"Fermeture" de London Calling
Après cinq années sur la toile, London Calling ferme ses portes. Toutes les infos par ici (flashback) they say true love waits, so i waited. w/julian 2979874845 (flashback) they say true love waits, so i waited. w/julian 1973890357
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() message posté Sam 26 Juil 2014 - 13:20 par Invité
cardiff - june, 11th 2010; what if we found our soulmate at the wrong time? - i've realized that no matter where you are or who you're with i will always, truly, completely love you. ✻✻✻ La date de remise des diplômes avait été fixée au dix-huit juin. Le bal de promo se déroulerait la veille, et je savais d’ores-et-déjà que je n’y assisterais pas. Du bout des doigts, je caressai le tissu abimé de mon uniforme, traçant les traits de l’écusson de mon école, la Cardiff High School. J’esquissai un vague sourire en me souvenant à quel point j’avais bien pu détester les couleurs de l’établissement, jugeant le rouge trop sombre, le noir et le blanc trop basiques. Désormais avec cette date de fin aussi proche, je me surprenais à regretter tous les instants que j’avais bien pu passer là-bas, vêtue de ces habits que j’avais tant détestés, passant mes heures entières avec Julian sans me soucier d’être séparée de lui ne serait-ce que pour une seule journée. Puis je secouai la tête en me redressant, délaissant mon uniforme sur mon lit. Cette époque serait bientôt révolue, après tout. Nous avions grandi. Et nos chemins allaient prendre deux directions opposés sans que nous ne puissions rien y faire. Cette pensée me serra le cœur, et je  marchai jusqu’au miroir accroché à la porte de mon armoire en tentant d’oublier mes nausées passagères. Un vague coup d’œil à mon reflet me rappela ma chevelure blonde comme les blés ; je détournai les yeux pour me concentrer sur ma porte, tentant de capter tous les sons qui pouvaient bien se faire entendre à l’extérieur de ma porte. Des voix, beaucoup de voix, s’élevaient depuis le salon où ma sœur était avec des amis de lycée. Si je venais à regretter le lycée, cela n’était que pour une seule et même personne ; Julian. Les autres ne comptaient pas. Les autres ne compteraient jamais. Je finis par sortir de ma chambre et me glisser dans le couloir sur la pointe des pieds, descendant les escaliers pour disparaître dans la cuisine et attraper de quoi diner. Je mis la main sur une part de pizza et une canette de soda, et je tournai les talons pour retourner dans ma chambre en espérant ne pas être vue, ne pas être entendu. Je me faufilai dans le couloir en silence, et une ombre vint me barrer le chemin. Je m’arrêtai net dans mon avancée, et j’observai le jeune homme qui me faisait face. « Alors Lancaster, comme ça on a fait tomber un pot de peinture jaune sur sa tête ? » Je poussai un profond soupir en détaillant du regard ce capitaine de l’équipe de rugby du lycée. Instinctivement, mon esprit me fit la liste de toutes les choses que je pouvais bien savoir à propos de lui, et je pris une profonde inspiration. « Laisse-moi passer. » dis-je d’une voix assurée et directe, tout en le regardant dans les yeux ; j’entendis des personnes se poster derrière moi, et un bref coup d’œil me confirma qu’il s’agissait bel et bien d’autres membres de l’équipe de rugby, aussi populaires que Scarlet et pions préférés de ma sœur jumelle. « J’aimerais bien savoir qui a remplacé de la teinture dans son shampooing, que j’aille le féliciter. » enchaina-t-il et j’entendis les autres rire dans mon dos. Un frisson traversa ma colonne vertébrale. « Laisse. Moi. Passer. » répétai-je en articulant de sorte à me faire comprendre. Ils continuèrent tous de rire ; je me contentai de prendre sur moi, sentant mon corps entier trembler de rage. Je les détestais. Je les détestais tous, autant qu’ils étaient. « Je me demande combien de personnes t’ont enfin remarqué maintenant que t’es une blondasse, hein, Lancaster ? » Il lâcha sans doute la parole de trop. Un sourire mesquin s’installa sur mes lèvres et je penchai légèrement la tête sur le côté ; je ne répondais plus réellement de mes actes, et les paroles dépassèrent bien trop vite mes pensées. « Et toi, combien de personnes présentes dans cette pièce sont au courant que tu pissais encore au lit à huit ans ? » Les rires s’arrêtèrent. Il perdit quelques secondes de trop à réfléchir pour répliquer ; alors, je le bousculai pour me frayer un passage, profitant qu’il soit déstabilisé pour m’échapper de son emprise. « Au temps pour moi, j’en conclus que j’étais la seule. » ajoutai-je en commençant à monter les escaliers. « Lancaster ! » me hurla-t-il, et je me retournai pour le lorgner. Je levai mon majeur dans sa direction. « Vas te faire foutre, Lloyd. » Et je disparus à l’étage, l’entendant pester tandis que les autres étaient tous devenus incroyablement silencieux. Je délaissai ma part de pizza sur mon bureau avant de me laisser tomber sur mon lit et j’observai simplement le plafond. Un sourire en coin se dessina sur mes lèvres ; j’avais réussi à pêcher cette information il y a deux mois désormais, lorsque je m’étais introduite en douce avec Julian dans le cabinet du psychologue à deux rues de chez lui. J’étais persuadée, quelque part, que désormais je ne prêtais plus tant d’importance aux informations que je recueillais ; j’étais devenue réellement accro à cette montée d’adrénaline qui me prenait lorsque nous enfreignons les règles ensemble.
J’étais devenue complètement accro à lui, à sa présence, à sa personne, à tout ce qu’il pouvait bien représenter pour moi. Pire que cela ; il ne s’était pas rendu compte que j’étais capable de tout, absolument tout, pour lui. Mais ce n’était pas si grave. Je demeurais persuadée que si nous étions faits l’un pour l’autre, nous finirions par nous trouver.
La sonnette de notre maison retentit dans toutes les pièces et, le cœur battant, je jetai un vague coup d’œil à mon téléphone, espérant que Julian me prévienne qu’il viendrait ce soir. Mais il ne m’avait envoyé absolument aucune nouvelle ; alors, je demeurai là, persuadée que quelqu’un irait ouvrir la porte à ma place. Je crus entendre la voix de ma mère une fois, je fronçai les sourcils en me redressant, attendant le second signal. « EUGENIA BERENICE LANCASTER, C’EST POUR TOI ! » hurla-t-elle dans les escaliers, et je me redressai sur mes jambes sans doute bien trop vite. J’attrapai un gilet avant de dévaler les escaliers, sachant pertinemment de qui il s’agissait dans l’encadrement de la porte. Cela ne pouvait être que lui, après tout. Cela était toujours lui. J’adressai un immense sourire à Julian avant de me dresser sur la pointe des pieds pour déposer une bise sur sa joue, tentant tant bien que mal de contenir la joie que je pouvais ressentir en le voyant. « Dieu merci, tu es là. » lui lançai-je, tandis que ma mère demeurait à quelques mètres de nous. Je me tournai vers elle, toujours souriante. « On sort, on reviendra avant le couvre-feu, promis, promis. » A son tour, je lui déposai un baiser sur la joue ; je ne lui laissai pas le temps de répondre quoi que ce soit. Je pris Julian par le bras et je l’entrainai hors de ma maison, tandis qu’elle refermait la porte derrière nous en levant les yeux au ciel. « Demi-tour, on va faire un tour, Fitzgerald. » Je me sentais libre, dehors, loin de toutes ces personnes hostiles qui s’étaient appliquées à faire de ma vie au lycée un enfer. Doucement, je vins glisser mon bras dans le dos de Julian pour l’aider à avancer, gardant dans un coin de ma mémoire qu’il avait été opéré récemment. Je jetai de vague regard à son expression tandis que nous avancions dans ma rue ; je détaillai ses traits soucieux et son expression tracassée, et je mis quelques secondes avant de finalement accepter de dire quelque chose. « Il a recommencé ? » lui demandai-je sur une toute petite voix, espérant que cela ne le blesserait pas plus que nécessaire ; cependant, je ne parvenais pas à faire comme si je ne voyais pas qu’il était mal. Je ne parvenais pas à faire semblant que tout allait bien alors que son père s’en prenait à lui sans doute tous les soirs. J’étais suffisamment intelligente pour savoir qu’il ne souhaitait pas en parler. Je le connaissais assez pour savoir qu'il vivait avec des fantomes.
Mais je voulais qu’il sache. Qu'il sache que, même si je n’étais que sa meilleure amie, je serais toujours là pour lui, quoi qu'il arrive, quoi qu'il se passe. Toujours. Jusqu’à la toute fin.
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() message posté Dim 27 Juil 2014 - 20:17 par Invité
cardiff - june, 11th 2010; & I don't want the world to see me. Cause I don't think that they'll understand. You're the closest heaven that i'll ever be. Le silence grisant. Les battements effrénés de mon cœur. Le silence et la peur. Je levais lentement mes yeux vers l’énorme balancier qui surplombait la salle à manger.  Les cadrans tremblaient au contact d’une douce brise estivale qui avait filtré à travers l’entrebâillement de la porte. Les cadrans tremblaient, et moi aussi. Je regardais le corps inerte de mon père joncher sur le sol. Même inconscient il refusait de lâcher sa bouteille. Il refusait d’abandonner tout espoir de la retrouver à nouveau. Elle, la femme que j’avais tué. Mes poings se fermèrent sur le vide. Tout m’échappait en ce moment. La fin d’année était décidément la période que je détestais le plus au monde ! Je clignai des yeux en me redressant sur une seule jambe.

Notre maison n’était pas très spacieuse. L’étroit couloir qui séparait la pièce principale de la seule chambre aménagée était parsemé de délabres et de poussières grises. Tout le reste n’était que ruines. Je n’avais pas de chambre pour moi. Il n’y avait pas de murs pour me protéger des excès de colère de mon père, ou pour permettre aux intimités de mon esprit de fleurir. Je n’avais aucune échappatoire, autre que les jupons d’Eugenia. Je courrais à sa rencontre à chaque fois que le sort se faisait trop chien. Cette mauvaise habitude m’avait rendu dépendant à une présence chaleureuse que je ne méritais pas. Mon âme s’était égarée au creux d’une amitié bien trop fusionnelle pour être désintéressée. J’avais abandonné l’éternité pour une fugace entrevue avec mon âme-sœur. Ginny était le seul bout de paradis que je pourrais à jamais frôler. Moi, l’enfant condamné.

