Vers l’âge de cinq ans, dans le jardin de la maison se situant dans la grande ville d'Inverness en Ecosse, une petite demoiselle s'amusait à se balancer de haut en bas sur une vieille balançoire, s'imaginant atteindre les étoiles qui trônaient dans le ciel. Soudain, elle aperçut son frère de cinq and plus vieux, accourant vers elle un grand sourire aux lèvres. «
Cassiiie, je peux te pousser ? » lança-t-il lorsqu'il arriva à la hauteur de la jeune fille. «
... tu vas me faire quoi encore ? » répondit-elle d'un air suspicieux en fronçant les sourcils. La blonde avait beau être petite, elle connaissait son grand frère et savait qu'il avait constamment une idée derrière la tète. «
Rien ! Je te promets que cette fois-ci je vais rien faire ! » affirma-t-il en tentant de se montrer le plus convainquant possible. La jeune demoiselle acquiesça finalement après quelques secondes de réflexions. Son interlocuteur se plaça alors derrière elle de manière à pouvoir la pousser alors que cette-dernière trépignait déjà d'impatience à aller encore plus haut que précédemment. Le jeune garçon plongea alors sa main droite dans la poche de son pantalon et en ressortit une araignée en plastique qu'il avait emprunté à un de ses amis d'école la veille. Tentant tant bien que mal de contenir son rire, il déposa délicatement l'objet sur le crâne de sa jeune sœur. « Cassandre... je crois que t'as une araignée dans les cheveux. » dit-il après s'être légèrement éloigné de la balançoire. Sa phrase eut instantanément l'effet d'une bombe pour la jeune fille qui lorsqu'elle passa la main dans sa chevelure, sentit quelque chose de dure. Écarquillant les yeux, elle sauta d'un bond afin de se positionner sur ses pieds avant de gesticuler en sautillant. «
AHHHHHHHH ! ENLÈVES-LA MOI ! ENLÈVES-LA MOI !! » cria-t-elle à plein poumons à l'encontre de son frère. La jeune fille détestait les araignées, et rien que de savoir qu'une de ses bestioles se promenait tranquillement sur elle l'a révulsait. Ses bras gesticulaient dans tout les sens et sa tète quand à elle, se balançait afin de faire partir la bête. Alors qu'un autre cri allait franchir ses lèvres, l'objet en plastique tomba à terre. Lorsque la blonde aperçut la dite araignée, elle se stoppa net, et recula de quelques pas. Néanmoins, elle aperçut que cette-dernière n'était pas comme d'habitude puisque son corps reflétait la lumière des lampadaires. Fronçant les sourcils, la demoiselle s'approcha alors de l'objet -tout en gardant évidement une distance de sécurité, et l'observa minutieusement avant de se rendre compte qu'il ne s'agissait que d'une simple araignée en plastique. Son frère se pencha alors pour ramasser l'objet et afficha un sourire victorieux sur ses lèvres, fière d'avoir réussi son coup. «
MAMAAAAN ! PAPAAAAA ! ULYSSE A ENCORE RECOMMENCÉÉÉÉ !! » vociféra-t-elle alors instantanément, en courant à l'intérieur de la maison bien déterminée à faire punir son diable de frère.
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«
Bon anniversaire ma chérie. »
Dans un élan de tristesse, la jeune fille âgée aujourd'hui de douze ans passa une main sur son visage tentant de se calmer. Elle prit alors une grande inspiration, et répondit à son interlocuteur à travers le combiné. «
Tu me manques. » dit-elle en serrant les draps de sont lit sur lequel elle était assise. «
Oui, je sais... toi aussi tu me manques. » répondit la voix à l'autre bout de la ligne. C'était le premier anniversaire que la demoiselle passait sans son père. En effet, suite au divorce de ses parents, la blonde avait du suivre sa mère et son nouveau petit-ami à Plymouth, une ville dans le sud de l'Angleterre, laissant ses amis en Ecosse par la même occasion. Contrairement à son grand frère qui ne se retrouva pas vraiment marqué par cet événement, elle, s'enfonça dans une sorte de mutisme. Elle avait de plus en plus de mal à dialoguer avec les autres, ne sachant pas comme exprimer ses pensées. Ne le voyant qu'une fois tout les deux mois, son père lui manquait affreusement. En plus de ça elle n'aimait pas ce nouveau petit-ami, l’appeler beau-papa était tout simplement hors de question. Et puis quelle était cette grosse blague de divorce ? Depuis quand ses parents ne s'aimaient-ils plus ? Eux qui semblaient pourtant si amoureux lorsqu'elle était petite. Ils ne pouvaient tout simplement pas effacer toutes ces années de vie commune en un simple claquement de doigt. Oui, Cassandre avait l'impression d'être la seule touchée par cette séparation. Personne à part elle, ne semblait se soucier de la situation présente et c'est surement ça qui l'a révoltait le plus.
