Jenny ♠Il ne faut pas lier un navire à une seule ancre, ni une vie à un seul espoir

 
I.  "Dans une famille, on est attachés les uns aux autres par des fils invisibles qui nous ligotent, même quand on les coupe."

« Tommy !! Tu ne vas pas bien ou quoi descend de cet arbre tu vas te casser quelques choses ! » Depuis qu'elle est petite Jenny veille sur son cadet comme sur la prunelle de ses yeux. Leur parent se démenant au travail toute la journée elle n'avait d'autre choix que d'être présente pour son frère. À l'âge de huit ans déjà elle lui faisait à manger, s'occupait de lui faire ses devoirs, de lui donner le bain et tout ce que les parents sont censés faire avec leur enfant normalement. C'est donc plus rapidement que les autres que Jenny est devenue mature et responsable. Elle prenait son rôle particulièrement au sérieux étouffant de temps en temps son petit frère qui n'arrête jamais de faire des bêtises. La dernière fois qu'il est monté aux arbres de cette manière il est tombé et a frôlé le traumatisme crânien s'en sortant avec un bras dans le plâtre tout de même. Ça ne l'empêche visiblement pas de refaire les mêmes erreurs encore aujourd'hui qu'il est plus grand. Tommy sourit, attendri par l'inquiétude de son ainée et se penche vers elle alors qu'il se tient toujours sur cette branche au sommet du plus grand arbre qu'il est trouvé. « Rah, mais tu es pire que maman, vient avec moi et admire ce fantastique paysage. » L'altitude n'a jamais été une des grandes passions de Jenny, elle n'en a pas pour autant le vertige mais elle préfère le plancher des vaches, là où elle se sent le plus en sécurité. « Je peux admirer le paysage d'en bas c'est tout aussi bien. » Un rire franc sort de la bouche de Tommy, un rire moqueur, il était surement le plus courageux des deux mais Jenny s'en moquait, son frère était impulsif et si elle ne lui mettait pas de barrière maintenant il continuerait toujours dans ce sens, lui amenant par la même occasion des ennuis de plus en plus gros dont il ne pourrait plus sortir. « Allez poule mouillée donne-moi la main. » Il y a peu de chose que Jenny ne supportait pas, le premier étant sans aucun doute le fait que l'on ne la croit pas capable de faire quelque chose par elle-même. Elle lève donc les yeux au ciel et soupire avant de monter à l'arbre narguant la main tendue de son frère. Elle s'assoit près de lui et admire le paysage. La famille Michaels venait dans cet endroit tous les ans, la Suisse, pays natal de sa mère, ils admiraient la diversité et la tranquillité de ce paysage, la différence entre Chicago et Zurich était immense. À cette époque Jenny rêvait de vivre ici quand elle serait en âge de partir et de voler de ses propres ailes, elle n'en a jamais eu l'occasion malheureusement. « Waouh. Tu as raison le paysage est magnifique. » Un sourire complice s'affiche sur leurs lèvres au même moment. Le soleil se couchait et Jenny ne pensait pas voir un spectacle aussi beau, surement pas auprès du frère qu'elle surprotégeait sans arrêt. Ils n'étaient pas vraiment complices à cette époque, elle avait quatorze ans, lui douze et elle jouait plutôt les sœurs sévères, ne pouvant s'empêcher de remettre en cause toutes ses décisions. « Tu as froid ? J'ai apporté une couverture. » Ce côté prévenant était rare venant de Tommy mais elle apprécie le geste, elle hoche la tête, ne souhaitant pas dire le moindre mot de peur de perdre cet instant magique. Les minutes se sont écoulées dans un silence tranquille, frère et sœur accroché l'un à l'autre profitant simplement d'un bonheur fugace qu'ils ne retrouveront jamais. « Dis Jenny, je me rends compte que l'on n'a jamais eu véritablement l'occasion d'être proche tous les deux... » Elle soupire et se souvient qu'autrefois, quand elle n'était qu'une simple sœur pour lui ils étaient proches, ils riaient et jouaient sans réfléchir aux conséquences de leur acte, c'était il y a une éternité selon elle. « La faute à nos caractères bien différents j'imagine. » Ou plutôt à son caractère à elle. Mais elle ne lui dira jamais, consciente que cette discussion entrainerait des divergences d'opinions qui n'amèneraient qu'une chose, une dispute. « Je voudrais que l'on se promette de toujours être là l'un pour l'autre, quoi qu'il arrive. » C'était une évidence pour l'ainée, jamais elle n'abandonnerait son petit frère, parce qu'il était sa famille, son âme, son pilier. Sans lui les choses seraient bien différentes. « Tu es mon petit frère, tu n'as pas encore fini de m'entendre te hurler dessus, je t'abandonnerais jamais je te le jure. Jamais. » Elle dépose un tendre baiser sur sa joue en souriant. Consciente, que jamais elle ne pourrait s'arrêter de diriger sa vie. « Il faut arrêter de faire dans le mélodrame là, le côté guimauve très peu pour moi. » Un rire dépasse les lèvres de la demoiselle avant qu'elle ne lève les yeux au ciel, il ne changera jamais elle le savait et c'est ainsi qu'elle l'aimait. « Idiot. » « Vieille bique. » Et ce sont avec ses seuls mots qu'ils se disaient je t'aime, jamais aucun d'eux n'a eu la force dire un mot tel que celui-ci. Ils étaient bien trop pudiques pour ça.


