(✰) message posté Mer 31 Mai 2017 - 0:11 par Rachel-Mary Parker-Davis
Les retrouvailles sont des phénomènes si complexes qu'on ne devrait les effectuer qu'après un long apprentissage ou bien tout simplement les interdire.
Le Dr Davis avait fait son maximum pour stabiliser l’infâme Mr Thompson pour que les pompiers puissent l’emmener à l’hôpital où son destin se jouerait entre les mains des collègues des urgences. La proposition de Frank tombait à pic, rien de tel que de grignoter après de telles émotions. Et la proposition de manger un bon burger à la mode américaine avec plein de frites réjouissait Rachel. De retour dans la voiture de l’inspecteur qui connaissait le chemin. Et la discussion ne tarda pas à s’orienter sur son fils. Enfin une information sur sa vie actuelle, la chirurgienne était ravie de pouvoir satisfaire un peu sa curiosité. Bowie. L’idée qu’il ait réellement tenu parole la fit sourire.
-C’est fou, jamais j’aurais pensé que tu le fasses. Mais tu as raison, Bowie, c’est beaucoup plus cool que Samuel, même si c’est mignon aussi. De toute façon, avec sa frimousse, il pourrait s’appeler n’importe comment, ce serait nickel.
Ils ne tardèrent pas à arriver, et l’américaine avoua n’être à Londres que depuis deux mois… et elle en avait déjà marre.
-J’y peux rien, j’ai vraiment du mal avec cette ville. Je ne me sens pas chez moi. En plus, ils ont un tel accent, ces anglais ! ajouta-t-elle avec une pointe d’ironie.
Ils entrèrent et s’installèrent, et Rachel remarqua que Frank devait être un habitué, au vu des regards et sourires échangés avec la serveuse, qu’ils saluèrent tous deux évidemment. Ils passèrent bien vite commande, comme deux affamés qu’ils étaient, et reprirent leur discussion.
-Pour la curiosité, je sais de qui il tient. Tu m’as appris une multitude de trucs pendant cet été qui a précédé le lycée, tu m’as même traînée dans des musées, tu te souviens ?
Voir Frank sourire à nouveau, comme au bon vieux temps, réchauffa le cœur de Rachel, une sensation qu’elle n’avait plus ressentie depuis bien longtemps. Mais malheureusement, ce doux sourire disparut, et la chirurgienne comprit qu’elle avait dit une bêtise lorsque le bel inspecteur évoqua son divorce. Gênée, elle se mordilla la lèvre inférieure, espérant ne pas l’avoir froissé. Pour le coup, elle se sentait vraiment idiote.
-Oh pardon, je suis vraiment désolée, je ne voulais pas... dire une bêtise… Et tu sais, je ne suis pas du genre à vérifier les annulaires. J’ai toujours trouvé ça ridicule… Il y a des gens mariés qui ne portent pas leur alliance…
Si elle pouvait, d’ailleurs, elle bazarderait la sienne. Rachel se surprit même à penser que Frank était chanceux d’avoir pu divorcer. La serveuse arriva avec les commandes.
-Je reviens, je vais me laver les mains.
En effet, ses mains étaient encore tâchées du sang de l’ignoble connard qui se voulait père de famille. Rachel fit donc un petit tour rapide aux toilettes pour se laver scrupuleusement les mains à la manière des chirurgiens avant de revenir s’installer en face de Frank. Les assiettes déposées devant eux étaient bien appétissantes, et sans attendre, la jeune femme se saisit d’une frite qu’elle dévora non sans s’en délecter. Frank spécula alors sur la vie maritale de son interlocutrice qui manqua de s’étouffer avec sa deuxième frite et qui se mit à tousser, les mains devant le visage.
-Excuse-moi. Oui oui, toujours mariée, c’est super, répondit-elle tel un robot. Et euh non, je n’ai pas d’enfants… Mais on essaie. Peut-être un jour, qui sait ?
« La belle vie qui va avec »… S’il savait ! Sans s’en rendre compte, Rachel avait détourné le regard. Elle attrapa son verre de soda et l’en délesta d’une gorgée, espérant reprendre un peu de contenance, malgré son sourire forcé. La tonalité de sa voix, légèrement plus haute, trahissait son mal être à évoquer son mariage. Elle reporta donc son attention sur la bouteille de ketchup dont elle se saisit pour en asperger ses frites, espérant faire diversion pour parler d’autre chose.
-Tu viens souvent ici alors ? Je vois que tu es un habitué…
Ok, c’était merdique comme tentative de changer de sujet…
(✰) message posté Mer 31 Mai 2017 - 21:32 par Frank Turner
Les retrouvailles sont des phénomènes si complexes qu'on ne devrait les effectuer qu'après un long apprentissage ou bien tout simplement les interdire.
« -La belle cité de Londres ne t'as pas livré tous ses secrets crois-moi ! Même si pour toi, j'imagine que c'est plus compliqué à vivre vu que toute ta famille est sûrement restée en Amérique, je me trompe ? » Puis ils entrèrent, ouvrant ainsi un tout nouveau chapitre dans leurs retrouvailles.
Les néons rouges, les banquettes en vieux cuirs de la même couleur, les serveuses en rollers, les carreaux sur les tabliers, le jukebox rangé dans le coin près de l'imposant comptoir-bar tout en longueur et enfin et surtout la nourriture. Pourvue d'un nombre conséquent de calories, nul doute qu'en ces lieux, la sacrosainte « no heathy Food » était reine. Mais comme tout bon américain qui se respecte, l'appel du burger était plus fort que tout. Frank aimait beaucoup venir ici, seul, mais parfois accompagné du petit Bowie lorsqu'il en avait la garde puis de quelques rares potes comme, entre-autre, Ethan lorsque leur emploi du temps respectif le permettait. Le flic avait de ce fait, ses petites habitudes, à savoir la banquette près de la vitrine, l'American burger et la bonne bière pression. De temps à autre, il s'octroyait aussi un dessert, alternant entre le milkshake, boisson favorite de son fils et le délicieux moelleux au citron cœur passion.
