(✰) message posté Lun 10 Nov 2014 - 0:06 par Invité
Le trajet en voiture du bar jusque chez moi ne dura pas plus de cinq minutes, mais il ne m’en fallut pas plus pour que le mélange des nombreux alcools que je venais d’ingurgiter ce soir ne finisse par me rendre complètement malade – sans compter les différentes émotions par lesquels je venais de passer tout au long de cette soirée qui n’arrangeait absolument pas les choses… Et une fois que le taxi fut payé et qu’il repartit en direction des bars vers lesquels il était sûr et certain d’y trouver des clients, je m’accroupis dans un coin sombre, le tête baissée vers le sol et les mains prenant appui sur l’un des murs extérieurs de mon immeuble, prêt à régurgiter tout le contenu des verres que j’avais pu boire durant cette soirée. Je fermai alors les yeux et tentai de respirer lentement de grandes bouffées d’air frais, mais mon estomac n’en finissait pas de se tordre dans tous les sens à cause du refus de l’absinthe, de la bière, du rhum, du gin et de la vodka de cohabiter pacifiquement dans mes entrailles… Et non content d’avoir un estomac accro aux montagnes russes, une douleur que je ne connaissais malheureusement que trop bien retentit soudainement dans ma poitrine, s’ajoutant alors au malaise auquel je tentais déjà de faire face… Ce fut comme si quelqu’un venait d’enfoncer sa main à travers ma poitrine afin d’atteindre mon cœur et de le serrer aussi fort qu’il lui était possible de serrer. Je regrettai alors de mettre laisser envahir par ces sentiments indéfinissables que j’avais pu ressentir en présence de Nate et de son petit copain et qui m’avait malheureusement affaibli au point que j’en avais un peu trop dit au barman lorsqu’il était venu prendre de mes nouvelles dans les toilettes pour hommes de ce bar où nous avions passé la soirée… Et le seul moyen que je trouvais pour ne plus penser à cette douleur fulgurante qui tonnait dans ma poitrine fut de cogner de toutes mes forces le mur sur lequel j’étais appuyer depuis tout à l’heure de mon poing droit, externalisant alors toute la rage que j’avais pu ressentir jusque-là contre Tristan, Nate, mais aussi et surtout contre moi-même…
Et je continuai à frapper, encore et toujours, ce mur qui n’avait rien demandé, tandis qu’une moto était en même temps en train de se garer devant mon immeuble sans que je ne fasse réellement attention. La rage que je ressentais à cet instant couvrait la douleur de mon poing qui commençait à saigner et ce n’est que lorsque quelqu’un m’arracha à cette paroi dure et froide – tout comme moi – que j’arrêtais finalement les coups. Je me blottis alors contre mon meilleur ami qui me prit dans ses bras, des larmes de rage à la limite de mes yeux que je refusais de laisser couler le long de mes joues.
- Dis-moi que tu ne m’abandonneras pas, toi, fis-je de manière à peine audible à l’oreille de Rafael. Dis-le-moi…
(✰) message posté Lun 10 Nov 2014 - 1:00 par Edwin Turner
Through the dark
ft. Rika Alvares && Tyler J. Lewis && Sharona K. Garcia-Brown
Samedi 25.10.2014 • Hammersmith
Les messages de Nate me rassuraient pas vraiment, l'absence de réponse de Tyler encore moins. Je sais pas ce qu'il s'est passé, encore, dans ce bar, mais je me fais aucune illusion quant au fait que ça n'ait pas été glorieux. J'ai pas tout suivi, évidemment, mais quelque chose me dit que le petit jeu du barman pour rendre jaloux Rox a été trop loin. A la base, sincèrement, je crois que ça aurait pu marcher. Pour que Tyler m'envoie le sms qu'il m'a envoyé, c'était clairement qu'il appréciait pas de voir Nate avec un autre gars. Ce qui signifiait tout aussi clairement qu'il l'appréciait au moins un minimum. Et vu les sentiments du barman pour mon meilleur ami, ça aurait franchement été cool, qu'ils finissent par se retrouver ensemble, ces deux-là. Manifestement, c'était pas pour ce soir, et je sais pas si ça aura jamais lieu.
J'avais mis le vibreur de mon tél au max, dans la poche intérieure de mon blouson pour pouvoir le sentir même sur la route, et je me suis arrêté à un feu pour lire le dernier message reçu quand il a vibré. Nate m'informait qu'ils avaient quitté le bar, chacun de leur côté, et j'ai pris le parti d'aller droit chez Ty. Ce qui était manifestement pas une mauvaise idée, parce que je l'ai trouvé accroupi, devant les excédents alcoolisés de cette soirée, à frapper contre le mur à s'en bousiller la main. J'ai pas cherché plus avant, j'ai même pas enlevé mon casque, simplement arrêté le moteur de ma bécane, stationnée à peu près au même emplacement qu'à chaque fois que je viens ici, et je suis venu vers lui, arrêtant son poing qui martelait la pierre et l'attirant à moi. Il y a qu'à ce moment-là, que je me suis décidé à retirer mon casque, tant bien que mal, et à le laisser à côté de nous en prenant garde à l'endroit où je le posais tout de même.
