Questions and Answers - Oliver&Tyler

Un tour au quartier gay. Pourquoi ? Parce que j’en ai marre de faire des rêves érotiques gay en ce moment. Je ne sais pas ce que ça veut dire tout ça mais ça me bouffe un peu le cerveau. Y’a ce type, Arthur, qui me trouble et j’aimerai bien comprendre ce qui m’arrive. Du coup j’ai décidé d’aller faire un tour au quartier gay pour voir si y’a d’autres mecs qui me font sentir comme ça aussi ou bien si c’est spécifiquement lié à lui. Pour dire la vérité j’espère au fond de moi qu’il ne s’agisse que de lui. Je n’ai pas envie de devenir gay ou bi. Plutôt bi en fait, impossible que je me défasse des filles. Pourquoi j’ai pas envie ? Tout simplement parce que ça me fait freak out. C’est un truc que j’ai jamais fait, jamais pensé et là voilà que ça me tombe dessus depuis que j’ai rencontré ce type y’a quelques jours.

Le truc qui me fait le plus flipper (ou pas) c’est que je me fasse remarquer et que demain je me retrouve sur le net avec des rumeurs comme quoi je suis gay. Peut être qu’ils arrêteraient de faire chier les filles avec qui je couche plus d’une fois s’ils y croient vraiment. Maintenant que j’y pense je n’ai pas de raison de flipper si jamais on me qualifie de gay. Peut être que je deviendrais la nouvelle Lady Gaga et qu’on aura tous plein de fans parmi la communauté gay. Au final ça peut être kiffant.

J’entre dans le premier bar qui a l’air bien animé, et je me sens déjà plus légé après m’être mis en tête que le pire qu’il puisse m’arriver ce soir c’est que la presse fasse mon coming out. Alors que je ne sais même pas ce que je suis moi même. Voilà, ce soir je viens chercher des réponses à mes questions. Aucune idée si je vais en avoir, mais je pense qu’il est impossible que je termine cette journée aussi paumé que je le suis actuellement.

Je me dirige directement vers le bar, je regarde un peu tout le monde dans le bar. J’ai l’impression d’être un intrus, je ne sais pas vraiment. C’est bizarre de venir squatter le quartier gay tout seul. Je suis déjà venu dans le coin, mais avec des potes. Là il faut vraiment que je trouve quelqu’un avec qui boire un coup, discuter, je sais pas trop. J’essaie de repérer qui est tout seul, c’est déjà plus simple comme ça. Il y a un type à l’autre bout du bar, je ne sais pas trop, j’hésite. Il a l’air jeune, il a une bonne tête. Je vais me mettre à côté de lui en attendant que le barman me remarque pour prendre ma commande. Je prends la carte des cocktails pour pas rester là à rien faire. J’allais commander une bière comme à mon habitude mais les noms de ces cocktails m’attirent, me font sourire. Je lis les descriptions et ils ont l’air vraiment bon en plus. C’est le moment ou jamais. Je montre la carte au jeune homme à côté de moi.

« Une recommandation ? Y’a trop de choix. Trop de choix, tue le choix. »

Haha que je suis drôle. Non mais c’est vrai. J’ai envie d’en prendre au moins trois ou quatre. Sauf que je n’ai pas envie de finir ivre en moins de deux. C’est pour ça aussi que c’est plus sûr la bière. Y’a pas beaucoup d’alcool alors tu peux en boire des tas avant d’être bourré. Je veux pas être bourré à 22h. Ca fait petit joueur.

Je me suis habillé comme à mon habitude. J’aurai voulu passer inaperçu mais au final je suis un type comme les autres, je suis sûr que je me mêle aux londoniens plus que quiconque. Skinny jeans troué, tshirt décoloré, chemise par dessus et veste en jeans par dessus le tout.

« Le ‘Wild sex’ me tente bien. »

En plus ce cocktail là ne coûte que £4.

« Ca m’intrigue que ce soit si peu cher par contre… Comme si y’avait une mauvaise surprise derrière. »

Je ris un peu mais ouais, je dis exactement ce que j’ai en tête. Je ne sais pas si ce type peut apporter des réponses à mes questions mais qui ne tente rien n’a rien. Je suis déjà bien content d’avoir lancer une conversation sans avoir l’air con. J’ai envie de m’applaudir.

Outre le fait que j’étais un (plus très) jeune homosexuel qui aimait faire la fête et les coups d’un soir, le quartier gay avait toujours été un coin de la capitale qui, depuis toutes ces années, continuait de me fasciner. Lorsqu’on s’y baladait la journée, on pouvait facilement remarquer que de nombreuses rues y étaient abandonnées, généralement laissées pour compte par les touristes et les Londoniens eux-mêmes au détriment d’endroits plus populaires tel que Piccadilly Circus, Leicester Square ou encore Oxford Street qui étaient beaucoup plus touristiques que de simples boîtes de nuit ou clubs de strip-tease pour la plupart fermés. Par contre, la nuit venue, Soho s’éveillait comme par magie, accueillant ainsi des personnes de tous types, de toutes orientations sexuelles et de tout âge (dans la limite de dix-huit ans, tout de même) dans les différents établissements disponibles qui étaient cette fois ouverts jusqu’au petit matin.

