crazy little thing called love - #CHANDLER-JULIAN-MAYA

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crazy little thing called love

Je restai stoïque pendant quelques instants. Mon corps, comme paralysé, refusait de suivre le cours des choses. Je crois que mon cerveau avait besoin d’une petite pause, un court instant de silence,  pour réellement percuter : Rosa, ma meilleure amie depuis l’université, était clouée dans un brancard, inconsciente, le visage en sang. Les événements s’étaient enchainés si vite. Un instant j’étais avec un ami à rigoler et à boire de la bière, puis l’instant suivant je me sentais obligé de le haïr. Il y’ avait un animal cruel et enragé, dans mon cœur. J’étais à moitié-conscient, presque mort. Mes poings se fermèrent tandis que je regardais Maya droit dans les yeux. Je ne la connaissais pas très bien, mais je pensais que l’état de Rosa justifiait une telle demande de ma part. Je la trouvais très changeante, mais je devais avouer, même si ça me tuait de lui donner raison, que ses paroles étaient sages. Ce n'était pas le moment ni l'endroit pour laisser place à nos conflits. Elle était parfois cassante avec Robin, et ça me dérangeait qu'elle prenne des grands airs rebelles, soit ! Je soupirai.

« Je sais me contrôler.» Soufflai-je. « Et je veux parler directement à un médecin. Je ne veux pas t'offenser, soyons clairs, mais je voudrais connaitre toutes les éventualités. »

Elle se retourna vers Chandler et tout de suite son visage devint plus humain. Mais quelle garce ! Je plissai les yeux, sans commentaire. Pourtant les piques ne demandaient qu'à sortir de ma bouche. J'aimais Rosa. C’était une jeune femme fragile. Je le savais parce que j’avais touché sa peau délicate tellement de fois. J’avais senti son parfum délicat, mélange sucré et bestial des animaux du cirque. Je fermai les yeux en songeant à son ossature fine, si facilement cassable. Mon cœur eut un raté. Je voulais tellement la protéger, mais elle s’obstinait à dresser une distance entre nous dès que je citais sa famille. Je crois que quelque part, elle essayait de me protéger aussi. Une si petite chose. Mon âme ployait, brisée par cette confession.

La voix rauque de Chandler ma tira subitement de ma torpeur, je fis volteface afin de croiser son visage blême. Je voulais bien lui donner le bénéfice du doute, après tout il avait l’air presque aussi chamboulé que moi. Mais ses mots avaient fusés trop vite, et mon animosité revint au galop. Je serrais les poings afin de réprimer une pulsion de violence, que je savais, n’était pas en mon avantage. Ce n’était pas avec un genou blessé que j’allais sauver mon honneur. Je déglutis avec lenteur.

« Qu’est-ce que tu en sais, Chandler ? Tu n’es qu’un gosse de riche de plus dans cette immense ville superficielle. Qu’est-ce que tu en sais ? » Grinçai-je d'un ton sec. « C’était sa seule famille ! » Je marquai un léger silence. « Ça vaut ce que ça vaut, mais c’est sa seule famille. » Le souvenir de mon père revenait me hanter. Je savais qu’il n’était pas parfait, il me l’avait prouvé tellement de fois en l’espace de toutes ses années mais je ne m’étais jamais résigné à le dénoncer ou à me défendre, même lorsque j’étais en âge de le faire. La violence avait fini par bercer mon enfance et mon histoire. Je lui lançai un regard noir.

« Si c’est pour dire des conneries, je préfère que tu te la ferme. C'est moi qu'elle est venue retrouvé, alors ferme là.»

Rosa était la version effarouchée et brisée d’une danseuse désabusée. Une différente version de mon vécu. Je réalisai tout à coup qu’elle me manquait terriblement. Je ne l’avais pas vu depuis des semaines et maintenant qu’elle était là, elle était hors d’atteinte. Maya revint vers nous - Tiens elle était partie ? Je lançai un regard en biais à Chandler.

« Je suis sa famille.» Lançai-je plein de conviction. « Elle a l'âge d'être émancipée, ses parents sont tous les deux morts et son oncle voudra sûrement la forcer à retourner au cirque. Rosa est un investissement qu'il ne peut pas se permettre de perdre.» Je soupirai. « Prend mes coordonnées , je serais sa personne référence.»