Et je crois qu'il y a bien peu de personnes qui imagineraient la scène qui ses déroule à cet instant. Pour la plupart des gens, Ty est un être sans coeur, froid et distant avec tout le monde. Ce qu'ils ignorent ou oublient peut-être, c'est qu'on reste tous humains et que quelle que soit la façade qu'on montre au monde entier, quelle que soit la carapace qu'on se forge, il y a toujours un coeur qui bat dans notre poitrine. Celui de mon meilleur ami n'est pas différent des autres, il le cache juste beaucoup plus farouchement que la plupart des gens. Et ce soir, visiblement, il est en miettes, à nouveau.
« Dis-moi que tu ne m’abandonneras pas, toi. Dis-le-moi… - Jamais, Rox. Je serai toujours là. »
Je l'ai serré contre moi, un moment, sans rien dire, le coeur serré à mon tour. J'aime pas le voir comme ça, j'aime déjà pas ça pour la terre entière, et je suis malheureux par empathie pour tout le monde en général, mais quand ça le touche, lui, c'est pire que tout. Je tente de pas trop me laisser submerger, pourtant, au moins pas là, pas tant qu'on n'a pas fini par remonter chez lui, mais c'est plus facile à dire qu'à faire. Au bout de quelques minutes, cependant, je reprends la parole, une boule désagréable au fond de ma gorge.
« Viens... On rentre... »
Une main sur mon casque, l'autre reste autour des épaules de mon ami même sur l'ascension des trois étages menant chez lui, et je nous ouvre la porte, naturellement. Je suis pas chez moi, mais c'est tout comme après tout. Et autant je m'impose pas en règle générale, autant là, c'est pas vraiment un soir comme les autres.
J'ai refermé la porte à clef derrière nous, et on s'est laissés tomber dans son canapé. J'ai un peu hésité à poser la question fatidique mais je suppose que s'il a besoin d'en parler, il y a plus de chances qu'il le fasse maintenant que dans quelques jours où il dira certainement que c'est juste une autre preuve comme les autres, avec l'air dédaigneux qu'il peut prendre dans ces cas-là, pour éviter de montrer qu'il est blessé.
« Tu veux en parler ? Qu'est-ce qu'il s'est passé ? »
Parce qu'à la base, tout ce que je suis censé savoir, c'est que Nate dansait avec un autre gars... Mais... et après ? Ok, j'en sais un peu plus en réalité, mais puisqu'il est pas censé le savoir...
« Mais si on commençait par s'occuper de ta main ? »
J'ai pas vraiment attendu de réponse, lui laissant le temps finalement de se décider quant à ce qu'il voudrait répondre à ma question sur cette soirée manifestement lourde, et je me suis dirigé rapidement vers la salle de bains, où je sais pouvoir trouver le nécessaire. Où je réalise aussi la présence d'objets un peu trop féminins pour lui, et je fronce les sourcils un instant, gardant cette question-là pour plus tard. Et quand je reviens dans le salon, c'est sans ajouter quoi que ce soit, m'occupant simplement en silence de soigner son poing blessé, lui laissant tout le loisir de se décider à vider son sac ou non.
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(✰) message posté Mar 11 Nov 2014 - 23:37 par Invité
J’avais l’impression que cela faisait une éternité que je n’avais pas ressenti ces émotions auxquelles je faisais actuellement face – presque plus de dix ans, si je devais donner une période approximative. Dix longues années durant lesquelles j’avais tenté de me protéger de cette faiblesse qui m’empêchait sérieusement d’avancer. Et j’avais jusque-là réussi en apprenant au fil des années à maîtriser mes émotions, pour ensuite arriver à les cacher et finir par ce que rien ni personne ne puisse y changer quoi que ce soit. Le cœur qui battait actuellement dans ma poitrine n’était donc plus qu’un morceau de glace entièrement recouvert d’une épaisse couche de gel totalement impénétrable, bien qu’il arrivait parfois que cette glace se mette à fondre légèrement – mais si tel était le cas, je parvenais toujours à ce que celle-ci se reforme dans les secondes qui suivait cette légère fonte. Cependant, ce qu’il se passait ce soir était différent de tout ce que j’avais pu connaître au cours de ces dix longues années, comme si une partie de ce mur de glace qui protégeait mon cœur également gelé s’était tout à coup liquéfier sans raisons apparentes (il n’y avait apparemment pas que la Terre qui subissait les effets du réchauffement climatique…), et j’étais immensément heureux que mon meilleur ami soit présent à mes côtés pour me soutenir (dans tous les sens du terme) après cette soirée beaucoup trop riche en émotions pour mon propre bien. Parce qu’il ne fallait évidemment pas oublier que j’étais complètement torché et que l’aide d’un ami pour me raccompagner à mon appartement ne serait pas du tout de refus.
- Jamais, Rox. Je serai toujours là, m’assura alors Rafael, tout en me serrant aussi fort qu’il le pouvait dans ses bras que je ne comptais de toute façon pas quitter de suite puisqu’ils étaient la seule source de réconfort que je possédais actuellement. Viens... On rentre... annonça-t-il ensuite après que l’on soit resté de longues minutes tous les deux enlacés en plein milieu d’une rue déserte à minuit passé – ce qui aurait pu en surprendre plus d’un qui me connaissait pour être le sans-cœur de service… Il me raccompagna ensuite jusque chez moi comme le meilleur ami qu’il était avant de nous faire tomber tous les deux sur le sofa sur lequel je m’affalais complètement, mon avant-bras droit posé sur mes yeux comme pour tenter de diminuer les mouvements de tangage de la pièce. Tu veux en parler ? Qu'est-ce qu'il s'est passé ? me demanda alors Rafael afin de connaître les raisons qui m’avaient mis dans cet état.