II. "Il y a dans le cœur d'une femme qui commence à aimer un immense besoin de souffrir."

« Jenny ne t'en va pas comme ça ! Je vais t'expliquer ! » Figée devant l'horreur de cette scène la jeune femme ne met pourtant pas longtemps avant de fuir, retenant ses larmes de toutes ses forces, sa colère empiétant de toute manière sur sa douleur. Elle se met à courir le plus vite possible dévalant les escaliers en quatrième vitesse, son petit ami sur ses talons, le corps enroulé dans un drap. Il tentait vainement de la rattraper sans pour autant s'écrouler le long des marches. Si la situation était différente Jenny se serait surement moquée de cet homme assez idiot pour poursuivre sa petite amie de cette manière. Mais elle n'avait pas le cœur à rire bien au contraire, accablée par un sentiment de trahison elle ne cherchait qu'une seule chose, la solitude. La solitude de pouvoir fondre en larmes librement sans que personne ne juge ce qu'elle était en train de faire, elle souhaitait s'abandonner à sa tristesse et regarder son cœur brisé éparpillé devant ses yeux. Comprenant qu'elle n'aurait la paix qu'une fois qu'elle aura sorti tout ce qu'elle a sur le cœur elle s'arrête sur le perron de sa maison. Tout son corps tremblait sans qu'elle ne puisse y faire quelque chose, elle qui était si heureuse il y a moins de cinq minutes. Elle qui venait faire une surprise à Brad pour son anniversaire c'est elle qui fut la plus surprise dans l'histoire. « M'expliquer ce que ta langue faisait dans la bouche de cette fille ? J'aimerais bien savoir ce que tu vas me dire à ce sujet ! Tu as dérapé et tu es tombé pile sur ses lèvres ? » Les nerfs de cette pauvre jeune fille lâchaient totalement et sa voix si douce habituellement ne pouvait qu'être dur et ferme, la colère lui allait si bien au teint c'était une évidence. Elle qui ne se laissait jamais envahir par de telles émotions elle qui gardait enfouit la moindre de ses colères par peur de ne jamais pouvoir revenir en arrière, la voilà en train de hurler sur un homme à moitié nue dans une rue pleine de monde admirant les amoureux se déchiraient. A croire que découvrir son petit ami tendrement enfouit dans les bras d'une autre femme qu'elle peut faire exploser la plus calme des femmes. « Ce n'est pas ça, tu ne comprends pas. » Elle explose de rire, un rire nerveux, un rire moqueur, elle relève les yeux vers cet homme qu'elle aimait tendrement, elle sentait la colère lui vrillait les tympans, le corps, elle sentait la haine prendre le dessus sur elle. Ce n'est qu'avec un soupir qu'elle arrive à réguler son rythme cardiaque. « Tes mains semblaient connaître parfaitement le chemin menant à sa petite culotte, depuis combien de temps tu couches avec elle ???!! » Le jeune homme reste silencieux, pensait-il sérieusement s'en tirer avec un simple ce n'est pas ce que tu crois ? Comme les trois-quarts des hommes dans les films ? Surement. Là il devait surement se dire qu'il aurait mieux fait de ne surtout pas rattraper la furie qui lui faisait face. « Réponds putain !!! » Si la colère n'était pas vraiment l'une de ses amies elle supportait encore moins la vulgarité et l'utilisé à petite dose. L'entendre parler ainsi laisse stoïque le jeune homme qui devait surement se dire qu'il était vital de lui dire la vérité s'il souhaitait garder sa virilité intacte. « Quelque temps déjà. » Elle se mordille la lèvre sans rien dire, elle voudrait hurler, le frapper, le blesser, mais elle n'était pas capable de faire ce genre de chose, elle était trop blessée, elle avait honte. Honte de ne s'être rendu compte de rien du tout auparavant. Honte de ne pas avoir écouté ses amies qui lui disait que ce garçon n'était pas fait pour elle. « Tu comprends Jenny je suis un homme j'ai des besoins et... Tu ne veux pas assouvir ce genre de besoin, mais je t'aime je t'assure, elle ne compte pas pour moi c'est juste... » C'est vrai, Jenny ne voulait pas coucher avec lui, elle ne souhaitait pas lui offrir sa virginité parce qu'ils n'étaient ensemble que depuis deux mois et il était son premier petit ami. Est-ce qu'elle avait tort ? Peut-être mais en tout cas elle se dit au fond d'elle a bien fait. « Un plan cul c'est ça ? » Il hoche la tête sans rien dire de plus, est-ce qu'il avait honte de ce qu'il venait de faire ? La réponse était sans aucun doute non mais Jenny espérait réellement que oui. Ça ne changerait pas sa décision mais ça lui ferait du bien de le croire assez humain pour ressentir du remords. « Mon dieu que je me sens beaucoup mieux maintenant que tu m'as tout expliqué. » Elle joue la comédie sa voix se calme enfin et Brad regarde la demoiselle avec incompréhension. Il s'approche d'elle et dépose ses lèvres sur les siennes. Un frisson de dégoût glisse sur le corps de la jeune femme avant qu'elle ne lui mette un coup de genou dans le bas-ventre laissant son ex petit ami allongé, se plaignant de douleurs sur le perron. « Connard ! » Et elle est partie de devant chez lui. D'abord lentement et lorsque Brad ne pouvait plus la voir, elle a couru, le plus vite, le plus loin possible afin de lâcher, en paix, ses larmes. C'était son premier chagrin d'amour et elle avait tout juste quinze ans.

« Ma puce, tu n'as pas touché à ton assiette, qu'est ce qu'il se passe ? » Cela faisait une semaine que Jenny était enfermée dans un mutisme que ses parents ne comprenaient pas. Elle qui était toujours souriante et qui était plutôt du genre bavarde regardait son assiette sans rien touché comme tous les soirs depuis une semaine. Son père n'était pas encore rentré du travail et Tommy devait être encore en colle parce qu'elle n'était toujours pas à la maison. L'ainée connaissait bien son frère et la matriarche ne s'inquiétait de rien d'habitude. Sauf ce soir. Le comportement de sa fille était inquiétant. « C'est à cause de Brad ? » Elle dépose sa fourchette en relavant les yeux vers sa mère, elle la connaissait si bien, comment pouvait-elle savoir que c'était à cause de cet idiot que Jenny n'allait pas bien ? « Il me trompe depuis un moment et je ne l'ai même pas vu venir. » Un soupir sort de ses lèvres alors qu'elle prend son assiette et la dépose au fond de l'évier. Elle ne se sentait pas capable d'affronter le regard de sa mère alors qu'il était clair d'une chose, elle n'avait rien fait de mal, elle. Sa mère dépose ses doigts sur le visage de sa fille et glisse ses lèvres sur son front avant de l'enlacer tendrement au creux de ses bras. Ça fait du bien d'avoir le réconfort d'une mère, rien ne peut lui faire plus de bien qu'un câlin de sa mère. « Oh mon ange... C'est rien ça va passer, c'est un petit chagrin d'amour c'est un crétin ce garçon je te l'ai toujours dit il ne te mérite pas. » Jenny esquisse un petit sourire quand sa mère lui dit ça, c'est vrai que la première fois qu'elle a présenté Brad à ses parents ils ont tous deux eu un avis négatif sur le premier petit ami de leur fille. Ils ne le sentaient pas assez bien pour elle, mais ils ont abandonné leur avis en voyant leur fille si heureuse près de lui. « Il dit que c'est de ma faute parce que je ne veux pas... Enfin que je ne veux pas coucher avec lui... Est-ce que c'est mal ? De le faire attendre je veux dire ? » Elle n'aime pas trop aborder le sujet des relations sexuelles avec sa mère, non pas qu'elle soit particulièrement coincée mais elle se dit que c'est sa vie privée et ses parents respectent cette partie de la vie de leur fille, ils la savent assez mature pour se débrouiller seule. « Bien sûr que non mon cœur, tu dois attendre de tomber réellement amoureuse, tu ne souhaites pas brader ta virginité comme toutes ses petites trainées simplement parce que tout le monde le fait ? » Elle secoue la tête dans un geste pour dire non, elle n'a jamais eu l'intention de faire comme tout le monde, bien au contraire. « Tu sais ma mère me disait toujours, il faut embrasser beaucoup de crapauds avant de tomber sur le prince charmant. » Un sourire franc s'affiche sur les lèvres de la jeune blonde quand elle entend ça. Des crapauds, elle devra en embrasser un bon nombre pour pouvoir trouver son prince charmant alors. Elle en avait déjà embrassé un et au lieu de se transformer en prince il était devenu un connard. « C'est une bonne philosophie de vie je trouve. » Sa mère sourit à son tour et relâche son étreinte avant de remettre les cheveux de sa fille en place. « Et regarde maintenant j'ai un homme formidable dans ma vie qui m'a offert deux beaux-enfants, je l'ai eu mon prince. Est-ce que tu te sens mieux ? Je peux te faire une soupe et t'apporter de la glace comme lorsque tu étais petite. » Sa mère n'était plus aussi tendre maintenant que sa fille était une adolescente, non pas parce qu'elle ne l'aimait plus seulement pour elle Jenny était une adulte et elle la traitait de cette manière depuis longtemps. La négligeant peut-être un peu de temps en temps et oubliant qu'elle n'était pas encore tout à fait une adulte. « Merci ma petite maman. » L'entendre lui dire qu'elle allait lui faire une soupe comme quand elle était petite redonne le sourire à la jeune femme qui s'installe tranquillement dans le salon en attendant. Alors qu'elle attendait avec impatience cette soupe qui lui fera faire un petit voyage dans le passé elle entendit le cri de sa mère qui transperça le silence soudainement. Jenny se lève sans réfléchir et rejoint sa mère en courant dans la cuisine. « Maman !! Qu'est ce qu'il se... Tommy, qu'est ce qu'il s'est passé ??? » Elle y découvre son père devant la porte ainsi que son jeune frère âgé de treize ans seulement, le visage tuméfié par de nombreux bleus. « Pas envie d'en parler. » « Ton petit frère s'est battu d'après ce que le proviseur m'a dit. Il est exclu pour quelques jours. » Comme par habitude la jeune femme prend la main de son jeune frère et y découvre des marques sur les phalanges qu'elle cache à sa mère. Elle l'attire avec elle dans la salle de bains et le fait asseoir sur le rebord de la baignoire afin de soigner ses blessures. « Merci. » Tommy relève le regard vers sa grande sœur, surpris par ce soudain remerciement. « De quoi ? De m'être battu ? Je pensais que tu hurlerais plus que maman. » C'est vrai. Elle avait l'habitude de hurler plus que sa mère sur son frère quand elle le voyait rentrer dans cet état. C'était un bagarreur et ça depuis sa plus tendre enfance. « Je suppose que tu t'es battu avec Brad. » « Comment tu le sais ? » Elle hoche les épaules mais elle connaissait son frère sur le bout des doigts elle savait que jamais il ne laisserait qui que ce soit lui faire du mal. Autant physiquement que mentalement. Elle le savait parce qu'elle en faisait de même. « Parce que je te connais et que je sais que tu ne supportes pas qu'un garçon me fasse du mal. Qu'est-ce qu'il a dit sur moi pour que tu en arrives à utiliser tes poings de cette manière ? » Jenny savait que depuis sa rupture avec Brad des rumeurs circulaient sur elle. Elle n'y faisait pas attention et ne voulait pas en savoir plus mais elle se doutait que le fait d'avoir mis un coup de genou à son ex fût le déclenchement des hostilités, elle avait déclenché la guerre. « Des choses sans importance que je n'ai aucune envie de te raconter et que tu n'as pas besoin de savoir. Brad est un con et je ne pense pas qu'il s'approche une nouvelle fois de toi. » Un sourire attendri s'accroche sur ses lèvres et elle l'embrasse sur le front avec douceur comme lorsqu'il était enfant. « Tu l'as mis en pièces ? » Un fou rire se déclenche dans cette salle de bains, un fou rire que seul un frère et une sœur pouvait comprendre.


