"Fermeture" de London Calling
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Les retrouvailles sont des phénomènes si complexes... [Frank]

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Rachel-Mary Parker-Davis
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() message posté Sam 27 Mai 2017 - 22:13 par Rachel-Mary Parker-Davis
Les retrouvailles sont des phénomènes si complexes qu'on ne devrait les effectuer qu'après un long apprentissage ou bien tout simplement les interdire.
L’ambiance se décrispait peu à peu. Enfin ! Frank livrait des bribes de sa nouvelle personnalité, et Rachel s’étonnait elle-même d’en être curieuse de vouloir en savoir plus. Mais elle se gardait bien de poser la moindre question personnel, le chien enragé qu’il était avait bien stipulé qu’ils devaient s’en tenir au strict minimum professionnel… En somme, les mêmes limites qu’elle s’était fixées avec ses collègues. Il semblait être comme elle, il faisait son boulot, il semblait même exceller, et ne s’embarrassait pas de « copinage » avec les confrères. Elle, c’était parce qu’elle n’avait pas le choix, mais lui, quelle pouvait bien être sa raison ? Elle se rappelait très bien à présent de leur rencontre lors de ce fameux été 1996, et il paraissait plutôt sociable. Alors pourquoi ?

-Oui, c’est souvent plus simple de faire cavalier seul, répéta-t-elle un peu pensivement.

Alors qu’il sortait à son tour son téléphone portable, Rachel et sa curiosité laissèrent balader des yeux indiscrets qui remarquèrent alors le fond d’écran de Frank qui n’était autre qu’un petit garçon qui avait ses yeux. Elle se retint de lui poser des questions sur son fils, même si ça lui brûlait les lèvres, elle se contenta d’un petit sourire attendri. Ce petit était mignon comme tout de prime abord mais elle n’eut pas le temps d’étayer son observation. Il voulait prendre l’air et s’en griller une, la chirurgienne en profita donc pour l’inviter sur le toit. Au moins, ils ne seraient pas déranger par les quelques passants nocturnes. L’inspecteur semblait rassuré sur le fait que ses collègues n’avaient que peu de chance de foirer l’opération pour se rendre au domicile des Thompson.

Le trajet jusqu’à l’ascenseur ne fut pas bien long, et l’ascension jusqu’au toit encore plus courte. Elle s’était contentée de hocher la tête à sa question rhétorique. Les portes s’ouvrirent, une légère brise vint leur fouetter gentiment le visage et faire un peu virevolter les cheveux de la jeune femme tandis qu’elle allait s’asseoir sur un petit muret, laissant à Frank le soin de sortir son paquet de clopes. Il fit remarquer que la vue était sympa. Rachel haussa les épaules en marmonnant.

-Je déteste Londres.

Il s’empressa de rétorquer qu’elle non plus n’avait pas parlé de sa vocation.

-Je ne savais pas quoi faire après le lycée, j’ai fait médecine et je me suis découvert une passion pour les enfants et la chirurgie.

Elle le regarda alors qu’il venait s’asseoir à côté d’elle, clope au bec. Elle espérait qu’il parle un peu de lui, elle était bien curieuse de savoir comment il s’était retrouvé à Londres, mais vu le caractère, elle ne se risquerait pas à jouer les fouineuses. C’est alors qu’il sembla vouloir révéler quelque chose, demandant s’il pouvait être honnête.

-Oui, bien sûr.

Peut-être n’aurait-elle pas dû accepter. Alors qu’il déclarait lui en avoir beaucoup voulu, et même encore aujourd’hui. Elle écarquilla les yeux, perdant le peu de sourire qu’elle avait, se demandant bien pourquoi il pouvait bien éprouver une quelconque animosité à son égard.

-… Pardon ? C’est une blague ? demanda-t-elle, totalement abasourdie.

Evidemment que non, et c’était sans doute pour ça qu’il s’était montré aussi désagréable alors qu’ils ne s’étaient plus vus depuis deux décennies. Elle se demandait bien quel grief il pouvait avoir contre elle. Elle qui n’avait jamais fait de mal à qui que ce soit, c’était bien sa veine.

-Non… vraiment je ne sais pas.

Quelque chose lui disait qu’elle n’allait pas tarder à le savoir.

-Frank, quoi que j’ai pu faire, sache que jamais je n’ai voulu te faire de peine, ou de mal. Bon allez, dis-moi, je veux savoir ce qui justifie de pareilles retrouvailles.

Elle se leva de son muret pour se mettre face à lui, bras croisés, attendant patiemment de savoir ce qui pouvait trotter dans la tête de l’inspecteur Turner.


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Frank Turner
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() message posté Dim 28 Mai 2017 - 0:40 par Frank Turner
Les retrouvailles sont des phénomènes si complexes qu'on ne devrait les effectuer qu'après un long apprentissage ou bien tout simplement les interdire.

L'accalmie s'instaura entre les deux anciens amis qui quittèrent l'hôpital pour rejoindre l'extérieur. En sortant de l'ascenseur, pour rejoindre les toits, une légère brise vint caresser le visage de l'inspecteur Turner. Une sensation futile pour le commun des mortels, mais au combien enivrante pour l'Américain qui savait se contenter des plaisirs simples. Notre flic au grand cœur, protégé par son attitude de rustre qu'il arborait comme un bouclier, rouvrit les yeux et se laissa charmer par toutes ces petites lumières qui éclairaient les maisons, les immeubles, les bâtiments autour d'eux. Une vision qui le ramena des années en arrière à l'époque où le bouclier n'avait aucune raison d'être. Il n'était alors qu'un jeune adolescent loin de se douter que les deux êtres qu'il aimait le plus au monde, avaient déjà commencé à se déchirer loin de son regard. À cette époque, il sortait dehors, les nuits d'été profitant de l'ère frais de San Francisco. Dès lors, il grimpait la petite rue de ce quartier résidentiel tant affectionnait par la mère. Une fois « le sommet » atteint, il fermait les yeux pour mieux profiter de la brise nocturne et c'est ainsi que son regard azur se posait sur le vaste horizon teinté de bleu nuit, d'orange et parée de mille et unes lumières au moins aussi scintillantes que les étoiles qui se laissaient apercevoir à la vue des hommes les plus patients.

Le paquet de clopes en main, il se délesta des brides de souvenirs qu'il possédait encore. La mine sérieuse et le regard dur, il pressa son briquet pour enflammer la cigarette, faisant savoir à Rachel qu'il trouvait la vue à son goût à l'inverse de la jeune femme qui n'hésita pas à faire savoir, sans prendre de pincettes, qu'elle détestait Londres. « - Bah qu'est-ce que tu fous là si tu détestes Londres ?» lança-t-il en approchant sa cigarette de sa bouche. « -Moi je trouve que c'est une ville incroyable presque magique quand on sait où regarder. » Il tira à nouveau sur sa cigarette et souffla une longue traînée de fumée. Bon dieu que ça lui faisait du bien « -Alors pourquoi la médecine ? » Était-il curieux ? Oui certainement, même si la rancœur prenait très vite le dessus l'empêchant ainsi de faire « copain copain » comme dans leurs années folles. La demoiselle assit sur son muret consenti enfin à répondre à une interrogation d'abord posée au flic qui vint dès lors s'asseoir près d'elle tout en continuant de tirer sur sa sacro-sainte clope. « - Tu ne voulais pas faire quelque chose de plus…artistique ? » Oui, le professionnalisme semblait s'étioler au profit du passé leur seul lien. Dès lors, ce qui devait arriver, arriva, le sac trop lourd de Frank devait être vidé au même titre que l'abcès devait être percé. Les premiers mots furent donc lancés et les premières incompréhensions décelées, le regard de Rachel en disait long et ses mots achevèrent de mettre en exergue son indignation.