Répondant au doux sourire de la jeune serveuse, le flic passa devant Rachel et la conduisit jusqu'à sa table. Il s'installa confortablement sur la banquette tout aussi confortable et retira sa veste qu'il déposa à côté. La portion de frites le faisait déjà saliver. Il faut avouer que depuis son réveil, ce matin à six heures, il ne s'était que très peu sustenter, sauf, si l'on considère le tic-tac et les mentons comme de la nourriture. Ajoutons aussi le beignet chipé à la volée à un collègue. Oui, malheureusement pour nous, les clichés ne sont pas toujours des clichés et le coup du beignet était l'exception qui confirme la règle. Qu'on se rassure, les inspecteurs et autre membre de l'unité ne se nourrissent pas que de beignets, donut et autre cochonnerie. Ils leur arrivent parfois de « varier les plaisirs » Et puis Frank n'est pas du genre à tomber dans l'excès, il suffit de l'observer pour voir qu'il prend un tant soit peu soin de son corps.
Rachel guidée par l'élan de galanterie de son ami, passa commande la première, puis se fut au tour de Frank. Connaissant son habitué la serveuse avait déjà commencé à écrire sa commande avant qu'il n'est ouvert la bouche. Elle s'éloigna ensuite tandis que près du comptoir un petit groupe de jeune, visiblement intrigué par le jukebox, lui céda une petite pièce pour écouter ce qui dans leur jargon fait figure d'œuvre préhistorique à savoir « Be my baby » des Ronettes. Un tube remit au goût du jour au début des années 90 grâce à Dirty Dancing, un film que Rachel s'était fait un plaisir de faire découvrir à son ami qui ne put ménager son sourire à l'entente des premières notes de ce tube qui faisait office d'introduction au film. « -Moi je te traînais dans les musées et toi tu te chargeais de parfaire ma culture cinématographique trop…limitée. Je te signale que les années 1990 étaient géniales en termes de films d'horreur. Mais comment oublier le jour où tu m'as fait regarder Dirty Dancing ?! La veille, moi, je te convertissais aux joies de la culture. Sois dit en passant, malgré le fait que ça soit un « peu » kitch, je suis obligé de reconnaître que ça n'était pas trop mal. Mention spéciale pour le porté raté que l'on a essayé de faire à la plage. On avait l'air de deux abrutis et je n'étais pas taillé pour, ça n'aidait pas. »
Parler de Bowie et du bon vieux temps, aidait à décrisper Frank qui laissait ainsi transparaitre sans gêne, un peu de douceur par le biais de ce sourire franc qu'il n'offrait qu'à très peu de privilégiés. Mais on le sait, toute bonne chose à une fin et l'évocation de l'ex-femme de Frank, atténua ce si beau sourire. Il faut dire que si aujourd'hui les relations sont apaisées avec son ex ce ne fut pas toujours le cas. Mais pouvait-il la blâmer d'avoir agi ainsi ? Frank n'était pas présent, préférant privilégier son boulot à sa vie de famille. Ils avaient d'ailleurs prévu d'avoir un second enfant pour que Bowie ne se sente pas trop seul, en vain. La mort de Jude, la mère de Frank le désarçonna tellement, que pour mieux se protéger, il s'enferma dans le boulot. Passant ainsi pour un vulgaire carriériste aux yeux de son ex-femme, qui n'avait pas cherché à creuser davantage pour comprendre les maux de son époux. Des maux qu'il n'avait d'ailleurs pas consentit à partager avec elle.
Rachel se mordille la lèvre inférieure, Frank qui se rappelait encore de ses mimiques, comprit à quel point elle était gênée. La suite de sa réplique emplit de suspension, vint ainsi conforter l'observation de l'inspecteur. « -Je ne vais pas t'en tenir rigueur. Et puis à moins d'être devineresse, tu ne pouvais pas savoir. Moi, si je puis me permettre, je trouve ça débile de ne pas la porter au prix où ça coûte, mais ça n'engage que moi. Tu sais à quel point j'ai toujours été attaché aux symboles. Là-dessus, ça n'a pas changé. » Puis la commande arriva et Rachel s'éclipsa pour aller se laver les mains. « -Je crois que je vais faire pareil » Il se leva à son tour et rejoignit les toilettes pour hommes. Le regard rivé sur le miroir qui lui faisait face, notre inspecteur prit une grande inspiration. Jamais ô grand jamais, il n'aurait imaginé la revoir, elle dont il avait été si amoureux et qui lui avait portant brisé le cœur sans même s'en rendre compte. Le savon dans la paume, il laissa l'eau couler et commença à se frictionner les mains, faisant ainsi mousser le savon. Une fois le lavage exécuté, il se regarda à nouveau dans le miroir, se passa de l'eau sur le visage. Quelque chose l'ébranlait, mais pour l'heure, il était incapable de savoir quoi. Prenant trois feuilles de papier épais, il s'essuya le visage puis les mains, jeta le tout à la poubelle et quitta les W.C pour retrouver Rachel à leur table.
(✰) message posté Jeu 1 Juin 2017 - 1:25 par Rachel-Mary Parker-Davis
Les retrouvailles sont des phénomènes si complexes qu'on ne devrait les effectuer qu'après un long apprentissage ou bien tout simplement les interdire.
Frank semblait adorer Londres, contrairement à Rachel, et n’hésitait pas à lui faire savoir que la capitale avait encore bien des secrets qu’elle aurait tout le loisir de découvrir. La jolie brune hocha la tête.
-Oui, mes parents sont restés à San Francisco, tu sais combien ma mère aime cette ville.
Et elle aussi. Elle avait passé pour ainsi dire toute sa vie là-bas, et elle s’y plaisait. Peut-être n’arrivait-elle pas à se faire à Londres parce que c’était une ville qui lui avait été imposée, mais toujours était-il que pour l’instant, cette capitale lui apparaissait d’avantage comme une prison que comme un foyer. Mais peut-être qu’avec une connaissance comme Frank dans les parages, son regard pourrait changer ?
Après s’être installés et avoir évidemment salué le personnel du restaurant, Frank continua à s’ouvrir peu à peu, laissant apparaître sur son visage ce sourire magnifique qui l’illuminait, rappelant à Rachel ce qui lui avait tant plu chez ce garçon. Alors qu’ils ressassaient le bon vieux temps, la musique émanant du juke box tombait à pic, rappelant au flic l’un des films préféré de Rachel, que cette dernière d’ailleurs l’avait forcé à voir.