«
Oui... moi aussi je t'aime. Aurevoir. » dit-elle finalement avant de raccrocher. La conversation n'avait pas été bien longue, surement parce que Cassandre ne faisait aucun effort pour relancer la discution et que la majeur partie de celle-ci avait été alimentée par la voix de son père. La jeune fille se sentait tellement étrange. Elle avait tellement de choses à dire mais n'arrivait pas à les faire sortir de sa bouche.
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Recroquevillée sur elle-même, Cassandre avait enfoui son visage entre ses genoux. Ses paupières étaient closes, elle ne pensait à rien, elle voulait simplement oublier ce qu'elle ressentait pour quelques secondes. Oui, pendant quelques secondes elle voulait oublier et faire semblant que rien ne s'était passé. Elle voulait oublier cette année scolaire et tout ceux qui en faisaient parties. Elle les maudissait, comment pouvait-on être aussi horrible ? Elle avait si mal. Jamais, elle ne voulait revivre ça. Qu'avait-elle bien pu faire pour s'attiser la haine de ses anciens camarades de classe ? Ils n'avaient pas le droit. Non, ils n'avaient pas le droit de la traiter de tout les noms. De lui dire qu'elle était moche, grosse et inutile. Ils n'avait pas le droit de la harceler sur son téléphone portable. Ils n'avaient pas le droit de la menacer. Ils n'avaient pas le droit d'en être si fier. Cassandre se souvenait encore de la douleur qu'elle avait ressentit en passant délicatement la lame de rasoir sur sa peau. Elle avait cru que le sang qui avait coulé ce jour là serait son échappatoire, son petit moment de liberté. Pourtant elle s'était lourdement trompée. Pendant un an et demi... elle avait subi ça sans se rendre compte qu'elle ne le méritait pas. Car oui, à force de lui répéter qu'elle ne servait à rien, elle avait finit par le croire dur comme fer.
«
Ma mère a fait des crêpes hier, je t'en ai gardé. » annonça une jeune fille qui tenait une assiette entre ses mains lorsqu'elle entra dans la pièce, ramenant ainsi Cassandre sur terre. La jeune fille savait que cette petite annonce allait faire réagir la blonde, gourmande comme elle est. Et quel ne fut pas le sourire qui s'afficha sur ses lèvres lorsqu'elle vit que Cassandre s'était assise convenablement avant d'engloutir toutes les crêpes. «
Merci, Juliet. » lança Cassandre après avoir avalé une bouchée. La brune s'assit alors en tailleur aux côté de Cassandre ravit de voir que cette-dernière semblait reprendre un peu plus de couleur depuis son arrivée au lycée. Cassandre, de son côté commençait réellement à s'attacher à la jeune fille. Alors qu'elle ne l'avait croisé que quelques fois à la bibliothèque, elle avait parlé à la brune, et lui avait raconté ce qu'il se passait. C'est d'ailleurs grâce à elle que Constance réussit à parler à sa mère, stoppant enfin les harcèlements. Elle avait changé de lycée, et s'était retrouvée dans celui de son amie, leur donnant ainsi l'occasion de développer cette amitié naissante. «
Tu... tu as encore mal ? » demanda Juliet après avoir longuement hésité, tout en désignant le poignet gauche de la blonde avec ses yeux. «
Je, hum... t'en fais pas, ça va. » répondit-elle à son interlocutrice en baissant son regard vers son poignet. En dehors de Juliet et de ses parents, personne n'était au courant et c'était surement mieux ainsi.
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«
Juliet ! Tu pourrais au moins ramasser tes vêtements ! » lança la jeune femme à sa meilleure amie. «
N’empêche, ça m'étonnera toujours que quand il s'agit de faire le ménage, on t'entend vraiment bien ! » rétorqua-t-elle en traînant des pieds afin de ranger les vêtements qui jonchaient le sol. La blonde leva alors les yeux au ciel avant de retourner dans la cuisine, vérifier la cuisson du repas qu'elle cuisinait. Sa meilleure-amie et son frère étaient sans aucun doute les seules personnes avec lesquels Cassandre se sentait à l'aise et n'avait pas peur d’exprimer ses pensées.
Les deux jeunes femmes respectivement âgée de vingt ans avaient toutes deux décidés de partir étudier à Londres il y a maintenant deux ans. Et étaient par la même occasion devenues colocataires puisqu'elles partageaient un appartement. Pour Cassandre qui faisait des études d'astronomie, le choix de la ville ne s'était même pas poser puisqu'elle voulait rejoindre son grand-frère parti également faire ses études dans la capitale anglaise. De plus, la blonde veut maintenant passer à autre chose et oublier cette horrible année qu'elle a vécu à ses seize ans. Certes, les cicatrices sont encore présentes, lui rappelant ainsi chaque jour la douleur qu'elle a subit, mais une montre et le tour est joué. Plus de cicatrices voyantes. Cassandre avait notamment fini le lycée avec les honneurs du jury, la preuve qu’après cette période sombre, elle ne s'était pas laissée aller. Aujourd'hui, Cassandre, est toujours aussi timide et a encore du mal à aller vers les autres mais elle fait des efforts. Et puis, elle croit fortement en l'adage «
quand on veut on peut ».