Le sang ruisselait le long de ma tempe, chatouillant ma peau par endroits. Je souris en frôlant ma blessure ouverte. Je devais être trop sonné, car la seule douleur que je ressentais, était la perspective d’une séparation avec ma meilleure amie. Je rêvais de grandeur et de gloire. Je rêvais de Liverpool et d’une bourse complète, mais je ne me sentais pas la force de vivre sans d’elle. Je ne me sentais pas la force de souffrir loin d’elle. Je m’approchais de la veste de mon père afin de prendre les clés de la porte. Mes pas titubants faisait grincer le parquet usé, ou était-ce mes semelles décollées ? Mes vêtements sombres révélaient l’existence morose que je menais. Je ne voulais que le monde me voie tel que j’étais. Personne ne pouvait comprendre, sauf elle. Personne ne pouvait m’aimer comme elle. Mon cœur se serra.

« Je sors daddy. » Soufflai-je à un homme à moitié mort, me créant ainsi l’illusion d’une famille.

Mon père me battait depuis des années, mais ce n’était pas la partie la plus douloureuse. Il était incapable de me regarder dans les yeux sans distinguer les traits de ma mère. Il était incapable de me chérir sans se rappeler que je l’avais poussé à sortir ce soir-là. Ma main frôla son visage placide. Il n’était plus que l’ombre d’un homme. Parfois, je me surprenais à penser qu’il était bien trop généreux de me garder. J’acceptais volontiers mon châtiment. Je soupirai en claquant la porte.

Mes pas déchaînés me guidaient immanquablement vers mon petit bout de paradis. Je pouvais apercevoir les halos d’Eugenia me suivre partout, me protégeant contre mes démons et les douleurs de mon cœur. Elle habitait à l’autre bout de la ville, mais ça ne m’avait jamais dérangé de traverser tout Cardiff pour la voir. Mes béquilles sous les bras, je me balançais au rythme de mes pensées. La douleur cuisante qui accompagnait les mouvements de mon genou était dérisoire. Nous étions faits pour être brisé de toute manière.

La première fois que j’avais foulé le sol du Pays de Galle, je m’étais laisser aller à l’ambiguïté, certain que ce n’était qu’un point d’escale parmi tant d’autres. L’âme vagabonde de mon père nous avait trainés un peu partout à travers le monde. Il avait sillonné les pays d’Europe et du Proche-Orient à la recherche d’un deuil qu’aucun de nous deux n’avait réussi à faire.

Aîda était trop belle pour être oublié. Et j’étais trop jeune pour la laisser partir.

La première fois que j’avais foulé le sol du Pays de Galle, je n'avais jamais imaginé trouvé l'autre femme de ma vie.

***

Je sonnais à la porte et son visage lumineux m’apparaissait dans les ténèbres. C’est ainsi que la magie opérait. Je tentai un maigre sourire en la voyant, mais je savais qu’elle n’était pas dupe. Eugenia s’approcha jovialement de moi. Ses fines lèvres frôlaient la peau écorchée de mon visage avec délicatesse. Une ivresse sans alcool. Un amour sans lendemain. Je déglutis avec lenteur.

«Demi-tour, on va faire un tour, Fitzgerald » Lança-t-elle en me poussait délicatement.

Je gardai mon équilibre tant bien que mal en trainant derrière elle. Elle posa sa main sur mon dos, un geste amical de trop. Je me sentis submergé de tristesse. Cet amour était-il unique ? Je soupirai en la suivant.

« Il a recommencé ?» S’enquit-elle en détaillant mon visage. Elle était bien la seule à remarquer mes changements d’humeur. Elle était la seule à remarquer que j’existais d'ailleurs.

« Tu as changé la couleur de tes cheveux ? » Répondis-je sur le même ton.

Ma petite voix trahissait ma douleur, mais je ne voulais pas la plonger dans mon monde malsain plus que nécessaire. Je posai ma main sur son épaule fragile.

« Ne t’inquiète pas. Je me suis juste cogné … » Mentis-je d’un air solennel. « Je suis venu te voir parce que tu me manquais. »

J’abandonnai ma béquille droite pour prendre appui sur la jeune femme. Mon torse se redressa quelques instants, avant de fendre sur elle. Je clignai des yeux.

« Tu veux aller où ? » Souris-je en lui faisant face. « Tu as dis que tu revenais avant le couvre feu, je suppose que ce n’est pas une fugue en amoureux. » J’haussai les épaules. « Je suis un peu déçu Berenice. »

Et je l’étais. J’aurais adoré fuir le monde avec elle, mais c’était l’entrainer dans ma chute. Je grinçai des dents en reprenant ma béquille. Ma convalescence nécessitait des mois de rééducation que mon père n’avait pas les moyens de payer. Je risquais de garder les séquelles d’une mauvaise cicatrisation pour le reste de ma vie, mais cela m’importait peu. Ce n’était qu’une marque de plus. Un rappel incessant de mon identité. Mes yeux se posèrent sur Eugenia à nouveau. Elle avait le don d'apaiser mes tourments.


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() message posté Lun 28 Juil 2014 - 16:48 par Invité
cardiff - june, 11th 2010; what if we found our soulmate at the wrong time? - i've realized that no matter where you are or who you're with i will always, truly, completely love you. ✻✻✻ Je l’avais sans doute entrainé bien trop vite dans mon sillage, mais je ne parvenais pas à m’en vouloir. J’avais eu besoin de sortir et de le retrouver loin de chez moi, loin des autres, dans cet univers qui nous était propre et qui nous appartenait. J’avais fini par croire qu’il n’y avait eu que nous, au lycée. Nous contre le reste du monde. Sa présence était comme une échappatoire qui parvenait toujours à me faire oublier ces choses qui pouvaient bien m’arriver. Ces choses que je pouvais bien détester. Lorsqu’il était à mes côtés, les remarques que l’on pouvait bien me faire n’avaient aucune importance. Lorsqu’il était à mes côtés, je me fichais bien d’être traitée de tous les noms, d’être rabaissée, d’être l’objet de moqueries, même venant de ma propre sœur. Lorsqu’il était à mes côtés, plus rien ne comptait hormis lui. Je ne voyais que lui. Et, ce, depuis que nos deux chemins avaient bien pu se croiser. Mais le temps avait filé et le lycée était sur le point de se terminer. J’avais été admise dans une université. Julian dans une autre. Son quartier, situé à l’autre bout de la ville, m’avait toujours paru loin. D’ici quelques mois, cette distance serait multipliée par cent, mille.
Il y avait deux heures quatorze de train entre Liverpool et Londres. Quatre heures si l’on prenait la voiture. Deux cents vingt-trois miles. Mon cœur se serra à cette simple pensée et je secouai la tête pour la chasser de mon esprit.
Je l’observai avancer avec ses béquilles, et je ne pus m’empêcher de poser ma main dans son dos, compatissante. Je ne savais pas si cela faisait partie des gestes de trop que je devais bien me garder d’avoir à son égard ; pourtant, je ne parvenais pas à demeurer impassible face à sa douleur, face à ses blessures. Je marchais à son rythme sans jamais le presser, calquant mes pas sur les siens pour qu’il n’ait pas à se sentir oppressé par mon impatience. S’il n’avait pas été blessé, s’il n’avait pas subi d’opération il y a très peu de temps, j’aurais sans doute couru. Couru comme une dératée. Couru jusqu’à la crique, avant de descendre à la même allure la rue qui serpentait autour de la mer pour me retrouver les pieds dans le sable. J’aurais probablement sauté sur son dos, aussi, sans prévenir ; hurlant comme une guerrière pour qu’il se précipite dans la mer et qu’il me jette dedans toute habillée, me fichant bien de tomber malade si l’eau était trop froide. Mais je demeurai là, avançant doucement, refoulant mes envies de liberté en pensant à lui avant de penser à moi. Il ne devait pas se rendre compte qu’il s’agissait une des petites preuves d’amour que j’avais sans cesse à son égard. Mais peu importe. Soucieuse, j’observai ses traits tandis que nous marchions lentement ; je remarquai la nouvelle blessure qui prenait place sur son visage, son air meurtri, également, et son regard hanté par l’épisode qu’il venait sans doute de vivre. Je ne pus m’empêcher de lui poser une question. De l’interroger. Les mots m’échappèrent et il y eut un bref silence. « Tu as changé la couleur de tes cheveux ? » me demanda-t-il en retour, et je continuai de l’observer avec suspicion, presque, balayant sa question d’un geste de la main. « Ne t’inquiète pas. Je me suis juste cogné… Je suis venu te voir parce que tu me manquais. » Il m’avait expliqué cela en posant une main sur mon épaule, mais je demeurai bien trop soucieuse pour m’emballer à ce contact. Je pris une profonde inspiration. Cela raisonnait comme un mensonge dans mon esprit, mais le temps avait fini par m’apprendre qu’il ne fallait pas le pousser à se confesser lorsqu’il n’était pas prêt à le faire. Alors, j’haussai simplement les épaules en me forçant à sourire, faisant comme si je croyais ses paroles fausses et dénuées de sens. Je demeurai persuadée qu’il me dirait ce qu’il s’était réellement passé. J’étais suffisamment naïve pour y croire de tout mon cœur. « Quatre heures loin de moi, c’est trop pour toi ? » lui demandai-je en riant doucement. « Et sinon, oui et non pour mes cheveux. Quelqu’un a remplacé mon après-shampooing par de l’eau oxygénée dans les vestiaires. Quand je m’en suis rendue compte, il était trop tard. Ma mère a essayé de rattraper ça comme elle pouvait tout à l’heure. » J’attrapai une de mes mèches pour l’observer, sentant mes points sèches sous mes doigts. J’avais une assez bonne idée des responsables. Julian pouvait aisément deviner leur identité également. Je n’étais pas particulièrement surprise ; je demeurai déçue, quelque part, que ma sœur jumelle ait laissé une chose pareille se produire sans essayer de me prévenir avant.
Mais il fallait croire qu’elle finissait toujours par me décevoir. Mais ce n’était pas grave. Je m’en remettrais, après tout.
Il prit appuie sur moi, n’utilisant plus une de ses deux béquilles ; quelques secondes plus tard, il fendait sur moi, et j’eus l’impression de perdre l’équilibre durant une poignée de secondes. « Tu veux aller où ? » me demanda-t-il en me souriant. « Tu as dit que tu revenais avant le couvre-feu, je suppose que ce n’est pas une fugue en amoureux. Je suis un peu déçu Berenice. » Je levai les yeux au ciel tandis que nous reprenions notre route. Mes joues prirent une teinte rosée, mais j’agis comme si tout était absolument normal ; il ne pouvait pas savoir à quel point cette idée ne me paraissait pas si idiote, au fond. J’aurais été capable de partir. De partir loin avec lui. De partir au bout du monde. « J’ai dit que je revenais avant le couvre-feu, mais cela ne veut pas dire que je le ferais. » répondis-je avec un sourire en coin, observant l’horizon se profiler au loin. J’avais toujours vécu proche de la mer et, ce, même avant que mes parents ne divorcent et déménagent chacun de leur côté. Le vent balaya mes cheveux, et je pris une profonde inspiration, l’air changé de sel envahissant mes poumons. « Mais la fugue en amoureux sera pour une autre fois, Lip. On va faire un tour à la plage. Ce soir ma mère m’a dit qu’elle avait fait une tarte au chocolat. On ne peut définitivement pas rater ça. » Ma voix était joyeuse, emprunté du même dynamisme qui semblait m’habiter tous les jours, à toute heure. Mes pensées papillonnèrent vers le semblant de diner que j’avais laissé sur mon bureau, et je refocalisai mon attention sur mon meilleur ami. Je ne pus m’empêcher de sourire en l’observant ; alors, je détournai la tête comme pour me cacher de mes propres sentiments. « Ta valise est prête ? Pour Liverpool, je veux dire. » Prononcer ces paroles me semblaient presque surnaturelles. Je n’acceptais pas cette vérité ; quelque part, même si le lycée avait été un véritable enfer, je me surprenais à vouloir vivre encore quelques années afin de pleinement profiter de sa présence. Afin d’avoir encore du temps pour nous.
Mais cela ne serait pas possible, après tout. Quelque part, cela serait sans doute une bonne chose ; peut-être réussirais-je à lâcher prise et accepter que mes sentiments n’étaient pas partagé. Peut-être resterons-nous proches et l’avenir sera teinté d’une toute nouvelle palette. Je ne savais pas. Je n’en savais rien. Et cela me faisait peur.
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() message posté Mar 29 Juil 2014 - 0:30 par Invité
cardiff - june, 11th 2010; & I don't want the world to see me. Cause I don't think that they'll understand. You're the closest heaven that i'll ever be. La mousson chargée de sel et de sable faisait le tour de la ville avant de venir à la rencontre de mon visage. Je respirais l’air maritime à plein poumons. Mon cœur explosait en mille morceaux avant de se remettre en marche, plus avide et plus passionné à chaque battement. Je clignai des yeux en souriant. Ma douleur s’estompait peu à peu, balayée par la douce présence d’Eugenia et l’odeur particulière de ses boucles décolorées. J’avais beau prétendre que ce n’était que le fruit d’une amitié fusionnelle, que cette attirance allait au-delà du physique, que je n’étais qu’un adolescent bourré d’hormones comme tous les autres … La réalité était autre. J’étais amoureux de ma meilleure amie depuis des trois ans. Je me perdais dans la double solitude des amants maudits, mais j’étais seul, transit et abandonné. Pouvait-elle partager mes tourments ? Pouvait-elle sentir ma détresse ?

