IV. "Aujourd'hui, les gens savent le prix de tout et ne connaissent la valeur de rien."« Chéri j’ai quelque chose d’important à te dire. » Le sourire aux lèvres Jenny se balade en sautillant à moitié dans la maison qu’elle partage avec Clyde, son fiancé depuis trois ans maintenant. Les choses ont bien changé depuis ses dix-huit ans, la douleur d’avoir perdu ses parents a fini par s’estomper en douceur, son frère s’est calmé et la drogue ainsi que l’alcool est parti de tout son organisme. Ce fut difficile, elle a dû faire appel aux alcooliques anonymes pour être sûre de s’en sortir mais aujourd’hui elle est totalement clean et ceux depuis presque cinq ans déjà, quand l’assistante sociale est venue chez elle ça lui a mis un tel coup sur la tête qu’elle a fini par se secouer immédiatement. Une bonne chose finalement. Il y a trois ans elle a rencontré Clyde dans cette boite de nuit où elle travaillait, il venait se détendre et elle, elle dansait et servait les clients. Elle ne faisait pas de strip tease ou de danse dans ce genre non, elle était là simplement pour mettre de l’ambiance et il a craqué sur cette jolie blonde, sur cette grâce qu’elle dégageait et sur ce sourire à tomber par terre. Les choses n’ont pas été simples entre eux, il a ramé un moment avant qu’elle ne lui accorde plus que quelques paroles, ils sont tombés amoureux, se sont installés ensemble et il y a six mois Clyde l’a demandé en mariage dans un parc magnifique sous la lueur de la lune. Un moment inoubliable qui restera graver dans la mémoire de Jenny pour toujours. Aujourd’hui les choses se sont un peu détérioré Clyde est devenu plus distant avec Jenny sans qu’elle ne sache la vraie raison. Il travaille beaucoup. Il fait des heures supplémentaires et rentre épuiser de ses déplacements. Elle, elle reste toujours aussi aimante. Et fidèle à elle-même, c’est-à-dire, particulièrement naïve.
« Moi aussi j’ai quelque chose à te dire, mais je t’en prie commence. » Elle s’assoit sur ses genoux et dépose ses lèvres sur les siennes avant de sourire de toutes ses dents et d’ouvrir enfin la bouche.
« Je suis enceinte. » Ce bébé elle le voulait de toutes ses forces, c’était comme une deuxième chance, elle n’avait pas réussi à sauver Tommy de lui-même, aujourd’hui il était majeur et continuer ses embrouilles sans que Jenny ne puisse y faire quelque chose, néanmoins ils avaient une relation fusionnelle maintenant qu’elle n’était plus sa tutrice et vivait assez bien c’est tout ce qui comptait pour cette grande sœur toujours inquiète pour le destin de son frère. Son petit ami, lui, reste silencieux face à cette annonce. Il la soulève et se lève en même temps prenant appui sur le bar non loin de là pour lui annoncer sa nouvelle.
« Je te quitte. » Le sourire radieux de Jenny s’estompe immédiatement elle pouvait s’attendre à tout de Clyde mais pas à ça. Leur couple battait un peu de l’aile certes mais ce bébé il le voulait ensemble.
« Euh, si c’est une blague ce n'est vraiment pas drôle. » Il soupire. Comme si d’un seul coup il était las d’entendre sa fiancée.
« Ce n’est pas une blague, écoutes, je ne t’aime plus et cela depuis quelques mois déjà, j’attendais le bon moment pour te dire la vérité. » Elle se met à rire en l’entendant dire cela, le bon moment. Est-ce le bon moment aujourd’hui de lui donner un coup de massue sur la tête ?
« Et tu trouves que le jour où je t’annonce ma grossesse c’est le bon moment ? » Il hoche la tête, effectivement pour lui c’était pile le bon moment pour lui dire adieu.
« Oui. Je ne veux pas que tu te fasses de fausses idées. » « Elle s’appelle comment ? » Sa naïveté avait des limites et elle a tout de suite compris qu’il se fichait d’elle depuis un moment déjà.
« Qui ça ? » Jenny relève les yeux vers lui, cette conversation elle l’a déjà eu il y a longtemps, avec Brad, son premier amour, elle n’avait aucune envie de revivre ça.
« Ne me prends pas une idiote en plus, elle s’appelle comment la femme pour qui tu me quittes ? » Il entortille ses doigts autour d’un simple stylo comme si c’était le saint Graal et qui lui donnerait la réponse attendue.
« Amanda. » Le visage de la jeune femme se transforme, mortifiée par l’annonce de ce prénom qu’elle connaissait par cœur.
« Amanda ? Comme Amanda ma meilleure amie ? » De nouveau, il hoche la tête et ce n’est pas de la tristesse qu’elle ressent mais de la colère, toujours cette même colère enfouit qu’elle retient encore au fond d’elle.
« Je n'en reviens pas, tu vas m’abandonner alors que nous sommes ensemble depuis trois ans et que je suis enceinte de deux mois, je vais faire quoi toute seule ? Tu vas faire quoi avec ce bébé ? » Ce bébé n’avait rien demandé mais il était là désormais et hors de question qu’elle avorte parce que son père ne savait pas ce qu’il voulait vraiment.
