"Fermeture" de London Calling
Après cinq années sur la toile, London Calling ferme ses portes. Toutes les infos par ici well you're left hand's free (boja) 2979874845 well you're left hand's free (boja) 1973890357
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Bodevan H. Andrews
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() message posté Lun 30 Juil 2018 - 19:57 par Bodevan H. Andrews




WELL YOU'RE LEFT HAND'S FREE

☁️
Honnêtement, j'avais cru que ce serait une bonne idée. De venir ici, de louer cette belle maison donnant sur la plage, m'éloigner de Londres. Mais je m'étais trompé, car ici, c'était pire encore. Tout ce à quoi je pensais, c'était ce qui me manquait. La dernière fois, nous étions trois. Dans nos bras, notre fille gazouillait et s'émerveillait d'un rien. Sa mère était belle, éclatante, heureuse. Et moi, j'avais été le père réfléchi et protecteur. Je revoyais parfaitement chaque détail de la photo prise sur ce bout de plage. Les cheveux au vent, mais le sourire prédominant. Elégants et épanouis. Je me souvenais de chaque détail, comme si j'avais passé des heures durant à la contempler. Pourtant, ce n'était jamais arrivé. Désormais, elle traînait dans un tiroir avec d'autres souvenirs révolus. La plage était silencieuse en cette fin d'après-midi. J'étais arrivé la veille, sur un coup de tête. Je ne m'étais pas encore senti prêt à rentrer. En temps normal, j'aurai sorti mon appareil pour tenter de capter les réfléxions de lumière sur l'eau turquoise. Mais aujourd'hui, je n'avais pas envie. J'avais troqué mon costard pour un simple short de bain. Assis les jambes repliées, j'observais mes orteils entrer puis sortir du sable. Je ne voulais plus contempler l'horizon. La dernière fois, je l'avais regardé avec espoir. Aujourd'hui, je n'en avais plus d'espoir. Je ne cessais de repenser à ce texto. Ca faisait toujours aussi mal. D'imaginer qu'elle ai pu en embrasser un autre. Qu'elle ai pu en fréquenter un autre. Eros avait toujours traîné autour d'elle, mais j'avais voulu croire que malgré tout, elle ne lui cèderait jamais. Je m'étais trompé. Il avait fallu que je disparaisse de sa vie pour qu'elle songe à en faire mon remplaçant. J'étais jaloux, blessé. Pleins de désillusions. Lentement, j'attrapais la bouteille de rhum qui se trouvait à côté de moi, et commençais à en boire. Ethan m'avait donné de mauvaises habitudes, des mauvaises habitudes que j'avais reproché à Rioja. Mais ce n'était que pour ce soir. Pour oublier un peu. Pour oublier que depuis trois semaines, j'évitais tous les messages et appeles de Rioja. Forcément, elle avait tenté de m'expliquer le message de son patron. Mais je ne la croyais pas. Je n'avais même pas prit la peine de répondre. J'évitais ses messages car j'en avais assez qu'elle me décoive. J'en avais assez de croire bêtement en un amour qui ne comptait pas autant pour elle. Je soupirais, abattu. Le programme de la soirée consistait à rester ici. A finir cette bouteille avant de vagabonder pour trouver de quoi manger. Puis j'irai me coucher. En espérant que le lendemain serait moins difficile. Du moins, ça aurait été mon programme si, une fois la nuit tombée, je n'avais pas entendu des pas derrière moi. Décontracté par mon ami la bouteille, je ne pris pas la peine de me retourner. Il aurait pu s'agir d'un bandit, je me serai laissé dépouillé et tué sans protestations. Mais non, ce n'était pas un bandit. Ce n'était que Rioja. Et je ne me rendis compte que lorsqu'elle vint s'assoir en silence à côté de moi. A l'autre bout du monde, elle était venue me chercher. Mais je n'arrivais pas à en éprouver du bonheur. Au contraire, j'avais peur. Car que je le veuille ou non, elle tenterait de s'excuser. Et je ne voulais pas en savoir plus. C'était suffisant. C'était déjà trop. Je ne tournais pas la tête vers elle. Je ne voulais pas la regarder. A la place, je bus une nouvelle et longue gorgée de rhum. Elle pouvait parler, critiquer, me reprocher de choisir la facilité comme elle l'avait déjà fait, je m'en foutais. J'avais tous les droits, après toutes ses conneries.