-Oui, je me souviens parfaitement, ça avait été super, après une virée intellectuelle, de voir ce film avec toi. J’en revenais pas que tu ne l’aies pas encore vu. Quant au porté magistral que je t’avais forcé à refaire sur la plage, j’avoue que je me suis demandé si tu ne l’avais pas fait exprès… Ressembler à une autruche la tête dans le sable, ce n’était pas mon fort. Pourtant, on ne s’en était pas trop mal sortis quand on avait essayé dans l’eau.
Elle ne put retenir un petit rire en revoyant mentalement la chute magnifique qui fut la sienne lorsque Frank, emporté par l’élan de la demoiselle, tomba en arrière, ce qui la fit atterrir la tête la première dans le sable. Magistral, c’était le mot. Les autres vacanciers les avaient remarqué et s’était bien marrés en les voyant ainsi chuter et se relever, essayant de faire comme si de rien n’était.
-N’empêche que cette musique est vraiment chouette. Ça faisait des années que je ne l’avais plus entendue.
Fermant les yeux quelques secondes pour s’imprégner de l’ambiance de l’époque, Rachel repensait à ce fameux été. Puis elle les rouvrit et écouta avec plaisir Frank parler de son fils au second prénom improbable. Voir encore une fois son sourire et son regard pétillant qui trahissait tout l’amour qu’il portait à son enfant était une chose merveilleuse qui réchauffait le petit cœur qui avait tant souffert de Rachel. Et à force de poser des questions, ce qui devait arriver arriva : elle mit les pieds dans le plat et l’inspecteur Turner dut évoquer son divorce. Bon, à l’entendre, ce n’était plus douloureux d’en parler, et puis il s’était écoulé une petite poignée d’années depuis. Mais tout de même, la chirurgienne avait l’impression d’avoir commis une gaffe. Alors qu’il parlait du prix d’une alliance et donc du fait que ne pas la porter était ridicule, la brunette faisait tourner la sienne autour de son doigt, espérant pourvoir un jour se défaire de ce bijou qu’elle détestait à présent, alors qu’elle l’avait trouvé si magnifique le jour de son mariage.
-Oui, les symboles, c’est important…
Le repas fit son arrivée et ils se levèrent de concert pour aller se laver les mains, surtout après les avoir baignées dans le sang d’un enfoiré qu’ils essayaient de sauver. De retour à table, ce fut au tour de Rachel d’être la victime de la curiosité de son interlocuteur, ce qui la fit s’étouffer avec une bouchée de frite.
-Non c’est rien, ne t’inquiète pas. C’est juste que… comme toi, j’ai plutôt l’habitude de poser des questions que t’en recevoir.
Elle eut un petit rire nerveux en le voyait lui faire de l’air avec sa serviette et tenta une réponse, dénuée de sincérité malgré l’effort qu’elle faisait pour cacher sa situation déplaisante. Frank lui montra alors qu’elle n’était absolument pas parvenue à le berner. Elle se tut donc, le regard un peu penaud, le laissant parler. Elle prit son verre pour boire quelques gorgées tout en l’écoutant. C’était plus facile d’entendre sa vie à lui, bien qu’elle ne soit pas aussi heureuse qu’elle l’aurait espéré pour lui. Apprendre que sa femme l’avait quitté, en connaître les raisons, jamais elle n’aurait cru cela possible encore une heure plus tôt. Et savoir que c’était un cancer qui avait emporté la si gentille Jude la peina beaucoup. Il s’en était passé des choses dans la vie de Frank.
-Eh bien, il s’en est passé des choses pour toi. Si finalement tu peux voir ton fils plus souvent et que tu t’accommodes de la situation, finalement c’est une bonne chose. Il doit être si content de te voir d’avantage. Je suis sure que tu es un père merveilleux, ça se voit quand tu parles de lui, tu irradies.
Un père merveilleux, chose que ne serait jamais Maxwell. Comment cet imbécile pouvait avoir en tête de se servir d’un enfant, un être innocent, pour apporter plus de crédit à son image ? Et sans doute empêcher encore d’avantage Rachel de mettre les voiles.
-Je ne sais que te dire… L’année où j’ai été diplômée chirurgien pédiatrique, j’ai rencontré mon mari à une soirée d’entreprise à laquelle était invité mon père. Ma mère était souffrante alors c’est moi qui l’ai accompagné. On s’est marié un an après, et peu avant ça, j’ai inventé une méthode de transplantation cardiaque sur les nouveaux-nés. Maxwell a insisté pour que la méthode porte son nom, puisque ce serait le mien peu de temps après. C’était il y a six ans. Il est très connu dans le milieu de nos pères, il voyage beaucoup, Dieu merci, mais il y a quelques mois il a décidé que Londres serait mieux pour nous. Je ne voulais pas partir, j’ai essayé de retarder autant que possible le départ, j’avais des obligations professionnelles… Mais bon, ce que Mr Davis veut, Mr Davis l’obtient. Alors nous voilà à Londres… ajouta-t-elle avec une certaine amertume.
Elle reprit une gorgée de soda.
-Enfin, je n’ai pas le droit de me plaindre, Londres, ce n’est pas Bogotá non plus. Comme tu l’as dit, peut-être que je finirai par apprécier la ville en la connaissant un peu mieux… Il faut que je me fasse au climat, c’est tout…
A son tour, elle se saisit de son burger pour mordre dedans. Un pain moelleux, un cheddar fondant, de la sauce barbecue, voilà qui lui rappelait son Amérique natale.
-Tu avais raison, presque aussi bons que chez nous, lança-t-elle sur un ton un peu plus enjoué.
Elle repensait à ce qu’il lui avait raconté sur lui. Elle le comprenait tellement : se noyer dans le travail était la méthode qu’elle avait employée aussi, mais de son côté, ce n’était pas toujours possible, hélas. Elle avait souvent des comptes à rendre. Les congrès médicaux étaient les bienvenus pour elle, lui permettant de s’évader un peu, et même s’il fallait s’adresser à une foule de médecins et d’internes désireux d’en apprendre plus sur sa méthode de chirurgie alors qu’elle était devenue si peu sociable avec les adultes, c’était toujours mieux que de devoir rentrer chez elle.
