Mes repères change, patience - Enzo Lempicka

Avant de devenir aveugle j’étais quelqu’un d’absolument pas aussi curieux, enfin j’observais beaucoup ce qui se passer autour de moi, du coup je posais très peu de questions, de toute façon je suis de base assez timide. Mais quand je me suis réveillé aveugle, il a bien fallu que je m’adapte à cette nouvelle vie, aux nouvelles contraintes que la vie m’imposer… Au début de rester dans l’ignorance, n’osant pas poser de question à cause de ma timidité et de cette nouvelle cessait très compliquer à vivre et presque honteuse pour moi… Mais avec le temps et grâce à ma famille j’ai appris à vivre avec et donc à poser les questions pour pouvoir mieux appréhender ce qui se passé autour de moi. Bah oui cela peut paraitre très con, mais si je ne demande pas quel temps fait-il est bien ce n’est pas évident de s’habiller correctement… Quand il pleut, je l’entends, mais s’il fait pas très chaud ce n’est pas évident. Maintenant j’ai appris à être attentif aux zones de chaleur et j’ai plus trop besoin de quelqu’un. Enfin tout ça pour dire qu’il y a beaucoup de chose pour laquelle je suis obligé de poser des questions même si cela me plait pas et si cela et pas toujours bien vu… Ce qui a l’air d’être le cas avec ma dernière question, mais il y répond donc ça va.

« D’accord.  »

Je serais bien parti sur d’autres questions, mais j’ai réellement peur qu’il finisse par mal le prendre …. Il ne connaît pas mon handicap, et il va devoir apprendre à gérer mon flot de questions, à comprendre leurs utilités, mais moi je dois aller doucement avec lui aussi… Je ris alors quand il me dit que Arko à l’aire inoffensif, c’est vrai que les chiens guides sont la avant tout pour nous aider, mais justement ils sont là aussi pour nous défendre en cas de problème, mais je vais éviter de lui faire peur.

« Il l’est, mais ce sont mes yeux, donc il sait réagir aussi en cas de problème.  »

Il ne faut pas être voyant pour remarquer que les infos reçues surprennent mon interlocuteur. Apparemment c’est clairement un sportif amateur. En temps de compétition un sportif n’a pas réellement le temps de souffler… Mais s’il progresse bien qui c’est peut-être que je pourrais lui accorder un jour de repos par semaine, cela dépendra réellement de comment les entrainements se passe.

« Normalement non, une compétition, ça se prépare comme ça… Surtout qu’on doit apprendre à travailler ensemble, courir ensemble… Et c’est réellement pas évident, j’ai mis du temps courir correctement avec mon guide qui était expérimenté… Mais si on progresse bien, on pourra voir pour te laisser un jour de repos.  »

Cela m’amuse un peu de savoir qu’un entrainement par jours de une à deux heures environ fait peur à ce type… Alors qu’il est plutôt sportif. Et puis ce n’est c’est pas comme si je le réquisitionner toute la journée… Il aura toute sa journée de libre soit le matin ou le soir. Je lui donne donc mon numéro à l’oral, parfois c’est assez compliqué d’apprendre des trucs, mais j’ai une très bonne mémoire donc ça aide. Je hoche la tête, et attends sont appelle. Mon application me dictera le numéro et me demandera ce que je veux en faire. Je me dis alors que je vais peut-être passer outre d’autre détail technique pour le moment et passé au truc le plus important …. Savoir si on peut-être réellement compatible… Il doit pouvoir faire un peu près 400m en un peu moins d'une minute. Si c’est moins, il devrait apprendre à courir un peu moins vite et si c’est plus il va devoir s’entrainer pour courir au même rythme aussi…

Mon interlocuteur me fait plutôt rire, sa peur n’est pas quelque chose de drôle non, mais c’est plutôt sa réaction face à Arko, le fait qu’il soit un chien guide et donc pour lui qu’il soit juste un chien-chien à son maitre. Et du coup c’est assez drôle de le savoir surpris que Arko puisse réagir en cas de problème alors que pour moi cela me semble tout à logique, il est la pour m’aider dans les choses que je ne peux pas faire ou avec difficulté, et me défendre fait partie de cette problématique. Enfin, cette problématique réglée, nous nous concentrons sur notre objectif et je comprends bien vite qu’Enzo n’était pas du tout préparé à ce genre d’engagement. Et cela me fait clairement flipper… Et d’autant plus qu’il ose me parler de ses projets, ce qui est tout à fait légitime en soi… Mais savoir que je vais passer un temps monstre à lui apprendre tout un tas de choses, qu’on va devoir apprendre à courir ensemble… Et que cela risque de ne pas durer longtemps c’est assez compliqué à encaisser. Mais c’est soit, je prends le risque d’abandonné maintenant et de voir mon rêve s’envoler pour un bon moment, car trouver un autre guide ça va être compliqué ou repousse la problématique de quand il sera plus là et bien quand il sera plus là… Comme il le dit lui-même, la vie peut réserver des surprises.

« C’est sur que faire tout cela seulement pour un an, c’est un investissement lourd pour peu de temps… Mais j’ai réellement de participé cette année au championnat, je ne sais clairement pas combien de temps je vais pouvoir espéré encore courir à mon niveau, alors je ne veux pas passé à côté de cela. Et puis si c’est un an, ce sera un an… J’espère juste que tu me préviendras suffisamment à l’avance et puis qui c’est qu’une fois ailleurs tu puisses poursuivre cette activité avec un autre malvoyant.  »

Et oui il faut tout voir… Si je peux lui donner l’expérience et le gout d’être guide, c’est parfait ! Bon après ce petit moment ou on fait des plans sur la commette il serait peut-être tant de déjà savoir si on n’est compatible !

« Enfin bon on va déjà voir si on peut espérer être compatible. Ma course de prédilection est le 400 m et je le cours en moins d’une minute. J’ai besoin que tu les coures pour savoir combien de temps tu mets et quel type de foulée tu as. Tu te changes, t’échauffes et on y va ?  »