"Fermeture" de London Calling
Après cinq années sur la toile, London Calling ferme ses portes. Toutes les infos par ici lexie + hope it gives you hell. 2979874845 lexie + hope it gives you hell. 1973890357
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() message posté Mar 12 Aoû 2014 - 19:28 par Invité


lexie&nino

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Prendre un café le lundi matin, c'est mon petit rituel. Une sorte de routine afin de bien commencer la semaine. Je lis le journal, profite du soleil quand il y en a. Londres n'a pas réussi à me faire passer au thé parce que le café reste encore et toujours, sacré à mes yeux. Et puis, il n'y a pas forcément beaucoup de monde. Il y a surtout des  gens comme moi, ceux qui après le café prennent le chemin du travail. Moi, j'irais à mon studio ou chez moi, pour essayer des mélodies ou bien les écrire. A presque trente ans, je trouve que je ne m'en sors pas si mal. Je suis mon propre patron et même si je dois batailler pour qu'on me paye après avoir été accepté pour quelconque chanteur ou publicité, je ne vis pas mal. C'est surtout grâce à l'énorme héritage de Fausto mais ma notoriété n'est qu'une question de temps. Il y a énormément d'artistes à Londres et sur le sol britannique en général, je ne me fais pas de soucis pour l'industrie musicale britannique. Parfois Fausto me manque. Et après je me dis qu'il est bien où il est. Seulement, je sais que je n'aurais jamais été la même personne sans lui. Il m'avait éveillé à des tas de choses musique, cinéma, littérature et nature. Je connaissais pleins de choses grâce à lui. Tandis qu'au village, j'aurais sûrement joué au foot, appris un métier manuel puis basta. Maintenant, j'étais quelqu'un de plus complet, surtout au niveau intellectuel. Je ne m'ennuyais jamais à m'intéresser à tout ça. C'était lui qui m'avait donné envie de partir aussi. Partir. Enfin, plutôt fuir. Fuir cette vie qui semblait m'être promise, déjouer ce destin qui avait été tracé. Sans lui, je serais devenu un jeune homme de là-bas, épousant une fille de là-bas, ayant des enfants qui habiteraient là-bas puis finirait par mourir là-bas. Ici, ma vie n'était pas parfaite. Mais je faisais ce que j'aimais. Je rencontrais des gens différents avec un passé plus ou moins dense et avec qui j'aimais avoir des conversations diverses et variées. Je me demandais ce que devenaient mes parents. Ils devaient être heureux dans cette vie dont ils avaient toujours rêvé. Ils n'avaient jamais imaginé autre chose, ils avaient vécu l'après-guerre, la sécurité était le plus important pour eux. On vivrait des vies complètement différentes, c'est certain. Je n'étais pas prêt à aller les revoir. Je l'étais, il y a six mois. Quand Jane était encore là, quand la bague scintillait à son annulaire, quand l'avenir avec elle semblait radieux. Comme quoi, les moments de bonheur ne durent jamais ; ça me faisait encore plus mal, vu que je m'y étais habitué. Je n'avais eu besoin de qu'elle, et elle était partie.Et puis, soudain, il y a des bruits que pièces qui roulent, un juron puis des éclats de voix. Je me retourne, surpris. Mon café doit être froid vu tout le temps où je suis resté dans mes pensées, je n'ai même pas fait attention à qui entrait et sortait. Je reconnais ce visage, cette chevelure et cet air fier. Alexandra. Quand je pensais aux bonnes rencontres, peut-être qu'elle était l'exception qui confirmait la règle puisque même si elle avait de la personnalité, malheureusement, j'avais du en faire les frais. Je finis le fond du liquide en grimaçant à son goût amer, accentué par la tiédeur puis m'approchais de la jeune femme en pleine altercation avec un serveur. Cela parlait d'une pièce, d'un paiement, remettant les bribes de conversation dans l'ordre, dans ma tête, je crus comprendre pourquoi elle était si énervée. Je sortis de ma poche un billet de dix livres et le donnais au serveur. Il sembla satisfait puisqu'il repartit après m'avoir adressé un signe de tête. Je me tournai alors vers la brunette. Oh, oh. Elle ne semblait pas contente. « Avant que tu ne dises quoique ce soit, ce n'est rien. Je n'ai pas fait ça pour te rendre service, seulement pour que, - non, ne me coupe pas - , tu arrêtes de casser les oreilles de tout le monde. Maintenant, t'as ta commande, tu peux repartir, au revoir. » Quelque chose dans le regard d'Alexandra lui fit comprendre qu'elle allait répliquer. Et c'est reparti, un peu comme cette matinée il y a presque deux semaines. Peut-être que c'était une très mauvaise idée de se mêler de ce qui ne vous regarde pas, en fait, surtout avec une tigresse – pas dans le sens le plus sensuel du terme, quoique – en face de vous. C'était à qui aurait le dernier mot.