(✰) message posté Sam 3 Juin 2017 - 0:24 par Frank Turner
Les retrouvailles sont des phénomènes si complexes qu'on ne devrait les effectuer qu'après un long apprentissage ou bien tout simplement les interdire.
Si officiellement, Frank Turner possédait encore la nationalité américaine, il n'en demeurait pas moins un Londonien pur jus et fier de sa patrie d'adoption, il ne manquait pas de le faire savoir. Mais ce ne fut pas toujours le cas et puis lui qui était habitué à voir le monde lorsqu'il était plus jeune, c'était dès lors retrouvé dans un pays qu'il n'avait pas choisi et qui plus est austère si on le comparait à San Francisco. La période d'adaptation fut, de ce fait, un peu plus longue que prévue et les griefs contre la capitale du Royaume-Uni, nombreuse, tellement qu'à l'heure actuelle, il était incapable d'en faire le décompte. Pour Rachel, il était évident que cela prendra plus de temps, voir même jamais. La jeune femme aimait San Francisco et les souvenirs que conservait Frank ne faisait que donner davantage de crédit à cela. Mais le Londonien de cœur ne désespérait pas et curieusement pour Rachel, il était prêt à se rendre sociable en acceptant de jouer les guides. Mais pour l'heure, il n'était pas question de tourisme, mais de souvenir et cette excursion via « Be my baby » promettait de ressasser de bons, de très bons souvenirs que même un rustre comme Turner ne pouvait nier.
« -J'espère bien que tu t'en souviens. Le cas échéant, j'aurais eu l'air con. J'ai souvent eu l'air con avec toi… non attends neuneu est le mot juste » Le cœur léger, le sourire aux lèvres Frank parlait et pour un type avec son vécut et son animosité naturelle envers les autres, le voir ainsi relevait presque du miracle. « -Tu n'en revenais pas que je n'ai jamais vu Dirty dancing ? Ne le prends pas mal, mais c'est un film de gonzesse. Je voulais te faire plaisir alors je me suis dit « pourquoi pas » Et je suis forcé d'admettre que pour chopper de la gonzesse ce film est anthologique. Peut-être qu'un jour, on pourra se le faire ce porté. J'ai presque la carrure de Patrick Swayze maintenant. » Les dernières notes de la chanson s'envolèrent avec légèreté, laissant présager l'arrivée d'une nouvelle piste sur le 45 tour. Les jeunes, plus habitués aux IPhone, Mp4 et autre gadgets technologiques inhérents à leur modernité, se réjouissaient néanmoins d'avoir déposé une pièce dans le jukebox pour entendre une « vieille » chanson qui ramenait nos deux protagonistes à une douce époque. Puis une autre page se tourna dans le livre de Frank qui évoqua dès lors un autre chapitre appartement à une période empli de bonheur ( la naissance de Bowie) mais aussi de son lot de malheur (le divorce)
Après s'être lavé les mains et avoir accueilli l'arrivée de ce divin repas, les deux anciens amis reprirent leur conversation. La curiosité de Frank, d'ordinaire absente, exulta à tel point qu'il ne put la réfréner. Ce qui entraîna chez Rachel, la mauvaise absorption d'une frite. « - Effectivement, nous avons les interrogatoires en commun. Si je vais trop loin dans mes questions, n'hésite pas à me le faire savoir. J'ai conscience que la situation est un peu… Déplaisante. Et effectivement, il s'en est passé des choses dans ma vie. » Il entreprit finalement de sortir son portable, ouvrit l'application contenant toutes ses photos et fit défiler celles de son fils avant de tendre l'appareil au médecin. « - Je ne sais pas si je suis un père merveilleux, c'est peut-être un poil exagéré, mais je fais ce que je peux pour qu'il ne manque de rien. » Il sourit davantage la laissant observer la série de photo sur son portable. « -Alors tu me donnes quelques trucs à me mettre sous la dent ? » La demoiselle elle-même délestée de sa réserve naturelle consentie à livrer à son tour quelques bribes de son passé. Frank qui croqua à nouveau dans son burger, le délesta ensuite pour mieux écouter celle qui jadis a fait tant battre son petit cœur d'adolescent coincé. Et quelle ne fut pas sa surprise en découvrant l'avancée professionnelle de la belle Rachel.
(✰) message posté Sam 3 Juin 2017 - 17:04 par Rachel-Mary Parker-Davis
Les retrouvailles sont des phénomènes si complexes qu'on ne devrait les effectuer qu'après un long apprentissage ou bien tout simplement les interdire.
Avec un Frank plus souriant et plus enclin à la discussion, Rachel se sentait désormais plus en confiance, plus encline elle aussi à parler, bien qu’elle en ait perdu l’habitude depuis plusieurs mois, voire années. Il était rare qu’elle puisse réellement discuter avec quelqu’un, une discussion non professionnelle, une discussion permettant de se rappeler de bons souvenirs du passé, ou de sourire à des anecdotes amusantes. Elle se rendait compte à quel point à ça lui manquait, et à quel point elle avait changé. Elle n’avait jamais voulu être cette personne renfermée qu’elle était devenue à cause des crises de jalousie et d’autorité de son mari. Avant, elle était sociable, elle avait des amis, elle souriait. Maintenant, elle réservait ses sourires aux enfants qu’elle soignait, ou aux photos des journalistes qui interviewaient Max lors de ses meetings. Parfois elle se disait qu’elle méritait un Oscar.
Frank, aidé par la musique émanant du juke-box, ramena sur le tapis le souvenir de « Dirty Dancing » qu’elle l’avait presque forcé à voir, et du célèbre porté qu’ils avaient essayé de refaire sur la plage, ce qui avait valu à la jeune Rachel une tête pleine de sable. Le sourire que l’inspecteur arborait était communicatif, d’autant que les souvenirs aidaient bien, c’était tellement risible.
-Oh mais non, c’est faux, tu as toujours eu l’air très respectable avec moi, sauf en effet cette fois où le porté de Dirty Dancing nous a envoyé dans le sable… et tu vois, grâce à moi tu as pu avoir plein de copine, puisque c’est moi qui t’ai forcé à voir ce film. Ce qui me permet donc d’affirmer que j’avais des idées super.