« Qu’est ce qui me dit que ce bébé est le mien d’abord ? » Jenny avait de nombreux défauts mais elle n’était pas infidèle, loin de là, une gifle s’abat sur le visage de son futur ex fiancé quand il lui dit une telle horreur, comment avait-elle pu se tromper de cette manière ? Encore une fois.
« DEGAGE !!!!!!!!!!! » Et c’est après un dernier détour dans sa chambre qu’il abandonne Jenny et ce petit bout qui pousse au fond d’elle. Sa lueur au bout du tunnel.
« Espèce de garce, tu as gardé le bébé de Clyde pour le retenir auprès de toi c'est ça !! » La voix familière de son ex meilleure amie s'élève alors dans l'hôpital. Les gens autour de Jenny se sont tous retournés vers la jeune femme au ventre arrondi. Ils se sont sans aucun doute poser des questions et se sont demandés des deux femmes, qui est la femme trompée et qui est la maitresse. Mais la vérité c'est que la maitresse avait le culot de venir la bouche en cœur rencontrer Jenny après qu'elle se soit envolée quelques semaines avec son amant abandonnant la jeune femme et son bébé par la même occasion. Contre toute attente Jenny n'était pas du tout triste, bien sûr le coup bas de son ex était dur pour la demoiselle mais savoir qu'elle n'était plus seule au monde lui faisait un bien fou et c'est pour son bébé qu'elle a abandonné sa rancune et sa colère envers le monde pour vivre heureuse avec lui. Il pousse d'ailleurs tout doucement dans son ventre, arrondissant ses formes.
« Non mais tu ne vas pas bien Amanda va te faire soigner. » Même si Clyde et elle n'était désormais plus ensemble Jenny lui donnait des nouvelles de son enfant comme une idiote, elle ne cherchait pas à garder son ex elle voulait seulement faire ce qui lui semblait juste, comme toujours. Les doigts d'Amanda s'accrochent violemment au bras de Jenny qui se lève pour abandonner la salle d'attente de l'hôpital. Par ce geste elle s'octroie les foudres de Jenny.
« Et lâche moi le bras avant que je te casse les doigts. » Les hormones de la jeune femme faisaient d'elle une véritable bombe nucléaire si dans l'intimité elle était toujours souriante et épanouie la vue de son ex meilleure amie ramène un double démoniaque de la jeune blonde. Un double qu'il ne vaut mieux pas énerver sous peine de violentes répercussions.
« C'est que la petite sainte ni touche se secoue un peu les puces, qu'est-ce que tu as, t'en as marre de te faire marcher dessus ? T'en as marre d'être le paillasson de tout le monde ? Remue-toi ! On n'est pas dans un conte de fées. La vie ce n'est pas toute rose. » Comme si Jenny ne le savait pas elle avait côtoyé l'enfer un bon nombre de fois depuis ses seize ans elle connaissait la vie comparée à cette petite princesse des beaux quartiers, elle savait mieux que quiconque que la vie n'est pas rose et n'est pas un conte de fées. Une folle envie de lui faire fermer son claquet lui prend soudainement et c'est sur un ton doux et charmeur qu'elle finit par dire ses quelques mots.
« Il ne pense pas trop à moi quand il te touche ? Il m'a toujours dit qu'il n'oublierait jamais mes courbes et ma peau. Tu arrives à le tenir en laisse où il te trompe déjà ? » Un côté provocateur que la jeune femme n'utilise jamais, un sourire s'accroche à ses lèvres quand la jeune idiote s'arrête de parler immédiatement. Bien entendu Clyde continuait de voir d'autres femmes. C'était un coureur de jupons et il le sera toujours, Jenny se demande souvent combien de fois il a pu la tromper avant de fuir avec Amanda. Des dizaines ? Des centaines de fois ? Peut-être bien. Ça lui était égal aujourd'hui mais elle ressent une grande satisfaction de savoir que pour Amanda c'était la même chose.
« Ahhhh je comprends mieux ta soudaine intrusion ici. Tu sais qu'il me supplie sur mon répondeur de le reprendre ? Il me jure qu'il n'aime que moi et qu'il veut toujours vivre auprès de moi ? Tu n'étais qu'une simple passade, une simple histoire de sexe. » Et c'était la vérité, Clyde l'appelait depuis deux mois jours et nuits en la suppliant sur tous les tons de le reprendre, qu'il l'aimait comme un fou. Il se mordait les doigts d'avoir été assez bête pour la quitter elle et son bébé mais rien y faisait Jenny avait tiré un trait sur cet homme qui lui avait offert un nouveau cœur brisé. Elle lui était pourtant reconnaissante d'avoir fait d'elle une femme plus sûre d'elle et bien sûr de lui avoir donné ce bébé qu'elle rêvait d'avoir.
« Ta gueule ! » Un sourire moqueur montre le bout de son nez avant qu'elle ne sorte de la salle et se dirige vers les escaliers, suivit de la furie derrière elle. Consciente que pour avoir la paix elle se devait de mettre un dernier point au clair Jenny s'arrête et se retourne vers la jeune femme.
