For all we know we might not get tomorrow. - Neven & Alix

Hyde Park, je promenais X, mon Husky Sibérien dans ce grand parc londonien. Le temps était merdique, enfin non, y’a eu pire, le soleil n’était pas présent, il pleuvait un peu genre 5 minutes puis ça s’arrêtait pour reprendre quelques minutes plus tard, il y avait un petit vent frais… Bah ouais, on est en octobre, adieu les beaux temps d’été…. Adieu les beaux temps d’Australie surtout. En Australie je m’étais habituée au soleil tapant et des températures aguichant parfois les 40 degrés, là, revenir au pays, à Londres, c’était vraiment terne à mes yeux. J’aimais Londres, c’était ma ville natale, ma ville à moi, j’en connaissais tous les recoins mais ma vie parfaite était là-bas, à Perth, dans mon école de surf, avec mes potes, mes contacts pour le boulot, ma vie, ma véritable vie, ma vie de rêve était là-bas. J’ai dû revenir ici, à Londres pour des affaires familiales à la con et depuis mon retour j’avais rien fait à part aller voir ma mère une fois. J’étais tellement sur les nerfs à cause de cette histoire à la con, que je me plongeais dans mon travail et que je lâchais mes nerfs sur mes collègues ou les gens qui m’entouraient, ce qui n’avait pas loupé ce matin. J’étais en train de bosser avec Alixan, ce n’était pas la première fois que je travaillais avec elle, je la connaissais depuis un certain moment. Au début, ça passait pas avec, je la trouvais trop prétentieuse, une petite « pisseuse » en somme mais au fur et à mesure de bosser avec elle, j’ai appris à la connaître malgré moi et elle est pas si « Barbie Bitch » qu’elle prétend être, c’est qu’une façade, avec moi elle est plus… Cool, naturel, simple et ça faisait plaisir à voir et à entendre surtout.

Ce matin, des maquilleuses, deux nanas débutant à peine, étaient en train de cracher leur venin sur Alixan, j’essayais d’ignorer mais lorsqu’elles sont clairement venues m’aguicher et m’ont gentiment infiltré dans leur conversation sans rien que je demande, là, c’est pas passer. Je suis pas une gonzesse de 1, et je suis pas le genre « langue de vipère » je me mêle seulement de mon cul et des rumeurs j’en ai rien à battre. Elles insistaient et elles essayaient d’avoir des infos sur Alixan et ça me déconcentrait dans mes réglages photos et j’ai gentiment pété un câble… Gentiment car j’ai rien caché et que je me suis retenu de les faire pleurer. J’voulais pas perdre mon poste ou encore faire de cette matinée de shoot une horreur, j’ai su me retenir mais certaines personnes avaient été présentes et ont clairement vu que je défendais Alixan sans non plus faire un monologue de 15 minutes. Après, les gens pensaient ce qu’ils voulaient, mais qu’elles fassent leur boulot et qu’elles cassent les couilles à personne, elles me connaissent pas donc qu’elles essaient pas de foutre la merde, point.

X était assez excité, je le tenais fermement en laisse et c’était limite lui qui me trainait et je détestais ça, je l’avais pas éduqué ainsi et il savait que je le sermonnais à chaque fois qu’il était trop excité. Je le fusillais du regard et je m’arrêtais net, il essayait encore d’avancer et je tirais d’un coup sur la laisse et là, il me regarda dans le blanc des yeux, baissa son museau et se mit assis.

- X, je t’ai dit de ne JAMAIS faire ça, ok ?

Je m’étais agenouillé et je susurrais ça entre mes dents, le regardant dans le blanc des yeux, puis je me relevais, j’avançais d’un pas et il semblait calmé. Il marcha à mes côtés et à mon allure, comme quoi, il avait compris le message. Pas besoin d’être violent pour se faire comprendre avec les bêtes, il suffit de communiquer et d’être bien ferme. X me connaissait par cœur comme moi je le connaissais par cœur, il m’avait déjà vu dans des colères noires et je pense, qu’il n’aimerait pas être à la place des personnes qui m’ont cassé les couilles durant toute ma vie.