Elle ne put s’empêcher de rire en l’entendant dire que le porté pourrait être tenté à nouveau.
-Tu nous imagines faire cette chorégraphie aujourd’hui ? Je ne suis plus aussi souple qu’avant, ça fait au moins quinze ans que j’ai arrêté la danse. Tu vas te recevoir un gros sac de pomme de terre dans les bras, c’est tout ce que tu auras gagné, et ce sera encore moins gracieux que notre exploit à la plage, lança-t-elle en riant.
Frank avait raison, il avait une carrure qui désormais lui permettait de la porter sans aucun problème. D’ailleurs, il était encore plus beau à regarder maintenant. Un lavage de mains plus tard, ils s’étaient retrouvés face à d’appétissantes assiettes, et de nouvelles questions étaient venues, cette fois vis-à-vis de Rachel qui se sentit un peu mal à l’aise de devoir y répondre. Frank était bien la seule personne à qui elle avait pu laisser entrevoir que ça n’allait pas vraiment comme elle voulait dans sa vie, et elle le regretta. Personne ne devait savoir. Elle afficha un petit sourire, tachant de ne pas fuir son regard pour ne rien laisser paraître. Il était flic, il saurait qu’elle mentait si elle ne contrôlait pas ses réactions pour qu’elles aient l’air naturel.
-Non, ça va, ne t’inquiète pas. Je n’ai juste pas tellement l’habitude de parler de moi, c’est tout.
Lorsqu’il sortit son portable pour lui montrer un album photo dédié à son fils. Elle attrapa l’appareil qu’elle posa sur la table à côté de son assiette, et les yeux rivés sur l’écran, sourire aux lèvres, elle fit défiler les photos du bout de l’index. Le petit Samuel-Bowie était vraiment un garçonnet adorable. Frank avait de la chance.
-Il est vraiment trop mignon. Il te ressemble beaucoup.
Elle lui rendit son téléphone et consentit à lui parler un peu d’elle, de ce qui s’était passé après le lycée, à la fin de ses études, sa rencontre avec Max et comment ils s’étaient retrouvés à Londres. A son tour, elle prit son burger pour l’en délester d’une bouchée tandis que Frank commentait. Elle haussa un sourcil tout en mâchant alors qu’il s’étonnait qu’elle soit parvenue à faire quelque chose.
-Je dois le prendre comment ? lança-t-elle avec ironie après avoir avalé sa bouchée. M’oui, tu te rattrapes bien, ajouta-t-elle avec un sourire en coin.
Frank était gentil, il décida de lui présenter ses excuses pour l’accueil qu’il lui avait fait lorsqu’ils s’étaient retrouvés deux heures plus tôt. Rien ne pouvait faire plus plaisir à Rachel que ce chaleureux sourire et ses excuses sincères, surtout après avoir compris que sa rancœur était un peu déplacée. Jamais elle n’avait voulu lui faire de mal, elle avait juste voulu avancer dans sa vie sans se rendre compte des dommages qu’elle avait causés dans le petit cœur de son ancien meilleur ami. Elle resta le visage figé par la surprise à le regarder avant de reprendre la parole.
-Je te remercie, Frank, vraiment. Excuses acceptées.
Elle se sentait soudain beaucoup mieux et mangea à nouveau tandis que l’américain reconnut que côté climat, Londres ne pourrait jamais égaler San Francisco. C’était déprimant pour Rachel de voir autant de grisaille. La chirurgienne avait été habituée à des temps bien plus ensoleillés, et quand on avait une légère tendance à la déprime avec une vie pas forcément joyeuse, ça n’aidait vraiment pas. La proposition qu’il fit ensuite la surprit, elle reposa son burger dans son assiette, le fixant avec insistance.
-Tu veux jouer les guides touristiques ? Pour moi ? Waow, c’est vraiment gentil comme tout… Mais… tu vas avoir le temps ?
Quelque part, ça lui faisait chaud au cœur de voir que quelqu’un ici se souciait assez d’elle pour lui proposer de lui faire découvrir la ville, histoire qu’elle voit autre chose que son lieu de travail et son appartement. Mais d’un autre côté, outre les disponibilités, comment faire pour ne pas s’attirer les foudres d’un mari qui la fliquait sans cesse ? Etait-ce vraiment une bonne idée ? Pourtant, malgré les risques et pour une raison qu’elle ignorait, Rachel mourait d’envie d’accepter.
-OK, faisons ça, répondit-elle en souriant.
Le compliment qu’il lui fit ensuite accentua son sourire, elle se retint même de rire.
-Ah bon, vraiment ? Merci, c’est gentil comme tout. Enfin, à part avoir pris vingt ans dans les dents, je n’ai pas beaucoup changé. Toi en revanche, c’est spectaculaire, et je pense que tu dois faire tourner plus de têtes que moi.
Frank était vraiment beau à regarder, et ce n’était rien de le dire.
(✰) message posté Dim 4 Juin 2017 - 1:41 par Frank Turner
Les retrouvailles sont des phénomènes si complexes qu'on ne devrait les effectuer qu'après un long apprentissage ou bien tout simplement les interdire.
Les sourires, la gêne. La gêne, les sourires. Ils cumulaient à leur insu tous les attributs des deux adolescents qu'ils n'étaient plus depuis longtemps. Le gros dur, le bad boy, le rustre, l'associable s'était, ce soir défait de son armure et de toutes les rancœurs qui l'alourdissait d'années en années. Face à Rachel, il n'était rien de plus que Frank, ce garçon noyait dans la foule et totalement acquit à la cause de la jeune fille populaire avant que cette dernière ne le laisse se noyer. La métaphore continuait à se filer autour de la noyade, néanmoins Frank était passé au-dessus et pouvait enfin offrir au passé, un premier bras d'honneur libérateur. « - Personne n'aime parler de lui-même tu sais, sauf bien sûr si l'égo le permet. De ce côté-là, je crois que nous sommes pénards toi et moi. » Il consentit ensuite à se dévoiler au-delà du raisonnable en sortant son portable pour faire découvrir à la jeune femme quelques photo de son fils et il est vrai qu'à l'évocation de ce dernier, le chien enragé devenait soudainement bien plus docile. Un miracle auquel peu de personnes pouvaient prétendre avoir assisté depuis l'arrivée de Frank des années auparavant. Rachel, du bout du doigt, faisait glisser via l'écran tactile, les quelques clichés de Bowie et le sourire qu'elle laissa paraître sur son visage ramenèrent Frank à une époque où la vie avait encore cette senteur sucrée inhérente à l'innocence de l'enfance.