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Je n'en reviens toujours pas, tout est allé trop vite. Ce matin encore, nos mains se joignaient, nos corps se cherchaient et maintenant une grenade dégoupillée venait d'exploser entre mes mains, de façon abrupte. Le petit nuage sur lequel je marchais vient de disparaitre à tout jamais. Notre relation est naissante, mais avant elle, je me sentais perdu et éparpillé, incomplet. Je ne respire que par elle, parce qu'elle me délivre de ce que je pensais être. La jeune femme qui bosse ici me confirme qu'ils feront tout ce qui est en leurs pouvoir. Ce n'est pas suffisant, parce que cela laisse une place inévitable à la possibilité que je ne la serre plus jamais dans mes bras.   Qu’est-ce que tu en sais, Chandler ? Tu n’es qu’un gosse de riche de plus dans cette immense ville superficielle. Qu’est-ce que tu en sais ? C’était sa seule famille ! Ça vaut ce que ça vaut, mais c’est sa seule famille. Son ton est hargneux, sa voix brisé, son chagrin est palpable, c'est d'ailleurs, la seule et unique chose qui nous unis à présent : Rosa. Son discours me laisse de marbre, je me rend compte ç cet instant que j'ai du sang sur la chemise, celui de ma bien aimé, ça a du se produire quand je l'ai porter jusqu'à l'hôpital. Je pourrais entamer un débat sur l'importance de la famille, sur le fait qu'il serait parfois plus judicieux de s'en séparer, mais je me montrerais hypocrite puisque je m'y rattache aveuglément. La plupart de mes actions n'ont été pour attirer et susciter l'affection d'une seule et unique personne : mon père. Chacun avec son lot d'emmerdements, Rosé était clairement bien moins loti que le reste de la population mais dans ce monde hostile, déshumanisé et barbare, elle a su m'apporter ce qui représente finalement tout : l'amour. je garde mon calme, parce que je sais que c'est ce que la jolie acrobate aurait voulu.  Si c’est pour dire des conneries, je préfère que tu te la ferme. C'est moi qu'elle est venue retrouvé, alors ferme là. Alors là, j'explose et je me lève d'une traite pour le prendre par le col. De quel droit se permet il de juger ce que l'on vit et l'importance qu'elle me porte. Enfin, ce qui fait surtout mal, c'est qu'il touche juste. Tout est si fragile et incertain dans ce bas monde. A l'aube de quelques heures grises dans la salle d'attente, je me rend compte que je ne regrette rien, parce que ces quelques moments passés avec Rosa valaient la peine d'être vécu, quoi qu'il advienne ensuite. Elle est forte, courageuse, avec une rage de vire incomparable, elle y arrivera, j'en suis sure. Je fronce les sourcils, j'ai envie de lui mettre un coup de tête mais je me retiens. Je le lâche dans un regard dédaigneux. Tu n'es plus le seul coq dans la basse cour, tu vas devoir t'y faire. Elle est peut être venue chez toi, mais c'est avec moi qu'elle sort ! C'est ce moment plutôt adéquate que choisi l'infirmière, enfin je suppose qu'elle l'est, pour revenir. Elle fait un constat mitigé de la situation de Rosa, maintenant, on a plus qu'a prier, espérer que tout ira pour le mieux. Je vais également avoir besoin des coordonnées de sa famille.  Je suis sa famille. Prend mes coordonnées , je serais sa personne référence. Et le voilà, le spécialiste pour se mettre en avant, c'est dingue, moi qui pensait déjà avoir un égo surdimensionné mais il bat des records dans ce domaine. Je me rend compte que l'on trouve toujours pire que le pire. Orgueilleux et vaniteux. Waoh ! Je comprend définitivement pas ce qu'elle voit en toi. Je pousse un soupire et j'ajoute : Quel genre d'infos ? Je peux me rendre là bas, si ça peut aider. C'était ça qu'elle demandait non ? Je ne cherche pas à passer pour un superhéros ou autre, je veux juste réunir toutes les chances de notre côté pour qu'elle soit saine et sauve. Je repense à notre rencontre, si ma soeur ne s'était pas mariée, si elle avait passé la piste de danse quelques secondes plus tôt, on ne se serait sans doute jamais croisé. Et j'aime à croire que le destin ne l'a pas mise sur mon chemin pour me l'arracher aussi vite.

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Mon cœur martelait ma poitrine avec acharnement. Chacune de ses paroles sonnait dans ma tête comme un affront personnel. Chacun de ses gestes, même le soulèvement basique de sa poitrine lorsqu’il respirait, me plongeait dans un état d’aigreur second. Je grinçai des dents en le fusillant du regard. Je savais pertinemment que son animosité envers moi était liée à ma relation étroite avec Rosa. Je savais aussi qu’il était aveuglé par sa jalousie, et son petit complexe de gosse de riche en manque d’affection. Je déglutis en serrant les poings, tentative vaine de contrôler mes émotions. Mes propos étaient violents, dégradants et menaçants. Ma langue sifflait les venins de mes démons malsains.