« -Hey… laisse-moi finir avant de t'indigner ok ? Initialement, je n'avais pas prévu de te parler, en fait quand je t'ai vu, le premier de mes réflexes auraient été de me barrer. » Il souffla longuement, tapotant son mégot pour chasser la cendre et reprit la cigarette en bouche pour la consumer encore un peu alors qu'en face de lui, les bras croisés et ayant délesté son muret, le docteur Davis redevenu Rachel Parker, s'excusa pour un crime dont elle ignorait encore la gravité. « -Les gens qui font de la peine aux autres, ne s'en rendent même pas compte. Toi, tu rayonnais et moi, j'étais dans l'ombre. Un vrai poisson dans l'eau, plébiscitait de tous, la reine du bal, des abeilles, du lycée. Tu étais là sans me voir. Et tu es devenue comme eux, imperméable, hautaine. On s'est éloigné l'un de l'autre avec une telle aisance. Et ne va pas me dire que je ne faisais aucun effort pour m'adapter. J'ai essayé vois-tu, mais je n'avais pas envie de faire chier à être quelqu'un d'autre pour être dans les bons papiers de ces gens-là. » Il tira une fois encore sur sa cigarette, le vent frais le fit frissonner tout comme sa rancœur qui le rendait (paradoxalement) plus doux et plus humain. « - Te voir avec eux m'a fait de la peine. Les gros malabars de l'équipe de foot me frappaient, m'insultaient, ils me rabaissent à la moindre occasion. Et toi que faisais-tu ? Rien ! Tu le savais et tu laissais faire. Elle était belle ta conception de l'amitié ! Mais le pire était à venir… Je me noyais et tu me laissais couler. Tu ne voyais rien, vraiment rien…
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() message posté Dim 28 Mai 2017 - 12:34 par Rachel-Mary Parker-Davis
Les retrouvailles sont des phénomènes si complexes qu'on ne devrait les effectuer qu'après un long apprentissage ou bien tout simplement les interdire.

Une fois sur le toit, c’était un peu comme s’ils avaient soudainement changé de dimension. Frank acceptait de parler avec un ton beaucoup moins, sec. Lui qui ne voulait rien avoir à dire d’autre que des propos professionnels, il semblait à présent curieux de savoir ce qui avait poussé Rachel à venir à Londres. Elle se rendit alors compte qu’elle avait pensé à voix haute.

-J’ai pas eu le choix, répondit-elle un peu vite avant de se reprendre. Enfin tu sais, les obligations professionnelles…

Un petit mensonge en passant. Il embraya pour savoir ce qui l’avait poussée à faire médecine, ce qui semblait en effet plutôt éloigné de ce qu’elle affectionnait au lycée, à savoir la mode et la musique.

-En fait j’étais pas vraiment sure de quelle branche choisir, au troisième trimestre de terminale je me suis inscrite dans plusieurs fac différentes, et l’été, mon père m’a proposé de participer à une mission humanitaire, c’est là que j’ai eu une révélation pour la médecine. Et toi alors ?

Puis, la discussion s’orienta sur les rancoeurs de Frank à son égard. Rachel se demandait ce qu’elle avait bien pu lui faire, d’abord sur la défensive, elle présenta des excuses en amont, parce que jamais elle n’avait voulu nuire à qui que ce soit, et surtout pas à Frank qui avait tant compté pour elle. La chirurgienne l’écouta donc avec attention. Et alors qu’il parlait, elle réalisait. Elle revoyait des passages de sa vie au lycée, ces bribes de souvenirs qu’elle avait oubliés pendant longtemps. Leur entrée au lycée, alors qu’ils étaient unis comme les doigts de la main. Puis, chacun avait pris une direction différente… Non, en fait, Frank avait raison, c’était elle qui avait pris une direction différente. Elle avait été prise pour faire partie de l’équipe du lycée en tant que pompom-girl, et elle était devenue de plus en plus populaire. Jolie et douée, tous les mecs de l’équipe de basket la draguait, toutes les filles voulaient être ses amies, sauf celles qui la jalousaient, mais Rachel ne se préoccupait pas de ça, elle avait toujours été positive comme fille. Là, soudain, elle réalisait. Et Frank dans tout ça ? Frank n’avait pas su suivre le mouvement, lui, il n’était pas à l’aise au lycée, et la jolie brune n’avait pas su l’aider à s’adapter. Une pointe de culpabilité l’envahit alors qu’elle se mit à regarder le sol.

-Frank… commença-t-elle dans un murmure. J’avais pas réalisé… je t’assure. Je ne m’attendais pas à me sentir aussi bien au lycée, et toi… toi tu ne voulais pas me suivre, enfin, c’était l’impression que j’avais. Pour tout te dire, en y repensant, j’avais l’impression que tu faisais exprès de ne pas suivre le mouvement, que ça te plaisait d’être marginal. Attends, quoi ?? ils te frappaient ? J’étais pas au courant de ça ! J’avais vu qu’une fois ou deux ils t’embêtaient, et je leur ai dit de ne plus le faire. J’étais pas leur nounou, je pouvais pas surveiller chacun de leur geste.

Après tout, les garçons avaient leurs affaires tout comme les filles avaient les leurs, Rachel n’avait pas à s’en mêler. Mais c’est quand elle entendit Frank dire qu’il se noyait qu’elle releva la tête brusquement.

-Qu’est-ce que tu dis ? Si tu allais mal, pourquoi tu ne m’en as pas parlé ? Frank… tu me reproches de n’avoir rien vu, mais toi, tu pouvais me parler.

Elle souffla et revint s’adosser contre le muret.

-Puis qu’on en est à se balancer de vieux reproches, moi aussi je t’en ai voulu, un peu. Au début du lycée. J’étais folle de toi, j’ai attendu tout l’été que tu daignes me demander de sortir avec toi. Tu l’as jamais fait, j’ai donc compris que je ne t’intéressais pas. Partant de là, tu ne peux pas m’en vouloir d’avoir eu une vie à la rentrée…

Mais ce qu’il avait dit continuait à la travailler, c’était de savoir que Frank allait mal à cette époque et qu’elle n’avait pas su être là pour lui. Rachel ne s’était réellement aperçu de rien et elle se sentait bien égoïste tout à coup.

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Frank Turner
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() message posté Dim 28 Mai 2017 - 14:02 par Frank Turner
Les retrouvailles sont des phénomènes si complexes qu'on ne devrait les effectuer qu'après un long apprentissage ou bien tout simplement les interdire.