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() message posté Mer 13 Aoû 2014 - 14:13 par Invité
Je me demande ce que Sam fait, si elle va bien. J’aimerais tellement qu’elle passe la porte maintenant, qu’elle rapplique comme elle le fait toujours, même affolée, même en colère, même pour me faire la morale. Cela fait quelques jours qu’elle me fait subir son silence. Je n’y suis pas habituée. Je suis pourtant celle qui lui demande de vivre sa vie, mais je me rends compte au fil des jours qu’elle me rassure plus que je n’aurais pu le penser. Après tout, elle n’a pas de raisons de s’en faire en ce moment. Je me suis rendue à mes deux dernières dialyses, personne n’avait à la prévenir … À la prévenir que ça n’allait pourtant pas. Les toxines ne veulent plus quitter mon corps, tous mes organes sont assaillis, elles finiront par les détruire. Ce n’est pas une douleur vive et foudroyante, c’est plutôt le contraire de l’absence de douleur. En permanence. En sourdine. Comme si je perdais un peu plus de moi-même chaque jour. Elles me clouent au lit, affolent mon cœur, le soulèvent, attaquent mes os, font valdinguer ma tête aux quatre coins de la pièce. Ce n’est pas une souffrance due à une blessure fraiche et suintante, c’est une souffrance continue, qui ne me quitte jamais, pas même la nuit. Je suis allée à ma dialyse hier soir. Il n’y avait aucune compassion dans le regard de l’infirmière qui m’a annoncé qu’en effet, mon corps ne combattait plus. Elle a raison, après tout. Tout ceci est de ma faute. A la croire, je devrais être encore à l’hôpital, branchée à cette machine pour des jours et des jours. J’ai refusé. Je suis ma ligne de conduite. Je ne vais pas changer d’avis, comme ça, au premier défi. J’éduque mes émotions, je tords mes souffrances pour les manier à ma guise, je me durcis l’âme, j’ai ainsi l’impression d’en faire presque ce que je veux, de pouvoir contrôler mon mal-être pour, je ne sais pas, quelques minutes tout au plus. Ça paraît peu mais c’est quelques minutes essentielles pour moi. Tout ça, j’adorerais pouvoir le dire à ma sœur, me confier honnêtement. Mais ce n’est pas aussi simple, je ne suis pas égoïste contrairement à ce qu’elle peut me dire parfois, elle en souffrirait plus que moi. Ce n’est pas grave, ce n’est pas grave de vivre de longues semaines entre parenthèses, au ralenti. Il faut persister à essayer de mener une existence quasi normale. C’est la vie. Cela fait partie du jeu, cette résignation muette à la souffrance. « HÉ HO ! On n’accepte plus les pièces, il me faut un billet ! OH ! » Je sors brutalement de mes pensées lorsque le serveur claque ses doigts devant mon nez en toute impunité. « Excusez-moi ? » je lui demande poliment, n’ayant pas encore réalisé la situation. L’homme doit avoir entre 40 et 45 ans, il me fixe avec insistance, prend à partie la table voisine pour me désigner avec agacement. « Vous êtes stone, vous allez nous claquer entre les doigts ou comment ça se passe ?! J’ai d’autres clients, pas de pièces ! » Il ponctue sa phrase en rejetant ma monnaie sur la table d’un lâcher de poignet sec et abrupt. Je me lève soudainement en attrapant mon thé glacé qu’il manque de renverser sur mes genoux. « Ex-cu-sez-moi ? » je répète, ce n’est plus une question parce que je n’ai pas entendu. C’est un reproche acide, insolent tandis que je plante un regard noir dans le sien. « Oh mademoiselle se réveille. Cinq minutes que je me tue à vous expliquer mais ça se permet de faire l’indignée. » Je suis abasourdie, si j’avais été plus en forme, je lui aurais déjà sauté à la gorge. « Oh ça ne se permet pas de faire l’indignée non, ça demande à voir votre supérieur immédiatement. Mieux, ça demande à ce que vous ramassiez ces pièces, avec un sourire, et que vous vous les … Non, vous savez quoi, estimez-vous heureux à ce que je paye tout court vu votre service. » L’homme brun se permet de rire jaune face à moi, étonné de voir à quelle vitesse j’avais retrouvé mes moyens, sûrement agacé de ne pas pouvoir me répondre avec toute la vulgarité dont il semblait être capable. « Mais allez-y faites donc, vous aviez l’air défoncée y’a deux minutes, qu’on appelle les flics ! » « Bien sûr, allez-y. Vous leur expliquerez quelle grande délinquante je fais à vouloir payer comme bon me semble. » L’homme devient cramoisi, s’apprête à répliquer lorsque un bon samaritain se plante à mes côtés et lui tend un billet pour régler ma commande. L’homme lui arrache presque des mains et s’éloigne aussitôt non sans m’avoir adressé un regard foudroyant auquel je réponds en levant les yeux au ciel. Je me tourne vers le nouveau venu, prête à le remercier pour être intervenu même si ce n’était pas nécessaire et je bloque une fraction de seconde. « Avant que tu ne dises quoique ce soit, ce