III. "Je suis mécaniquement vivant, puisque mes doigts bougent et que mes yeux clignent. Mais je suis rempli de vide."

« Mademoiselle Michaels ? Est-ce que nous pouvons nous entretenir quelques secondes avec vous ? » Jenny avait l'habitude de voir la police frapper à sa porte, depuis quelque temps ils n'arrêtaient pas de ramener son frère par la peau du cou. Il n'avait que quatorze ans mais son comportement commençait vraiment à empirer et personne à part sa sœur ne s'en souciait. Leur père avait été un petit voyou lui aussi autrefois et sa mère ne s'inquiétait que lorsque Jenny venait à se faire du souci pour son cadet. Elle prenait appui sur la jeune femme pour prendre les décisions qui concernaient Tommy. Las de devoir se justifier auprès de la police elle ouvre quand même la porte en grand, surprise de ne pas voir la frimousse de son jeune frère au milieu des policiers. « C'est à cause de Tommy ? Il a fait quoi encore ? Écoutez messieurs mon frère s'apporte beaucoup d'ennuis mais je vous promets que c'est un bon garçon, il est loin d'être un jeune délinquant il a juste besoin de trouver sa voie. » Trouver sa voie. Jenny se demande parfois pour quelles raisons elle continue de prendre la défense de son frère, il s'enfonce petit à petit dans la délinquance et au lieu de se secouer il continue avec le sourire, regardant de temps en temps sa sœur qui s'énerve contre lui. Parfois l'envie de l'abandonner est tellement forte qu'elle se sent mal d'y avoir pensé ne serait-ce qu'une seule seconde. Une seconde où elle se demande ce qu'elle ferait de ses journées si elle n'avait pas son frère à surveiller sans arrêt mais très vite elle se reprend, il est son frère et elle ne l'abandonnera jamais. Si ses parents ont abandonné elle, elle ne le fera jamais. « Non-mademoiselle ce n'est pas à propos de votre frère que nous sommes là. » Curieusement un mauvais pressentiment assaille cette demoiselle de seize ans et elle fait entrer les policiers avant de s'installer confortablement en face d'eux. « Qu'est-ce qu'il se passe alors ? » Gênés, ils tournent autour du pot alors que le mauvais pressentiment de la jeune femme s'accentue au fur et à mesure des secondes. Le plus vieux des deux finit par enfin ouvrir la bouche non sans se gratter la gorge plusieurs fois avant que les mots ne sortent enfin de bouche. « Hier soir à la sortie de la ville il y a eu un grave accident de voiture impliquant un couple et une autre famille. D'après ce que nous savons le chauffeur de la seconde voiture était ivre et a percuté le couple les tuant sur le coup. L'un comme l'autre. » Fronçant les sourcils Jenny ne voyait pas du tout ou cet homme voulait en venir, elle était très loin de la vérité. « Ce couple mademoiselle Michaels c'est vos parents... Nous sommes vraiment désolés. » Un rire rauque sort du fond de sa gorge quand le policier lui annonce cela le choc surement. « Non, ce n'est pas possible, j'ai eu mes parents au téléphone hier soir, ils se sont simplement arrêtés dans un hôtel pour dormir avant de revenir à la maison. Ils vont revenir. » Elle se relève du fauteuil prête à jeter à la rue les deux hommes pour appeler ses parents. « Mademoiselle Michaels... » Et soudainement c'est comme une douche froide qui lui tombe dessus, comme si d'un seul coup toute sa vie venait à s'écrouler sous ses pieds, elle perdait pied, le cœur au bord des lèvres, elle ne voulait pas entendre la suite, elle ne pouvait pas entendre la suite. C'est une véritable crise d'hystérie qui s'empare d'elle. « VOUS MENTEZ !!!!!!! ILS NE SONT PAS MORTS !!!! ILS NE ME LAISSERONT JAMAIS SEULE !!! ILS NE NOUS LAISSERONT JAMAIS SEULS. » Elle ne se rendait même pas compte que ce n'était pas rationnel ce qu'elle disait, ce n'était pas logique. Ses parents ne s'étaient pas enfuit loin d'elle, ils étaient simplement morts. Mort dans un accident de voiture. Ses membres se sont mis à trembler et ses jambes lui ont lâché alors que sa pudeur s'envolait au fur et à mesure que ses larmes coulaient à flot sur ses joues. « Où est votre frère aujourd'hui Mademoiselle ? » Tommy. Mon dieu, il fallait qu'elle se reprenne, pour lui. Il fallait qu'elle soit forte. C'est difficilement et en hoquetant que les mots sortent de sa bouche. « Chez un ami, je ne veux pas qu'il soit au courant, je veux lui dire moi-même, je veux y mettre les formes, s'il vous plait. » Elle voulait lui dire elle-même que leur parent n'était plus là, ne serait plus jamais là. Fini le rire de leur père. Terminé les diners de leur mère. Ils étaient seuls et pour toujours. « Très bien. Est-ce que vous avez de la famille ? Est-ce que vous pouvez dormir ailleurs ce soir ? » Elle se relève du sol, non sans difficulté et se rend compte que non, ils étaient vraiment seuls. Ce n'était plus la famille Michaels désormais, simplement Tommy et Jenny. « Je n'ai personne. Juste mon frère. » « Toutes nos condoléances. » Ce n'est pas avec ses mots que Jenny se sentira mieux, les policiers l'abandonnent là, dans son désarroi alors qu'elle fait le tour de la maison qui sera vide désormais. Prenant un cadre entre ses doigts elle admire la beauté de sa mère, les traits fins de son père. « Je n'ai que seize ans, vous m'aviez promis que je n'aurais plus besoin de jouer les adultes avant longtemps, je fais quoi maintenant ? J'abandonne et je laisse Tommy finir dans un foyer pourri pour qu'il termine en grosse brute sans cœur ? » Et c'est dans un violent coup de colère que le cadre s'est envolé jusque dans le mur en face d'elle, éparpillant sur le sol des morceaux de verre qui ne pourront plus jamais être recollés, tout comme son cœur. Elle a toujours pensé que son cœur s'était brisé après sa rupture avec Brad mais ce n'est que lorsque l'on perd un être cher qu'il se brise réellement. La nuit se passe doucement et difficilement, elle s'est écroulée dans la baignoire et c'est sous l'eau froide qu'elle continue à noyer ses larmes avant qu'elle ne s'arme de courage et qu'elle rejoigne son frère quand il arrive. « Mon cœur, quelque chose est arrivé... » Tommy qui semble toujours si fort, si courageux s'écroule auprès de sa sœur, furieux d'apprendre qu'il ne verra plus jamais ses parents et tout ça à cause d'un chauffard ivre. Ils passent la journée à pleurer ensemble et à discuter de l'avenir avant de s'écrouler de fatigue dans la chambre de Jenny. Au petit matin un hurlement strident réveille Tommy sursaute et voit sa sœur en proie avec une terreur nocturne. « Réveille-toi Jenny tu fais un cauchemar. » La jeune femme se réveille en sursaut, en sueur et court jusqu'à la chambre de ses parents. « Papa, maman !!! » Ce n'était qu'un cauchemar. Voilà ce qu'elle entend encore dans sa tête, ses parents sont vivants, ce n'était qu'un cauchemar. Malheureusement sur le lit ne se trouve que les vêtements que les enfants Michaels ont choisis pour le corps de leurs parents. La robe préférée de leur mère. Et le costume de leur père. « Ils ne sont plus là Jenny... » Ils se sont allongés ensemble dans le lit de leur parent attendant l'heure fatidique ou ils devraient les mettre en terre. Un dernier au revoir, une fleur sur le couvercle d'une boite et ils n'étaient plus de ce monde pour de bon. À la fin de l'office les deux enfants sont restés côte à côte, main dans la main. « Je t'aime Jenny. » « Moi aussi je t'aime Tommy. » C'est la première fois qu'ils se disent ses mots là.

