dangerous (rose&simon)

Viré, viré, viré. Cela faisait deux semaines que sa mère l'avait définitivement mis à la porte. Bordel, il ne s'y attendait vraiment pas. Certes leur relation était toujours à flux tendus mais de là à se retrouver SDF à 19 ans, il ne l'avait pas vu venir. Il parierait que c'était Bouboule, qui avait forcé sa mère à le mettre à la porte. Ah mon dieu, Sims adorerait leur faire avaler des litres de javel et le voir se décomposer devant lui. Non pas que Sims était un malade aux tendances de meurtrier mais depuis que son beau-père avait fait surface dans sa vie, tout partait en vrille. Oui, enfin Sims avait clairement sa part de responsabilité, il était devenu incontrôlable, comme un petit chiot que l'on n'arriverait pas à tenir tranquille. Non, Sims n'était pas allé déraciner les plantes du jardin, mais s'était fait condamné à treize mois de TIG, et pas que la combinaison orange ne lui allait pas, mais bon il avait dû expliqué à sa mère les raisons de sa condamnation, et apparemment, elle aussi n'avait pas trouvé drôle de montrer son postérieur dans les rues à 3 heures du matin.Simon en rirait encore si il n'avait pas eu de condamnation à la clé. Enfin, voilà il était dehors.

Les premiers jours qui avaient suivi, il avait pu trouver refuge chez une amie de longue date. La cohabitation s'était relativement bien passée, mais Sims fout toujours tout en l'air, et lorsqu'il était rentré à moitié ivre mort et mettant un boucan d'enfer, il avait fait à plier bagages. Il avait ensuite errer d'amis en amis, ne restant qu'une nuit à chaque fois. Sims était encore un bébé, mais il savait qu'il ne pouvait pas abuser de tous comme ça. Surtout, qu'il n'avait pas un sous en poche, et ne pouvait même pas dédommager ses amis. Il avait eu alors deux alternatives à son dilemme. Alors voir le juge, qui suite à son procès lui avait proposé de l'aider en le sortant de cette sphère familiale apparemment trop néfaste pour lui d'après la psy. Ou alors justement aller voir Rose, sa psy, sa ... Il n'avait pas réellement de mots pour décrire ce que Rose représentait dans son univers. Il avait plutôt aimé aller à ces 25 séances, il avait pu parler comme jamais il ne l'avait fait auparavant. Et puis, il était doucement tomber sous son charme. Sims ne pouvait pas se l'expliquer. Comment avait-il succomber à cette femme ? Surtout qu'il n'avait pas été réellement tendre avec lui durant toutes les séances. Mais d'une façon, elle l'avait touché, elle l'avait fait réagir. Sims s'était plus ou moins calmé durant son suivi psychologique, après c'était une autre histoire !
Alors, le voilà devant la porte de Rose O'pry. Leur dernière séance remontait à un mois maintenant. Il n'avait pas eu de nouvelles d'elle, malgré qu'il lui avait donné son numéro. D'un côté, Simon savait que ses espoirs étaient totalement fous, elle était une professionnelle et lui un simple gamin tout simplement banal. Voilà pourquoi son doigt était en suspens à quelques centimètres de la sonnette. Et si elle l'envoyait paître ? Si elle lui en voulait d'être trop con durant les séances ? Et si elle l'avait tout bêtement oublié ? Il jouait quitte ou double, il n'était même pas sûr que  cela soit une bonne idée de demander le gîte à sa psy, enfin ancienne psy. Mais il n'avait plus vraiment le choix, il ne voulait pas aller dans le truc du juge, il était trop "pur" pour se retrouver là-bas. Alors il souffla un bon coup et il sonna. Ses jambes tremblaient légèrement. Pourquoi venait-il de sonner ? Bordel il était trop con. Mais finalement la porte s'ouvrit sur la belle psychologue. Elle sembla tout autant surprise de le voir que Sims de la voir ouvrir. Euh... Bonjour m'dame, dit Sims peu confiant, non sans oublier de lui envoyer son plus beau sourire charmeur. Il s'agissait de Rose, il n'allait ps l'oublier.