n'est rien. Je n'ai pas fait ça pour te rendre service, seulement pour que, - non, ne me coupe pas -, tu arrêtes de casser les oreilles de tout le monde. Maintenant, t'as ta commande, tu peux repartir, au revoir. » J’hallucine. Mais qu’est-ce qu’il se passe aujourd’hui ? J’ai une tête qui ne leur revient pas ? Suis-je à ce point antipathique ? Je reconnais Nino, le contraire aurait été étonnant. Je n’avais pas été des plus sympathique avec lui il y a quelques jours. Ou plutôt si, après une nuit des plus agréable, je m’étais réveillée le lendemain, prête à en finir comme d’habitude. Ce n’était pas contre lui, c’était ma manière d’agir. Au matin, l’indifférence prenait le dessus, j’avais simplement envie de débuter ma journée sans avoir à faire face à mes dérapages de la nuit. Je ne suis pas agressive ces matins là. Je cherche simplement à faire faux bond, je débusque de bonnes raisons pour ne pas avoir à discuter, pour oublier. Ça marche plutôt bien d’ordinaire, chacun partant de son côté. Nino l’avait mal pris et les mauvais mots s’étaient enchainés. Soit. Je lève mon verre, le visage impassible. «  Tu penses que je peux rester encore un moment ? S’il te plaît ? Je me ferais toute petite histoire de ne déranger personne. » Mon ton est neutre mais il y décèlera bien assez l’ironie mélangée à un brin d’agacement. « La monnaie est sur la table, tu peux la récupérer, qu’on ne pense pas que je profite de ta générosité. À moins que tu ne veuilles un billet toi aussi ? »
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() message posté Jeu 14 Aoû 2014 - 11:42 par Invité


lexie&nino

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Je pense un peu à Jane. Un peu tous les jours. Ce qui fait que son image ne s'efface pas de ma tête. J'ai du mal à me dire que c'est fini, qu'il faut que je passe à autre chose. C'est un peu comme si on avait joué, qu'on avait passé un bon moment mais qu'on avait perdu. On avait été trop aveugles, trop sûrs de nous pour ne pas tomber dans le piège. On s'était déchirés petit à petit et un vide s'était installé entre nous sans qu'aucun ne s'en aperçoive. Et puis après, quand on s'en est rendu compte, quand on a vu qu'on se faisait du mal, on rejetait la faute sur l'autre. C'était bien plus facile que de se dire que si on avait fait plus attention, peut-être que ce n'aurait été qu'une énième pente raide un peu trop raide, justement et non un trou béant, un point de non-retour. Ce qui était fait été fait. Le premier surpris, c'était moi. Et le premier blessé aussi mais une histoire de deux ans, ça ne peut pas se finir sans laisser de séquelles, si ? Elle qui avait été ma première petite amie serait aussi ma première rupture. C'était naturel aux yeux des gens, peu de gens restaient toutes leur vie avec leur première amour de nos jours. Mais moi, j'avais un cran de retard, un peu de retard au compteur. Les flirts innocents, les rencards qui s'enchaînent, je n'ai pas connu ça adolescent mais bien seulement après ma venue à Londres. Je n'en avais jamais souffert avant mais après avoir connu ça, je crois que je n'ai jamais autant regretté d'avoir grandi. Et puis, je savais avancer. Pas très vite mais cela marchait. J'ai eu des courtes relations d'une semaine à un mois, des fréquentations. Rien de vraiment concret mais c'était un bon signe. Ainsi, la solitude me fuyait et quelques bonnes mains m'aidaient à sortir la tête hors de l'eau. Je n'étais pas l'homme de plusieurs femmes, je n'étais pas avides de ses relations sans lendemain. J'étais bien trop attaché aux personnes pour pouvoir les laisser partir sans les retenir. Je ne voulais pas les forcer à quoique ce soit, je n'attendais ni reconnaissance ni fausse amitié hypocrite mais j'aimais juste nous savoir en bons termes. Je me souvenais de ces grands garçons, quand j'étais plus jeune, qui faisait pleurer les filles. Il passait en coup de vent, se faisait parfois courser par les pères en colère pour aller compter fleurette à une autre jeune fille. Ma sœur avait même failli se faire prendre à leurs belles paroles, les caresses furtives, innocemment bien calculées et leurs sourires. Je les avais assez observé pour encore plus les mépriser. Les femmes italiennes sont caractérielles, elle se faisait peu avoir en général mais il arrivait qu'un môme aux trop grands yeux et d'humeur lyrique arrive à leur faire tourner la tête. Non, je m'étais promis de ne jamais devenir comme ça. Et ça me réussissait plutôt bien. Lexie était une exception, en soit. Exception dont je gardais un souvenir assez... explosif. Elle avait été adorable mais le charme s'était rompu dès le matin où elle s'était montrée très froide. Un peu comme un animal qu'on aurait caressé à rebrousse-poil. Et moi, et moi, je m'étais senti obligé de répliquer.