« Mademoiselle Michaels, votre frère a été pris en plein vol à l'étalage le gérant n'a pas voulu porter plainte parce qu'il vous connait, mais il souhaite être remboursé pour les affaires volées. » Jenny soupire en entendant ça, voilà la troisième fois dans la semaine que Tommy est ramené par la police. Depuis la mort de leur parent il n'en fait qu'à sa tête et ne parle presque plus à sa sœur ainée. Il faut dire que la demoiselle ce débat avec deux boulots pour subvenir à tous leurs besoins. Quand ils ont appris la mort tragique de leurs piliers ils ont eu un choix à faire, Jenny était trop vieille pour vivre en foyer plus de quelques semaines et il était clair que Tommy ferait n'importe quoi avec les mauvaises fréquentations qu'il ferait dans ce genre d'établissement à seize ans il irait en prison si il continue sur ce chemin-là. C'est donc tout naturellement que Jenny a pris la relève, de toute manière elle a toujours éduqué son frère du mieux qu'elle le pouvait alors elle continuerait. Malheureusement autrefois elle n'avait pas besoin de travailler ses parents amenés assez d'argent pour vivre convenablement sans non plus rouler sur l'or. Aujourd'hui les choses étaient différentes et si pendant quelques semaines l'argent mis de côté par monsieur Michaels a permis aux deux enfants de voir venir ils n'y avaient plus rien de côté désormais et Jenny du haut de ses seize ans devait assumer les traites de la maison, l'électricité, la nourriture et son frère. Un choix qu'elle a fait sans jamais rechigner, abandonnant par la même occasion son rêve de devenir danseuse. L'heure n'était plus aux rêves il fallait revenir à la réalité et devenir encore plus responsable qu'autrefois. C'est donc tout naturellement qu'elle prend son portefeuille dans son sac à main.  « Bien sûr, il y en a pour combien. » Elle avait l'habitude de rembourser et de nettoyer derrière son frère elle n'était même plus surprise désormais. « 515 $ » Là par contre Jenny ne s'attendait surtout pas à une telle somme, son frère avait dépassé les bornes, ne détournant même pas le regard vers son cadet elle regarde directement le policier, surprise par un tel montant.  « 515 $ mais il a volé quoi ??? » Tommy soupire ce qui lui vaut un regard noir de la part de son ainée, il ne valait mieux pas qu'il ouvre la bouche maintenant, surtout pas. « Principalement de la nourriture, de l'alcool mais en voulant fuir le vigile de l'établissement il a fait tomber tout un rayonnage de bouteilles d'alcool qui se sont brisées sur le sol. Ainsi que la vitre à l'entrée du magasin. » Ça devenait de plus en plus terrible, il buvait alors qu'il n'avait que seulement quatorze ans ? Qu'est ce que ça sera bientôt ? La drogue ? Les prostituées ? Elle ne pouvait pas le laisser-faire mais elle ne savait pas quoi faire pour l'aider, le sortir de cette impasse. Elle savait que cette descente aux enfers venait de la disparition de leur parent mais Jenny aussi souffrait et pourtant elle ne volait pas dans les magasins et ne détruisait pas tous sur son passage.  « Est-ce que je peux lui faire un chèque je n'ai pas une telle somme sur moi. » Gêné le policier ne sait pas comment répondre à la demoiselle. Il la connaissait. Tout le monde ici connaissait les frasques de Tommy et l'inutilité de Jenny pour élever un enfant si torturer et généralement on ne se gênait pas pour lui dire ce que l'on pensait de sa vie quand elle passait dans les rues. « Il veut de l'argent liquide il connait votre problème d'argent justement. » Tout le monde connaissait ses problèmes d'argent ou quoi ? Un nouveau soupir franchit la barrière de ses lèvres et elle lui donne tout ce qu'il lui reste sur elle, soit 240$ l'argent pour faire les courses.  « Dites-lui que j'irais le voir demain avec le reste de l'argent. » Il hoche la tête et remet son chapeau avant de déposer un regard attendri sur la jeune femme et de jeter ensuite un œil à l'adolescent en pleine crise. « Très bien mademoiselle, et toi petit essaie de rester tranquille. » Un marmonnement ni plus ni moins. Une fois Tommy à l'intérieur la porte d'entrée claqua lourdement et les hostilités pouvaient commencer.  « Tommy putain, tu veux quoi à la fin ? Partir en prison ? Partir en foyer ? Je ne te reconnais plus depuis la mort de papa et maman. Comment je vais rembourser ce type ? 515 $ ??? Tu te rends compte je n'ai pas cette somme ! J'ai déjà du mal à joindre les deux bouts avec mes deux boulots. » Mais visiblement ça lui était égal, sa sœur pouvait bien cumuler quarante boulots par jour il s'en fichait totalement. Il se fichait de tout. « Tu n'as pas compris que le vieux porc veut juste que tu viennes le supplier pour coucher avec toi et qu'il oublie la dette ? T'as qu'à le faire comme ça plus de souci. » Et là contre toute attente la main de Jenny s'égare et se cogne violemment sur la joue de son frère totalement abasourdie. Jamais elle n'aurait levé la main sur son frère mais il était allé trop loin cette fois-ci, elle ne pouvait l'accepter.  « Je ne suis pas une pute je te le rappelle si tes souvenirs sont bons je suis ta sœur pas une de tes copines du lycée. Maintenant dans ta chambre et tu en sortiras que pour manger et tes cours, c'est tout. » Le jeune homme soupir mais obéit en hochant la tête. Épuisée par autant de travail Jenny s'écroule lourdement sur le canapé, elle ne se sentait pas les épaules pour assumer un tel travail. Elle n'y arriverait pas.

