» Schizophrénie : maxime (t. oman) & solal (m. mcmillan)
(✰) message posté Ven 7 Juil 2017 - 21:34 par Bodevan H. Andrews
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(✰) message posté Dim 9 Juil 2017 - 0:15 par Invité
You are unforgettable, I need to get you alone
Les paysages sont flous, les lignes sont courbées, tordues, dérangeantes. Il fait sombre, si sombre, je ne vois pratiquement rien autour de moi. Je ressens la peur, l'angoisse, la solitude. Ma poitrine se lève vite, si vite; j'ai l'impression que mes poumons pourraient en sortir à tout moment. Je connais trop bien cette ambiance lugubre qui règne, et je la déteste par dessus tout. C'est celle de mes terreurs nocturnes. Mes crises d'angoisses. Je m'y perd une fois de plus sans même m'en rendre compte. Je suis là, passif, contraint de revivre encore et encore ces cauchemars. Ça ne s'arrête jamais. Je marche dans le noir, je pense distinguer un chemin de terre. J'ai l'impression d'être mort, ou presque. Je me sens triste et dénué de vie, comme si à présent, toute l'énergie de mon corps l'avait quitté. Je ne sais pas si j'avance, ou si je recule. Les pierres craquent sous mes pieds. Je voudrais courir alors que mes jambes semblent peser une tonne chacune. Alors je continue de marcher sur ce long chemin de terre. Et puis au bout, ce miroir. Ce foutu miroir. Je ne peux pas l'esquiver, je suis contraint de me regarder dedans. Une fois de plus. Je suis hideux, les traits de mon visage sont flasques, le teint blanc comme un linge, les lèvres gercés. Mes cheveux tombent par poignet à vue d'œil, on distingue le haut de mon crâne, nu. Je passe une main sur ma tête. Je me répugne. Mon cœur s'accélère, alors que mon reflet me répète inlassablement "Tu vas mourir Benedict." C'est vrai, je vais mourir. Et tu es toujours là pour me le rappeler n'est-ce pas? Conscience, au garde à vous lorsque je ferme les yeux, lorsque mon corps se laissent aller à Morphée. Tu es la pire des amis. Et soudain, à travers le miroir, je vois cette lumière. Je me retourne, et je la vois. Elle danse en haut de cette montagne, semble aussi légère qu'une plume, aussi belle qu'une rose. Elle se déplace telle une déesse, comme si la gravité n'avait aucun impact sur elle. Elle a les traits doux, même si elle fronce un peu les sourcils. Son corps se balancent, ses longs cheveux dorés reflètent la lumière et lui donnent des allures d'ange. Peut-être est-elle l'une d'entre eux. Peut-être est-elle celle qui m'emportera dans les cieux. Mais étrangement cela n'a plus d'importance. Je sens mes jambes se dégourdir, et je cours vers elle, je la rejoins. Charlie, quelle genre de créature es-tu?
J'ouvre difficilement les yeux. Doucement le rêve se dissipe, et je sens une douleur irradiant vers ma nuque à peine suis-je éveillé. Je me suis encore endormi dans mon canapé hier soir, et mon corps semble se rebeller face à cette décision. Je vois que la porte de la chambre de Shinya est fermée, signe qu'il n'est pas encore debout, normalement. Je regarde l'heure sur ma montre. 7:54 am. En mémoire me revient le fait qu'on est dimanche. Donc tout est normal jusque là. Outre le fait que je suis toujours atteint d'une maladie incurable, tout va bien. Je m'assois sur le canapé, posant fermement les deux pieds à terre. Je passe mes deux mains dans la tignasse rousse qui me sert de chevelure, puis frotte énergiquement mes yeux. Au bout de quelques minutes, je suis debout.