La curiosité est un vilain défaut et nul doute qu'à présent, Frank n'échappait à la règle, même si au préalable, il s'était targué de faire preuve de professionnalisme pour mieux se prémunir de cela. Il pensait encore pourvoir, résister, faire, tenir sa colère pour paraître insupportable et ne susciter aucune sympathie face à une Rachel qu'il espérait éloigner. Oui, il voulait étayer le fossé qui les séparaient, le rendre si conséquent, qu'aucun retour en arrière ne serait possible pour palier la difficulté. Mais rien n'y faisait, la glace fondait lentement et son attitude d'abord austère et hostile se muait en un quelque chose qui se rapprochait de l'attitude d'un être civilisé enclin à la curiosité. Rachel, certainement surprise par ce revirement de situation, accepta néanmoins de répondre à la question de son interlocuteur et évoqua ce qui l'avait conduit à s'éloigner des domaines qu'elle semblait tant affectionner au lycée. Et la logique voulut que ça soit au tour de l'inspecteur de prendre la parole. Une logique mêlée à une politesse défaillante chez l'Américain, sauf cette fois, puisqu'à son tour, il répondit à la question qui venait de lui être posée en égrainant quelques remarques au passage. « - Je ne t'aurais jamais imaginé dans un domaine aussi altruiste. Tu étais plus attirée par le feu des projecteurs à cette époque. Moi, je n'ai pas grand-chose à dire. Je n'ai fait aucune mission humanitaire ou autre. J'ai eu ma révélation lorsqu'on a quitté San Francisco pour Londres. En fait, c'est la rencontre avec mon oncle qui a tout déclenché. Il était flic. Pour ce qui est de l'unité, c'était une évidence pour moi de venir en aide aux mineurs, surtout lorsqu'il est question de violences. » Il se tue aussitôt, se rendant compte, après coup, qu'il en avait surement trop dit. Le regard rivé sur le sol bétonné, il tira à nouveau sur sa cigarette.

La suite de la conversation prit cependant plus d'intensité et ce que redouté Frank se produisit. La confession pointa le bout de son nez entre deux bouffées de fumée. L'inspecteur fut le premier à lancer les hostilités, la médecin suivit sans mal faisant preuve d'une sincérité désarmante, preuve qu'elle n'avait vraiment rien vu des malheurs de son ami. Un constat qui perturba Frank qui s'était jusqu'alors convaincu du contraire. « -Attends tu te fous de moi !? » commença-t-il sur un ton de reproche. « -Tu crois vraiment que ça me plaisais d'être pointé du doigt comme un vulgaire marginal. Je faisais ce que je pouvais pour m'adapter. Dois-je te préciser que c'était ma première entrée dans le domaine scolaire. Ça n'était pas facile pour moi d'être comme tout le monde. » Les reproches, dans la tonalité, avaient fait place à de l'amertume laissant paraître un Frank que personne ne connaissait ici et que lui-même avait fini par oublier dans un coin de sa tête avec les souvenirs inhérents à cette époque difficile. « -Ouais ils me frappaient ces petits enfoirés ! Ils leur fallait une tête de Turc et j'étais le meilleur prétendant pour ce titre si peu convoité. On se demande pourquoi d'ailleurs !? Ça commençait le matin, dès la sortie du bus, en meute évidemment. Toujours à se foutre de ma gueule, c'est à se demander s'ils n'avaient pas autre chose à foutre. Et ça continuait après leur entraînement, dès qu'ils me croisaient dans la cour. En général, j'écrivais, une activité trop intellectuelle pour leur Q.I de bulots. Et que dire du capitaine de l'équipe avec lequel tu sortais ?! Le pire de tous. Il lui suffisait d'un sourire pour avoir toutes les filles à ses pieds. Jamais le dernier pour s'en prendre aux plus faibles. Si je le croisais aujourd'hui, nul doute que je prendrais mon pied à lui casser la gueule. »

La cigarette était terminée à présent. L'inspecteur, toujours assis sur le muret, tendit le bras et jeta son mégot qui alla s'écraser quelques mètres plus bas. Plus amer que jamais, il posa son regard sur Rachel, toujours debout les bras croisés en attente d'une réponse. « -Quoi ? Tu n'aimes pas ma métaphore sur la noyade ? De toute façon, je n'ai pas mieux en magasin. » La jeune femme revint aussitôt s'asseoir près de son ancien ami, le regard lourd, chargé d'incompréhension. « - Il y a des choses dont on ne parle pas Rachel. Et je n'avais pas besoin de ta pitié. Tu faisais ta vie et moi la mienne. Nous n'avions plus rien en commun de toute façon, alors à quoi bon se donner du mal. » Le regard braqué sur les lueurs des immeubles qui leur faisaient face, Frank opta pour le silence, conscient d'en avoir trop dit. Ce fut donc au tour de Rachel de balancer quelques reproches qui eurent l'effet d'une bombe sur le flic qui se leva aussitôt. « -Non ! Putain Rachel, tu ne peux pas me balancer ça, pas comme ça, pas maintenant ! » Il se prit la tête et souffla longuement avant de se reprendre. « -Donc tu n'as vraiment rien vu ? Le mot dans ton casier, ce n'était pas capitaine gros crétin. C'était moi. Oui la demande pour aller au bal, c'était moi pas lui. J'étais… » Mais il n'eut pas le loisir d'achever sa réplique. En effet, son mobile commençait déjà à vibrer dans la poche de sa veste. Il posa son regard une dernière fois sur Rachel et décrocha « -Quoi ?! » lança-t-il d'un ton glaçant. L'expression sur son visage changea aussitôt. « -Ok ! » Il mit un terme à cet échange fugace. « -Le père s'est retranché chez lui. Il est armé et tien sa femme et leur fille ainée en otage ! Il faut que j'y aille ! »

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() message posté Dim 28 Mai 2017 - 22:41 par Rachel-Mary Parker-Davis
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Après la première approche de Frank, jamais Rachel n’aurait imaginé que leur discussion puisse être un tant soit peu normale. Et pourtant, désormais c’était plus ou moins le cas. Ils échangèrent donc sur le pourquoi du comment de leurs vocations respectives, ou plutôt la chirurgienne accepta de répondre la première à la question qu’elle avait de prime abord posée à Frank. Ce dernier lui fit savoir tout en délicatesse, en adéquation avec celui qu’il était devenu, qu’il ne l’aurait jamais imaginé exercé dans un métier où l’on se dévoue aux autres. Haussant un sourcil, l’américaine eut un sourire en coin.

-Comme quoi, tout le monde peut changer. Cette mission humanitaire au Pérou a changé ma vie.

Les propos qu’il tint ensuite au sujet de sa profession furent écoutés avec attention. Elle se demandait bien pourquoi lui et sa famille avaient déménagé pour Londres.

-Comment se fait-il que vous ayez déménagé ? demanda-t-elle, osant laisser sa curiosité prendre le dessus.

Frank paraissait si proche de ses petits protégés, le choix de l’unité avait été une évidence pour lui. Rachel avait peur de déceler comme un point commun entre son ancien ami et les jeunes victimes dont il s’occupait.

-Une évidence, tu dis ? mumura-t-elle avant de se mordre la lèvre.

Puis, la conversation prit un tournant différent, celui des vieux souvenirs et surtout des reproches concernant leur ancienne vie, celle qu’ils avaient laissée à San Francisco. L’inspecteur commença donc à expliquer pourquoi il en avait voulu aussi longtemps à Rachel. Celle-ci tentait de se disculper, mais il était sévère.

-Hey ! C’était pas de ma faute si tu étais pointé du doigt ! Tu te rends compte que tu me reproches d’avoir su m’adapter alors que toi non ? J’ai essayé de t’aider ! Je t’invitais à toutes les soirées, toutes les sorties auxquelles j’allais, et t’as jamais voulu venir. Et pourquoi ? Parce que tu snobais ceux avec qui je trainais. Que pouvais-je faire de plus, Frank ?

Elle ignorait vraiment les traitements que ses camarades de l’époque infligeaient à Frank, et ça lui fendait le cœur d’apprendre qu’il avait été victime d’un tel harcèlement.

-Jason aussi ? souffla-t-elle en l’entendant dire que son petit ami de l’époque était le pire de tous.

Elle se sentait si coupable à présent.