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() message posté Mar 31 Juil 2018 - 4:22 par Rioja Ibanez

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Dix-huit heures plus tard, l’avion atterrissait -enfin- à Bali, en Indonésie. Le simple fait d’avoir acheté un billet jusqu’ici avait suffi pour raviver des souvenirs profondément enfouis dans la tête de Rioja. La dernière fois que ses pieds avaient foulé le sol de Bali, elle y était avec son mari et sa fille afin qu’ils puissent se marier que tous les trois. Rioja n’avait pas pu avoir le mariage que toutes les petites filles rêvent d’avoir et ça ne l’avait jamais dérangé. Certes, sa mère avait été déçue, mais au final, celle-ci avait compris la décision de son seul enfant. Rioja c’était mariée dans un environnement d’amour. Probablement la raison qui l’avait poussé à acheter un billet en première classe de Londres Heathrow jusqu’à Bali. Par amour, elle avait voyagé pendant dix-huit heures après avoir envoyé un email très bref à Eros lui disant qu’elle serait absente pour quelques jours. Elle ne lui avait pas dit la raison, ça ne le regardait pas parce qu’au final, il aurait le papier qu’elle devait écrire dans les prochaines heures. Parce qu’un vol de dix-huit heures avait suffi à Rioja pour écrire tout ce qu’elle avait au sujet des produits beautés que toutes les femmes devaient posséder dans son sac à main pour l’été. Désirant le retrouver à tout prix afin de lui expliquer la situation puisque monsieur décidait de la bouder en filtrant ses appels ou ses messages. Aucune réponse de sa part depuis leur dernière rencontre. Celle où il l’avait abandonné. Rioja avait compris trop tard que c’était parce qu’il avait lu le message d’Eros. Un message qui ne signifiait rien. Eros était son patron, elle n’avait pas le choix de communiquer avec lui. Mais Bodevan s’était fait une toute autre idée. Il pensait sûrement qu’elle le trompait, qu’ils étaient allés plus loin tous les deux alors que pas du tout. Le seul écart avait été un baiser et Rio lui avait bien fait comprendre qu’il avait franchi la ligne. À une époque, elle aurait raconté tous ses problèmes à Margot, mais celle-ci n’était plus ici. Bref. La route jusqu’à l’hôtel qu’il avait réservé était longue et même si Rioja aurait tué pour une douche, ce n’était pas le plus important. À l’arrière du taxi, elle s’était endormie et ce n’est qu’à la voix du chauffeur que Rioja se réveillait en sursaut. Après, suffisait qu’elle montre la photo de Bodevan à la réceptionniste pour savoir si sa carte de crédit ne mentait pas. Elle ne mentait pas. Elle lui affirmait qu’il était ici, quelque part. Les escarpins qu’elle avait aux pieds la tuait lentement, mais ce n’était pas dans sa nature de mettre des souliers ordinaires. Marchant jusqu’à lui, elle le trouvait, assis dans le sable, une bouteille d’alcool près de lui. Maintenant, Rioja ne se gênait plus. Elle allait déranger son petit moment parfait. Pourtant, elle avait gardé le silence jusqu’à s’asseoir près de lui tout en conservant une bonne distance. Elle ne désirait pas le brusquer après tout ce trajet. Ils restèrent un bon cinq minutes dans ce silence, elle ne le regardait pas non plus. À la place, son regard était rivé sur l’horizon. Dire qu’à une époque, elle avait été heureuse ici, quelque part. « Il était loin ton pressing. » D’une certaine manière, Rio espérait peut-être que ça détente l’atmosphère tout en étant un reproche. « Tu peux laisser m’expliquer, s’il-te-plaît ? » Finit-elle par souffler. Elle voulait qu’il lui laisse une chance de réparer ce qu’elle n’avait pas voulu briser.