Elle n'a pas vraiment changé par rapport à l'autre soir. Elle a le regard qui brille et le visage pâle. Trop pâle. Cela n'enlève rien à sa beauté mais elle a l'air mal en point. Je la comprends, un peu, j'aurais sûrement réagi à sa manière si on m'avait forcé à payer avec un billet. Quelle drôle d'idée, comme s'ils n'avaient pas de monnaie. Je soupire. Je déteste les émeutes, l'énervement, les ambiances électriques. Elle lève son verre vers moi. Malgré son visage neutre, il y a ce petit de défi, un peu hautain, un peu snob. Cela a le don de m'agacer mais je n'ai pas envie qu'elle gâche une deuxième fois une journée. « Ça va, ça va c'est bon. Pas besoin de le prendre comme ça. » Je lève les yeux au ciel. Elle m'annonce que je peux prendre sa monnaie, je m'exécute, un petit sourire en coin aux lèvres. Je tire la chaise en face de Lexie vers moi puis me pose dessus. Je suis un peu le type le plus contradictoire au monde. « Je constate que t'es particulièrement en forme, aujourd'hui. Je me serais inquiété si tu t'étais contentée de te plier à la demande de ce type sans broncher. » Je me tourne vers elle. « Peut-être que je commence à te connaître. Même si je me demande si tu n'as pas une sœur jumelle plus douce, plus adorable, un peu comme la fille que j'avais invité à la base, tu vois ? Et toi, tu serais la jumelle maléfique grande gueule et tout. » Je ricane. J'ai vraiment des idées bizarres des fois. De toute façon, j'ai rien de spécial à lui dire. Ni elle ni moi ne voulait démarrer une quelconque conversation de toute façon. Je m'apprête à me lever pour m'en aller mais son visage perdu dans le vague, aussi blanc que l'ivoire m'interpelle. « Eh, faut pas le prendre comme ça. Je rigolais, hein. Je voulais pas te vexer ou quoi. » Je me lève, contourne la table puis viens m'agenouiller près d'elle pour être à sa hauteur. Je prends sa main puis relève son visage pour la regarder. « Alexandra ? Alexandra ? » Elle a l'air mal en point. Je me surprends à être très inquiet pour elle, ce petit brin de femme. Un éclair de panique m'envahit mais je me force de me reprendre. « S'il te plaît, dis moi que tu vas bien. Fais quelque chose. Mais me frappe pas, hein. » Enfin, j'préfère que tu me frappes que tu me vomisses dessus, joli cœur.  
