"Fermeture" de London Calling
Après cinq années sur la toile, London Calling ferme ses portes. Toutes les infos par ici death is the easy part (eugenia) - Page 2 2979874845 death is the easy part (eugenia) - Page 2 1973890357
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death is the easy part (eugenia)

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Anonymous
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() message posté Mar 19 Mai 2015 - 19:47 par Invité


death is the easy part
EUGENIA&SCARLET


september 20th 2013; death is the easy part, the hard part is living and knowing you could be so much more than you’re willing to be ✻✻✻ Elle avait assez vécu. D’une certaine manière, elle avait tout vu, tout connu, tout ressenti. Elle s’en persuadait et pourtant, elle savait que c’était un mensonge. Qu’elle n’avait pas vécu le quart de ce qu’un être humain été censé vivre. Qu’elle n’avait jamais su ce que c’était de poursuivre son rêve, de le voir se réaliser avant d’en trouver un nouveau. Qu’elle n’avait jamais su ce que cela faisait de tenir la main de la personne qu’elle aimait en se baladant simplement dans la rue. Qu’elle n’avait jamais su ce que l’on pouvait ressentir lorsque l’on aimait vraiment, librement, infiniment. Qu’elle n’avait jamais su ce que cela faisait d’être elle-même, de ne pas prétendre, de ne pas souffrir du regard des autres, de ne pas vivre dans la peur constante qu’on sache qu’elle était différente. Elle ne savait pas, non, ce que c’était de vivre, de vivre vraiment. Elle savait, pourtant, que cela ne lui était plus possible. Que cela lui avait été refusé à la seconde où leur voiture s’était retournée. Elle était condamnée, quelque part, à rester coincée dans ses années de lycée, à ne pas avoir le courage de vivre, à avoir constamment l’impression d’être un monstre. Si cette impression avait déjà été forte dans l’esprit de la jeune femme à l’époque, elle l’était d’autant plus à présent que l’on pouvait la juger en un coup d’œil. C’était au final suffisant pour qu’elle sache qu’elle avait assez vécu. Qu’elle ne pourrait plus jamais rien connaître de nouveau, que sa vie s’étendrait indéfiniment en une même routine, parce que ses jambes l’empêcheraient toujours de vivre vraiment. Elle avait vu assez. Elle en avait ressenti assez. Elle en avait assez, assez, assez.
Mais le reste du monde ne semblait pas d’accord avec elle. Le reste du monde continuait de tourner et sa jumelle ne la laisserait jamais partir. Elle se sentait coupable de lui vouloir, elle savait qu’Eugenia n’avait fait que ce que toute personne sensée aurait fait. Elle s’était battue pour elle. Elle s’était battue pour qu’elle vive. Et d’une certaine manière, elle aurait été plus blessée encore si elle n’avait pas essayé. Elle lui en voulait mais elle lui en était reconnaissante également, parce que pour le première fois depuis des mois, elle se sentait aimée. Pour la première fois depuis des mois, elle se sentait nécessaire dans la vie de quelqu’un d’autre. Elle n’était pas certaine de pouvoir croire à ce que sa jumelle lui avait dit, elle n’était pas certaine de pouvoir croire que sa vie serait un jour normale mais avoir sa sœur avec elle était tout ce dont elle avait besoin en cet instant. Elle était la seule personne avec qui elle avait envie d’en parler. Elle était la seule personne à qui elle voulait se confier, et ce malgré le fait qu’elles se soient éloignées l’une de l’autre il y a des années déjà. Alors elle lui dit qu’elle n’avait pas voulu l’abandonner. Enroulée dans sa serviette, la tasse de café lui brûlant les doigts, ses jambes immobiles étendues sur celles de sa sœur, elle essaya de lui faire comprendre