Elle reste dans ma mémoire toute la matinée. Mes rêves, je m'en rappelle souvent, puisque ce sont bien souvent des cauchemars; mais celui de cette nuit était différent des autres. Je ne saurais dire si au final ça avait été un bon ou un mauvais rêve, mais en tout cas il ne peut pas sortir de ma tête; pas même quand je suis à la messe de neuf heures, mes doigts recroquevillés sur le dossier du banc devant moi, la tête encastrée dans mes mains récitant les paroles du prêtre comme une deuxième langue. Pas même sous la douche à onze heures, après une longue promenade avec Lupin qui me fait courir d'un bout à l'autre du quartier. Ce chien a trop de force. Pas même à midi, alors que je mange tranquillement avec Shinya, discutant de tout et de rien; de l'école, de sa troupe de théâtre. Elle me revient toujours en mémoire. Charlie c'est cette fille que j'ai rencontré au cirque. Depuis elle n'est pas vraiment sortie de ma tête. Charlie, c'est pas le genre de femme que tu rencontres partout; d'ailleurs avant elle je connaissais personne comme ça. Une créature envoûtante, gracieuse. Ça m'avait pas fait title au début, quand elle est venue me voir derrière le cirque en me disant qu'elle me connaissait. Et elle a dit qu'elle travaillait ici, au cirque. Elle l'a dit avec une certaine difficulté d'ailleurs, mais j'ai trouvé ça touchant. Alors j'ai voulu voir ce qu'elle faisait, et j'ai acheté un billet. J'aime pas trop les cirques; les clowns ne sont pas très rassurants, avec leur grand sourire, leur grand yeux; ils ont cet air maléfique sur le visage qui me donnerait presque des frissons. Et je n'aime pas la façon dont sont traités les animaux. Mais j'ai voulu voir ce qu'elle faisait sous ce chapiteau, c'était plus fort que moi ; Je l'ai vu, avec son maquillage de clown. Et je les ai trouvé tout à coup moins effrayants ces gens-là ; et puis elle a dansé, et j'ai pu contempler l'élasticité de son corps. Je n'avais jamais vu ça en vrai auparavant. C'était magique, irréel. À ce moment là, elle était la plus belle chose que j'avais jamais vu de ma vie. Une nouvelle espèce, entre la femme et le serpent peut-être. Et c'est plus fort que moi, j'ai envie de la revoir.
Quelques heures plus tard, je suis de nouveau devant ce cirque. Pull en maille légère noir et jeans, j'ai bafouillé à Shinya des explications sans grande conviction, et je suis sorti. J'ai acheté un autre billet au guichet, pour la voir une deuxième fois. Je me trouve ridicule, je ne sais même pas pourquoi je fais ça. J'ai pris ma caméra, mais je ne suis pas sûre de la raison ; un vlog, ou simplement le prétexte d'un vlog. Je rentre dans le cirque, et je m'installe à une place vers le devant. Et les numéros défilent sans que j'y accorde une grande importance. Jusqu'au moment où je reconnais cette musique, et cette silhouette. Je sers la caméra plus fort entre mes mains. Je voudrais prendre une séquence en vidéo, mais mes yeux ne décrochent pas de Charlie. J'ai l'impression d'être à la limite entre le rêve que j'ai fais la nuit dernière, et la réalité. Une étrange sensation s'empare de moi, un sentiment de flottement, comme si j'étais encore endormi. La musique m'envoûte, tous comme ses pas de danse. Je ne décroche pas non plus mon regard de son visage, essayant de capter le moindre de ses micros-expressions. Elle fronce les sourcils, de plus en plus. Comme dans mon rêve. Et puis c'est la fin. Nos regards se croisent un instant, mais je reste de marbre. Je n'ose pas sourire, ni faire un geste de la main. Idiot. Charlie salue le public, et sort en quelques enjambés gracieuses de la scène. Et moi, je me lève et je sors du cirque à mon tour, parce que j'ai besoin d'air. Le vent frais de la fin de journée me caresse le visage ; Je sais vraiment pas ce que je fais là, je sais pas dans quoi je m'embarque, dans quoi j'ai envie de m'embarquer. Je saurais pas