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Bodevan H. Andrews
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() message posté Mar 31 Juil 2018 - 13:18 par Bodevan H. Andrews




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☁️
Mon existence entière était un mensonge. Ma mère m'avait abandonné par manque d'argent, manque d'amour aussi sûrement. Mon père était resté une vague silhouette dans l'inconnu. Mon véritable nom, je ne le connaissais pas. Pendant dix-huit ans, j'avais porté celui de ma famille adoptive en pensant être du même sang qu'eux. A mon tour, j'avais épousé Rioja après avoir transmis mon nom à notre fille. Cette famille, elle n'existait plus, elle n'existait pas. J'avais voulu croire qu'il m'était possible de tout construire mes propres mains. Au bout d'un moment, tout s'était effondré. Je passais ma vie à chercher des réponses, à essayer de trouver de meilleures alternatives que celles déjà connues. Je ne supportais pas l'échec, ni l'ignorence. Pourtant, aujourd'hui, j'acceptai d'avoir échouer. J'acceptais de ne pas en savoir plus sur la relation entre Rioja et Eros. Je ne voulais pas en savoir plus. Fut un temps où nous étions amis, où je ne craignais pas qu'il me vole la femme. Il avait désormais ce qu'il désirait. Pourtant, Rioja était là. Elle avait fait le voyage jusqu'ici juste pour quelques explications. A mon tour, je voulais la repousser comme elle l'avait fait avec moi dans ses moments sombres. Mais je n'étais pas stupide : ma femme voulait me récupérer, elle avait sans doute tracé ma carte bancaire pour me trouver. Personne ne faisait tant d'efforts pour quelques justifications. Elle parla la première, rebondissant sur le sujet de notre dernière rencontre. Elle m'arracha un sourir, et levant la tête vers le ciel, je répondis : « Ouais, mais c'est plus joli par ici. » Mon sourire disparut tout aussi vite. Entre nous, Kala aurait du se trouver là, assise à jouer dans le sable. Mon coeur se serra. Soupirant, je tournais alors la tête vers Rioja, et plongeais mon regard dans le sien. « Ai-je vraiment le choix? » Evidemment que non. Que je le veuille ou non, Rioja allait se mettre à parler pour m'expliquer de quelle manière elle était venue à me tromper. Je ne voulais pas entendre ça, alors, détournant mon regard du sien, j'attrapais la bouteille, bus une nouvelle gorgée, mais cette fois ci, la gardais dans mes mains. La suite serait dure à encaisser, je devais être préparé. Je ne comprenais pas à quel moment les choses avaient merdé à ce point là. Pourquoi tout d'un coup le malheur s'était abattu sur notre famille. Je voulais revenir en arrière. six ans plus tôt. Je voulais me retrouver devant l'hôtel, ma fille dans mes bras, et promettre à Rioja de l'aimer chaque jour et pour toujours. Mais Kala n'était plus là. Le temps était passé, et les amoureux inscoucients que nous étions à l'époque avaient aujourd'hui disparu. Dans tous les livres que j'avais lu, dans tout ce que j'avais étudié, aucune réponse ne m'avait été donné. Seul le temps guérissait les blessures, pourtant c'était de lui dont nous manquions le plus. La trentaine était passée désormais. C'était l'instant ou jamais de reconstruire une famille, mais je n'en avais pas le coeur. Ma vie, je la voyais aux côtés de Rioja. Mais pas sans Kala. Je n'étais plus prêt, plus prêt pour rien. J'avais besoin que sur cette plage, Rioja me redonne confiance en moi, en elle, en nous. J'avais besoin qu'elle me rappelle qui j'étais et ce que j'avais toujours désiré. Car désormais, je ne savais plus. La seule vérité qui me sautait aux yeux désormais, c'était la place vide entre nous, et les erreurs qui s'y étaient accumulées. Des deux côtés.


