"Fermeture" de London Calling
Après cinq années sur la toile, London Calling ferme ses portes. Toutes les infos par ici All the people there  said you come alone. | PV Nathaniel. 2979874845 All the people there  said you come alone. | PV Nathaniel. 1973890357
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All the people there said you come alone. | PV Nathaniel.

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() message posté Mar 21 Oct 2014 - 22:22 par Invité
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T’as les idées en vrac, t’as le cerveau qui dérape. T’as les doigts qui glissent, les membres qui tremblent. T’as le regard qui se fait la malle, ça se floute, tu te noies. Tu te noies dans ton bordel, tu te noies dans l’alcool. Tu as pris un verre, encore un, peut-être le verre de trop.  Celui qui te fera regretter ta soirée, celui qui te fera regretter d’être sorti, d’en avoir trop pris. Mais en attendant, tu es bien, tu es détendu. Tes yeux se perdant sur la population, tu ne vois rien de bien distinct, tu ne vois rien de bien fameux. Comme s’il y avait du brouillard, comme si on t’avait mis un voile sur la face. Tu commandes un nouveau faire, le liquide fait son chemin jusqu’à ta gorge avant que tu n’ailles sur la « piste de danse » ou simplement l’endroit où l’on peut se frotter vulgairement sans que ça ne paraisse déplacé. Sans que l’on vous regarde de travers parce que les gestes que vous faîtes sont beaucoup trop ostentatoires, beaucoup trop vulgaires. Tu n’aimes pas forcément danser mais aujourd’hui tu ne sais plus, tu ne comprends plus et plus que les autres jours tu as envie d’oublier. Tu voudrais que tout sorte de ta mémoire, que les souvenirs se fassent la malle, qu’ils comprennent que tu n’en veux plus, que tu en as marre d’eux ; tu voudrais que rien qu’une fois, ils te laissent tranquille. Qu’ils t’abandonnent. Te quittent. Que vous divorciez ; tu voudrais te séparer d’eux, et les oublier. Juste, les laisser filer. C’est ça que tu aimes dans ces nuits où tu n’es plus toi, où tu ne te souviens plus de ton nom. C’est ce que tu aimes, quand tu bois trop, quand tu en prends trop. Tu as l’impression d’être libéré, d’être quelqu’un d’autre. Tu as l’impression que tu n’as plus besoin de penser, de réfléchir, que tu n’as tout simplement plus besoin d’exister comme tu l’as fait jusqu’à présent. Tu es quelqu’un d’autre et tu apprécies tellement être dans la peau de cet autre toi, que tu recommences. Trop souvent, trop longtemps. Tu recommences et tu t’oublies. Tu ne sais plus à quoi tu ressembles, tu ne sais plus comment tu t’appelles. A combien d’amant d’un soir as-tu donné un nom différent ? Qui sait réellement comment tu t’appelles ? Qui sait réellement, qui est Leslie. Qui es-tu ?

Ton corps contre le sien, tu te déhanches, tu passes d’un inconnu à un autre, tu t’en fiches. Tu ne passes pas inaperçu. Trop grand. Trop coloré. Qui porte encore des cheveux comme les tiens de nos jours ? T’as le débardeur qui part en couille, t’as le pantalon trop bas, t’as le corps transpirant, les joues rouges, les yeux rouges, les lèvres gonflées de baisers échangés avec n’importe qui, n’importe quoi. Tu es tellement bourré que tu ne marches même plus droit. T’es un peu lourd, tu fais rire. Tu n’entends plus la musique, trop forte, dérangeante, tu ne supportes plus les lumières qui éclairent chaque corps, qui par moment découvre des faces inconnues. Elle est aveuglante. Elle est énervante. Tu as soif, encore. Tu as envie d’une clope. Peut-être pas que d’une clope, en fait. T’as envie de te foutre par terre ce soir, t’as envie de tout abandonner, de tout laisser aller. « T’vas chercher un verre ? » murmure-t-il à ton oreille, ses lèvres glissant dans ton cou. Qui est-il ? Tu fronces les sourcils, tu le pousses, gentiment, un peu fort quand même parce qu’il se cogne contre un autre. Ca va pas aller là, ça va mal finir. Alors tu t’échappes, tu t’extirpes d’entre les  corps ondulant comme des serpents apprivoisés au son de la flute et tu te diriges un peu titubant jusqu’au bar, tu t’y accoudes, tu prends ta tête entre tes mains et tu soupires. Tes yeux parcourent le bar, tu les plisses parce que c’est dur de voir tout de même, c’est dur de comprendre ce qui se passe quand on a la tête qui tourne, quand on a les muscles qui tirent. Tu regardes, encore, tu commandes un nouveau verre. Quelque chose de fort. Il faut que tu te réveilles, rien qu’un peu, que tu reprennes des forces. Et tu le regardes. Lui. Ton regard s’est arrêté, il ne s’est pas décroché de son visage fermé, de ses airs d’ange perdu, déchu.  Il est seul ? Il a l’air, seul. Complètement seul. Qui va encore seul dans ce genre d’endroit ? Il a l’air innocent, il a l’air tellement innocent. Tu mords ta lèvre. Tu ne le fais pas exprès, mais tu ne peux pas t’en empêcher. Tu ne sais pas si c’est la tristesse qui se lit sur son visage, tu n’es pas en état de voir quoi que ce soit, tu n’es pas en état de deviner quoi que ce soit, mais tu t’en fiches. Tu prends le verre qu’on vient de te servir, tu ne le bois pas de suite. Tes mains tremblent encore, le liquide est secoué. Tu te fais un chemin là où tu peux, tu essayes en tout cas de passer. De le rejoindre.

« T’es seul ? » Que tu demandes, t’accoudant près de lui. Tu ressembles à ces vieux personnages de séries américaines, ceux qui essayent de draguer mais qui n’y arrive jamais. Tes cheveux rouges devant les yeux, tu passes ta main tatouée dedans, pour pouvoir le regarder. Tes pupilles dilatées, tu as les yeux noirs plus que bleus. Mais qui s’en occuperait ? Personne, personne ne s’en occupe de ça. Personne n’y fait attention. Tu portes le verre à tes lèvres Tu n’as pas cessé de le fixer, tu n’as pas cessé de poser tes yeux sur son corps. Insistant, dérangeant, il ne doit pas savoir comme qualifier tes yeux sur son corps, mais tu n’en as rien à faire. C’est de sa faute, s’il est comme il est. Il n’avait qu’à pas être beau. Bandant. C’est plus le mot que tu utiliserais à ce moment-là, plutôt bandant ouais. Tu termines ton verre. Il n’a pas décroché un mot, simplement un regard. Tu souris légèrement, juste de quoi étirer tes lèvres dans un petit sourire taquin, amusé ou peut-être que tu veux tout simplement te montrer drôle ? Tu ferais presque pitié avec ton corps affalé, avec tes yeux presque fermés, avec ta gueule de drogué et ton haleine alcoolisée. « Je te paye un truc ? Regarde, t’as presque fini ton verre. » En fait, pas vraiment. Mais ça aussi, tu t’en fiches. Deux alcools forts. C’est ce que tu demandes, sans qu’il ne t’ai rien demandé, sans même qu’il n’ait rien dit. Mais tu t’en fiches. Tu t’en fiches de tout. Mais peut-être pas de lui.

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() message posté Mer 22 Oct 2014 - 10:14 par Invité

<< You say : " I fuck you to fuck you over " >>



Comment s'était-il retrouvé là ? C'était la question qui tournait en boucle dans ton esprit depuis que tu t'étais assis sur un des tabourets du bar de cette espèce de boîte de nuit étrange, ce genre de lieux de débauche que tu n'affectionnais pas et que tu évitais d'habitude soigneusement de fréquenter. La débauche, très peu pour toi. Voir tous ces corps qui se mêlent, qui se touchent, qui se découvrent plus qu'ils ne le devraient alors que personne ne se connaît. Voir l'alcool, la sueur, la drogue sur le visage de ceux qui dansent, qui ondulent contre d'autres corps fatigués mais pourtant jamais lassés de la chaleur des autres. Tu ne comprenais pas comment l'on pouvait s'abandonner aussi facilement dans les bras de quelqu'un que l'on ne connaissait pas. Tu ne comprenais pas comment l'on pouvait accorder autant de confiance et de pouvoir sur soi à un inconnu, et qui plus est pour faire ça. Toi, tu ne conçois pas le corps sans l'âme, tu ne conçois pas le plaisir des chairs sans l'amour. Comment pouvait-on oublier l'amour ? Ce bonheur, cette douleur, cette douceur mêlés qui enchantaient les cœurs, qui ravivaient les passions, qui faisaient voir mille couleurs... Tu ne pouvais pas t'en passer.
Et c'était bien pour cela que tu étais venu ici, dans cet endroit de folies, cet endroit que tu ne saurais voir que dans tes cauchemars. C'est pour cela que tu t'étais assis sur le tabouret tout au fond du bar, t'excluant volontairement de la masse, aussi seul que possible dans cette pièce si dangereuse. La décadence. Tu devais l'observer, l'analyser, la dessiner, la peindre de tes couleurs pour le devoir d'art qui t'avait été donné la veille par le professeur. Tu l'avais maudit, à cet instant. Pourquoi donner un sujet pareil alors qu'il y avait de si belles choses dehors ? Des choses pures, des choses préservées, des choses belles que tu adorais regarder. De tout cela, pourquoi devais-tu poser tes yeux innocents sur la décadence du monde ?
Alors, tu as choisis la décadence humaine, la décadence de la jeunesse de Londres, représentative de tout ce que tu détestes chez les gens. Cette chose qui naissait en chaque être humain, qui dévoilait des ombres que personne n'avait osé soupçonner, ces ombres qui pouvaient dévorer de l'intérieur et faire pourrir l'humanité. Tu les avais si bien connues, autrefois. Elles étaient devenues tes plus proches amies, il y a longtemps. Tu n'aurais jamais pensé te séparer d'elles, car bien que ton âme soit rongée par les ténèbres, elles te faisaient tant de bien que tu les protégeais en toi, tu les encourageais à manger encore, à dévorer, à faire disparaître. Maintenant que tout cela s'est échappé de ton corps, de tes veines, tu regrettes et ça te dégoûte, chez toi, chez les autres, tu ne supportes plus ces idées déplacées qui courent dans les esprits, qui se baladent entre les inconscients, elles te donnent envie de vomir.

Il te donne envie de vomir.

Lui, le type qui retient malgré tout ton regard depuis quelques minutes. Il ne passe pas inaperçu, avec ses cheveux rouges trempés par la sueur, avec ses vêtements déchirés qui laissent entrevoir des parties de son corps jeune et bien fait, un corps que tu aurais trouvé attirant s'il n'appartenait pas à ce mec, complètement bourré, sûrement très drogué aussi, qui dansait au milieu de la piste et se collait à tous les hommes qui s'avançaient, les embrassant, les caressant, quémandant presque des mains sur lui, des lèvres sur les siennes, de la chaleur à garder pour la nuit. Il te dégoûte, ce type, parce que tu sais très bien ce qu'il ressent. Tu sais très bien pourquoi il fait ça, et tu ne le supporte pas. Il se fait remarquer, il est là pour jouer, il est là pour oublier. Le spécimen parfait pour ton devoir. Le stéréotype du mec paumé qui n'a rien d'autre à faire de sa vie que se piquer, boire et baiser. La personnification de la décadence, la débauche en chair et en os. Plus en os qu'en chair d'ailleurs, mais c'était un détail dont tu te fichais un peu. Ton téléphone en main, tu actives la fonction « appareil photo », et tu captures cette beauté dépravée, cette innocence lacérée, juste avant qu'il ne quitte la piste pour rejoindre le bar. Il est proche, trop proche, et tu peux sentir le danger qui s'amène. Vas-t'en, dégage, ne m'approche pas, mais il n'entend rien. Alors, tu baisses simplement le regard avant qu'il ne te voie, avant qu'il ne te surprenne à le regarder et prenne tes intentions pour les mauvaises. Tu penses que ça suffira, mais tu te trompes, il t'as vu, c'est trop tard. Tu sens son regard brûlant sur toi, sur ton visage peu amène, sur ton expression fermée. Tu sais qu'il est en train de s'approcher, et tu prépares tes défenses, tu te prépares à t'enfuir.

Tu l'entends sa question, et elle te fait relever la tête. Sa voix est chaude, rauque, sa voix te plaît, et tes sourcils se froncent. Sa question est idiote, la réponse est évidente, alors tu te tais. Ton regard seul lui répond, plongé dans le sien, son regard que tu devines d'un joli bleu malgré les pupilles en mauvais état. Il te regarde, mais pas dans les yeux, et ça te gêne. Tu n'aimes pas surprendre son regard sur tes épaules carrées, sur ton torse plat, sur tes jambes fines, sur tes mains délicates. Tu n'aimes pas son regard, car il te dérange, et son sourire te fait le même effet. Un léger frisson parcours ton corps, et tu ne désires qu'une chose, c'est qu'il s'en aille loin et qu'il te laisse tranquille, qu'il ne te contamine pas avec sa débauche, qu'il retourne danser avec les corps qui ne demandent que lui, qu'il te laisse l'observer encore. Il te parle à nouveau, et cette fois-ci, tu comprends qu'il ne te lâchera pas. Tu sais très bien comment ils sont, les mecs bourrés, et tu sais très bien qu'ils n'abandonnent pas. Il te contrarie, il vient empiéter dans ton espace, dans la petite bulle qui te protège des autres. Dans cette situation, plus rien ne te protèges, tu es à sa merci et tu le sais, ça ne te plaît pas. A qui est-ce que ça plairait ? Alors, encore, une fois, tu laisses le silence lui répondre, et tes sourcils se froncent un peu plus encore. Merde, il est sacrément beau quand même. Tu ne peux pas t'empêcher de le penser, même s'il te rebute, même s'il ne t'inspire que de la pitié. Il est beau, tu ne peux pas le nier, et il te plaît. Mais tu ne veux pas penser à ça, tu ne veux pas te laisser avoir par un joli minois, alors que l'intérieur doit être complètement pourri, mangé, dévoré par les ténèbres dont tu t'étais débarrassé, et que tu ne veux plus jamais avoir à rencontrer.
Tu refuses le verre d'un mouvement de tête, et pourtant il t'est amené. Tu ne veux pas le boire. Tu n'es pas comme lui, tu ne te perdras pas dans les substances diverses pour oublier tes problèmes. Tu l'as assez fait, tu l'as assez regretté, ce n'est pas pour recommencer à cause d'un crétin charmeur et beau parleur qui comptait bien réserver ton cul pour la nuit. Mais tu ne te laisseras pas faire, tu n'est pas comme ça, tu déteste être pris pour un être volage alors que tu es loin de l'être.


«  Mon verre est plein, et y'a plein de gens qui n'attendent que toi, là-bas... » Ce sont les premiers mots que tu prononces, et ta voix et douce, tout aussi douce que la couleur de tes yeux, et pourtant le ton que tu emploies est froid, dur, peu avenant. Tu ne veux pas qu'il se sente encouragé, tu ne veux pas qu'il pense que tu es intéressé. Tu ne l'es pas, grand dieu non, même si son physique est très agréable, son comportement ne te plaît pas, et ses airs de tombeur te donnent envie de rester célibataire pour longtemps encore. Et pourtant, il ne lâche pas, il s'accroche, d'une manière assez désespérée, de cette manière qu'ont les types ridicules à draguer alors que le vis-à-vis n'est pas réellement d'accord. Il te fait pitié, le pauvre, et tu aimerais qu'il ne soit pas comme ça, tu souhaiterais que sa personnalité soit aussi agréable que son visage, tu aimerais ne pouvoir voir que le bleu de ses yeux, et non pas des pupilles noires et dilatées, synonymes de tous ses excès. Tu aimerais pouvoir Le voir, sobre, sans artifices, complètement clean, et sûrement qu'à cet instant il pourrait te plaire. Beaucoup, même.
Mais ce n'est pas ce qu'il recherche, et tu le sais très bien. Cela te décevra toujours dans la nature humaine, ce besoin animal de repaître ses envies de sexe à tout bout de champs. Manque de chance, il est tombé sur un jeune homme qui croit en l'amour, qui croit en la beauté des sentiments, en la vérité du cœur. Tu comprends pourquoi les gens fuient l'amour, mais tu ne sais pas pourquoi il est remplacé par la bestialité. Cette bestialité, tu ne l'as pas connu depuis longtemps, et même si parfois, elle te manque, tu n'iras jamais la chercher. Tu n'es pas désespéré, et tu te respectes trop pour te donner à des bras qui, eux, ne te respecteront pas. Tu ne veux pas être considéré comme un simple morceau de chair, comme un corps sans âme. C'est important l'âme, c'est elle qui donne des couleurs à la vie. Tu ne veux pas te séparer de la tienne, quelle que soit la situation.