-Frank, je t’assure que je n’en savais rien, tu penses bien que j’aurais fait quelque chose si j’avais su tout ça… Je te demande pardon.

A nouveau assise près de lui, Rachel culpabilisait d’autant plus d’apprendre qu’il allait vraiment mal à cette époque, au point d’utiliser la métaphore de la noyade. Et elle n’avait rien vu. Elle avait été si proche de lui pendant près de trois mois, et elle n’avait rien vu. Elle commençait néanmoins à comprendre.

-On s’était peut-être éloignés, mais jamais je n’aurais refusé de t’aider et te soutenir si tu m’avais parlé de tes problèmes, c’est loin d’être de la pitié. Je pensais seulement que je ne t’intéressais plus. Frank… c’était ton père ? demanda-t-elle timidement.

La chirurgienne lui avoua alors ce qu’elle ressentait à l’époque.

-Quoi, ne me dis pas que t’avais pas remarqué que durant l’été mes shorts étaient de plus en plus courts ! Encore un peu et je sortais faire du roller en culotte ! J’attendais désespérément que tu fasses le premier pas.

C’est alors qu’à son tour, Frank révéla une chose : le mot dans le casier qui l’invitait à aller au bal. Bouche bée, la belle brune se refaisait le film, ce jour de juin où elle avait ouvert son casier métallique et trouvé ce mot, persuadée qu’il s’agissait de Jason, son petit ami. Une invitation pour aller au bal de fin d’année. Et cet idiot ne s’en était pas défendu quand elle lui avait sauté dans les bras. Mais elle n’eut pas le temps d’ajouter quoi que ce soit que le portable de l’inspecteur Turner les coupa dans la conversation. Celle qu’il entretint au téléphone fut brève, et le ton glacial était de nouveau de rigueur. Puis, il expliqua à Rachel ce qui se passait. Elle écarquilla les yeux, la situation était grave.

-Il faut qu’ON y aille. Je vais pas te laisser y aller seul, il y a une autre gamine dans l’équation. Si elle est blessée, il vaut mieux que je sois directement sur les lieux, j’aurais plus de chance de l’aider qu’une ambulance qui mettra beaucoup trop de temps à arriver.

Tout en parlant, elle s’était éloignée du muret pour aller en direction de l’ascenseur, sachant pertinemment que Frank la suivrait. Elle passa son badge dans le lecteur.

-Laisse-moi le temps de prendre le nécessaire pour les premiers soins au cas où. S’il te plait, laisse-moi t’accompagner. Je m’en voudrais si l’un des membres de cette famille y passait alors que je pourrais aider.

L’ascenseur arriva et elle s’engouffra à l’intérieur, suivie par le flic qui n’avait pas le choix s’il voulait sortir de l’hôpital. Rachel appuya sur le bouton indiquant le quatrième étage, où se trouvait la réserve. Les portes se rouvrirent et elle se précipita pour attraper l’un des sac à dos contenant tout le matériel que l’on embarquait en ambulance, puis elle revint en courant auprès de Frank.

-Tu es venu en voiture ?

Elle pressa le bouton du rez-de-chaussée, prête à le suivre.


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Frank Turner
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Les retrouvailles sont des phénomènes si complexes qu'on ne devrait les effectuer qu'après un long apprentissage ou bien tout simplement les interdire.


Même s'il ne voulait pas le reconnaître, il attendait cette confrontation depuis longtemps et n'aurait pas rêvé meilleur endroit pour cela. Toutefois, et même si la froideur n'était plus de rigueur, nous n'étions pas à l'abri d'une bavure. « -Pas besoin de mission humanitaire ou d'aller aussi loin pour voir nos vies bouleversées ! » lança-t-il avec lassitude. « -C'est cool pour toi si tu as trouvé ta voie de la sorte. Je trouve ça admirable même. » Il était confronté à un mûr, un obstacle qu'il avait lui-même battit pour se préserver de la compassion et de la pitié. Bien sûr, l'ado au fond de lui, criait sans cesse de ne pas commettre la même erreur et d'avouer ENFIN à Rachel le fin mot de cette triste histoire, mais à contrario, l'adulte faisait pression pour garder le silence et se préserver de la moindre pitié. Il se contenta donc de rester évasif dans son élocution. « - Ma mère est…était anglais. Elle voulait renouer avec ses racines. » Oui, il n'est pas facile de conjuguer certains verbes au passé, encore moins de le faire avec une personne. Mais que pouvons-nous y faire, la mort est ainsi faite. Elle emporte tout avec elle, même le présent pour ne nous laisser que du passé à conjuguer avec les souvenirs. Pour le reste, Frank ne préféra pas s'éterniser, de peur de faire un lapsus.

La conversation « les hostilités » reprirent autour des reproches, un point en commun chez nos deux protagonistes. « -Arrête de dire des conneries merde ! À aucun moment, je t'ai reproché de t'être adapté. Et puis merde, tu me voyais venir à ces soirées à la con ? Avec des personnes sans intérêts, adeptes du paraître et jamais en reste pour rabaisser les autres ? Vraiment ?! Ce n'était pas moi Rachel et tu le sais ! Et oui, ton Jason était en tête de liste. Si j'avais pu, je lui aurais cassé la gueule et nul doute que j'aurai pris mon pied. Mais ce Frank-là était incapable de se défendre. Non lui, il se contentait de rêver et quoi de mieux que d'écrire des poèmes pour fuir cette sordide réalité ? » Il se tue et souffla longuement, le regard rivé sur le sol tandis que Rachel présentait encore une fois ses excuses les plus sincères. « - Je ne pensais pas te revoir et pourtant dieu sait combien de fois j'ai imaginé cette scène. À chaque fois, sans exception, je te regardais froidement, le cœur alourdis par la colère et l'âme en peine. Je te criais à la face puis je tournais les talons pour m'en aller sans rien ajouter. Dans les rêves, ça semble si facile, la réalité est toute autre. Je pensais que tu m'avais oublié, qu'une page avait été tournée, mais non. Tu es là, tu t'en veux et je sais pertinemment que tu es sincère. Tu étais la plus gentille, la plus intègre que j'ai rencontrée. Je n'ai pas compris pourquoi tu étais devenue comme eux, si superficielle. » Il souffla une fois encore, tandis que Rachel reprenait place visiblement encline à la compréhension. L'évocation du « père » ramena Frank a une réalité qu'il aurait préféré taire et fuir, mais le pouvait-il vraiment alors qu'elle venait de le percer à jour ? « -Oui ! » dit-il presque dans un murmure presque honteux. « -Je préfère éviter ce sujet… »

Par chance, la conversation prit une tournure un peu moins sombre et pour cause… « -Bien sûr que si j'ai remarqué tout ça, mais j'étais loin d'imaginer que c'était…pour moi. Non mais tu t'étais vu. Tu étais la plus fille de tout le lycée… Comment était-ce possible que… que tu t'intéresses à moi ? » Il prit sur lui et lui avoua notamment l'identité de l'admirateur secret, lui et non ce crétin de Jason qui avait récolté les honneurs. Nos deux protagonistes ne purent se résoudre à continuer à parler du passé, car le présent sauvage et dangereux les rappela à l'ordre. L'enquête venait de prendre un nouveau tournant, de ce fait l'inspecteur devait quitter l'hôpital pour rejoindre au plus vite ses collègues, mais un grain de sable vint dérégler la machinerie d'ordinaire si bien huilée. « - Non Rachel c'est hors de question. » Mais elle réitéra sa demande dévoilant des arguments difficilement contestables. « -Tu fais chier ! Ok tu peux venir, mais tu m'obéis, c'est clair ? Ne joue pas les héros ! C'est mon terrain là-bas, pas le tien. » Ils quittèrent donc les toits pour rejoindre l'ascenseur. « -Tu resteras derrière moi c'est clair ? » Il attendit sa réponse, les portes s'ouvrirent dès lors « -Je te laisse cinq minutes » Il récupéra son portable et envoya un sms à son coéquipier pour lui faire savoir qu'il serait accompagné d'un médecin. Une fois le message envoyé, il attendit Rachel à l'accueil. Cette dernière qui n'avait pas traîné, refit son apparition vêtue d'une veste épaisse aux couleurs de l'hôpital. « - Ma voiture est en face ! »