« J’ai dit que je revenais avant le couvre-feu, mais cela ne veut pas dire que je le ferais. »

J’esquissais un maigre sourire. Sa jovialité était la première qualité qui m’avait charmé. Nous étions si différents, et pourtant mon essence ne jurait que par son nom. Comme les deux moitiés d’un cœur, nous étions faits pour vivre ou mourir ensemble. Je déglutis.

« Mais la fugue en amoureux sera pour une autre fois, Lip. On va faire un tour à la plage. Ce soir ma mère m’a dit qu’elle avait fait une tarte au chocolat. On ne peut définitivement pas rater ça. »

« Tu as raison, une tarte au chocolat c’est mille fois mieux que de fuir avec toi. » Riai-je en la bousculant. « De toute manière j’ai un contrôle de plaie dans deux jours. Je crois qu’ils veulent rouvrir. J’ai mal cicatrisé. Il faut racler le tissu fibreux pour tout recommencer à nouveau. »

Eugenia marchait nonchalamment à mes côtés. J’étais un automate pour ses beaux yeux. J’étais naufragé volontaire, dérivant vers les horizons qu’elle voulait. Elle pouvait m’emmener n’importe où, dans les déserts d’Arabie ou vers des contrées encore plus lointaines. Rien n’avait d’importance que sa présence à mes côtés. A dire vrai, je la suivais toujours, incapable de contrôler les pulsions qui rythmaient mes pensées. Je ne disais pas un mot, détaillant chacun de ses gestes comme si ma vie en dépendait. A dire vrai, je la regardais évoluer en orbite à mille lieux de moi. Je l’aimais de manière inconditionnelle. Je l’aimais à en mourir. Ma langue roula dans ma bouche. Je ressentais le besoin irrépressible de la retenir, de faire volteface, et de sceller nos deux destins à tout jamais. Mais je ne fis pas le moindre mouvement. Je refusais de tout perdre pour une partie de roulette russe douteuse.Je sentais mes jugulaires battre de part et d’autre mon cou. Mes mains tremblantes lâchèrent mes béquilles et je me retrouvais suspendu dans le vide. La mémoire à la mer, l’âme sous l’écume, seul le sourire d’Eugenia pouvait griser mes douleurs.

« Ta valise est prête ? Pour Liverpool, je veux dire. » Lança-t-elle subitement. Je fis un faux mouvement, avant de me redresser.

« Vas-y molo avec les bombes nucléaires, j’ai failli me ramasser la gueule ! » Me moquai afin d’éviter le sujet.

Nous étions sous le même ciel mais à deux époques différentes. J’étais plus vieux, piégé dans une dimension de douleurs et d’incertitudes qu’elle ne méritait pas connaitre. Je posais ma jambe douloureuse sur le sol plat. Mon genou claqua me rappelant la cruelle réalité. Je me demandais si c’était une bonne idée de cacher mes sentiments, mais j’avais si peur d’oser. Ma vie ne tenait qu’un un fil. Ma vie ne tenait qu’à cette amitié. Je soupirai en boitant vers l’allée qui conduisait à la plage, abandonnant mes béquilles dans la rue.

« On les récupéreras en rentrant. » L’informai-je en couinant.

J’avais dans l’âme une odeur de large, une odeur de port et de poissons. Je déglutis en plissant les yeux. Je sentais le sable titiller mes avant-bras nus. Je souris en tendant la main vers Eugenia. Je serrai sa prise avec délicatesse tout en avançant vers l’azur. Ma tête requérait toute mon attention mais il parait que le cœur a ses raisons. Je pris une grande inspiration avant de me laisser tomber dans un coin reculé de la plage. Je déglutis en sentant mon articulation flancher. Ce n’était décidément pas le jour idéal pour oublier mes anti-douleurs. Je fis la moue, avant de me retourner vers Ginny.

« Je n’aime pas nager. » Confessai-je. « Je n’ai jamais appris correctement. Ma mère avait promis de le faire. » Je lui souris tristement. « Ne compte pas sur moi pour te sauver. Quoi que pourrais toujours tenter un bouche à bouche furtif si on te ramène à terre à temps. »

Je riais amusé par ma propre bêtise. Le soleil se couchait timidement, envoyant ses dernières lueurs vers les arbustes autour de nous. J’avais l’impression de la regarder de loin. Ma main frôla la sienne une énième fois. J’agissais avec retenue, calculant chacun de mes souffles de peur de trop la brusquer. Le vent se leva subitement, soutenant mon silence. La pression était parfois impossible à surmonter. J’étais sous les décombres, écrasé par le poids de ma passion secrète. Ce n’était pourtant pas difficile de lui avouer que je l’aimais bien plus qu’un frère, bien plus loyalement qu’un ami.

« Eugenia, je ne pars pas à Liverpool. » L’informai-je tout à coup. « J’ai réfléchis et je préfère passer mon premier semestre à Londres, avec toi. »

Je n’abandonnais pas mon ambition dévorante. Je m’accordais juste le temps de me préparer émotionnellement à quitter Eugenia. Dans mon imagination il y’avait une station intergalactique ou je pouvais envoyer mes pensées vers des galaxies lointaines. Là, où elles pouvaient être appréciées. Là, où ma bêtise était parfaitement légitime. Le regard du ciel m’enveloppait de sa sagesse et je me laissais aller entre ses bras chaleureux. Il y avait les mêmes sentiers battus dans nos souliers, mais si nos routes devaient ne plus se croiser à nouveau je voulais être sûr d’avoir mis toutes les chances de mon côté.