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() message posté Jeu 14 Aoû 2014 - 16:01 par Invité
J’avais pour habitude de tenir en horreur les gens qui se donnaient en spectacle. Mais plus les années passent et plus je me surprends à en faire partie. Pire, je me jette à corps perdu dans cette catégorie de personnes. Sans même le faire exprès. Je ne m’en rends compte qu’après, qu’une fois la confrontation passée. À ma décharge, je n’étais jamais la première à lancer le coup d’envoi, mais je ne sais plus tenir ma langue lorsque je suis témoin d’une injustice ou victime d’un affront ou autre récrimination grossière. Je ne suis pas susceptible, au fond je m’en moque bien. C’est autre chose. Une furieuse envie de les remettre à leur place. Une envie déplacée de leur prouver qu’ils ne peuvent pas tout se permettre, que j’ai beau être un poids plume, je ne me tairais pas. Et voici comment les scènes arrivaient. Ça passera avec le temps, me disait oncle Bob. Je me résignerais, m’assagirais, perdrais ce goût de la répartie bien sentie, assurait-il. Je n’étais pas pressée, ce futur me semblait bien fade. « Ça va, ça va c'est bon. Pas besoin de le prendre comme ça. » Je me rassois, plus par sécurité que par confort. Mon corps est lourd, mes jambes me paraissent soudainement être faites de coton et ne semblent plus vouloir me porter. Je fais mine de rien. Le prendre comment ? J’ai employé un ton similaire au sien et ça ne lui plait pas ? « Je prends ça pour un oui, merci de ton accord ». J’essaie de me radoucir, d’oublier l’incident. Ce n’est pas évident avec le regard du serveur fixé sur moi de l’autre côté de son comptoir. J’ai soudain l’impression qu’il n’attend qu’une seule chose : que Nino s’en aille pour revenir à la charge. Nino qui s’assoit d’ailleurs face à moi. Je suis un brin étonnée mais je ne le montre pas. Après tout, je n’ai rien contre lui. Rien de concret, j’entends. Je n’avais pas cherché à me confronter à lui l’autre jour, j’entendais ne pas me disputer, les choses s’étaient simplement accélérées et étaient allées trop vite pour que je me rende compte à quel point tout cela était ridicule. Qu’est-ce qui me pousse à déguerpir au matin ? Peut-être l’envie. Peut-être le temps. Peut-être la crainte. Peut-être la lâcheté. Ou l’éternelle peur de m’être trompée, de ne pas connaître l’homme avec qui j’étais, de m’être trompée sur son compte. Ou sur le mien, de ne pas être ce qu’ils attendaient. Toutes ces questions que je ne voulais pas me poser et auxquelles Nino m’avait confrontée, sans même s’en rendre compte, en engageant une discussion ce matin là. « Je constate que t'es particulièrement en forme, aujourd'hui. Je me serais inquiété si tu t'étais contentée de te plier à la demande de ce type sans broncher. » Je me renfrogne sans le vouloir. « Pourquoi tu lui as facilité la tâche alors ? T’avais pas l’air du genre à vouloir éviter les conflits la dernière fois. » Une immense barre semble être en train de compresser ma boite crânienne, ne la voyait-il pas ? Ma tête va bientôt exploser et mon cœur s’arrêter à force de s’emballer ainsi. L’engluement. Et si ça ne s’arrêtait jamais ? Si ça ne revenait plus ? Ces jours où j’étais en pleine santé et où je n’en profitais pas assez ? Cette quiétude généralisée somme toute assez commune qui paraît être une évidence pour beaucoup et dont on n’est pas assez conscient, jusqu’au jour où elle disparaît. « Peut-être que je commence à te connaître. Même si je me demande si tu n'as pas une sœur jumelle plus douce, plus adorable, un peu comme la fille que j'avais invité à la base, tu vois ? Et toi, tu serais la jumelle maléfique grande gueule et tout. » Je me raccroche à sa voix, est-ce qu’il s’éloigne ? J’ai l’impression de l’entendre de très loin. Et puis ses traits s’obscurcissent également. Comme si un voile gris avait soudain été posé pile entre lui et moi, pour nous séparer et m’empêcher de me montrer une nouvelle fois désagréable. Le fait que je sois encore en train de chercher le bon mot pour répondre à sa plaisanterie prouve que je ne vais pas bien. Je le sais, je le sens. Je me sens soudain très faible, comme si mes membres étaient faits de pâte à modeler. « Alexandra ? Alexandra ? » J’hoche la tête comme pour lui répondre, lui assurer que j’étais bien là. « Ça va … Ça va, je vais bien. » Mais je n’entends aucun son sortir de ma bouche. Les entend-il lui ? Je sais ce qui m’arrive. Mais je refuse. Je refuse de m’effondrer maintenant, au milieu de tous ces gens. Je sais ce que ça donne. J’imagine déjà les convulsions, les suffocations … Je m’étais suffisamment donnée en spectacle pour aujourd’hui. « Si jamais, pas d'hôpital hein ... » Car plus que cela, j’ai peur de m’endormir, d’abandonner, de me laisser faire, et de me réveiller au fond d’un lit, des tubes branchés à moi, dans moi. On refuserait de me laisser partir cette fois-ci. Et ça, il l'avait entendu ? Moi, toujours pas. Je sais pertinemment ce qui m’arrive. Je perçois la silhouette de Nino accroupie devant moi, je soupirerais presque si je le pouvais, je ne faisais décidément pas bonne figure face à lui. Je devais avoir l’air si vulnérable … J'ai du mal à respirer. À vrai dire je n'y arrive plus et ce, malgré les grandes inspirations saccadées que j'essaye de prendre. Je m’adosse à la chaise, mes mains cherchent en vain un endroit auquel se raccrocher mais je glisse vers le sol. Brutalement. C’est l’abattement. J’ignore si la chute dure une seconde ou bien toute une vie. Je perds le contrôle sans raison, je ne sais pas non plus si c’est le sol que je percute ou le torse de Nino quand je perds enfin conscience. Il ne reste que du vide.
