(✰) message posté Mer 10 Sep 2014 - 17:32 par Invité
the loneliest people are the kindest, the saddest people smile the brightest. the most damaged people are the wisest. all because they do not wish to see anyone else suffer the way they do. ✻✻✻ « Dis-moi, Jon Snow, tu penses que Scarlet va s’inquiéter si elle rentre et que je ne suis pas là ? » Pour simple réponse, mon chat miaula avant s’aventurer sur la table basse, ignorant avec superbe tout ce que j’avais bien pu lui dire. Il vivait dans son monde, après tout. Il se fichait bien de moi ou de ma sœur, de ma présence ou de mon absence. Je poussai un soupir, avant d’hausser les épaules. « Tu as raison, je pensais la même chose. » répondis-je, guère démontée par le manque de réceptivité de mon pseudo-interlocuteur. J’attrapai un stylo et un bout de papier avant de griffonner rapidement quelques lignes à ma jumelle pour lui expliquer mon absence. Distraitement, je l’accrochai ma note sur la porte du réfrigérateur, et je retournai dans ma chambre pour rassembler mes affaires. Je sentais mon pouls irrégulier battre dans mes oreilles, tandis que je rangeai avec soin mon ordinateur portable dans sa sacoche. J’étais anxieuse, oui. Anxieuse sans réellement comprendre pourquoi. Je me sentais mal à l’aise à la simple idée de rejoindre ce gars que je venais à peine de rencontrer dans son loft, quelque part dans le sud de Londres. J’étais hantée par des craintes infondées, des angoisses fantômes. Je tentai de me persuader qu’il ne pouvait absolument rien m’arriver hormis, peut-être, me prendre la tête une millième fois avec son côté hautain et arrogant. Mais, après tout, je n’étais pas réellement habituée à côtoyer les autres. A vivre avec eux. A partager des choses et les inclure dans mon existence. J’avais l’impression d’être moi-même une étrangère dans ma propre vie. Une figurante. Je finis par être prête, et je passai lentement mon perfecto sur mes épaules, avant de réajuster les pans de ma robe sur mes jambes, au-dessus de mes genoux couverts de cicatrices de brûlures. Je remis avec soin les gants qui couvraient simplement mes paumes pour les protéger des frottements avec les roues de ma chaise roulante, avant de finalement sortir de mon appartement. Mes gestes étaient instinctifs, guidés par l’habitude que j’avais fini par prendre. Je poussai mon fauteuil jusqu’à l’ascenseur de mon immeuble ; mon doigt enfonça le bouton pour l’appeler, et j’attendis en silence qu’il arrive à mon étage. Je contrôlai ma respiration avec une application toute particulière, tentant de m’apaiser toute seule, du mieux que je pouvais. En vain, bien entendu. Cela était toujours en vain. Je ne réfléchis plus à mes gestes, après cela. Mon esprit était bien trop préoccupé à penser à autre chose pour s’intéresser au monde extérieur. Pour s’intéresser à ce que je faisais. Mes mains me conduisirent toutes seules sur le quai du métro, et bien vite, je me retrouvais dans une rame de la Picadilly Line. Je tentai de me faire oublier du reste du monde, focalisant mon attention sur les affiches publicitaires qui décoraient le wagon. Les personnes autour de moi eurent la décence de ne pas m’observer avec insistance ; je sentis mon malaise m’abandonner peu à peu et, lorsque je finis par faire la correspondance entre mes deux lignes, mes angoisses semblaient avoir disparu de mon corps. Après tout, il ne pouvait rien m’arriver de pire. Ma crainte des autres n’était qu’une chimère montée de toute pièce par mes préjugés. J’avais été habituée à penser au pire, à ne voir que le mauvais chez les autres. Malgré tous les efforts que je mettais en œuvre pour changer ce côté de ma personnalité, le naturel revenait sans cesse. Je me battais contre ma propre personne. Contre mon propre esprit. Contre mes propres pensées. Contre ce que j’étais, au fond. Je poussai un soupir avant de descendre de la Victoria Line. Je mis une dizaine de minutes avant de finalement pouvoir me retrouver dans les rues de Brixton et, avec une assurance tremblante, je me dirigeai jusqu’au bâtiment où se trouvait le loft d’Owain. Je pris une profonde inspiration, avant d’appuyer sur le bouton de l’interphone. Puis, j’attendis. J’attendis simplement qu’il me réponde. J’entendis un simple déclic, et je ne lui laissai pas le temps de parler. « Si tu pouvais m’ouvrir, ça serait sympa. » lui lançai-je. « Désolée d’être en retard, j’ai eu du mal à estimer le temps que j’allais mettre pour venir jusqu’ici. Tu m’envoies ton ascenseur aussi ? Avec les machins privés je ne sais jamais comment faire, les histoires de clefs et tout ça, c’est pas pour moi. » Mon ton était presque désabusé, et je fixais l’interphone avec une attention toute particulière. Je poussai un soupir. Je me demandai pourquoi il avait demandé à ce que je vienne jusque chez lui pour que l’on travaille au lieu que l’on se retrouve à la bibliothèque, comme le jour où nous nous étions rencontrés ; cependant, j’avais appris, avec le temps, que poser des questions était bien souvent inutile, et que rare étaient les fois où les personnes se donnaient la peine de dire la vérité. Au lieu de quoi, j’avais fini par me dire que je le découvrirais par moi-même au cours de l’après-midi, et que, de toutes manières, il n’y aurait que de cette manière-là que j’apprendrais ce que je voulais réellement savoir. Je m’éclaircis la gorge. Après un instant, j’entendis un nouveau déclic, et je finis par pousser la porte de son bâtiment pour pénétrer à l’intérieur comme si j’étais chez moi, mon cœur battant sans doute trop vite, mes pensées défilaient à toute allure dans mon esprit angoissé.