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() message posté Mar 29 Juil 2014 - 22:42 par Invité
cardiff - june, 11th 2010; what if we found our soulmate at the wrong time? - i've realized that no matter where you are or who you're with i will always, truly, completely love you. ✻✻✻ J'étais née avec ma sœur. Avec ma sœur jumelle. Une simple poignée de minutes nous avait séparé ; nous avions partagé le ventre de notre mère durant neuf mois avant cela. Pourtant, je m'étais sentie seule toute ma vie. J'avais eu l'impression que ce lien n'avait jamais réellement compté, ni pour elle, ni pour notre existence, ni pour le destin ; le temps n'avait fait que nous séparer, encore et encore, et la distance entre nos deux corps n'avaient fait que s'agrandir au fil des années. Désormais, j'avais la sensation qu'un monde entier s'était dressé entre nous. Nous n'étions que des étrangères. Elle n'était qu'une étrangère. Une étrangère que j'aimais de tout mon coeur. Malgré le fait que je la sente aussi loin de moi, je ne parvenais pas à ne plus l'aimer, je ne parvenais pas à oser prétendre que je n'avais pas besoin d'elle. Alors, j'avais accepté cette distance. Je m'étais simplement contenté d'être seule. Je m'étais simplement contenté de ma solitude, cette solitude qui ne m'avait jamais réellement dérangé et qui avait été ma seule compagnie.
Julian m'avait sauvé de cette solitude sans s'en rendre compte. Je n'avais pas prévu de lui adresser la parole mais nos deux chemins s'étaient croisé sans que je ne l'ai vu venir. Il avait été comme un cadeau du ciel. Un ange venu me consoler dans un chagrin dont je n'avais même pas soupçonné l'existence. Il avait été un ami. Un meilleur ami. Une épaule. Un confident. Un partenaire. Et, doucement, au fil des jours et des semaines, j'étais tombée amoureuse. Complètement amoureuse. Je m'en voulais de ressentir de pareilles choses ; je m'en voulais de sourire en le voyant, d'avoir envie de le toucher lorsqu'il était bien trop près. Mais je ne parvenais pas à lutter contre toutes ces choses qui m'habitaient, alors je me taisais. Alors, je me taisais aussi simplement que cela. Alors, je marchais doucement à ses côtes, soucieuse à cause ce qu'il pouvait bien vivre chez lui, tracassée par ses problèmes de santé, attristée par la simple perspective de le voir s'en aller d'ici quelques semaines. Un goût amer d'au revoir avait pris possession de ma langue durant les derniers jours ; les heures avaient défilé bien trop vite. J'aurais aimé plus de journées avec Julian Fitzgerald. J'aurais aimé le connaître plus tôt. Mais malgré tout ce que j'aurais aimé, je n'avais eu que ce à quoi j'avais eu le droit. Je déglutis avec difficultés. Les pensées allaient sans doute trop vite dans mon esprit. Désormais, les examens étaient terminées ; mon cerveau n'avait plus que cela comme sujet à ruminer en silence. Julian était à mes côtés et, pourtant, il me manquait déjà.   « Tu as raison, une tarte au chocolat c’est mille fois mieux que de fuir avec toi. » me repliqua-t-il et je me mis à rire comme une enfant lorsqu'il me bouscula. Je ne répliquai pas, cependant ; j'avais peur de lui faire mal avec des gestes trop brusques. Quelque part, j'espérais que la présence de ma propre mère l'apaise, lorsqu'il venait à la maison. Jamais elle ne pourrait remplacer la sienne mais je me plaisais à croire qu'une figure maternelle aimante était toujours mieux qu'un fantôme.   « De toute manière j’ai un contrôle de plaie dans deux jours. Je crois qu’ils veulent rouvrir. J’ai mal cicatrisé. Il faut racler le tissu fibreux pour tout recommencer à nouveau. » poursuivit-il. Je fronçai les sourcils en tournant la tête vers lui. Je me mordis l'intérieur de la joue, le coeur battant. Je l'entendais dans les oreilles. Il battait au rythme de l'angoisse que je ressentais. « Il y a une raison particulière au fait que tu aies mal cicatrisé ? » Sans que je ne le veuille, mon ton fut accusateur. Mais cela n'était pas la première fois ; je rejetai régulièrement la faute sur son père, sur ce père qui n'avait jamais pris la peine de l'aimer comme il le fallait. Je ne le connaissais peut-être pas, mais j'avais lu et vu suffisamment de chose pour le détester de tout mon être. Dans mon esprit, il était la cause de tous ses maux, de toutes ses douleurs.
Mais, comme à mon habitude, je gardais mes pensées pour moi pour ne pas blesser Julian. Pour ne pas le faire plus de mal que nécessaire.
La plage se profila doucement sous nos yeux et j'esquissai un sourire apaisé. Mon regard se tourna vers mon meilleur ami et, une nouvelle fois, je me rappelai qu'il ne nous restait pas beaucoup de temps avant de voir nos chemins se séparer. Ma question m'échappa au moment même où il lâcha ses béquilles, et il vacilla dangereusement. « Vas-y molo avec les bombes nucléaires, j’ai failli me ramasser la gueule ! » s'exclama-t-il, tandis que mes mains se posaient déjà sur lui pour le stabiliser. Ou, du moins, pour tenter de le faire, avec mon poids plume. « Je ne pensais pas qu'une valise te ferait aussi peur ! » commentai-je en riant. Au fond, le coeur n'y était pas. « On les récupérera en rentrant. » me lança-t-il, ses béquilles à terre. Il me tendit la main et j'attrapai doucement ses doigts. J'hochai la tête à son affirmation, tout en le suivant dans l'allée donnant sur la plage. Bien vite, mes pieds se retrouvèrent dans le sable. Je me sentais chez moi.
Il se laissa tomber à terre, et je m'assis à côté de lui. Je retirai mes chaussures pour enfoncer mes orteils dans le sable, calme, sereine, le regard perdu sur les vagues qui demeuraient paresseuses au loin. « Je n’aime pas nager. Je n’ai jamais appris correctement. Ma mère avait promis de le faire. » me lança-t-il alors. Je tournai la tête vers lui pour observer ses traits. Il avait presque l'air nostalgique ; cela n'était pas la première fois qu'il me confiait cela mais je ne l'interrompis pas. « Ne compte pas sur moi pour te sauver. Quoi que pourrais toujours tenter un bouche à bouche furtif si on te ramène à terre à temps. » Je lui donnai un coup dans l'épaule en levant les yeux au ciel. Ce genre de remarques me rappelait pourquoi je ne céderais jamais aux sentiments que je nourrissais pour lui : il demeurait un homme, après tout. Et dans mon esprit les hommes étaient tous pareils, peu importe à quel point leurs cœurs pouvaient être bons. Ils n'avaient pas besoin de sentiments pour embrasser. Julian pouvait très bien avoir envie de me faire l'amour sans avoir d'arrière pensée. Sans m'aimer dans ce sens-là. « Et je suppose que tu serais aussi ravis de me faire un massage cardiaque pour peloter mes seins ? » lui demandai-je. « Quand ta jambe sera guérie, je t'apprendrai à nager. » Prévoir des choses dans le futur me donnait l'impression que nous en aurions le droit. Prévoir des choses dans le futur me permettait de me dire que tout n'était pas réellement terminé. Je pris une profonde inspiration, le vent balayant ma chevelure. Les doigts de Julian effleurèrent les miens et, pudiquement, je ramenai ma main contre moi en essayant de ne pas rougir.
Je le trouvais jeune et idiote. Mais c'était ce que j'étais, au fond. Jeune. Idiote.
Julian allait me manquer, si fort que je ne voulais même plus y songer. Avec lui, la mer allait me manquer également. J'avais l'impression qu'elle constituait mon univers. « Eugenia, je ne pars pas à Liverpool. J’ai réfléchis et je préfère passer mon premier semestre à Londres, avec toi. » Je tournai la tête vers lui. Mon coeur loupa plusieurs battements. J'avais l'impression d'avoir toujours attendu ces paroles. J'avais l'impression que je n'avais attendu que cela. Mais je n'avais pas le droit de penser de cette manière. Je n'avais pas le droit de penser à moi. « Mais tu rêves de Liverpool depuis que je te connais. » lui lançai-je d'une petite voix. « Je ne veux pas que tu abandonnes ce que tu veux depuis des années parce que j'aurais du mal à être toute seule à Londres. » D'être toute seule à Londres sans toi. Je pris une profonde inspiration. Dire de telles paroles me faisaient du mal. Tant de mal. J'aurais aimé lui sauter au cou et lui dire que j'étais heureuse. J'aurais aimé lui affirmer qu'il se plairait à Londres. Mais ce n'était pas son rêve. C'était le mien. « Qu'est-ce qu'il en pense, ton père ? » J'avais l'impression d'être une traîtresse de lui poser cette question. Je posai mes mains par terre, dessinant dans le sable. J'avais besoin de lui. Cependant, je savais que je l'aimais suffisamment pour accepter de me détacher de lui pour son bien. Ma mère m'avait toujours dit que cela était la plus grande preuve d'amour sur l'on pouvait avoir pour quelqu'un. Et dieu seul savait à quel point je pouvais l'aimer.  
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() message posté Mer 30 Juil 2014 - 3:08 par Invité
cardiff - june, 11th 2010; & I don't want the world to see me. Cause I don't think that they'll understand. You're the closest heaven that i'll ever be. Nous étions liés à tout jamais. Je me plaisais à croire que cet attachement ne pouvait pas être que le fruit du hasard. Je pouvais entendre les douces mélodies d’un piano rythmer les divagations de mon esprit. Cet amour était peut-être unique, mais il grandissant en moi, il s’efforçait de la toucher et lui faire gouter les joies de la vie à deux. Nous étions deux moitiés de solitudes. Deux enchainements de la même logique, crées pour se compléter. Je la regardais au coin, captivé par chacun de ses gestes. Je m’enivrais, à la recherche de ses petits signes d’affection.

« Il y a une raison particulière au fait que tu aies mal cicatrisé ? »

Je lui souris d’un air désabusé. Il y avait plus d’une raison particulière : L’humidité de Cardiff, le matelas dur de ma chambre, mes faux mouvements, mes courses effrénées contre la batte, le manque de traitement et l’absence de rééducation. Ma patella s’était décalée de sa position initiale. Elle glissait sans attaches, perdue entre mon fémur et les surfaces plates de mon tibia –fibula. J’haussai les épaules en silence. Je ne voyais pas l’intérêt de m’étaler sur ma fatalité. Au fond, Eugenia connaissait les réponses à toutes ses réflexions. Et ça ne me dérangeait pas d’avoir des limitations, après tout je n’étais un sportif de haut niveau.

Je la suivais tel un automate, avide de contact et d’affection. Je riais à ses remarques taquines. C’était un sentiment de liberté sans égale. Le vent soufflait au gré de mes pensées, il caressait mon visage et ma peau par endroits. Je fermai les yeux pendant quelques instants, me délectant de la présence de Ginny à mes côtés. Après tout notre séparation se faisait imminente, et même si j’avais choisi de rester un semestre de plus auprès d’elle ce n’était que quelques mois. Je n’abandonnais mes rêves, je ne faisais que retarder l’échéance afin de mieux profiter de mon amour unidirectionnel.