Une fois son dernier patient parti, Rose ferme son bureau et file aussitôt se glisser sur son canapé, enroulée dans son plaid, avec Olaf tout proche. Elle lève les yeux au ciel et soupire en constatant la demande d’attention ainsi l’excitation du chien à l’idée de sortir se balader. Juste cinq petites minutes de pause, pitié. Après l’averse. Promis. Elle n’en demande pas plus. Quasiment désespéré, ce dernier finit par se calmer et pause sa truffe sur la cuisse de sa maîtresse avec ses grands yeux implorants.
Alors qu’elle y croyait à ses quelques minutes de répit, Rose se retrouve extirpée de son état presque léthargique par la sonnette. Tout comme Olaf qui se remet à japper et sauter dans tous les sens. Elle se fait la promesse de le balader une fois le « problème » de l’autre côté de la porte réglé. Euh… Bonjour m’dame. Alors là, Rose ne s’est absolument pas préparée à cette situation. Les yeux écarquillés, presque la bouche bée, la totale. Elle jette un coup d’œil de part et d’autre. Au cas où ce soit une blague ou… elle ne sait quoi d’autre. Qu’est-ce que… ? Il est tout de même pas venu jusque ici parce qu’elle n’a pas daigné le contacter au moins ? Son numéro ? Il est resté entre deux papiers dans son agenda. Que voulez-vous qu’elle en fasse  concrètement ? Aussi paumé qu’il avait paru l’être lors de leurs entretiens, Rose ne peut plus grand chose pour lui aujourd’hui. Son dossier est clos — du moins jusqu’à une nouvelle connerie de sa part — et ses séances terminées. Éventuellement, la psy pourrait lui demander de ses nouvelles, de temps en temps, histoire de rassurer elle… ainsi que la conscience de la femme. Simo… Sims ? Il y a un problème ? Je… La jeune femme réfléchit. Quelques secondes pour peser et le contre de ce qu’elle s’apprête à lui demander. On ne sait jamais comment il pourrait prendre sa question. Néanmoins, elle se lance quitte à se rattraper par la suite s’il s’emballe avec un nouveau sous-entendu. Je peux faire quelque chose pour toi ? Rose se fait bousculer par le dalmatien, lui aussi curieux de savoir qui l’occupe ou alors jaloux qu’elle ne lui porte plus la moindre attention depuis quelques minutes maintenant. C’est à se demander lequel des deux fait mieux les yeux de chien battu. Ainsi, elle lâche la porte pour le retenir. Cette dernière s’ouvrant et pour éviter qu’Olaf ne s’enfuie — ce serait le comble de la soirée — elle l’éloigne de l’entrée.
Elle remarque enfin qu’il tremble, mais pas son sourire charmeur peut-être parce qu’elle s’y est presque accommodé au fil des séances. Loin de se douter qu’il s’agit d’une sorte de stress, elle repense à l’averse et l’humidité ambiante. Écoute Sims reste pas là, il pleut. Juste le temps qu’il lui explique le pourquoi de sa visite…