qu’elle n’avait pas voulu la blesser. Qu’elle avait été égoïste de penser qu’elle pourrait se remettre de sa mort, même si elle savait parfaitement qu’elle ne se remettrait jamais de celle d’Eugenia si les situations avaient été inversées. « Non, et pourtant tu t’apprêtais à le faire. » Scarlet baissa les yeux sur sa tasse, se mordant les lèvres. Le ton de sa sœur avait été suffisamment doux pour qu’elle sache que ce n’était pas un reproche,  pourtant elle savait qu’Eugenia avait tous les droits d’être énervée en cet instant. Et elle ne pouvait même pas lui en vouloir. « Je comprends, ne t’inquiète pas. Je refuse juste de te laisser faire. Tu peux penser que c’est égoïste de ma part mais c’est au-dessus de mes forces. » Scarlet releva le regard, croisant celui que sa sœur avait posé sur elle et hocha la tête, avant de prendre une gorgée de son café. « Je sais, » souffla-t-elle finalement. Elle savait que la laisser mourir ne serait jamais concevable aux yeux de sa jumelle. Pourtant, elle aurait aimé pouvoir dire qu’elle avait ce genre de contrôle sur son existence. Qu’elle pouvait prendre ce genre de décision pour elle-même. « J’en ai juste marre d’être le boulet de la famille, » ajouta-t-elle finalement. Elle haussa les épaules, un sourire triste aux lèvres. « Je peux rien faire. Je suis dépendante de tout le monde. Et au final, je suis qu’une bouche de plus à nourrir. J’ai l’impression d’être un parasite, Ginny. » Elle baissa de nouveau les yeux sur son café, poussant un petit soupir. Elle voulait lui faire comprendre qu’elle ne voulait plus être un fardeau, qu’elle ne voulait plus la tirer en arrière. Elle voulait lui faire comprendre qu’elle n’avait pas le courage d’être différente, qu’au fond, elle n’était pas comme elle.

(c) little wolf
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Anonymous
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() message posté Dim 26 Juil 2015 - 16:41 par Invité
september 20th 2013;; what if? - but in the end one needs more courage to live than to kill himself. ✻✻✻ Je m’en voulais, au fond. Je m’en voulais de continuer de vivre sans elle. Je m’en voulais d’avoir eu mon diplôme malgré tout, d’être avec Julian, de trouver des occasions de rire et d’être heureuse. Je m’en voulais d’avoir un sourire aux coins des lèvres de temps à autre, je m’en voulais de ne pas voir le même sur son visage à elle. Je m’en voulais de ne pas passer autant de temps que je ne l’aurais voulu en sa compagnie, je m’en voulais de pouvoir marcher et me redresser alors que j’avais été celle à conduire la voiture. Je m’en voulais mais je continuais d’avancer, me disant que, désormais, je devais peut-être vivre pour nous deux plutôt que pour ma petite personne, me disant que, désormais, Scarlet refusait de réussir et que je devais le faire pour elle. A sa place.
C’était mon devoir. Nous étions nées à deux, nous avions toujours formé une paire, un binôme, même quand nous avions été séparées l’une de l’autre, même quand nous avions été en conflit. Scarlet refusait d’avancer par elle-même alors je le faisais pour elle. Ma vie ne m’avait jamais réellement appartenu. J’avais toujours dédié la moitié à ma soeur jumelle sans même m’en apercevoir.
Mon coeur battait étrangement dans ma poitrine, comme s’il ne s’était pas encore tout à fait remis de ses émotions, comme s’il n’admettait pas cette situation. Je n’étais pas habituée à voir ma soeur si fragile, si désespérée ; elle avait passé des années à être une tête forte et à remettre les autres à leur place, si bien que je n’avais jamais songé qu’elle puisse lâcher prise à son tour.  Elle m’avait paru indémontable. Inébranlable. Forte jusqu’au bout, fière à chaque fois.