« Tu pourras lui dire qu'il aille au diable. Je ne vais pas me remettre avec une pourriture dans son genre. Et toi j'espère que tu souffriras autant que moi il y a deux mois. » Mais ça c'est sans compter le côté pervers d'Amanda qui ne trouve rien de mieux que de pousser Jenny dans les escaliers l'abandonnant à son triste sort alors que les gens se réunissaient devant le corps inerte de la jeune blonde. Lorsque ses yeux se sont ouverts, il y avait dans la chambre d'hôpital un médecin trainant au dessus d'elle et son frère qui serrait sa main en souriant tristement.
« Mademoiselle Michaels... Doucement vous avez fait une sacrée chute dans les escaliers de notre hôpital, comment vous sentez-vous ? » Elle se fichait de savoir comment elle allait, la seule question qui lui est venue à l'esprit c'était de savoir comment son bébé allait lui.
« Mon bébé ? » Le silence du médecin n'annonce rien de bon et le visage blême de Tommy non plus.
« Jenny... » Pas besoin d'en dire plus, la voix de son jeune cadet était suffisante, elle se souvient qu'elle avait utilisé cette même voix pour lui annoncer le décès de leur parent. Elle avait perdu son bébé.
« Non... Non ce n'est pas possible. » Et c'est dans un mutisme complet que la jeune femme s'est enfermé après sa fausse-couche, elle n'est jamais retombée dans l'alcool ni rien de ce genre mais elle n'utilisait son langage que lorsqu'elle y était obligée sinon elle restait stoïque et muette. Prostré dans son silence elle s'est isolée, son frère l'a emmené avec lui chez lui et a pris soin d'elle par peur qu'elle se fasse du mal. Mais l'envie d'avoir un enfant était tellement intense chez cette femme qu'elle a fait plusieurs inséminations artificielles qui se sont révélées inutiles. C'est pour cela qu'elle a fini par faire des tests de stérilité se demandant si sa fausse-couche n'avait pas fait échouer toutes ses chances de maternité. Le gynécologue en face d'elle lisait son dossier sans lever le regard vers Jenny, cela n'annonçait rien de bon généralement.
« Nous avons fait les tests que vous souhaitiez et ils révèlent votre soudaine incapacité à concevoir un enfant. Vous êtes stérile mademoiselle Michaels. Je suis désolé. » C'est dans ce silence qu'elle est rentrée chez elle et qu'elle s'est assise sur le canapé près de son frère. Toute la soirée elle a fixé le mur comme si d'un moment à l'autre il pouvait lui offrir une réponse digne de ce nom. Ce n'est que le lendemain matin, alors que son frère l'avait rejoint sur ce canapé qu'elle a enfin ouvert la bouche, volontairement, pour la première fois en quatre mois.
« Je n'aurais jamais d'enfant Tommy, c'est une punition. » Surpris, Tommy se demande de quelle punition sa sœur pouvait bien lui parler, elle n'était pas la pire des femmes bien au contraire.
« Une punition ? Une punition pourquoi ? » Elle hoche les épaules. Las de s'expliquer sans arrêt.
« Parce que je ne serais pas une bonne mère, je n'ai jamais réussi à t'élever correctement. » Il déglutit et c'est à ce moment précis qu'il comprend réellement ce qu'il a fait subir à sa sœur toutes ses années.
« Pardonne-moi Jenny, je te promets que tu n'es pas une mauvaise mère, tu as pris soin de moi-même quand j'étais dans un précipice sans nom, je t'en serais toujours reconnaissant. Je t'aime tu le sais au moins. » Mais la jeune blonde n'était pas capable de lui rendre la pareille. Trop bouleversé et pourtant elle l'aimait son frère c'était une évidence.
V. "Ce n'est pas aimer à nouveau qui me fasse réellement peur, mais souffrir à nouveau d'avoir aimé quelqu'un comme toi."« Tu es complètement dingue ! » Le rire cristallin de la demoiselle se fait entendre dans la rue alors qu'elle court sous la pluie de Chicago. Le temps est passé et ses blessures se sont pansées en douceur, elle revit et cette fois-ci elle n'a pas eu besoin de l'aide d'un quelconque homme comme la première fois. C'est Tommy qui l'a remise sur pied, il a été un frère prévenant, le frère qu'il aurait dû être autrefois pour que la jeune femme ne s'effondre pas. Même s'il continue ses bêtises Jenny ne le juge plus, elle sait que ça ne sert à rien il est assez grand pour savoir ce qu'il fait. Désormais il n'est plus seul, il a rencontré il y a quelques mois un homme plus vieux de douze ans son ainé qui lui a montré la voie de l'illégalité sans pour autant être en danger. Sa sœur ne lui pose aucune question, elle ne veut pas savoir ce qu'il fait et avec qui néanmoins Tommy a décidé de lui présenter son
« père » de substitution Christopher. C'est d'ailleurs avec lui que la jeune femme âgée de vingt-cinq ans court dans les rues. Ils arrivent enfin devant l'appartement de la demoiselle frigorifiée certes mais heureux.
