(✰) message posté Dim 26 Oct 2014 - 15:49 par Invité
nobody said it was easy, no one ever said it would be these hard.
'there can be beauty in getting lost. sometimes we have to get lost to find each other and sometimes we find each other, only to get lost all over again.'
grey's anatomy ; sam oswald-bower + kane mac lochlainn.
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Les paroles des médecins résonnaient en boucle dans la tête de Samantha. Ses reins lâchent… Il lui faut plus de dialyses… Il lui faut une greffe, il n'y a plus de temps à perdre. Le temps perdu, Sam connaissait. Elle avait perdu son temps à tenter de plaire à Travis Doman en CM2. Elle avait perdu son temps à faire des études de communication pendant deux ans. Elle avait perdu son temps à aimer Julian. Et elle perdait son temps à tenter de sauver Lexie. Elle savait bien ce que perdre son temps voulait dire. Elle n'avait fait que ça. Aujourd'hui, elle regardait sa soeur mourir sous ses yeux, incapable de lui donner ce dont elle avait besoin. Elles se regardaient toutes les deux, fanées, et elles perdaient leur temps. Sam avait pourtant essayé. La cicatrice qui lui déchirait le côté droit de son ventre la brûlait encore parfois, comme pour lui rappeler qu'elle n'avait pas réussi, une nouvelle fois. En tournant sur son siège, Samantha se disait qu'un verre ne serait pas de refus. Il était trois heures de l'après-midi, et la seule chose à laquelle elle pensait était cette bouteille de tequila qui trônait sur la table du salon depuis deux semaines déjà. Elle la vidait, petit à petit, et s'offrait ce moment de bonheur solitaire chaque soir en rentrant du travail. Rory désapprouvait, et Lexie n'était pas au courant. C'était mieux ainsi. Le commissariat était en ébullition alors que Sam tournait au ralentis. Elle restait là des heures à trier la paperasse, refusant catégoriquement tous les appels qu'elle pouvait recevoir du central. Elle ne pouvait retourner sur le terrain, pas tout de suite. Ses collègues passaient la voir parfois, lui offrait un café qu'elle déclinait gentiment. Elle n'avait envie de voir personne, et vu la bonne humeur qu'elle affichait, personne n'aurait eu envie de la voir. Elle était devenue ce fantôme de la femme qu'elle avait été autrefois. Il n'y avait plus de Sam souriante, plus de Sam en quête d'un bonheur sans faille. Il n'y avait que Sam rongée par la tristesse, par la peur. Julian était parti, Lexie faisait comme si elle avait encore du temps. Tout le monde faisait semblant, et Sam avait fini de le faire. Elle était brisée, et jamais ce sentiment d'abandon n'avait autant frappé son coeur blessé. Elle était seule, après tout. Elle était cette gamine avec une tresse sur son épaule qui pleurait seule le soir en redoutant le jour où son père finirait par claquer la porte. Et il n'avait pas tardé à le faire. Tout le monde finissait par partir. Quand quatre heures sonnèrent, elle attrapa son manteau et protégea ses oreilles du froid en enfilant son bonnet. Elle ignora les remarques de son chef lui disant qu'il lui restait une demi-heure de travail et se dirigea à grands pas vers les portes du commissariat. Elle avait besoin de respirer cet air frais, presque étouffant, qui avait envahi la capitale depuis quelques jours. Le vent fouetta ses cheveux relâchés et un mince sourire se dessina sur ses lèvres gercées. C'était un des seuls instants de sa journée où elle se sentait libre et où ses problèmes semblaient s'être évacués d'eux-mêmes. Mais bien vite, la réalité retombait sur ses épaules frêles comme un vieux sermon. Elle poussa un soupire avant de descendre les marches qui la guidaient vers la grande rue. Comme heurtée par une vieille image, le sang de Sam se glaça dans ses veines. Elle resta immobile, encore en équilibre sur la dernière marche. Devant elle se dessinait d'anciens traits familiers, comme un vieux fantôme venu d'une autre vie. Oui, ce fantôme venait d'une autre vie. D'une vie dont Sam aurait aimé ne pas se souvenir, mais qu'elle semblait trainer comme un vieux boulet. Elle descendit à sa hauteur avant de se placer devant lui. Kane avait changé. Ses traits étaient tirés par les nuits blanches qu’il avait du passer, et on devinait les blessures qu’il cachait sous ses vêtements. Mais ses yeux restaient les mêmes. « Tu es vivant… » Sa voix était un murmure presque inaudible. Plusieurs émotions traversaient son corps à cet instant, la joie, la peine, l’amour, la haine. Son coeur cognait contre ses tempes alors que ses yeux océans restaient ancrés dans les siens. Elle aurait voulu le gifler, le planter là, lui dire qu’il pouvait repartir. A la place, elle se rapproche encore plus pour venir se glisser dans ses bras et l’étreindre. Elle retrouvait les bras chauds qui l’avaient si souvent réconforter, ceux qu’elle avait tant voulu retrouver depuis toutes ces années.