Il était vraiment con d'être venu voir Rose pour lui demander de l'aide. Elle semblait assez déstabilisée, qu'elle se rassure, il n'allait pas s'amuser à la séduire comme toutes les autres fois, il était dans un pétrin, l'heure n'était à la rigolade. Evidemment, on ne peut reprocher à Simon de servir un sourire charmeur à Rose, le naturel.
En face de Rose, il se sentit rapidement bêta et ne sut pas vraiment quoi répondre. Son impulsivité avait soudainement disparu. D'autant que Rose ne savait pas vraiment comment prendre la présence du jeune homme. Il le sentait, la surprise était grosse pour elle. Comment allait-elle réagir quand elle allait entendre la demande de Sims ? La situation n'aurait pas été urgente, que Sims se serait bien mis à rigoler sous la pression, et le stress. Lui qui était d'un naturel calme, il allait frôler la tachycardie ! Je peux faire quelque chose pour toi ? Euh..me sauver par exemple, pensa Sims. Il se racla la gorge pour reprendre un peu de consistance. J'ai un truc à vous d'mander madame O'Pry. Je vous rassure j'suis pas venu pour vous embêter, s'expliqua Simon se sentant obligé de lui montrer le sérieux de la situation. Il ne voulait pas l'effrayer, et puis il ne voulait pas qu'elle se braque avant même qu'il n'ait eu le temps de lui demander de l'aide. Il put apercevoir un grand dalmatien derrière, tiens il ne s'en serait jamais douté. D'un côté, il ne la connaissait pas du tout, il avait tiré des conclusions de leurs séances. Et c'était sans doute pour cela, en plus de son attitude bien trop souvent irrespectueuse, qu'il avait peur de devoir encaisser un refus de sa part.
Ecoute Sims restes pas là, il pleut. Pff, il n'avait pas froid, vraiment pas. Il n'aurait pas craché sur une séance avec un psy, autre que Rose, pour parler de cette situation embarrassante et peu confortable. Simon hocha juste la tête et accepta l'invitation de Rose à pénétrer dans la maison. Il fit quelques pas, et s'autorisa à enlever sa veste en jean. Il se retourna vers la jeune psychologue. J'suis désolé de passer à l'improviste, j'vous ai pas traqué en tout cas hein, expliqua Simon, avec un véritable air de gamin paumé, un peu sa situation. J'préfère vous le dire directement, ma mère m'a foutu à la porte. Je crois que le orange de la combinaison lui donnait la nausée, ria Sims, il pouvait s'autoriser une pointe d'humour. J'ai pas de toits, je sais pas trop où aller. Le juge veut que j'aille dans un truc moisi avec des genres de mecs pas fréquentables. J'suis pas bien sûr que ça me botte d'aller passer du temps avec eux..., dit rapidement Sims tout en évitant le regard de Rose, regardant le grand chien majestueux. Est-ce que vous, vous ... pouvezm'herberger ?, algina Sim sans reprendre une quelconque respiration. Pas toute une vie, mais le temps que voilà ..., finit Simon en relevant son regard vers la jeune brune, le cœur battant attendant une réponse de son ancienne psy, espérant quelle soit positive, même si il s'attendait à se battre un peu...

Entre nous, Rose a eu plusieurs hésitations quant à la réalité de ce qui vient de se passer. Du coup, elle a également hésité à provoquer un contact physique — peut importe lequel — ou même de se pincer afin de s’assurer de l’exactitude de tout cela. J’suis désolé de passer à l’improviste, j’vous ai pas traqué en tout cas hein. J’préfère vous le dire directement, ma mère m’a foutu à la porte. Je crois que le orange de la combinaison lui donnait la nausée. J’ai pas de toits, je sais pas trop où aller. Le juge veut que j’aille dans un truc moisi avec des genres de mecs pas fréquentables. J’suis pas bien sûr que ça me botte d’aller passer du temps avec eux… Encore heureux qu’il ait précisé de ne pas l’avoir traqué jusqu’ici. Ça aurait été plus que flippant et elle l’aurait remis à la porte avant d’appeler Walt à la rescousse « salut, en fait j’ai pas un serial killer comme patient, mais un stalker… » Contrairement aux patients qu’elle reçoit à titre privé dans l’ancien bureau de son père, ainsi Simon n’a jamais eu l’occasion de venir dans cette maison. Est-ce que vous, vous … pouvez m’héberger ? Pas toute une vie, mais le temps que voilà … De toute façon, il est trop tard pour trouver autre chose et je suis pas capable de te laisser dehors pour la nuit… Enfin elle pourrait aussi lui filer quelques livres, de quoi se payer une nuit d’hôtel, et l’inciter à trouver quelque chose dans ce style. Rose a bien conscience qu’elle va au-delà du cadre professionnel auquel elle tient en temps normal. Et peut-être que Simon n’a aucune idée de l’attachement qu’elle a pour lui, mais elle a comme l’impression qu’il sait exactement comment s’y prendre avec elle pour ne pas se prendre un magnifique refus dans la tronche. Mais il faudra trouver une solution à long terme, parce que… voilà. Tu sais tous les foyers sont pas comme tu le crois. Je te présente Olaf tant qu’on y est. Mais ce genre de foyers se fait plutôt rare, surtout pour ceux qui ont une tendance à recommencer. Mais il y a d’autres solutions. Rose en est certaine. Il faudra plus pour briser son grand optimisme. Elle rebrousse chemin en direction du salon. Une fois là, elle se retourne vers Simon, bras croisés. Tu veux grignoter quelque chose ou te doucher pendant que je prépare ta chambre ? Une chambre, une vraie, même pour une nuit. Ce n’est pas sur le canapé que Simon dormira tranquillement de toute façon, pas avec Olaf dans les parages en tout cas. Sauf s’il apprécie les léchouilles intempestives… Ou tu veux parler de ce qu’il s’est passé chez ta mère ? Dans son élan pour rejoindre l’étage, Rose s’arrête soudainement. Parler comme avant, elle en est toujours capable et ça ne lui fera peut-être pas de mal.