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() message posté Mar 19 Aoû 2014 - 23:48 par Invité


lexie&nino

when you see my face hope it gives you hell. hope it gives you hell. when you walk my way hope it gives you hell. hope it gives you hell.

Elle est jolie quand elle s'énerve, je dois l'avouer. Mais moi, je ne supporte pas l'énergie dépensée pour rien. Surtout pour se dire des trucs méchants rien que parce qu'on s'est levé du pied gauche et non du droit ou pour se défouler. Je n'ai jamais aimé les gens qui cherchaient simplement les conflits pour se protéger eux, je trouvais ça particulièrement lâche, de répandre les mauvaises ondes pour ne pas se concentrer sur les siennes. Je ne pensais pas que Lexie faisait partie de ces gens, j'aurais sûrement du m'inquiéter, j'aurais peut-être du être indulgent. Mais j'ignorais ce qui allait se passer quelques minutes plus tard. Je connais bien les filles qui vont les prédateurs alors qu'elles sont aussi fragiles et féroces que des bichons. Ca aboie beaucoup, mais si fallait se battre, elles n'en mèneraient pas large. Ca c'est peut-être mon côté mâle orgueilleux qui parle mais elle m'a un peu irrité. Pourtant, je suis bien du genre à éviter les conflits de quelque nature qu'il soit. Pourtant, elle semble un peu plus douce. Mais cette douceur n'est que superficielle, ce n'est pas elle qui en est la maîtresse. Je le sens. Elle semble lointaine, effacée comme si elle n'était plus qu'une esquisse presque complètement gommée du papier. Je fronce les sourcils, j'ai un mauvais pressentiment. J'ai l'impression qu'elle va se briser sous mes yeux et cette image me bouleverse profondément. Je ne m'y attendrais pas du tout. Pas d'elle, pas de la Lexie qui a failli me menacer alors qu'on venait à peine de se réveiller. Je hoche la tête, silencieux. Je ne sais pas quoi ajouter de plus. Elle semble fatiguée. Je me sens presque coupable de respirer le même air qu'elle alors qu'elle en aurait bien besoin, d'air. Peut-être que j'avais été un peu blessé, l'autre fois, qu'elle réagisse ainsi au matin. Non pas que je me croyais trop bon amant pour être vexé que ma partenaire ait ce genre de comportement le matin mais plutôt qu'une personne cherche à me fuir alors qu'on ne se connaissait que peu. Elle n'aurait pu réagir ainsi que si je l'avais demandé en mariage, que si je lui avoué mon amour profond et sincère pour elle, oui au bout d'une nuit, mais rien de tout cela n'était arrivé. Elle me reproche de ne pas avoir voulu éviter à tout prix la confrontation l'autre matin. C'est le comble. « C'est pas comparable. L'autre coup, tu t'en prenais à moi. Du moins, ça m'a agacé mais bref, c'est pas l'histoire. Mais là, le serveur et toi vous auriez pu vous prendre la pomme encore longtemps, cela m'aurait été égal si je n'avais pas été également dans la même pièce que vous. En plus, c'était une prise de bec inutile sérieux. Et je ne prends aucun parti ! » Je ris mais mon rire s'évanouit aussitôt. Tout va vite très vite. Elle me rassure, ose même dire que tout va bien alors que je vois très bien que ce n'est pas le cas. Personne n'a remarqué encore mais je sais que cela ne va pas tarder. Je croise soudain le regard méfiant du type de tout à l'heure. Tout de suite, j'efface mon air paniqué et affiche un sourire puis me rapproche de l'oreille de Lexie, comme pour lui faire une confidence. Un coup d’œil vers sa direction m'assure qu'il ne nous regarde plus mais moi, je suis toujours inquiet. Ses yeux sont clos, elle ne tient que vaguement debout juste parce que je la maintiens. Ses symptômes me sont inconnus et puis, elle a pas vraiment l'air d'avoir besoin de bouche à bouche aka le seul truc de secourisme où j'aurais pu me débrouiller. Sans blague. Faut pas qu'elle fasse une crise, je ne sais pas quoi faire moi. Et puis je sursaute et je m'élance vers elle alors que son petit corps de poupée tombe entre mes bras. Le bruit des chaises ne trompe personne et tout de suite, quelques personnes viennent s'agglutiner autour de nous. Elle est complètement dans les pommes. Bordel. Bien sûr, je n'ai pas le temps de penser que la petite ingénue me gâche aussi cette journée. Non, je suis bien trop soucieux pour ça. Je la secoue un peu, la relève puis glisse un bras sous ses genoux afin de la porter. Elle est inconsciente. Plusieurs personnes paniquent et je profite d'un moment de désaccord général pour filer.