- Boh… Les trucs habituels… commençai-je sur un ton las, tandis qu’il s‘affairait à s’occuper de mon poing légèrement blessé. Sauf que là, le type s’est permis de me jeter son verre d’alcool à la figure… Et j’te jure que, si Nate s’était pas interposé, j’aurais pu le tuer… Mais vraiment ! insistai-je afin que Rafael comprenne bien que je ne plaisantais pas. Je l’aurais frappé… encore et encore… comme j’ai frappé le mur tout à l’heure… jusqu’à ce que la rage s’atténue enfin… En tout cas, il a pas intérêt à croiser de nouveau ma route parce que j’te jure que, là, j’hésiterais pas…
(✰) message posté Mer 12 Nov 2014 - 2:02 par Edwin Turner
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Samedi 25.10.2014 • Hammersmith
Je vais être franc, le voir dans cet état, c'est très difficile à gérer pour moi. Je suis franchement pas très loin de me mettre à pleurer, et j'ai la gorge carrément nouée. Il faut pas que je craque, pourtant, parce que Ty le fait pas vraiment pour sa part, et que ça l'aiderait pas que je sois pas capable de le soutenir. Et puis j'ai pas encore toutes les explications quant à ce qu'il s'est passé et c'est certainement pas en me mettant à pleurer sur ce trottoir que je les aurais. Alors je respire comme je peux et je me concentre sur lui, ce qu'il peut bien me dire, et sur la tâche pas forcément super aisée de le ramener chez lui.
J'ai des messages de Nate et le sien qui me donnent des pistes, mais... ça n'explicite pas tout, clairement. Ca confirme mes propres suppositions, aussi, mais il n'empêche qu'il me manque très certainement pas mal de pièces du puzzle... Alors je pose la question évidente, naturellement. Je doute pas que j'aurais pas un récit détaillé de toute la soirée, mais le peu que je pourrais avoir comme précision supplémentaire, ça m'aidera toujours un peu plus à appréhender ce qu'il s'est passé.
« Boh… Les trucs habituels… Sauf que là, le type s’est permis de me jeter son verre d’alcool à la figure… Et j’te jure que, si Nate s’était pas interposé, j’aurais pu le tuer… Mais vraiment ! »
Je me suis arrêté de bander sa main - de toute façon, l'essentiel était fait -, quand il a prononcé les mots : verre d'alcool à la figure. J'ai rien vu en arrivant, alors ça a l'air que ça a pas trop touché ses yeux, mais n'empêche que le risque existe quoi. Alors forcément, je peux pas m'empêcher de lui demander, sans réaliser qu'une autre personne a posé à peu près la même question il y a quelque chose comme un quart d'heure...
« Ca va tes yeux ?... »
J'imagine qu'il aurait pas dit ça de cette façon-là si c'était pas le cas. C'est pas comme si c'était pas un peu son outil de travail, en plus. Il a beau être torché, je crois qu'il est encore assez conscient de ce genre de choses. Du coup j'essaie de pas tout de suite paniquer sur ce point, d'autant que lui ne l'est pas et que c'est peut-être pas la peine de rajouter ça au reste du maelström d'émotions qui flotte autour de nous. Je relève pas non plus le fait qu'il pense qu'il aurait été capable de buter le gars, ce qui me fait un peu peur, en réalité. Pas pour moi, mais pour lui, pour l'état dans lequel il est, donc, pour en être arrivé là. Et être toujours aussi remonté contre le type.
Et puis... « si Nate s'était pas interposé ». Depuis quand la présence d'un coup d'un soir - même de plusieurs soirs d'accord - t'empêche de cogner un type qui te gonfle ? J'ai fini de soigner sa main, et puis j'ai pas cessé de l'observer, comme il m'expliquait ce qu'il aurait fait au gars en face, sans la présence du barman, donc.
« Je l’aurais frappé… encore et encore… comme j’ai frappé le mur tout à l’heure… jusqu’à ce que la rage s’atténue enfin… En tout cas, il a pas intérêt à croiser de nouveau ma route parce que j’te jure que, là, j’hésiterais pas… »
Si je refais le point, donc, de ce que j'en sais, Tyler, Nate et un autre gars se sont retrouvés dans le même bar et Ty a pas trop bien apprécié de voir Nate danser avec l'autre type. Mon best s'est retrouvé à suffisamment enchaîner les verres pour que ça inquiète le barman qui m'a conseillé de venir, à un moment ou à un autre, ça a dégénéré avec un gars - le gigolo comme il disait ? - sans doute parce que des propos de TJ sont pas bien passés, ce serait pas vraiment la première fois, et il a pris son verre dans la tronche. Ils ont failli en venir aux mains et Nate s'est interposé, et a d'ailleurs craint de prendre lui-même les coups, vu son message. A quel moment ils ont causé pour que je reçoive le dernier sms de Keynes qui me demandait de prendre soin de Tyler parce que lui, il le croirait jamais quant à ses sentiments et son inquiétude pour lui ? A quel moment il y a cette notion de « personne peut m'aimer » qu'est venue sur le tapis ? Mystère.
