(✰) message posté Ven 24 Oct 2014 - 18:43 par Invité
Il a accepté. Il ne te l’a pas dit, mais tu le sais parce que tu vois ce petit sourire au coin de ses lèvres, tu le vois et tu sais. C’est simplement comme ça, il n’y a pas à chercher plus loin, à essayer de comprendre. Tu sais. Alors tu le suis, t’es silencieux. Il vaut mieux que tu te la fermes pour une fois, si tu ne veux pas t’attirer les foudres du plus jeune, si tu ne veux pas qu’il te laisse dehors juste sur le pas de la porte, là, à te rire au nez en te disant que c’est totalement bien pour toi, tu n’avais qu’à te couvrir tiens ! Alors tu préfères te taire oui, enfoncer un peu plus tes mains dans tes poches et le suivre, regardant le sol et où tu poses tes pieds. La démarche plutôt droite bien que tu tangue un peu, t’es comme une mer calme qui commence à s’agiter. Tu jettes un œil à son chez lui, être passé à l’intérieur t’as réchauffé, tu as sorti tes mains pour frotter tes bras tout en le suivant, tout en souriant, légèrement. Sa première remarque t’arrache un nouveau rire, et tu hoches de la tête doucement en le voyant arriver avec une couverture. Tu aurais espéré, rien qu’un peu, qu’il te propose la sienne de couverture, mais tu savais que c’était beaucoup trop, tu savais que tu ne l’aurais pas. Tu es destiné à regarder son corps s’activer dans l’appartement tandis que toi, tu es là, sans bouger, un marteau frappant dans ton crâne, tes yeux se fermant sous la soudaine fatigue. Tu es là, et tu le regardes faire, déambuler avec une grâce qui devrait être interdite. Tu sais qu’il a raison, qu’il dit simplement ce qu’il pense, et ça te fait tout de même sourire un peu. Fais comme chez toi, oh non. Il n’aimerait pas que tu fasses comme chez toi, tu le sais très bien. Alors tu te contentes de hocher de la tête, et de sourire. Tu ouvres la bouche pour rajouter quelque chose comme « peut-être le chemin de ta chambre ? » mais tu fais un signe de la main en rigolant légèrement, laisse tomber. Ca ne ferait que le mettre un peu plus en colère que ce qu’il ne l’est déjà, et ce n’est pas ce que tu cherches, loin de là, pas de suite en tout cas. « Bonne nuit. » Réponds-tu tout de même d’une petite voix légère, agitant légèrement ta main de droite à gauche avant qu’il ne s’en aille. Tu soupires et passe une main dans tes cheveux. La soirée a été bien trop éprouvante pour toi.
Tu files sous la douche comme il te l’a demandé, tu n’y passes pas beaucoup de temps, juste de quoi te détendre, juste de quoi te faire passer cette odeur sale qui ruissèle sur ton corps. Tu fermes les yeux quelques instants, tu manques de t’endormir sous l’eau chaude qui bourrine ton dos. Tes pensées sont tournées vers lui, tu sais pourtant que tu ne le reverras jamais, tu sais pourtant que ce ne sera pas aussi simple que ça, mais tu en as envie. Là est le problème, ce n’est pas que ses fesses que tu veux, ce n’est pas simplement son corps contre le tien, tu veux le connaître mieux, plus, tu veux savoir tout un tas de choses sur lui, tu ne veux même pas coucher avec. Tu ne veux plus. Pas de suite. Tu veux simplement l’entendre te parler, tu veux simplement qu’il pose encore ses yeux sur toi, tu veux simplement l’entendre te dire la vérité, te la balancer à la figure comme une vulgaire chose, comme si c’était un morceau de chiffon dont il fallait se débarrasser, tu veux simplement qu’il ne te voit pas comme un simple con, comme un simple idiot, comme un simple drogué. C’est dur de faire changer d’avis quelqu’un, c’est dur de faire comprendre que ce qu’il a