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() message posté Jeu 2 Aoû 2018 - 4:37 par Rioja Ibanez

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L’unique raison que Rioja se trouvait à des kilomètres de son chez elle, c’était parce que, pour une fois, elle pensait sincèrement que son mariage pouvait être sauver. Du moins, c’était ce que l’autre soir lui avait donné comme impression, mais ça c’était avant de recevoir le message d’Eros. C’était un message plus que stupide qui ne voulait absolument rien dire. Pourtant, ça avait suffi à Bodevan de lui en vouloir. De lui en vouloir jusqu’au point où il ne répondait même pas à ses appels et messages. Et Rioja avait essayé, très fort. Mais Bodevan pouvait se montrer aussi têtu qu’elle lorsqu’il en avait envie et c’était l’une de ses fois-là. Donc, la jeune femme était ici, assise auprès de son mari qui la boudait. À une époque, ça avait été qui noyait sa peine dans l’alcool et là, tout de suite, c’était Bodevan. La seule différence était que lui avait suffisamment de force pour s’arrêter. « Ouais, mais c’est plus joli par ici. » Même si son sourire avait duré une fraction de secondes, Rioja l’avait vu. Elle l’avait remarqué. Ça lui donnait espoir qu’elle était toujours en mesure de le faire sourire. Ce sourire, ça lui avait manqué. Elle donnerait tout pour le revoir sur une base régulière. Elle ne voulait plus le blesser comme elle avait fait dans le passé. « Ai-je vraiment le choix? » Au fond, même lui savait qu’il n’avait pas le choix parce que même s’il lui aurait dit non, Rioja se serait mise à parler. À lui donner des explications qu’il méritait et ce, même s’il ne voulait pas les entendre. Probablement trop borné de croire qu’elle le trompait. Et pour la seconde fois de sa vie, Rioja se sentait faible. La première fois ayant été lorsque sa fille avait été déclarée morte. Alors, elle avait besoin de courage. Le seul courage qu’elle pouvait bien avoir était de prendre une très grande inspiration comme il lui était impossible de boire de l’alcool. « Je ne t’ai pas trompé, Bo. C’est aussi simple que ça… » Rioja cherchait les bons mots à employer pour qu’il lui fasse confiance, à nouveau. Trahir la confiance d’un être cher était toujours difficile et dur à encaisser. « Il ne s’est jamais rien passé entre Eros et moi et ça n’arrivera jamais. Ce message ne signifiait absolument rien. Je bosse au même endroit que lui, c’est mon patron, je n’ai pas le choix de le côtoyer ou d’aller prendre un repas avec lui parce qu’on doit discuter du prochain numéro pour le magazine. » Lâchait Rioja en regardant le sable. De tout son cœur, elle espérait qu’il croît ce qu’elle lui disait puisque c’était la seule explication qui lui venait en tête. Osant lui jeter un regard, elle ne savait pas exactement ce qu’il pensait et c’était peut-être pour le mieux. Finalement, Rioja cessait de le regarder pour se concentrer devant ce point invisible. « Et explique-moi pourquoi je laisserais un autre homme me toucher alors que je n’étais même pas en mesure de supporter tes propres mains sur ma peau ? » Et au début, Bodevan avait essayé pour se faire repousser en tout temps. Il y a un an et plus, elle n’arrivait même pas à supporter qu’il la prenne dans ses bras pour la réconforter. Ça ne lui semblait pas logique qu’elle laisse Eros poser ses mains sur son corps. « Je sais que je n’ai pas été la femme la plus parfaite au monde, mais s’il y a bien une chose que je serais incapable de faire c’est tromper mon mari. J’ai fait vœu de fidélité. Je t’ai fait ce vœu. » C’était tout ce qu’elle avait à lui dire. La balle était maintenant dans son camp à lui. Elle avait fait le trajet pour lui expliquer, elle ne lui avait pas laissé le choix de l’écouter et Rioja avait dit ce qu’elle avait à dire.