« Seulement dingue de toi Jenny. » Un frisson court le long de son échine en l'entendant dire cela. Le charisme de cet homme la fait fondre mais elle a bien trop peur de se tromper et d'être blessée une nouvelle fois qu'elle se retient depuis des semaines de répondre à ses avances. C'est un danger pour elle, un homme à femmes, un charmeur, une tentation qui pourrait se révéler douloureuse pour la blonde.
« Arrêtes, je suis sûre que tu as toutes les femmes que tu veux à tes pieds. » Et c'était vrai Chris était âgé de trente-cinq ans il était séduisant, s'exprimer avec finesse et manier l'art du langage comme personne. Il devait avoir la moitié de Chicago à ses pieds.Son côté un peu dangereux le rendait bien plus séduisant pour toutes les femmes y compris pour Jenny qui ne souhaitait pas se bruler les ailes dans une relation autodestructrice.
« Et c'est toi que je veux, pourquoi tu ne me laisses pas entrer là ? » Ses doigts glissent le long de son cou en douceur afin d'atteindre son cœur, de nouveau un frisson la laisse pantoise pendant quelques secondes. Cet homme était doué et savait raviver son cœur pourtant mort depuis longtemps.
« Parce que mon cœur a assez souffert Christopher, il est détruit et en miette je ne veux pas souffrir une nouvelle fois, je ne le supporterais pas. Tu comprends ? » Il hoche la tête et glisse ses doigts sur la joue de la demoiselle. Son cœur s'emballe pour la toute première fois de sa vie.
« Qui te dit que je te ferais du mal ? » Et contre toute attente en entendant ses paroles et en voyant son sourire, elle se met à rire, ce n'était pas de la moquerie seulement, elle ne le croyait pas capable de fidélité. Même avec elle.
« Avec ton regard de bad boy et ton sourire de charmeur je doute que tu te contentes de la simple petite serveuse que je suis. » Elle ne se rabaissait pas c'est simplement qu'elle n'était rien d'autre qu'une petite serveuse de bar qui filait une vie droite et sans reproche, rien de plus.
« Ne te rabaisse pas, tu es tellement plus important que ça pour moi. Quand je te regarde je vois une femme forte, une femme indépendante qui sait tirer parti de tout son malheur pour continuer à vivre. » « Je ne suis pas comme ça. » Elle s'était écroulée par deux fois dans le passé, une fois dans le nectar ambré du whisky et une seconde fois dans un mutisme prolongé. Alors non elle ne se servait pas de son malheur pour vivre. Bien au contraire.
« Tommy m'a raconté tout ce qu'il s'est passé depuis ton adolescence, la mort de vos parents, ton addiction à la drogue et à l'alcool, ta rupture douloureuse, ta fausse-couche. Tu es forte Jenny bien plus forte que toutes les femmes qui se sont dressées un jour sur ma route et c'est ça qui te rend si spéciale. » Tommy allait avoir le droit à un bon savon en rentrant elle ne souhaitait pas parler de tous ses problèmes, certes Chris faisait beaucoup de bien à son frère mais il n'avait pas besoin de lui raconter ses erreurs et toutes les épreuves qu'elle a endurées durant sa courte vie.
« Les hommes ne sont ils pas attirés que par ce qu'ils ne peuvent pas avoir ? » « C'est un mensonge ça. » Il s'approche d'elle avec tendresse et son regard dérive sur les lèvres de la jeune femme, Jenny sent son souffle se couper alors qu'elle approche le visage près de celui du jeune homme. Avant de déposer ses lèvres sur les siennes elle lui susurre quelques mots près des lèvres.
« Ne me fais pas de mal... » Un sourire attendri se glisse sur ses lèvres alors qu'il dépose un baiser fugace sur la bouche de sa partenaire.
« Je te le jure. » Et cette fois-ci c'est Jenny qui scelle son destin avec un baiser passionnée, un baiser dévorant, elle n'avait jamais eu autant envie d'un homme avant Christopher.
« Je t’aime Jenny. » Les lèvres de Christopher descendent tout doucement sur la peau de la jeune blonde qui glisse ses doigts dans sa chevelure brune. Voilà trois mois qu’ils vivaient le grand amour, elle n’a jamais été aussi amoureuse auparavant. Brad et Clyde n’étaient riens comparés à ce qu’elle ressent pour cet homme qui se trouve près d’elle. Quand il est loin d’elle, il lui manque, elle a l’impression qu’en sortant de son périmètre il emporte avec lui son cœur meurtri la laissant seule en manque de quelque chose, il était vitale pour elle, son oxygène en quelque sorte. Elle a toujours imaginé que ce genre d’histoire n’arrivait que dans les livres ou les films à l’eau de rose, du grand n’importe quoi pour petite midinette rêveuse, comme elle autrefois. Mais Chris avait réussi un tour de force, briser la carapace de cette demoiselle n’était pas chose facile mais armé de patience il a réussi à détruire petit à petit les murs de sa propre prison.