En cette fin de semaine qui annonçait un weekend bien mérité, j’avais décidé de faire un petit retour aux sources sans ma petite bande d’amis pour m’accompagner. Non pas qu’ils ne faisaient jamais l’effort de me suivre dans ce quartier principalement fréquenté par la communauté homosexuelle, mais cela n’était malheureusement jamais trop marrant pour eux puisque mon but principal lorsque j’allais à Soho n’était généralement pas de passer mon temps avec mes amis – bien que cela restait tout de même l’une de mes priorités –, mais au contraire, pour me trouver une conquête. Voilà donc pourquoi j’étais actuellement seul dans ce bar qui faisait également office de boîte de nuit, scrutant attentivement la salle à la recherche d’une « victime ».

- Une recommandation ? me demanda alors tout à coup le jeune homme assis à côté de moi et que je n’avais pas remarqué jusque-là (trop occupé à mater les beaux mecs que j’avais déjà pu remarquer). Y’a trop de choix. Trop de choix, tue le choix. Je détaillai en silence et avec mon air le plus sérieux le petit rigolo installé à mes côtés, avant qu’il ne reprenne la parole, les yeux rivés sur la carte à cocktails. Le ‘Wild sex’ me tente bien. Ça m’intrigue que ce soit si peu cher par contre… Comme si y’avait une mauvaise surprise derrière, plaisanta-t-il de nouveau, mais rigolant cette fois-ci à sa propre blague.

Je ne savais pas vraiment quoi penser de ce jeune homme qui semblait être un peu taré sur les bords, et je me demandai sérieusement s’il fallait tout de même que je reste – et discuter par la même occasion avec lui – ou s’il fallait que je prenne mes jambes à mon cou. Ne ressentant aucune menace directe de sa part, je décidai finalement de rester, pensant que, de toutes les manières, cela allait très certainement être lui qui allait me fuir une fois qu’il commencerait à faire ma connaissance.

- Les seules surprises que tu peux avoir ici, ce sont des petites bites, répliquai-je alors de manière très sérieuse – bien que je savais que cela allait être pris comme une plaisanterie. Je t’ai jamais vu ici… commençai-je alors, tout en m’accoudant complètement sur le comptoir afin de prendre appui dans le but de me pencher vers lui pour pouvoir mieux l’observer. T’es nouveau ? Enfin, la véritable question derrière cette interrogation était de savoir s’il était nouveau client ou nouvellement sorti du placard. Ou peut-être les deux qui étaient généralement indissociable. Moi, c’est T.J., me présentai-je alors en lui tendant une main amicale afin qu’il la serre, ce que j’espérais qu’il ferait car je ne supporterais pas qu’on me mette un vent.

Je ne sais pas si j’ai bien fait de venir ici et il faut que j’arrête de réfléchir. Je sais ce dont j’ai besoin, c’est d’alcool. Ca ira bien mieux une fois que j’ai un verre ou deux dans la tête. Je regarde la carte des cocktails et y’en a un paquet. Je lis les descriptions et y’a tout qui me tente. En même temps des fruits, de l’alcool fort, c’est pas compliqué de tout aimer. Puis y’a un nom qui attire bien mon oeil et je demande à mon voisin s’il peut m’aider dans mon choix. Je lui fais même part de mon appréhension avec le cocktail Wild Sex. Quel nom franchement. Au moins je sais sur quoi ils se basent ici. Le sexe a l’air d’être la chose la plus mise en avant et je comprends. Le sexe ça fait vendre. Tout le temps. Je me demande si tous les gens qui viennent ici sont là que pour se trouver un mec à baiser.

J’explose de rire quand mon voisin me dit son point de vue sur les surprise qu’on peut avoir. Il a l’air très sérieux mais je ne peux pas me retenir de rire. Je ne m’attendais pas à ce genre de réponse. On dirait qu’ici on peut parler sans aucun filtre, ou bien peut être que c’est que lui. Au moins je sais que je n’ai pas besoin de prendre des gants avec lui. Il a l’air d’être franc et j’avoue que ça me plait bien. Ou bien ça me fait un peu peur aussi mais il n’a pas l’air méchant. J’ai l’air de l’intéressé un peu parce qu’il remarque qu’il ne m’a jamais vu ici.

« Nouveau dans quel sens ? »

Sa question me déroute un petit peu.

« Nouveau en ville ou bien nouveau dans le monde queer ? »

C’est bien sûr « nouveau en ville » qu’il devait demander, mais allez savoir pourquoi ce n’est pas la première chose à laquelle j’ai pensé. Au moins une chose est sûr, il ne me connait pas et ça me plaît de savoir ça. Je n’aurai pas envie de me faire draguer par un fan, ou quelqu’un qui pourrait aller donner toutes les infos ensuite à People magazine.

