'm already on it, mate... »


J'avait pas besoin de toutes ces précisions, en réalité, j'ai bien compris que chez lui aussi, c'était pas vraiment l'éclate à présent, qu'il cherche juste un truc pour se retourner le cerveau. C'est pas une solution en soi, ça aussi, je le sais très bien, mais d'une part, je suis pas sa mère - même si je me connais et que mon côté Saint-Bernard s'assurera qu'il est rentré sans encombres ensuite - et d'autre part, je serais franchement assez mal placé pour lui faire la pige, parce qu'à vrai dire, j'aurais bien envie de l'accompagner, là. L'alcool le plus fort, donc. Ca sera pas un cocktail, mon pote, et ça va t'arracher la gueule grave. Y en a quelques-uns, de ces whiskies directs sortis de la distillation, de ceux dont on fait pas redescendre le degré d'alcool aux 45 classiques, qui dépassent les 60° et sont plutôt censés faire office de digestifs. Tu m'en donneras des nouvelles, tiens. M'enfin parti comme c'est, t'en sentiras même pas le goût. Profites-en bien pour moi, j'ai encore quelques heures à tirer avant de pouvoir faire la même... chez moi. En attendant, je grimace quand il appuie juste sur ce qui fait mal, et un peu plus encore quand je vois ce sourire étirer ses lèvres. Vas-y, fous-toi de ma gueule en prime, si ça peut te faire plaisir deux minutes. Et pourquoi je te réponds au juste ? Pourquoi je m'enfonce tout seul le couteau dans la plaie ? Je l'entends rire, grimace encore et hoche la tête quand on me demande une bière plus loin, tandis qu'il attaque son verre - dont je suis pas sûr de lui réclamer le prix d'ailleurs.

« Comment un mec comme toi peut-il se prendre un râteau ? Comment ça se fait qu'il n'y ait pas de chances de réussite ? Pourtant, t'as très peu de mal à convaincre d'habitude, non ? C'est une femme mariée ? »

Il se marre, et moi je ris jaune. Je crois que ça serait presque plus facile, si c'était une femme mariée, tiens. Mais quoi qu'il en pense, j'ai quand même quelques principes. J'ai jamais forcé personne, et je ferais jamais ça.  

« Vas-y, raconte, de toute façon j'ai pas mieux à faire, et c'est intéressant d'écouter.
- C'est comme les accidents sur le bord de la route, je suppose... Fascinant, je suis devenu un fait divers. »


Ouais je suis amer... Mais je suppose que tout le monde le serait un peu, là, non ? Je dépose la bière sur le comptoir plus loin, encaisse le type et revient vers l'autre Nate, histoire de mettre un peu les choses au clair, finalement.

« Alors déjà, pour commencer, des râteaux, j'en ai pris d'autres... A commencer par toi, il me semble. C'est le jeu, en même temps, même si c'est... un autre niveau, là. Et si j'arrive souvent à mes fins, c'est que les gens en face sont un minimum réceptifs, j'ai jamais forcé personne à ce que je sache, et t'es plutôt bien placé pour le savoir, non ? »

Non parce que d'accord, je veux bien que ça a pas l'air très glorieux d'être un coureur de jupons invétéré à la base, mais réellement, j'ai jamais forcé la main à personne, et j'ai clairement jamais fait ça si j'avais le moindre doute quant au fait que ma conquête ait des regrets derrière. Tout ce que je cherchais, jusque-là, c'était à passer du bon temps, et ça marche dans les deux sens. Je suis clairement pas salaud à ce point, quoi qu'il ait l'air d'en penser. Et vu comme j'ai pas forcé avec lui non plus, d'ailleurs, ça me bouffe un peu qu'il me voie de cette manière, mais après tout, j'y peux pas grand chose, au final, et je finis par hausser les épaules.

« Et ça serait presque plus simple si c'était une femme mariée, je crois... Il se trouve juste que c'est un type encore plus coureur de jupons - enfin pantalons en l'occurrence - que moi à la base. Et parfaitement réfractaire à la vie de couple. Vas-y marre-toi, je crois que tu peux, là, c'est parfaitement ridicule de toute façon... »

Un sourire archi-faux à cet instant, et je me passe une main dans les cheveux avant de refaire un tour plus loin pour servir un cocktail à une fille qu'est déjà venue un paquet de fois, qui espère sans doute toujours quelque chose, je dois toujours avoir son numéro quelque part, mais je l'ai jamais rappelée. Elle était là, le soir où je suis parti avec Tyler la première fois, d'ailleurs, et comme ce jour-là, elle me dévore des yeux, littéralement. Je suis désolée miss, t'as toujours autant d'atouts, mais... J'ai encore moins envie de ça que la première fois... Mais je suis sûr que tu trouveras quelqu'un d'autre pour te satisfaire, va, quoi qu'en dise Playboy, y a plein de mecs qui se bousculeraient pour te mettre dans leur lit, j'en aurais même fait partie, y a quelques temps. Mauvais timing, je suppose. Et merci du compliment, ouais, je sais que je suis toujours aussi sexy avec mon shaker, c'est juste pas vraiment dans ta bouche que je voudrais entendre ces mots. Je lui souris, cela dit, lui adresse même un clin d'oeil quand je remplis son verre devant elle, et lève juste le menton quand elle s'éclipse en me suggérant à nouveau de l'appeler. Tu devrais franchement pas t'accrocher à une cause perdue, ma jolie...

« Bref... »

Pourquoi je suis revenu près de Nathaniel au juste ? Me demandez pas, j'en sais foutrement rien.

« Bois-en un pour moi, tiens... Faut que j'attende encore quelques heures avant de pouvoir me démonter la gueule à mon tour alors... »

Alors ce verre que je te ressers, il est pour moi, ouais. Encore. Profite, c'est mon jour de charité... Enfin... C'est pas comme si j'étais de nature très avare à la base, mais ça non plus, t'es pas censé le deviner.
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