« Je te crois Rox... Ta main en est une belle preuve d'ailleurs... »
Je l'ai quand même pas si souvent vu dans un état de rage pareil, faut bien avouer.
« Mais dis... Je comprends pas très bien... Depuis quand la présence d'un type dont t'as rien à faire t'empêche de régler son compte à un autre ? »
C'est pas vraiment subtil comme façon de poser la question, et peut-être que je mets un peu trop les pieds dans le plat. J'imagine bien que ça risque un peu d'appuyer là où ça fait mal, et j'ai pas envie de le blesser davantage, mais... Je crois qu'il aurait bien besoin de s'ouvrir un peu, là-dessus, et a priori, je suis la meilleure personne à qui il pourrait en parler. Cela dit, au fond, j'attends pas vraiment de réponse voisée, parce que j'imagine bien que c'est pas vraiment le genre de choses sur lesquelles il a envie de mettre des mots, mais j'observe l'ensemble de ses réactions, corporelles aussi. Je suppose que ça ne fera que confirmer ce que je sais déjà. S'il m'a demandé de pas l'abandonner, c'est parce qu'il a le sentiment que c'est le cas pour quelqu'un d'autre. Et après ces dernières semaines, et surtout avec les bribes que j'ai de la soirée, ce quelqu'un d'autre, on sait tous les deux qui c'est : Nate. Sauf que tu te méprends, mon Rox, il est loin d'avoir fait une croix sur toi. Et je me demande un instant si je dois lui faire part de mes échanges de sms avec le barman...
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(✰) message posté Ven 14 Nov 2014 - 1:13 par Invité
- Ca va tes yeux ?... s’inquiéta Rafael lorsque je lui fis part de ce qu’il m’était arrivé quelques minutes seulement après que je lui eus envoyé le message dans lequel je lui avais annoncé une nouvelle fois – puisque ce genre de choses était assez monnaie courante – que la dernière de mes conquêtes à m’avoir déclaré sa flamme s’en était très rapidement remis, comme à peu près toutes les autres d’ailleurs – preuve que lorsqu’elles m’avouaient être tombées amoureuses de moi, elles ne le pensaient pas vraiment. Et alors qu’il s’était arrêté de panser les blessures que je venais de me faire au poing droit afin de m’observer quelques secondes seulement pour vérifier que j’allais bien – ce qui était heureusement le cas –, je lui jetai à mon tour un regard quelque peu suspicieux.
- T’aurais pas parler à Nate avant de venir ici, par hasard ?... demandai-je sur un ton suspicieux. Mais je passais rapidement à autre chose, sachant pertinemment que ce n’était qu’une simple coïncidence qu’il ait posé la même question exactement de la même manière que l’avait fait Nate peu avant. Ça va. Heureusement que j’ai de très bons réflexes.
Je continuai alors de lui expliquer le sentiment de rage que j’avais pu ressentir envers le strip-teaseur – avec lequel je m’étais pourtant très bien entendu la dernière fois – qui avait osé me jeter son verre à la figure et le fait que j’étais franchement capable de lui foutre mon poing dans la gueule si j’étais amené à le recroiser un jour – même plusieurs semaines après ! J’étais du genre rancunier et j’avais énormément de mal à pardonner, surtout dans des circonstances comme celles-ci où il m’avait carrément humilié devant témoins…
- Je te crois Rox... Ta main en est une belle preuve d'ailleurs... m’assura-t-il alors, avant de partir sur un sujet de conversation très glissant, sans même tâter un peu le terrain. Mais dis... Je comprends pas très bien... Depuis quand la présence d'un type dont t'as rien à faire t'empêche de régler son compte à un autre ?
Second regard en biais. Cependant, cette fois, je restai silencieux, ne trouvant rien à répondre à cette observation on-ne-peut-plus juste, mais aussi et surtout, très dérangeante. Parce que Rafael venait de mettre précisément le doigt sur quelque chose de totalement étrange puisqu’il était vrai qu’en temps normal, je n’aurais pas hésité une seule seconde à virer la personne qui se trouvait en face de ma cible – conquête ou pas – dans le but de la frapper. Et j’avais beau chercher, je ne comprenais pas pourquoi j’avais préféré battre en retraite face à Nate que j’aurais pourtant pu facilement jarter sans aucun problème – parce qu’il avait beau posséder quelques centimètres de plus que moi, j’avais sans le moindre doute un gabarit un peu plus imposant que le sien. Du moins, je ne souhaitais pas faire face à cette vérité qui me faisait peur puisqu’elle changerait sûrement ma vie et que je détestais le changement…
- J’te l’ai dit : j’aurais pu le tuer, trouvai-je finalement une excuse à lui faire avaler à la place. Alors, je sais pas ! Le fait qu’il s’interpose m’a donné le temps de penser que je pourrais me retrouver en prison – et aussi en rage que j’étais, j’ai pas vraiment envie de passer le restant de ma vie derrière des barreaux. Et puis, de toute façon, après, il aurait pleuré que j’ai tué son copain, et tu sais à quel point j’ai horreur des gens qui chialent… J’eus alors un léger renvoie, comme si j’étais sur le point de vomir, mais heureusement, ce ne fut pas le cas. L’absinthe a du mal à passer…
(✰) message posté Ven 14 Nov 2014 - 21:31 par Edwin Turner
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Samedi 25.10.2014 • Hammersmith
Je vois son regard, et je me demande ce qui va pas. Ce que j'ai dit comme connerie pour qu'il ait soudain l'air aussi suspicieux. Bon, d'accord, le fait que je discute avec Nate de ce que le barman ressent et de ce que moi, je pense de tout ça, ça risque de pas lui plaire, mais là, je vois pas ce qui pourrait y avoir à voir avec ça. Et en l'occurrence... C'est pas tout à fait ça. Même si ça se rejoint un peu.