En moins de temps qu'il n'en faut pour le dire, la voiture avala le béton. Frank enclencha le gyrophare pour gagner du temps et se frayer une place dans la circulation. « -Tu devrais prévenir…ton mari que tu vas rentrer tard. La phase de négociation n'a pas encore commencé, ça risque de prendre du temps. » Cinq minutes plus tard, le véhicule de l'inspecteur s'engouffra dans une ruelle. Les pompiers étaient déjà là ainsi que d'autres véhicules de police. Frank fut le premier à sortir « -Je veux un gilet pour le toubib ! Tu t'équipes Rachel et pas de, mais ! » Puis il retrouva son collègue qui lui fit un topo. « -Ok je vois ! Je vais lui parler qu'on me connecte sur la ligne téléphonique. Ah oui, je vous présente le toubib, elle nous sera très utile et nous fera gagner du temps au cas où. » Sans attendre, Frank rejoignit les policiers qui communiquaient avec le père de famille. Ainsi, l'inspecteur s'accapara le combiné. « -Bonjour monsieur Thompson. Je suis l'inspecteur Turner ! Non-non ne raccrochez pas. On doit parler. Oui, je l'ai vu. Elle est à l'hôpital » Il fit signe à un policier de lui tendre un papier et un crayon.

« Tout le monde est à l'étage inférieur. Pas de sniper trop dangereux ! »

« -Monsieur Thompson… » Plus crispé que jamais, Frank tâchait de ne rien laissait paraître et encore moins son dégoût vis-à-vis du père violent. Il posa dès lors son regard sur Rachel, puis se calma. « -Hey vous vous calmez. Votre petite est à l'hôpital. Allo !?.. » L'homme venait de raccrocher. « -Putain fils de pute ! » Furieux Frank rendit le combiné au policier. « - Ils sont tous en bas d'après ce que j'ai entendu. Il veut à tout prix savoir comment va sa fille. ! Hormis ça, vous avez un plan de la maison ? »

« -Il y a une porte à l'arrière, sur le côté. Elle est ouverte et donne sur le salon. »

« -Il faut qu'on fasse sortir au moins un otage. » Et alors que Frank et ses collègues étayaient un plan, un coup de feu se fit entendre. « -Putain ! » Sans réfléchir et attrapant un gilet au passage, Frank, arme en main, se précipita à l'intérieur de la maison au grand dam ses autres policiers. « -INSPECTEUR TURNER ! » hurla-t-il en entrant dans le salon. Il découvrit alors la mère de famille en pleurs. Elle tenait entre ses mains une 22 long riffle. Frank s'approcha aussitôt et la lui retira « -Tout va bien madame Thompson s'est terminé ! » Le corps du mari était au sol, noyé dans une mare de sang. Le flic déposa l'arme sur le côté et prit la mère dans ses bras tandis que la jeune adolescente quittait sa cachette.
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Rachel-Mary Parker-Davis
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() message posté Lun 29 Mai 2017 - 19:25 par Rachel-Mary Parker-Davis
Les retrouvailles sont des phénomènes si complexes qu'on ne devrait les effectuer qu'après un long apprentissage ou bien tout simplement les interdire.


L’impensable se produisit : Frank lâcha ce qui s’apparentait à un compliment, et Rachel, plus surprise que jamais, n’eut le temps de répondre si ce n’est d’afficher un petit sourire. Un sourire qui s’estompa bien vite lorsqu’elle comprit, quand il conjugua son verbe au passé, que sa maman de Frank était décédée. Cela lui fit de la peine de l’apprendre, elle l’avait connue quelques mois durant et l’avait trouvée adorable. Pauvre Frank, comme ce dut être dur pour lui. Rachel n’osait imaginer dans quel état elle serait le jour où elle perdrait sa mère ou son père. Déjà qu’être loin d’eux était un crève-cœur, alors les perdre !

Le détour qu’avait pris la conversation permit à l’américaine d’en apprendre beaucoup sur ce passé au lycée, l’envers du décor, le revers de la médaille qu’avait vécu son ami à l’époque. Elle était loin de s’imaginer tout ce que ses nouveaux amis faisaient endurer à Frank et elle culpabilisait désormais de n’avoir rien vu, de n’avoir rien pu faire pour l’aider. Mais plus encore, elle s’en voulait de n’avoir pas remarqué que le père de Frank le maltraitait. Elle n’eut pas le loisir de lui dire combien elle était désolée que le principal concerné coupa court à ce sujet qu’il préférait éluder. Il avoua que maintes fois il avait imaginé cette rencontre pour lui balancer ses quatre vérités au visage, et apparemment, tout ne se déroulait pas comme il l’avait imaginé. Rachel elle-même se rendait compte, avec le recul, qu’elle n’avait rien à voir avec les nouveaux amis qu’elle s’était faits au lycée, et pour preuve, elle n’avait plus gardé contact avec aucun après la remise de diplômes. Sans doute s’était-elle laissée porter par le succès et la popularité, parce que c’était facile. Elle ne sut que répondre à Frank, se contentant de regarder le sol.

Alors que l’inspecteur avait avoué être l’auteur de ce mot d’invitation pour le bal de première année, Rachel avoua avoir attendu tout l’été qu’il fasse le premier pas. A la rentrée, le pensant totalement non-intéressé par elle, comment pouvait-elle alors penser que ce mot était de lui ? Comment aurait-elle pu savoir que ce qu’elle ressentait à l’époque était réciproque ? Elle n’eut rien le temps d’ajouter sur le sujet puisque le portable de Frank les interrompit pour donner des nouvelles de la famille Thompson, des nouvelles bien peu réjouissantes puisque le père avait pris le reste de la famille en otage. Ni une ni deux, la chirurgienne ne laissa pas le choix à l’américain : elle viendrait. Il y avait une autre mineure, et ils auraient besoin d’un médecin sur place en cas de blessure. Evidemment, Frank protesta au début, mais Rachel savait se montrer convaincante. Elle le laissa déblatérer, hochant la tête. Si ça lui faisait plaisir de jouer les petits chefs. Elle n’avait pas le temps de toute façon. Elle avait récupéré le nécessaire, et les voilà à présent dans la voiture de l’inspecteur, en direction de l’habitation des Thompson. Silencieusement, Rachel suivit le conseil du flic et ralluma son portable pour envoyer un SMS à Maxwell afin de le prévenir qu’elle ne rentrerait probablement pas de la nuit. Encore une dispute en perspective avec ça, mais la vie de l’autre gamine était bien plus importante que ça. Elle rangea son téléphone dans la poche de sa blouse sous le manteau de l’hôpital, et mit sa ceinture.

Ils ne mirent pas longtemps à rejoindre le quartier, il y avait tout un attroupement déjà présent de flics et de pompiers. Bien, ils auraient de quoi transporter s’il y avait un blessé. En sortant, Frank donna des ordres et Rachel retira son blouson pour se retrouver équipée d’un gilet pare-balles.

