Nathanaél Grant [ Terminée ]

Cher journal,

Aujourd’hui ma vie n’est plus la même. Tout a basculé sans que je ne m’en rende compte. Quand j’étais plus jeune, mes parents faisaient tout ce qui était en leur pouvoir pour me combler de bonheur. Sauf qu’ils étaient rarement à la maison, une nounou s’occupait de moi vingt quatre heures sur vingt quatre. J’avais peut-être vu le jour dans une famille aisée, mais je ne voyais que très peu mes parents au final. Un enfant ne leur suffisait pas, six ans après ma naissance, ma sœur faisait son apparition dans ce monde. Je devais m’ocxuper d’elle la plupart du temps, parfois, je détester les parents... mais je m’en disaos qu’ils n’avaient peut-être pas le choix. Mathilde, ma chère sœur, elle est tout l’inverse de moi. Je suis calme, elle est hyperactive, toujours enjouée, elle voulait que l’on fasse les quatre cents coups ensembles, quitte à s’attirer quelques ennuis. Mon enfance avec elle a été assez plaisante, elle le faisait oublier la solitude, et je la remercie pour ça.

Malgré le fait que les parents soient très peu à la maison,  j’essayais de voir le bon côté des choses, au moins quelqu’un s’occupait de nous. A l’école, j’avais des bonnes notes, je faisais en sorte de faire du bon travail, même si parfois c’était compliqué. En effet, alors que j’étais au lycée, ma mère a commencée à montrer des signes de démence. Au début, on pensait que c’était le surmenage dû à son travail qui lui demandait beaucoup d’effort et de temps. Puis, sans rentrer dans les détails, tout a dégénéré. Elle a dû se faire interner, mon père ne l’a pas supporté et a sombrer dans l’alcool et la dépression, abandonnant littéralement son travail. Impuissant face à cette situation, je ne pouvais qu’observer la chute de mon père. Son moral n’a jamais remonté la pente. Mes parents faisaient tout ensemble, y compris travailler. Ils étaient comme ses oiseaux, toujours collés l’un à l´autre, quand l’un d’eux part, l’autre ne tarde pas à le suivre.

Plus tard, on a appris que notre mère avait fini par mourir, son cœur avait lâché. Quand notre père l’a appris, ça a été le point de non retour, il a finit par la rejoindre l’annee suivante. Mathilde et moi , on se soutenait comme on le pouvait, et bientôt on a été en âge de se débrouiller seuls.

Lors de ma première année en médecine, j’ai récontré une jeune femme, magnifique au caractère en or. Jamais je n’avais vu une fille comme elle. Ça a été le coup de foudre pour nous deux. Plusieurs années ont passées, nous avons eu nos diplômes et avons trouvé du travail par la suite. Nous formions un beau couple. Malheureusement, nous ne pouvions avoir d’enfant, elle était stérile... Tant pis, ça ne m’empêchera de vivre à ses côtés tout au long de ma vie. Le temps passe à une vitesse folle, aucune journée ne ressemblait à une autre. Nous travaillons à notre compte et vivons sans avoir peur des fins de mois. Mais... comme je te l’ai dit, ma vie a basculée. Je crois que tu l’as remarqué, ce n’est pas la même personne qui t’écrit. Elle est partie loin de moi. Elle préparait le repas et s’est soudainement arrêté, tombant lourdement sur le sol. Je la revoit, totalement inconsciente, inanimée. Une rupture d’anévrisme... ma main tremble lorsque je t’écris ses mots, je ne sais pas si cela va me soulager, je ne sais pas si je vais m’en remettre, mais... je me sens vidé, je ne suis rien sans elle. Mon amour, tu me manques tellement, déjà trois ans... J’ai l’impression, malgré le temps qui passe, que je n’arrive pas à me relever. C’est une grande perte pour moi, je ne suis plus le même depuis sa disparition. Mathilde vient me voir de temps en temps pour prendre de mes nouvelles, je lui répond que tout va bien, mais elle sait très bien que je mens.

Mes pensées m’obsède, je pense toujours autant à ma femme. Jamais je ne la remplacerai, je ne peux pas, j’en n’en est pas l’envie non plus. Elle restera la femme de ma vie à jamais.