Rentrer à la maison après une longue journée de travail, ça a toujours été quelque chose qu'appréciait Victoria. Elle a toujours eu son petit rituel, qu'inlassablement elle répétait chaque jour. Mais plus aujourd'hui. Non, à présent rentrer ne lui semble plus aussi agréable qu'auparavant, et ce pour de multiple raisons. Alors elle tente de se trouver de nouvelles habitudes juste pour se défaire de son passé d'une certaine manière. Exit le petit brin de ménage, bye bye la douche rapide et bonjour au temps pour elle, et rien que pour elle. Vic tente de se réapproprier sa vie, que trop longtemps elle a laissée captive entre les mains indélicates de son mari. Et ce n'est pas chose aussi aisée qu'elle l'aurait imaginée. Et pourtant dieu sait qu'elle l'a haï, qu'elle a pensé qu'une fois parti elle serait enfin libre. Alors pourquoi maintenant qu'il n'est plus là, elle n'a de cesse de penser à lui ? Sûrement parce qu'elle l'a aimé, trop aimé, pour réussir à s'en détacher aussi facilement. Et pourtant qu'est-ce qu'elle aimerait pouvoir le faire disparaître de sa tête d'un revers de main, pour qu'enfin elle retrouve la paix. Alors tout ça, tout ce qu'elle fait une fois dans son appartement, n'est qu'une manière de s'occuper l'esprit.
Elle entre doucement dans son bain, tressaillant au contact un peu trop chaud de l'eau sur sa peau. Une fois immergée, elle tente de se détendre en regardant un épisode de Grey's Anatomy sur son ordinateur posé juste à côté de la baignoire. Et ce n'est que lorsque l'eau est froide, que la belle finit par enfin sortir de la salle de bain, emmitouflée dans un peignoir ivoire, les cheveux noués dans une serviette. Elle marche pieds nus jusqu'à la cuisine, où elle se met à cuisiner. Elle ne réfléchit pas, lorsqu'il s'agit de cuisine elle ne réfléchit jamais vraiment, elle aime se laisser guider par ses inspirations du moment. En y pensant, Victoria n'a même jamais dû suivre une seule recette à la lettre de sa vie. Et très vite l'odeur de la sauce embaume tout le petit appartement dans lequel elle vit seule désormais.
Vivre seule... c'est une chose à laquelle elle n'est pas habituée, voire qu'elle n'a jamais expérimentée. D'abord ses parents, ensuite sa tante, suivis par des colocataires, et après son mari, et puis James. A cette dernière pensée, Victoria ne peut s'empêcher de laisser un sourire parcourir son visage l'espace de quelques secondes. Après l'Enfer de vivre avec William, partager un peu de sa vie avec James lui a semblé être une sensation proche du Paradis. Mais elle se reprend rapidement, elle ne doit pas penser à son patron de la sorte ! Il l'a aidée, comme il l'aurait fait avec n'importe qui ! Ça ne veut rien dire, strictement rien dire. En plus il sort avec une magnifique jeune - très - jeune femme, alors il n'y a rien pour elle là. Vicky le sait pertinemment, mais comme pour William, elle ne peut empêcher son esprit de toujours y revenir.
La jeune femme finit par abandonner ses fourneaux pour aller s'installer sur son canapé, allongée, elle enfile ses lunettes et se met à lire un manuscrit qu'elle a ramené du bureau. Ah oui ses lunettes... un grand secret que tout le monde ignore ! En effet de jour elle porte des lentilles pour ne pas à avoir à les porter, parce qu'elle déteste ça. Et même chez James elle a réussi à faire en sorte de ne jamais les porter ! La minuterie la fait sursauter et la tire abruptement de sa lecture et à peine a-t-elle le temps d'éteindre ses plaques que cette fois c'est la porte d'entrée qui l'enlève à son activité. Elle reste figée l'espace d'une seconde, craignant que William ne revienne. Mais réalisant qu'il n'a pas tenté d'ouvrir la porte avant, elle se dit que ça ne peut pas être lui. Alors elle rejoint l'entrée à pas feutrés, et regarde par l'œil de Judas qui peut bien venir chez elle à cette heure.
Cette fois c'est la surprise qui la glace, c'est lui ! Enfin lui, James, pas William. Et elle est là en peignoir, ses cheveux encore noués dans sa serviette. Panique à bord, elle qui est toujours si bien habillée, maquillée et coiffée, elle ne ressemble à rien ! Elle piétine sur place, fait des mini aller-retour pour au final ne strictement rien faire. Au dernier moment elle se décide à jeter sa serviette sur le porte manteau à proximité, pour au moins avoir l'air moins idiote. Le temps s'est écoulé depuis qu'il a sonné, et la brunette n'a plus trop le choix que de lui ouvrir maintenant. Alors elle entrebâille la porte timidement, ne laissant que sa tête passer dans l'entrebâillement. « Bonsoir James. Quelle charmante surprise ! Elle ne paraît absolument pas à l'aise, malgré ses efforts. Elle se racle la gorge pour se donner un peu plus consistance, et finit par ouvrir d'avantage la porte, restant pourtant cachée derrière celle-ci autant que possible. Entre seulement. Je euh... installes-toi sur le canapé, j'arrive dans un petit instant. Elle le presse un peu en refermant la porte immédiatement derrière lui, et en la verrouillant également - un nouveau réflexe. Et elle disparaît presque aussitôt dans sa chambre, pour en ressortir à présent habillée d'un simple jeans et d'un t-shirt à l'effigie de ce qui semble être un obscure groupe de rock totalement inconnu du nom de Lethal Decadence. Voilà, je suis plus présentable ! Lance-t-elle, alors qu'elle s'assoit à côté de son patron. Bon ça n'a rien à voir avec le style vestimentaire dont il a l'habitude au bureau, mais ça reste tout de même bien mieux qu'un peignoir ! Et à présent elle semble beaucoup plus détendue, quoique... Oh, tu veux quelque chose à boire peut être ? » Et elle se relève avant même d'avoir entendu sa réponse. Victoria peut être comme ça parfois, dispersée, et ça a légèrement tendance à s'accentuer lorsqu'elle est en situation de stress. Mais ça lui donne ce petit côté craquant, qui agace ou séduit.