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(✰) message posté Dim 26 Oct 2014 - 18:07 par Invité
kane & sam.
"Foutu gérant !" cette phrase trottait dans sa tête comme à chaque fois, encore un entretien perdu, encore un entretien sans sens, les réponses étaient toujours les mêmes, "vous ne correspondez pas au profil". Pourtant l'annonce était clair, encore un cinéma qui cherchait un projectionniste, quelqu'un qui sache se servir de ces machines, mais visiblement ça ne leur suffit pas. Les machines, les opérateurs informatiques remplacent l'homme, donc dans les grands cinémas ils recherchent encore plus un informaticien qu'un type capable de recouper, réparer, jouer une bobine de 35mm... Kane pestait comme ce monde qui change, cet industrie, il avait seulement vingts six ans et l'impression d'être dans un monde d'écart, différent, pourtant ces années d'écoles n'était pas si loin.
Il arpentait les rues dans la fraicheur de l'automne, ces rues monotones grouillants de touristes et de londoniens à l'heure de pointe qui se presse dans le subway pour rentrer chez eux ou pour aller chercher leurs gosses à l'école... Et ces instants de rejet le ramenait invariablement vers son passé, il repensait à cet instant à ces discutions avec Joe, qui duraient des nuits entières, ils avaient 18 ans, ils étaient les rois du monde ! Ils buvaient en cachette, grimpant tard le soir sur le sommet de certains bâtiments londonien en passant par les sorties de secours que les gardiens, trop laxistes ne fermaient pas correctement. Une lointaine époque, une nostalgie gagne Kane à mesure que ses pieds le mènent vers son domicile, un modeste appartement plus loin dans la ville, loin de ce quartier plutôt propre et fréquenté.
Le passé est une chose qu'on ne peut pas prévoir dans le fonds, et tout d'un coup ses pieds se figent, sa démarche ralenti et son air renfrogné devient comme apaisé et surpris en même temps, ces cheveux, ce visage, elle a changée... C'est devenu une femme. Des milliers de pensées heurte l'esprit de Kane qui semble comme déboussolé, comme un vieux fantôme du passé qui ré-surgit, la fraicheur de cet après-midi d'octobre n'a plus d'emprise sur lui, et le bruit provoqué par les automobiles ou les conversations des passants cessent... Tout n'existe plus, plus rien ne compte, il est comme transporté dans un autre monde, cette discutions lui revient alors en tête. "Ne pars pas", ces trois mots qu'il n'a jamais écouté, cette phrase prononcé dont il ne pouvait tenir rigueur, il était obligé de partir, de tout laisser. Sa mère, ses affaires, Samantha... Kane se fige quand le regard de la jeune femme croise le sien, il ne dit rien, il ne bronche plus, il ne mouve plus, il reste là, impassible, l'air un peu perdu à la contempler, tentant de repousser au plus profond de lui des souvenirs d'une vie oubliée... Sam était son passé, était une partie de son existence, le rayon de soleil de son enfance, l'amour secret de son adolescence... Lui a t-il dit un jour ? Non jamais ! Il est resté des années durant à ne pas se l'avouer lui-même, à vrai dire il l'a compris plus tard quand il est parti, loin d'elle, il a pris conscience de l'importance qu'elle revêtait pour lui.