l'expliquer. Est-ce normal d'être fasciné par quelqu'un, de vouloir mieux la connaître pour la cerner ? Je ressens ce besoin qu'il en soit ainsi. Mais là, je pense juste à rentrer chez moi. Je tourne autour du cirque pour récupérer mon vélo, puis j'entends les grognements des tigres. Alors je m'approche d'eux, et je souris. Ils sont tellement beaux. Je lâche mon vélo par terre pour les observer derrière les barreaux. « Enco-re là? Je vai-ais finir parr crroi-re que vous êtes tombés amou-reux de moooi.. » J'ai failli sursauter. À la place, je me suis vivement retourné. Elle a troqué son costume et son maquillage de scène pour des habits décontractés. Jolie. J'ai du mal à la regarder dans les yeux, alors je détourne le regard, et je fixe les tigres à côté de nous. Je me racle la gorge, et fronce un peu les sourcils, intimidé. « Non, je... Rien à voir. » Quelle répartie. Ma surprise et mon anxiété m'ont fait temporairement perdre mon second degré. Mais je me reprends vivement en ajoutant, toujours les yeux rivés sur les barreaux. « Je voulais simplement filmer quelques séquences pour une vidéo, c'est tout. » Il faut juste pas qu'elle demande à voir les séquences inexistantes en question. Je jette un regard furtif vers elle, esquissant un sourire sincère, écho à celui qu'elle m'offre en retour. « Désolé de vous décevoir. » Ai-je ajouté toujours d'une timidité certaine, mais d'un ton plus léger. Et puis Charlie passe sa main à travers les barreaux, et je m'en horrifie presque ; jusqu'à ce que je vois que le jeune tigre lui lèche la main. Plus les minutes passent, plus cette jeune femme s'avère être un véritable mystère pour le commun des mortels. Tout le monde aurait hésité à mettre sa main dans une cage de tigre, mais elle n'a pas titillé une seconde. Et puis elle me tend la main, signe que je devrais l'attraper avec l'une des miennes. Je sens le rouge me monter aux joues. Se tenir la main, ce n'est pas le genre de chose qu'on fait quand on vient de se rencontrer. Mais je me laisse doucement guider, pas très sûr de ce que je suis en train de faire. J'ai juste très envie de caresser le tigre, moi aussi. Alors je tend la main vers lui, incertain. Mon cœur s'emballe, je déglutis difficilement et pendant une seconde, j'imagine ma main être déchiquetée entre les crocs acérés de la belle bête. Je ferme les yeux, tentant de contrôler ma respiration. Et puis au final, je sens quelque chose mouiller et chatouiller le bout de mes doigts. J'ouvre les yeux, et je me vois obtenir le même traitement de la part du tigre que Charlie quelques instants auparavant. Un large sourire se dessine sur mes lèvres, et mes yeux s'emplient de joie. C'est la première fois que je fais ça. Je jette un regard vers la jeune femme, puis me concentre à nouveau sur ma main, tenue dans la sienne ; je commence à caresser la bête, laissant un gloussement s'échapper de ma bouche. Je souris comme un enfant, mais le temps d'un instant, ça n'a plus d'importance. « Il est vraiment magnifique. » N'ai-je pu m'empêcher de m'exclamer dans un murmure. Et puis Charlie retire ma main, peut-être a-t-elle senti l'anxiété du tigre monter ; j'ai vu qu'il remuait la queue moi aussi. « Ne faites ja-mais ce-la sans moi!. » L'ai-je alors entendu dire d'une note plus sérieuse. Je la regarde une nouvelle fois, ne contenant plus le sourire béat sur mes lèvres. Pourquoi, est-ce que vous seriez jalouse que je fasse ça sans vous ? « Non, bien sûr que non. » Dis-je plus timidement. Je me racle la gorge, gêné par le silence qui s'installe à présent. Dis n'importe quoi. « Je crois que je n'ai pas eu l'occasion de vous dire que votre prestation... Enfin, c'est vraiment beau, et inhabituel. » Avance d'un pas, recule de dix Ben. Je lui adresse un autre sourire, et détourne les yeux, le regard soudainement plus attiré par les alentours plutôt que par la jeune femme en face de moi.