« Et je suppose que tu serais aussi ravis de me faire un massage cardiaque pour peloter mes seins ? Quand ta jambe sera guérie, je t'apprendrai à nager. »

Je fronçai les sourcils avant d’éclater de rire, surpris par une telle tournure de situation. Je me penchais dangereusement vers elle, prenant appui sur le côté le plus douloureux de mon corps. Mon regard croisa le sien durant quelques secondes avant que je ne perde l’équilibre. Le bout de mon nez se trouva logé sur sa poitrine légèrement décolletée. J’émis un gémissement en me soulevant brusquement, manquant d’heurter une branche d’arbre pendante.

« Je ne suis pas aussi maladroit d’habitude … » Expliquai-je gêné. « Tu sens très bon aujourd’hui. » Laissai-je échapper. « Tu as piqué du parfum à Scarlet pour me voir ? »

Cette perspective bien qu’utopique m’apparaissait comme un doux songe. Je pouvais supporter le poids des mondes et leurs injustices. Je pouvais me tenir droit contre les vents et les karmas, souriant et rigolant de gaité de cœur. Je pouvais forcer mes expressions et rester éveillé des nuits à contempler son visage angélique. Aux côtés d’Eugenia je me sentais capable de vaciller sans jamais tomber. Mon âme éclopée valsait dans les tourbillons de violences avant de se jeter dans ses bras chaleureux. Là, où je pouvais guérir en silence. Là, où je peux dépérir en paix. Ma main tremblante cherchait le contact de sa peau dans le sable, mais elle se rétractait encore une fois. Elle se dérobait au loin, si loin que je ne pouvais l’atteindre. Après tout je ne pouvais pas aspirer à obtenir le cœur d’une fille comme elle. Ses mots comme des poignards dans mon cœur. Ses yeux tranchants l’air devant moi. Je n’étais qu’un humain face à la déception d’un premier amour. Mes doigts se crispèrent dans le vide tandis que mes yeux se perdaient dans le décor de la mer. Les vagues se déchainaient dans le grand bleu avant de mousser sur la berge.

« Mais tu rêves de Liverpool depuis que je te connais. Je ne veux pas que tu abandonnes ce que tu veux depuis des années parce que j'aurais du mal à être toute seule à Londres.  »

« Je n’abandonne pas. Ce n’est qu’un semestre. » Me répétai-je. « De toute façon je ne suis pas encore sûr d’être pris. Si je n’obtiens pas la bourse complète je devrais me résigner à m’inscrire en faculté. Dans l’essai il s’agissait de parler de soi. Ce n’est définitivement pas mon domaine de prédilection. »

Je fis la moue en touchant le sable du bout des doigts.

« Qu'est-ce qu'il en pense, ton père ? »

« Mon père pense que j’ai déjà 20 ans. Je crois que j’ai cessé d’être son fils il y a bien longtemps …   »

Cette affirmation n’avait rien d’un scoop, pourtant excorier la réalité de manière aussi brute me faisait mal. Ma tête était assaillit d’incertitudes et de culpabilité mal placée. Il ne m’avait jamais pardonné d’avoir survécu au drame de sa vie. Il m’en voulait de sourire, d’étudier, et de sortir comme si de rien n’était. Il croyait que mon cœur ne souffrait pas, alors il s’acharnait sur mes os les uns après les autres. Je déglutis en frôlant mes deux côtes brisées. C’était ma première blessure de guerre, et de loin la plus douloureuse. Au début il ne faisait que me bosucluer avec quelque agressivités mais je me rappelais parfaitement de son regard plein de rage. Je devais avoir 14 ans lorsqu’il avait levé la main sur moi au beau milieu de la nuit. L’orage grondait sur les étendus du lac de Ness. Je n’aimais pas beaucoup l’Ecosse mais mon père s’était mis en tête de renaitre parmi les siens. Il cherchait désespérément un deuil que personne ne pouvait lui accorder. Nous avions finis, rejetés par nos origines, sillonnant Glasgow jusqu’aux Highlands où la petite ville d’Iverness nous avait recueilli dans une petite auberge. Je ne l’avais jamais vu aussi triste, aussi sombre et aussi assoiffé. Il enchainait les gorgées de poisons sous mes yeux meurtris. Un son de ma part, un couinement et il me prenait pour cible. Le bois usé de la chaise s’était écrasé contre ma vanité, brisant tout sur son passage. Je soupirai.

« Tu sais, je ne lui ait rien dire. » Finis-je par avouer. « Parfois je n’ose plus lui parler. »



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() message posté Jeu 31 Juil 2014 - 1:32 par Invité
cardiff - june, 11th 2010; what if we found our soulmate at the wrong time? - i've realized that no matter where you are or who you're with i will always, truly, completely love you. ✻✻✻ Je ressentais toutes ces choses en étant persuadée que cela n’aurait jamais dû être le cas. Pourtant, je ne parvenais pas à m’en vouloir ; j’avais l’impression que Julian était mon soleil, ce soleil autour duquel je gravitais sans jamais parvenir à l’atteindre. Il brillait de mille feux ; sa chaleur ardente m’emplissait d’une euphorie que je peinais bien souvent à contrôler. Je n’avais d’yeux que pour lui. Le reste du monde n’avait aucune importance lorsqu’il se trouvait dans la même pièce que moi. Mes pensées étaient toutes dirigées vers son être ; je me demandais comment il allait, comment il se sentait, s’il pensait à moi ou s’il se sentait bien. Il était encré sur ma peau et dans mon cœur. Il vivait dans mon esprit et dans mon corps. Parfois, je me demandais s’il avait compris. S’il avait compris que je l’aimais. S’il avait compris que j’étais amoureuse de lui comme une gamine, fascinée par son corps d’homme et ses fossettes d’ange tombé du ciel. Je peinais à chaque fois à réfréner mes marques d’affection. J’aurais pu l’embrasser un millier de fois si je ne m’étais pas retenue. Ma main s’était souvent perdue dans l’air à la recherche de son corps sans pour autant parvenir à l’atteindre. Mais, à chaque fois, je me rattrapais à temps. Je n’étais pas encore prête à mettre en jeux notre amitié pour satisfaire mes sentiments d’adolescente. Je préférais l’avoir en meilleur ami plutôt que ne pas l’avoir du tout.
J’avais eu peur de le perdre tant de fois que je ne réussissais plus à compter mes peurs. Il y avait eu mes sentiments qui auraient pu être fatals à notre amitié, dans un premier temps, mais aussi son père ; j’avais toujours été effrayée à la simple idée qu’il puisse décider du jour au lendemain de s’en aller. De s’en aller une nouvelle fois. J’avais eu peur qu’il m’arrache Julian. Peur qu’il l’embarque dans un périple sans fin. Peur qu’il en fasse un être comme lui. Peur qu’il le frappe si violemment qu’il l’arrache de sa propre existence. Alors, si mon cœur s’était serré à chaque fois que j’avais ben pu le revoir avec une nouvelle blessure, une part de moi avait été soulagée. Soulagée parce qu’il était encore vivant. Soulagée parce qu’il était encore ce jeune homme drôle que j’avais toujours connu. Il n’était pas comme son père. Son regard était habité d’une lumière vive que j’étais la seule à percevoir.
Julian se mit à rire à ma bêtise, et il se pencha vers moi avant de perdre l’équilibre ; je n’eus pas le temps de réagir que son visage effleurait ma poitrine. Il s’écarta vivement et, dans sa précipitation, sa tête percuta une branche derrière lui. Je sursautai tandis que mes joues se coloraient d’une teinte rosée. « Je ne suis pas aussi maladroit d’habitude… » me dit-il, et sa gêne colorait ses mots. Je ne savais pas quoi lui dire, alors je me contentai de rougir d’autant plus. Sale gamine que j’étais. Ma sœur m’aurait probablement traitée de prude, en cet instant précis. « Tu sens très bon aujourd’hui. Tu as piqué du parfum à Scarlet pour me voir ? » Je me mis à rire, presque fébrile, rougissant d’autant plus. Son commentaire était sans doute insignifiant pour lui ; pourtant, je prenais cela comme un réel compliment venant de sa part. J’étais presque pathétique. Mais je ne parvenais pas à réagir autrement. « Même pas. C’est mon odeur naturelle, Fitzgerald. Avec le temps, t’aurais dû te rendre compte que je sentais bon comme une princesse. » Je lui adressai un immense sourire avant de me mettre à rire. Je détournai le regard avant de doucement plaquer mes mains fraiches sur mes joues, mince tentative pour les calmer. Un feu semblait vivre sous ma peau ; le feu de mes sentiments, sans doute. Le feu de ces sentiments tus qui me brûlaient de l’intérieur.
Depuis quelques semaines, j’avais fini par penser, de temps à autre, que lui avouer mes sentiments serait sans doute la meilleure chose à faire maintenant que nous étions sur le point de nous séparer. J’avais pesé le pour et le contre. Les avantages et les mauvais côtés. J’avais passé des nuits à observer le plafond de ma chambre en me demandant quelle solution serait la meilleure. Puis, au final, je n’avais fait que repousser mes interrogations ; je me trouvais idiote d’avoir attendu la toute fin du lycée pour songer à cela, tout comme je me disais que, même à des centaines de miles de lui, je ne supporterais pas qu’il tourne le dos à notre amitié. Désormais, j’étais contente de n’avoir pris aucune décision hâtive ; mon cœur s’était doucement emballé lorsqu’il avait commencé à me parler de Londres, à me parler de ce semestre qu’il désirait passer à mes côtés. Je déglutis avec difficultés, partagée, partagée si fort que ma voix en devenait tremblante. « Je n’abandonne pas. Ce n’est qu’un semestre. » me répéta-t-il comme s’il avait appris son texte. Un semestre pouvait s’enchainer avec un autre. Après tout, personne ne pouvait réellement savoir ce qu’il pouvait se passer en six mois. Six longs mois. « De toute façon je ne suis pas encore sûr d’être pris. Si je n’obtiens pas la bourse complète je devrais me résigner à m’inscrire en faculté. Dans l’essai il s’agissait de parler de soi. Ce n’est définitivement pas mon domaine de prédilection. » J’esquissai un petit sourire en dessinant dans le sable. Il y avait tant de conditions. Tant de bon et de mauvais. Je voulais qu’il vienne à Londres. Je voulais qu’il vienne avec moi. Cependant, je pensais à son futur et à sa carrière, et je refusais d’être sa perte. Je refusais qu’il tourne le dos à ses rêves pour une personne comme moi. Je refusais qu’il retarde l’instant où il irait là où il avait toujours voulu aller simplement parce qu’il se sentait mal de me laisser aller de mon côté toute seule. « Mon père pense que j’ai déjà 20 ans. Je crois que j’ai cessé d’être son fils il y a bien longtemps… » enchaina-t-il. « Tu sais, je ne lui ai rien dit. Parfois je n’ose plus lui parler. » Je poussai un profond et triste soupir en attrapant sa main dans la mienne, caressant doucement ses doigts de manière réconfortante. Je cherchai son regard et lui adressai un sourire comme pour lui promettre que tout irait bien.
Mais c’était sans doute faux. Personne n’était jamais sûr de rien. Une existence entière pouvait basculer du jour au lendemain.
Je finis par pousser un nouveau soupir avant de me redresser, me levant sur mes deux jambes pour lui faire face, les genoux écartés, les mains sur les hanches, emprunte d’une bonne humeur que j’aurais aimé communcative. Mon regard était déterminé, mon sourire joueur. Si j’avais pu, je lui aurais donné tout le bonheur du monde. Si j’avais pu, je lui aurais redonné le sourire. Mais je ne pouvais pas faire toutes ces choses. Alors, je devais de me contenter de l’aider à aller mieux. « Peu importe, il ne sait pas ce qu’il rate. Et puis, comme ça je n’ai plus de compétition, je peux clamer que tu es à moi et à personne d’autre. » lançai-je avec détermination en hochant la tête. Je ne voulais pas le blesser. Je voulais simplement le faire sourire. L’amuser. Je me donnais en spectacle uniquement pour qu’il se sente mieux. Je n’avais pas honte. J’étais bien trop déterminée pour l’être. « Et puis, de toute évidence, si tu n’obtiens pas de bourse complète, on sera contraint d’aller braquer une banque. » continuai-je avec entrain. « Pas de soucis à se faire, je maitrise. Mon père m’a appris à tirer avec un fusil quand je suis allée chez lui aux vacances dernières. » Je lui adressai un immense sourire avant de me laisser tomber face à lui. Je posai doucement mes mains sur ses chevilles en l’observant. Je secouai légèrement ses jambes en essayant de ne pas lui faire mal, comme pour le faire réagir, comme pour lui montrer que c’était l’instant où il était censé être heureux. Où il était censé sourire. « Et puis, tu racontes n’importe quoi, t’es la personne avec la meilleure plume que je connaisse. Tu as parlé de quoi dans ton essai ? » Il était un ange. Un ange tombé du ciel. Un ange à qui je devais réapprendre à voler. Mais cela ne me dérangeait pas ; j’étais patiente quand il s’agissait de Julian. Bien trop patiente, sans doute.
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() message posté Jeu 31 Juil 2014 - 22:34 par Invité
cardiff - june, 11th 2010; & I don't want the world to see me. Cause I don't think that they'll understand. You're the closest heaven that i'll ever be.  Mon adoration pour elle était sans limites. Je souris sans la quitter des yeux. Il y’ avait quelque chose d’étincelant dans son regard, dans sa manière de s’onduler suavement au gré du vent, ou de s’activer énergétiquement autour de moi. Je baissai la tête pendant une fraction de secondes, comme pour reposer mes ardeurs. Mon cœur me semblait si profond, battant dans le vide qui emplissait ma poitrine. Je bougeais lentement les mains, m’appliquant à dissimuler les tremblements de désir qui malmenaient mon esprit. Je soupirai une première fois, puis une deuxième, puis je fini par me mordre la lèvre inférieure, feignant une douleur dans le genou. Avec un peu de chance elle ne remarquerait pas à quel point son souffle pouvait faire vaciller ma raison. Elle fit la moue, riant fébrilement à notre petit incident comme si de rien n’était, mais la couleur cramoisi de ses joues trahissaient sa gêne. Voilà donc ce que j’étais; une source de gêne. Je déglutis.