« Moi aussi je t’aime. » Un sourire radieux s’affiche de nouveau sur les lèvres de la jeune femme alors qu’il prend possession de son corps, de son âme, de sa vie. À chaque baiser, à chaque mouvement de ses mains elle s’abandonne de plus en plus, laissant de côté ses retenues et ses peurs. Il n’était plus le Bad Boy qui lui faisait si peur, il était simplement à elle, elle n’avait pas peur qu’il aille voir ailleurs, elle n’avait pas peur qu’il la rejette un jour ou l’autre elle vivait l’instant présent pour la première fois de sa vie. Elle avait une épaule sur laquelle se reposer la nuit, elle n’avait plus besoin d’être toujours sur ses gardes il était là pour elle et savait la calmer quand la peur s’emparer d’elle. Le grand amour voilà ce qu’elle vivait. Christopher était l’homme de ses rêves, l’homme de sa vie. Mais l’histoire ne s’arrête pas là et bientôt Jenny découvrira le vrai Christopher, derrière cet homme séduisant se cache un homme monstrueux et terrifiant qui hante encore ses nuits. Sortant du bar où elle travaillait à deux heures du matin elle est suivit par un client régulier qui lorgne sur son décolleté tout le long de son service il n’avait encore jamais réussi à l’aborder parce que Chris la récupère toujours avant qu’elle ne sorte mais manque de chance ce soir elle est seule et il y voit là un coup du destin.
« Hey ma belle, un verre ça te tente ? » Silencieuse, Jenny presse le pas, si Christopher lui avait enseigné quelques techniques de défenses elle n’avait pas vraiment envie de les essayer sur cet homme saoul à la force développer par les litres d’alcool ingurgité. «
Belle blonde je te parle tu me réponds ou quoi ? » Il lui attrape violemment le bras, lui arrachant une grimace, elle essaie, vainement, de récupérer son bras avant qu’il ne la coince contre un mur.
« Lâche-moi ! » Soudainement, elle sent une présence connue auprès d’elle, son agresseur prend un bon coup de poing qui le jette un peu plus loin et elle se masse le bras qui est endolori par la douleur.
« Tu as pas entendu la dame ? Elle t’a dit de la lâcher ! » Le corps de Chris se trouvait auprès de l’agresseur de sa petite amie, il était tendu, furieux, sa rage se lisait sur son visage et jamais Jenny l’avait vu dans cet état. Il semblait possédé par une force supérieure.
« T’es qui toi bordel ?? » Un sourire carnassier s’accroche à ses lèvres avant qu’il ne relève le poing une fois de plus.
« Son fiancé connard. » Les coups se sont mis à pleuvoir sans aucune limite, le regard froid de Chris n’avait rien d’humain et sa manière de faire déplaisait fortement à la jeune Jenny qui détestait la violence par-dessus tout. Certes, elle avait frappé son frère ainsi que Brad et Clyde, mais pas à ce point là. Le sang coulait dans la ruelle et la nausée lui vient soudainement aux lèvres, l’obligeant à déverser son dîner dans une poubelle avant de hurler.
« CHRIS ARRETE TU VAS LE TUER !!!! » Comme un animal affamé Chris se retourne et dans la folie du moment met une bonne gifle à Jenny sans le vouloir. Le regard surpris de Jenny stoppe immédiatement la folie de son petit ami. Il se relève de sa victime et se précipite sur la jeune femme qui recule instinctivement.
« Pardon je n’ai pas fait exprès je te jure, tu vas bien ? » Elle hoche la tête encore sonnée par le coup de son petit ami.
« Oui. Ne t’en fait pas c’est rien. On s’en va avant que la police arrive. » Et ils disparaissent ensemble de la ruelle. Le monstre qu’elle a vu dans cette ruelle lui fait peur mais elle aime assez Chris pour fermer les yeux sur son comportement violent. Elle s’enferme simplement dans cette relation toxique abandonnant petit à petit ses amis pour ne plus sortir des bras de Christopher. Comparé aux autres hommes de sa vie, Chris avait une qualité qui faisait toujours fondre Jenny il était fou d’elle et n’allait pas voir ailleurs. Malheureusement au vue de ses nombreux défaut, dont son côté colérique, elle devait faire face à une nouvelle vision de l’homme de sa vie qu’elle avait du mal à supporter.
« C’est quoi ses bleus sur ton bras ? » Son frère venait chez Chris et elle assez souvent et ce soir ils étaient seuls, alors que la demoiselle prend une tasse pour faire un café à Tommy elle dévoile, sans le vouloir, des bleus sur ses bras.
« Rien du tout. » Elle s’empresse de remettre ses manches en place mais son cadet relève de nouveau celles-ci, afin d’admirer les traces sur le corps de son ainée. Pas des traces de coups, simplement des traces de mains.
« Laisse tomber Tommy c’est rien du tout je te dis. » Comme toujours la jeune femme défend son petit ami, Chris ne frappait pas Jenny il était seulement colérique et il avait une peur bleue de la voir fuir alors c’est vrai que parfois il était brusque avec elle mais jamais il ne lèverait la main sur celle qu’il appel sa femme.