Sept années se sont écoulées, pas une lettre, pas un mot, pas un coup de téléphone, rien ? Allait-elle bien ? Sa le préoccupait énormément pendant un temps, puis il a fini par détruire les moindres attaches qu'il avait en lui, et quelques part il arrivait à ne plus penser qu'il pourrait la croiser depuis son retour... Comme une partie d'une vie que l'on oublie, que l'on ne veut pas se souvenir, un souvenir douloureux qui remplace tout le bonheur qu'on avait avec cette personne. Il s'enfonce dans le silence alors que la jeune femme semble aussi perdue que lui, elle s'avance vers lui et se blottit dans ses bras.
Impassible, comme de glace Kane n'esquisse pas le moindre geste durant quelques instants, avant de ressentir la chaleur de ce corps blottit contre lui, de sentir ce parfum qui lui a tant manqué, il sert l'étreinte comme pour la garder près de lui... Après quelques longues dizaines de secondes dans les bras l'un de l'autre la voix du jeune homme plus grave qu'à son départ, plus tiré par la vie sorti de sa bouche et se mit à prononcer quelques mots...
"Salut..."
Pas une once d'excuses, rien, juste un bonjour avec une voix remplis d'émotion qui ne savait pas quoi dire, pas par où commencer. Comment croiser quelqu'un qui a été la personne qui comptait le plus pour lui, et comment réagir après sept ans d'absence ? Forcément un sentiment de confusion l'envahissait. Sans relâcher l'étreinte, il se met à nouveau à prononcer quelques mots." Je suis là maintenant... ". Sans trop savoir pourquoi, les mots dépassaient la pensée, comme-ci d'un coup il voulait retrouver son rôle de protecteur, comme ci d'un coup les barrières qu'ils s'étaient mis, l'Irak, la Lybie ne comptait plus.
(✰) message posté Dim 26 Oct 2014 - 20:03 par Invité
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Son coeur avait raté un battement à l’instant où son regard avait croisé le sien. Un instant, elle s’était demandé si elle rêvait, si son cerveau n’avait pas voulu lui montrer le visage d’une autre blessure qui n’avait toujours pas guérie. Elle cru à un mirage, à un homme qui lui ressemblait. Pourtant, ce qu’elle lisait dans ses yeux n’avait rien d’étranger. Elle y retrouvait la même lueur qui animait son regard des années auparavant quand il posait les yeux sur elle. Comme si elle était la plus belle chose à des kilomètres à la ronde, comme si rien ne pouvait lui arriver tant qu’il était là pour la protéger. Cela faisait sept ans qu’elle attendait de revoir cette lueur. Cela faisait sept ans qu’il était parti, qu’il avait pris cette avions et qu’il avait décidé de servir son pays. Sept ans qu’il lui avait tourné le dos alors qu’elle lui criait de rester avec elle. Sept ans qu’elle arpentait les listes des soldats morts au combat, de tous les pays qui étaient en guerre ouverte contre l’Angleterre. Sept ans qu’elle avait la peur au ventre en commençant cette liste, et qu’un soulagement la gagnait lorsque le nom de Kane n’y apparaissait pas. Après quelques années, elle s’était dit qu’il était peut-être mort après tout, qu’elle ne pouvait pas avoir accès à tout. Elle ne s’était jamais faite à cette idée et lorsque le doute l’asseyait, elle fermait les yeux et se souvenait du garçon aux boucles brunes qui lui avait tendu la main dans les escaliers de l’immeuble un soir où elle avait préféré pleurer en dehors du champs de vision de sa soeur. Elle pouvait encore sentir ses bras forts qui l’entouraient alors qu’ils avaient grandis, et cette douceur qu’elle lisait dans ses yeux quand il posait son regard sur elle. Elle se souvenait des journées à ne rien faire, allongés sur le parquet du salon à regarder le plafond en riant pour tout et pour rien. Kane avait été le centre de son monde pendant tant d’années que son départ avait laissé un énorme vide dans son coeur abimé. Il avait finit par partir lui aussi, comme tous les autres. Il l’avait laissé seule contre le monde, sans jamais se retourner, sans jamais lui adresser une seule lettre, un seul signe. Et elle le retrouvait, sept ans plus tard, comme si il n’était jamais parti. Certes, il avait vieilli. Il était devenu un homme. Ses traits étaient tirés, sa bouche n’était pas traversée du large sourire qu’elle convoitait tant autrefois, et