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(✰) message posté Dim 9 Juil 2017 - 19:00 par Bodevan H. Andrews
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(✰) message posté Sam 5 Aoû 2017 - 16:55 par Invité
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Très clairement, je ne sais plus où me mettre. Je regrette un moment de ne pas avoir enfourché mon vélo et de ne pas être rentré chez moi quand j'en ai eu l'occasion. Mais j'ai été amadoué par les tigres dans ces cages, comme un enfant devant un magasin de jouet ; je n'ai pu me résigner à partir. Et pourtant j'aurais dû. Ça m'aurait épargné cet instant gênant où je n'ai aucune excuse valable pour avoir assisté une seconde fois à la représentation de Charlie. Du moins, aucune excuse moins gênante que la vérité. C'est vrai, c'est aussi simple que ça ; j'ai voulu la revoir, parce qu'elle occupe beaucoup de mes pensées ces derniers temps. Grand Dieu, j'ai même rêvé d'elle la nuit dernière. Mais ce n'est clairement pas convenant de dire ça à une jeune femme. Alors j'invente à la va-vite cette excuse stupide qui ne tient pas la route. Je ne suis bien évidemment pas venue au cirque pour filmer des séquences. J'aurais au moins pu faire semblant et enregistrer un ou deux moments. Histoire d'avoir l'air crédible, mais même pas. Je m'entends encore la redire, cette phrase stupide et je regrette mes mots à peine sont-ils sortis de ma bouche. Quel idiot je fais. Ça sonne tellement faux. La réaction de Charlie ne fait pas attendre. « Je ne vous ai pas vu re-garrrder la camérrra pendant mon num-éro.... » Ça paraît logique, vu que ce n'est pas le cas. Je n'ai pas pu décrocher mon regard de toute la prestation, pas même pour allumer ma caméra. Je me sens mal de ne pas être honnête avec elle. « Une horrible vérité vaut toujours mieux qu'un doux mensonge », cette réplique phare de ma mère raisonne dans ma tête. Mais disons que la vie de personne n'est en jeu cette après-midi n'est-ce pas ? Je ne reviens pas sur mes mots, et me contente de sourire. Je ne souhaite pas non plus en rajouter une couche, même si je sens que la jeune femme n'est pas totalement convaincue par mes mots. Et puis l'impensable se produit. En l'espace de quelques minutes, je me retrouve à caresser un tigre avec l'aide de cette fille aux boucles d'or. Et je me rappelle mes regrets d'il y a un instant, ceux où je me suis reproché de ne pas être parti à temps. Finalement, je ne regrette plus rien du tout ; je sens au fond de moi que je suis là où je suis supposée être. Je souris à pleine dent, et la sensation des poils tout doux du tigre sous la paume de ma main me fait glousser comme un gamin.
Puis Charlie devient plus sérieuse, et retire soudainement nos mains de la cage. Je comprends vite que le tigre commence à s'agiter, alors je ne bronche pas. J'aurais voulu caresser l'animal plus longtemps, parce que ce n'est pas tous les jours qu'on en a l'occasion, mais je n'en fais pas la réflexion pour autant. « Il n'est pas mé-chant, il a tendance à paniqqqquer lorsqu'il sent tr-op de monde autour de lui et que son maître n'est pas là. Il res-te dangereux. » M'avoue-t-elle plus timidement. Je remarque automatiquement sa gêne nouvelle, et ne saurait dire si c'est mon regard qui l'a déstabilisé, ce dernier ayant peut-être trahi mes pensées. Je souris à son attitude, et mais finis par me concentrer sur ses mots. Je comprends parfaitement où Charlie veut en venir. Salazar, mon serpent, a le même comportement. Avec moi il est pacifique, mais en présence d'autres personnes il devient parfois plus anxieux et agressif. Ce sont des animaux sauvages avant tout, pas des bêtes de compagnie. Et ils n'ont aucun ordre à recevoir de nous, humain, s'ils en décident autrement. Je me sens soudainement redevable à la jeune femme pour avoir enlevé ma main à temps. J'aurais été bien embêté de devoir vivre le restant de mes jours avec un seul bras valide. Toujours souriant, je relève les yeux jusqu'à les planter dans ses iris bleutés. « Je comprends, ne vous inquiétez pas. » Ai-je finis par répondre, non pas sans hésiter à rajouter quelques autres mots. Je vous promets que si jamais l'envie de caresser des tigres me prend, c'est à vous que je m'adresserais dorénavant. Mais je n'ai finalement pas osé. Est-ce que j'aurais dû ? Ou peut-être que je serais passé pour un gros lourd. J'imagine que je ne le saurais jamais.