« Nouveau ici oui… Ici dans ce coin de la ville, même si je suis déjà venu avant, mais pas tout seul. Avec des amis. »

Je sais pas pourquoi je raconte tout ça mais ça sort tout seul. Il se présente ensuite tendant la main. Je vais la lui serrer poliment.

« Oliver. »

Je ne compte pas donner mon nom de famille, cette information n’est pas nécessaire.

« Tu viens souvent ici tout seul ? Ou t’attends quelqu’un ? »

J’essaie de faire la conversation pour voir un peu quels sont ses intentions. De mon côté je décide de me commander un cocktail. Je fais rapidement signe au barman quand je vois qu’il est dispo et je commande une Tequila Sunrise. Simple, classique, mais efficace. Je ne sais pas pourquoi je n’ai pas envie de me prendre une bière comme je l’aurai fait habituellement dans n’importe quel bar. Sûrement parce qu’ici on est de l’autre côté de la barrière.

« Moi je suis là parce que je suis un peu paumé en ce moment, je fais des rêves érotiques gay et ça m’était jamais arrivé avant. »

Voilà, comme ça on entre dans le vif du sujet. Peut être qu’il va avoir des trucs intéressant à me dire à ce propos.

Comme j’avais pu le prévoir, le jeune homme assis à côté de moi éclata de rire à la remarque que je venais de faire sur les seules surprises qu’il pouvait rencontrer dans ce bar. Une remarque qui était certes destinée à faire rire, mais qui n’en restait pas moins vraie. Parce que s’il pouvait toujours être surpris par les cocktails servis dans ce bar, cela en était rarement de mauvaises – bien au contraire. Par contre, ce qui se trouvait dans le pantalon des hommes présents dans cet établissement réservé à la communauté homosexuelle pouvait parfois réserver de très mauvaises surprises… J’en avais d’ailleurs fait les frais une fois. C’était il y a quelques années déjà, j’avais ramené comme à mon habitude une conquête dans mon appartement, mais ce qu’annonçait son jean parfaitement moulé n’était qu’en fait des putains de prothèses vendus dans je-ne-savais-quel magasin dans le seul but de faire fantasmer les mecs sur le package pour ensuite les décevoir arrivé au moment de se déshabiller. Je n’avais d’ailleurs jamais compris l’intérêt de ce genre de choses à part faire ramollir la queue de ceux qui tombaient dans le pièce – et je faisais malheureusement partie de ces idiots…

- Nouveau dans quel sens ? Nouveau en ville ou bien nouveau dans le monde queer ? me demanda-t-il des précisions sur la question quelque peu ouverte que je venais de lui poser.

- Un peu des deux, avouai-je alors, ne cachant pas mon intention d’en savoir plus à son sujet.

- Nouveau ici oui… Ici dans ce coin de la ville, même si je suis déjà venu avant, mais pas tout seul. Avec des amis, m’expliqua-t-il, me faisant donc comprendre qu’il n’avait jamais franchi ce côté de la barrière seul avant aujourd’hui. Ce qui attisa un peu plus ma curiosité puisque j’avais à présent envie de savoir s’il venait dans ce quartier – pourtant réputé pour sa gaytitude – simplement par hasard ou s’il avait une idée spécifique derrière la tête – et si cela était réellement le cas, j’aimerais bien la connaître… Que de questions dont je n’osais pour le moment pas lui demander, préférant attendre un moment plus propice aux réponses que je souhaitais connaître. Oliver, se présenta-t-il alors, tout en serrant la main amicale (pour le moment) que je lui tendais. Tu viens souvent ici tout seul ? Ou t’attends quelqu’un ? s’intéressa-t-il ensuite, et je me demandais s’il demandait cela simplement par politesse pour faire la conversation ou si cela l’intéressait vraiment.

- Je viens généralement seul, lui dis-je, n’ayant aucune intention de lui mentir – cela n’avait de toute façon aucun intérêt. C’est plus facile pour ferrer les gros poissons, déclarai-je alors, un grand sourire aux lèvres. Et toi ? Qu’est-ce qui t’amènes ici ?

- Moi je suis là parce que je suis un peu paumé en ce moment, je fais des rêves érotiques gay et ça m’était jamais arrivé avant, m’avoua-t-il de but en blanc, me faisant même avaler de travers.

- Je vois… Donc tu te demandes si t’es gay, c’est ça ? demandai-je afin d’avoir confirmation et savoir où je mettais les pieds. Dans ce cas, je ne vois qu’une seule solution pour savoir si t’es vraiment attiré par les mecs ou si c’est juste ton cerveau qui te joue des tours : il te suffit de coucher avec l’un d’entre eux. Je veux bien me porter volontaire, si tu trouves personne à ton goût.