« … C'est un plan que tu cherches, non ? Je ne suis pas là pour ça, désolé. T'es bien trop défoncé pour parvenir à tes fins, et y'en a des beaucoup plus beaux sur la piste qui ne veulent qu'être ramenés chez toi. » Un sourire moqueur se peint sur tes lèvres alors que ta voix douce s'élève encore dans l'air de la pièce. Tu as déjà mis des râteaux, et ça ne te gêne pas vraiment, mais là, c'est différent. Tu sais très bien que tu ne le reverras jamais, et peut-être que c'est mieux comme ça. Ses beaux yeux te laissent un arrière-goût de déception, parce que tu aurais voulu le connaître malgré tout, mais la vie est faite de ce genre de déceptions, alors tu te fais une raison. Désormais, tu hésites à partir, parce que tu n'as plus aucune raison de rester ici, parce que ton petit lit douillet t'appelle après le cours fatiguant que tu a eu aujourd'hui, parce que tu veux te débarrasser de lui et effacer son visage de tes pensées.
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() message posté Mer 22 Oct 2014 - 10:18 par Invité
All the people there  said you come alone. | PV Nathaniel. Tumblr_mo9ndmZJSu1s5cnbqo2_500

La décadence attire les hommes. La décadence appelle, interpelle, attire. Elle terrifie autant qu’elle plaît. La décadence fait pitié, elle rendre triste vous savez ? Elle tue doucement, à petit feu, avec ses longs bras elle attrape  l’humanité entière et il est dur de s’en échapper, de s’en esquiver. Tout le monde a déjà gouté à la décadence. Elle a ce goût doux de la liberté, de la délivrance, elle a l’amertume des regrets. Mais qu’est-ce qu’elle est, qu’est-ce qu’elle veut, comment elle apparaît ? Elle est un mystère pour tout homme, elle est impossible à identifier, impossible à étudier, impossible à comprendre. Personne ne sait pourquoi ils sombrent, pourquoi est-ce qu’ils se laissent avoir par l’image colorée d’une vie falsifiée. Mais ils regrettent. Tout. Tout le temps. Ils regrettent d’avoir vécu à s’en être fait péter la raison, à s’en être détruit le peu de réflexion qu’ils possédaient. Tu regretteras aussi, comme tout le monde, tu t’en voudras de ruiner ta vie, de ruiner ton futur, de ruiner qui tu es. Personne n’apprécie vraiment la décadence, elle fait peur. Elle fait tellement peur que ceux qui sombrent n’arrivent pas à s’en sortir. Elle fait tellement peur que tout le monde veut l’éviter. Les conseils. Les prévisions. Les grands mots pour protéger. Il ne faut pas faire ci, ni ça. Il ne faut pas fumer, il ne faut pas boire, il ne faut pas vivre. La décadence est synonyme de vie chez certains. Chez toi. T’empêcher de faire ce que tu fais, ce serait t’empêcher de vivre, et tu veux te sentir vivant. Tu veux sentir le cœur qui bat contre ta cage thoracique quand tu as pris beaucoup trop de speed, tu veux sentir l’héroïne couler dans tes veines, tu veux sentir chaque parcelle de ton corps jusqu’à ne plus savoir qu’elles existent tellement elles sont douloureuses. La décadence fait peur, parce qu’elle n’est pas la normalité, parce qu’elle envahit les cœurs, les corps, parce qu’elle termine dans un monde débauche, parce qu’elle fait de toi, des autres, de ceux que tu ne connais,  des êtres incapables, des êtres à part. Des marginaux. Tu es un marginal,  on te l’a dit. Tu l’as tellement entendu. Comment est-ce que tu fais pour vivre ainsi, Leslie ? Ce n’est pas possible, mais toi tu es tellement que tu ne fais qu’hausser les épaules et tu retournes la question. Comme tu fais pour vivre, toi ? Tu ne comprends pas, et ils ne comprennent pas non plus. Ceux sont deux mondes différents, deux mondes qui se battent, qui s’affrontent mais lequel gagnera ? Lequel réussira à prendre la raison de l’autre ? Des fois, peut-être que tu aimerais bien être sauvé, des fois tu aimerais pouvoir t’en sortir, des fois tu aimerais pouvoir… Simplement vivre normalement ? C’est quand tu oublies. Tu oublies le bien qu’elle te fait, cette décadence, on posant ses mains sur ton corps, en posant ses lèvres sur les tiennes. C’est quand tu oublies la douleur de tes muscles, ceux qui tirent parce qu’ils ont besoin, ceux qui brûlent parce qu’ils sont en manquent. C’est quand tu oublies les maux de tête, c’est quand tu oublies la douleur de la vie. Vous savez, c’est ça la décadence. Celle qui permet d’oublier. Sa vie, ses problèmes, la douleur. Surtout la douleur. Personne n’aime souffrir, tu souffres beaucoup trop. Et tu veux oublier, effacer cette souffrance. Il y en a qui recommence tout à zéro, il y en qui se font aider. Mais tu n’as pas besoin d’être aidé, tu es beaucoup trop fier pour ça, beaucoup trop sûr de toi. Tu ne fais confiance qu’à tes mots, aide toi et le Ciel t’aidera, que l’on dit. C’est ce que tu dis aussi, c’est ce que tu te plais à penser. Mais tu sais que ce n’est pas la bonne manière, tu sais que ce n’est pas comme ça qu’il faut faire. Mais qu’est-ce que t’y peux toi ? Qu’est-ce que t’y peux, sérieusement, à ça ? Tu ne fais rien contre la décadence, parce que tu te complais dans ses ténèbres.

« Faut pas être jaloux comme ça, ‘bé. » Réponds-tu à sa première phrase. Tu le sais que son verre est vide, tu le vois bien. Mais il n’a pas l’air très enclin à comprendre, ou à savoir. Peut-être qu’il ne veut pas te connaître, peut-être qu’il ne veut pas te parler ? Il a la voix douce, il a la voix d’un enfant mais il est beaucoup trop beau pour en être un. Tu n’es pas un enfant n’est-ce pas ? Il y a tant de questions qui d’un coup traversent ton esprit, elles font peurs parce que tu ne sais pas les poser, parce que tu ne les poseras pas. Tu les ranges, tu les gardes. Il ne te répondra pas de toute manière. Tu veux savoir qui je suis ? Non, il ne veut pas savoir. Il s’en fiche bien de savoir. Sur ton visage il n’est écrit que décadence, tu n’es que les maux de la jeunesse d’aujourd’hui, tu n’es qu’une chair remplie d’idiotie. Enchanté. Tu es enchanté de le rencontrer alors que tu vois dans ses yeux le dégoût. Si tu te regardais dans le miroir, tu serais certainement dégoûté aussi. Tu te serais frapper jusqu’à te faire comprendre que ce n’est pas ça la vie, que ce n’est pas bien. Mais tu te plais. Ce que tu dégages te plais, parce que tu ne vois pas ton visage blanc, creusé, tu ne veux pas tes yeux explosés, tu ne vois pas ta face rongée, tes problèmes exposés aux yeux du monde. Ou peut-être qu’à ses yeux qui ont l’air d’être tout un monde ? Son monde, à lui. Tu aimerais l’explorer. Maintenant, de suite, tu aimerais savoir ce qu’il est, ce qu’il veut, qui il est. Quels sont tes rêves ? A quoi tu penses ?  Il y a encore plus de dégoûts dans ses mots, dans ses phrases qui te rejettent violemment, qui te poussent loin de lui sans que tu ne bouges d’ici. Son esprit est à des kilomètres de toi, il est loin alors tu aimerais l’attraper. Tu rigoles. Ce sont ses mots qui te font rire, mais peut-être que tu ne devrais pas. Après tout, ce n’est pas marrant, il n’y a rien de drôle. « Je suis plutôt bien, je trouve, pourtant. J’ai l’air défoncé ? » T’as l’air raide mort, prêt à tomber par terre en cadavre désespéré. Tu as la tête des squelettes dans les classes de sciences, presque on pourrait t’appeler Oscar. Mais tu te trouves bien. Tu te trouves plutôt bien. Il y a eu pire, il y a eu bien pire. Peut-être qu’il aurait dû te voir, il y a quelque chose, au bord de l’overdose, à faire des crises sur le sol, à te secouer les puces, à te frapper la tête contre un mur parce que tu ne savais plus. Tu ne savais plus rien. Plus rien du tout.  Mais il ne comprendrait pas non plus, il ne saurait pas… Tu ne comprends pas le dégoût dans ses yeux, les sourires moqueurs, tu ne comprends pas son attitude. Peut-être qu’il te comprend lui, au final ? Peut-être qu’il sait. Le savoir détruit. Lorsque l’on sait, on regrette. Regrette-t-il ? « Je ne sais pas si c’un plan que je cherche, ils ont plutôt l’air à vouloir se foutre par terre et faire l’amour contre les pavés. » ils ne font pas l’amour, mais toi tu aimes tout le monde. C’est ça le problème. C’est que tu ne sais pas aimer, pas comme il faut et tu aimes tout le monde. Les corps d’une nuit, d’un jour, d’une heure. Tu aimes tout le monde et ça ne te gêne pas, parce que tu voudrais que l’on t’aime en retour. « Je ne le vois pas, ils sont vraiment plus beau qu’toi ? » Tu demandes, sourire taquin, ta main se glissant gêne sur sa taille. Marquée. Trop marquée.  Appétissante.  Calme-toi.  Tu attends qu’il la dégage, ce qu’il fera sûrement ;  « Parce qu’à mes yeux, il n’y a que toi qui vaut le mot beauté, ici. » T’es joueur, trop joueur. Idiot, trop idiot. Tu le regardes. Tu ris encore, tu lèves ta main mais ton épaule est contre la sienne. « Tu sais qu’il faut pas être jaloux comme ça, ‘bé ? je te ramène chez moi, s’il n’y a que ça. On pourra faire l’amour toute la nuit, et j’te ferais oublier tous tes soucis. » Un clin d’œil. Tu ne sais plus ce que tu dis. Peut-être que ce sont tes soucis que tu oublierais ainsi, peut-être que c’est toi qui te perd dans les corps des autres, peut-être que c’est toi qui te noie dans les étreintes charnelles. Tu fais pitié. Tellement pitié. Tu sais que ça ne marche pas, il a le visage beaucoup trop déterminé. Il a les mots en couteau, les mots qui font mal. Il a les mots qui te frappent, il a les mots en coup, les mots en douceurs amères. Il est amer. Beaucoup trop pour toi, beaucoup trop pour ici. Alors tu fermes les yeux, pour passer ta main dessus, pour te calmer. Parce que tu n’as pas cessé de le regarder, parce que tu n’as pas cessé de l’observer. C’est sûrement gênant, c’est sûrement fatigant. Range tes yeux, tu me déranges. Mais que peut-on faire ? Tu penses ce que tu dis. Tu penses ce que tu lui as dit. Peut-être que tu ne t’en souviendras pas. Tu ne t’en souviendras certainement pas mais là, maintenant, de suite, tu ne trouves de beauté qu’en lui, tu n’as de désir que pour lui et ton corps te dit que tu dois l’avoir. Tu dois l’obtenir. Mais tu sais que ce n’est pas possible. Tu le sais, parce qu’il ne voudra pas de toi. Tu le sais, parce que c’est dans ses yeux, parce que c’est dans ses mots, parce que c’est dans sa voix. Sa voix qui ne tremble pas. Ne tremble-t-elle jamais ? Et tu te te retrouves à espérer, que tu le feras trembler. « Pourquoi tu es ici ? » C’est une question sérieuse. Une vraie question. Une question qui lui demande pourquoi contemple-t-il les déchets du monde, pourquoi contemple-t-il la perte de l’humanité ? « J’veux dire, pourquoi est-ce que t’es ici si tu n’veux ni boire, ni baiser ? » S’il ne veut pas être comme eux, comme vous, comme toi.

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() message posté Mer 22 Oct 2014 - 10:44 par Invité

<< Pardon my hard-on >>







Tu aurais peut-être dû t'en aller, tout compte fait. Partir, quitter cet endroit démoniaque, fuir les esprits noirs qui y vivent. Tu ne sais pas bien pourquoi tu es resté ici, dans cet endroit que tu détestes, dans cet environnement qui t'empoisonne l'esprit, le corps, le cœur. Tu sais très bien ce que ça fait, de se défoncer, d'envoyer tout péter et de laisser aux autres les responsabilités. Tu sais ce que c'est que rêver, en couleurs, en formes, de rêver des choses que l'on ne croit même pas possibles lorsque l'on est sobre. Tu l'as fait tellement de fois, ce genre de choses, que tu ne saurais même pas les compter. Longtemps tu l'as fait, longtemps tu t'es voilé la face, tu t'es caché derrière de vulgaires artifices, derrière le faux bonheur qu'est la drogue. Tu sais à quel point il est difficile de se défaire de la relation que l'on peut avoir avec elle, parce qu'elle nous sauve. Elle sauve, elle tue, elle est libératrice et bourreau salvateur, elle est un énorme paradoxe que l'on fait semblant de ne pas voir. On sait très bien comment on va finir, en réalité, on le sait, mais on se le cache, parce qu'on ne veut pas se prendre la tête avec ça, parce que les souffrances sont loin, parce que la mort est loin. Tout cela, on ne veut pas y penser, parce que si l'on choisit cette amie qui nous dévore c'est parce qu'on en a besoin. et tu le sais, qu'il en a besoin. Tu le comprends, tu le comprends tellement bien, alors qu'il ne s'en doute certainement pas. Il doit s'en foutre, il doit simplement se demander s'il arrivera à te mettre dans son lit pour la nuit, il doit réfléchir aux choses qu'il pourrait te faire, à la nuit de folie qu'il pourrait passer avec toi. Il s'en fiche, et toi tu le comprends, même si tu aimerais rester indifférent à la souffrance de cet abruti qui continue à te draguer malgré le refus que tu venais de formuler distinctement, et ça, ça t'emmerde.

La phrase qu'il prononce te fait froncer de nouveau les sourcils, et le dégoût te reprend alors. Un surnom, vulgaire en plus de ça, était venu se glisser dans sa phrase, que tu trouvais mesquine et déplacée. tu n'étais pas jaloux, oh non, loin de là. Qui serait jaloux des mecs qui devaient défiler, les uns après les autres, dans son lit ? Pas toi, en tout cas. Être traité comme un corps sans âme, ça ne l'intéressait pas. Si tu devais passer dans le lit d'une personne, tu voudrais que ce soit pour faire l'amour, et pas pour se faire baiser vite fait par un junkie notoire. Tu voudrais que ce soit pour graver ce moment dans le cœur de la personne, dans ses chairs, pour le partager et s'en enivrer encore des heures après que la chaleur ne soit retombée. Tu aimerais pouvoir sentir l'amour dans les gestes, dans les soupirs, l'entendre dans les murmures, dans les gémissements, dans les cœurs qui battent à l'unissons. Les plans d'une nuit, ce n'était pas pour toi, tu ne voulais pas gâcher ton énergie et salir ton corps pour une personne qui ne se souviendrait sûrement pas de toi après avoir joui, une personne qui ne voudrait pas se souvenir de toi, mais te noyer dans les dizaines de corps qui avaient défilé dans les mêmes draps, qui avaient laissé leurs odeurs sur les oreillers, et qu'il essayerait d'effacer avec une autre le lendemain soir. Tu te contentes de te taire, parce que tu sais qu'il ne pense pas ce qu'il dit. Tu sais qu'au fond de lui, il a très bien compris que tu ne voulais pas jouer, et que tout ceci n'était qu'une mascarade qu'il se montait tout seul pour faire bonne figure. Tu en avais l'habitude, après tout, et si ça le rassurait, alors tu préférais le laisser faire plutôt que de te mettre en colère. Tu n'avais que faire de t'user pour un inconnu, pour quelqu'un qui ne méritait pas tes émotions, qui ne méritait rien de toi que du dégoût et de la pitié. Il savait très bien les susciter tout seul, d'ailleurs, et ses différentes remarques ne l'aidaient pas. L'air défoncé ? Non, il n'avait pas l'air défoncé. Il avait l'air d'un mec paumé qui avait consommé trop d'alcool, trop de drogues, trop de tout. Il avait l'air d'un mec blasé par la vie qui se consolait avec ce qu'il pouvait, exactement comme toi il y a quelques années. Un mec que les souffrances avaient rattrapé, un mec qui tentait d'y échapper à tout prix et par tous les moyens. Ce n'était pas ça, un mec défoncé. Un mec lambda qui aurait prit du cannabis ne susciterait pas de réactions si fortes de ta part. Peut-être ne l'aurais-tu même pas considéré. Il était bien plus que ça, lui, il était complètement mort, et ce dans tous les sens du terme. Son cerveau ne devait plus agencer ses idées correctement, corrompu par toutes les années de déchéance dans lesquelles il avait dû plonger. Il ne devait plus savoir réfléchir comme il le voudrait, parce que les esprits deviennent des bordels monstres, deviennent des monstres, et mangent les idées, mangent les pensées, dévorent les souvenirs. Son cœur devait être aussi noir, pour qu'il n'aie plus considération de l'amour. Peut-être ne l'avait-il jamais eue ? Peut-être n'avait-il tout simplement pas connu l'amour. Mais fallait-il avoir connu l'amour pour y croire ? Tu ne saurais pas répondre à cette question, et sûrement que lui non plus. Tu devinais aussi  que la seule chose qui n'était pas encore totalement détruite, c'était son apparence, et pourtant, sa décadence suintait par tous les pores de sa peau. On pouvait l'apercevoir dans ses yeux éclatés, dans ses chairs maigres, dans ses os qui ressortaient bien contre sa peau pâle, malade, contre cette peau de cadavre et ce visage creusé qui donnaient l'impression d'un mal-être profond et impossible à aider. Même son physique faisait pitié, donnait envie de vomir, et pourtant il était si beau, si fascinant. Cette débauche le rendait beau dans la laideur qu'il reflétait, parce que ses jolis traits innocents transparaissaient toujours sous cette apparence défraîchie, diaphane, décharnée. Il était beau, et il le savait très bien. Trop bien.