« Tient, fume ça. Ça ne te fera que le plus grand bien. » Le regard de la jeune femme dérive sur le joint que son amie tient entre ses doigts. Voilà un an que Jenny vit seule avec son petit frère et la jeune femme ne se sent plus aussi forte qu'au début. Elle s'effrite en silence, s'effondre sans se plaindre, le cœur à vif elle tente, vainement, de ne pas perdre la face devant tout le monde mais la vérité c'est qu'elle ne peut se reposer sur personne. Personne ne peut comprendre ce qu'elle ressent, même si ses amis essaient ils ne comprendront jamais ce qu'elle ressent en ce moment. La perte de sa famille a été difficile mais la vie sans eux est encore plus compliqué, la voilà seule dans un monde d'adulte et ses épaules ne sont pas assez solide pour supporter le poids de toutes les responsabilités qu'elle doit désormais affronter sans l'aide de quiconque. Si Tommy lui a toujours juré d'être là pour elle il n'en fait rien aujourd'hui et préfère se défoncer et picoler dans un coin laissant son ainée dans l'embarras à chaque fois. La gifle qu'elle lui a mise un an auparavant ne l'a pas réellement calmé et elle continue d'essuyer ses erreurs d'adolescents sans rien dire même si la situation la pèse. La tentation de prendre ce poison entre ses doigts se fait plus grande que jamais ce soir, cela fait un an pile que ses parents sont partis pour un autre monde et la terreur d'être seule à jamais contre le monde écrase son cœur contre le bitume plus violemment que d'habitude. « Ce n'est pas vraiment mon style Erica, je préfère rester aux simples cigarettes et à cette bière avant de rentrée chez moi, mon frère ne va pas tarder. » Son frère. Voilà pour quelle raison Jenny ne s'effondre pas, c'est à cause de son frère. Quand le matin le réveil sonne et qu'elle est rattrapée par la douleur elle pense à Tommy et se dit que si elle s'effondre devant lui il ne voudra jamais s'en sortir, il continuera à vivre dans l'obscurité alors qu'elle essaie de le tirer dans la lumière avec elle. C'est grâce à lui qu'elle continue à respirer, comment aurait elle réagit si elle avait été seule ? Elle se serait noyée, elle se serait écroulée et ne serait jamais remontée. Elle n'avait pas le droit de faire ça à son jeune frère. « Tu n'en as pas marre de t'occuper de ce gosse qui ne fait que ce que bon lui semble ? T'es encore une gosse toi-même et tu n'as jamais rien essayé, je suis que tu n'as même jamais pris de cuite. » C'est vrai, sa jeunesse avait disparu le jour où elle s'était émancipée et qu'elle était devenue la tutrice légale de son frère. Elle n'a jamais bu, elle n'est jamais sortie tard le soir pour danser, elle n'a jamais eu le temps de séduire les hommes, tout ce qu'une adolescente normale pouvait faire normalement. Elle était toujours sous contrôle, ne se laisser jamais aller de peur de ne plus pouvoir revenir en arrière et de ne pas être assez forte pour reprendre le dessus ensuite. Mais qui a besoin d'alcool pour vivre ? Qui a besoin de sortir entre amis pour vivre une vie épanouie ? Qui a besoin d'homme pour sourire ? Pas elle en tout cas. C'est ce qu'elle se dit chaque matin en sortant du lit. « J'ai la tête de quelqu'un qui a besoin de prendre une cuite ? J'ai juste besoin de repos parce que demain je bosse contrairement à toi, alors tchao. » Elle se lève de son banc et dépose sa bière au fond de la poubelle. Alors qu'elle s'apprête à partir chez elle, elle sent son téléphone sonner dans sa poche. Elle le sort et lit le sms que son jeune frère lui envoie, quelques mots qui vont changer toute sa vie entière sans qu'il ne s'en rende compte. « Qu'est-ce qu'il se passe ? » Jenny soupire en remettant son téléphone au chaud dans sa poche, ne prenant même pas la peine de répondre à Tommy. Elle se rassoit auprès de son amie et glisse ses doigts sur le joint avant de tirer dessus. « Mon frère reste chez un ami ce soir, je suis seule à la maison. » Comment pouvait-il être aussi égoïste ? Ce soir n'était pas une soirée comme les autres et elle ne pouvait pas rester seule, il le savait mais s'en fichait préférant la compagnie de ses amis, plus idiots les uns que les autres. Ce n'est pas de la tristesse qui envahit la demoiselle mais de la colère, de la colère contre elle-même d'avoir abandonné sa vie pour un frère qui n'était pas capable de l'aider. De la colère contre son frère, qui ne lui était d'aucun soutien. De la colère contre le monde qui la regarde en prenant les paris pour savoir quand elle va s'écrouler pour de bon. C'est en glissant ses lèvres sur le goulot de cette bouteille de whisky qu'elle s'abandonne totalement. « À la tienne ma belle. » Un sourire s'accroche sur ses lèvres avant que le nectar ne glisse à l'intérieur de son organisme. Première cuite. Première crise de rire avec son amie. Elles ont terminé nues dans une fontaine. Le reste de la soirée reste sombre dans son esprit, elle ne se souvient que d'une chose, elle n'avait jamais été aussi vivante que cette nuit-là. Ce que Jenny ne savait pas à ce moment-là c'est que le bonheur qu'elle avait ressenti dans la nuit n'était qu'éphémère, n'était que poudre aux yeux, au petit matin une migraine lui dévorer le cerveau alors que ce sentiment de déception et de tristesse revenait plus violent que jamais. La déchéance est arrivée à ce moment précis, lorsque ses lèvres se sont posées sur cette bouteille d'alcool, animant en elle ce besoin de destruction, ce désir puissant de ne plus être la même Jenny qu'autrefois. Laissant son frère seul, sans aucun remords pour la première fois. Rapidement ses nuits et ses journées se sont transformées, elle travaillait toujours mais revenait défoncée le soir, parfois saoule aussi, elle ne faisait plus rien à la maison se contentant de dépenser leur argent dans la drogue et l'alcool. Voilà trois mois que le gouffre s'est ouvert sous les pieds de Jenny et allongé sur le sol de sa chambre elle admire le plafond et toutes ses nuances en souriant. « T'es encore défoncé Jenny ? Putain y a rien à bouffer dans cette maison ! Bouge-toi bordel ! » Elle agite la main en riant avant de relever le regard vers son frère. « Ferme là Tommy. » Il n'avait rien à lui dire il faisait la même chose, pourquoi devait-elle toujours être la fille responsable alors que lui, il s'amusait sans arrêt ? Rapidement Tommy s'est rendu compte de ce que son attitude avait apporté à son ainée et il s'est mis un peu de plomb dans la tête, peut-être un peu trop tard pour le coup. Il a travaillé à l'école, ne volait plus dans les magasins et travaillait même un peu le soir. Son travail n'était en rien légal mais il amenait de l'argent pour vivre. Mais rien y faisait Jenny semblait simplement s'enfoncer de plus en plus, sans espoir de non-retour. « Jenny, ma belle, qu'est-ce qu'il se passe, tu sais je ne suis pas qu'une simple assistante sociale je suis aussi ton amie. » Cela faisait six mois que les choses avaient changés et Jenny approchait de ses dix-huit ans, elle n'était plus la même, semblait morte de l'intérieur, le contre coup de la mort de ses parents surement. L'alcool régissait sa vie et elle n'avait aucune envie de s'en sortir. « Je vais bien ok ? Alors ne me prenez pas la tête ! » Son ton agressif elle ne l'avait jamais encore eu auparavant sauf avec son frère. La colère qu'elle ressentait était telle qu'elle n'arrivait plus à la surmonter et à la cacher, elle s'en prenait à tout le monde, même à ceux qui l'ont aidé par le passé. « Ils vont t'enlever ton frère si tu continues, il va partir vivre loin de toi, loin de cet environnement toxique que tu lui offres, ils vont t'empêcher de le voir et tu seras totalement seule cette fois-ci. Complètement. C'est ce que tu souhaites ? » Et ce sont ses mots plus que n'importe quelle autre supplication de son frère qui l'ont sorti de sa torpeur. S'accrochant devant le miroir elle admire les cernes venant de ses nombreuses nuits de folies avec ses amis, avec des hommes aussi. Sur son bras elle se retrouve avec des marques de mains, faites par son dernier amant un peu trop brusque et son œil porte la trace de la femme de ce monsieur, elle ne savait même pas qu'il était marié. Jenny n'était plus que l'ombre d'elle-même, elle se devait de changer de vie, rapidement avant de perdre pied de manière irrémédiable. Qu'est-ce que ses parents penseraient d'elle s'il la voyait de la haut ? Rien de bien en tout cas.