« Même pas. C’est mon odeur naturelle, Fitzgerald. Avec le temps, t’aurais dû te rendre compte que je sentais bon comme une princesse.»

Je ris à cœur joie. Elle était si stupide parfois ! Je posai ma main sur sa tête avant d’ébouriffer doucement ses cheveux. Ses mèches d’habitude soyeuses, s’étaient asséchées à cause du produit décolorant. J’arquai un sourcil en songeant à tous ces idiots de l’équipe de rugby. Lloyd et sa petite bande de loques ne perdaient rien pour attendre. Eugenia était plus qu’une simple amie. C’était ma petite protégée.  Certes nous partagions les mêmes cours, mais j’étais plus âgé  que la majorité des lycéens. Je me plaisais à penser qu’en cas de confrontation, je pourrais avoir le dessus, tout du moins, le temps de venger l’honneur de Ginny. Je reportai mon attention sur elle. Ma main était toujours postée sur sa tempe. Je me perdais dans son regard une seconde fois, égaré entre ses pupilles dilatée et la couleur ambrée de ses iris. J’émis un couinement en la repoussant gentiment.

« D’où tu es une princesse toi ? Les princesses sont mieux coiffés que ça ! » Me moquai-je en me décalant doucement. Cette proximité était un supplice. Ces lèvres que je rêvais de frôler étaient une provocation. Je pris mon mal en patience. « Je conçois tout de même qu’avec une nouvelle teinture et un bogoss de mon genre à tes côtés, tu pourrais trouver une place parmi la noblesse britannique. »

Je bombai le torse en signe de grandeur. Le choc avec la branche ne m’avait pas réussi ! Eugenia me regarda furtivement avant de se mettre à dessiner des formes bizarres dans le sable. Je me demandais quelles pensées pouvaient bien traverser son esprit. Y’avait-il une chance qu’elle partage mes sentiments ? Mon ventre se contracta, me sommant de taire mes fantasmes. J’enfouis mes coudes dans le sable afin de confronter le ciel. Les questions qui me taraudaient étaient toutes liées à Eugenia. L’avenir, mes rêves de grandeur, l’écriture, tout me paraissait dérisoire. Sans elle, je ne pouvais savourer aucune victoire. Pourquoi n’avait-elle jamais songé à me suivre à Liverpool ? Pourquoi ne pouvait-elle pas continuer à veiller sur moi, le temps que je trouve la force de tout lui avouer ? Eugenia, je t’aime. Eugenia, sortons ensemble au lieu de nous contenir à une relation platonique. Eugenia je veux t’embrasser et te tenir contre moi pour toujours. Ces mots ne me semblaient pas si difficiles à prononcer, mais je n’étais pas prêt à tout abandonner. Ses doigts froids frôlèrent ma peau pour une caresse qui se voulait réconfortante, mais elle ne faisait qu’attiser ma flamme. Je crispai ma main par réflexe. Je me devais de rester immobile. J’étais un bout de bois qui flottait dans un océan tumultueux et déchainé. J’étais l’amoureux transit qui n’avait droit qu'à de pales affections. Elle se leva pour se poster en face de moi. Son corps bougeait de manière gracieuse et enjouée, comme s’il suivait les pas d’un ballet dramatique. Je souris doucement.

« Peu importe, il ne sait pas ce qu’il rate. Et puis, comme ça je n’ai plus de compétition, je peux clamer que tu es à moi et à personne d’autre. Et puis, de toute évidence, si tu n’obtiens pas de bourse complète, on sera contraint d’aller braquer une banque. Pas de soucis à se faire, je maitrise. Mon père m’a appris à tirer avec un fusil quand je suis allée chez lui aux vacances dernières. »

Elle me parlait avec entrain. Elle se donnait en spectacle exprès pour moi. Je pris appui sur mes avant-bras afin de m’élever à son niveau. Il y’avait Dieu, et il y’ avait les autres divinités célestes. Je n’étais pas croyant, pourtant je ne pouvais m’empêcher de vénérer son corps frêle et son visage lumineux. Eugenia était synonyme de pureté et d’embrasement. Mes mains tendues s’affolaient à  la perspective d’un contact. J’allais à sa rencontre le regard absent, subjugué par la clarté de son rire et sa sollicitude envers moi.

 « Quand tu dis que je suis à toi, tu fais référence à mon corps ou à mon esprit ? Qu’il n’y ait pas de confusion ; je ne voudrais pas que tu me tires dessus si je te sautais dessus. » La taquinai-je.  « Tu le ferais ? Parce que moi je le ferais. »  Je ris nerveusement. « Je veux dire sauter … Pas tirer … Chiottes …Enfin tu as compris ? Non. Oubli. »

Je me penchai doucement vers elle. J'étais à quelques millimètres d'elle, suppliait pour un baiser. Je clignai des yeux. Je pris son visage en coupe entre mes mains moites. Le silence brandissant s’abattit sur nous. Je me sentais seul dans un monde où elle était reine. Je me sentais seul dans un monde où elle était ma seule raison de vivre. Mes doigts bougèrent légèrement.J’essayais de la retenir de toutes mes forces mais elle finissait toujours par se dérober. Je me laissai tomber à côté d’elle avec lassitude. Mon genou claqua, abusé par la flexion de mes muscles. J’émis un gémissement en me cambrant.

« C’est rien. » Lançai-je dans la précipitation, avant de loger ma tête sur son épaule. « Tant que tu es là, je n’ai jamais vraiment mal. »

Un sourire sincère naquit au bout de mes lèvres. Nous étions deux âmes vagabondes, voyageant entre ciel et terre vers des contrées lointaines. Nos routes tantôt divergentes, tantôt chevauchées finirait par se croiser dans cette vie ou une autre. Chaque renaissance me rapprochait de l’absolution. Je restais confiant.  

« Et puis, tu racontes n’importe quoi, t’es la personne avec la meilleure plume que je connaisse. Tu as parlé de quoi dans ton essai ? »

J’haussais les épaules.

« Combien de personnes qui savent écrire connais-tu au juste ? » Me moquai-je. « L’équipe de Rugby qui squatte tout le temps chez toi ne compte pas. »  

Je bisoutai furtivement sa joue, taquin.

