"Embrasser le garçon sur la bouche et puis se mouiller." (ft. Nolan)

"Embrasser le garçon sur la bouche et puis se mouiller."

Nous pouvons penser que nous, anglais, passons notre temps à aller voir des matchs de Soccer ou de Cricket mais il s'avère que parfois nous aimons casser nos habitudes pour nous diriger vers un sport un peu plus en relation avec ces Yankees de malheur: le Basketball. Pour être tout à fait honnête, je n'y connais pas grand chose à ce jeu et j'ai pris les places pour le match à venir par simple curiosité histoire d'élargir mon horizon et gagner un minimum de culture si je puis dire cela ainsi. J'ai tendance à voir les parties de ce sport à l'Américaine avec cette musique entraînante qu'on entend à fond dans le stade pour nous occuper, des commentateurs en délire et dingues de leur métier où nous avons l'impression qu'ils vivent la chose à cent pour-cent et des mascottes ou des cheerleaders un peu étrange pour représenter leur équipe. J'ai bien peur de me faire une fausse idée de la chose, peut-être est-ce le cas mais je pars à cet événement sans aucune illusion en tête pour ne pas être déçu.

Vendredi 30 décembre 2016. Deux équipes anglaises s'affrontent dans cette fameuse enceinte sportive de Copper Box, édifice construit pour les Jeux Olympiques de 2012. Oui. J'aime savoir où je vais, et de quoi il est question. Mon côté curieux. Comme quoi il n'y a pas que du mauvais à l'être! Je disais donc, deux équipes de notre pays monarchique: les London Lions et les Sheffield Sharks. Qui des Lions et des Requins gagneront? Je ne saurais le dire mais ma fierté londonienne ressortant, je ne peux que me placer du côté de ma ville. C'est donc ainsi, pop corn en main, tenue décontractée pouvant convenir à une telle ambiance, que j'attends patiemment et laisse égarer mon regard dans la salle pour me rappeler de chaque élément quelle contient. Ce genre de détails pouvant peut-être un jour me servir si je décide de montrer cela dans l'un de mes films. Se servir de ses propres expériences, il n'y a rien de mieux. Surtout que ça montre que vous savez de quoi vous parlez. Dès que vous vous aventurez sur un sujet que vous ne connaissez guère, cela se remarque automatiquement et vous paraissez tâche. Pour le cas du basketball, je n'ai pas peur de le dire. Je n'y connais rien et ne comprends rien pour le moment. Je sais juste que ce sont des personnes pour ainsi dire de grandes tailles comme nous avons l'habitude de l'entendre, vêtus de maillots trop grands et de shorts trop larges qui s'éclatent à faire passer un ballon dans un panier. Mais quelle culture ma parole!

Le match débute, je continue à grignoter en observant les gens autour de moi s'exprimer à leur manière avant de poser mes yeux sur le terrain. Pourquoi sommes-nous en jaune? C'est bien de Londres que nous parlons, ça aurait été plus logique que la couleur soit rouge! Mais je ne vais pas m'amuser à relooker chaque tenue. Après si on continue sur le sujet, le bleu des requins et ce jaune poussin, ça donne un certain charme à les voir se mélanger entre eux avec ce ballon orange entre les mains. Pour être tout à fait honnête, ces couleurs me font penser au logo de Burger King, c'est pour vous dire à quel point je commence à avoir faim. J'ai beau remuer ma main dans ce grand carton, je crois bien qu'il est fini complètement. Tant pis. Je le pose au sol et regarde l'homme à côté de moi, levant un de mes bras vers lui. "Excusez-moi, puis-je vous prendre un peu d'eau s'il vous plait ou peu importe votre boisson s'il vous plait? Je commence un peu à me dessécher et ce serait dommage d'avoir sur la conscience un mort tout ça car on ne lui a pas rendu service." lui dis-je un peu gênant, réalisant à la fin de ma phrase que je suis peut-être parti un peu trop loin dans mes propos. "Sinon... Vous aimez le match, ça va? Ca se présente bien pour nous n'est-ce pas? Quels sont vos pronostiques pour la fin de ce dernier, les résultats tout ça, tout ça?" continuais-je pour essayer de me rattraper mais ayant pris la voix d'un journaliste sportif sans réellement savoir pourquoi. Dean ou l'art d'essayer de rattraper un coup en s'enfonçant encore plus. Du grand art. Du génie devrais-je même dire!

"Embrasser le garçon sur la bouche et puis se mouiller."

Suis-je bête! Plus fort que de l'eau, oui en effet, c'est de la bière. Ca fera l'affaire je pense, je suis déshydraté, même de la liqueur ou de l'eau de vie me conviendrait bien que ça me donnerait encore plus soif mais qu'est-ce qui est le mieux? Une boisson qui n'abrège pas ma soif ou une autre qui me donne envie d'aller aux toilettes toutes les demi-heures? La question ne devrait même pas se poser. Je le remercie gentiment pour ce geste et repose la canette d'où elle vient. Je ne vais pas tout lui finir non plus, c'était juste l'histoire de quelques gorgées.