Après tout, j’avais toujours été la plus effacée de nous deux. J’avais toujours été la plus faible, la plus étrange, la plus oubliée. Je m’étais perdue dans ma tête, perdue dans cette existence que je m’étais créé de toutes pièces. Dans cette réalité solitaire et silencieuse. J’avais observé ma soeur de loin, comme si elle m’avait paru hors de portée ; comme si elle m’avait semblé loin, à des kilomètres de mes vérités et de mes principes, loin, si loin. Mais ce n’était plus le cas. Cela ne le serait plus. Scarlet s’était arrêtée ; le cours de son existence s’était mis en pause ce jour où je n’avais pas réussi à la ramener saine et sauve à la maison. Le cours de son existence avait cessé d’être. Avait cessé de l’emporter. Avait cessé de fonctionner comme s’il n’avait absolument plus aucune raison de continuer.
C’était presque étrange de se dire qu’elle songeait à la mort pour y mettre un terme. Etrange qu’elle n’ait plus d’espoirs, elle qui n’avait jamais eu besoin de pareilles futilités pour avoir la hargne de vivre, la rage au coeur. « Je sais. J’en ai juste marre d’être le boulet de la famille, » finit-elle par me dire et un frisson parcourut mes bras. Je ne relevai pas, voyant qu’elle n’avait pas fini de parler ; je refoulai toutes mes protestations au fond de mon âme mais cela ne signifiait pas que je n’en pensais pas moins. J’avais la conviction qu’elle ne se rendait pas compte de ce qu’elle disait. Qu’elle ne se rendait pas compte que nous nous fichions de devoir l’assister, que cela n’était pas facile tous les jours mais que nous préférerions largement qu’elle soit là, à nos côtés, plutôt qu’enterrée sous Terre. « Je peux rien faire. Je suis dépendante de tout le monde. Et au final, je suis qu’une bouche de plus à nourrir. J’ai l’impression d’être un parasite, Ginny. » Elle me justifiait presque ses choix, elle m’énonçait presque les raisons qui l’avait poussé à tenter l’irréparable. Je l’observai, le visage marqué par une profonde tristesse, avant de finalement secouer la tête pour montrer mon désaccord. J’étais presque fatiguée de répéter des choses qu’elle ne désirait pas entendre. Je ne pouvais pas me mettre à sa place, non ; cependant, je ne parvenais pas à comprendre l’obstination qu’elle semblait avoir à rejeter toute l’affection que nous pouvions bien avoir pour elle. « Tu n’es pas un parasite, »  la contredis-je d’une voix faible. J’aurais aimé être comme elle. J’aurais aimé pouvoir défendre mes convictions d’un ton sans appel, d’une voix forte et assurée. Mais cela était au delà de mes forces. J’avais été la plus faible de nous deux, après tout. Et assister à la chute de ma soeur jumelle ne m’avait pas rendue plus courageuse. « Je crois que tu n’imagines même pas à quel point nous sommes… Heureux que tu sois encore en vie, »  repris-je, sentant des plaques rouges prendre possession de mes joues. J’étais presque gênée. Gênée parce que je ne disais pas ce genre de choses à ma soeur, d’ordinaire. Gênée parce qu’il y avait un mur entre nous, ce mur qui nous avait toujours séparé. « On se fiche complètement que tu sois dépendante de nous. On se fiche qu’il doit toujours y avoir quelqu’un avec toi parce que les maisons de maman et papa ne sont pas complètement adaptées pour ton fauteuil. Tu es là. Tu es là alors qu’on a failli te perdre. Tu es là alors que tu aurais pu mourir. »  J’aurais aimé qu’elle comprenne. Qu’elle comprenne réellement. Mes paroles étaient égoïstes, ce que j’avançais prenait simplement en compte nos sentiments, avec nos parents, et pas les siens. Mais l’être humain était égoïste. Elle était égoïste aussi. « C’est comme ça. Si c’est le prix à payer pour que tu sois encore là, on fait avec. On est une famille. »  Famille. Ce mot-là n’avait plus eu réellement de sens, durant le lycée, mais j’aimais croire qu’elle se rappelait de ce que cela faisait. Ce que cela signifiait.
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