« Parfois, je me surprend à les imaginer sous le même toit que toi. »  Je marquai un silence. « ça m’énerve tellement que j’ai envie de débarquer pour te kidnapper. Si je suis à toi, il va de même que tu es à moi aussi pas vrai ? » Je courbai ma bouche en roulant des yeux. « Lady Ginny, princesse de Galles et de Fitzgerald, promets-tu d’être à moi et seulement à moi jusqu’à ce que la mort nous sépare ? »  

Je tâtonnai les poches de mon jeans à la recherche d’un objet qui pourrait immortaliser mon idiotie. Je saisis mon trousseau de clé afin d’en détacher mon porte clé fétiche : une petite cornemuse aux couleurs de l’Ecosse que l’un de mes oncles m’avait offert le jour de l’enterrement de ma mère.

« Tu me le rendras dans quelques années, quand tu auras trouvé l’homme de ta vie. A ce moment je te rendrais ta liberté. »  M’enquis-je en ouvrant le paume de sa main. Nos doigts s’entrelacèrent à nouveau, et je ressentis l’envie de la toucher encore. Je fermai les yeux avant de la serrer contre moi.

« Dans mon essai je parle de toi. La fille qui m’a sauvé. »  Susurrai-je doucement à son oreille.

Eugenia était ma plus grande source d’inspiration. Le seul visage apaisant que je pouvais apercevoir dans la foule effrayante.

Eugenia était ma muse et mon premier amour. Tel était mon secret.
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() message posté Dim 3 Aoû 2014 - 4:01 par Invité
cardiff - june, 11th 2010; what if we found our soulmate at the wrong time? - i've realized that no matter where you are or who you're with i will always, truly, completely love you. ✻✻✻ J’aimais la manière dont il me regardait. La manière dont il me regardait en me voyant, moi, en me voyant toute entière sans être influencé par les rumeurs et les bruits qui pouvaient bien courir. Il le voyait en tant que personne. Pas en tant que fantôme. Il était sans doute la seule personne de mon entourage à s’être donné le temps de me connaître ; il avait été le seul à m’avoir laissé le bénéfice du doute au lieu de me tourner le dos comme le faisait tous les autres. Parfois, je me disais que je ne le méritais pas. Parfois, je me disais qu’il devait sans doute regretter de m’avoir ainsi accueilli dans sa vie, de m’avoir laissé prendre autant de place dans son existence. Il aurait pu avoir mieux, après tout. Cent fois mieux. Une jeune fille assurée et fière, artiste et posée,  belle et élancée, charismatique et féminine. Il aurait pu avoir tout ce que je n’étais pas.
Je n’étais pas élancée. Je n’étais pas charismatique. Je n’étais pas artiste. J’étais une curieuse maladive qui passait sa vie à connaître les autres à travers des dossiers. J’étais une demoiselle incapable de tenir en place et toujours en activité, qui avait eu besoin d’aide sans s’en rendre compte.
Il venait peut-être frapper à ma porte lorsque les choses allaient de travers dans son foyer mais, quelque part, il m’avait recueilli, lui aussi. J’étais une âme perdue, une âme vagabonde, une âme rejetée. J’avais toujours pensé me plaire dans ma solitude mais il m’avait ouvert les yeux pour me prouver que les contacts avec les autres pouvaient se révéler bon, parfois. Mon cœur se serra doucement lorsque mon regard se posa sur lui. Je n’étais pas à la hauteur. Je ne l’étais pas et cela me rongeait. J’aurais aimé lui donner plus, me donner toute entière ; j’aurais aimé lui montrer à quel point il comptait et à quel point je pouvais lui être dévouée. Cependant, une certaine retenue m’habitait. Cependant, une certaine retenue me rongeait. La main de Julian vint ébouriffer mes cheveux tandis qu’il riait à mes bêtises ; j’esquissai un sourire en coin en essayant de calmer les pulsations fébriles de mon cœur. Ses doigts restèrent contre ma peau ; je ne dis rien, attendant simplement qu’il se dégage par lui-même, et il le fit. J’aurais pu pleurer de frustration tant cette situation finissait par m’atteindre, mais je n’en fis rien, et je demeurai là, assise, un sourire aux lèvres, comme si tout allait bien. Après tout, tout allait bien, en surface. « D’où tu es une princesse toi ? Les princesses sont mieux coiffés que ça ! » me lança-t-il et je me mis à rire en secouant la tête, comme tout remettre mes mèches ébouriffées en place. « Je conçois tout de même qu’avec une nouvelle teinture et un bogoss de mon genre à tes côtés, tu pourrais trouver une place parmi la noblesse britannique. » Je lui donnai un coup dans l’épaule lorsqu’il bomba le torse avec fierté. J’avais l’impression qu’il mettait le doigt sur le nœud du problème. Je n’étais pas une princesse, je pouvais simplement prétendre en être une. Je n’étais pas sa princesse, je pouvais simplement m’asseoir à ses côtés pour faire semblant. Je poussai un profond soupir en me tenant droite, tournant lentement la tête vers lui avec un sourire en coin. « Monsieur n’écoute pas bien en classe d’histoire, à ce que je vois. » Cela ne m’étonnait même pas. J’étais celle qui lui envoyait sans cesse des petits mots, après tout. Celle qui le déconcentrait sans cesse parce qu'elle ne tenait pas en place lorsqu'il était dans les parages. « Les Lancaster étaient une branche cousine des Plantagenet, tu sais, la famille royale il y a cinq siècles. » lançai-je. « Ca fait de moi une princesse. Pas besoin de beaux gosses à mes côtés. » Mensonges. J’étais persuadée que, même avec lui à mes côtés, j’étais invisible. Il était comme le soleil ; rayonnant, attractif, et tous les regards ne se tournaient que vers lui lorsqu’il était dans la même pièce.
Tout du moins, c’était le cas pour moi. Il était mon soleil.
Je m’étais levée pour parler avec entrain et lui rendre le sourire, et il se leva à son tour pour se mettre à ma hauteur. J’aurais aimé qu’il ait une autre famille. Qu’il ait eu plus de chance. Même si cela impliquait le fait qu’on ne se soit jamais connu ; une personne comme lui ne méritait pas d’endurer ce qu’il endurait. Il semblait ailleurs, sur un nuage, lorsqu’il vint à ma rencontre. Mes pires rêveries m’auraient sans doute poussé à faire le seul pas qui nous séparait pour poser mes lèvres sur les siennes, mais je les étouffais avant même qu’elles ne me viennent. Je ne pouvais pas. Je ne devais pas. « Quand tu dis que je suis à toi, tu fais référence à mon corps ou à mon esprit ? Qu’il n’y ait pas de confusion ; je ne voudrais pas que tu me tires dessus si je te sautais dessus. » me demanda-t-il et je levai un sourcil. « Tu le ferais ? Parce que moi je le ferais. Je veux dire sauter… Pas tirer… Chiottes… Enfin tu as compris ? Non. Oublie. » Mon cœur rata sans doute plusieurs pulsations et je ne dis rien de peur de vendre mon secret par erreur. Il se pencha doucement vers moi sans se rendre compte que cela ne faisait qu' affoler ma panique passagère ; j'observais ses lèvres avec envie et je dus me mordre l'intérieur de la joue pour ne pas céder à mes pulsions. Il prit mon visage entre ses mains comme on pourrait le faire avec une enfant ; je n'étais qu'une petite sœur à ses yeux, sans aucun doute. Mais les choses s'arrêtèrent là. Nous nous retrouvâmes assis sans que je me souvienne du déroulement des événements ; je me sentais étrangement vide, comme s'il m'avait volé une partie de mon cœur.
Ou mon cœur tout entier.
Je l'entendais pousser un gémissement, et je ne retournai immédiatement vers lui, inquiète. Je l'observai comme pour tenter de comprendre s'il allait bien et il m'adresse un sourire. « C’est rien.  Tant que tu es là, je n’ai jamais vraiment mal. » Je pris une profonde inspiration, guère convaincue. Comment pourrais-je l'être, après tout ? Je savais qu'il faisait semblant parce qu'il devait être fatigué de me voir inquiète pour lui. Alors je changeai de sujet. Je parlai de sa plume pour tenter d'écarter ses peurs de ne pas être pris. Ses peurs et les miennes.   « Combien de personnes qui savent écrire connais-tu au juste ? L’équipe de Rugby qui squatte tout le temps chez toi ne compte pas. »  me demanda-t-il et je me mis à rire. Il embrassa ma joue comme si rien n'était et je sentis le sang affluer à l'endroit où ses lèvres avaient laissé une trace incandescente. « Parfois, je me surprends à les imaginer sous le même toit que toi. Ca m’énerve tellement que j’ai envie de débarquer pour te kidnapper. Si je suis à toi, il va de même que tu es à moi aussi pas vrai ? » poursuivit-il. Je hochai la tête en me disant qu'il ne devait sans doute pas se douter de la véracité de ses propres paroles. Il ne savait pas à quel point j'étais sienne. A quel point je lui appartenais toute entière. « Lady Ginny, princesse de Galles et de Fitzgerald, promets-tu d’être à moi et seulement à moi jusqu’à ce que la mort nous sépare ? » me demanda-t-il alors, en sortant de sa poche ce porte-clef qu'il chérissait depuis que je le connaissais. Mon cœur battait si vite. Mon cœur battait à tout rompre.   « Tu me le rendras dans quelques années, quand tu auras trouvé l’homme de ta vie. A ce moment je te rendrais ta liberté. » Il plaça le porte-clef dans ma main avant de refermer mes doigts dessus. Je l'agrippai avec sans doute trop de force ; il se pencha vers moi pour me serrer dans ses bras et j'eus l'impression que mon cœur quittait mon corps.   « Dans mon essai je parle de toi. La fille qui m’a sauvé. » me marmonna-t-il. Mon cœur rata un battement.
J'étais la fille qui l'avait sauvé.
Je m'écartai doucement doucement de lui, replaçant des lèches rebelles venues se battre sur son front. Un sourire était peint sur mes lèvres sans que je ne le veuille. J'avais l'impression qu'il me promettait l'éternité. Le pire, dans tout cela, était que je savais que cela n'était pas le cas mais je m'en fichais. « J'accepte, lord Julian, prince d'écosse et des Lancaster. » lui répondis-je avant de doucement détacher le collier que j'avais autour du coup. Je retirai le pendentif représentant un phénix de la chaîne, et je le déposai à mon tour dans sa main. « C'était un cadeau de mon père quand il a divorcé avec ma mère. Il m'avait dit que la légende du phénix rappelait que, dans toutes les fins, il y a un début. Cette séparation c'est peut-être le début d'un autre chapitre de notre relation, Julian. Malgré la distance je serais toujours à toi et toi toujours à moi. Tu me le rendras quand tu auras compris qu'il n'y a jamais de fin en soi, juste des débuts. » J'esquissai un sourire avant de déposer, à mon tour, un baiser sur sa joue. Sa promesse était peut être une parole en l'air. La mienne, en tout cas, ne l'était pas. Je poussai un petit soupir avant d'observer le porte clef sous toutes ses coutures. J'étais touchée qu'il me le confie. Touchée au point d'avoir voulu lui montrer que je lui faisais confiance en retour. « Bon, par contre, tu aurais quand même mieux fait de choisir un autre sujet parce que je ne suis pas sûre d'être suffisamment passionnante pour une université... » Je me mis à rire. A rire alors que mon cœur hurlait d'amour pour ce meilleur ami que je me refusais sans doute par principe, ou par peur, deux motivations qui ne faisaient de moi qu'une faible.
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() message posté Dim 3 Aoû 2014 - 18:18 par Invité
cardiff - june, 11th 2010; & I don't want the world to see me. Cause I don't think that they'll understand. You're the closest heaven that i'll ever be.  Je n’avais pas compris du premier coup ! La première fois que je l’avais vu traverser le long couloir du lycée, dans son uniforme trop court et son serre-tête affriolant, je m’étais retenu de lui faire un croche-pied. Pour moi, ce n’était qu’un stéréotype de cheerleader de plus, et j’en avais vu défiler tellement. Encore une fille trop jolie pour être égale au commun des mortels. Une fille peu assurée qui se cachait derrière de faux-airs de déesse. Je m’étais machinalement dirigé vers mon casier sans lui adresser le moindre regard. Mon bras plâtré avait frôlé son épaule de trop près, mais je n’avais pas pris la peine de m’excuser. Après tout je n’étais que le nouveau type à l’accent gaélique. Mon regard était sombre et diffamateur. Ma bouche était sèche et amère. J’avais trainé ma haine durant des années, j’avais laissé mon meilleur ami et le monde tourner sans moi à Londres, alors il me semblait impossible de m’ouvrir aux autres. Il me semblait impossible de vivre entre ces murs délabrés et ces bâtiments humides. Je détestais ce point d’escale de trop. Je détestais Cardiff et le Pays de Galle tout entier ! Puis je l’avais revu une seconde fois au coin de la cafétéria. Son uniforme rouge et noir me semblait différent, customisé pour mieux cultiver sa différence. Ses cheveux aubruns étaient ramassés en un chignon incroyablement négligé, laissant quelques mèches voltiger au gré de la ventilation. Ses énormes lunettes tombaient sur son nez minuscule, lui donnant des airs de chobit. Elle releva les yeux sur moi et je ne pu m’empêcher de lui sourire. Elle était d’une beauté surnaturelle. Mon cœur se perdait dans chacun de ses gestes mélancoliques, et dans cette solitude grisante qui l’entourait. Mais où étaient donc passé la cour de la reine du bahut ? Je m’étais aventuré trop près d’elle. Je déglutis en sentant la chaleur envahir mon âme. J’aurais pu ouvrir la bouche et lui dire que je l’aimais de suite. J’aurais pu prendre ses mains et les tenir pendant des heures. Elle me lança un regard empli d’incompréhension puis elle sourit timidement. Je m’assis à table lorsque sa copie maléfique apparu par l’entrebâillement de la porte, faisant tourner toutes les têtes en sa direction. Mais peu importait. Le silence s’était levé, comblant chaque vide dans mon esprit. Je restais focalisé sur ma voisine de table. Je n’avais pas compris du premier coup !  J’avais mis du temps à réaliser qu’il y’en avait deux. La fleur du mal et la douce brise d’été. Le monstre d’égoïsme et mon ange déchu. J’avais mis du temps à réaliser, mais je l’avais tout de suite reconnu : Elle, l’autre moitié de mon âme. Je levais doucement les yeux au ciel. Quel était ce paradis qui l’avait laissé s’échapper ? Pour moi, elle était étrange et merveilleuse.