Il aurait presque hurler de joie d'entendre les mots positifs de Rose. Elle était d'accord. Bon, elle semblait pas du tout emballée à l'idée. Simon le comprenait parfaitement, voir débouler un ancien patient -con sur les bords- qui vous demandait presque l'impossible ça faisait jamais sauter de joie. Mais, elle acceptait pour cette nuit du moins. De toute façon, il est trop tard pour trouver autre chose et je suis pas capable de te laisser dehors pour la nuit… J'vous jure que vous allez oublier que je suis là. Et puis j'trouverais un moyen de vous remercier. Faut juste que je trouve un travail, mais c'est pas facile avec les TGI jusqu'à 17 heures, l'informa Sims. Il était un sale gosse mais Simon était plus que reconnaissant face au geste de son ancienne psy. Evidemment, il n'allait pas croire qu'elle accepterait de l'héberger sans conditions et sans limite. Elle devait avoir sa petite vie, qui se voyait bouleverser aujourd'hui. Même si bon Simon serait bien heureux qu'elle n'est pas de petite vie, ou alors juste le chien dans sa vie. Pas d'homme. Ce  n'était pas de la jalousie mais bon, ça serait mieux quoi. Il aimerait pas avoir à faire à un type. Les pensées de Simon se confirmèrent lorsque Rose lui dit qu'il ne pourrait pas rester ici infiniment. Mais il faudra trouver une solution à long terme, parce que… voilà. Tu sais tous les foyers sont pas comme tu le crois. Je te présente Olaf tant qu’on y est. J'suis peut-être un con mais j'ai pas envie de cohabiter avec des violeurs ou des meurtriers. De toute façon, je vous assure que je trouverai un moyen. J'ai bien deux trois potes qui pourront me rendre service. Mais pas en ce moment, je suis déjà allé chez eux. Ton.. Votre chien il est beau. Mon père avait ramené un chien une fois, mais quand il est reparti, il l'a pris avec lui, répondit Simon avant de s'agenouiller devant le chien et de tendre sa main afin que ce dernier s'habitue à son odeur. Simon adore les animaux, excepté les oiseaux donc il a une phobie monstre. Finalement, la mise en mouvement de Rose tire Simon de son rapprochement avec le majestueux dalmatien. Tu veux grignoter quelque chose ou te doucher pendant que je prépare ta chambre ?  Ou tu veux parler de ce qu’il s’est passé chez ta mère ? Mais vous allez dormir où ?. Simon laissa un fin silence couler. Vous savez ce qu'il s'est passé avec ma mère c'est qu'elle a enfin trouvé le motif pour me foutre à la porte. J'vous jure qu'après nos séances je me suis calmée. J'ai vraiment voulu changer, parce que vous m'en aviez donné l'envie. Mais voilà, d'après ma mère, j'ai des problèmes. Elle pense que je devrais aller en maison de redressement. Enfin, c'est l'unique condition pour que je revienne à la maison. Mais j'irai pas dans une maison de redressement. J'vous assure que je suis pas dérangé, je suis pas malade. Je suis juste Simon. Et je pensais que les gens aimaient Simon., déclara Simon d'une seule tirade en fixant son regard sur le sol, sur le chien, sur les murs mais pas sur Rose. Il avait bien trop honte là. C'est bizarre d'avoir appelé son chien Olaf.. Mais j'aime bien. J'avais appelé le mien Simon. C'est bête mais il était aussi énergique que moi, finit par dire Simon pour détourner la lourdeur de la pièce.