ses cheveux étaient plus courts. Mais la même expression demeurait. Elle le rejoignait doucement alors qu’il n’esquissait aucun geste, aucun mouvement. Il avait l’air aussi surpris qu’elle. Sam n’arrivait pas à déchiffrer si il était heureux de la voir, ou si il avait depuis longtemps décidé de la ranger dans un tiroir appartenant au passé. Elle avait elle-même tenter de le faire, et avait pensé avoir réussi jusqu’à aujourd’hui. Sans réfléchir, la brune le prit dans ses bras. Elle voulait ressentir à nouveau la chaleur de ces étreintes qu’ils avaient tant de fois partager dans leur jeunesse. Elle voulait croire un instant que rien n’avait changé, qu’il n’était jamais parti, qu’il ne l’avait jamais laissée. Elle sentait sa peau brûlante sous l’épaisseur de ses vêtements et un sourire nostalgique se dessina sur ses lèvres pourpres. Elle finit par sentir ses bras se refermer sur elle et ils restèrent ainsi un moment, sans bouger de peur de briser un souvenir trop précieux. « Salut… » Son sourire s’élargit alors qu’elle ne reconnaissait pas cette voix bien plus grave que lorsqu’il était parti. Il y avait pourtant la même chaleur dans ses mots, une chaleur réconfortant qui avait toujours embaumée le coeur de Samantha. « Salut… » Elle resserrait son étreinte contre son cou alors que des dizaine de questions l’asseyaient. Depuis combien de temps était-il rentré ? Où était-il ? Avait-il été blessé ? Sept années d’absence, sept années de questions. « Je suis là maintenant… » Ses mots eurent l’effet d’un coup de poing porté au coeur. Il était là maintenant. Mais où était-il avant ? Il était parti si longtemps sans jamais demander de nouvelles. Il ne savait pas pour Lexie, ni ne connaissait les déboires amoureux dont elle avait été victime. Il avait été absent, il avait décidé de ne pas prendre part à cela. Et soudain, la pression qu’elle exerçait dans cette étreinte se relâcha. Elle s’écarta légèrement pour le regarder. Il avait l’air aussi confus qu’elle. « Mais où étais-tu avant, quand j’avais besoin de toi ? » La douleur qu’elle ressentait fit trembler sa voix alors que ses yeux la piquaient. Elle chassait tout signe de faiblesse, comme elle le faisait depuis si longtemps. « On ne peut pas effacer ces sept dernières années. On n’a plus rien à voir avec les adolescents insouciants que l’on était. Je n’ai plus rien avoir avec la fille que tu as laissé derrière toi. » Son regard bleu était plus dur qu’elle ne l’aurait voulu, mais ses mots semblaient être dictés par la rancoeur et la douleur. Elle lui en avait tant voulu… Et son abandon lui avait laissé une marque qu’elle ne pourrait jamais effacé.
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(✰) message posté Mar 28 Oct 2014 - 15:28 par Invité
kane & sam.
Pourquoi lui avait-il dit cette phrase ? Comme ci on pouvait effacer sept ans d'une vie en quelques mots balancés comme ça, il s'en voulait à lui-même, tout se bousculait, il repensait à ce passé autant qu'à ce moment là, et semblait être plein d'empathie pour ce que devait subir Sam à ce moment là, et quand elle s'écarta de lui, se dégageant de l’étreinte, il compris à cet instant la portée de cette phrase si importante, si anodine et surement si blessante.
La réponse de la jeune femme fut aussi brutale que la vitesse à laquelle il avait dit sa phrase sans réfléchir, elle n'avait pas tord, il était parti du jour au lendemain sans lui expliquer les raisons de son départ, sans jamais revenir durant ses permissions, sans jamais rien lui expliquer. Il avait bourlingué à travers le monde, commettant des actes dont il n'était pas fier mais tout ça c'était aussi pour la protéger, elle et les gens à qui il tenait. Ce coup de trop, ce braquage qui a mal tourné qui a couté la vie à Joe est la raison de son départ, il devait bien trop de chose à cet homme, et il a vu quand la vie a quittée le corps de son ami, ce dont il était capable. Fuir était la seule solution pour protéger tout le monde et l'a laissé dans l'ignorance était la seule façon de la protéger, car si elle n'est au courant de rien, elle ne peut pas mentir, elle ne peut pas être prise pour cible, comme monnaie-d'échange ou comme tout autre trophée de la part de ce criminel qu'il a tenté de dépouiller.