Je l'écoute me répondre, me sentant un peu idiot d'avoir commencé ce sujet vu que je n'y connais rien mais je lui souris amicalement, écoutant surtout son accent. Il n'était clairement pas d'ici pour rouler les "r" autant, ce qui me fait sourire. "Je pense que les Lions ont des chances de gagner, je suis tout aussi confiant que... que toi," lui répondis-je un peu perturbé de la situation sans réellement savoir pourquoi. "Si mes souvenirs sont bons, c'est la première fois que j'assiste réellement à un match sans y jouer. Les sports de l'école. Je voulais voir comment ça se passe en vrai et non pas à travers ces matches futiles où des grands joueurs de basketball pourraient se moquer de nous et toi?" enchaînais-je avant de reporter mon regard sur le terrain. C'est bien l'une des seules fois où je regrette d'avoir ouvert la bouche. Qu'ai-je fait encore? On va se parler sur deux ou trois phrases et ensuite se taire comme des inconnus, des inconnus, c'est bien ce que nous sommes.

Le match continue de plus bel, entendant parfois les gens râler dans notre camp alors que l'autre se réjouit des points gagner pour leur équipe, les commentateurs toujours aussi déchaînés. J'ai actuellement l'impression d'avoir le regard dans le vide, tel un zombi et c'est à mon plus grand bonheur que la mi-temps arrive rapidement bien que je n'ai pas vraiment envie de bouger. Aucun besoin urgent, ni quoique ce soit. Je regarde l'écran qui fait son show à montrer des gens pour la Kiss cam, ce qui me fait plutôt sourire, voyant les réactions des gens qui se voient et qui s'embrassent comme si c'était un baiser passionnel lors d'un rendez-vous romantique mais la chose me fait de moins en moins rire lorsque j'aperçois que la caméra se dirige dans notre sens. Je tourne légèrement la tête vers l'homme qui m'a passé sa boisson alcoolisée en lui adressant un sourire gêné, détournant le regard tout autour de moi en entendant la foule qui nous encourage à nous embrasser. "Nous ne sommes pas ens... Non, non c'est hors de ques... Non vraiment, je regrette," essayais-je de dire pour dissuader les personnes nous encourageant pour cet acte. Ce n'est pas le fait que ce soit un homme qui me dérange, ce serait même un comble d'autant plus que ce dernier est plutôt mignon mais la seule personne qui a le droit de toucher à ces lèvres c'est Maho. Je pense qu'il en rigolerait si je devais lui raconter ce qui s'est passé durant ce match mais je ne préfère pas risquer le diable. Je passe une main sur mon visage, tout en baissant la tête et en me laissant glisser le long de mon siège comme pour éviter les regards mais j'aperçois toujours que l'image est restée fixée sur nous, comme s'ils avaient décidé de ne pas nous lâcher. "Qu'est-ce qu'on fait?" demandais-je à la deuxième victime de ce canular.

"Embrasser le garçon sur la bouche et puis se mouiller."

Un silence se fait sentir. Parler à un total inconnu, que voulez-vous dire? "Comment va la famille frère? Tes parents ça va? Tes grands-parents, ils survivent comme ils peuvent?" Non! C'est complètement impossible même en étant un grand bavard habituellement. Je viens de plonger sur un terrain glissant alors que j'ai tendance à parler de sujet que je connais. Malheureusement, là, je ne peux pas vraiment mais je dois assumer ou me taire, décision que oui, j'ai bel et bien choisie comme un lâche mais après tout, si on y réfléchit, il n'est pas là pour taper la causette, et moi non plus mais plutôt pour suivre un match en toute tranquillité sans qu'un idiot pose des questions débiles à côté.

Lui comme moi, savons que nous n'échapperons pas à notre destin qui est de sceller un tendre baiser devant des caméras tel une comédie romantique sortant tout droit du cinéma. Cet échange fut rapide mais charmant, je ne peux pas le cacher. Oui Maho je sais, il existe et tout mais bon, un peu de divertissement ça ne fait pas de mal parfois. Cher cerveau, je t'en prie, arrête d'avoir ces pensées qui ne mèneront à rien. Je regarde l'inconnu en baissant légèrement mon regard avant de le porter sur la caméra qui semblerait avoir changé de victimes. Je respire un grand coup pour donner l'air d'une personne confiante puis regarde à nouveau mon partenaire. "Tu embrasses très bien tu sais?" lui dis-je sur un ton un peu pervers avec l'expression faciale qui va avec avant de lâcher un léger rire effacer dans un souffle.

Que suis-je censé faire après ça? Faire comme s'il n'y avait rien entre nous? C'est bon, c'est fini. Il est lié à moi et je le présenterai à la terre entière s'il le faut! Du moins, dans une vie parallèle c'est ce que je ferais mais la dure réalité me frappe bien entendu de plein fouet, je ne peux pas la renier, non, jamais! Mais son baiser était si doux, ça me manque presque d'être embrassé comme ça. Je laisse échapper un soupir, avant de poser mon regard au sol et de me lever doucement pour quitter les gradins et partir à la buvette de quoi me ravitailler. Oui je loupe une partie du match, oh lala, quel drame! mais pas réellement en soit vu qu'il y a la retransmission sur une télé non loin. A chaque points marqué, je souris bien entendu, grignotant parfois des provisions fraîchement commandé. C'est comme si tout l'enthousiasme que j'éprouvais avait disparu à la seconde où nos lèvres se sont frôlées. Je ne me fais pas de film non, avec un métier comme le mien, je sais bien faire la différence entre la réalité et la fiction mais mon comportement alors que je suis avec mon américain, bien qu'il ne soit pas significatif en quoi que ce soit comme un jeu à boire, ça me fait tout de même quelque chose. Peut-être aurais-je la chance de le recroiser à la fin du match, de l'intercepter et de me présenter à lui, c'est tout de même la moindre des chose de savoir le prénom bien que je ne m'en rappellerai peut-être pas, où lui d'ailleurs.