Tu lâches un soupir de dédain à sa remarque, ignorant délibérément la précédente, qui ne te donne même pas envie d'argumenter. Il fait comme si son but n'était pas de goûter à la chair fraîche de ton corps pur, comme s'il ne voulait pas salir l'innocence de ta peau, comme s'il ne voulait pas enlever la vie à tes lèvres sucrées. Tu ne te laisseras pas avoir par son piège, tu sais très bien que lui-même n'y croit pas. Il veut te baiser, tu le sais, lui aussi.  «Ils le sont, je suppose ? » Réponds-tu alors, tes sourcils se fronçant un peu plus tandis que tu sens sa main sur ta taille marquée. Tu frissonnes très légèrement, parce que le contact chaud contre ta peau toujours froide était étrange, parce que cela faisait longtemps que personne ne t'avait touché ainsi, à cet endroit, parce que c'était lui et qu'il te plaisait malgré tout. Tu retires cependant sa main, sans douceur, tes doigts délicats prenant les siens pour les envoyer pendre plus bas, le long du tabouret, laissant ta taille se refroidir peu à peu, laissant la chaleur qu'elle avait accumulée se dissiper. Tu n'aimes pas son contact, il te dégoûte, mais ça te manque trop. Personne ne t'as touché comme ça depuis ton ancien petit ami de Glasgow, celui qui t'avais fait plonger dans la même débauche que celle dans laquelle était noyé ton vis-à-vis. Mais tu sais qu'il ne fait que draguer, tu le sais, et tu ne te laisseras pas avoir, non, jamais. Il t'aura oublié demain, il en aura trouvé un plus beau que toi, un plus docile que toi, et ce sera mieux pour vous deux. Ainsi tu pourras effacer cette expression de dégoût dans tes yeux, celle qui pourra de nouveau laisser place à l'habituel visage fermé que tu arborais tous les jours. Le dégoût te fatiguait.

«La beauté est subjective, dire que je suis le seul à valoir le mot est complètement idiot. Mais comme tu ne dis que des choses idiotes depuis tout à l'heure, on va dire que ça ne m'étonnes pas ?» Tes mots sont froids, cassants, ils blessent, mais tu en as marre. tu es lassé, lassé de ce jeu débile qui te fait perdre ton temps. Tu n'en n'as pas à lui consacrer, tu n'en n'as plus, ou plutôt tu n'en n'as jamais eu. Ses beaux yeux bleus te leurrent, te font croire qu'il est intéressant, quelque part, au fond de lui, mais tu n'en n'as plus rien à faire, il t'ennuie. Ou peut-être que c'est toi que tu ennuies ? Tu te vois dans le reflet de ses yeux, et tu te rappelles que toi aussi, tu as fait les mêmes erreurs. Ça t'agace, ça t'énerve, tu ne sais pas comment arrêter de regretter tous les mauvais choix que tu as fait, tu ne pourras très certainement jamais arrêter. Tu te faisais pitié, tu t'es longtemps dégoûté. Tu avais quasiment la même image que lui, tu renvoyais la même impression, et tu ne peux pas te le pardonner. Il se rend certainement compte que ce qu'il fait est idiot, que ce qu'il fait est insensé et qu'il le regrettera à un moment de sa vie, que ce soit dans un an ou dans quarante. Tu le sais, parce que tu as vécu la même chose, et ça t'énerve, car tu as l'impression de revivre ta vie à travers quelqu'un d'autre. Tu as l'impression de revoir toutes tes erreurs, toutes tes bêtises, toutes tes illusions. Tu aimerais ne plus jamais avoir à les regarder. Au fond, tu lui ressembles, et ça te dégoûte. Tu ne veux pas te dire que tu as des points communs avec cette chose. Tu ne veux pas te dire que tu as pu sombrer dans la même débauche que lui, du moins en partie. Tu ne veux pas t'avouer qu'au final, vous n'êtes pas si différents, l'un ayant seulement arrêté de compenser ses manques par les substances chimiques, l'autre continuant de se piquer, boire et baiser comme si de rien n'était.

 «Je t'ai déjà dit que je ne voulais pas partir avec toi,  je n'ai pas envie de ça. Arrête, maintenant. Tu perds ton temps, va plutôt t'intéresser à des gens qui veulent les mêmes choses que toi.» Souffles-tu alors, tout simplement, complètement blasé par son comportement. Ta voix est toujours aussi douce, le ton que tu emploies est toujours aussi froid, ta voix ne tremble pas. Tu ne lui as rien cédé, et pourtant il résiste, il ne s'en va pas. Tu as l'impression que c'est une bataille, mais tu ne sais pas quel est son enjeu. Tout ce dont tu as envie, c'est de rentrer chez toi, te faire une infusion de plantes, légales et inoffensives bien entendu, et dormir, récupérer toutes les heures de sommeil que tes diverses réflexions te prennent, que lui te prend en ce moment-même. Et puis, une question sérieuse te fait relever la tête vers lui. Soudainement, tu es intrigué, curieux, tu te demandes ce qu'il se passe, tu te demandes pourquoi il abandonne son petit jeu alors qu'il avait l'air de s'y complaire parfaitement. Mais non, sa question a l'air très sérieuse, et tu ne sais pas comment réagir. Toi qui t'étais habitué aux questions lourdes, débiles, aux réponses évidentes, tu te vois décontenancé par ces questions si simples et pourtant si vraies, si franches, les seules honnêtetés qui ont dû franchir la barrière de ses jolies lèvres depuis qu'il est venu t'aborder.

  « ...Tu penses qu'il n'y a qu'à boire et à baiser, ici ? » Un léger rire, moqueur sans vraiment l'être, s'échappe de ta gorge alors que tes idées se remettent peu à peu en place. Tu ne sais pas comment lui expliquer ça, tu ne sais pas s'il va comprendre, s'il est en état de comprendre quoi que ce soit. Mais après tout, pourquoi pas essayer ? Si c'est ce qui peut te permettre d'échapper à ses griffes émoussées de prédateur en carton, tu voulais bien tenter le coup.   « Je sais pas vraiment. J'observe, je vous observe tous. C'est fascinant de voir les animaux évoluer dans leur milieu naturel, tu sais ? ça donne matière à la pensée, à la réflexion, ça amène à un retour à soi et aux autres. Tu ne trouves pas ça intéressant, toi, d'observer ? » Pour la première fois depuis qu'il est arrivé, le regard que tu poses sur lui n'est pas empreint que de dégoût, mais aussi de curiosité et d'amusement. Tu veux savoir comment il réagirait à une telle question, tu veux le mettre dans l'embarras, tu veux exploiter le peu de capacité que les drogues ont laissé à son cerveau. Tu veux aussi qu'il sache que tu n'es pas comme tous ceux qu'il drague, que tu es quelqu'un qui réfléchit, qui réfléchit beaucoup, à s'en faire cramer la cervelle, et tout ça pour ne pas retomber dans une déchéance qui pourrait t'amener à ta perte définitive et totale. Tu veux lui faire savoir qu'il s'est adressé à la mauvaise personne et que s'il décide de poursuivre la conversation avec toi, tu deviendras le dominant du petit jeu qui est en train de s'installer entre vous, sans que tu ne saches vraiment pourquoi.   « Ça ne te dérange pas si je t'utilise pour mon devoir d'arts plastiques ? C'est pour ça que je suis ici, d'ailleurs. De l'art plastique, pas plus pas moins. Ça t'étonnes réellement que quelqu'un vienne sans vouloir se déchirer la tête ou se faire passer dessus par le premier couillon venu ? » Tu commences à devenir bavard, même si aucun sourire n'étire tes lèvres, même si ton expression affiche toujours le même dégoût que quand tu l'as aperçu pour la première fois. Cependant, il t'intéresse, au fond, tu veux en apprendre plus sur lui, tu veux savoir pourquoi il se complaît tant dans le rôle qu'il joue, tu veux savoir quel est le but de ses folies.
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() message posté Mer 22 Oct 2014 - 10:55 par Invité
All the people there  said you come alone. | PV Nathaniel. Tumblr_mo9ndmZJSu1s5cnbqo2_500

C’est ça, au fond il n’a pas tort. Tu es idiot. Bête. Tu dis des bêtises, tu dis des choses qui ne tiennent pas debout, mais tu as dit que c’était à ses yeux. Tu n’as pas dit qu’il était beau pour tout le monde, tu n’as pas dit qu’il était beau à s’en faire Dieu. Tu as simplement dit que tu le trouvais beau, que toi, tes yeux, ne voyaient que lui pour l’instant. Au fond, c’était sérieux. Derrière ta voix faussement aguicheuse, derrière tes petits mots idiots, tu étais tout simplement sérieux. Il est beau. C’est un fait. Mais peut-être que tu n’aurais pas dû lui dire comme ça, peut-être qu’il aurait fallu attendre. Attendre d’être sobre, attendre d’être ailleurs, attendre de ne plus le voir. Si tu ne le voyais plus, peut-être que tu l’oublierais, s’il ne t’avait pas parlé, peut-être que tu l’aurais laissé tomber ? Mais c’est lui qui a répondu à tes avances. Quelque part, au fond, t’es un peu maso à vouloir te faire frapper dessus par ses mots, t’es enchaîné à ses préjugés, à son regard dégoûté. A quoi bon essayer de changer ? Au final, peut-être qu’il est comme les autres. Là, à te regarder, là, à te juger, là,  à simplement se faire des idées. Que pense-t-il au juste de toi, que pense-t-il réellement de ce que tu es ? Rien, parce qu’il ne te connait pas, il ne te voit pas, il ne sait pas qui tu es. Tu es une ombre parmi tant d’autre, tu es un cœur qui bat entre des millions d’autres. Mais ce n’est pas comme ça qu’il te voit, ce n’est pas comme ça qu’il a envie de te voir. Pourtant, tu aimerais lui dire que tu n’es pas si différent de lui, pas si idiot que ça. Tu voudrais lui montrer, toi, que ça va. Ca va. Tu ne l’as peut-être pas dit depuis des lustres. Depuis qu’elle est morte ? Peut-être même avant. Mais c’est parce qu’au fond, tu n’aimes pas mentir aux autres. A toi, ça ne te dérange pas. Tu te voiles sans cesses la face, tu ne te dis jamais la vérité mais tu n’assumerais pas de dire « ça va », quand ça ne va pas. Oh, tu aimerais aller bien, bien sûr. Comme tout le monde, mais rien n’est mis en place pour et tu te complais dans cette douleur que tu entretiens, doucement, lentement. Ce feu qui te mange de l’intérieur, qui te broie, qui t’écrase, n’est-ce pas agréable de sentir une chaleur intérieure ? C’est tout ce que tu veux, cette chaleur qui te manque à ta vie. Un manque. C’est peut-être ce que tu essayes de combler, avec tes conneries. Sûrement oui. Tu ne sais pas, qu’est-ce que tu veux y faire ? Aller voir un psy ? Hurler dans un oreiller, se dire que c’est bientôt fini ? Tu n’es pas assez fort pour ça. Pas assez doué. T’as pas le courage de le faire, pas les couilles. Tu préfères t’abandonner, t’oublier. C’est plus simple, moins douloureux, ça fait pas réfléchir. Parce que tu n’as pas envie de réfléchir, pas envie de faire quoi que ce soit. T’as pas envie de comprendre, comprendre serait mourir. Tu n’es pas encore mort. Il te dit d’arrêter, d’aller voir ailleurs s’il y est. Des gens qui veulent comme toi, mais qui le veut à lui ? Rabat-joie, trop fier. Tu ne sais pas, tu n’arrives pas à choisir. Peut-être trop terre à terre ? Les pieds sur terre, la tête dans les nuages ? Ce genre de gars qui ne se prend pas au sérieux mais qui prend la tête aux autres. Qui se pensent supérieur. Est-ce qu’il se pense supérieur à toi, avec ses airs d’ange ? Oui. Tu peux le voir dans ses yeux encore plein de dégoût, tu peux le voir dans ses yeux qui te vomissent dessus, dans ses yeux qui te crachent à la bouche. Et alors ? Tu n’aimes pas ça, avoir ce sentiment d’infériorité, avoir ce sentiment de… Tu ne sais pas. Tu n’aimes pas. Tu voudrais le faire redescendre, lui dire de s’arrêter. Tu n’aimes pas le mépris, pour toi, pour les autres. Personne n’est supérieur à quelqu’un d’autre, personne ne peut se sentir mieux que les autres, personne ne peut se croire plus intelligent. Même lui, il ne l’est pas. Il a beau faire le fier, là, assis sur son fauteuil, perdu, isolé, comme un enfant abandonné, il n’est pas plus intelligent que toi. A quoi on peut le voir, de toute manière ? A quoi le mesure-t-on ? Il. Ne. Te. Connait. Pas. Il juge trop vite, trop sur ce qu’il voit. C’est peut-être ça le problème, c’est sûrement ça le souci ; regardez-le, monsieur trop parfait, monsieur je-sais-tout. Bien sûr qu’il doit en savoir des choses, il a sur le visage les traits de celui qui en trop vécu, trop vu. Un peu comme toi. Comme toi, c’est aussi le souci non ? Peut-être que s’il ne t’aime pas, c’est parce qu’il est un peu comme toi ? Un peu perdu, un peu retrouvé, entre deux mondes qui vont un jour se rencontrer, se cogner, se fracasser. C’est le problème, non ? Bien sûr que c’est le problème. La haine se fait dans la ressemblance, et il te déteste beaucoup top pour que ce ne soit pas ça, pour qu’il ne te ressemble pas. Intérieurement, tu ris. Tu ris tellement fort. Il n’a pas l’air sûr de savoir si tu peux réfléchir, si tu peux faire quoi que ce soit. Mais bordel, tu ne t’es jamais senti aussi vivant. Regarde-moi, avec tes yeux qui vomissent. Regarde-moi, tu me fais vivre. T’as le cœur qui bat au milieu de tous ces morts, t’as le cœur qui bat à t’en faire péter la poitrine. Tu voudrais que jamais il ne cesse de te regarder avec ses yeux de dégoût, parce que tu te sens vivant, parce qu’il te fait vivre. Il comprend ?

« Il y a des têtes de cons aussi. » Mais ça, il y en a partout, n’est-ce pas ? Il n’y a qu’à voir ta tête, à toi. Il parle et tu souris, un peu. Tu souris et tu rigoles face à ses paroles. Elles ont l’air si naïves, si douces. Il vous compare à des animaux, ni plus, ni moi et toi tu te mets à rire plus fort. Oh non, ce n’est pas la drogue. C’est lui. Il te fait rire avec son air autant, avec ses yeux curieux. Tu as eu son attention, malgré tout, il s’est laissé avoir. S’en est-il rendu compte, a-t-il compris que doucement tu tissais ta toile autour de lui ? Petit à petit, tu l’enroules contre ton corps, petit à petit, il sera peut-être à toi ? Ou pas. Il pense beaucoup trop, le gosse. Il a le cerveau qui s’en va, il a le cerveau qui brûle. Tu peux le voir travailler, tourner, c’est comme une mécanique qui ne s’arrête jamais, une mécanique effrayante, une mécanique qui risque de péter et si elle pète, c’est la fin du monde, de son monde. Tu ne sais pas quoi lui répondre. Tu aurais tellement à lui dire, et en même temps, il n’y a rien à dire parce qu’il a raison. Il a raison et, putain, qu’est-ce que ça peut te faire chier. Tu voudrais qu’il se taise maintenant, peut-être même que tu regrettes d’être venu lui parler. Il a trop de choses à dire, trop de choses sur le cœur, trop de choses à déballer qui vont t’exploser à la gueule. « Parce qu’évidemment que toi, t’es supérieur au tas d’animaux ici. Toi, t’as pas de soucis, toi t’as pas de problèmes. Et alors ? Tu les juges sur quoi ? Une soirée, un état second. Tu les juges sur des critères qui changeront demain, dans dix ans. Tu les juges juste parce qu’ils s’amusent, parce que eux, s’amusent ! On est pas tous coincé, ou trop sérieux, on a pas tous envie de rester bloquer dans ta putain de réalité, si c’est ça que tu veux entendre. Tu devrais le noter, pour ton devoir d’arts plastiques, tu devrais l’écrire que la réalité, des fois, on préfère s’en échapper. On ne trouve pas toujours les meilleurs moyens mais quoi ? l’erreur est humaine, elle est putain d’humaine et tu devrais pardonner à ces gens-là, à moi, de ne pas savoir faire les bons choix. » Il n’y a pas que lui qui pense, il n’y a pas que lui qui est capable de parler, de l’ouvrir. Toi aussi, tu sais le faire. T’en as trop dis. Tu détestes parler autant, t’exposer comme ça aux autres. Faiblesse. C’est tout ce que tu ressens à ce moment-là, de la faiblesse. Tu aimerais t’asseoir, te calmer, te reposer. T’as la tête qui tourne et les jambes qui partent en vrille. Tu sens tout qui se dissipe, ou peut-être tout qui se mélange. Ton corps s’allonge un peu plus sur le bar, t’as la tête sur ton bras, t’as tes yeux qui ne quittent pas son visage. Il parlait d’observation, tu mets en pratique. Tu n’as jamais vraiment cessé de l’observer, en fait, parce qu’il n’y a rien d’autre que ses pupilles amères, rien d’autre qui puisse vraiment t’intéresser. Tu rigoles alors. Légèrement. Tu as l’air tellement désespéré, tellement fatigué. « J’suis désolé. » De tout et de rien à la fois, tu es désolé peut-être de t’être emporté. « J’raconte n’importe quoi. » Mais tu n’as jamais dit grand-chose d’intéressant. Ou peut-être que ça l’était, les sentiments ne sont jamais plus vrais que pousser à l’extrême, dans les excès. Tu es un excès, on te l’a dit un jour, comme ça, mot pour moi. T’as une gueule d’excès, mon gars. Mais tu ne savais pas ce que ça voulait dire, tu ne comprenais pas vraiment ce qu’il voulait raconter par-là. Maintenant, tu sais. Tu ne sais pas te contrôler, tu ne sais rien faire qui ne soit pas dans l’extrême. T’as rien du mec calme et posé, tout vient dans l’impulsivité, tout vient dans un trop plein d’énergie que tu essayes d’évacuer, de faire jarter. C’est ça, des fois, faut que ça sorte. Comme là, il fallait que ça sorte. Que ça traverse tes lèvres, que ça sorte de ta tête avant que ça ne la fasse tourner encore plus, avant que le monde ne s’efface de devant tes yeux. Tu ne veux pas regretter, jamais, tu ne veux pas te dire que tu aurais pu dire ça, à ce moment-là, au lieu de le garder pour toi. Parce que tu n’as pas de moyens de l’exprimer, parce que tu n’as pas d’autres moyens que les mots pour te faire pleurer. Intérieurement, moralement. T’e à bout, c’est le problème. T’es toujours à bout. Les nerfs à vifs, les nerfs à fleur de peau. Tu serais prêt à péter la gueule de tout le monde, de leur faire manger ton poing. T’es en colère. Contre toi, contre lui. Il se sent tellement au-dessus, tellement fort qu’au final, c’est lui qui te donne envie de gerber. Qui il est, pour regarder les gens avec cet œil méprisant ? On a tous droit au pardon. On a tous le droit à la rédemption. Parce qu’on ne peut pas être tous parfait, tous courageux. Parce qu’on ne peut tout simplement pas être quelqu’un d’autre que nous, parce qu’on ne peut pas être fort, parce qu’on ne peut pas avoir envie de s’en sortir quand ce que l’on nous offre en bas, c’est tout ce dont on rêvait. Tu ris. Encore. Légèrement. Au final, il ne s’est passé que quelques secondes entre ta tirade et le silence qui s’était installé entre vous. Tu l’as regardé, tu as secoué la tête, et tu as commandé un autre verre. Pour oublier. Pour tout faire passer. T’en as besoin, ça réclame. Tout ton corps te dit qu’il veut quelque chose, que tu dois lui donner.