« Tu es un nase ! »

Chandler explosa. Il me prit subitement par le col, et je ne demandais que ça pour lui sauter dessus! Un sourire malsain, presque ravi, se traça sur ma bouche pincée. Je sentais l’exaspération monter en moi comme un mal incurable. J’étais né impulsif et je vivais chaque moment avec une intensité déroutante. Le virus du grand courroux rongeait mes viscères les uns après les autres. Je tapais du pied avant de l’empoigner à mon tour. Il était en position de force étant donné l’état de mon genou, mais je prenais le risque de finir handicapé juste pour le plaisir de le voir saigner. Mon cœur battait au rythme des chants de guerre d’une patrie que j’avais oublié. J’entendais les cornemuses crier sacrilège. Je mordis ma lèvre inférieure avant de lui donner un coup de tête directement dans le nez. Mes yeux se froncèrent.

« Voilà ce qu’il te dit le coq de la basse court ! » Crachai-je avec fureur. « Elle sort avec toi maintenant, mais quand elle ouvrira les yeux sur ta stupidité, elle comprendra comme tout le monde que t’es un bon à rien. Je sortais bien avec toi aussi !»

Il lâche ma prise, et j’en fis de même tout en restant sur mes gardes, certain qu’un coup en traitre n’allait pas tarder.

« Elle voit en moi, ce qu’elle ne verra jamais en toi : Un compagnon de vie ! Tu ne sais pas de quoi tu parles Chandler ! »

Je me retournai vers Maya. Tout à coup, son professionnalisme et son calme me semblèrent impressionnants. J’étais presque tenté de changer d’avis à son sujet, mais je me retins de continuer cette réflexion.

« Merci Maya. Chandler passera la voir en premier, il en profitera pour aller à l’infirmerie ou passer un test de schizophrénie … » Sifflai-je à l’intention de la jeune femme. « Je pense que je suis plus apte à remplir vos attentes quant à l’historique de Rosa. Je la connais depuis plusieurs années maintenant. »

Je regardai Chandler au coin.

« A moins que tu préfères te ridiculiser … »


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Je crois que c'est à ce moment que je passe un cap. Je ne sais plus ou je suis, mon nom est étranger, ma voix.. n'en parlons pas, je ne résonne plus, je ne contrôle plus. C'est ce pallier où on ne sent plus rien, votre coeur est-ce qu'il bat ? Je ne sais pas, morte, vivante on ne sais pas c'est entre les deux, c'est juste trop compliqué. je n'ai plus mal j'ai une impression de flottement, c'est juste plaisant d'un coup. Les bruits autour de moi s'estompent je perd les voix, je suis dans un calme plat.. j'ouvre les yeux.. je crois que ce n'est pas vraiment le cas mais une lumière totalement blanche est là, elle m'attend, elle m'éclaire, elle me fait du bien. Je regarde autour de moi, elle est partout, tout est d'un blanc si pur, je n'avais jamais vu ce genre de genre. Je me mort la lèvre, réflexe lorsque je suis un peu paumée, nerveuse, c'est une incompréhension folle. Une silhouette avance alors vers moi.. Je frissonne, est-ce que c'est possible de frissoner dans ce genre de moment ? Enfaîte j'ai l'impression que tout cela est juste dans ma tête, que rien n'est vraiment réel.. sinon je suppose que j'aurais un accès à mon corps, je sentirais cette douleur insoutenable dont j'ai souffert jusqu'à.. je suis où déjà ? Cette silhouette avance elle s'approche.. et c'est un visage familier que j'ai je ne l'ai jamais vu en vrai.. mais je le reconnais, c'est mon père.. et je reste totalement paumée.. je le regarde.. il est là.. il me sourit.. j'aurais tellement voulu le connaître, est-ce qu'il est mort par ma faute, parce que ma mère est tombée enceinte de lui ? Je me pose tant de question.. elles sont toujours sans réponses. " tu es magnifique ma chérie " Il touche ma joue.. une caresse parfaite. Je ferme les yeux deux secondes.. et il n'est plus là.. la lumière blanche à disparu et je sens une douleur fulgurante à la tête j'ai envie de la tenir entre mes main, mais rien.. j'ai mal et je ne peux pas réagir, juste une envie de crier. J'ai le souffle coupé, les poumons ? C'est là aussi que j'ai mal.. dans les côtés.. et dans la jambe, j'ai mal partout. d'un coup j'entend une agitation folle.. puis un acouphène recouvre tout, je suis repartie.. loin peut-être trop loin.. j'ai l'impression de me noyer dans un tourbillon fou.. ça s'arrête quand ? C'est épuisant, je n'en peux plus, je veux abandonner, me laisser entraîner vers le fond, partir, qui me pleurera ? Qui sera là ? Je ne sais plus.. pas.. quel âge j'ai ? qui je suis ? je m'embrouille, j'en peux plus. Je suffoque, pourquoi personne ne m'aide, cette impression d'être seule.. au monde, partie.. qui se rappellera de moi ?

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