« Ne pleure pas, il ne faut pas. Moi, je préfère te voir sourire, c'est tellement mieux. C'est presque comme si tout le brouhaha cessait, comme si l'agitation n'avait plus lieu d'être. [b]Tu ralentis le temps quand tu souris. » Le jeune adolescent, fin adorateur de poésie redoublait d'efforts lorsqu'il était question de chasser la tristesse de ce regard chocolaté par le biais duquel il se perdait dans un flot de gourmandise non modérée. Le Frank du présent, le sourire aux lèvres, posa un regard plein de douceur sur elle et ne put s'empêcher de lui demander, presque avec une innocence enfantine. « -Tu te souviens de ce que je te disais lorsque tu allais mal et que tu cessais de sourire ? Moi, je m'en souviens encore, « tu ralentis le temps quand tu souris » J'étais poète et profond ado hein ? Mais je suis quand même content de voir que ça marche toujours, que lorsque tu souris, tu détraques un peu le temps ! » Il tendit la main, ses doigts frôlèrent les siens lorsqu'il récupéra son portable. Un contact qu'il s'empressa de faire taire pour ne pas rendre la situation gênante. Après tout, elle n'était plus cette adolescente pour laquelle son cœur battait trop vite. Elle n'en demeurait pas moins toujours aussi belle et outrageusement désirable, mais le petit anneau doré qu'elle portait à l'annulaire gauche ramena Frank à la réalité.
L'un et l'autre se livrèrent ensuite sur leur vie commune, sur ce qu'ils avaient accomplie et ce qu'ils continuaient à accomplir de jour en jour. « -Tes parents doivent être fiers de toi ! Et je suis sérieux. Mais de toi à moi, je ne t'aurais jamais imaginé avec un bistouri entre les mains. Tu peinais déjà à disséquer une grenouille lors des cours de biologie. Tu te souviens, quand tu voulais, au début de l'année, libérer toutes les grenouilles du labo ? Tout le monde voulait y participer et finalement personne n'a eu le cran de le faire, sauf toi bien-sûr. Et ça n'a pas l'air d'avoir changé de toute évidence. Du coup, ça m'amène à me poser une question. À l'occasion, libères-tu encore des grenouilles ? » Silence, puis il éclata de rire devant l'expression que lui offrait Rachel. C'était comme si l'espace d'un instant, ils se retrouvaient totalement, comme si les deux adolescents se faisaient face à nouveau. Et alors que la légèreté s'instaurait et que la complicité refaisait surface, le flic profita de l'instant pour faire ce qu'il aurait dû faire après avoir chargé la belle brune sans même lui octroyer le bénéfice du doute. Il s'excusa et prononça ces quelques mots qu'il n'avait, de toute évidence pas l'habitude de faire entendre. « - J'ai tendance à partir au quart de tour parfois. En tout cas, c'est chouette si on repart sur de bonnes bases, car nul doute que l'on sera amené à se recroiser professionnellement, mais en dehors aussi, je l'espère. On a du temps à rattraper « Queen of the night » Les lambda ne pouvaient bien sûr par saisir la référence, sauf ces deux-là. Et pour cause, « Queen of the night » était l'un des surnoms dont Frank affublé Rachel lorsqu'ils étaient encore inséparables. Un surnom faisait directement référence à un autre film mythique des années 90, le non moins célèbre Bodyguard qui avait la particularité d'avoir en guise de personnages principaux Une Rachel et un Frank.
Le repas bien entamé, Frank qui pouvait se targuer de bien connaître Londres, décida de se proposer comme guide histoire de prouver que Londres, malgré le climat austère ne craignait pas tant que ça. « -Ouais tu as bien entendu, je me porte volontaire pour jouer les guides, rien que pour toi et bénévolement en plus ! Si ça ce n'est pas de la chance. Pour ce qui est du temps, je suis sûr qu'on n'en trouvera. Alors partante ? » L'hésitation fut courte et le sourire de Rachel en disait long sur sa motivation et balayait de ce fait toutes les zones obscures auxquelles elle ne voulait pas confronter Frank. « - Super, on fait ça alors ! Je serais ton guide ! » Puis sur sa lancée de gentillesse et parce qu'il aimait la voir sourire, il la couvrit de quelques compliments qu'il aurait préférés après coup, ne pas faire entendre. « -Ouais vraiment tu es toujours aussi belle, mais je crois que ce n'est pas le genre de compliment que l'on fait à une femme mariée. Je me permettrais d'ajouter juste en plus, que nous sommes comme le vin, j'ose espérait que nous nous bonifions avec le temps. Quant à moi, j'ai passé mon temps à courir, à faire de la fonte, à courir encore. Être une crevette quand on veut devenir flic, ce n'est pas pratique. Je ne me suis pas épargné, mais j'avais aussi besoin de ça pour tourner une page. Quant aux nanas, quelques têtes ont tourné, mais pas assez pour être un Don Juan. C'était l'armée et l'école de police en priorité. »
(✰) message posté Dim 4 Juin 2017 - 11:54 par Rachel-Mary Parker-Davis
Les retrouvailles sont des phénomènes si complexes qu'on ne devrait les effectuer qu'après un long apprentissage ou bien tout simplement les interdire.
Les tensions inhérentes aux retrouvailles avaient désormais totalement disparu, et si Rachel avait pensé ce prodige impossible de prime abord, elle était désormais bien contente de s’être trompée. Elle retrouvait peu à peu cet ami précieux de son adolescence qu’elle réalisait avoir perdu par son unique faut. Tout aurait pu être différent si elle avait ouvert les yeux un peu plus tôt. Mais le passé appartenait au passé, on ne pouvait rien y changer, mais elle se promit de ne plus jamais se montrer aussi égoïste envers Frank, si d’aventure ils pouvaient redevenir amis. Avoir un ami à nouveau, quelqu’un à qui parler, voilà bien une chose qui lui manquait et qui lui faisait parfois regretter d’avoir dû devenir aussi distante avec le reste des êtres humains qui croisaient sa route. Mais avait-elle le choix ?