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() message posté Ven 3 Aoû 2018 - 0:44 par Bodevan H. Andrews




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« Je ne t’ai pas trompé, Bo. C’est aussi simple que ça… » J'avais lâché un rire moqueur. Rien ne serait plus jamais simple dans notre histoire. Elle pouvait me dire ce qu'elle souhaitait, je n'avais pas été là cette dernière année pour vérifier. Je ne voulais plus croire en Rioja. J'avais trop peur de croire de nouveau en Rioja. Elle était imprévisible et caractérielle. Il suffisait qu'elle ouvre la bouche pour que je crois en chacune de ses paroles. J'avais fini par y croire un peu trop, si bien que désormais, je n'étais plus capable de faire la part des choses. Je ne parvenais pas à savoir ce qui rentrerait dans l'ordre et ce qui resterait ainsi. J'en avais assez de souffrir. Alors je ne répondis rien, me contentant d'observer la mer comme si cette dernière pouvait trouver les réponses à mes questions. Et Rioja se tenait à côté de moi, me parlait, tentait de me faire oublier ce putain de message sur lequel j'étais tombé. Elle ne comprenait pas ce que c'était. Elle ne savait pas ce que c'était de perdre son enfant, se faire abandonner par sa femme, et craindre chaque jour qu'un autre lui vole son coeur. Et si, sans le savoir, Rioja était tombée amoureuse d'Eros? S'il avait suffit que je disparaisse de sa vie pour qu'elle se rende compte qu'un autre homme était capable de la combler? Si en ce jour elle n'en avait pas conscience, je n'étais pas à l'abri, moi, d'une révélation prochaine, et soudaine. Elle continuait de parler, choisissant bien ses mots. Et pour une fois, j'aurai vraiment aimé qu'elle se taise. Qu'elle contemple le paysage et qu'elle cesse de me prendre la tête avec l'autre pseudo dieu de l'amour. Fut un temps où Eros et moi avions été amis, quelques temps à Cambridge. Et puis, j'avais gagné le coeur de Rioja, et en gagnant son coeur, j'avais perdu l'amitié d'Eros. Depuis dix ans il convoitait le coeur d'une femme qui ne l'avait jamais remarqué de cette manière là. Le karma existait, la chance tournait. Combien de temps allait-il devoir l'attendre avant d'obtenir son amour? Profondément énervé par toutes ses questions, je finissais par tourner la tête vers elle, machoire serré. Puis, sans attendre, je calais une cigarette au coin de mes lèvres, pour me calmer. Elle regardait désormais le sable, sûrement à la recherche d'autres arguments. Finalement, elle posa une question à laquelle je ne m'attendais pas, et désemparé, je détournais la tête pour ne pas avoir à croiser son regard. En silence, je réfléchissais avant de répondre sèchement : « Peut-être parce qu'Eros ne t'a jamais donné d'enfant, Rio. » Là dessus, je ne la croirais jamais. Pendant plus d'un an elle avait repoussé chaque geste, chaque contact tenté à son égard. J'avais fini par comprendre que c'était moi le soucis, que c'était moi qu'elle ne voulait plus aimer, embrasser, toucher. Parce que cette tendresse nous avait donné une fille. Et que la vie nous l'avait reprit. Rioja craignait d'autres enfants, craignaient que les choses se passent ainsi, craignaient qu'on remplace la passé par le futur. Je n'étais pas comme ça, je ne l'avais jamais été. Il avait fallu qu'elle trouve un fautif, un responsable, une personne à blâmer et détester. Cette personne avait été moi, pour la simple raison que je l'avais trop aimé. Blessé, je me mis à jouer de nouveau dans le sable du bout des doigts, tel un enfant boudeur. Mes oreilles continuaient d'écouter ce qu'elle me disait, mais mon cerveau et mon coeur, eux, s'en foutaient. Finalement, je répondis sans même la regarder : « T'en as fait d'autres des voeux ce jour là Rio. Pourtant, je ne vois toujours pas ton alliance à ton doigt... » Ses promesses avaient du sens selon ses besoins. Quelques mois auparavant, nos voeux de mariages n'avaient aucune ampleur sur la situation. Aujourd'hui, je devais lui pardonner grâce à ses mots. Non. Notre mariage était foutu et elle avait décidé de le foutre en l'air. J'en avais assez des promesses. Je voulais des preuves. Des preuves que cet amour, elle le voulait encore. Des preuves qu'elle m'aimait encore et qu'elle ne partirait pas au bout de quelques mois. Elle ne le comprenait pas, mais moi je savais. Je savais que je ne survivrai pas à ça une seconde fois.