Un soupir m’échappa. Eugenia était parfaite à mes côtés. Comme je pouvais l’être moi aussi, à ses côtés. Elle me donna un léger coup à l’épaule. Ses gestes enjoués me ramenaient à la réalité. Je souris en tournant la tête vers elle.

« Monsieur n’écoute pas bien en classe d’histoire, à ce que je vois.»

Je ris doucement.

« A qui la faute ?! »  Rétorquai-je en haussant les épaules d’un air désinvolte.

« Les Lancaster étaient une branche cousine des Plantagenet, tu sais, la famille royale il y a cinq siècles. Ca fait de moi une princesse. Pas besoin de beaux gosses à mes côtés. » Enchaina-t-elle avec entrain. Elle avait toujours été friande d’histoire et de comptes féeriques. J’adorais cet enthousiasme qui lui était propre. J’adorais chaque trait de son caractère, même sa curiosité maladive et son petit air grincheux à chaque fois que je lui refusais une faveur.

« Je t’ai déjà sacré princesse. Inutile de te lancer dans un débat aux références douteuses. »  Me moquai-je. « Je serais toi, je ne croirais pas trop ce que raconte Mr Meyer. Il n’a même pas l’air d’un historien ! »  

J’arquai un sourcil peu convaincu. Elle se détacha doucement de moi et je senti le vide m’envahir peu à peu. J’avais tout le temps besoin du contact de sa peau contre la mienne. J’avais tout le temps besoin de la sentir près de moi. Eugenia se redressa toute sourire. Mes yeux furent traversés par un éclair d’insalubrité, un court moment durant lequel je pu apercevoir un couronne briller au-dessus de sa petite tête. Bêtise quand tu nous tiens !

« J'accepte, lord Julian, prince d'écosse et des Lancaster. »

J’éclatai de rire en frôlant son visage. Elle ne se rendait sûrement pas compte du genre de pensées perverses et impures qui pouvaient bien secouer ma raison. Elle ne se rendait sûrement pas du nombre de fille que j’avais feins aimer pour l’oublier. De peur de tout lui avouer. De peur de ne jamais être pris au sérieux. De peur de la perdre tout simplement.

« C'était un cadeau de mon père quand il a divorcé avec ma mère. Il m'avait dit que la légende du phénix rappelait que, dans toutes les fins, il y a un début. Cette séparation c'est peut-être le début d'un autre chapitre de notre relation, Julian. Malgré la distance je serais toujours à toi et toi toujours à moi. Tu me le rendras quand tu auras compris qu'il n'y a jamais de fin en soi, juste des débuts. »

Je la fixais bouche-bé. Je l’avais vu porter son phénix tous les jours pendant quatre ans, je l’avais vu le tenir si fort pendant ses moments de doute et d’incertitude. Je pris une grande inspiration afin de retenir mon émotion. Son père était parti alors qu’elle n’était encore qu’une enfant. Alors elle s’était raccrochée aux espoirs vains, et à l’insouciance de Candide. Mes mains s’ouvrirent afin d’accueillir son pendentif. C’était un faux semblant d’adieu. C’était un échange qui malmenait mon cœur. Je crispai les doigts.

« Je pourrais te le rendre tout de suite. » Je me mordis la lèvre inférieure en baissant les yeux. « Je suis convaincu qu’il n’y aura jamais de fin. Jamais d’adieux. Je suis sûr que tu auras beau me quitter, tu es destinée à me recroiser. Le destin n’est pas un amateur. Il te remettra sur mon chemin. Je perdrais peut-être les pédales en ton absence. Je deviendrais peut-être fou et rongé par le mal. Mais je sais que tu me retrouveras pour me sauver à nouveau.»

C’était une foi inébranlable. Une conviction sans faille. Je fis la moue en m’approchant dangereusement d’elle.

« Mais je le garde quand même en otage. Comme ça je suis sûr que tu reviendras le récupérer !  » Lançai-je hilare en posant mon doigt sur le bout de son nez.

Le soleil lançait ses derniers rayons pour illuminer mon esprit. Tout était clair ; toutes ces années n’étaient pas perdues. C’était un chapitre sur le point de finir, mais je n’oublierais jamais son visage angélique. Je fermai les yeux, enivré par les senteurs de la mer et son odeur naturelle. Eugenia, ne pars pas. Eugenia, viens avec moi à Liverpool. Nous serons ensemble, et tu pourras continuer tes études. Mais c’était égoïste de lui imposer ma direction. Je déglutis, bercé par mes tourments. Elle se pencha suavement vers moi en de changeant de sujet. Je tenais toujours son phénix, trésor inestimable auquel je me raccrochais comme un nouvel espoir.

« Bon, par contre, tu aurais quand même mieux fait de choisir un autre sujet parce que je ne suis pas sûre d'être suffisamment passionnante pour une université... »

Je lui tirais la langue.

« C’est vrai, tu ‘es pas suffisamment passionnante pour m’ouvrir les portes de John Moores University. Heureusement que je peux compter sur mon incroyable talent. J’ai pensé que créer un récit palpitant à partir de rien pourrait m’aider à marquer des points.  » La taquinai-je en lui donnant une tape sur l’avant-bras. « Tu es vraiment incorrigible. Je te fais un aveu et tu trouves quand même le moyen de te rabaisser. »

Je soupirai en m’allongeant sur le sable chaud. Une pensée puérile me traversa l’esprit.

« Tu es sûre que tu ne veux pas aller au bal de promo ? » M’enquis-je avec douceur. « Même si je te proposais d’être ton cavalier ? Je peux encore décommander Bethany Clarke. De toute façon elle va encore me prendre la tête sur une relation qui n’existe que dans sa tête. Je passe plus de temps avec toi, et tu ne penses pas une seule seconde qu’on est un couple. A mon plus grand malheur !   » Souris-je. « Les choses seraient plus drôles avec toi.  »

Je me redressai sur le côté.

« Tu as déjà imaginé à quoi on ressemblerait à deux ?  » Je marquai un silence. Je m’étais encore une fois mal exprimé. « Tu as déjà imaginé que je sois ton petit ami ?  »

Parce que je me visualise tout le temps avec toi. Le temps passe et je me rends compte que je ne peux exister que pour toi.

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