Le visage de Kane s'assombrit, il ne pouvait pas lui évoquer la raison de son absence, son départ, il était aussi brisé qu'elle, en tout cas en apparence. Au fond de lui il ne voulait pas revivre cette vie passée, mais revoir Samantha aujourd'hui brisait toute ses convictions, toute ses envies, tout son nouvel idéal de vie.
Il se met alors à baisser les yeux, puis comme un murmure se met à prononcer des mots qui n'auront surement aucun effet, mais témoignant ce qu'il ressent en cet instant " je suis désolé... je ne pouvais pas faire autrement ." Puis il se mure quelques secondes dans le silence. Sept années étaient passée, tellement vite, tellement loin l'un de l'autre, il ne savait rien de ce qu'elle avait traversée durant cette période, elle ne connaissait rien de ce que lui avait traversée, dans le fond c'était comme revoir un vieux fantôme, une chose qui a été la prunelle de vos yeux des années durant, mais qui aujourd'hui est comme une inconnue, on l'aime énormément encore et la revoir fait plonger dans un tourbillon confus de sentiment mais vous plonge face au mal-être de plusieurs années séparés, loin, comme si une chose était différente.
Il ne pouvait pas lui dire ce qui s'était passé, ni pourquoi il était parti, pour la protéger et en même temps, ce qu'il avait vécu l'avait renfermé sur lui-même, même si c'était cette douce Sam, il ne pouvait pas se livrer à elle dés maintenant. Il se met alors à répéter d'une voix plus ferme et plus audible "Je suis désolé... Je n'aurais pas dû te dire ça", son regard croisa alors les grands yeux bleus de celle qu'il a longtemps considéré comme son âme-sœur. Le regard de Kane était empli de regret et de tristesse, comme-ci toute ses dernières années lui revenaient dans la figure.
Il prends quelques secondes avant de prendre à nouveau la parole sur un ton plus calme, plus cordial, bienveillant... "Je ne sais pas qui s'est passé depuis sept ans... Je ne peux pas le diner, tu ne sais pas non plus pourquoi je suis parti, ni ce que j'ai vécu..." Sentant la tournure égoïste de sa phrase, mais désireux de ne pas tout lui dire, il s'appuie sur sa jambe arrière comme pour prendre une mine plus sérieuse, et se met à la regarder fixement "je te dois des explications je suppose..."
(✰) message posté Mer 29 Oct 2014 - 17:59 par Invité
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Comment en étaient-ils arrivés là ? Comment pouvaient-ils se tenir l'un en face de l'autre sans rien savoir de leurs vies respectives ? Cela faisait sept ans. Sept longues années où Samantha s'était demandé où il pouvait bien être. Il était parti du jour au lendemain, sans un mot, sans une lettre d'explication. Il avait déposé un baiser sur joue humide et avait tourné les talons, un sac sur le dos. Il l'avait laissé seule avec ses démons. Elle avait perdu son encre ce jour-là, son seul rayon de soleil, celui pour qui son amitié se mélangeait avec des sentiments étranges qu'elle n'aurait su définir. Elle avait toujours été perdue, et en même temps, elle se sentait à l'abris dans ses bras. A une époque, elle avait cru pouvoir lui suffire. Elle avait pensé qu'à deux, ils étaient plus forts, qu'à deux, rien ne pouvait les séparer. Elle n'aurait jamais pu prédire que c'était lui qui les séparerait. Il avait claqué la porte et avait disparu pendant sept ans. Alors que son regard était ancré dans le sien, elle réfléchissait à tout ce qu'elle avait raté, et à tout ce que lui avait manqué. Après son départ, elle avait entrepris de se lancer dans des études. Inutile. Elle n'avait jamais été faite pour rester assise sur une chaise. Elle avait arrêté le jour où Oncle Bob lui avait proposé de la former à la police. Pourquoi pas. Et puis Lexie était tombée malade. Il y avait eu cette opération, ce don de rein raté, cette cicatrice qui resterait à jamais gravée