« Et ton travail d'arts plastique, 'bé, il consiste en quoi ? Dis m'en plus, c’est intéressant. » Dis m’en plus, il n’y a que là que ton visage rayonne.« Tu sais, tu peux m’utiliser de toutes les manières que tu veux, si t’en as besoin. » Un léger rire s’échappe de tes lèvres. On ne te refera pas. Tu ne sais pas rester sérieux, tu ne peux pas. Et même si tu sais qu’il ne finira pas dans ton pieu, pas ce soir en tout cas, tu ne peux pas t’empêcher de laisser échapper quelques sous-entendus. Mais tu essayes, tout de même, un peu, de reprendre ton sérieux. « Ce qui m’étonne le plus, c’est que tu saches résister – et que t’aies pas voulu coucher avec moi. » Moue enfantine, tu le taquines.

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() message posté Mer 22 Oct 2014 - 16:45 par Invité

<< Show me you love me >>








Le pire dans tout ça, c'est sûrement que tu sais de quoi tu parles. Il pense que tu es mesquin, arrogant. Que tu te places au dessus de lui, au dessus de tout le monde, au dessus de cette masse qui se détruit. Il pense que tu les juges, que tu leur mets des étiquettes, que tu les regardes avec dégoût parce que tu ne sais pas, parce que tu connais pas. Et pourtant, tu sais, tu as connu, tu as été pareil. Tes excès ont été les mêmes, tes soirées assez similaires, tes expériences aussi. Tu juges parce que tu es semblable à ces animaux, parce que toi aussi tu t'es laissé prendre au piège de la déchéance, cette appétissante déchéance que chacun convoite sans vraiment vouloir se l'avouer. On a tous une part de ténèbres en nous, plus ou moins assumée. Certains la laissent vivre, la laissent gagner du terrain, la laissent prendre le dessus et tout engloutir. Certains la regardent de loin, fascinés, sans jamais oser l'approcher de peur de se détruire. Certains, comme toi, y ont échappé in-extremis et tentent tant bien que mal de la fuir, malgré tout. Mais cette part d'ombre est toujours présente en toi, tu le sais, tu la sens vivre, tu la sens se débattre, tu sens ton cœur battre plus fort dans ta poitrine alors que tu les regardes se repaître de leur décadence quotidienne. Tu ne sais pas quoi penser. En fait, si, tu sais. Tu penses savoir. Tu juges, tu te places au-dessus d'eux, parce que tu sais qu'en réalité tu es au même niveau, et ça te fait peur. Tu ne veux pas leur ressembler, tu ne veux plus. C'est fini, c'est du passé, stop, on arrête, on en parle plus. Tu aimerais tourner définitivement la page, mais tu ne peux pas, et ça personne ne peut le comprendre. Personne ne comprend que tes démons sont toujours autour de toi, en permanence, et que le sevrage n'était pas la seule étape pour guérir. Tu sais très bien que tu es sur un chemin tortueux, sur une pente glissante, dans des sables mouvants qui menacent de t’engloutir à chaque instant si tu ne te débats pas pour y survivre. Tu sais que tu vis sur un fil, que ton apparente stabilité n'est qu'une illusion, et que lui, cet abruti, il met un grand coup de pied dedans. Dans toutes ces petites chimères que tu te créées pour oublier que tu n'es pas parfait. Pour oublier qu'un jour, tu as été aussi animal qu'eux, aussi dépravé, aussi bête. Idiot, animal, tu as pourtant su t'arrêter, tu as su réfléchir, tu as su t'en sortir. Est-ce que ça te donne le droit de te sentir supérieur ? Non, certainement pas, mais tu t'en fiches. Tout ce que tu veux, c'est ne pas te comparer à eux, c'est arrêter de voir ton reflet dans leurs yeux, arrêter de t'en vouloir, pouvoir te pardonner. Tu aimerais pouvoir te pardonner.
Alors qu'il rit, tu te sens mal. Tu sens que quelque chose ne va pas, tu sens que tu t'es laissé ferrer dans son piège malgré tout. Mais il ne t'aura pas, non. Tu es simplement curieux, tu veux simplement savoir. Ça fait longtemps que tu n'as pas discuté avec quelqu'un comme ça, ça fait longtemps que tu n'as pas pu te voir dans les yeux de quelqu'un. Mais son rire te dérange, son rire te perturbe, il te met mal à l'aise. Pourquoi pense-t-il avoir gagné ? Ce n'est pas le cas, non, il est loin d'avoir gagné. il pense savoir ce que tu as dans la tête, il pense avoir deviné, mais il ne sait rien, il ne saura jamais. Personne ne pourrait soupçonner ce qui tourne dans ton esprit, ce qui fait chauffer ton cerveau, ce que tu t'efforces à ne pas dire et à garder au fond de toi. Personne ne le saura. Mais lui, il pense que tu es naïf, il pense que tu es innocent. Tu l'es, mais ton esprit ne l'est pas. Ton esprit en a vu d'autres, ton esprit est blasé. Il ne connaît pas l’innocence, il est comme le sien, sûrement. Trop encombré, trop fou, trop malade. Il ne peut pas savoir tout ça, et d'un côté ça t'amuse. Ça t'amuse parce que sa position de dominant se retourne contre lui, parce que tout ce qu'il croit acquis ne l'est pas. Tu ignores sa première remarque parce qu'elle est inutile, futile, vide de tout sens. Elle est juste là pour meubler, pour répondre à ta question sans grand intérêt, alors tu n'y fais pas attention, tu t'en fiches. Tu veux du contenu, tu veux qu'il te parle, qu'il te dise, qu'il te raconte. Tu veux lui faire cracher ce qu'il a sur le cœur, tu veux qu'il vomisse ses états d'esprits, son état tout court. Tu veux éclater cette fierté inscrite sur son front, dans ses yeux, dans ses lèvres, parce que tu sais qu'elle est fausse. Tu sais que tout ça est faux et que lui aussi, il ne joue que d'artifices. Tu sais très bien comment il fait, tu connais le système, et tu veux le détruire. tu aimerais le mettre par terre pour qu'il arrête de te prendre de haut, ou plutôt qu'il arrête d'essayer de te remettre à ta place. Tu aimerais qu'il arrête de se mettre au même niveau que toi, parce qu'il n'en a pas le droit. Tu t'en es sorti, pas lui. tu ne joues plus d'artifices, la mascarade est finie. Et tu ris, tu ris à ces paroles, parce qu'elles sont insensées, elles sont idiotes, elles sont chimères. Ce sont des mensonges qui tentent plus de le convaincre que de te convaincre toi, ce sont des paroles qu'il adresse à lui-même. Et tu ris, tu ris encore, de ce rire jaune et sans joie, de ce rire sarcastique qui se fait lames dans l'air pesant de l'endroit. Tes yeux se plantent dans les siens, moqueurs, dédaigneux, et la pitié s'inscrit sur ton visage.
  « Tu es vraiment drôle quand tu fais semblant, tu sais ? » Un nouveau rire, plus court, s'échappe de tes lèvres. Tu sais qu'il va comprendre, ils comprennent toujours.   «  Ne fais pas comme si tout cela n'était pas faux. C'est une image, une image que j'aimerais briser parce qu'elle me fait de la peine. Personne ne s'amuse ici, et tu le sais très bien. Toi non plus tu ne t'amuses pas, même si tu ne le reconnaîtras sûrement pas devant moi. A qui dois-je le pardon ? A personne, je ne pardonne pas, je ne suis pas là pour ça. » Non, tu ne pardonnes pas. Ni à eux, ni à lui, ni à toi. A personne, parce que personne ne mérite le pardon, parce que personne ne peut réellement s'en sortir, parce que tu sais très bien que toutes ces illusions sont éphémères et elles te donnent envie de vomir. Non, personne ne s'amuse, tout simplement parce qu'ils ne veulent pas s'amuser. Les drogués ne recherchent pas l'amusement, ils recherchent l'oubli, le vide. Ils recherchent de la lumière, ils recherchent de la chaleur, mais jamais de l'amusement. On ne peut jamais s'amuser lorsqu'on souffre autant, parce que cette joie est illusoire. Le faux sourire plaqué sur les lèvres est dû aux effets de la drogue, bien sûr, mais on ne le ressent pas. On ne ressent pas ce sourire dans tout son être, dans ses chairs, dans ses veines. Il n'existe pas ce sourire, il n'est pas fait pour ça. Il est fait pour tromper sur son véritable état. il est fait pour faire croire que tout va bien alors que tout va très mal, tout va de pire en pire, mais la drogue aide, la drogue nous sauve, tout en nous faisant prendre conscience que nous ne sommes rien, que nous ne valons rien, et que si nous avons recours à elle, c'est que nous avons déjà tout perdu.

Il a dû tout perdre, lui, celui qui est en train de s'affaler comme un sans-abris bourré sur le bar de la boîte de nuit, juste à côté de toi. Il te fait pitié, il te fait de la peine, et quelque part tu compatis. Tu compatis parce qu'il a l'air plus misérable que jamais et que tu sais ce que c'est. Tu aurais voulu qu'on compatisse, à l'époque, même si tu pensais n'avoir besoin de personne. Tu aurais voulu de l'aide, tu aurais voulu qu'on arrête de te regarder avec des yeux dégoûtés. Alors, c'est ce que tu fais. Tu essayes d'enlever le dégoût qui s'est imprimé dans tes yeux, mais c'est difficile, parce qu'il est toujours là, il est toujours présent, il se rappelle à toi. Et même s'il ne s'en va pas totalement, il se dissipe un peu, et est rejoint par d'autres sentiments un peu moins virulents. La compassion, la pitié, la peine. La peine parce que tu as de la peine pour ce gosse perdu, qui est peut-être plus vieux que toi d'ailleurs, mais auquel tu ressembles tellement. Tu as de la peine parce qu'au fond tu sais très bien qu'il souffre comme un chien, qu'il n'en peut plus, qu'il se tient à la vie parce que la vie c'est marrant, parce que la vie c'est assez chouette. En réalité, il aimerait crever, il aurait peut-être même aimé crever avant de commencer tout ça. Tu le sais, tu le sens dans son regard, son regard bleu plongé dans le tien, son regard qui te charme malgré toutes les barrières que tu as dressées contre lui. Tu sais ce qu'il ressent, vos esprits sont liés par ce ressenti, mais tu ne veux pas de ce lien. Tu ne veux pas de lien avec lui, tu veux qu'il te laisse tranquille, et quelque part tu veux rester avec lui, tu veux l'aider, tu veux le protéger. Mais qui es-tu pour aider alors que tu ne sais même pas t'aider toi-même ? Il ne doit pas vouloir d'aide, et pourtant il en aurait besoin, pourtant tu voudrais lui apporter, mais c'est impossible, et tu le sais. Tu ne te rappelles même plus pourquoi tu as commencé à t'en faire pour lui, tu devrais t'en foutre, comme tu te fiches de tous les autres.

  « Au contraire, ce sont sûrement les seules paroles intéressantes que tu as prononcées depuis que tu es ici. » Réponds-tu simplement, ton ton s'étant adouci. Pourquoi tu t'adoucis ? Tu ne veux pas être moins dur avec lui, tu veux qu'il comprenne que vous êtes différents, que tu n'as pas besoin de ses jacassements dans ta vie, que tu sais qui tu es et que personne ne pourra changer ça. Tu ne veux pas t'adoucir et pourtant ta voix est moins dure, moins ferme, tu es plus enclin à la discussion que quand tu es arrivé. Tu ne sais pas pourquoi, tu ne sais pas comment, mais tu sais que tu es intéressé parce qu'il peut avoir à dire. La drague t'ennuie, mais tu sais qu'il s'en fout aussi, et qu'il y a des choses tellement plus importantes à découvrir.
Sa phrase te surprend, tu ne comprends pas vraiment pourquoi il s'intéresse à ça tout d'un coup. Ce n'est pas vraiment quelque chose qui attire ceux qui ne sont pas dans la même école, ceux qui ne font pas les mêmes études. Ce n'est pas quelque chose qui attire les junkies, en général. C'est trop chiant, c'est pas intéressant. Mais tu hausses les épaules, tu fais fi du surnom vulgaire et ridicule, et tu décides que lui répondre ne lui cédera pas plus de terrain que ce qu'il n'a déjà. De toute manière, tu ne compte pas lui donner plus d'informations que ça, parce qu'il n'en veut sûrement pas, et qu'il ne les mérite pas. Il ne mérite pas de connaître de toi ce que les gens ignorent, parce qu'il n'est pas ton ami, il n'est pas ton amant, il n'est personne. Pour l'instant, il est juste un mec bourré, complètement lourd, qui est venu t'aborder pour te mettre dans son lit. Il ne ferait pas attention à ce genre de détails, ils ne resteraient pas dans son esprit, alors tu ne les lui donneras pas parce que ça n'en vaut pas la peine. Si tu ne peux pas marquer son esprit, tu te tairas et tu attendras qu'il t'oublie.
  « ... Qu'est- ce que tu veux que je te dise ? Je dois étudier la décadence du monde, j'ai choisi la décadence humaine, parce que c'est la plus intéressante. Il y a plus de choses à dire sur l'humain que sur n'importe quelle autre forme de décadence, parce qu'on la porte dans nos veines, dans nos gènes. » tu en as peut-être trop dit, peut-être pas assez, mais tu sais que ça le fera réfléchir et que tu as peut-être donné le bâton pour te faire battre. Tu t'en fiches, tu ne veux plus rentrer dans ce petit jeu puéril, tu veux simplement lui parler comme tu parlerais à n'importe qui. mais tu devines bien que c'est impossible, tu devines bien qu'il faudra tout de même qu'il se défende à un moment ou à un autre, même si tes mots ne sont plus vraiment des attaques.
Tu lèves les yeux au ciel, tu soupires. Ses mots sont de nouveaux idiots, sans profondeur, il essaye encore de se leurrer et pense réellement qu'un jour, tu diras oui. Qu'un jour, tu seras d'accord pour t'abandonner dans les bras d'un junkie que tu connais à peine, confier ton corps et ton âme à une personne qui ne sait même pas s'occuper de lui-même. Non, tu ne feras jamais ça. Tu es trop fragile, tu ne sais que trop bien ce qui t'attend à l'arrivée, et tu n'es pas prêt à subir tout ça. Quand bien même il aurait ne serait-ce qu'un peu de respect ou de considération pour toi, ce dont tu doutes fort, tu ne pourrais pas. Tu t'en retrouverais détruit, tu en ressortirais aussi mort et aussi vide de sens que lui. Tu t'en es sorti de toi-même, ce n'est pas pour y replonger par les bras d'un autre.
« Je t'observe, ça me suffit. » Ton ton est plus froid, sans pour autant être cassant. Tu veux simplement lui faire comprendre que tu n'es pas intéressé, qu'il ne parviendra pas à t'avoir de cette manière, que tu ne te laisseras pas faire.   « ... Tu ne comprends pas pourquoi je ne veux pas coucher avec toi ? » Un rire, un vrai pour une fois, s'échappe de tes lèvres, et tu ressens à nouveau ce besoin d'être méchant, de casser son apparente fierté, de casser cette image de beau parleur qui en dit long sur ce qu'il doit réellement être.   « Peut-être tout simplement parce que je ne couche pas ? Tu ne t'étais pas dit que tout ne tournait pas forcément autour de toi ? » Non, forcément qu'il n'avait pas dû se le dire, bien évidemment que non. C'est contraire à son image de beau parleur, c'est contraire à l'apparence qu'il veut donner, à celle que tu veux briser, détruire et enterrer.    « Je ne ... M'adonne pas à ce genre d'activités, contrairement à toi. Je me respecte trop pour ne devenir qu'un visiteur dans le lit d'un homme. Parce que c'est ce qu'ils sont tous, n'est-ce pas ? Tous ceux avec qui tu couches. Ils ne sont que des corps, parce que tu leur enlèves leur âme en les baisant pour les oublier ensuite. Tu les déshumanises, et si ça leur va, c'est très bien, j'en ai rien à faire. Moi, ça ne me va pas, que ce soit toi ou n'importe quel autre. » Tu hausses les épaules, et puis tu te demandes encore si tu n'en n'as pas trop dis, si tu n'as pas fait l'imbécile en lui dévoilant trop de choses, en lui disant trop sur toi, sur ta vie.   « C'est bête, t'es certainement tombé sur le seul mec avec qui tu ne pouvais pas coucher. T'as pas de chance, pour ce coup-là. Tu devrais retourner voir celui qui te léchait la bouche sur la piste, tout à l'heure. » Oups. Tu aurais dû te taire. Tu aurais dû la fermer, tu n'aurais pas dû continuer. Maintenant, il sait que tu le regardais, et il va prendre tes intentions pour les mauvaises. Ta voix n'a pas tremblé, mais tu sais que tu as fait une connerie, et tu ne sais pas combien elle va te coûter.
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() message posté Mer 22 Oct 2014 - 17:22 par Invité
All the people there  said you come alone. | PV Nathaniel. Tumblr_mo9ndmZJSu1s5cnbqo2_500