Je ne vais pas bien vite. D'ailleurs, j'entends un 'Faut le rattraper' derrière moi. Elle a de la chance que ce café soit celui voisin à chez moi. Quelqu'un hurle au téléphone, j'entends le brouhaha même dans ma cage d'escalier. Putain. Mais pourquoi. Elle est lourde, j'ai du mal à monter tous ces escaliers avec son poids de libellule morte. Tout pèse sur mes bras, mais je ne peux pas la lâcher, cela va de soit. Pourtant, je suis bien obligée de la porter d'un bras quand j'essaye d'ouvrir la porte. C'est avec un immense soulagement que je la dépose sur mon canapé. Je ne profite pas de ce court instant de répit puisque tout de suite, je suis encore pris d'angoisse. Et maintenant, je dois faire quoi ? Personne ne peut me répondre, c'est vrai, je suis en train de parler tout seul. Et si c'était grave ? Je m'apprête à composer le numéro des secours mais j'entends du bruit dans le salon. Je cours vers elle, mais rien. J'ai du rêver. Oubliant complètement le coup de fil que je devais passer, je sors des gâteaux et de l'eau de mon placard. J'ai les pensées qui vont à mille à l'heure, d'ailleurs c'est pas tout clair. J'ai bien peur qu'en plus des secours, je vais avoir droit au flic. Mais putain, je suis con ! Qui est-ce qui, dès qu'il voit une personne évanouie, se dépêche de l'emmener chez lui ? Un psychopathe, évidemment. Je soupire. J'ai pas le temps de penser à ça mais... bon ok... j'ai vu trop de film. Je pensais jouer aux héros. En passant à côté d'un vase, j'ai presque envie de dramatiser les choses en le cassant par terre mais je me retiens. Il y aurait le moment nul du nettoyage. Je me contente de m'asseoir, même si la nervosité fait bouger mes jambes, tremblantes. Je suis obligé de faire quelque chose. Après avoir mis un oreiller derrière sa tête, lui avoir tapoté les joues, pris son pouls, dans un élan, je retourne vers mon portable et appuie sur la touche pour rappeler le dernier numéro appelé.
love.disaster
désolé pour le retard
c'est un peu nul mais promis je vais me rattraper  lexie + hope it gives you hell. 2107231163 
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() message posté Mer 20 Aoû 2014 - 16:14 par Invité
J’essaie de comprendre ce qui se passe en moi. Ce qui est en train de me faire défaut. J’évalue les possibilités, ce qui est complètement absurde, stupide et inconscient, puisque dans l’état dans lequel je suis, je serais bien incapable de réfléchir à quoique ce soit. Tout est flou, j’ai la tête lourde, j’ai l’impression que je ne pourrais jamais la soulever, lourde de trop de fatigues, de trop de défaites, de trop d’espoir réduit en bouillie. J’ai beaucoup de mal à respirer, c’est étrange, j’ai l’impression d’avoir perdu toute ma force, d’avoir la tension au plus bas mais je sens mon cœur s’agiter et valdinguer contre ma cage thoracique. Il va lâcher, ce n’est pas possible, il s’enraye. Mais je dois réfléchir. J’entrouvre les paupières, je ne perçois que de la lumière, et je les referme aussitôt. Quelques secondes avant de retenter ma chance. Je ne sais pas où je suis. Ce qui est rassurant en un sens. Un camion de pompiers, je l’aurais reconnu. Un bloc des urgences, une chambre d’hôpital, également. L’odeur m’aurait déjà pris à la gorge, je ne sens ici ni désinfectants, ni cuivre, ni javel mélangée à diverses sécrétions que je ne veux même pas visualiser. Il y aurait également plus d’agitation autour de moi. Je n’entends qu’une personne. Je sais bien que mon premier instinct devrait être la peur, ou ne serait-ce qu’un tout petit peu d’angoisse, juste ce qu’il faut pour me prouver que je suis normale. Je fais un malaise et je me réveille dans un endroit inconnu avec une personne qui fait les cent pas autour de moi, je devrais m’agiter. Mais ce n’est pas l’hôpital. C’est tout ce que je me répète en boucle dans ma tête. J’essaye de faire un mouvement. Je bouge ma main, ou plutôt un doigt. C’est très dérangeant comme sensation. Je reviens à moi mais je suis incapable de faire un geste, je n’ai même pas la force de relever la tête. Et puis, je sens ces nausées qui montent le long de ma gorge, je prie pour ne pas me laisser aller avant d’avoir retrouvé mes moyens. J’essaie de ne surtout pas me laisser dominer par l’engourdissement ou la panique. Je garde tout ça à distance. Je ne vais pas mourir maintenant alors ce serait ridicule. Est-ce que je dois aller à l’hôpital ? Est-ce que mon corps lâche ? Est-ce que je dois être sous dialyse, maintenant et tout de suite ? Et qu’est-ce qu’ils vont me dire lorsque je serais là bas ? Je suis allée à ma dialyse hier soir, ce n’est pas normal. Alors je serais gardée, branchée, testée. Et ils appelleront Sam. Je ne veux même pas l’envisager. Pas une nouvelle fois.