C’est quand même difficile de lui dire non. Certes, elle aurait pu en rester là, lui payer un taxi ainsi qu’une nuit d’hôtel, mais pour une raison qu’elle ignore dans l’immédiat, la jeune femme doute que ce soit une bonne idée de le laisser seul, de le laisser tomber ce soir. J’vous jure que vous allez oublier que je suis là. Et j’trouverais un moyen de vous remercier. Faut juste que je trouve un travail, mais c’est pas facile avec TGI jusqu’à 17 heures. Pas facile de concilier autant à son âge. Pas facile non plus de trouver un travail avec ses histoires. Pour ça aussi, Rose est prête à l’aider s’il en a besoin. On reparle de ça à tête reposée, d’accord ? Pas maintenant. Ce serait inutile. Ils doivent se donner un peu de temps pour la réflexion, elle ne tient pas à ce que Simon se retrouve n’importe où en répondant à la première annonce. En plus de cela, elle doute de ses propres capacités mentales pour ce genre de recherches dans l’immédiat. J’suis peut-être un con mais j’ai pas envie de cohabiter avec des violeurs ou des meurtriers. De toute façon, je vous assure que je trouverai un moyen. J’ai bien deux trois potes qui pourront me rendre service. Mais pas en ce moment, je suis déjà allé chez eux. Ton.. Votre chien il est beau. Mon père avait ramené un chien une fois, mais quand il est reparti, il l’a pris avec lui. Elle a haussé un sourcil quand il l’a tutoyée un instant. C’est ce genre de risque que Rose redoute en l’hébergeant. Difficile de rester entièrement intègre dans ces circonstances. Ce n’est même pas pour préserver sa petite vie qu’elle tient aux limites, puisqu’elle n’a rien de particulier à ce jour, mais dans l’éventualité où elle doit redevenir sa psy, avoir de nouveau des rapports professionnels avec lui, ce genre de choses quoi. Néanmoins, elle finit par acquiescer sans rien ajouter : même avoir des amis qui rendent service n’est pas la meilleure solution. Qui sait combien de temps ça peut durer… Question stabilité, on repassera. Mais vous allez dormir où ? Vous savez ce qu’il s’est passé avec ma mère c’est qu’elle a enfin trouvé le motif pour me foutre à la porte. J’vous jure qu’après nos séances je me suis calmée. J’ai vraiment voulu changer, parce que vous m’en enviez donné l’envie. Mais voilà, d’après ma mère, j’ai des problèmes. Elle pense que je devrais aller en maison de redressement. Enfin, c’est l’unique condition pour que je revienne à la maison. Mais j’irai pas dans une maison de redressement. J’vous assure que je suis pas dérangé, je suis pas malade. Je suis juste Simon. Et je pensais que les gens aimaient Simon. Que Simon ne se fasse pas de souci pour elle, Rose a grandi dans cette maison avec ses parents, il doit donc bien y avoir assez de places pour eux deux. Alors qu’elle est sur le point de monter à l’étage préparer ladite chambre, elle s’installe sur une marche afin de l’écouter attentivement. Et scruter aussi chacun de ses gestes. Lui en maison de redressement ? C’est juste la plus grande blague du siècle. Comme il le dit si bien, il est un petit con sur les bords, pas dans le même registre que ceux que l’on croise dans ce genre d’endroit. Loin de là. La jeune femme se fait donc violence pour ne pas porter de jugement sur la mère de son « protégé », mais c’est difficile en fin de compte. Je te crois. Si t’es venu, c’est parce que tu tiens à t’en sortir. Je me trompe ? Difficile aussi de ne pas se laisser encore plus attendrir par ses propos. Oui, les gens - elle comprise - doivent certainement aimer Simon. C’est bizarre d’avoir appelé son chien Olaf… Mais j’aime bien. J’avais appelé le mien Simon. C’est bête mais il était aussi énergique que moi. Elle sourit, au final peu surprise par ce changement soudain de sujet. Olaf, c’est une longue histoire. Étrange également, puisqu’il n’est présent ici qu’une semaine sur deux. L’autre semaine, il est chez Walt. Comme une garde alternée. Mais c’est une bonne compagnie finalement : toujours fidèle, joyeux avec une sacré dose d’énergie surtout pour lui rappeler de faire du sport les jours où elle est toujours pas une soudaine flemme inexpliquée. Comme dans Frozen. Rose n’a aucune honte de parler de cette référence. Oui, il lui arrive encore de regarder des films pour enfants. Oui, il lui arrive même de chanter avec les personnages pendant qu’elle regarde ce genre de films. Elle se lève et reprend ce qu’elle était sur le point de faire. Au fait Sims… C’est pas dans mes habitudes d’héberger des patients, ou ex-patients, ça doit rester entre nous.