Tu fais semblant, bien sûr que tu fais semblant. Tu fais semblant d'être heureux, tu fais semblant d'aimer vivre, tu fais semblant de sourire, de rire, tu fais semblant d'aimer et d'apprécier alors que dans tes veines coule le poison. Tu fais semblant de profiter alors que tu aimerais cesser, tu fais semblant d'éclore alors que tu fanes. Mais quoi ? Il faudrait que tu le montres à tout le monde ? Il faudrait que tu le dises à tout le monde, que la vie c'est de la merde ? Que ta vie, bordel, qu'est-ce qu'elle est pourrie ? Tu t'es réfugié là-dedans, c'est un choix. On ne le fait pas toujours, ce choix. Des fois on l'a pas. Mais là c'est toi qui a voulu, c'est toi qui a cédé à l'appel du démon et tu te plais. Tu te plais tellement dans ta mort que tu voudrais que ça ne cesse jamais. A quoi bon être malheureux quand on peut falsifier le bonheur ? A quoi bon faire semblant d'aimer vivre quand on peut vraiment aimer pendant quelques instants ? Ce qu'il comprend pas, c'est que tu t'en fiches de son pardon, au final tu n'en as pas besoin. Tu n'as pas besoin des autres, tu n'as pas besoin de leur soutien, tu n'as pas besoin de leurs épaules. Qu'ils aillent se faire foutre. Ca va. Tu t'en sors. Tout seul. Tu t'en sortiras toujours tout seul. C'est ça, qu'ils ne comprennent pas. Lui, les autres, le monde. Ils ne comprennent pas que tu as toujours été seul, que tu t'es toujours débrouillé seul. Ils ne comprennent pas que si tu voulais mettre fin à tes jours, tu l'aurais déjà. Tu te serais sûrement pendu. Vous savez, c'est ignoble de se pendre. Tu imagines cent fois la corde autour de cou, se serrer peu à peu, te brûler la gorge à t'en déchirer la peau. Tu as imaginé les pensées que tu pouvais avoir avant que ton cerveau ne demande de l'aide, avant que l'oxygène se fasse rare. Il en faut du temps, avant de mourir, quand on se pend. On a le temps de rire, de pleurer, de regretter. Peut-être même de regretter son acte. De regretter ce que l'on a fait, alors on meurt en regret, en âme triste, condamnée à errer. Tu es déjà une âme qui erre, un peu partout, un peu nulle part, t'es déjà perdu comme un enfant, t'es déjà abandonné par tout ceux que tu aimais. Qu'est-ce que tu aurais à regretter toi ? Ta vie ? Ton bonheur ? Tu en cherches encore la couleur. Tu essayes, tu creuses, tu fouilles. Mais au plus profond de ton cœur, tu ne vois que le noir. Le noir de tes démons, le noir de la nuit, tu ne vois que le noir qui se reflète dans tes pupilles dilatées. Il n'y a rien en toi. Tu es vide. Tu es seul. Tu n'as rien. Rien à quoi te raccrocher, rien à quoi te repérer. Tu pourrais disparaître demain que personne ne remarquera ça, tu es Personne. C'est ça, hein. Tu n'es rien, rien qu'un homme parmi les autres, rien qu'un humain parmi tant d'autres. Alors ouais, peut-être que t'essayes de te faire remarquer avec ton comportement outrageux, avec tes gestes désinvoltes, avec ta belle gueule et tes beaux mots, alors ouais, peut-être que tu essayes d'exister comme ça. Des fois, tu te dégoûtes. Comme lui, tu as les yeux qui cessent de briller. Ils ne sont plus que dégoût, que haine. Pour toi, pour les autres, pour tout ceux à qui tu aimerais dire que tu es là mais qui ne t'entendront pas. Des fois, tu te fais de la peine. Mais tu pleures pas, t'as oublié comment on fait. Tu te fais de la mauvaise peine, de la pitié, tu sais ce truc qui te ronge de l'intérieur, qui te bouffe les tripes, comme la rage, comme la colère, comme le tout que tu es. Tu te bouffes, tu te ronges, tu te tues et t'en es presque fier, t'en bomberais presque le torse si tu n'avais pas vu dans ses yeux cette lueur. Cette lueur que tu détestes, que tu hais, cette lueur qui te fatigue. T'en veux pas de sa pitié, t'en veux pas de sa peine. Reviens le dégoût, regarde-moi avec tes yeux sales. Tu ne veux pas qu'il compatisse, tu ne veux pas qu'il te comprenne, qu'il cherche à te comprendre plus qu'il ne le fait déjà. Tu ne veux pas qu'il essaye, tu ne veux rien qui vienne de lui. Parce que la peine, t'en as pas besoin. T'as pas besoin de la pitié. Tu n'as pas besoin des autres, et de leurs sentiments, tu n'as pas besoin de ce qu'ils sont, de ce qu'ils pensent ; c'est toujours faux, c'est toujours idiot. Il a raison, de te prendre pour un bête, c'est le rôle que tu joues le mieux, c'est celui qui te colle à la peau depuis toujours. Le petit délinquant, le petit marrant. C'est comme ça qu'on existe aux yeux des gens maintenant, c'est quand on fait le con, c'est quand on fait l'imbécile. Tu existais dans leurs, tu existes dans leurs yeux dilatés, explosés, et c'est ce que tu recherches. Ce sentiment de vie, de cœur qui bat, de sang qui passe dans les tempes. Tu ne vis pas dans la pitié, tu n'y arrives pas et tu aimerais qu'il te regarde encore, avec ses yeux qui te disent que tu ne vaux rien. Tu donnerais tout pour qu'il oublie la pitié, pour qu'il oublie la peine, tu donnerais tout pour qu'il te fasse vivre rien qu'un peu encore, rien qu'une fois parce que s'il commence à avoir de la peine, tu ne tiendras pas ; elle est tueuse cette peine, elle est tueuse cette pitié. Elle est honte. Elle te fait honte, à toi, la pitié. Regarde comment tu es, elle te le dit, elle te le souffle au creux de l'oreille. Regarde ce que tu fais. N'as-tu donc pas honte ? N'es-tu pas triste, gêné, ne devrais-tu pas arrêter ? Elle est sorcière dans ton esprit la pitié, parce qu'elle est dévastatrice, parce qu'elle pousse au pire. Elle pousse à tout, elle te pousse dans le vide.

Un sourire est né sur tes lèvres. Il doit étudier la décadence humaine, ah ! Elle est belle l'humanité non ? Tu te demandes comment il la trouve, celle-là. Sûrement moche, sûrement idiote. Peut-être elle lui fait pitié, peut-être elle le dégoûte, comme toi tu peux le faire ? Peut-être qu'il t'identifie à cette humanité, peut-être qu'il identifie l’humanité à tes os ? C'est vrai qu'elle te colle au corps la décadence, elle est tombée en amour pour toi et tu ne sais pas t'en dépêtrer. Tu aimes sentir son corps chaud contre le tien, tu aimes la sentir là, près de toi. Ta seule amie, ton seul amour. C'est peut-être ça, au final, tu es peut-être marié à la destruction, à la déchéance. Peut-être que tu ne sais qu'aimer les choses qui se meurent, les choses qui disparaissent. Peut-être que si tu es faible face à elle, c'est parce qu'elle a un pouvoir absolu sur toi, un pouvoir qui fait que tu te mets à genoux, que tu l'admires, que tu lui souffles des mots à l'oreille, des mots qu'elle veut entendre. Prend-moi, mène-moi avec toi, bordel tue-moi. Mais elle se rit de toi comme d'un amant trop joueur, trop amoureux, elle se rit de toi et te regarde avec ses  yeux de pitiés. Ce sont ces yeux que tu vois dans ceux du brun, ce sont ces yeux qui se glissent sur ton corps et elle rigole encore plus fort. Tu fais tellement pitié, tu devrais te redresser. Il est passé où, le beau et le grand Leslie ? Il est passé où, celui qui bombe le torse, celui qui ne se laisse pas marcher sur les pieds ? Tu es d'une tristesse sans nom ce soir, il t'a foutu le cafard, tu t'es foutu le cafard. C'était pas ton soir. « Elle est dans les tiens autant que dans les miens, t'es une décadence comme une autre, l'homme est une erreur. » C'était un murmure entre ses paroles, c'étaient des mots insensés, des mots qui ne veulent rien dire. Ce n'est peut-être pas l'homme l'erreur, mais seulement toi. Toi et tes idées noires, toi et tes sourires qui ne veulent plus rien dire. Celui-ci était un peu amusé. Il t'amuse, tu t'amuses. Il fait ressortir en toi ce côté-là que tu caches, vous savez, ce côté un peu poète, un peu maudit, ce côté qui réfléchit. Des fois, tu voudrais ne pas savoir réfléchir, ne pas savoir penser, tu aimerais oublier comment on fait, comment on y arrive, comment on s'en sort. Tu voudrais oublier tout ça, parce qu'à force de réfléchir, on explose, on craque. Tu n'as pas besoin de ça, tu n'as pas besoin de ton esprit qui dit non autant que ton corps. Il est là déjà lui, sans cesse à te rappeler que tu ne peux pas, que tu n'as pas le droit. Il est sans cesse là pour te rappeler que tu n'es qu'une erreur comme une autre, que tu n'es qu'une putain de tâche sur du tissu blanc, le tissu blanc de l’humanité, le tissu blanc de la vie. T'aurais jamais dû exister, t'aurais jamais dû être là. On aurait dû te cracher à la gueule, te taper la tête par terre, peut-être même t'enterrer vivant, mais jamais il n'aurait fallu te laisser vivre. Tu es le genre de tâche qui s'étend, encore et encore, celle qui ne part jamais et qui termine à la poubelle parce qu'elle a tout ruiné. C'est de ta faute, ça l'a toujours été. Tout est toujours de ta faute et tu n'y peux rien, c'est comme qu'on dira, qu'ils te diront. C'est comme ça et tu n'y peux rien, parce que t'es bête, parce que t'es idiot, parce que t'es faible. C'est comme ça mon gars, laisse tomber, c'est de ta faute et toi tu rigoleras. Tu rigoleras à t'en faire péter la gorge et tu diras que oui, c'est de ta faute. Parce qu'au final, il faut bien que ce soit la faute de quelqu'un ? Même si ce n'est que la tienne, c'est déjà beaucoup. Tu as ce poids sur tes épaules, celui que tu te mets tout seul, celui qui te fait te baisser petit à petit et qui dessinera sur ton dos une bosse. La bosse de la vie. Parce qu'après tout, tu auras vécu. Comme tout le monde. Dans le malheur, dans la misère, oui, mais tu auras vécu. Tu pourras raconter. Hé les gosses, moi j'ai connu la vie. Tu ne sais pas si c'est bien, tu ne sais pas s'il faut la raconter la vie. Peut-être qu'il faudrait les laisser découvrir la belle connerie que c'est ? Peut-être qu'il faudrait les laisser comprendre d'eux-même ? On ne peut pas tracer de chemin, il l'est déjà pour nous, mais c'est à eux de faire quelque chose pour le modifier, c'est à de le gérer. Toi tu l'as raté ton chemin, t'y a semé des pierres sur lesquelles tu es tombé, regardes où tu en es, regardes donc ce que tu fais. Ton rire est jaune, ton rire pour toi même, celui qu'il n'entend pas parce qu'il résonne au fond de toi, en rire fatigué, en rire désabusé, en rire triste, en rire du mort qui se moque. Tu n'es qu'un mort, un squelette, tu n'es qu'une chose, un sac d'os, on pourrait même pas dire que t'es humain tellement t'es une loque, une larve, un animal parmi les animaux. Mais si ça te plaît, c'est un crime ? Si tu aimes ça, est-ce que c'est grave, est-ce que tu seras puni ? Est-ce qu'on t'en voudra, de ne pas vouloir t'en sortir, est-ce qu'il t'en voudra, lui, si tu ne veux pas t'en sortir et laisser couler dans tes veines la pourriture du monde, de ton monde, de leur monde.

