Vendredi 12 septembre 2014
Il y a des surprises des fois, et de taille. Tyler et moi, on s'est rencontrés sur les bancs de la fac, vraiment pas hasard, vu qu'on était pas dans les mêmes filières. Et ça a donné... ça. Je crois pas qu'il y ait une personne au monde à laquelle je tiens plus que lui, ma famille exceptée - et encore, je pense qu'ils sont juste tous au même niveau. Comme quoi parfois, la vie nous réserve des surprises et de belles. J'ai haï la fac de droit pour bien des raisons, mais s'il y a bien une chose que j en eregrette pas, c'est de l'avoir rencontré. Et rien que pour ça, j'en veux même pas vraiment à ma famille de m'y avoir forcé. Au fond, je sais qu'ils cherchent à ce que tout se passe pour le mieux, à leur manière. C'est juste dommage qu'ils aient pas compris qui j'étais...
Enfin ça n'empêche qu'Oxford, à part pour Tyler, c'est pas vraiment mon meilleur souvenir. J'y ai toujours été le type décalé, là, au fond, qui passe son temps à dessiner et qui sait pas aligner trois mots corrects à l'écrit. Le type au look bizarre, qu'a un nouveau tatouage tous les trois mois. Que de toute façon, lui, il sera jamais avocat alors... Sur ce point, ils avaient tous raison, évidemment, mais le délit de faciès, ça me gonfle pas mal. Je suis pas du genre à trop m'énerver pour ce genre de choses - pas pour grand chose en réalité, mais enfin - et du coup, je laissais courir, et je restais dans mon coin. J'avais bien assez à faire avec mes croquis, de toutes les manières. Et une bonne partie des profs et encadrants était pas forcément plus fine que les autres étudiants, faut bien admettre. Ca aussi, c'est un truc que j'ai du mal à piger. Dans ma tête, un professeur, c'est quelqu'un qui est censé t'aider au maximum, te pousser à aller plus loin, te donner envie d'apprendre. Se mettre à ton niveau, pour t'amener plus haut. Ben pas là. J'ai eu plus affaire à des élitistes bornés, certes, super calés dans leur domaine, mais humainement assez insupportables, qu'à de vrai pédagogues. Déjà que j'avais pas envie d'apprendre leurs trucs, ça risquait pas de m'aider.
Y a quand même eu quelques exceptions, certains intervenants m'ont laissé de meilleurs souvenirs, pour des raisons diverses et variées. Par leur passion parfois. Par leur plastique qui aurait bien collé dans une toile - et parfois certaines étaient disons assez inspirées... - par leur attention aussi. Lewis McAllistair, c'est une de ces exceptions. J'aurais peut-être pas si bien retenu son nom, sinon, faut admettre. Résultat, quand je suis sorti de chez Tyler ce matin, après une énième sympathique soirée où je me suis encore fait rétamer la tronche sur les jeux vidéos qu'il adore, c'est sans doute la dernière personne que je m'attends à croiser dans l'escalier, mais c'est une belle surprise au demeurant. Bon, je suis un peu dans le pâté, si bien que j'ai pas remis les pièces du puzzle en place tout de suite, mais je me suis arrêté après quelques marches pour me tourner vers lui.
- Excusez-moi mais... Je crois qu'on se connaît...
J'ai rebroussé chemin, remonté donc quelques marches pour revenir au même palier que lui. Et c'est là que je me dis que les locks en moins, ça doit être un peu moins parlant.
- Vous êtes intervenu en fac de droit à Oxford, je me trompe ?
C'est là qu'il me dit non, et j'ai l'air particulièrement crétin. Mais je crois quand même pas. Il a quand même pas un sosie ici, hein ? N'empêche, c'est bizarre de le voir ici...
Accueil 