Je te crois. Si t’es venu, c’est parce que tu tiens à t’en sortir. Je me trompe ? Sims fit bouger sa tête de haut en bas, oui il tenait à trouver une solution. Il n'allait certainement pas abuser de la gentillesse de O'Pry, à part si c'était elle qui lui proposait d'allonger le séjour, mais il n'en était pas encore là. On avait  bien le temps d'y arriver. Pour le moment, il devait se montrer discret et reconnaissant. Enfin cela il l'était déjà. Il était plutôt intimidé de se retrouver dans le'espace privé de Rose. Ce n'était pas dans son caractère mais il ne s'agissait ni d'une amie, ni d'une connaissance mais bel et bien une femme pour qui il avait eu un véritable crush. Alors c'était pour cela qu'il mettait un point d'honneur à respecter au maximum les règles que sa psy lui donnerait. J'crois que le plus jour de ma vie sera quand je pourrais foutre cette combinaison à la poubelle. J'pensais pas que le juge allait me coller autant de TGI. Alors je vous jure que mon seul souhait c'est de sortir de tout ce merdier, confirma le beau brun. Plus vite ces 13 mois plus vite il pourrait commencer à élaborer un plan. Mais Simon ne se faisait pas trop d'illusions, les conneries ne disparaîtront pas radicalement de sa vie en si peu de temps. Il n'y avait personne pour l'aider à se sortir de tout ça. Il ne pouvait même plus compter sur sa mère, pas qu'il avait pu le faire un jour ! Enfin bref, il n'allait pas se pourrir la tête de toutes ces réflexions, et puis sa petite (demie) sœur profiterait de sa mère pour lui, ça lui allait amplement. Finalement Simon préféra contourner tous ses problèmes en reportant son attention sur le grand dalmatien. Il avait toujours été fasciné par les animaux et vouait une passion étrange pour les poneys. Même Simon n'essayait pas de comprendre pourquoi il aimait tant les poneys. Rose évoqua le nom d'un film pour justifier le prénom de son chien. Sims haussa les épaules, il ne connaissait pas ce film. La dernière fois qu'il avait pris le temps de regarder la tête, Babar existait encore. Il fallait dire que rester sans bouger, concentré sur un écran c'était vraiment pas le fort du jeune homme, absolument pas. Finalement Rose se leva de sa marche d'escalier avant d'ajouter Au fait Sims… C’est pas dans mes habitudes d’héberger des patients, ou ex-patients, ça doit rester entre nous. Sims ne répondit pas de suite, posant son regard perçant sur Rose. Il laissa son regard se balader sans aucune gêne. Pour la première fois, il la regardait réellement en prenant son temps pour se réapproprier ce visage qui lui avait manqué, et qu'il avait pris à connaître pendant ces séances. Il ne le savait pas, mais son visage virait au cramoisi. Il n'arrivait plus à décoller son regard des yeux de O'Pry. Il avait l'air d'un gosse dans une cour de récré face à son amoureuse. Sims était encore un gosse, faut-il le rappeler encore une fois ? Normal qu'il rougisse pendant qu'il se laisser à dévisager son ancienne psy. Finalement Sims se rend compte de ce qu'il était en train de faire. Une bouffée de chaleur s'empara de ses joues. Euh... Hein ? Oui. Enfin oui d'accord... J'veux dire que j'en parlerais à personne. Vous auriez pas un verre d'eau, j'me sens pas terrible là, bégaya Simon en tournant brusquement le regard de Rose.

Dans le fond, Rose est bien contente de l’entendre parler de la sorte. Ne plus jamais porter cette combinaison signifie un peu de calme dans ses histoires et une reprise en main de sa vie. Cela ne lui fera donc pas de mal de faire profil bas. Enfin, elle ne se fait pas trop d’espoir. Malheureusement, après ce qu’il lui a raconté, elle doute que cela suffise pour qu’il retrouve sa place au domicile familial. Et puis, Sims est encore jeune. Le plus beau jour de sa vie n’aura pas lieu d’ici treize mois. Elle pourrait en mettre ça main à couper.