« T’aurais pas parler à Nate avant de venir ici, par hasard ?... - Hein ? Je vois pas trop bien quand j'aurais eu le temps de lui parler, tu sais ? Mais je lui envoyé un sms pour lui demander où vous étiez, vu que j'avais pas de réponse de ton côté, et il m'a gentiment donné les coordonnées du bar... avant de me renvoyer un message pour me dire que t'étais parti, alors je suis venu ici. Mais je l'ai pas eu au téléphone de vive voix, pourquoi ?... »
J'ai continué à m'occuper de sa main, terminé de le faire, même, plus exactement, sans pour autant cesser de m'inquiéter... sur plusieurs points. Déjà, parce que ses phalanges, bah je suis pas médecin, et je sais pas si elles sont très abîmées après avoir rencontré le mur en bas. Je soigne les plaies, et j'espère que ça reste superficiel, mais si c'est pas le cas, je sais pas trop bien comment on va gérer ça. Et puis parce que je me demande comment il réagirait, s'il savait. Que je discute avec Nate, que je suis sûr qu'il est pas indifférent et que j'ai juste envie qu'il s'en rende compte et qu'il l'accepte, parce que le barman est un type bien - j'aurais pas cru au tout début, mais enfin - et que je voudrais franchement que mon Rox soit heureux. Que donc, je fais ça derrière son dos, tout en sachant très bien que sa réaction initiale, ça serait de me demander de m'occuper de mes oignons, et de rejeter complètement l'idée de ressentir quoi que ce soit pour qui que ce soit. Et puis, donc, je reste aussi un peu inquiet pour ses yeux parce que l'alcool, ça fait moyen bon ménage avec la cornée.
« Ça va. Heureusement que j’ai de très bons réflexes. »
Je lâche un soupir de soulagement parce que ça m'ôte clairement un poids des épaules. Ses yeux, c'est son boulot. Comme moi mes mains. Et après avoir vu le concert où Ty a joué les batteurs remplaçants la dernière fois, j'ai envie de dire, comme les mains et la voix pour Nate. Bref... Je suis inquiet. Et en même temps... En même temps, je crois pas qu'il y ait un meilleur moment pour mettre le doigt sur ce qu'il refuse de voir, innocemment. Parce que j'ai franchement pas envie de me prendre la tête avec mon meilleur ami, donc je veux pas non plus trop faire du forcing. Mais l'amener à réfléchir un peu, sur tout ça, sur ce que ça signifie, au fond, c'est un peu un de mes objectifs.
Bon, on va pas se mentir, son regard en coin quand je pose ma question me met pas vraiment super à l'aise, j'ai un peu le sentiment d'avoir dit ce qu'il fallait pas. Il ne répond pas tout de suite, cela dit, et même s'il a l'air songeur un court instant, ça revient vite à des réactions habituelles. Normal, ça viendra pas en un claquement de doigts.
« J’te l’ai dit : j’aurais pu le tuer. Alors, je sais pas ! Le fait qu’il s’interpose m’a donné le temps de penser que je pourrais me retrouver en prison – et aussi en rage que j’étais, j’ai pas vraiment envie de passer le restant de ma vie derrière des barreaux. - J'aurais pas trop bien aimé t'amener des oranges et devoir trouver une solution pour te faire sortir non plus... »
Cette réponse n'a aucun sens, mais c'est pas grave. Ca n'empêche que si ça avait dû arriver, c'est très clairement ce que j'aurais fait : venir le voir, régulièrement - ptet pas avec des oranges, mais on se comprend - et me creuser les méninges pour trouver une façon de le faire sortir de là, de toutes les manières possibles et imaginables. Je pourrais pas le laisser en taule, la question se pose pas. M'enfin c'est pas la question là...
« Et puis, de toute façon, après, il aurait pleuré que j’ai tué son copain, et tu sais à quel point j’ai horreur des gens qui chialent… »
Ooooookay... Je réponds quoi à ça ? Je me râcle la gorge, mal à l'aise, tandis que lui se sent manifestement assez mal, pour des raisons tout à fait différentes.
« L’absinthe a du mal à passer… - Mmmh mmmh... Bouge pas... »
Je me suis levé, sans vraiment attendre de réponse, et je suis parti chercher le seau qui lui sert sans doute à passer la serpillère d'ordinaire pour le ramener près du canapé où il était posé - il se pourrait que je connaisse un peu les lieux, bon...
« Tu devrais t'allonger plus confortablement Rox, je vais te chercher une couverture... »
J'ai posé le seau près de lui "pour le cas où", et je suis prêt à aller lui chercher une couette, quitte à prendre celle dans sa chambre, mais j'ai pas le temps de bouger qu'il réagit, avec une énergie sur laquelle j'aurais pas trop misé à cet instant, je dois bien avouer...