On continuait notre petite route, j’avais mis mon iPod en marche, j’écoutais The Kills, un groupe que j’aimais bien. J’étais complètement dans mon monde, je calculais personne sur ma route, j’avais même mis ma capuche sur ma tête, en mode « je passe incognito », je marchais encore quelques mètres et là je cru entendre mon prénom. Je relevais davantage mes yeux et je retirais un de mes écouteurs et je reconnus Alixan. Naturellement, je lui fis un sourire en la voyant, que foutait-elle ici avec un temps si pourrit ? En moins de deux secondes elle était déjà sur X en mode « big love. » Ouais, à ce niveau, X a plus de chance que moi, ou du moins, il ne remballait pas les filles qui l’approchaient.

- Je vois que mon X a toujours autant de succès, plus que moi, même ! J’en serais presque jaloux…

Je ris en ayant les yeux rivés sur Alixan et mon bon petit X qui remuait la queue tant il était content qu’une belle femme s’intéresse à lui. Et ouais, ça en reste un mec après tout, il a son petit égo à respecter.  Puis là au tac au tac, elle m’envoya aussi une petite pic pour plaisanter, j’haussais un sourcil et je la regardais faire des caresses à X.

- Bah en fait, je n’osais pas en parler, c’est un secret à la base tu vois…

Je lui fis un bref clin d’œil en les regardant tous les deux, ils étaient dans leur monde.

- Si vous voulez, je vous laisse tranquille et je pars manger hein.

Je m’agenouillais aux côtés d’Alixan et je caressais le dos de X tandis qu’elle lui caressait en partie la tête et X se sentait plus, il faisait ses petits yeux doux, il faisait le beau quoi et ça me faisait sourire. J’avais toujours l’impression d’être un grand gosse dans ce genre de situation.

« Je pense que ça peut largement se négocier » me dit-elle après ma petite… Blague ? Non ce n’était pas une blague, c’était façon de rire et de briser la glace. Puis bon, en quoi je lui parlerais mal ? Elle a toujours été très professionnelle avec moi et ne m’a jamais cherché d’embrouilles. En quoi devrais-je être un véritable crevard et la dégager comme certaines personnes osent le faire (derrière elle ou non) juste car elle a un caractère… A part. Non je reformule, elle a juste son caractère à elle et ainsi va la vie. On ne vit pas dans un monde de bisounours et il y a des tempéraments de feu comme d’autres, tous les goûts sont dans la nature, non ? Parfois certaines attitudes me passent au-delà de la tête et ça me donne envie de meurtre, mais je me dis que si tout le monde était comme moi ou du moins comme j’aimerais qu’ils soient, au bout d’un moment je me ferais sûrement chier et pas qu’un peu.

J’étais là à caresser X qui était content au possible. Après tout une belle femme le caressait. X était un mec et il aimait plaire, il adorait que les femmes soient là à lui faire des bisous, à le câliner, à le caresser alors que quand c’est des mecs, il s’en fou et il se tire au bout de trois secondes après deux misérables caresses sur la tête.

Je regardais tour à tour X puis Alix, elle souriait grandement et je n’avais jamais vu à quel point son sourire était magnifique. Après tout, je suis photographe, j’aurais pu le voir mais en général je reste très pro et non à baver devant certaines photos, allez savoir si c’est une qualité ou non, je vois mon métier ainsi. Je fais pas ça pour me taper des meufs.

Je l’écoutais répondre à mes paroles et soudain elle posa sa main sur la mienne, je levais mes yeux vers elle, je ne la repoussais pas ou autre. C’est bon, c’est que sa main, c’était pas une invitation à s’envoyer en l’air là, de suite, dans ce parc, avec ce temps à moitié pourri.

- Je ne me souviens pas t’avoir demandé ça mais je suppose que je suis content que tu ais accepté mon invitation.

Je lui fis un clin d’œil et je la regardais s’éclater à caresser X et à sourire grandement. Elle semblait comme une grande enfant qui était dans son monde. J’en suis sûr qu’elle aimerait le voler et l’avoir rien que pour lui, j’en mettrais ma main à couper.

- J’ai bientôt fini ma promenade quotidienne avec X, tu peux la finir avec nous si ça te chante et après on va boire une boisson chaude ? X fait que courir, je pense qu’il ne dirait pas non à un peu d’eau et il semble très content de ta présence, il me nargue complet l’enflure.

J’arquais un sourcil et X me tournait le dos, il voulait juste Alix, c’était désespérant… Ravi de voir qu’il préfère une charmante inconnue (inconnue pour lui, non pour moi) par rapport à moi.

- Je crois qu’il te veut en fait, tu veux le promener ?

Je me levais, lâchant enfin sa main lui tendant le bout de la laisse.

- Promis, il ne te trainera pas au sol, sauf si tu aimes bien évidemment !