sur le corps de Sam. Il ignorait tout ça, il ignorait sa lassitude, il ignorait à quel point elle voulait s'en aller, se libérer. Il l'avait laissé jeune fille, il la retrouvait adulte. La dure réalité les rattrapait après tout ce temps ; ils n'avaient sûrement plus rien en commun. « Je suis désolé… Je ne pouvais pas faire autrement. » Elle détournait les yeux avec un sourire triste aux lèvres. Ils disaient tous la même chose. Ils avaient tous une bonne raison. Mais jamais ils ne se demandaient quel mal ils pouvaient faire. Quel impact leur départ pouvait avoir. Celui de Kane la hantait tous les jours, comme un vieux souvenir qu’il nous était incapable de chasser. Comme si elle se retenait encore à cette période de sa vie où elle avait cru que tout était possible, qu’une autre vie pouvait l’attendre. Mais la réalité était autre. « On a toujours le choix. » Sa voix était dure, ailleurs. Elle n’osait pas le regarder, comme si cela pouvait la blesser encore plus. Elle aurait voulu lui pardonner, le serrer dans ses bras et tout recommencer. Mais ils n’étaient plus les ados qu’ils avaient pu être. Ils ne pouvaient plus jouer. Elle n’en avait plus envie. Le silence s’installa de nouveau entre eux, comme si ils étaient incapables de se dire les choses, de peur de blesser l’un ou l’autre. Pourtant elle voulait lui dire. Elle voulait qu’il sache à quel point elle avait été seule sans lui, à quel point il comptait pour elle, et comme son départ l’avait détruite. Mais les mots restaient coincés dans sa gorge alors que le ressentiment était plus fort. « Je suis désolée… Je n’aurais pas dû te dire ça. » Elle le regardait enfin et reçut comme une claque. Elle voyait toutes ces années difficiles qui pouvaient aisément se lire dans son regard. Elle savait qu’il n’était pas parti siroter un cocktail sur un île déserte pendant sept ans. Il était parti se battre. Et il en portait des cicatrices même invisibles. Elle voulait le comprendre, lui dire qu’elle pouvait lui pardonner cette absence, mais elle n’était pas sûre d’en avoir envie. Elle était simplement fatiguée. « Je ne sais pas ce qui s’est passé depuis sept ans… Je ne peux pas le nier, tu ne sais pas non plus pourquoi je suis parti, ni ce que j’ai vécu… » Elle n’avait pas envie de cette discussion. Elle ne voulait pas qu’ils s’asseyent à une table de café pour discuter de leurs vies respectives. Ils n’avaient plus le temps pour ça. « Je te dois des explications je suppose… » Elle avait toujours redouter ce regard qu’il avait toujours posé sur elle. C’était celui qu’elle avait toujours recherché plus jeune, et qu’à présent elle redoutait. Et elle savait qu’elle ne renvoyait pas à Kane ce qu’il désirait. Il voulait qu’elle soit heureuse de le voir, qu’elle lui dise qu’ils pouvaient discuter, réapprendre à se connaitre, oublier ce qui s’était passé. Mais elle n’avait que cet air lassé dans les yeux, comme si elle ne pouvait pas ajouter ce nouveau poids à sa vie. Elle s’apprêtait à lui dire la pire des choses, celle qui scellerait sûrement ces sets années à l’attendre. Elle le regardait de nouveau, avec plus de douceur cette fois, mais avec des yeux emplis d’une tristesse non dissimulée. C’était elle qui était désolée. « Le problème Kane, c’est que je ne suis pas sûre d’en vouloir… » Sa voix était douce, et elle haussait les épaules d’un geste désinvolte. Elle n’aimait pas ce qu’elle faisait, et cet égoïsme qui ne lui ressemblait pas. Autrefois, elle l’aurait écouté. Autrefois, elle n’aurait pas été si perdue dans sa vie qu’elle aurait eu hâte d’entendre tout ce qu’il avait à lui raconter. Mais c’était du passé. « Ca fait sept ans, Kane… » Sa gorge se noua alors qu’elle regardait ses pieds, de peur de lire dans les yeux de Kane ce qu’elle ne pourrait pas supporter. « Je crois qu’il est trop tard pour des explications. »