Charlie me rend tellement anxieux. Je ne crois pas avoir autant transpiré en parlant avec une fille depuis mes quinze ans. J'ai dû mal à saisir toutes les émotions qui me traversent, mais j'ai vraiment envie de lui faire bonne impression. Alors je la complimente sur sa prestation au cirque. Et dans un premier temps, Charlie ne me répond pas ; je la sens elle aussi très gênée. Peut-être que cela devrait me rassurer de ne pas être la seule personne ici à l'être. Mais au contraire, cela m'angoisse encore plus. J'ai peur de dire quelque chose de travers et de la gêner au point qu'elle s'en aille soudainement. Elle sort une cigarette de son paquet, et m'en propose une par la même occasion. « Non merci. » Ai-je répondu tout en plongeant mes mains dans les poches de mon jean en souriant poliment. Fut un temps où je fumais moi aussi. Lorsque j'étais beaucoup plus jeune, pour provoquer mon père. Et de temps en temps lorsque j'étais invité à des soirées ; surtout par politesse, mais aussi parce que des fois, certaines personnes m'intimidaient tellement que n'osaient pas refuser. Mais depuis que je sais que j'ai le SIDA, j'essaye vraiment de limiter les dégâts sur ma santé. Je la regarde allumer sa cigarette, et son visage se détend à vue d'oeil. Je me sens dans un sens coupable de rendre Charlie anxieuse à tel point que seul le tabac puisse l'apaiser un temps soit peu. Peut-être que je devrais la laisser, ai-je alors pensé, sans pour autant oublier le fait que c'est elle qui est venue me voir en premier. J'ai alors chassé cette mauvaise pensée de mon esprit. Mon regard se pose une nouvelle fois sur la cage aux tigres. Puis, un timide « Merci » s'immisce finalement jusqu'à mes oreilles, ce qui me fait vivement relever le regard vers la jeune femme, avant qu'il ne fuît une nouvelle fois en direction des environs. Et sans laisser un temps de répit à mon esprit déstabilisé, Charlie s’approche à nouveau de moi pour cette fois passer son bras autour du mien. Cette proximité, je ne m'y habituerais pas d'aussi tôt. C'est bien la seule personne au monde qui se soit agrippé à moi en si peu de temps. Non pas que cela me dérange, bien au contraire. C'est juste inhabituel. D'où je suis, je sens l'odeur de ses cheveux, à moins que ce soit son parfum. En tout cas, ça sent bon, c'est le principal.
Je marche à côté d'elle, sans savoir quoi dire. Je n'ai pas envie de parler pour ne rien dire, je ne veux pas faire mon intéressant. Plusieurs fois, j'ai envie de lui dire pourquoi je suis vraiment venu la voir. Mais je m'y résigne à chaque fois. Je profite plutôt du climat, doux pour la saison, du soleil haut dans le ciel, et de cette brise qui caresse nos cheveux. Et puis, après un petit moment, j'entends Charlie me demander ce que j'enseigne. Je ne crois pas lui avoir déjà dis que j'étais professeur, mais je sais que la jeune femme me connait grâce à internet, et j'ai forcément déjà dû faire référence à mon statut d'enseignant dans une de mes vidéos. Cependant, je n'ai jamais dis sur internet où est-ce que j'exerçais mon métier. À part les personnes qui me côtoient au quotidien, peu de gens sont au courant en fait. Je la regarde, osant croiser son regard azur avant de le fuir à nouveau, et resserrant inconsciemment l'emprise de mon bras contre le sien, comme si ça me rassurait un peu. « La chimie. À la Lady Margaret School. C'est une école pour les jeunes filles de onze à dix-huit ans. » Ai-je répondu à la fois doucement et machinalement, la dernière phrase s'extirpant de ma bouche comme une récitation. C'est quelque chose que j'ai tellement l'habitude de dire en même temps, difficile d'en faire autrement. « Mais promettez-moi que cela restera entre nous. Je n'ai pas très envie que des abonnés se mettent à rôder près de l'école dans l'espoir de me voir. » Ai-je rajouté sur un ton plus sérieux accompagné d'un autre sourire. Je ne rigole pas à ce sujet, car je ne voudrais pas perturber l'école avec mes activités d'en dehors des heures de travail. Un autre silence s'installe, alors qu'autour de nous, des enfants rient, plusieurs chiens courent dans tous les sens. Lupin aurait aimé que je le promène ici aujourd'hui. Il faudra que je l'amène, ça fait longtemps qu'on s'est pas promené tous les deux ici. Ça pourrait me faire une excuse pour retourner près du cirque. Bon dieu je parle comme un psychopathe. Soudain, une question traverse la barrière des lèvres, alors que j'observe un groupe d'enfant jouer un peu plus loin. « Et vous ? Je veux dire, vous êtes allé à l'école ici, à Londres, ou autre part peut-être ? » Au vu du fort accent de Charlie (je parierais sur un accent nordique), il est fort à parier qu'elle n'a pas passé sa vie en Angleterre. Ma question me paraît alors un peu stupide sur le coup. Mais peut-être que cela me permettra d'en savoir un peu plus sur elle. D'où elle vient, ce genre de chose que silencieusement, j'aimerais savoir ; Je ne sais pour quelle raison d'ailleurs. Peut-être parce qu'au fond, même si je déteste l'admettre, j'ai envie de m'attacher à elle, alors que je m'étais pourtant promis de ne plus jamais le faire.