Il est innocent, tellement innocent. Un sourire se pose sur tes lèvres et il ne les quitte pas. Tu l'écoutes, silencieux, attentif, tu l'écoutes parler et tu souris, un peu plus à chaque phrase. Il est tellement innocent, il ressemble à un petit ange, à un doux agneaux, il ressemble à ces personnes inaccessibles. Il est inaccessible. Et c'est peut-être ce qui te plaît le plus, c'est peut-être ce qui t'attire le plus chez cet oiseau, chez ce bel oiseau. On désire toujours ce qu'on ne peut pas avoir, ce qu'on rêverait de toucher du bout des doigts alors que c'est interdit et plus que n'importe qui, c'est lui que tu désires maintenant, c'est lui que tu veux. Dans tes bras, dans ton lit, gémissant ton prénom, se tortillant sous ton corps. T'as envie de lui faire l'amour, là, maintenant. Sauvagement, bestialement, t'as juste envie de l'entendre hurler ton prénom pour faire tomber de son visage cet air moqueur. T'as envie de le détruire comme il te détruit toi à petit feu depuis le début, comme il te tue doucement, lentement, comme il t'assassine à coup de mots, à coup de regards, tu veux lui faire payer, lui faire comprendre, tu voudrais tellement qu'il te supplie d'arrêter, qu'il te supplie de l'aimer encore et encore toute la nuit. Mais c'est impossible, et tu te contentes de le regarder en l'imaginant sous toi, contre toi, autour de toi, et tu te mords l'intérieur de la lèvre. Sa dernière remarque te fait rire, un peu, beaucoup peut-être. Elle t'amuse. Il a fait une erreur. Il le sait tout autant que toi, et ça t'amuse. Oh ça ne devrait pas, il trouvera toujours un moyen de se redresser, un moyen de te faire payer ce que tu n'as pas fait. Parce qu'après tout, toi, tu n'as rien dit. Rien dit, et rien demandé. Tu n'as fait que balancer des mots et le gosse, il parle trop. Ca parle toujours trop les gosses, c'en serait presque fatigant s'il n'avait pas été attirant. Mais pour le moment, ça te fait juste rigoler, doucement, gentiment. Tu n'es pas moqueur, tu n'es pas comme lui, tu le respectes, tu essayes. Même si tu ne le montres pas, même si tu ne lui dis pas, il y a des choses que tu ne te permettrais pas. Que tu ne pourrais pas. « Savoir que tu m'observes me plaît beaucoup. » Continues de poser tes yeux sur moi. Continue de me regarder. « C'est vulgaire « baiser », c'est pas beau, je leur donne simplement l'amour qui leur manque, je suis plus pute qu'eux sûrement mais je leur donne cet amour dont ils ont besoin, s'ils veulent rester, qu'ils restent, je ne serai pas capable de les aimer bien, mais j'peux toujours essayer. Ils préfèrent se casser dans l'matin, ils se disent que c'est mieux. J'dois pas les aimer assez fort, assez bien. » Il n'est peut-être pas le plus naïf de vous deux, et pourtant tu n'es pas le plus jeune. Tu n'en as rien à foutre, tu ne réfléchis plus à ce que tu dis. As-tu déjà réfléchis au moins une fois à tes paroles, tes mots, depuis que tu es venu le voir ? Il y a trop de trucs qui tapent dans ta tête, c'est pas possible de réfléchir, alors tu dis ce que tu penses, tu dis ce qui te passe par la tête comme un enfant dirait toujours la vérité, parce qu'après tout c'est ce que c'est ; la vérité. Tu n'as jamais été aussi sincère que maintenant, que là, à l'apogée de ton désastre, au paroxysme de ta déchéance. Tu es perdu, mais tu es sérieux, et tu le regardes comme si tu étais triste. Peut-être que tu l'es vraiment en fait, peut-être que ça te fait de la peine, de ne pas savoir aimer, de pas savoir aimer comme ils veulent être aimer. Alors doucement, de nouveau, tes doigts se glissent un chemin sur sa taille que tu serres plus fort, que tu serres tendrement, ou peut-être que tu la serres juste comme ça, tu ne sais pas, mais tu la tiens et ses doigts n'ont pas le temps de se glisser sur les tiens que ton visage se rapproche de son visage. Tu sens l'alcool, la transpiration, les restes de cannabis, tu sens les problèmes, tu sens la mort, tu sens le démon, t'es comme le Diable en personne à quelques millimètres de sa tempe. Ton nez se pose contre sa tempe, on fait tous des erreurs mais la sienne était tellement adorable que tu n'as su t'empêcher de souffler avec douceur au creux de son oreille ; « Tu sais, mes lèvres te sont offertes aussi. » Elles lui sont données en offrande, elles n'attendent qu'à les rencontrer, elles sont un cadeau que tu lui fais, mais il n'en veut pas de tes lèvres et tu le sais, il est tellement dégoûté. Mais comment peux-tu te retenir ? C'est de sa faute, qu'il aille se faire voir, tu n'y peux rien, tu ne sais pas résister. Pas maintenant, pas comme ça et tu n'abandonneras pas. Jamais. Il te plaît plus qu'un simple plan, il te plaît plus qu'un simple corps. Tu embrasses sa joue, effleurement de tes lèvres contre sa peau et tu de dégages avant de recevoir un coup, ou non, tu ne sais pas mais tu affiches sur ton visage ce sourire fier qui doit lui faire de la peine, alors tu lui donnes un léger coup dans l'épaule, le genre de truc qui fait pas mal, le genre de truc qu'on fait entre pote. « Allez mon gars, je te taquine, j'ai bien compris que j't'aurais jamais, que tu ne me voudras jamais parce qu'à tes yeux je ne suis qu'une bête, qu'un monstre, là pour manger les autres, dévorer leurs âmes et les détruire à petit feu comme je me détruis moi. C'est ça que tu penses non ? Qu'au final, je fais ça juste parce que j'ai peur de ma propre destruction... En fait, je m'en fous un peu de ce que tu penses tu sais ? J'fais un peu ce que je veux, j'veux pas d'ta pitié, ou de je sais pas quoi – j'ai vu comment tu me regardais, j'suis pas aveugle. J'suis peut-être défoncé, mais je suis pas con. Je fais peut-être genre, c'est drôle de jouer au con, on en apprend plus sur les gens, mais je sais très bien... Non j'sais pas, mais j'pense. Ou j'pense plus... » Tu laisses échapper un geignement. « J'ai mal au crâne. » Sauve-moi encore une fois. T'as la tête qui tourne et le teint pâle, t'as les yeux qui vrillent et les jambes qui tremblent. Fallait pas t'énerver comme ça mon vieux, t'as le cœur qui va pas tenir.

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() message posté Jeu 23 Oct 2014 - 12:25 par Invité

<< Fuck, let's go and get stoned >>






Ça y est, tu l'as percé à jour. Peu à peu, il commence à se défaire des faux-semblants avec lesquels il s'habille chaque jour, ceux que son visage revêt, ceux qu'il arbore pour tromper la vie. Il est si misérable, en réalité nous le sommes tous. Nous faisons tous semblant, nous faisons tous bonne figure, mais la même pourriture nous ronge de l'intérieur. Pourquoi doit-on se cacher ? Pour leurrer, pour faire croire. Parce que les apparences ont toujours été plus fortes que le reste, parce que l'on ne peut pas dicter les lois du monde sans elles. Tout le monde a besoin d'elles. Elles nous protègent les uns des autres, elles nous enveloppent, elles sont nos enveloppes. Elles déterminent ce que chacun pense de nous, ce que l'on peut voir en premier sur notre visage, ce qui transparaît et qui parfois, nous trahît. On se cache derrière elles car, parfois, elles peuvent nous sauver de la dure réalité du monde. La réalité, cette chose à laquelle tous les humains tentent d'échapper. Que ce soit par pensée, par action. Que ce soit en imaginant, en écrivant, en dessinant, ou en fumant. Tout le monde a sa manière d'échapper à la réalité, de se cacher derrière une enveloppe créée de toutes pièces, de leurrer son monde comme on le désire au fond. Parce qu'on fond, on veut que personne ne sache, on veut que nos états d'âme restent secrets, on veut qu'ils ne soient qu'à nous. Pourquoi devrait-on partager sa souffrance avec les autres, après tout ? Chacun porte sa croix, chacun passe par son lot d'épreuves qui forgent à la vie. La vie, cette grosse connerie qui nous en met plein la gueule, qui fait en sorte que l'on se plante, qui met des bâtons dans les roues pour se divertir, parce que la vie serait trop simple sans ses aléas. Vous en avez connu tous les deux, des aléas, et vous y avez survécu, ou peut-être pas. Peut-être qu'au final, on y laisse nos âmes dans ces conneries, peut-être qu'au final, une fois qu'on y est tombé, c'est fini pour nous, on n'a plus le droit de jouer. Tu y penses souvent, tu te demandes si ce n'est pas fait exprès, si le pardon existe vraiment, s'il est possible pour toi. Tu ne sais pas, tu n'en sais rien. Tu n'es pas Dieu, tu ne veux pas l'être, tu ne crois même pas en lui. Pourquoi l'évoquer alors que vous vivez des horreurs, et qu'il ne fait rien pour vous aider ? Il ne l'a pas aidé, lui, il est toujours dans la merde. Il ne pourra jamais s'en sortir si on ne lui tend pas la main, si on ne le sort pas de la boue, si on ne le sort pas de l'enfer auquel il est enchaîné, si on ne le sort pas de ce couloir de la mort dans lequel il est impossible de faire demi-tour. Tu ne comprends pas comment tout le monde peut se foutre de vous, et en même temps tu es comme eux. Tu ne veux pas voir la misère des autres parce que la tienne te suffit amplement. Tu ne peux pas aider, tout simplement parce que tu arrives à peine à t'aider toi-même, et finalement, tu es aussi misérable que lui, aussi misérable qu'eux, aussi misérable qu'un animal qui se complaît dans sa décadence, dans sa vie factice, dans ses artifices. Et au final, toi aussi tu te fais pitié, parce que tu fais croire au monde que tu n'en n'as plus rien à foutre, que tout va bien dans ta vie, que tu n'as plus aucun problème. Tu te fais pitié, parce que rien ne va, parce que tout est instable, aussi instable que dans son esprit à lui, en face de toi. Lui. Il te fait pitié, lui aussi, il te fait de la peine. Tu la vois la rage dans ses yeux, la rage qui te dis de le laisser tranquille, de détourner le regard, d'arrêter de le tuer avec ces yeux plus assassins encore que la mort elle-même. Tu sais qu'il a honte, et tu sais qu'en le regardant comme ça, tu lui renvoies tous ce qu'il ressent à la figure, tout ce qu'il veut oublier, tout ce qu'il cache derrière les faux semblants, derrière les barrières que tu viens de faire tomber. Tu es fier de toi et en même temps tu te dégoûtes, parce que tu ne devrais pas faire ça. Tu ne devrais pas être aussi dur, être aussi cruel envers lui, mais ce n'est pas vraiment envers lui que tu es cruel, n'est-ce pas ? C'est envers toi, parce qu'on ne t'a jamais fait souffrir comme ça. Parce que personne ne s'est assez soucié de toi pour ressentir autant de peine, pour te renvoyer tes propres sentiments à la figure. Tout le monde s'en fichait, et au final ça n'a pas été assez dur, tu n'as pas assez compris à quel point tu étais bête, à quel point tes conneries étaient stupides et inutiles, à quel point tu étais inutile. Tout le monde se fichait de toi, tu n'avais pas d'yeux pour te refléter ton image, et maintenant que ça arrive, maintenant que tu trouves une âme plus pourrie encore que la tienne, celle qui se répare doucement, tu vois que le reflet de ton être est d'une noirceur infâme. Tu te dégoûtes autant qu'il te dégoûte, et vous êtes encore au-delà des autres par le lien qui unit vos existences alors même que vous ne connaissez pas vos prénoms. Mais tu t'en fiches de ça, tu ne veux pas savoir, il t'a fait bien trop de mal en l'espace de quelques minutes, il t'a fait beaucoup trop de mal et tu as envie de pleurer, tu as envie de laisser couler les larmes que tu retiens depuis des années. Tu ne les laisseras pas couler, ces larmes, non. Elles resteront à l'intérieur, elles ne s'aventureront pas sur tes joues. Personne ne doit te voir comme ça. Personne, et surtout pas lui. Tu ne veux pas que ton masque déjà fêlé ne disparaisse, tu ne veux pas te retrouver nu devant lui, ni devant personne d'autre d'ailleurs.
Il te fait rire avec ses paroles idiotes, tout d'un coup, on dirait qu'il se découvre des talents de poésie. Il s'est rendu faible par les mots, il a ouvert une brèche dans son bouclier et tu comptes bien l'explorer, tu comptes bien découvrir d'autres choses, agrandir cette brèche encore et encore, lui faire sentir qu'il n'est pas le centre du monde, que son stratagème ne fonctionne pas sur tout le monde, et que les faux-semblants, c'était ton truc à toi, avant. Tu sais bien qu'il est faible, tu le vois, il se laisse aller. Toute l'énergie qu'il avait quand il est venu s’asseoir s'est dissipée. C'est toi qui lui fait cet effet-là ? Peut-être, tant mieux. Tu n'aimes pas être rabat-joie, tu n'es pas du genre à te mêler des affaires des autres, mais il n'aurait pas dû s'approcher de toi. En réalité, tu représentes un danger pour lui comme il en représente un pour toi, dans des domaines différents, mais avec autant d'importance. Tu ne sais pas pourquoi il s'est approché de toi, peut-être n'aurait-il pas dû. Il a pensé partir vainqueur, au final, il y perd ses défenses, comme toi tu perds les tiennes. Vous vous êtes envoyés des mots à la figure, des mots qui ont eu un bien plus fort impact que ce que à quoi tu aurais pensé. Et là, avec ses mots, il te fait rire, parce qu'on dirait qu'il perd la tête, qu'il craque, qu'il laisse tout tomber. On dirait qu'il abandonne, qu'il baisse les armes, qu'il se laisse aller. Et toi, ça te plaît, parce que tu es cruel, parce que tu veux voir ses défenses s'écrouler, parce que tu veux voir sa vraie personnalité. C'est ton but, sans vraiment que tu ne le formules, sans vraiment que tu ne t'en rendes compte, tu veux découvrir ce qui se cache derrière la barrière qui est en train de s'écrouler.   « Moi je ne dis pas le contraire, tu sais. On est tous comme ça. La décadence est humaine, et on est tous des catastrophes, au fond. Certains assument juste plus que d'autres la part de noirceur qui vit en chacun de nous. » Tu te retiens d'en dire plus, parce que tu ne veux pas parler. Il n'est pas en état d'entendre ce que tu as à dire, tu ne veux pas l'achever. Tu veux simplement le mettre à terre, pas le tuer. Tu ne veux pas qu'il meure, au fond, tu aimerais juste qu'il s'en sorte, comme toi. Non, mieux que toi en fait, beaucoup mieux que toi, parce que toi personne ne t'a aidé. Tu sais que pour l'instant c'est impossible, tu sais qu'il n'est pas en mesure d'entendre raison, et tu ne sais même pas si tu le reverras un jour. Qui sait, peut-être que quelqu'un passera par là et finira le travail, finira de l'aider et de lui faire accepter qu'il n'y a pas que l'ombre pour le sauver, qu'il y a d'autres moyens de vivre, d'autres moyens de mourir. Car peut-être veut-il réellement mourir ? Peut-être a-t-il déjà essayé, tu ne sais pas, tu ne sais rien de son passé. Tu peux imaginer sa souffrance mais pas ce qu'il a enduré, tu ne peux pas deviner à quel point il a envie de crever. Il est misérable, tu l'as compris, ce n'est plus que l'ombre de lui-même, de ce qu'il a pu être autrefois. Est-ce qu'il a seulement déjà été? Tu ne sais pas, tu le connais à peine, tu ne comprends même pas pourquoi tout cela te vient en tête, pourquoi tu t'en fais encore pour lui, pourquoi tu te dis encore que tu peux l'aider alors que tu devrais t'en foutre. Il te fait l'effet d'une bombe, une bombe miroir qui t'éclate à la tronche et qui dérange ta tranquillité. Il te bouge plus que l'on ne t'a jamais bougé, il te fait réagir alors même que lui n'agit plus. Il ne fait plus rien lui, il est comme mort, il se laisse faire, il se laisse vivre, il se laisse crever, même s'il donne l'impression d'avoir le contrôle sur tout ce qui l'entoure.
Mais malgré tout, ses regards te dérangent. Ils ont quelque chose qui ne te plaît pas, ce quelque chose contre lequel tu te bats depuis le début, depuis qu'il t'a abordé. Cette lueur étrange qui brille dans son regard, cette lueur que tu n'as vu chez personne depuis trop longtemps et que tu aimerais faire disparaître. Elle te fait plaisir quelque part, cette lueur, parce que tu sais très bien à quoi elle correspond. Elle est synonyme de désir, de plaisir, de frustration. Ça signifie qu'il te veut, qu'il a envie de toi, qu'il veut pouvoir t'avoir pour lui, te posséder. C'est flatteur, très flatteur, et même si tu n'estimes pas sa manière de faire, ça te fait plaisir, parce que personne ne t'a désiré comme ça depuis longtemps. Personne a qui tu as fait attention, en tout cas, et ça te manque, ça te manque affreusement. Le contact humain, la chaleur de l'amour, tout cela te manque, mais tu sais que cette lueur n'est pas ce que tu recherches, non, pas totalement. Lui ne veut que la chair, que la jouissance, que la mécanique de la chose, cette chose qu'il peut retrouver chez n'importe qui. Ce n'est pas ce que tu cherches, toi. Tu aimerais pouvoir te reposer dans les bras de quelqu'un, tout arrêter, souffler cinq minutes sans avoir à te poser te question alors que la chaleur d'un amour te réchauffe. Lui, l'amour, il ne doit pas vouloir le connaître, et de toute façon tu ne veux pas de lui comme amant. Qui voudrait tomber amoureux d'une personne pareille ? Il est plus dépressif que toi encore, plus destructeur, plus fou. Il n'en peut plus de la vie, il ne supporterait jamais le poids d'un amour. Et pourtant, tu te plais à te dire qu'il te désire, qu'il te veut, que c'est toi qu'il essaye d'avoir, toi et pas un autre. Pour une fois, quelqu'un fait attention à toi, pour une fois, c'est à toi qu'on s’intéresse. Et puis, soudainement, il gâche tout en ouvrant la bouche, il te rappelle à la bêtise que tu viens de faire. Tu aurais vraiment dû te taire. Il pense désormais que tu le veux autant que lui te désire, alors qu'en réalité tu t'en fiches, tu préférerais passer ton chemin. Le léger éclat de victoire qui brillait dans tes yeux s'est éteint, il a complètement pourri tes ambitions.   « Je te l'ai dit que je t'observais. Je vous observais tous. Mais tu fais mal aux yeux, avec tes cheveux. Tu fais mal aux yeux, t'attires le regard, mais tu le fais exprès, n'est-ce pas ? De tous les dépravés qui se collaient là-bas, tu étais bien le plus décadent de tous. C'est ça qui m'a fait relever les yeux vers toi. » Tu hausses simplement les épaules, lui expliquant à quel point tu étais dégoûté par cette attitude, faisant transparaître cette sensation dans chacun de tes mots, comme s'ils étaient des serpents qui sortaient de ta bouche. Tu essayes de lui dire sans les mots à quel point tu n'estimes pas ce genre de comportement, même s'il le sait déjà. Tu aimerais que ce soit gravé en lui et qu'il se sente nauséeux rien qu'en y pensant, rien qu'en l'imaginant. Et puis, ses paroles te font soupirer. Il est naïf, quelque part. Tu ne sais pas s'il sait ce qu'est l'amour, s'il en a déjà entendu parler, s'il l'a déjà vécu, mais à l'entendre on dirait bien que non. Il ressemble à un enfant à qui on aurait dit que les garçons naissaient dans les choux et les filles dans les roses, il a l'air crédule et pourtant si dangereux. « Ce n'est pas de l'amour, ce que tu leur donnes. Tu les baises. C'est vulgaire, comme terme ? Mais l'action en elle-même est vulgaire, parce que tu ne leur donnes pas d'amour, tu ne les connais même pas. Ce que tu leur donnes, c'est de la chaleur, tu leur prêtes ton énergie pour la nuit, et tu te dis que c'est de l'amour. En, vérité, je suis persuadé que tu n'as jamais réellement fait l'amour. » Il te désespère un peu, mais en même temps il a l'air si sûr de lui, et si paumé à la fois. Comment peut-on confondre l'amour et la luxure ? Tu ne sais pas, tu ne comprends pas. Peut-être qu'il n'a juste jamais été aimé. Peut-être qu'il n'a jamais appris comment faire. Tu ne peux pas deviner, là encore, tu es bloqué, et ça t'emmerde. Tu aimerais en savoir plus, tu aimerais savoir pourquoi il n'est pas capable d'aimer. « S'ils ne restent pas le lendemain, c'est qu'ils n'attendent pas d'amour de ta part, et vu ta réaction, ce n'est pas non plus ce que tu veux. Tu accepterais réellement que l'un d'entre eux te dise " Oh hey, bonjour, je suis tombé amoureux de toi, tiens moi la main et dis-moi que tu m'aimes " ? Tu te mentirais, tu lui mentirais. Ne sais-tu donc pas ce qu'est réellement l'amour ? » Ta question est totalement sérieuse, il n'y a aucune pointe de moquerie, aucune pointe de méchanceté à l'intérieur. Tu veux simplement savoir, parce que tu n'avais jamais rencontré quelqu'un comme ça avant, parce que tu ne comprends pas bien ce comportement. Tu veux en savoir plus, tu veux pouvoir l'analyser, tu veux pouvoir agrandir encore tes connaissances, juste parce que tu es curieux, juste parce que ça t'intéresse.
Et puis tu fronces les sourcils, parce que ce qu'il est en train de faire ne te plaît pas du tout, parce que ce qu'il est en train de faire est dangereux, et tu ne veux pas que ça arrive. Tu sens encore sa main chaude sur ton flanc, tu frissonnes de nouveau parce qu tu aimes cette chaleur, parce que cette chaleur est une partie de ce qui te manque, parce que ça fait vraiment trop longtemps que tu n'en n'as pas eu, et parce que tu aimes ses mains, aussi. Il a beau être complètement bourré, elles sont tendres, elles sont douces, elles ne te veulent pas de mal. Elles sont différentes de ses mains à lui, ces mains qui t'ont détruit à petit feu, ces mains qui t'ont tout donné pour tout te reprendre après. Mais tu veux la retirer, cette main, parce qu'elle est beaucoup trop dangereuse, beaucoup trop tentatrice, parce qu'elle ne présage rien de bon et que tu ne veux pas que la situation dérape plus qu'à cet instant. Mais tu n'as le temps de rien faire, parce qu'il se rapproche de toi, il se rapproche beaucoup trop près. Il ne sent pas bon, il sent l'odeur de tous ses excès réunis, il sent le danger, et tu n'aimes pas ça. Tu fronces le nez, tu fermes les yeux, tu attends que ça passe. Tu penses qu'il va se reculer, mais au moment où tu  entends ses paroles, tu te figes. Tu n'as pas envie d'en entendre plus, tu te sens piégé, tu fronces les sourcils. La situation ne te plaît pas, tu n'aimes pas ça, tu n'aimes pas le fait qu'il se permette de te toucher sans en avoir eu la permission. Alors, tes mains se posent sur son torse pour le repousser une fois la surprise passée, mais il est trop fort, plus fort que toi, et il parvient à rester contre ton corps jusqu'à t'embrasser la joue. Le contact te fait frissonner, parce que ses lèvres sont douces, elles sont aussi tendres que ses mains, et tu détestes aimer ça, tu détestes reconnaître que tu as besoin de cette tendresse, que tu en crèves. Mais tu n'en veux pas venant de lui, tu ne veux rien qui vienne de lui, tu n'en n'as pas besoin. Pas besoin d'un être qui ne connaît pas l'amour, pas besoin d'une personne qui oublie chaque nom après avoir embrassé les lèvres, profité des corps. Tu le repousses plus fort encore, et tes sourcils sont toujours froncés, même si tu n'as pas scié. Son discours t'énerve parce que tu n'as encore rien dit, parce qu'il s'excite tout seul comme le font beaucoup de drogués. Tu ne sais pas pourquoi il ne se met en colère que maintenant, tu as envie de le frapper pour le calmer, mais ce n'est pas la solution, non. Beaucoup de principes ne sont pas les tiens, mais la violence ne fait pas partie de tes méthodes. De toute façon, tes mains te sont trop précieuses pour que tu risques de les abîmer dans une bagarre idiote, elles te servent à t'échapper, tu ne peux pas prendre le risque de t'enfermer à nouveau en faisant des conneries pareilles. Et puis tu l'entends geindre, tu soupires, tu souffles. Tu es las de son discours d'ivrogne, tu es las de son discours insensé, tu es las de tout.   « Tu pues. » Réponds-tu simplement, complètement indifférent à ses attaques. Tu ne veux plus lui répondre, tu ne veux plus lui parler comme à un homme, il n'en n'est plus capable, il ne peut plus réfléchir. Tu l'as usé sans même lui faire l'amour, tu as exploité ses dernières lucidités. «  Tu devrais juste aller prendre une douche et dormir, ton haleine est une menace contre l'humanité. » Lui dis-tu alors que tu commandes, sans trop savoir pourquoi, deux verres d'eau bien fraîche, bien claire, l'eau qui pourrait le faire cuver, pourquoi pas, l'eau que tu as envie de lui balancer sur la tête, de lui balancer en pleine tronche pour le faire revenir à lui. Mais ça ne se fait pas, n'est-ce pas ? ça ferait du travail en plus pour les agents de ménage, et lui risquerait de te frapper, parce qu'il est en colère, parce qu'il est complètement mort. «  Moi je vais rentrer chez moi, tu devrais vraiment faire pareil. » Il n'a plus rien à t'apprendre pour ce soir, il est complètement mort, il a épuisé ses dernières ressources, alors tu prends ton verre d'eau et tu bois, tu bois cul sec, comme si cette eau allait effacer tout ce que tu avais dit, tous les serpents qui étaient sortis de ta jolie bouche et qui avaient laissé un goût amer au fond de ta gorge. Puis te te lèves, tu payes toutes les boissons, sans trop savoir pourquoi, sans doute parce que tu es trop gentil, sans doute parce que penses que tu ne le reverras jamais.  
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() message posté Jeu 23 Oct 2014 - 13:41 par Invité
All the people there  said you come alone. | PV Nathaniel. Tumblr_mo9ndmZJSu1s5cnbqo2_500