« C’est Christopher qui te fait du mal ? » Jenny hausse les épaules, elle ne lui en voulait pas, elle avait l’habitude de mettre les nerfs de ce pauvre Chris à vif. Principalement depuis qu’il lui avait avoué avoir fait un braquage qui avait couté la vie à deux agents de police. Elle n’arrivait pas à supporter cette révélation.
« Mais non on s’est un peu disputé hier soir il a serré mon bras un peu fort c’est tout. » Et c’était la vérité. Mais si Tommy avait été un petit con toute sa jeunesse il y a bien une chose qu’il ne supporte pas c’est que l’on touche à sa sœur. Même si c’est Chris.
« Je vais le buter. » Par peur de voir son frère en morceaux dans une poubelle elle le serre fort dans ses bras avant de lui murmurer quelque chose à l’oreille.
« Je t’en prie Tommy ne t’occupes pas de ça d’accord ? » Et il hoche la tête comme si il approuvait la décision de sa sœur. Ce qui n’était pas le cas d’ailleurs. Quelques semaines plus tard alors que Jenny et Chris dîner ensemble la porte s’est fracassé sur le sol et une horde de policier est rentré dans la maison des amoureux, attrapant violemment Chris et le menottant sous les yeux écarquillés de la jeune femme.
« Christopher Whitmore vous êtes en état d’arrestation pour cambriolage et meurtre de deux agents de police. Vous avez le droit de garder le silence…. » C’est ainsi que la vie de Jenny a pris un tournant radical, c’est lorsque Christopher est parti en prison, dénoncé par Tommy, qu’elle s’est rendu compte qu’elle s’était elle-même emprisonnée dans cette relation néfaste et c’est aussi à ce moment là qu’elle a décidé de partir définitivement de Chicago, elle aurait dû le faire avant. Avant de fuir comme une voleuse elle a rendu visite à Chris en prison. Le sourire du beau Bad boy éclaire la pièce en voyant la femme de sa vie arrivée.
« Jenny… » Mais le visage fermée de Jenny lui fait perdre cette chaleur d’un seul coup, elle était déterminée cette fois ci.
« C’est fini Chris, je m’en vais loin d’ici, j’abandonne Chicago pour vivre ailleurs, loin de toute cette histoire, de ton influence néfaste et de notre histoire d’amour toxique. Adieu. » Elle se rapproche de la porte toute trace de confiance avait disparue, le soulagement, la tristesse, la colère se lisaient sur ses traits.
« Je t’aime Jenny tu ne peux pas me faire ça. » Elle se retourne vers lui en souriant tristement à ses paroles.
« Un jour tu m’as juré que tu ne me ferais aucun mal et tu as été le seul à m’en faire autant. » Et elle est partie. Elle a juste disparu pour de bon, abandonnant cette vie.
IV. "
Finalement, se résoudre à la fugacité des rencontres et se souvenir sans pleurer, c'est profiter de chaque instant, c'est avoir compris la vie, c'est avoir grandi."« Laisse-moi faire ma belle, ne va pas te détruire le dos avec ce genre de choses. » Le jeune homme en face d'elle attrape les bières rapidement en voyant la jeune femme revenir de la réserve avec les mains chargées. Jenny est surprise de le voir faire ça, elle n'en a pas vraiment l'habitude. Elle travaille depuis deux ans dans ce bar et il n'a jamais été aussi sympathique qu'aujourd'hui. Sa nouvelle vie elle l'a faite à Londres, elle aurait pu partir à Zurich mais les souvenirs étaient tout aussi vifs qu'à Chicago, loin de sa ville natale, loin de son pays elle pouvait vivre une vie normale sans que personne ne sache qui elle était réellement. Bien sûr en abandonnant Chicago elle a renoncé à voir son frère aussi souvent qu'avant mais son désir de voir ailleurs était bien trop fort pour qu'elle l'ignore. Elle avait lutté contre elle-même, contre l'envie de tout détruire encore une fois. Chicago lui rappelait sa famille disparue, ses amours perdus, les trahisons subits, son bébé qui n'a pas eu la chance de voir le jour et bien sûr, Chris, qu'elle ne souhaitait plus jamais revoir près d'elle. Cet homme avait une ascendance tellement importante sur la jeune femme qu'elle ne se sentait pas capable de lui résister si elle restait en ville. Alors du jour au lendemain elle a pris sa valise avec le strict minimum dedans, quelques vêtements, des photographies de sa famille et elle est partie non sans un dernier au revoir à son frère. Jenny dépose sur le comptoir ses mains alors qu'elle regarde cet homme qui venait de lui donner un coup de main.
« C'est mon travail je te ferais remarquer. » Sa voix sombre surpris aussitôt cette âme charitable, elle avait tellement l'habitude d'être sur la défensive, principalement avec la gent masculine, qu'elle ne se rendait même pas compte qu'ils n'avaient pas tous une idée derrière la tête. Enfin, elle savait que lui, en avait surement une.
« Mais merci. » Elle esquisse un léger sourire avant de retourner à son travail, la soirée fut épuisante, les hommes et les femmes affluaient dans ce bar qui devenait de plus en plus étroit au fur et à mesure que le monde arrivait. Vers une heure du matin seul les habitués étaient toujours présents et la fatigue commençait à s'accumuler sur les frêles épaules de Jenny, de la bonne fatigue pour une fois. La fatigue d'un bon travail, parfaitement accompli.