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() message posté Mer 8 Aoû 2018 - 19:57 par Rioja Ibanez

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L’image de Bodevan, en ce moment, ne plaisait pas à Rioja. La bouteille de rhum dans les mains, ça ressemblait presque à un appel d’aide. Mais ce n’en était pas, du moins, elle n’espérait pas que ce soit le cas parce que s’il y avait une personne qui savait s’arrêter de boire, c’était bien Bodevan. Il devait lui laisser le rôle de l’alcoolique à elle. « Peut-être parce qu’Eros ne t’a jamais donné d’enfant, Rio. » Peut-être, peut-être pas. Mais aux yeux de Rioja, ça ne changeait rien au fait qu’elle n’appréciait pas qu’on la touche. Du moins, si la personne était un homme. Avec les femmes, ça ne semblait pas déranger Rioja même si, techniquement, les gens préféraient éviter que d’avoir un contact avec Rioja, elle qui n’était jamais doué pour montrer une affection. « T’es tellement têtu que tu crois que c’est ton touché à toi que je repousse. C’est tout le monde. » Elle ne regrettait pas de lui avoir dit ces mots et ce, même si Rioja savait qu’elle avait besoin de marcher sur des œufs en présence de Bodevan. Il avait mal et beaucoup de son mal était de sa faute à elle. Rioja acceptait ce fait, même qu’elle essayait de se rattraper pour toutes les jours, semaines et mois où elle lui avait donné l’impression que leur mariage était foutu. Ça lui avait peut-être pris un an pour le réaliser, mais comme le disait le dicton : mieux vaut tard que jamais. Et c’était tout récemment que Rioja l’avait réalisé que bientôt, il n’y aurait plus d’espoir pour eux. Pourtant, même sa présence auprès de lui, Bodevan arrivait à jouer avec la manière dont elle s’adressait à lui. C’était comme si tous les mots qu’elle lui disait ricochait sur sa peau. Auparavant, Rioja aurait abandonné en lui souhaitant une bonne vie dans sa misère, mais pas ce soir. Ce soir, Rioja avait parcouru des milliers de kilomètres afin de récupérer l’homme qu’elle aimait. Son mari. Cet homme de la jungle qui n’écoutait pas ce qu’elle lui disait. Ce qui, au fond, rendait sa tâche bien plus difficile. « T’en as fait d’Autres des vœux ce jour là Rio. Pourtant, je ne vois pas ton alliance à ton doigt. » Même si son cerveau savait que son alliance et sa bague de fiançailles n’étaient plus où elles devraient être, les yeux de Rioja s’était baissé vers sa main gauche précisément sur l’annulaire. Depuis un an, les deux bagues se trouvaient sur une chaîne, autour de son cou. Ce n’était pas la première fois que Bodevan lui faisait la remarque. Sans savoir quoi lui répondre dans l’immédiat, Rioja soupira. Longuement et lourdement. À une époque, elle lui aurait demandé si un jour il allait en revenir. Toujours pas ce soir. Ce soir, elle resterait muette devant ses reproches jusqu’à ce qu’il décide d’ouvrir les yeux afin de la croire. D’une main, elle chassa la fumée de la cigarette qu’il avait aux coins de la bouche. « Ça te prend vraiment ça ? Que je porte les deux bagues que tu m’as offertes au doigt pour que tu cesses de faire ton bébé ? Parce que si c’est que tu as besoin, aucun problème. Je vais retirer cette stupide chaîne et mettre les deux bagues à mon doigt… Comme t’as fait. » Jamais une fois, Bodevan ne lui avait demandé pourquoi elle les avait retiré. Étonnement vu le nombre de fois où il avait questionné sa vie, à elle. « T’es tellement déterminé à croire que j’aurai pu te tromper que tu vois seulement le négatif dans ce que j’ai fait au cours de la dernière année. Oui, j’ai été injuste et horrible envers toi, envers notre mariage. Au final, peut-être que je ne te mérite pas, mais je suis là Bo, non ? Je suis là, à des kilomètres de mon confort dans le simple but de te prouver que je ne t’ai pas trompé, que je t’aime toujours. Et toi, tu veux simplement te concentrer sur le mauvais… Qu’est-ce que je suis supposé faire ? » Rioja était perdue. Elle avait besoin que Bodevan la guide. Qu’il lui donne une piste. Quelque part. N’importe où.