vu en premier, ce n’est pas vraiment toi. Ou pas toi, tout le temps, pas entièrement. Mais les premières impressions sont toujours les plus importantes, et toi, tu as un peu foiré la tienne. Beaucoup même. Il faudrait peut-être que tu te rattrapes, il faudrait peut-être que tu fasses quelque chose pour qu’il te voit mieux, ou en tout cas… Essayer de rattraper ta misérable image de pauvre garçon ? Tu ne sais pas. Tu essuies tes cheveux, la serviette est gentiment marquée de différentes couleurs. Tu grimaces. Merde. Tant pis. Tu la passes autour de ton cou, tu remets ton boxer, tu sors de la salle de bain et regarde autour de toi quelques instants avant de faire un tour. Par-ci, par-là, tu ne sais pas. Tu regardes un peu partout, pour savoir comment te rattraper, pour savoir comment tu pourrais… Tes yeux tombent alors sur cette chose que tu ne connais pas beaucoup, tu regardes les différentes horaires marquées dessus et tu fais alors un petit sourire. Tu cours, enfin tu marches vite jusqu’à ton pantalon, prends ton téléphone et retournes photographier ce qui se révèle être un emploi du temps. Le sien. Tu ne sais pas si ça lui fera plaisir, en fait, ça ne lui fera certainement pas plaisir, mais qu’est-ce que tu en as à faire ? Tu veux juste essayer, et s’il n’est pas d’accord, tu l’oublieras. Tu essayeras, de l’oublier. Ton corps s’allonge difficilement sur le canapé, tu te cales comme tu peux, tu te roules en boule dans les couvertures, tu fermes les yeux, tu écoutes le silence te parler et Morphée vient t’attraper.
C’était une nuit sans rêve pour toi, t’as le corps qui lance, la tête qui tire, t’as les yeux qui vrillent, mais ça va. Tu te sens bien, tu te sentirais presque reposé, presque calme, tu bailles, tu t’étires, un geignement peu retenu traversant tes lèvres, tu te retournes sur le canapé, tu manques de tomber, tu secoues la tête un peu, tu regardes l’heure. Tôt. Très tôt. Trop tôt. Tu te lèves, tu attrapes tes vêtements et les enfiles, tu mets tes chaussures. Tu ranges la couverture, tu la replies doucement, tu regardes autour de toi, il y a une feuille blanche qui traîne, même plusieurs. En fait, il a plutôt l’air d’être un artiste maintenant que tu observes la chose, sobre, calme. Il a plutôt l’air de vivre seul, de vivre de son art ? Si c’est le cas, tu l’admires. Tu as toujours admiré les artistes, il est si dur de vivre de ce que l’on fait que beaucoup trop abandonnent maintenant, si un jour il devait vivre de ses peintures, tu serais fier de lui. Sans même savoir pourquoi. Tu prends un stylo, tu réfléchis quelques instants avant d’inscrire sur le morceau de papier, d’une écriture plutôt ronde, plutôt enfantine ; « Merci, pour la couverture et le canapé, désolé pour la serviette, à la prochaine. » Tu prends même le temps de laisser ton numéro de téléphone, ainsi qu’un petit cœur. Tu es assez fier de toi et tu admires ton chef d’œuvre avant de t’arracher d’ici comme un voleur, ne faisant aucun bruit en refermant la porte.
Tu ne pensais pas que cette soirée allait finir comme ça, tu ne pensais pas que tu allais rencontrer comme ça, tu ne pensais même pas que ça pouvait un jour se passer comme ça, mais pourquoi pas ? Alors que tu es en bas, dans un matin beaucoup trop frais pour ton corps à demi-nu, tu penses. Tu penses au fait que tu ne sais pas son prénom, que tu ne sais pas son nom de famille, que tu ne sais pas son âge, que tu ne sais rien de lui tout autant qu’il ne sait rien de toi, et tu souris. C’est assez drôle out de même, non ? L’inconnu t’a toujours attiré.