-Je n’allais pas protester, rétorqua-t-elle.

Elle resta ensuite près de lui, écoutant ce que Frank disait. Il demanda à parler au père. Apparemment, ce dernier voulait des nouvelles de sa fille.

-Pourquoi tu ne me le passes pas ? Je peux lui dire exactement comment elle va, murmura-t-elle.

Mais c’était trop tard, il avait raccroché et Frank s’énervait. Et alors que les policiers mettaient en place un plan d’action, une détonation retentit, attirant tous les regards sur la maison. Frank se précipita et Rachel à sa suite avec le sac contenant le nécessaire pour les premiers soins. A l’intérieur, la chirurgienne regarda partout, espérant ne pas trouver de corps d’enfant. Mais c’est Mme Thompson qu’ils trouvèrent, tremblante, sanglotante, une arme encore fumante à la main. L’inspecteur Turner s’affaira à rassurer l’épouse et surtout à la désarmer, tandis que Rachel se précipita sur le corps du mari indigne qui baignait dans son sang. Agenouillée près de lui, elle tâchait de boucher le trou de l’impact dont s’échappait énormément de sang.

-C’est l’artère pulmonaire qui doit être touchée… Il risque de se noyer dans son sang !

Mr Thompson, les yeux exorbités par la douleur, peinait en effet à respirer.

-Calmez-vous, Mr Thompson, essayez de respirer calmement, d’accord ? Je vais vous aider.

Elle leva la tête vers Frank.

-Viens m’aider s’il te plait, je dois voir si la balle est ressortie. Chaque seconde compte.

Elle libéra d’une de ses mains pour ouvrir le sac et attraper un masque à oxygène qu’elle plaça sur le visage de la victime. Pendant ce temps, les collègues de Frank entrèrent dans la maison. C’est alors que Thompson arrêta de respirer.

-Merde, son cœur va lâcher ! Faites sortir sa femme.

Rachel entreprit alors de faire un massage cardiaque, obligée de lâcher la plaie.

-Appuie sur la plaie, il perd tout son sang.

Elle se doutait que pour Frank, ce serait difficile de l’aider à sauver cette pourriture, mais Rachel était médecin et son devoir était de sauver des vies, toutes les vies, même celles des enfoirés. La justice s’occuperait du reste. La chirurgienne appuyait de toutes ses forces sur la cage thoracique de Thompson pour faire repartir son cœur. Quand enfin il se remit à respirer, elle entreprit rapidement de trouver dans le sac le bon produit à lui injecter pour essayer de limiter l’hémorragie.

-OK, il faut sortir la balle.

Elle attrapa une paire de gants qu’elle enfila après avoir essuyé grossièrement ses mains ensanglantées sur sa blouse, puis attrapa une boite d’instruments stériles et un champ qu’elle déposa sur le thorax de l’homme toujours à terre. Elle se saisit également d’une paire de lunettes-loupes avec des lampes latérales qu’elle alluma, puis sortit de la boite à instruments une longue pince qu’elle posa sur le champ stérile avant de sortir une seringue d’anesthésiant local.

-Parfait, j’y vais. Tiens-le s’il te plait, on ne sait jamais.

Elle piqua pour endormir la zone, se saisit d’un scalpel pour ouvrir un peu plus le trou pour ensuite plonger la pince dans la plaie essayant d’attraper la balle. Les quelques secondes qui s’écoulèrent lui parurent durer une éternité, la vie de cet homme était entre ses mains, et cela faisait bien longtemps qu’elle n’avait pas eu à opérer un adulte.

-Je l’ai !

D’un geste précis, elle ressortit la balle. Elle entreprit ensuite de suturer.

-Il faut qu’il tienne jusqu’à l’hôpital… marmonna-t-elle tout en recousant.

Heureusement, les pompiers entrèrent enfin avec un brancard alors qu’elle achevait la suture. Ils entreprirent donc de placer la victime sur la civière. Rachel les laissa faire, soufflant un bon coup. A présent, c’était à eux de le prendre en charge. Elle se releva et rangea les instruments dans le sac avant de retirer ses gants et remarqua les regards des collègues de Frank braqués sur elle.

-Quoi ? demanda-t-elle innocemment.


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() message posté Lun 29 Mai 2017 - 22:19 par Frank Turner
Les retrouvailles sont des phénomènes si complexes qu'on ne devrait les effectuer qu'après un long apprentissage ou bien tout simplement les interdire.


Le passé, encore et toujours ce foutu passé dans les pattes. À croire que plus on cherche à l'éviter et plus il vous revient en pleine gueule sans crier gare. Tel le boomerang de la vie qui achève un cycle et revient au point de départ. Frank qui espérait encore jouer les durs, c'était ravisé et en était à avouer qu'il était l'auteur du fameux mot.

Flashback
Le jeune homme avançait d'une démarche incertaine. Il avait cogité toute la matinée avant d'oser enfin prendre un bout de papier pour y coucher quelques mots à l'encre noire. Il se voulait original en composant une ode, mais se ravisa très rapidement de peur de passer pour un imbécile, mais imbécile, il l'était. Malgré la distance physique et morale qui le séparait de celle pour qui le mot était adressé, le jeune Frank espérait encore pourvoir, la retrouver et lui dire enfin à quel point elle lui plaisait, et ce, depuis leur première rencontre. Aujourd'hui, pourvu d'un courage dont il ne soupçonnait pas l'existence, il s'attela donc à préparer son papier tandis que la prof de maths énonçait des formules auxquelles peu de personnes prêtaient attention. Frank lui n'avait d'yeux que pour Rachel qui se trouvait à l'avant et qui conversait avec les filles de sa cour. Dieu qu'elle était belle avec ses cheveux foncés et les quelques boucles qu'elle peinait à lisser. Le sourire aux lèvres, sous le regard de ces idiots de sportifs, Frank commença à écrire « Je ne vois que toi et c'est avec toi et toi seule que je veux aller au bal… Je viendrais à toi au moment venu. Signé, ton admirateur secret » Satisfait, il plia le papier en quatre et attendit la sonnerie pour foncer jusqu'au casier de Rachel. Cette dernière ayant l'habitude de traîner dans les couloirs avant de rejoindre la rangée de casiers. Une fois l'action accomplie, il s'éloigna le sourire aux lèvres tandis que ce gros naze de Jason attendait de savoir de quoi il était question pour s'attirer tout le mérite.

Le Frank adulte toujours aussi amer, ne préféra pas s'éterniser sur le passé et plus particulièrement sur cette période éprouvante. A présent, il fallait aller de l'avant et pour cause, la vie d'une jeunesse demoiselle et de sa mère était en danger. Prit au dépourvu et contraint d'accepter la présence de Rachel, Frank la conduisit jusqu'à sa voiture et ensemble, ils regagnèrent les lieux. Les voisins ameutés par la présence des policiers et des nombreux gyrophares, quittèrent leur domicile pour se repaître du spectacle qui leur était offert. Frank sortit sa plaque et passa les barrages filtrant suivit de près par Rachel qui venait d'enfiler son gilet pare-balles. La situation était tendue, tellement que les autres policiers présents peinaient à établir un plan d'attaque à l'inverse de Frank qui fonça dans le tas après avoir entendu un premier coup de feu. Bien sûr, il enfila un gilet à la volée, il était une tête brûlée, mais pas inconscient. Arrivé sur les lieux « du crime » l'inspecteur découvrit que la victime présumée était devenue la coupable avérée. Frank la délesta aussitôt de son arme tandis que Rachel se précipitait sur le corps du père pour donner les premiers soins.