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(✰) message posté Mer 19 Nov 2014 - 1:25 par Invité
- Hein ? Je vois pas trop bien quand j'aurais eu le temps de lui parler, tu sais ? s’empressa-t-il de se défendre contre la remarque quelque peu suspicieuse que je venais de faire en rapport avec sa question mot pour mot identique à celle que Nate m’avait posée quelques minutes auparavant. Et si je ne m’étais pas réellement montré sérieux en disant cela – sachant pertinemment qu’il n’avait de toute façon aucune raison valable d’être en contact avec l’une de mes anciennes conquêtes (encore moins celle de sa sœur) –, sa réaction était beaucoup trop défensive pour être totalement innocente, ce qui me rendit clairement soupçonneux et je me demandais s’il ne me cachait pas quelque chose en rapport avec Nate justement… Mais je lui envoyé un sms pour lui demander où vous étiez, vu que j'avais pas de réponse de ton côté, et il m'a gentiment donné les coordonnées du bar... avant de me renvoyer un message pour me dire que t'étais parti, alors je suis venu ici. Mais je l'ai pas eu au téléphone de vive voix, pourquoi ?...
- Depuis quand t’as son numéro de téléphone ? lui demandai-je alors, curieux de savoir pourquoi, mais surtout, comment il avait récupéré le numéro d’une personne avec laquelle il n’était supposé avoir aucun lien. Tu serais pas en train de me cacher quelque chose ?...
La conversation dévia alors sur ce qu’il venait de se passer dans le bar dans lequel je m’étais posé ce soir dans l’espoir de me trouver quelqu’un à me mettre sous la langue entre Tristan – le strip-teaseur qui m’avait offert des services qu’il m’était bien sûr impossible de refuser venant d’un beau garçon –, Nate – une de mes (anciennes) conquêtes plutôt régulières qui m’avait avoué assez récemment être amoureux de moi (mais bien sûr…) – et moi… J’expliquai presque en détail la rage qui m’avait envahie lorsque le gigolo – parce que c’était ce qu’il était (appelons un chat « un chat »…) – m’avait vidé son verre à la figure. Mais plus Rafael me posait des questions un peu trop poussées à mon goût car il semblait vouloir me faire dire une chose dont j’ignorais totalement la nature, plus je me rendais compte que ce verre n’avait été que le déclencheur de cette rage qui semblait bien plus profonde pour n’avoir été provoquée que par un simple verre d’alcool jeté à la figure – bien que ce geste était on-ne-peut-plus rageant… Seulement, je me refusais à creuser plus profondément de peur d’y découvrir quelque chose qui ne me plairait très certainement pas… De toute façon, la nausée qui me reprenait de manière soudaine m’évita de penser un peu plus à ce genre de choses et Rafael m’apporta en bon meilleur ami qu’il était un seau afin que je puisse me libérer sans en mettre plein partout.
- Tu devrais t'allonger Rox, je vais te chercher une couverture...
- C’est moi qui boit et c’est toi qui est soûl ? Je suis déjà allonger, j’te signale… lui fis-je remarquer sur un ton que j’essayai être moqueur, mais c’était loin d’être facile puisque mon estomac avait décidé de reproduire le spectacle Lord of the Dance avec pour partenaires de danse mes tripes… Attends, t’embêtes pas ! le rappelai-je alors, me décidant de toute façon à me mettre dans mon lit beaucoup plus confortable que mon sofa – bien que je l’avais payé assez cher pour qu’il le soit un minimum, mais pas pour y dormir. Je pensai tout de même à prendre le seau que Rafael avait eu la gentillesse de m’apporter – me tenant prêt à toutes éventualités vomitives – et je m’affalai sur mon lit, sans même prendre la peine de me déshabiller – à quoi cela servirait de toute façon à part me faire perdre mon temps. Tu vas quand même rester, hein ? J’te fais de la place près de moi, si tu veux, dis-je en tapotant la place à côté de moi.
(✰) message posté Mer 19 Nov 2014 - 23:39 par Edwin Turner
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Samedi 25.10.2014 • Hammersmith
« Depuis quand t’as son numéro de téléphone ? »
Ah tiens, ouais, j'ai loupé une occasion de me taire là, hein ?
« Tu serais pas en train de me cacher quelque chose ?... »
Hum... Si peu...
« Bah... On est venus au Barfly avec Lucy la première fois. »
Je hausse les épaules. Ok, c'est pas à ce moment-là que j'ai eu son numéro mais...
« Tu sais qu'il est journaliste aussi la journée ? Enfin pigiste. En plus du bar et de son groupe... Bref. Ils se sont mis dans la tête de faire quelque chose ensemble autour de mes toiles. Et paraît que ça peut être bien d'avoir l'artiste dont on parle à questionner dans un article... Mais je dois avouer que s'il se débrouillent sans moi, ça me va aussi... Fin bref, du coup ça m'a bien servi pour savoir où vous étiez... »
Et si on passait à un autre sujet de conversation aussi parce que je m'en sors pas encore trop trop mal vu que je me suis débrouillé pour tourner tout ça en demi-vérité - après tout, ce que je dis, c'est vrai, j'évite juste de mettre les liens de cause à effet et les détails chronologiques qui risqueraient juste de m'attirer des ennuis - mais si on creuse un peu trop, je suis sûr que je vais me rétamer. Je suis pas fait pour mentir, pour raconter des histoires, j'aime pas ça et ça a vraiment jamais été mon truc. Alors ouais, m'occuper de lui, autant que je peux, c'est aussi bien. Bon, j'ai pas forcément - une fois encore - tourné les choses comme il fallait, mais définitivement, ça se saurait si j'étais doué avec les mots...