« Jenny chérie tue peux partir on fermera ne t'en fait pas. » Elle avait de la chance son patron l'avait pris sous son aile et il prenait soin d'elle comme on prend soin d'un petit oisillon blessé. Elle sourit en l'entendant dire cela et elle dépose un baiser fugace sur sa joue.
« T'es un ange merci beaucoup. » Épuisée elle est rentrée chez elle, à pied comme toutes les nuits, elle ne travaillait pas très loin de chez elle et elle aimait sortir la nuit, il n'y avait personne pour venir lui parler et elle pouvait profiter de cet instant pour s'abandonner au calme et au silence. Une fois chez elle, elle se déshabille sans aucune pudeur, pas réellement consciente que quelqu'un pouvait la voir et après un bain revigorant, elle est tombée dans les bras de Morphée. Dans la nuit alors qu'elle dormait à poing fermé, elle a entendu du bruit dans le salon, sa peur avait désormais disparu et ce besoin de ne plus être une victime était si fort qu'elle est partie confrontée son intrus. Un homme se présentait dans l'appartement, ce n'était pas Chris parce que lui, il n'aurait jamais fait de bruit en rentrant. Qui pouvait rentrer ainsi dans sa maison en pleine nuit ? Alors que l'homme s'approche d'elle elle lui met un coup-de-poing dans le ventre, un autre dans le visage pour le désarçonnait avant d'attraper son bras et de le faire voltiger sur le sol sans qu'il ne s'y attende. Un pied ferme sur le haut de sa gorge pour le maintenir au sol.
« Tout doux petit ninja c'est moi. » La voix entrecoupée de cet homme était connue de la blonde, elle relâche sa prise et allume enfin la lumière pour être sûre de ne pas rêver.
« Tommy ? Mais t'es complètement dingue il est trois heures du matin ! Tu m'as foutu la trouille. » Il se relève du sol et elle le serre fort dans ses bras puis le relâche enfin. Il en profite pour lisser ses vêtements et mettre un peignoir sur le dos de sa sœur pour couvrir son corps à moitié dénudé, couvert seulement de petits dessous.
« Excuse-moi. Je m'inquiétais pour toi mais j'ai bien l'impression que je n'ai pas besoin de te surveiller tu sais te défendre aujourd'hui. » Elle sourit en l'entendant dire cela. À vrai dire c'est la première fois qu'elle se sert de tout ce qu'elle avait appris.
« Boxe. Krav Maga. Karaté. Beaucoup d'entrainement. » Son frère s'arrête immédiatement de sourire, soucieux de l'attitude de sa sœur. Elle avait beau prendre des cours d'autodéfense elle ne savait toujours pas fermer une porte ou une fenêtre, comme si elle attendait de régler des comptes avec quelqu'un.
« Pourquoi autant de travail ? Tu es à Londres maintenant c'est une nouvelle vie. » Elle attrape son paquet de cigarettes et en glisse une entre ses lèvres avant de l'allumer. Elle hausse les épaules avant de prendre la parole.
« Je ne veux plus être la victime de qui que ce soit désormais. Je veux savoir me défendre même si au final je suis battu par un idiot j'aurais tout donné pour me défendre. » Sans regarder son frère elle s'active pour nettoyer la table basse du salon qui a été un peu abîmé durant la bataille, elle jette aussi sa bière dans la poubelle, elle ne souhaitait pas que son frère la croit de retour dans ses vieux travers. Ça n'était pas le cas.
« Jenny... » C'est exactement ce qu'elle ne souhaitait plus jamais entendre dans sa vie, cette voix compatissante qui la prend en pitié. Elle allait bien, elle était forte, elle continuera toujours de se battre.
« Arrête de t'en faire pour moi je vais bien je te dis. » Il l'arrête dans sa soudaine course au rangement et attrape ses bras en douceur.
« Chris est en prison, tu n'as pas à t'en faire. » Elle sourit, tristement en haussant les épaules. Elle n'entendait plus ce nom depuis deux ans et même si au fond d'elle elle y pense encore elle n'avait pas envie d'en discuter avec Tommy.
« Chris ne restera jamais en prison, il sortira j'en suis sûre et il me trouvera. Ils te retrouvent toujours. Je ne veux lui laisser aucune chance ce jour-là. Aucune. » Son frère la relâche en douceur et ferme les rideaux en silence, de dehors on ne peut voir que les ombres de Jenny et Tommy qui s'assoit sur le canapé et il soulève un peu son t-shirt. Des bleus apparaissent devant le regard surpris de Jenny, elle savait que ce n'était pas elle qui avait causé ce souci.
« Putain Tommy, tu n'en as pas marre de faire des conneries... Je vais avoir des cheveux blancs avant l'heure avec toi. » Elle va donc jusqu'à la salle de bains et s'approche de son frère pour soigner un peu ses blessures, surtout celle qu'elle a causée à son joli visage. Il a d'ailleurs la lèvre ouverte le pauvre. Elle le soigne sous le regard attendri de son frère, le sourire aux lèvres, il ouvre la bouche de nouveau.