« - Ce n'est pas plus mal non ? » lança Frank en lançant un regard noir au bourreau qui peinait à respirer. l'Américain qui tenait encore la mère entre ses bras, revivait une scène qu'il avait tant de fois vécues de par son travail, mais aussi de par son père lors des soirs de grandes corrections. Crispé, il l'était, car incapable de fuir son passé et de combattre la violence qui en découlait en repensant à son père et au mal qu'il leur avait fait à lui et à sa mère. Cependant, Rachel le sortit de sa torpeur pour solliciter son aide, car elle ne pouvait gérer l'hémorragie et l'extraction de la balle. « Qu'il crève ! » pensa le flic qui hésita l'espace d'un instant. « -Merde ! » lança-t-il contraint de jouer les bons samaritains avec la pire des enflures. L'inspecteur retira aussitôt sa veste et releva ses manches laissant entrevoir son tatouage de lion. « -OK ! Je fais quoi ? » Il venait de rejoindre son amie au sol et attendait les instructions qui ne tardèrent pas à arriver. Rachel déposa un masque à oxygène sur le visage de la victime qui ne put résister plus longtemps. En effet, son cœur cessa de battre, sous le regard de l'épouse qui commençait à gigoter dans tous les sens en les suppliants de le laisser crever. « -Hey les bleus ! Bougez-vous-le coco et faites sortir la femme ! » lança l'Américain à l'encontre de deux collègues. « -ALLER MERDE ! » Ils s'activèrent aussitôt et prirent en charge la mère et la fille. Rachel commença le massage cardiaque tout en demandant à son collègue d'un jour d'appuyer sur la plaie pour réfréner l'hémorragie. Sans réfléchir et malgré sa première objection à l'égard du père violent, le flic s'exécuta et écouta avec attention les paroles de la jeune femme. « -Ok j'appuie sur la plaie. J'espère que ce fils de pute va survivre. Il doit être condamné et je serais en première ligne pour savourer. »

Rachel, d'un calme olympien malgré la situation, parvint à extraire la balle sous le regard médusé de Frank plus impressionné que jamais. Et il faut avouer qu'avec ses instruments et sa maitrise de la situation, la tornade brune ne laissait pas notre flic indifférent. D'ailleurs, ce dernier secoua la tête pour dissiper ces pensées et continua à tenir Mr Thompson pour que le médecin puisse achever son œuvre. Une fois la balle extraite, Rachel se pencha donc sur les sutures, priant pour que le patient tienne jusqu'à l'hôpital. « -Je sais que ton boulot consiste à sauver des vies, mais moi perso s'il passe l'arme à gauche avant l'arrivée à l'hosto, ça ne me fera ni chaud ni froid. » L'Américain se releva et récupéra sa veste tandis que les pompiers avec leur brancard, prenaient le relais. L'Américaine retira ses gants bleus et rangea tout son matériel sous le regard des flics « -Vous voulez notre photo ? ! Vous n'avez pas mieux à faire que de vous tourner les pouces ? » Puis il se tourna vers son ancienne amie « -Ils n'ont pas l'habitude de voir un médecin au physique aussi agréable. Bon aller, on en a assez fait ! T'as faim ? Je te paye un burger, allé ! Je connais un resto à la mode américaine. Ils font de bons burgers et ils sont ouverts jusqu'à 1h. De toute façon, tu n'as pas le choix. » Il souleva la bannière jaune et la laissa passer avant de la suivre jusqu'à la voiture.

Le trajet fut un peu plus long cette fois, suffisamment pour que le silence devienne vite pesant. « -Je l'aurai laissé crevé moi ! Il ne méritait que ça, mais bon qui suis-je pour décider qui doit vivre et qui doit mourir ?! Mais je n'arrive pas à comprendre même après dix ans à l'unité spéciale. Comment peut-on faire ça à des enfants, à ses enfants ? On est censé les aimer, les protéger, c'est notre job de parent ! Jamais au grand jamais, je ne pourrais faire du mal à Bowie, c'est impensable… »
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() message posté Mar 30 Mai 2017 - 0:04 par Rachel-Mary Parker-Davis
Les retrouvailles sont des phénomènes si complexes qu'on ne devrait les effectuer qu'après un long apprentissage ou bien tout simplement les interdire.

La situation était critique pour le père de famille ignoble qu’était Mr Thompson, mais de par son métier, Rachel ne pouvait se résoudre à le laisser mourir sans rien tenter pour le sauver. La remarque de Frank lui tira un froncement de sourcils, mais elle ne daigna pas le regarder, trop occupée à limiter le jaillissement du sang hors de son corps. Finalement, l’inspecteur accepta de venir lui prêter main forte, non sans bougonner. Au moins, il l’aidait, même si c’était à contrecoeur. Elle dispensa les soins, aidée donc de Frank qui obéissait à ses demandes, l’aidant même à ordonner qu’on fasse sortir la famille du blessé qui était sur le point de passer l’arme à gauche. Mais c’était sans compter sur l’américaine qui, déterminée, ne lâcha rien jusqu’à ce que le cœur et la respiration repartent, pour ensuite extraire le plus vite possible la balle qui abîmait les tissus et causaient l’hémorragie. Elle sutura ensuite la plaie en silence. Ce ne serait que provisoire et ses collègues des urgences prendraient le relai pour checker l’intérieur et refaire tout cela en mieux, mais là, il fallait parer au plus pressé.

-Ne dis pas ça, Frank. Ça reste une vie humaine, la vie n’a pas de prix. Ce n’est pas à nous de juger qui doit vivre ou mourir, lâcha-t-elle en coupant le fil après avoir faire son dernier point de suture.

La besogne achevée, les pompiers emmenèrent le blessé tandis que la chirurgienne rangeait son matériel avant de remarquer les regards éberlués des collègues de Frank, qui ne se priva pas pour les envoyer balader, ce qui la fit sourire.

-Oh je t’en prie… répondit-elle à son compliment en secouant.

Elle n’était pas au bout de ses surprises avec Frank, puisque ce dernier, se réinventant une sociabilité, décida de l’inviter à se restaurer. La brunette écarquilla les yeux, mais il était vrai qu’elle n’avait rien avalé depuis bien trop longtemps.

-Bon eh bien si je n’ai pas le choix, je te suis. Merci, c’est super gentil.

Elle lui emboita le pas jusqu’à sa voiture et le laissa les conduire dans ce fameux resto qui faisait des repas à l’américaine, écoutant Frank ressasser sa rancœur après ce type qu’ils venaient de sauver, peut-être seulement temporairement.

-En tant que médecin, je n’ai pas le droit de laisser crever qui que ce soit sans rien essayer. Et dis-toi que s’il crève en arrivant à l’hôpital, au moins, ses organes pourront servir à quelqu’un. Il y a toujours un bon côté à sauver des connards.

Il marquait un point, jamais elle ne comprendrait qu’on puisse battre un enfant, c’était totalement insensé. Être confrontée à ce genre de cas la rendait folle de rage.

-Je sais, c’est in humain, c’est… Non attends, tu as vraiment appelé ton fils Bowie ? Tu l’as fait ?! demanda-t-elle, ne pouvant s’empêcher de sourire, repensant à cette fameuse journée d’été qu’ils avaient passée à écouter les plus célèbres morceaux de David Bowie.