J’entends des pas. Je sens soudain une présence s’affaler à mes côtés. C’est mou et familier. Un canapé ? Je tente une nouvelle fois d’ouvrir les paupières, cette fois-ci ma vision est un peu plus précise. Est-ce que c’est Nino ? Suis-je chez lui ? Je déglutis difficilement, j’ai des crampes sévères qui me tiraillent les jambes. Tiraillent ? J’ai plutôt l’impression qu’elles vont me les déchirer en deux oui. Je sens Nino qui m’attrape soudain la main, puis pose un doigt sur ma gorge. Il me faut un instant avant de réaliser qu’il essaye de capter mes pulsations. Je le gêne. Il ne sait pas quoi faire. Il ne sait pas quoi faire de moi. C’est bien la dernière chose dont j’ai envie en ce moment. Qu’il m’ait ramené chez lui par obligation, dans un élan de panique, et que maintenant il se sente obligé de quelque chose. Responsable. Je le gêne, je me répète. Je le gêne, alors qu’il ne peut pas me supporter, que tout ce qu’il ressent pour moi est du ressentiment, que tout ce qu’il tient contre moi ce sont des griefs. Je suis mal, et je suis humiliée maintenant en plus de tout. J’ouvre les yeux, complètement cette fois, il me faut quelques secondes pour essayer de ne plus voir trouble mais je finis par discerner clairement la silhouette de Nino. Mon regard se porte sur ce qu’il tient et instinctivement, ma main se porte sur la sienne et sur son téléphone, l’empêchant de continuer. Il a les mains chaudes, comparées aux miennes. Ce contact me rassure. Au moins, je le connais. Au moins, je l’apprécie. Malgré ce qu’on a pu se dire. S’il m’a ramené chez lui, c’est que j’ai vu juste en lui, je ne me suis pas totalement trompé, il m’avait plu et ce n’était pas pour rien. « Qu’est-ce que tu fais ? » C’est un murmure. Et ce n’est pas sorti d’une voix aussi assurée que ce que j’aurais souhaité, disons plutôt tremblante et voilée, mais je salue tout de même mon effort. Allez, fais semblant. Pourquoi je n’y arrive pas ? Je prends une profonde inspiration, qui me fait mal au thorax, qui provoque un dératé à mon cœur toujours emballé. Je soulève ma tête, avant de la relâcher immédiatement mais quelques centimètres plus haut sur l’oreiller. Je reconnais la texture sous ma tête, je regarde Nino à nouveau. Je suis gênée qu’il se soit senti obligé, écrasée par le sentiment de culpabilité qui me ronge en plus du reste, énervée par ce qu’il a du faire alors qu’il a l’air de me mépriser et en même temps touchée et reconnaissante. C’est un grand n’importe quoi qui me traverse de toute part. « Je suis … chez toi ? » Je me sens vulnérable et il s’agit sans doute du sentiment que je hais le plus. Devant des personnes que j’aime, que j’apprécie, des inconnus et encore plus devant des personnes qui semblaient me déprécier quelques instants auparavant. Mais je ne veux pas être désagréable, je ne le suis pas. Je veux simplement sourire et me redresser et dire que tout allait bien. Comme lorsqu’on tombe et que l’on a le genou éraflé mais qu’on s’efforce de rire et de garder la face. Même si ce n’est pas vrai, même si je n'en ai pas la force. « Je voulais pas, excuse-moi. Je vais … », je ferme les yeux quand un nouveau vertige s’empare de moi et accable une nouvelle fois mon crâne, « C’est normal, ça va passer. »

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