IV. "Aujourd'hui, les gens savent le prix de tout et ne connaissent la valeur de rien."

« Chéri j’ai quelque chose d’important à te dire. » Le sourire aux lèvres Jenny se balade en sautillant à moitié dans la maison qu’elle partage avec Clyde, son fiancé depuis trois ans maintenant. Les choses ont bien changé depuis ses dix-huit ans, la douleur d’avoir perdu ses parents a fini par s’estomper en douceur, son frère s’est calmé et la drogue ainsi que l’alcool est parti de tout son organisme. Ce fut difficile, elle a dû faire appel aux alcooliques anonymes pour être sûre de s’en sortir mais aujourd’hui elle est totalement clean et ceux depuis presque cinq ans déjà, quand l’assistante sociale est venue chez elle ça lui a mis un tel coup sur la tête qu’elle a fini par se secouer immédiatement. Une bonne chose finalement. Il y a trois ans elle a rencontré Clyde dans cette boite de nuit où elle travaillait, il venait se détendre et elle, elle dansait et servait les clients. Elle ne faisait pas de strip tease ou de danse dans ce genre non, elle était là simplement pour mettre de l’ambiance et il a craqué sur cette jolie blonde, sur cette grâce qu’elle dégageait et sur ce sourire à tomber par terre. Les choses n’ont pas été simples entre eux, il a ramé un moment avant qu’elle ne lui accorde plus que quelques paroles, ils sont tombés amoureux, se sont installés ensemble et il y a six mois Clyde l’a demandé en mariage dans un parc magnifique sous la lueur de la lune. Un moment inoubliable qui restera graver dans la mémoire de Jenny pour toujours. Aujourd’hui les choses se sont un peu détériorer Clyde est devenu plus distant avec Jenny sans qu’elle ne sache la vraie raison. Il travaille beaucoup. Il fait des heures supplémentaires et rentre épuiser de ses déplacements. Elle, elle reste toujours aussi aimante. Et fidèle à elle-même, c’est-à-dire, particulièrement naïve. « Moi aussi j’ai quelque chose à te dire, mais je t’en prie commence. » Elle s’assoit sur ses genoux et dépose ses lèvres sur les siennes avant de sourire de toutes ses dents et d’ouvrir enfin la bouche. « Je suis enceinte. » Ce bébé elle le voulait de toutes ses forces, c’était comme une deuxième chance, elle n’avait pas réussi à sauver Tommy de lui-même, aujourd’hui il était majeur et continuer ses embrouilles sans que Jenny ne puisse y faire quelque chose, néanmoins ils avaient une relation fusionnelle maintenant qu’elle n’était plus sa tutrice et vivait assez bien c’est tout ce qui comptait pour cette grande sœur toujours inquiète pour le destin de son frère. Son petit ami, lui, reste silencieux face à cette annonce. Il la soulève et se lève en même temps prenant appui sur le bar non loin de là pour lui annoncer sa nouvelle. « Je te quitte. » Le sourire radieux de Jenny s’estompe immédiatement elle pouvait s’attendre à tout de Clyde mais pas à ça. Leur couple battait un peu de l’aile certes mais ce bébé il le voulait ensemble. « Euh, si c’est une blague ce n'est vraiment pas drôle. » Il soupire. Comme si d’un seul coup il était las d’entendre sa fiancée. « Ce n’est pas une blague, écoutes, je ne t’aime plus et cela depuis quelques mois déjà, j’attendais le bon moment pour te dire la vérité. » Elle se met à rire en l’entendant dire cela, le bon moment. Est-ce le bon moment aujourd’hui de lui donner un coup de massue sur la tête ? « Et tu trouves que le jour où je t’annonce ma grossesse c’est le bon moment ? »  Il hoche la tête, effectivement pour lui c’était pile le bon moment pour lui dire adieu. « Oui. Je ne veux pas que tu te fasses de fausses idées. » « Elle s’appelle comment ? » Sa naïveté avait des limites et elle a tout de suite compris qu’il se fichait d’elle depuis un moment déjà. « Qui ça ? » Jenny relève les yeux vers lui, cette conversation elle l’a déjà eu il y a longtemps, avec Brad, son premier amour, elle n’avait aucune envie de revivre ça. « Ne me prends pas une idiote en plus, elle s’appelle comment la femme pour qui tu me quittes ? » Il entortille ses doigts autour d’un simple stylo comme si c’était le saint Graal et qui lui donnerait la réponse attendue. « Amanda. » Le visage de la jeune femme se transforme, mortifiée par l’annonce de ce prénom qu’elle connaissait par cœur. « Amanda ? Comme Amanda ma meilleure amie ? » De nouveau, il hoche la tête et ce n’est pas de la tristesse qu’elle ressent mais de la colère, toujours cette même colère enfouit qu’elle retient encore au fond d’elle. « Je n'en reviens pas, tu vas m’abandonner alors que nous sommes ensemble depuis trois ans et que je suis enceinte de deux mois, je vais faire quoi toute seule ? Tu vas faire quoi avec ce bébé ? » Ce bébé n’avait rien demandé mais il était là désormais et hors de question qu’elle avorte parce que son père ne savait pas ce qu’il voulait vraiment. « Qu’est ce qui me dit que ce bébé est le mien d’abord ? » Jenny avait de nombreux défauts mais elle n’était pas infidèle, loin de là, une gifle s’abat sur le visage de son futur ex fiancé quand il lui dit une telle horreur, comment avait-elle pu se tromper de cette manière ? Encore une fois. « DEGAGE !!!!!!!!!!! » Et c’est après un dernier détour dans sa chambre qu’il abandonne Jenny et ce petit bout qui pousse au fond d’elle. Sa lueur au bout du tunnel.