Il n'a qu'à pas te regarder, si tu lui fais mal aux yeux. Il n'a qu'à détourner le regard de ta décadence, si ça ne lui plaît pas. Il essaye d'être froid, d'être cassant, mais c'est ridicule. Tu ne faisais pas ça pour lui, ni même pour les autres. Tu faisais pour toi, simplement pour toi. Tu ne fais pas ça pour qu'ils te remarquent, mais pour te remarquer. Tu fais ça pour exister. C'est toujours la même chose, toujours la même histoire. C'est toujours le même problème, la même connerie. C'est comme ça, c'est pas autrement. Et si tu ne lui plais pas, pourquoi est-ce que c'est toi qui observe ? Tu es le pire à ses yeux, mais tu sais qu'il y a plus bas que toi, encore plus au fond que tu ne l'es déjà. Tu ne sais pas vraiment s'il essaye de te faire la morale, de te faire passer un message, tu ne sais plus ce qu'il pense, tu n'as sûrement jamais su. Mais c'est toi, c'est de ta faute. Tu ne sais pas rester sérieux, tu n'as aucun respect. Rien. Chaque fois qu'une occasion se présente, tu la ruines. Tu la détruis, comme tu te détruis. C'est comme si tu n'avais pas envie que la vie te sourit, comme si tu n'avais pas envie d'avoir des opportunités. Il n'y a qu'à voir là, il t'avait presque souris. Il t'avait fait confiance, non ? Il avait commencé à te parler sérieusement, peut-être même sincèrement et tu n'as su que t'enfoncer un peu plus dans ton image de dépravé, tu n'as su être que l'erreur de l'humanité. « Non. » Mais il ne l'a sûrement pas entendu, ta réponse. Tu le sais, tu l'as dit bien trop bas, il s'est perdu dans la musique beaucoup trop forte. Mais tu lui as répondu, tu lui as dit. Qu'est-ce qui t'as pris ? Tu as les pas très claire, elles ne l'ont jamais été. Non, non tu n'as jamais connu l'amour, non tu n'accepterais pas, non tu n'as jamais fait l'amour réellement. Et alors ? Qu'est-ce qu'il peut te dire, lui ? Que l'amour, c'est magnifique ? Que l'amour c'est important ? Que l'amour, c'est ce dont on a besoin pour vivre ? Tu lui rirais au nez, tu vis malgré toi et sans amour, tu es très heureux, ou presque. Tu ne veux pas aimer, parce que l'amour, ça fait mal, ça détruit. Tu ne veux pas aimer parce qu'on aime pas pour l'éternité, parce que ça fait pleurer, parce qu'il n'y aura jamais rien de bien, jamais rien de parfait. Tu ne veux pas aimer parce que ça te fatigue rien que d'y penser, rien que d'imaginer que tu dois aimer, tu sens ton souffle s'épuiser. Il faut faire plaisir, faire attention, faire des concessions, il faut se limiter, partager. Tu n'es pas égoïste, ou si peut-être un peu mais tu ne saurais pas être une moitié e personne tu ne sauris pas être quelqu'un d'autre simplement parce que c'est ce qu'il faut, parce que la personne t'aime sans jamais t'accepter entièrement. Il y a des choses qu'elle ne supporte pas, des choses qu'elle ne veut pas et toi, ça, tu ne supportes pas. Te sentir enfermé, prisonnier, te sentir pris au piège. L'amour est un piège auquel tu essayes d'échapper, auquel tu essayes de fuir. Tu t'en éloignes, le plus possible, le plus loin, tu t'en vas très loin. Mais au fond, peut-être que ça te manque. De ne pas connaître des bras protecteur au matin, de ne pas comprendre les mots d'amour, de ne pas connaître la vie à deux, la vie à « nous ». Tu ne sais pas, c'est particulier tout de même, non ? C'est un peu bizarre, c'est un peu... Non, tu détestes l'amour. Tu le hais plus que tout, tu sais qu'il finira par te faire du mal, tu sais qu'il finira par te réduire en poussière, par te faire bouffer le sol. Il se foutra de ta gueule comme tout le monde, comme tout. Il rigolera et te dira que tu peux finir seul, ils finissent tous par dire que c'est mieux d'être seul. Alors à quoi bon aimer ? Tu ne saurais même pas le faire, tu ne saurais même pas prendre soin de la personne que tu aimes, tu ne t'en sens pas capable, pas maintenant, pas de suite. Tu ne t'en sens pas capable, parce que tu ne sais déjà pas t'aider toi, comment pourrais-tu aider quelqu'un d'autre ? Tu n'arrive déjà pas à prendre soin de ton propre corps, comment prendrais-tu soin du corps de quelqu'un d'autre ? Ce serait fatigant, éprouvant. Ce ne serait pas bien, et t'y laisserais ta peau, t'y laisserais tout. Tu détestes l'amour, parce qu'il te nargue, tu voudrais peut-être le connaître, au fond, comme tout le monde mais lui n'a pas envie de savoir qui tu es. Puis personne ne veut d'un être qui n'aime pas, personne ne veut d'un être qui ne sait pas comment ça marche, alors comment pourrais-tu apprendre ? Personne ne veut t'enseigner, personne ne veut te montrer, personne ne veut essayer avec toi, parce qu'ils ont tous peur. Autant que toi, ils ont peur de t'aimer, ils ont peur autant que tu as peur de les aimer. A quoi ça sert donc, d'essayer ? Tu sais que ça ne marchera pas, que ça ne marchera jamais parce qu'ils ne veulent pas de toi, parce qu'il s'en foutent, parce qu'ils ne veulent pas comprendre. Alors c'est vrai, t'as des amants. Des tas d'amants, ceux dont tu ne te souviens pas le prénom mais seulement le goût des lèvres, ceux dont tu ne sais pas le nom mais les formes du corps. Eux, ils comprennent. Ils sont un peu comme toi, des fois, beaucoup. Ils sont là pour se perdre dans les soupirs de plaisir, dans les soupirs de l'amour que vous vous donnez pour une nuit. Tu n'es pas d'accord avec lui. Vous vous aimez. Pas de la même façon, mais pour un soir, vous vous aimez intensément.

Tu rigoles. Vraiment, c'est un rire qui traverse tes lèvres à ce moment-là. Il a raison, pour une fois, il a raison. Tu devrais rentrer, te reposer, dormir jusqu'à ne plus savoir quel jour on est quand tu te réveilleras. Tu devrais cuver, prendre ton temps, tu devrais arrêter. Et tu sais quoi ? Tu devrais même te sevrer à partir de demain, tu devrais même peut-être changer de vie, changer de tout. Tu n'as pas envie de rentrer, tu n'as pas envie de partir, tu n'as pas envie de rentrer chez toi, dans le noir, dans le sombre, dans le vide. Tu n'as pas envie de te jeter dans les bras de Morphée, seul, tu n'as pas envie qu'il t'emmène aux pays des rêves qui n'en sont jamais. Depuis combien de temps, tu n'as pas fait un rêve ? Un vrai, un rêve qui tient debout, pas simplement des bribes de cauchemars qui finissent par te réveiller en sursaut et transpirant parce que tu t'es endormi la seringue dans le bras. Tu le vois se lever, tu ne comprends pas vraiment ce qui vient de se passer. Est-ce qu'il aurait.. ? Bien sûr. Et c'est une autre erreur, une grosse erreur. C'est peut-être même la plus grosse erreur qu'il n'ait jamais faite depuis que tu es venu le voir ? Tu ne sais pas. Tu prends le verre d'eau, cul sec. Tu fermes les yeux quelques instants avant de reposer le récipient, tes yeux cherchant la silhouette du Serpent, de ce drôle d'oiseau. Tu ne veux pas le perdre, alors tu te frayes encore un chemin entre les gens. Quelqu'un t'agrippes mais tu le repousses, méchamment, peut-être un peu trop et tu te retrouves enfin dehors. L'air frais te fait frissonner, tu frottes des bras nus et tu regardes autour de toi. Tu pries pour ne pas l'avoir perdu de vu, mais tes yeux ne sont pas d'accord. Tu ne vois pas bien, plus trop comme il faut, mais tu le distingues entre deux, trois personnes parce qu'il a cette grâce dans les mouvements que tu avais déjà vu, que tu avais remarqué alors même qu'il te regardait. Ses mouvements sont comme doux, comme lents, ils sont comme faits avec précautions. C'est quelque chose qui te plaît, encore, peut-être un peu trop .

« Je te raccompagne ? On laisse pas l'petit jeune rentrer tout seul ». Il va te tuer, il va t'assassiner, oh tu le sais très bien, mais tu t'en fiches. Tu n'en as rien à faire, tu n'as plus rien à perdre avec lui. Tu lui adresses un sourire, tu mets tes mains dans ta poche après avoir essayé d'avoir arrangé tes mèches rebelles qui ont fini par retomber encore sur ton visage. Tu le regardes, même pas il n'a relevé la tête vers toi mais ses pas ne se sont pas accélérés pour autant, c'est un peu comme si tu avais gagné, un peu comme si tu avais réussi à le convaincre. « Tu m'as dit de rentrer, mais je crois que je suis tellement... enfin tu sais quoi. J'sais plus vraiment pas où il faut passer, j'suis même plus sûr de où j'habite. » souffles-tu avant de prendre un air un peu gêné, un peu enfantin, avant de prendre un air d'enfant battu. C'est vrai, tu ne sais plus où tu habites. Ca ne fait pas si longtemps Londres t'as ouvert les bras, ça ne fait pas si longtemps que Manchester est loin derrière toi. Tu n'arrives pas à te souvenir de ton adresse, tu n'arrives même plus à te souvenir de ton quartier. D'un coup, tu as comme envie de rentrer chez toi. A ta « vraie maison », tu as comme envie de retourner en arrière de tout recommencer, t'as le trip qui vire à la déprime, à la tristesse, t'as l'alcool joyeux qui se transforme en larme. Tu renifles, avec le froid qui fait, tu vas sûrement attraper mal. Mais qui s'en préoccupe ici ? Même lui a l'air de se foutre de ta présence, ça te fait faire un peu la moue. En fait, il doit te voir venir, il doit te voir arriver avec ton petit sourire en coin et ton corps qui se rapproche du sien ; mais pas trop, t'as bien compris qu'il ne voulait pas être touché, tu as bien compris qu'il ne voulait pas de toi, alors c'est juste histoire d'avoir un peu chaud, ton épaule qui effleure la sienne tandis que tes main s'enfoncent un peu plus dans ton pantalon. « Tu me laisserais ton canapé ? » C'était une demande sérieuse. Vraiment sérieuse. Simplement le canapé, ni plus, ni moins. Tu seras parti au levé du soleil, et il doit très bien s'en douter, alors pourquoi dirait-il non ? Pourquoi refuserait-il ? Après tout, il t'as regardé en pitié tout à l'heure, il avait de la peine pour toi, tu le rendais presque triste si ce n'était pas méchant, si ce n'était pas... Simplement du dégoût dans ses yeux. « j'suis propre, je vomis pas, je ronfle pas, j'fais pas de bruit et en plus de ça, je me serai cassé avant même que tu te réveilles. Tu verras plus ma gueule de décadent. » Bien sûr que tu le provoques, bien sûr que tu le taquines, bien sûr qu'il y a toujours des piques dans tes mots, autant que les siens, mais c'est comme ça, c'est la relation qui s'est installée entre vous. Peut-on vraiment appeler ça une relation ? « Puis si je reste dehors, je risque juste d'prendre froid, et là ça sera de ta faute! » tu ne sais pas vraiment pourquoi tu as dit ça, pourquoi tu rigoles comme ça. Il s'en fout, non ? Ce n'est pas comme s'il se préoccupait beaucoup de ton état, ce n'est pas comme s'il te craignait, comme si vous vous connaissiez. Tu ne sais même pas comment il s'appelle. C'est vrai ça, quel est son nom ? Tu le regardes, il a pas une tête de prénom. Des fois, y'en a, ils ont des têtes à s'appeler comme ça alors qu'en fait non, pas du tout. Lui, il n'a pas une tête à s'appeler comme ça, il a simplement une tête à s'appeler comme il s'appelle. Tu aimerais savoir, et en même temps, la part de mystères sur vous n'en est que plus existante, que plus amusante, peut-être ne le seras-tu jamais ? Tu le regardes, tu lui souris encore, tu lui souris fatigué, faible, tu lui souris, t'en as marre de te battre et alors doucement, comme un enfant qui demanderait quelque chose d'impossible, tu souffles ; « S'il te plaît. » Sauve-moi encore un peu, rien qu'une dernière fois.