La jeune femme a froncé les sourcils pendant quelques secondes. Ce genre de regard, elle connait un peu. Et ce n’est pas forcément un bon signe. D’autant plus quand on sait que Simon a eu un comportement des plus ambigus au fil de leurs séance, au point d’aller jusqu’à lui donner son numéro au cours de la dernière. Aussi attendrissant soit-il, elle ne doit pas perdre son professionnalisme. C’est triste à dire, mais Simon ne peut pas être une personne comme une autre à ses yeux. Déjà qu’en voulant le protéger, elle est certaine de franchir déjà certaines limites. Heu… Hein ? Oui. Enfin oui d’accord… J’veux dire que j’en parlerais à personnes. Vous auriez pas un verre d’eau, j’me sens pas terrible là. Heu… oui ? Comme quoi, ce n’est pas tout de suite qu’elle va pouvoir préparer la chambre de son invité surprise. Rose cligne des yeux et fait demi tour aussitôt, dévalant presque les escaliers comme une furie. Il ne manquerait plus que Sims tourne de l’œil. Elle ne peut pas s’empêcher de lui jeter un regard inquiet. Un souci en particulier ? Il avait pas l’air trop mal avant de se mettre à la fixer de la sorte. La brune s’exécute tout en jetant un coup d’œil dans la direction du jeune homme toutes les cinq secondes. Elle lui tend le verre, ajoutant : Tu as besoin d’autre chose Sims ? Fais moi signe, okay ? Au vu de son comportement, Rose ne se sent pas prête de l’inviter à faire « comme chez lui ». Là-dessus, elle retourne dans les escaliers. Dernier regard. Pas de réaction particulière. Elle reprend son chemin.

Une fois dans la chambre, elle ne peut pas s’empêcher de faire les cents pas. C’est dangereux qu’il soit là. Si ses amis étaient amenés à l’apprendre un jour ou l’autre, c’est exactement ce qu’ils lui diraient. Cependant, elle se reprend. Profonde inspiration, suivie d’une longue expiration. Ce n’est que le temps de quelques nuits, hein ? Il ne va rien tenter de nouveau, n’est-ce pas ? Sims ? Rose l’interpelle tout en dévalant les marches une nouvelle fois. Une fois en bas, elle constate qu’il ne s’est pas enfuit. Il n’a presque pas bougé d’ailleurs. Olaf non plus. La testostérone a un don pour calmer ce chien. De toute façon, elle n’est pas étonnée plus que cela de voir « sympathiser », ils se ressemblent pas mal quelque part. Tu devrais pouvoir t’installer. Il y a aussi une serviette propre dans la salle de bain, si tu veux.

Il aurait pu mourir de honte de s'être laissé aller à ses pensées. Faut dire que face à Rose il se sent encore plus enfant qu'il ne l'est mais encore plus troublé par sa personne élégante et charmante. Sa bouffée de chaleur lui permet d'attirer un regard inquiet de la part de Rose. Il se sentit gêné de l’inquiéter alors que ses pensées à milles lieues à ce que pouvait croire Rose. Un souci en particulier ? Oh, au point où j'en suis y a pas de soucis en particulier, répliqua Sims en lui servant un sourire qui se voulait rassurant. Néanmoins, Simon a vraiment besoin de ce verre d'eau pour reprendre ses esprits.  Il s'empara du verre très rapidement avant de vider le contenu à toute vitesse. Tu as besoin d'autre chose Sims ? Fais moi signe, okay ? Yeap. Vous inquiétez pas trop pour moi, l'équipe qui m'encadre me fournit pas mal de choses... sauf un logement, trop bête hein !, répondit Sims. Fallait dire qu'il s'était lié avec son tuteur un certain Toni et ce dernier l'avait aidé au mieux qu'il pouvait, lui fournissant des petits plats pour le soir. C'était tout ce qu'était autorisé à faire Toni tout en respectant les règles de non proximité avec les condamnés. Finalement, Rose reprit sa course vers l'étage.