-Oh, moi je connais bien quelques personnes dont l’égo saurait souffrir un petit « racontage de life » en bonne et due forme, commenta-t-elle avec ironie.
Voir les photos du fils de Frank lui avait redonné le sourire, ce petit garçon était tout simplement à croquer, et nul doute que Turner devait le chouchouter au possible lorsqu’il l’avait avec lui. L’inspecteur alors lui demanda si elle se souvenait de la phrase si poétique qu’il avait inventée pour elle, pour lui redonner le sourire lorsqu’elle était en proie à la mélancolie. Et alors qu’il prononçait les premiers mots, le reste de la phrase lui revint et elle la prononça avec lui.
-Tu as toujours été un fin poète, j’admirais beaucoup ça chez toi. Tu savais manier les mots comme personne.
Elle ne put évidemment s’empêcher de sourire, Frank avait toujours eu ce don sur elle. Elle lui rendit son téléphone, sentant ses doigts effleurer les siens. C’était peut-être le premier contact physique qu’ils avaient depuis leurs retrouvailles, et le regard de la chirurgienne se planta machinalement dans celui du bel homme qui lui faisait face.
-Oh, oui ils sont fiers, même si mon père aurait bien aimé que je travaille avec lui. Mais ça ne m’a jamais intéressé, et ma mère s’est bien vite empressée de lui dire de me lâcher les baskets avec ça. Tu sais comment elle est, ajouta-t-elle avec un petit sourire.
Rachel avait toujours admiré la relation de ses parents. Ils s’aimaient si fort, cela se voyait comme le nez au milieu du visage, et leur histoire ressemblait un peu à un conte de fées. La jolie brune avait tant espéré vivre la même chose, et elle pensait avoir trouvé son prince charmant en la personne de Maxwell Davis, qui l’avait séduite en se montrant si généreux à l’égard des enfants malades du tiers-monde. Seulement ce conte de fée-là n’avait pas eu la fin heureuse escomptée.
-Bien sûr que je m’en rappelle, et je milite activement pour faire cesser les dissections d’animaux dans les lycées. D’ailleurs j’ai réussi dans plusieurs villes. A la place, ils diffusent des vidéos d’intervention chirurgicales correspondant à ce que les élèves doivent étudier. Mon problème, ce n’était pas tant de manier une lame, c’était plutôt de participer à la mort d’un petit animal innocent. Je crois que j’aurais préféré disséquer le prof à l’époque.
Puis, la question de Frank, posée avec le plus grand sérieux, la fit le regarder avec des yeux ronds avant d’éclater de rire avec lui. Comme les deux adolescents qu’ils furent vingt ans auparavant. Rien n’avait changé en cet instant, ils étaient de nouveau la Rachel et Frank de respectivement quinze et dix-sept ans.
-EH bien, oui, on peut dire ça. C’est mignon une grenouille, tu trouves pas ?
Rachel continua à grignoter le contenu de son assiette tandis que Frank lui proposait si gentiment de la guider dans Londres pour lui rendre la capitale plus agréable et intéressante. La chirurgienne hésita quelques secondes, c’était dangereux pour elle, mais d’un autre côté, elle commençait sérieusement à étouffer, il fallait faire quelque chose avant de finir sous anti-dépresseurs, alors, sans réfléchir davantage, elle accepta, ce qui sembla faire plaisir à Frank autant qu’à elle.
-Et bénévole en plus ? Waow, je n’en reviens pas, en effet, c’est une sacrée chance ! J’espère que tu me laisseras t’offrir un verre ou un déjeuner pour te remercier.
Elle ne put retenir un nouveau rire face à cette fausse timidité lui faisant dire qu’on n’offrait pas de compliments de ce genre à une femme mariée.
-Tu sais, je crois que mariées ou non, toutes les femmes apprécient de se faire complimenter. Ça me semble être une vérité universelle. Quant à toi, eh bien nul doute que bien des regards doivent se poser sur toi. Par exemple la serveuse, je suis sure qu’elle en pince pour toi. Et tu sais les Dom Juan, c’est démodé. Inutile d’avoir un tableau de chasse immense pour plaire.
Ils continuèrent de manger, mais contrairement à Frank, Rachel fut incapable de terminer son assiette, bien trop garnie pour elle. Elle s’avoua vaincue, reconnaissant malgré tout que si elle ne se savait pas à Londres, elle aurait pu se croire dans un vrai Diner américain. La serveuse vint annoncer une triste nouvelle pour le gourmand qui faisait face à Rachel. Plus de gâteau. Le flic ne s’en offusqua pas et régla la commande.
-Merci Frank, déclara-t-elle avant de terminer son verre.
De toute façon, elle n’avait rien sur elle, toutes ses affaires étaient restées dans son casier à l’hôpital. Il proposa alors de la ramener.
-C’est gentil comme tout. J’habite à Kensington, mais si ça te fait un détour, je peux toujours appeler pour qu’on vienne me chercher, tu as déjà été très gentil.
Machinalement, elle reprit son téléphone dans sa poche qu’elle ralluma, au cas où il faudrait appeler le chauffeur de Max. Elle s’en voudrait de faire faire des détours à Frank qui avait déjà eu la gentillesse de l’emmener dîner.
(✰) message posté Lun 5 Juin 2017 - 22:07 par Frank Turner
Les retrouvailles sont des phénomènes si complexes qu'on ne devrait les effectuer qu'après un long apprentissage ou bien tout simplement les interdire.