Elle pouvait encore revoir ce Franck adolescent qui, fièrement, changeant de CD, annonça que David Bowie était le plus grand de tous et que s’il avait un fils, il l’appellerait Bowie.

-Tu n’y penses pas ! avait rétorqué la jeune Rachel, partagée entre l’indignation et le fou-rire.

Mais visiblement, il l’avait fait.

-C’est donc Bowie que s’appelle l’adorable bout de chou sur ton fond d’écran. Désolée, je l’ai vu sans faire exprès tout à l’heure sur le toit, je ne voulais pas être indiscrète, précisa-t-elle pour s’éviter des reproches.

Ils finirent par arriver au fameux restaurant, que Rachel ne connaissait pas, et il était vrai que rien que les néons n’étaient pas sans rappeler les traditionnels dinner américains, ce qui fit sourire la chirurgienne.

-Hum, du bon gras de chez nous, ça me manque. Ça fait seulement deux mois que je suis à Londres, et je suis déjà en manque de la malbouffe de chez nous, ironisa-t-elle.

On avait beau dire de la nourriture américaine, celle des anglais était pire que tout, et Rachel arrivait déjà à saturation. Ils n’étaient pourtant pas si loin de la France, ces foutus rosbifs, alors pourquoi n’étaient-ils pas fichus de faire des repas corrects ? Ils entrèrent et prirent place. Il n’y avait pas grand monde, évidemment à cette heure tardive. Une serveuse en robe à carreaux et rollers vint leur apporter une carte avant de les laisser faire leur choix. Rachel parcourut la carte rapidement du regard. Depuis que Frank avait évoqué le fait de manger, sa faim s’était réveillée.

-Je prendrai le burger végétarien, avec des frites et supplément cornichons. Et un soda.

Elle laissa ensuite Frank annoncer son choix, et la serveuse s’éclipsa. Rachel sourit à son compatriote en croisant les jambes.

-Alors, quel âge a Bowie ? Six ou sept ans non ? Il a l’air tellement mignon.

Autant parler de choses positives à présent. Rachel était contente que Frank ait réussi sa vie malgré ce départ difficile à l’adolescence. Enfin, elle était persuadée qu’il était heureux, il avait un enfant qui semblait adorable, sans doute une épouse qui l’était tout autant. Elle était loin de se douter qu’il était en réalité divorcé.

-Euh… peut-être que tu devrais prévenir ta femme aussi que tu vas rentrer tard, non ? Qu’elle ne s’inquiète pas.

Rachel se mettait à la place de cette hypothétique épouse, elle serait sans doute très inquiète pour Frank avec le métier qu’il faisait. Elle en avait eu la preuve ce soir, cela pouvait s’avérer être très dangereux.


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() message posté Mar 30 Mai 2017 - 21:58 par Frank Turner
Les retrouvailles sont des phénomènes si complexes qu'on ne devrait les effectuer qu'après un long apprentissage ou bien tout simplement les interdire.

Le salaud, qui avait certainement commis bon nombre d'exaction, vivait encore et ce grâce à Rachel qui tout comme Frank, avait fait son travail. De ce fait, il aurait été déplacé de sa part de lui en vouloir. Il se contenta donc d'une réplique quelque peu acerbe à l'encontre de la « victime » évacuée en urgence par les secours. Puis notre flic ronchon remarqua les regards un peu trop insistants des collègues sur la nouvelle arrivante. Un constat qui ne manqua pas de mettre en exergue en aboyant sur la horde de policiers en chaleur. Et pour le coup, il ne rendit même pas compte qu'il venait de servir, sur un plateau, un délicieux compliment à la jolie brune. Et effectivement, le moins que l'on puisse dire, c'est que le physique de Rachel était « fort » agréable, du genre bombe atomique qui ravage tout sur son passage. Une pensée que notre bel Américain garda pour lui. Pour l'heure, nos deux héros du jour, quittèrent les lieux. Le périmètre étant bouclé et les collègues ayant la situation en main, l'inspecteur pouvait « enfin » se permettre une pause. Il « proposa » donc à la jeune femme d'aller manger un morceau se redécouvrant ainsi une sociabilité.

« -Je te laisse le choix hein ! Je n'impose rien, j'ai juste vraiment la dalle. » Un premier sourire naquit alors sur le visage de l'Américain qui rejoignit sa voiture tout en enfilant sa veste. Le trajet un peu plus conséquent permit aux deux amis de parler un peu et sans grande surprise, pour Frank cela commença par une grief dont lui seul avait le secret. « - Mais en tant que flic, je peux avoir ce genre de pensée… » Il se tue quelques secondes, se rendant après coup de la teneur et de la force de ses propos « -Je suis en colère, je dis de la merde !! Ça me passera… » Il mit son clignotant et s'engagea dans le rond-point avant de prendre la deuxième sortie tout en évoquant son fils pour la toute première fois. « -Comment ça je l'ai fait ?! AH le prénom !? » Le sourire lui revint aussitôt en se remémorant la promesse faite des décennies auparavant, allongé dans l'herbe avec Rachel et quelques tubes du grand de l'inimitable David Bowie, l'idole de notre flic. « -Je t'avais dit que si j'avais un fils, je l'appellerais Bowie et je l'ai fait effectivement. J'ai hésité avec Ziggy aussi, mais c'est Bowie qui l'a emporté. Bon par contre, c'est son deuxième prénom. On l'a appelé Samuel, mais je préfère Bowie cela va de soi. Et oui, on ne peut rien te cacher, c'est le petit bout sur mon fond d'écran. »

Il s'engagea sur la voie rapide, arborant une vitesse normale. Ils n'étaient plus qu'à une dizaine de minutes et la conversation continuait à rythmer le trajet. Plus aucune animosité ne semblait altérer la discussion. Frank moins sur la réserve, était à l'écoute, il souriait même de temps à autre. Puis enfin la voiture se gara devant un dîner reconnaissable avec ses néons, ses banquettes en cuir rouges et les serveurs montaient sur des rollers. « - Yep toute notre gastronomie. » Il ouvrit la porte et la laissa entrer la première. « - Deux mois ?! C'est tout récent. Laisse une chance à Londres et tu verras que ça n'est pas si mal ! » Habitué des lieux, l'inspecteur Turner alla se placer sur une banquette près de la vitrine. Une serveuse en roller vint aussitôt à leur rencontre et salua Frank qu'elle connaissait bien depuis le temps. Galant, le rustre laissa Rachel passer commande la première. Pour lui, le choix était rapide.

« -Je vais prendre un American Burger, des frites et une bière s'il te plaît ! » La serveuse acheva de prendre la commande et s'éloigna aussitôt laissant les deux amis seuls à nouveau. Rachel en profita pour relancer la conversation autour du petit Bowie, la fierté du flic. « - Il est né le 6 octobre 2009. Ca lui fais sept ans !. C'est une vraie pile électrique. Curieux de tout et jamais à court de question. » Le sourire de Frank en disait long sur son ressentit et le regard illuminé laissait paraître un amour sans faille pour ce petit bonhomme. Mais le sourire cessa de paraître lorsque Rachel évoqua « l'épouse » de Frank « -Je n'ai plus personne à prévenir. Comme tu l'auras remarqué, je ne porte aucune alliance. On a divorcé il y a trois ans. » Par chance, les burgers arrivèrent sans trainer, une arrivée salué par un petit sourire à la serveuse qui s'éloigna après avoir déposé le plat et les boissons. « -Et toi tu l'es encore à ce que je vois ! C'est bien. Tu as des enfants, je suppose ? La belle vie qui va avec ? »
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