« C’est moi qui bois et c’est toi qui es soûl ? Je suis déjà allongé, j’te signale… »
Je lève les yeux au ciel. Oui bon bah plus confortablement quoi, je veux dire roh... Je le prends pas mal pour autant, l'effort qu'il fait pou faire de l'humour malgré son état est plutôt louable mais je crois qu'on est tous les deux conscients que ça ira mieux demain maintenant... Une nuit de sommmeil, de l'eau, beaucoup, pour se réhydrater et... advienne que pourra, je suppose, alors autant qu'il ferme les yeux à présent. Je m'attendais pas à ce qu'il réagisse aussi promptement, cela dit.
« Attends, t’embête pas ! »
Ca m'embête pas, en soi, mais je vais pas argumenter sur ça en vain, et je reste près de lui, prêt à le soutenir si le besoin s'en fait sentir sur le trajet jusqu'à sa chambre où il s'étale aussitôt sur son lit.
« Tu vas quand même rester, hein ? J’te fais de la place près de moi, si tu veux. - D'accord, bien sûr... Mais enlève peut-être tes pompes quand même, d'abord... »
Un petit sourire, mais c'est plus moi qui me charge de cette tâche, il faut avouer. Une fois le seau posé au sol près de lui, et la couverture plus ou moins rabattue sur lui ensuite, j'ai encore fait un aller-retour vers la cuisine pour lui ramener une bouteille d'eau, et j'ai moi-même retiré mes chaussures et mon blouson pour venir dormir avec lui. Je me pose même pas la question de ce que la propriétaire des affaires féminines de la salle de bains pourrait dire, je sais même pas qui c'est, ni si elle est vraiment là, et à vrai dire, je m'en contrefiche. Je sais juste que je risque fort de virer mon t-shirt avant la fin de la nuit, et surtout, que mon meilleur ami a besoin de moi. Y a pas vraiment grand chose d'autre qui m'importe à cet instant. Outre ses réponses, ses réactions, et ce que ça peut sous-entendre, qu'il en soit conscient ou non, s'entend...
Invité
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(✰) message posté Sam 22 Nov 2014 - 19:44 par Invité
Rafael venait donc de m’avouer à demi-mots qu’il avait enregistré le numéro de téléphone de Nate dans son portable, ce qui m’avait bien entendu fait tiquer parce qu’il n’avait tout simplement aucune bonnes raisons d’être en contact avec lui. Non seulement, Nate avait anciennement couché avec sa sœur – ce qui était déjà un argument en béton pour ne pas avoir son numéro enregistré dans son répertoire –, mais il faisait également partie de ma liste un peu trop longue à mon goût d’anciennes conquêtes amoureuses, et en tant que meilleur ami, je m’attendais tout de même à un minimum de soutient de sa part – cela incluait donc de ne pas créer d’amitié douteuse avec l’une d’entre elles…
- Bah... On est venus au Barfly avec Lucy la première fois, tenta-t-il de trouver une excuse quant au fait d’être en contact avec Nate. Tu sais qu'il est journaliste aussi la journée ? Enfin pigiste. En plus du bar et de son groupe... ajouta-t-il sans que je ne sache réellement pourquoi. C’était comme s’il cherchait à m’impressionner avec ce genre d’informations qui ne me faisait honnêtement ni chaud ni froid. Si le gars cumulait deux métiers et un hobby, je ne voyais pas en quoi cela allait changer ma vie… Bref. Ils se sont mis dans la tête de faire quelque chose ensemble autour de mes toiles. Et paraît que ça peut être bien d'avoir l'artiste dont on parle à questionner dans un article... Mais je dois avouer que s'ils se débrouillent sans moi, ça me va aussi... Fin bref, du coup ça m'a bien servi pour savoir où vous étiez...
Je fis un très léger mouvement de la tête afin de bien montrer à Rafael que j’acceptais ses explications un peu foireuses et que donc le sujet était clos. Et bien qu’il était sans le moindre doute mon meilleur ami et que je lui faisais une confiance aveugle, cela ne voulait pas dire que je le croyais sur parole pour autant. Après tout, je connaissais Rafael depuis plusieurs années à présent (près de huit ans), je savais donc parfaitement lorsqu’il était en train de me mentir ou non – et c’était justement le cas ici. Mais bon, je n’avais pas envie d’épiloguer le pourquoi du comment, je laissais donc tomber et préférai aller m’allonger dans mon lit afin d’essayer de dormir et d’oublier cette soirée on-ne-peut-plus pourrie…
- D'accord, bien sûr... Mais enlève peut-être tes pompes quand même, d'abord… me reprocha gentiment Rafael, avant de me les enlever de lui-même – de toute façon, je m’apprêtai à lui faire la remarque (comme quoi, il avait dû lire dans mes pensées)… Nous nous endormîmes ensuite tous les deux l’un à côté de l’autre.