« Espèce de garce, tu as gardé le bébé de Clyde pour le retenir auprès de toi c'est ça !! » La voix familière de son ex meilleure amie s'élève alors dans l'hôpital. Les gens autour de Jenny se sont tous retournés vers la jeune femme au ventre arrondi. Ils se sont sans aucun doute poser des questions et se sont demandés des deux femmes, qui est la femme trompée et qui est la maitresse. Mais la vérité c'est que la maitresse avait le culot de venir la bouche en cœur rencontrer Jenny après qu'elle se soit envolée quelques semaines avec son amant abandonnant la jeune femme et son bébé par la même occasion. Contre toute attente Jenny n'était pas du tout triste, bien sûr le coup bas de son ex était dur pour la demoiselle mais savoir qu'elle n'était plus seule au monde lui faisait un bien fou et c'est pour son bébé qu'elle a abandonné sa rancune et sa colère envers le monde pour vivre heureuse avec lui. Il pousse d'ailleurs tout doucement dans son ventre, arrondissant ses formes. « Non mais tu ne vas pas bien Amanda va te faire soigner. » Même si Clyde et elle n'était désormais plus ensemble Jenny lui donnait des nouvelles de son enfant comme une idiote, elle ne cherchait pas à garder son ex elle voulait seulement faire ce qui lui semblait juste, comme toujours. Les doigts d'Amanda s'accrochent violemment au bras de Jenny qui se lève pour abandonner la salle d'attente de l'hôpital. Par ce geste elle s'octroie les foudres de Jenny. « Et lâche moi le bras avant que je te casse les doigts. » Les hormones de la jeune femme faisaient d'elle une véritable bombe nucléaire si dans l'intimité elle était toujours souriante et épanouie la vue de son ex meilleure amie ramène un double démoniaque de la jeune blonde. Un double qu'il ne vaut mieux pas énerver sous peine de violente répercussion. « C'est que la petite sainte ni touche se secoue un peu les puces, qu'est-ce que tu as, t'en as marre de te faire marcher dessus ? T'en as marre d'être le paillasson de tout le monde ? Remue-toi ! On n'est pas dans un conte de fées. La vie ce n'est pas tout rose. » Comme si Jenny ne le savait pas elle avait côtoyé l'enfer un bon nombre de fois depuis ses seize ans elle connaissait la vie comparée à cette petite princesse des beaux quartiers, elle savait mieux que quiconque que la vie n'est pas rose et n'est pas un conte de fées. Une folle envie de lui faire fermer son claquet lui prend soudainement et c'est sur un ton doux et charmeur qu'elle finit par dire ses quelques mots. « Il ne pense pas trop à moi quand il te touche ? Il m'a toujours dit qu'il n'oublierait jamais mes courbes et ma peau. Tu arrives à le tenir en laisse où il te trompe déjà ? » Un côté provocateur que la jeune femme n'utilise jamais, un sourire s'accroche à ses lèvres quand la jeune idiote s'arrête de parler immédiatement. Bien entendu Clyde continuait de voir d'autres femmes. C'était un coureur de jupons et il le sera toujours, Jenny se demande souvent combien de fois il a pu la tromper avant de fuir avec Amanda. Des dizaines ? Des centaines de fois ? Peut-être bien. Ça lui était égal aujourd'hui mais elle ressent une grande satisfaction de savoir que pour Amanda c'était la même chose. « Ahhhh je comprends mieux ta soudaine intrusion ici. Tu sais qu'il me supplie sur mon répondeur de le reprendre ? Il me jure qu'il n'aime que moi et qu'il veut toujours vivre auprès de moi ? Tu n'étais qu'une simple passade, une simple histoire de sexe. » Et c'était la vérité, Clyde l'appelait depuis deux mois jours et nuits en la suppliant sur tous les tons de le reprendre, qu'il l'aimait comme un fou. Il se mordait les doigts d'avoir été assez bête pour la quitter elle et son bébé mais rien y faisait Jenny avait tiré un trait sur cet homme qui lui avait offert un nouveau cœur brisé. Elle lui était pourtant reconnaissante d'avoir fait d'elle une femme plus sûre d'elle et bien sûr de lui avoir donné ce bébé qu'elle rêvait d'avoir. « Ta gueule ! » Un sourire moqueur montre le bout de son nez avant qu'elle ne sorte de la salle et se dirige vers les escaliers, suivit de la furie derrière elle. Consciente que pour avoir la paix elle se devait de mettre un dernier point au clair Jenny s'arrête et se retourne vers la jeune femme. « Tu pourras lui dire qu'il aille au diable. Je ne vais pas me remettre avec une pourriture dans son genre. Et toi j'espère que tu souffriras autant que moi il y a deux mois. » Mais ça c'est sans compter le côté pervers d'Amanda qui ne trouve rien de mieux que de pousser Jenny dans les escaliers l'abandonnant à son triste sort alors que les gens se réunissaient devant le corps inerte de la jeune blonde. Lorsque ses yeux se sont ouverts, il y avait dans la chambre d'hôpital un médecin trainant au dessus d'elle et son frère qui serrer sa main en souriant tristement. « Mademoiselle Michaels... Doucement vous avez fait une sacrée chute dans les escaliers de notre hôpital, comment vous sentez-vous ? » Elle se fichait de savoir comment elle allait, la seule question qui lui est venue à l'esprit c'était de savoir comment son bébé allait lui. « Mon bébé ? » Le silence du médecin n'annonce rien de bon et le visage blême de Tommy non plus. « Jenny... » Pas besoin d'en dire plus, la voix de son jeune cadet était suffisante, elle se souvient qu'elle avait utilisé cette même voix pour lui annoncer le décès de leur parent. Elle avait perdu son bébé. « Non... Non ce n'est pas possible. » Et c'est dans un mutisme complet que la jeune femme s'est enfermé après sa fausse-couche, elle n'est jamais retombée dans l'alcool ni rien de ce genre mais elle n'utilisait son langage que lorsqu'elle y était obligée sinon elle restait stoïque et muette. Prostré dans son silence elle s'est isolée, son frère l'a emmené avec lui chez lui et a pris soin d'elle par peur qu'elle se fasse du mal. Mais l'envie d'avoir un enfant était tellement intense chez cette femme qu'elle a fait plusieurs inséminations artificielles qui se sont révélées inutiles. C'est pour cela qu'elle a fini par faire des tests de stérilité se demandant si sa fausse-couche n'avait pas fait échouer toutes ses chances de maternité. Le gynécologue en face d'elle lisait son dossier sans lever le regard vers Jenny, cela n'annonçait rien de bon généralement. « Nous avons fait les tests que vous souhaitiez et ils révèlent votre soudaine incapacité à concevoir un enfant. Vous êtes stérile mademoiselle Michaels. Je suis désolé. » C'est dans ce silence qu'elle est rentrée chez elle et qu'elle s'est assise sur le canapé près de son frère. Toute la soirée elle a fixé le mur comme si d'un moment à l'autre il pouvait lui offrir une réponse digne de ce nom. Ce n'est que le lendemain matin, alors que son frère l'avait rejoint sur ce canapé qu'elle a enfin ouvert la bouche, volontairement, pour la première fois en quatre mois. « Je n'aurais jamais d'enfant Tommy, c'est une punition. » Surpris, Tommy se demande de quelle punition sa sœur pouvait bien lui parler, elle n'était pas la pire des femmes bien au contraire. « Une punition ? Une punition pourquoi ? » Elle hoche les épaules. Las de s'expliquer sans arrêt. « Parce que je ne serais pas une bonne mère, je n'ai jamais réussi à t'élever correctement. » Il déglutit et c'est à ce moment précis qu'il comprend réellement ce qu'il a fait subir à sa sœur toutes ses années. « Pardonne-moi Jenny, je te promets que tu n'es pas une mauvaise mère, tu as pris soin de moi-même quand j'étais dans un précipice sans nom, je t'en serais toujours reconnaissant. Je t'aime tu le sais au moins. » Mais la jeune blonde n'était pas capable de lui rendre la pareille. Trop bouleversé et pourtant elle l'aimait son frère c'était une évidence.