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Anonymous
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() message posté Ven 24 Oct 2014 - 12:23 par Invité

<< You have eyes that lead me on >>





Tu l'as entendu, ce "non", mais tu as choisis de l'ignorer. Pourquoi l'ignorer alors qu'il répondait simplement et sincèrement à ta question ? Tu l'as senti dans ce simple mot, tu as senti la sincérité de son cœur. Ce "non" qui en dit très long sur lui, sur son passé, sur sa vie, sans rien dévoiler. Tu le savais, tu l'avais deviné tout ça. Il n'est pas un être d'amour, il ne doit pas aimer ça. Peut-être tout simplement qu'il n'en a jamais eu assez ? Peut-être qu'il n'aime pas ça parce que l'amour, c'est pour les faibles, pour ceux qui veulent se faire briser le cœur, pour les masochistes qui désirent aimer pour mieux haïr, réunir pour mieux séparer, pour mieux tout détruire. Peut-être qu'au fond, ce n'est pas si faux, l'amour ne sert à rien. L'amour est mauvais, l'amour fait mal, l'amour n'est fait que pour blesser et c'est peut-être vrai. Tout le monde sait qu'un amour n'est jamais éternel, toute relation se termine, souvent très mal, parfois un peu moins, mais ça ne fait jamais de bien. Ça peut soulager, ça peut aider, mais à un moment ou à un autre, on souffre, et peut-être qu'au final c'est cette souffrance que tout le monde rechercher. peut-être qu'au final, on est tous de sales masos, attendant la fin de l'aventure avec un sourire plaqué sur les lèvres, un sourire que les larmes et le chagrin nous retire, un sourire détruit par la douleur que provoque l'amour. Toi, l'amour, il t'a fait très mal. Il t'a souillé, il t'a rongé, il t'a complètement détruit. Ton amour, tu le pensais si pur, si doux, si simple, et il s'est révélé être le pire des démons. Mais tu ne pouvais pas t'en défaire, de cet amour, non tu ne pouvais pas. Ton cœur y était enchaîné, ton esprit y était attaché, tu l'aimais trop pour pouvoir le quitter. Et il te l'a fait payer, cent fois, mille fois, il te l'a fait bouffer. Il t'a fait comprendre que la vie c'était pas une partie de plaisir, que la vie c'était de la merde, que la vie ne valait pas le coup d'être vécue. Tu ne veux pas y croire, à tout ça. Encore aujourd'hui, tu te bats contre tout ce qu'il a pu te dire, contre tout ce que cet amour a pu te montrer. Les joies de la drogues, la perdition, la déchéance, la luxure. Tu te complaisais là-dedans, dans ce gros bordel, parce que tu pensais qu'il t'aimait, parce que tu pensais l'amour sincère alors qu'il ne l'était pas, qu'il était très loin de l'être. Au final, tu n'étais pas la seule proie de cet amour, mais ça tu ne l'as su qu'après. Tu n'étais pas le seul à te faire trahir, tromper, leurrer, seulement pour qu'il puisse profiter de tous les plaisirs de la vie sans le dire à personne. C'était ça son masque, à lui, la chose derrière laquelle il se cachait. L'amour. L'amour qu'il t'a volé, l'amour que tu as cru recevoir, alors que tu n'avais qu'un brin de tendresse et de chaleur. Pas de sentiments, parce que personne ne t'a jamais aimé, personne n'a jamais ressenti pour toi tout ce que tu ressentais à l'époque, et ça fait mal. Ça tord le cœur de se dire que l'on ne mérite pas l'amour, de se dire que personne ne veut de nous, que personne ne veut nous en donner. Lui aussi, il te dit que tu ne vaux pas plus qu'une nuit, que pour lui, tu ne vaux que la beauté, que le physique, que le superficiel. Ça te dégoûte. Tu aimerais avoir le droit de recevoir de l'amour, mais c'est comme si personne ne t'écoutait, comme si tout le monde s'en fichait. Tu ne sais pas si tu as réellement le droit à l'amour, mais tu y crois encore. Tu veux y croire. Peut-être que tu n'as pas rencontré les meilleures personnes, peut-être que tu as fait les mauvais choix, peut-être que tu as fait de mauvaises expériences. Tu ne sais pas, tu ne sais jamais, tu n'as jamais su. Est-ce que l'amour viendra seulement à toi, un jour ?
Tu es sorti, tu l'as laissé en plan, derrière toi. Tu n'es pas sûr de vouloir le revoir, même si son sourire t'as plu, même si ses mains t'ont plu, même si son baiser t'a plu. Non, tu ne veux pas. C'est un danger, il va te dévorer, il va te faire du mal. Peut-être pas, en fait, mais tu préfères t'en convaincre, pour que la fuite soit plus facile, pour que tu puisses t'échapper plus facilement, sans remords, sans le regret de ne même pas connaître son prénom. Tu t'enfonces dans la foule grouillante, tu passes entre les fumées de cigarettes qui te rappellent que ce serait pas mal de s'en griller une. Alors tu t'arrêtes un instant, juste pour prendre ton paquet blanc, en sortir une et la placer entre tes lèvres, mais tu n'as pas le temps de l'allumer, parce qu'il est là, juste à côté de toi. Il t'a suivi alors même qu'il est à peine capable de marcher, il t'a suivi alors que toi, tu ne voulais plus en entendre parler. Tu ne sais pas ce qu'il veut, tu ne sais plus. Il a fini par comprendre qu'il ne te baiserai jamais, alors que fait-il encore ici ? En entendant ses mots, tu soupires. Il y a le même éclat charmeur dans ses mots, mais il est beaucoup moins prononcé, beaucoup moins fort. Tu sais qu'il te taquine, qu'il a baissé les bras, du moins pour ce soir. Ça te soulage, alors tu hausses les épaules et tu te mets à marcher. Tu t'en fiches, qu'il te suive, de toute façon il aura tout oublié le lendemain. Tes doigts agiles allument ta clope, et tu en tires une grande bouffée. Ça fait du bien, ça brûle les poumons, ça te réchauffe, ça te tue. La fumée te fait autant de bien que de mal, la fumée t'apaise. Tu n'es plus en colère, tu es juste fatigué. Tu veux dormir, tu veux te reposer, tu veux qu'il s'en aille. Tu veux qu'il sorte de tes pensées, surtout, il n'a plus rien à y faire. Ton cerveau le sait mais il te nargue, car son sourire tourne comme une litanie dans ton esprit, comme une boucle infernale qui te rappelle que tu n'es pas indifférent au charme d'un mec misérable, d'un mec que tu ne veux pas connaître et qui pourtant te plaît. Tu ne peux pas le nier, de toute façon, à quoi ça servirait ? Un mensonge de plus parmi tous les autres ? T'en as marre de mentir, de te mentir, tu ne veux plus dire que la vérité. Il te plaît, tant pis, de toute façon tu ne veux pas de lui. Tu sais très bien pourquoi il te fait cet effet, et ça te dégoûte, encore. Décidément, cette virée chez la décadence t'aura inspiré énormément de dégoût. Tu n'y peux rien, ce n'est pas ta faute, ce sont les réactions de ton cerveau, et tu connais ton cerveau, il est un peu trop vif, un peu trop virulent des fois. Tu aimerais que tes réactions soient moins cruelles envers ce qui t'entoure, mais tu n'y peux rien, c'est comme ça.
Tu les attendais, ces mots, cette demande informulée. Tu savais qu'il profiterait de toi, de ta gentillesse, de ta pitié. Il ne l'a pas encore demandé, mais ça ne saurait tarder. Tu t'en fiches, toi, tu veux bien l'aider, de toute façon tu as l'habitude qu'on se serve de toi. Il est misérable, toi aussi, vous faites une belle paire de bras cassés, et tu ne dis rien, tu ne le regardes pas. Tu t'en fiches un peu de ce qu'il te dit, tu n'as pas envie qu'il te raconte sa vie. Peut-être qu'il te dit des bêtises, juste pour venir chez toi ? C'est possible, mais tu t'en fiches. Tu es las, tu es fatigué, tu ne veux plus réfléchir à tout ça. S'il veut profiter, qu'il profite, puisque ce sera bien la dernière fois que tu le verras. Et puis tu l'entends se rapprocher de toi, tu le vois faire, ça te fait relever la tête. Il garde ses mains pour lui, cette fois, et tu le regardes. Vos épaules se touchent, il a froid, et toi tu frissonnes malgré ton pull. Il a froid, cet imbécile, parce qu'il ne porte rien de plus qu'un débardeur déchiré, un de ses vêtements de tombeur, un de ses vêtements qui lui sert à prendre les hommes dans ses filets. Maintenant qu'il est sans défenses, sans rien, et que plus personne ne cherche à l'obtenir, à passer la nuit avec lui, il a l'air bien bête. Il a l'air très con, même, et il a l'air innocent aussi. Il est plus gentil, plus doux, peut-être parce que plus personne ne pose les yeux sur lui, peut-être parce qu'il sait qu'il n'est plus surveillé. Il y a une lueur différente dans son regard, une lueur que tu observes alors que tu recraches la fumée de ta cigarette, une lueur que tu essayes d'analyser malgré la noirceur de la nuit. Il est faible, il est sans bouclier, il est offert à ta merci. Tu pourrais en faire ce que tu veux, mais tu ne veux rien. Tu veux qu'il dorme et qu'il s'en aille, tu veux qu'il te laisse tranquille, tu ne veux plus jamais le revoir. Et pourtant, lorsqu'il te formule clairement sa demande, tu souris légèrement. C'est plus un sourire moqueur qu'autre chose, un "je le savais !" silencieux. Tu secoues légèrement la tête et tu termines ta cigarette, qui t'as fait tant de bien, qui t'a tant calmé. Tu l'écrases et tu la jettes, comme tu le fais d'habitude, sans lui en proposer, parce qu'il a trop fumé, aujourd'hui. Il a trop fumé, il a trop abusé. Il pue déjà trop, il sent trop ses excès, et tu ne veux pas devenir comme ça avec lui. Tu ne veux pas devenir trop amical, trop "intime", trop friendly. Tu ne veux pas de ce genre de relation avec un junkie, tu ne veux pas de relation avec un junkie tout court. Mais il s'en ira, il te le promet, et tu sais qu'il dit vrai. Il ne supportera pas de rester dans ton appartement, parce qu'il aura besoin de se terrer dans un de ses trous à rat préférés, que ce soit un bar, une boîte, un appartement. Il préférera aller ailleurs tout simplement parce que sa période de faiblesse sera passée et qu'il aura retrouvé ses esprits, parce qu'il aura cuvé et qu'il sera peut-être un tantinet plus sobre. Et c'est dommage, parce que tu veux le connaître sobre. Tu veux savoir à quoi ressemblent ses yeux, tu veux connaître leur couleur, tu veux qu'il te parle sans que l'alcool ne déforme ses mots, ses pensées, sa façon de réfléchir. Tu aimerais le connaître sobre, mais ce n'est pas possible. Est-ce que lui-même se connaît sobre ? Est-ce que cet état ne lui paraît pas complètement vide de sens, complètement inutile ? Il ne doit pas avoir envie d'être sobre, c'est évident, tu le sais très bien. Tu sais très bien qu'une fois qu'il sera parti de chez toi, ce sera pour se doper, encore et encore, et recommencer la même mascarade que celle que tu viens de déjouer. Ça te dégoûte, ça te dérange, tu ne veux pas en savoir plus.
  « Si tu as froid, c'est parce que tu es habillé comme un gigolo en plein milieu du mois d'octobre. » Souffles-tu, un sourire en coin étirant tes lèvres, alors que tu continues de marcher. Il est un peu idiot, mais ce n'est pas désagréable, parce qu'il est désespéré. Il ressemble à un petit chien, un petit chien dans un carton après la pluie, et tu as vraiment envie de le sauver. Parce que c'est ce qu'il te demande, sous ses airs de rebelle, il te demande de le sauver. Juste une fois, juste comme ça, il te demande de le sauver du froid, de l'aider, juste pour cette nuit. Et toi, comme un abruti, tu ne sais pas lui résister, tu ne sais pas résister à cet appel désespéré et à ses yeux suppliant, ses yeux qui te prient d'accepter. Tu lèves les yeux au ciel, tu continues de marcher, jusqu'à arriver chez toi, devant la porte de l'immeuble. Tu ouvres, tu l'invites à entrer, parce qu'il a gagné, il a réussi, il t'a eu, encore une fois. Ta gentillesse te perdra, un jour, et tu le sais très bien. Mais ta compassion l'arrange bien, cette compassion qu'il souhaitait voir disparaître quelque minutes plus tôt, elle lui sert, et il devrait te remercier, te remercier de ne pas le frapper, de ne pas appeler les flics, de l'aider. Te remercier, tout simplement alors que tu l'entraînes jusqu'à ta porte, jusqu'à l'intérieur de ta maison. Tu fais rentrer un total inconnu chez toi, par pure bonté d'âme, et tu t'en veux un peu, parce que tu n'aurais pas dû te laisser avoir, parce que tu aurais dû te dépêcher, fuir, le laisser en plan là-bas, ne plus t'en soucier.
  «  Le canapé est là, la salle de bain est au fond du couloir. Je te recommande fortement de prendre une douche avant de poser tes fesses sur ton lit de ce soir, j'ai pas envie d'avoir à retirer cette odeur immonde de sueur du tissu. » Tes mots ne sont même plus cassants, ni durs, il sont juste fatigués. Tu ne le regardes pas, tu vas dans ta chambre pour prendre une grande couverture soigneusement pliée dans ton placard et la lui apporter. Tu lui offres un peu de chaleur, la chaleur dont il a besoin, mais pas celle qu'il aurait voulu. Tu t'en fiches, après tout tu avais bien dit que tu ne faisais pas ce genre de choses, et c'est tout ce que tu as à lui offrir pour ce soir.   « ... Fais comme chez toi... Les toilettes sont à côté de la salle de bain, et... Je pense que c'est tout ce que tu as besoin de savoir. Essaye de dormir et de cuver un peu, avant de t'en aller. Bonne nuit. » Tu poses la couverture, tu le regardes une dernière fois, et tu t'en vas. Tu retournes dans ta chambre pour te changer rapidement, pour enfiler des vêtements plus confortables et te glisser sous tes couettes chaudes, sous tes couettes qui te protègent de la fraîcheur ambiante, et qui te permettent enfin de te reposer, enfin de te détendre. Tu ne sais pas pourquoi tu as fait tout ça, mais son visage ne s'efface pas de ton esprit. Son visage, son sourire, ses yeux que tu aimes tant et que tu détestes aimer. Ce serait tellement plus facile s'il avait été laid, s'il n'avait pas été tendre, s'il avait été un sale con. Tu t'en serais débarrassé, tu l'aurais peut-être frappé, mais tu n'aurais pas fait tout ça. Tu n'aurais pas un inconnu chez toi en ce moment-même, un inconnu qui te perturbe, un inconnu dont tu aimerais connaître le prénom, dont tu aimerais connaître plus que le peu que tu as pu deviner durant ces quelques heures. Mais tu ne le reverras plus, alors à quoi bon ? Tu ferais mieux de décrocher, d'arrêter de te poser des questions. Ce n'est pas une bonne chose, tu te pourris l'esprit pour quelqu'un dont tu devrais te foutre. Alors, doucement, tu te forces à fermer les yeux et à trouver le sommeil, tu forces ton esprit à se taire et a ne plus voir les beaux yeux bleus qui te font perdre la tête.
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