Simon se retourna immédiatement vers le chien. Il s'assit et se mit à le caresser doucement et  tendrement. Décidément, il était trop fou des bêtes. Il serait même prêt à pirer qu'il savait mieux s'occuper d'un chien que de lui-même. Fallait dire que le sort d'autrui lui tenait plus à coeur que son sort à lui. Et c'était certainement pour cela que Sims se mettait toujours dans des situations abracadabrantesques, et que les conséquences ne lui faisaient pas changer d'avis même si elles compromettait sa liberté. Il entendit Rose l'interpeller, mais il resta concentré sur la bestiole. Mais il finit par se retourner vers la jeune psychologue. Tu devrais pouvoir t'installer. Il y a aussi une serviette propre dans la salle de bain, si tu veux. Merci, mille fois merci. J'pensais pas que vous seriez aussi sympa à bien vouloir m'aider. Ça compte pour moi.. Enfin je vous dire de voir qu'il y a encore des personnes qui comptent sur moi. Simon se releva et fit face à la psychologue. Vous savez ... euh pour le numéro... Bah... P'tet que j'aurais pas dû. J'suis désolé si j'vous ai vexé, s'excusa Simon en baisant le regard à terre tellement il avait honte de son geste, et puis il pensait tellement qu'elle l'aurait rappelé.

Ce soir, la jeune femme a l’impression d’avoir à faire avec une personne bien différente que celle rencontrée quelques semaines plus tôt. Nettement plus calme et plus ouvert déjà. Yeap. Vous inquiétez pas trop pour moi, l’équipe qui m’encadre me fournit pas mal de choses… sauf un logement, trop bête hein ! Sur ses paroles, Rose n’a pas pu s’empêcher de sourire. En effet c’est dommage pour la question du logement, elle est tout de même est bien contente d’apprendre qu’on s’occupe bien de lui là-bas. En tout cas, Simon n’aura pas besoin de s’inquiéter pour le dîner tant qu’il sera ici. Mais, pour une raison qu’elle ignore, elle ne peut pas s’empêcher de s’inquiéter.

À peine la dernière marche passée, la jeune femme est accueillie par les remerciements de Simon et Olaf à priori jaloux de ne plus être son centre d’attention. Merci, mille fois merci. J’pensais pas que vous seriez aussi sympa à bien vouloir m’aider. Ça compte pour moi.. Enfin je vous de voir qu’il y a encore des personnes qui comptent sur moi. Vous savez … euh pour le numéro… Bah… P’tet que j’aurais pas dû. J’suis désolé si j’vous ai vexé. Elle hausse un sourcil. Ah bon, à quoi tu pensais alors ? Rose la méchante ? Elle essaye de s’imaginer la scène de son arrivée : Simon devant chez elle, demandant de l’aide pour ce soir, avec ses yeux implorant et elle qui finit par lui claquer la porte au nez. Hors de question. Ça n’arrivera jamais même si elle n’a pas été tout ce qui est de plus chaleureux depuis qu’il est là. Y penser est mal la connaître. Mais Rose ne lui en veut pas : il n’a pas eu l’occasion de la connaître pas en tant que personne. C’était pas vexant. Loin de là. Peut-être… Un peu déstabilisant quand même. C’est même flatteur. Si les circonstances avaient été différentes, elle n’aurait probablement pas autant hésité. S’il n’avait pas été son patient, elle l’aurait appelé. Ce n’est pas leur seule différence d’âge qui aurait été une véritable contrainte. Elle n’a personne dans sa vie, il n’y aurait eu aucun drame. Mais ce n’est pas le cas, il n’y a pas que cette différence d’âge dans l’histoire.

Rose s’assied, alors qu’il a décidé de se lever, et prend le relai des caresses pour Olaf. Une façon comme une autre de ne pas avoir à supporter son regard dans l’éventualité où il le relèverait. Tu sais que ça n’aurait pas été… professionnel de ma part de t’appeler. Je pouvais vraiment pas... Sait-on jamais si Simon revoit un juge pour une autre histoire, elle resterait sa psy. Et l’appeler pour lui dire quoi d’abord ? Prendre de ses nouvelles au début, d’accord, mais après ? Elle n’a pas la moindre idée de ce qui aurait pu se passer.