V. "Ce n'est pas aimer à nouveau qui me fasse réellement peur, mais souffrir à nouveau d'avoir aimé quelqu'un comme toi."

« Tu es complétement dingue ! » Le rire cristallin de la demoiselle se fait entendre dans la rue alors qu'elle court sous la pluie de Chicago. Le temps est passé et ses blessures se sont pansées en douceur, elle revit et cette fois-ci elle n'a pas eu besoin de l'aide d'un quelconque homme comme la première fois. C'est Tommy qui l'a remise sur pied, il a été un frère prévenant, le frère qu'il aurait dû être autrefois pour que la jeune femme ne s'effondre pas. Même s'il continue ses bêtises Jenny ne le juge plus, elle sait que ça ne sert à rien il est assez grand pour savoir ce qu'il fait. Désormais il n'est plus seul, il a rencontré il y a quelques mois un homme plus vieux de douze ans son ainé qui lui a montré la voie de l'illégalité sans pour autant être en danger. Sa sœur ne lui pose aucune question, elle ne veut pas savoir ce qu'il fait et avec qui néanmoins Tommy a décidé de lui présenter son « père » de substitution Christopher. C'est d'ailleurs avec lui que la jeune femme âgée de vingt-cinq ans court dans les rues. Ils arrivent enfin devant l'appartement de la demoiselle frigorifiée certes mais heureux. « Seulement dingue de toi Jenny. » Un frisson court le long de son échine en l'entendant dire cela. Le charisme de cet homme la fait fondre mais elle a bien trop peur de se tromper et d'être blessée une nouvelle fois qu'elle se retient depuis des semaines de répondre à ses avances. C'est un danger pour elle, un homme à femmes, un charmeur, une tentation qui pourrait se révéler douloureuse pour la blonde. « Arrêtes, je suis sûre que tu as toutes les femmes que tu veux à tes pieds. » Et c'était vrai Chris était âgé de trente-cinq ans il était séduisant, s'exprimer avec finesse et manier l'art du langage comme personne. Il devait avoir la moitié de Chicago à ses pieds.Son côté un peu dangereux le rendait bien plus séduisant pour toutes les femmes y compris pour Jenny qui ne souhaitait pas se bruler les ailes dans une relation autodestructrice. « Et c'est toi que je veux, pourquoi tu ne me laisses pas entrer là ? » Ses doigts glissent le long de son cou en douceur afin d'atteindre son cœur, de nouveau un frisson la laisse pantoise pendant quelques secondes. Cet homme était doué et savait raviver son cœur pourtant mort depuis longtemps.« Parce que mon cœur a assez souffert Christopher, il est détruit et en miette je ne veux pas souffrir une nouvelle fois, je ne le supporterais pas. Tu comprends ? » Il hoche la tête et glisse ses doigts sur la joue de la demoiselle. Son cœur s'emballe pour la toute première fois de sa vie. « Qui te dit que je te ferais du mal ? » Et contre toute attente en entendant ses paroles et en voyant son sourire, elle se met à rire, ce n'était pas de la moquerie seulement, elle ne le croyait pas capable de fidélité. Même avec elle. « Avec ton regard de bad boy et ton sourire de charmeur je doute que tu te contentes de la simple petite serveuse que je suis. » Elle ne se rabaissait pas c'est simplement qu'elle n'était rien d'autre qu'une petite serveuse de bar qui filait une vie droite et sans reproche, rien de plus. « Ne te rabaisse pas, tu es tellement plus important que ça pour moi. Quand je te regarde je vois une femme forte, une femme indépendante qui sait tirer parti de tout son malheur pour continuer à vivre. » « Je ne suis pas comme ça. » Elle s'était écroulée par deux fois dans le passé, une fois dans le nectar ambré du whisky et une seconde fois dans un mutisme prolongé. Alors non elle ne se servait pas de son malheur pour vivre. Bien au contraire. « Tommy m'a racontait tout ce qu'il s'est passé depuis ton adolescence, la mort de vos parents, ton addiction à la drogue et à l'alcool, ta rupture douloureuse, ta fausse-couche. Tu es forte Jenny bien plus forte que toutes les femmes qui se sont dressées un jour sur ma route et c'est ça qui te rend si spéciale. » Tommy allait avoir le droit à un bon savon en rentrant elle ne souhaitait pas parler de tous ses problèmes, certes Chris faisait beaucoup de bien à son frère mais il n'avait pas besoin de lui raconter ses erreurs et toutes les épreuves qu'elle a endurées durant sa courte vie.  « Les hommes ne sont ils pas attirés que par ce qu'ils ne peuvent pas avoir ? » « C'est un mensonge ça. » Il s'approche d'elle avec tendresse et son regard dérive sur les lèvres de la jeune femme, Jenny sent son souffle se couper alors qu'elle approche le visage près de celui du jeune homme. Avant de déposer ses lèvres sur les siennes elle lui susurre quelques mots près des lèvres. « Ne me fais pas de mal... » Un sourire attendri se glisse sur ses lèvres alors qu'il dépose un baiser fugace sur la bouche de sa partenaire. « Je te le jure. » Et cette fois-ci c'est Jenny qui scelle son destin avec un baiser passionnée, un baiser dévorant, elle n'avait jamais eu autant envie d'un homme avant Christopher.

U.C.


IV. "Finalement, se résoudre à la fugacité des rencontres et se souvenir sans pleurer, c'est profiter de chaque instant, c'est avoir compris la vie, c'est avoir grandi."

U.C.