Le lendemain matin, je fus le premier réveillé à cause de ce mal de crâne commun à toute gueule de bois. Je me levai donc sans faire de bruit – afin de ne pas réveiller mon meilleur ami encore endormi à côté de moi – et je me dirigeai dans ma cuisine dans le but de préparer du café – bien que mon estomac était encore légèrement fragilisé par le mélange d’alcool que j’avais fait hier, mais aussi et surtout, par l’absinthe… Ça ne sera très certainement pas de sitôt que j’irais revoir la petite Fée Verte…
Sharona K. García-Brown
I walk this empty street on the boulevard of broken dreams.
(✰) message posté Sam 22 Nov 2014 - 23:28 par Sharona K. García-Brown
Through the dark
ft. Rika Alvares && Tyler J. Lewis && Sharona K. Garcia-Brown
Samedi 25.10.2014 • Hammersmith
On saura donc que je suis un très, mais alors très mauvais menteur. Même quand je suis pas vraiment en train de mentir. Parce qu'au fond, ce que je dis là, c'est vrai - et réellement, je m'aventurerais jamais à monter un bobard je crois, ça sera jamais crédible avec ma gueule. J'ai été avec Lucy là-bas, et ils veulent écrire un papier sur mes toiles. Et ça me met mal à l'aise. Tout ça, ça reste vrai, même si je continue à cacher des détails. Et si je me fais aucune illusion quant au peu d'impact que ce je raconte sur le barman générera à cet instant, je peux pas m'empêcher d'espérer que ça restera dans un petit coin de sa tête, plus tard... Et qu'il ne me tiendra pas rigueur, donc, de mes petites cachotteries. Parce que je crois bien qu'il est pas dupe non plus, il me connaît trop bien pour savoir quand je cache quelque chose - ne me demandez jamais d'organiser une surprise. Sur le coup, ça a pas l'air, il a juste hoché la tête, et on est passés à autre chose - dormir semble d'ailleurs une plutôt bonne idée pour le coup. Il ira mieux demain, quand les effets de l'alcool se seront un peu dissipés. Mais se mettre un minimum à l'aise, ça peut être une idée et après lui avoir retiré ses pompes, on s'est tous les deux endormis, l'un à côté de l'autre.
Je l'ai pas entendu se réveiller ni se lever pour quitter la chambre, mais faut avouer que quand je dors... Bah je dors, quoi. S'il y avait eu un souci, pourtant, je me serais réveillé. Autant je suis une enclume en temps normal, autant la moindre situation anormale a tendance à me tirer des bras de Morphée instantanément. Mais là, c'était juste mon meilleur ami qui se levait, naturellement, et mon corps, mon inconscient, ou je sais pas trop ce qui me fait réagir dans les situations critiques, l'a manifestement enregistré comme tel. Et pendant que je poursuis ma nuit, c'est une autre personne qui rejoint Tyler dans la cuisine.
***
Moi depuis que je suis arrivée, j'ai pas arrêté de chercher. Alors un boulot, ça va, j'ai trouvé. Adriel, que je remplace, m'a formée avant de partir, je suis presque triste de la remplacer parce qu'elle avait l'air cool et que j'aurais bien aimé bosser avec elle, mais c'est comme ça. Je sais pas encore que je vais la recroiser dans moins d'une semaine, par hasard. Mais l'appart, ça reste un gros morceau, et pour l'instant... Je squatte. Et être avec Tyler, ça me fait plaisir, mais je sais que ça reste temporaire, et j'ai absolument pas l'intention de m'éterniser. C'est cool d'être avec lui, mais je suis pas chez moi, et je vais pas m'imposer indéfiniment. Et en attendant, j'essaie de me faire le plus petite possible, histoire de pas en plus bousculer ses habitudes, déjà qu'il me file une piaule et de la place dans sa salle de bains...
Je dormais déjà quand il est rentré accompagné, et tant mieux, parce que j'ai pas vraiment envie d'avoir des détails de ses nuits. En même temps, j'ai pas trop eu à me cacher, entre guillemets, et même si je possède des boules quies, j'ai pas vraiment eu besoin de me les enfoncer dans les oreilles encore. Du coup, ce matin, c'est un matin comme les autres, pour moi, et quand je me lève, vêtue d'un pantalon de flanelle et d'un débardeur assez lâche sous une robe de chambre molletonnée trop sexy - notez l'ironie - je souris largement à mon coloc provisoire. Ca fait un moment que je tourne dans mon lit, à essayer de dormir encore un peu, en vain, et quand je l'ai entendu se lever, j'ai lâché l'affaire.
« Hey Ty' !... Bien dorm... Mmmh... Non réponds pas à cette question.
Je viens d'entrer dans la partie cuisine et y a pas photo : T'as une tête de déterré mon grand, et y a ce blouson et ces pompes inconnus à la porte de ta chambre. Je vais rien dire, mais je crois pas me planter si je dis qu'il y a encore quelqu'un dans ton lit. Bon, je suis quand même très curieuse de savoir à quoi il ressemble, mais t'as vraiment pas l'air en forme, alors je vais peut-être pas commencer par te harceler de questions.
« Je crois que ce matin, la dose de café va être nécessaire...
A vrai dire, pour moi aussi, j'ai passé beaucoup trop de temps à écumer les petites annonces sur le net et pas dormi assez à mon goût.