Les vieux souvenirs, les bons comme les mauvais moments, tout refaisait surface sans que ni l'un et ni l'autre n'est le moindre contrôle sur la situation. Mais dans le fond, en avaient-ils envie ? Frank que la rancune et les non-dits avaient rendu amer, se sentait à présent plus léger, délesté de son armure de protection anti-sociabilité. Et l'on peut dire que ça lui faisait un bien fou de ne pas jouer les connards pour une fois. Mais cette douce parenthèse prendrait fin, c'était imparable, une fois le repas improvisé terminé, chacun retrouva sa vie avec les bons et les mauvais à côté. Alors savourons le moment présent, tant qu'on le peut encore…
Frank, qui venait de tendre son portable à Rachel afin de lui montrer les photos de son fils, récupéra l'appareil après visualisation. Sans préméditation, les doigts des deux anciens amis se frôlèrent, un contact on ne peut plus anodin pour le commun des mortels, mais qui raviva pour Frank de vieilles sensations qu'il aurait préféré ignorer, cela aurait certainement rendu les choses plus simples et pour l'un et pour l'autre. Le flic coutumier de l'impassibilité, se reprit aussitôt histoire de ne pas se laisser piéger par le passé et les sentiments qu'il avait pu ressentir pour Rachel. « Elle est mariée, mets-toi ça dans la tête. M.A.R.I.E.E » n'avait-il de cesse de répéter comme pour mieux s'en convaincre. Il rangea aussitôt son mobile dans la poche de sa veste. Mais c'était plus fort que lui, avec Rachel l'impassibilité ne fonctionnait pas. Avait-elle fonctionné un jour ? L'adolescent qu'il était encore à l'époque, ne pouvait réprimer un léger sourire en la voyant chaque jour près des casiers. Il ne pouvait s'empêcher de tenter une approche pour saluer quand il la croisait dans les couloirs avec sa cour… Et ce même avec l'éloignement engendré par le changement de statut dû à sa popularité. Bien sûr tout changea du tout au tout lorsque Jason devint le petit ami.
Le poète qu'il n'était plus ressuscita bien mystérieusement. Aidé par la nostalgie et l'évocation de quelques « bons » souvenirs, il répéta la phrase qu'il se plaisait à dédier à la jeune Rachel lorsque la tristesse se lisait dans son regard et que son sourire s'estompait. « -Et bien le fin poète a mis les voiles depuis » dit-il en attrapant sa bière pour étancher sa soif. « -Et à défaut de manier les mots, je manie le crochet avec virtuosité. En fait, j'adorais lire, surtout la poésie et les trucs d'intello coincé. Quand j'y pense, je me dis qu'il est bien loin cet adolescent enfermé dans ses bouquins poussiéreux. Les trucs d'intello, ce n'est plus pour moi ça c'est sûr » Et il semblait même plutôt fier d'être passé à autre chose. « -Je n'en demeure pas moins toujours fan de poésie surtout celle de David Bowie. » Ah ça oui, il l'aimait son David Bowie, un amour qui perdurait encore malgré la récente disparition du chanteur. « -D'ailleurs je vais finir par croire que je suis maudis. Pour preuve, tous les artistes que j'ai aimés ont trépassé. Je peux te citer Freddie Mercury, Kurt Cobain et même la petite Amy Winehouse. Je préfère rester modéré maintenant. Manque de bol pour moi, Bowie est parti sur la même lancée. Il a un IPod, tu verrais sa playlist. Sa mère m'accuse de lui imposer mes goûts musicaux alors que non. Il adore Fleetwood Mac, Bowie évidemment, U2, Queen cela va de soit et j'en passe et des meilleurs… Musicalement parlant, il est très mature pour son âge. »
En parlant de fierté, Rachel évoqua celle de ses parents. Du moins celle plus appuyée de sa mère qui contrairement à son père, se fichait de la voie prise par son unique fille, seul son épanouissement comptait. « -Ah je me souviens effectivement. Un fort caractère, ta mère, mais toujours bienveillante, toujours prête à t'encourager. Ton père aussi avait son petit caractère, mais c'était un type bien malgré son boulot. Lui a su conserver son humanité et sa bienveillance à l'égard des autres. Lui a su préserver sa famille… » Le silence qui suivit cette réplique en disait long malgré l'absence de mots, et même sans le nommé Victor Turner hantait plus que jamais la conversation. Par chance, l'évocation des grenouilles et des dissections permirent à Frank de se défaire de ce fantôme et des maux dont il était l'origine. « -Je n'y crois pas ! Tu l'as vraiment fait ? Tu te fais le porte-paroles des grenouilles alors ?! » Il éclata de rire « -Je t'imagines bien avec un pupitre à faire de longs discours. » Puis après avoir avalé une gorgée de bière, il reprit un peu plus de sérieux, le sourire en coin. « -Je rigole, mais je suis quand même super impressionné. Et puis dans le fond, ce n'est peut-être pas plus mal que les gamins se contentent de regarder des vidéos. Notre monde est suffisamment violent, inutile d'en rajouter en confrontant nos enfants à la mort, aussi insignifiants soit l'animal à disséquer. »
La suite de ce repas improvisé n'en fut que plus douce encore. Frank savourait chaque instant, comme si cela pouvait suffire à rattraper le temps perdu. La rancœur n'avait plus lieu d'être puisque tout était limpide…enfin presque tout. Il est parfois préférable de taire certaine chose pour qu'elles restent abstraites. À coup de bonnes vannes et de quelques sourires, Frank garda la tête froide, il proposa même à Rachel de jouer les bénévoles espérant ainsi lui faire changer d'avis sur Londres, que lui avait finis par totalement adopter. « - Des guides bénévoles comme moi, tu n'en trouveras que trop peu, je puis te l'assurer. Et puis l'avantage d'être flic, c'est que tu as accès à des endroits interdis au commun des mortels. Mais chut, les murs ont des oreilles. L'on pourrait nous entendre ! » dit-il faussement sérieux. « -De ce fait, j'accepte le verre en guise de remerciement, mais je choisis le bar. Logique ! Sauf si tu as eu l'occasion de faire des repérages au préalable » Les minutes s'écoulèrent à nouveau, sans que ni l'un, ni l'autre ne s'offusque du temps qui passe. Cependant, puisque les assiettes étaient « presque » terminées et que le dessert venait à manquer, il fallait dès lors penser à régler la note et mettre un terme à cette douce parenthèse après une journée bien pourrie. Frank s'acquitta donc de l'addition et proposa à Rachel de la ramenait jusqu'à chez elle.