« Maman disait toujours ça. » Jenny s'arrête en offrant un regard complice à son frère et un sourire avant de reprendre ses soins.
« Je sais oui. » Parler de leurs parents ne faisaient plus aussi mal qu'avant, ils avaient grandi désormais et la colère avait disparu avec le temps. La tristesse s'était estompée au fur et à mesure et ils ne gardent que les bons souvenirs de leur famille.
« Jenny, y a un truc que je dois t'avouer. C'est en rapport avec Chris. » Elle lève le regard sur son frère une nouvelle fois avant de prendre la parole.
« Je t'assure que je ne l'ai pas balancé aux flics Tommy, même si j'avais peur de lui je l'aimais quand même. » Il mordille sa lèvre en silence, elle s'attend au pire, bien évidemment.
« C'est de ça que je veux te parler justement... C'est moi qui l'ai balancé. » Elle s'apprête à protester quand il lui dit cela mais il la coupe avant qu'elle ne puisse dire quoi que ce soit.
« Avant que tu te mettes à hurler si j'ai fait une telle chose c'est pour toi, il te faisait du mal, il t'enfermait dans une vie qui n'était pas pour toi et je ne pouvais le supporter. J'aimais vraiment Chris mais le bonheur de ma sœur passe avant tout. » Elle a toujours cru que son frère lui en voulait d'avoir fait mettre Chris sous les barreaux alors qu'elle ne l'a jamais fait, elle n'y a même jamais pensé. Ce n'est pas de la colère qu'elle ressentait à ce moment-là, mais elle s'attendrit immédiatement face aux aveux de son cadet.
« C'est la plus belle chose que tu m'aies dit en vingt-cinq ans. » « Tu m'en veux ? » Elle hoche négativement la tête avant de prendre elle-même la parole et de lui dire quelque chose qu'elle a toujours caché à Tommy.
« Comment je pourrais t'en vouloir alors que j'ai fait chanter Cindy pour qu'elle te laisse tranquille. » Vous devez surement vous demander qui est Cindy, eh bien c'est une femme mariée que Tommy fréquentait pendant un temps. Elle lui a fait vivre une vie misérable pendant près de six mois, le traitant comme un moins-que-rien, lui faisant croire qu'elle était enceinte de lui et lui faisant faire ses quatre volontés. Jenny ne l'a pas supporté.
« Quoi ? On ne touche pas à mon frère et ce n'est pas parce que je suis une gentille fille que je ne sais pas me servir de mes mains et d'un appareil photo. » Elle est allée voir cette femme après l'avoir surprise avec un autre homme que son époux et Tommy et elle lui a dit que si elle revenait voir son frère elle lui ferait vivre l'enfer. Et on ne contredit pas une sœur en colère. Cindy l'a très bien compris. Ils se mettent à rire un moment avant qu'elle ne termine ce qu'elle avait entrepris. Cette scène rappelle à Jenny le nombre de fois dans son adolescence où elle a soigné son frère de cette manière.
« Tu sais Jen... Je tenais à ce que l'on parle de notre adolescence, je me suis vraiment comporté comme un con avec toi, t'es ma sœur et je ne t'ai jamais soutenu. » Un soupir s'échappe des lèvres de la jeune femme, c'est vrai que Tommy a réussi là où personne n'y est arrivé, il a brisé sa sœur. Elle ne lui en veut pas. Plus tout du moins. Elle caresse son visage en douceur avant de déposer un baiser sur la joue de la personne la plus importante dans sa vie depuis toujours.
« Tu l'as fait. Quand j'ai perdu mon bébé. Quand je me suis retrouvée seule après l'arrestation de Chris. Tu m'as soutenue quand j'ai rompu avec cet abruti de Brad. » En le frappant qui plus est. Ça ne veut pas dire grand-chose pour les autres mais c'était beaucoup pour elle.
« Mais pas à la mort de nos parents, j'étais paumé, je n'arrivais pas à accuser le coup. T'étais jamais à la maison même si je savais que tu bossais dans ma tête tu voulais simplement t'éloigner de moi et je ne le supportais pas... T'as été tellement compatissante avec mes conneries et mes crises de colère que je me suis sentis libre de tout faire. Alors pardon. » En près de dix ans c'est la première fois que Tommy lui dit ce qu'il ressentait au moment de la mort de ses parents, ils n'en parlaient pas de peur de s'écrouler et c'est vrai Jenny avait peur de ne pas être à la hauteur avec son frère alors elle le laissait souvent faire ce qu'il souhaitait pour ne pas brusquer son deuil.
« On a fini dans le mélodrame ? Parce que la guimauve c'est très peu pour moi. » De nouveau ils se mettent à rire se rappelant du discours de Tommy quand ils étaient encore enfant.
« Vielle bique. » Elle lui envoie un gentil coup de poing dans le bras avant de rétorquer.
« Idiot. » Et c'est ainsi que Tommy s'est finalement installé chez sa sœur, pour la surveiller et lui apporter un soutien qui lui avait cruellement fait défaut fut un temps.