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() message posté Jeu 6 Sep 2018 - 21:32 par Bodevan H. Andrews




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Je ne sais pas ce qui m'avait pris, ce jour là, de prendre un billet pour Bali. Je ne comprenais pas pourquoi j'avais voulu revenir ici. Comme s'il puisse être possible que sur cette plage, je retrouve ma femme et ma fille. Etonnement, j'y croisais ce soir celle que je désirais, mais rien n'était en mesure de ressuciter Kala. Sur cette plage ne demeuraient que de vagues souvenirs douloureux. Les arbres se trouvaient toujours au même endroit, le coucher de soleil n'avait pas perdu de sa beauté avec le temps. Le sable fin, le calme, l'eau clair et son bruit de vagues sur le rivage. Tout était identique. Mais les deux personnes qui s'y trouvaient assises, avaient changé du tout au tout. Ils avaient connu l'enfer et en était revenus, à moitié. On se trouvait là parce qu'on s'aimait, sans doute, toujours autant qu'autrefois. Mais il nous semblait interdit désormais, de consommer cet amour. Aucun mot, aucun acte, aucune décision n'avait le pouvoir d'arranger de nos coeurs meurtris, pour qu'ils battent de nouveau à l'unisson, pour toujours cette fois. J'avais pris goût au rhum à force d'en discuter les saveurs aux côtés d'Ethan. J'avais pris plaisir à la décadence, à l'irresponsabilité. Tout m'était permis désormais. Je n'avais ni parents ni enfant en charge. Le monde m'appartenait et le temps s'écoulait lentement. M'éloignant un peu plus chaque jour, du dernier moment passé entouré de ma famille, aux côtés de ma fille, dans les bras de ma femme. J'avais pris à l'alcool car il m'avait fait oublier les causes de mon désespoir. Il m'avait fait voir d'autres couleurs, d'autres horizons. Elle me libérait, un peu, de toutes mes frustrations. Mais ce soir je sentais que l'alcool allait me rendre mauvais, malade et abruti. Je voyais la gueule de bois arriver à ce début de conversation. Je détournais le regard en soupirant lorsque j'entendis ses mots. Parfait, elle repoussait tout le monde. Etait-ce sensé me rassurer, de savoir que désormais, j'étais au niveau de tout le monde. Peut-être finalement finirais-je le seul avec mes remords. Je ne tournais pas la tête vers elle. Je n'avais pas envie de la regarder. Elle ne cessait de parler, et j'aurai voulu, pour une fois, qu'elle la ferme. J'aurai aimé ne plus entendre ses explications que j'avais longuement attendu. Je n'avais pas la tête à ça. Je commençais sérieusement à être bourré. Pour fêter cela, je bus une nouvelle gorgée et tirais sur ma clope. Qu'on me traite d'alcoolique, j'avais plus de volonté que quiconque pour arrêter du jour au lendemain. D'ailleurs, je m'étais fait la promesse de ne pas toucher une goutte d'alcool pendant trois mois, afin d'éviter toute envie d'y songer sérieusement. Oui, Ethan commençait à avoir une mauvaise influence pour moi. Mais ça me plaisait. D'avoir un ami comme lui. D'avoir un allié, parmi tant de mauvaises langues. J'étais resté tête basse, jambes repliées, coudes posés sur les genoux, à écouter ce qu'elle avait à me dire. Et elle en avait, des choses à me dire. Je restai longuement silencieux, en relevant la tête pour observer l'horizon. Puis soudainement, je posais la bouteille et répondis : « Je sais pas. Je m'en fous. J'ai pas envie d'en parler : c'est les vacances. » Puis, sans attendre, j'enlevais mon tee-shirt, mon short, mon caleçon, et avançais d'un pas décidé dans l'eau. Nu comme un ver, indifférent aux paroles de Rioja. Avant de plonger la tête dans l'eau, je lançais : « Viens te baigner ! ». Elle était là, debout, avec à ses pieds, la bouteille de rhum. J'aurai bien aimé lui dire de la finir cul sec, mais ce serait raviver de récentes blessures. Alors je restai là, à l'observer, en espérant qu'enfin, elle finisse par enlever tout ça que je vois à nouveau son corps. Ce corps que j'avais longtemps aimé. Le seul que je n'ai jamais touché. J'étais lâche, et vulgaire, parce que c'était plus facile de la repousser dans ses retranchements que de parler. Ce soir, j'agissais comme Tarzan parce que le paysage me le permettait. Elle m'avait aussi aimé pour ça. Mon côté brut et sauvage. Ma franchise et mon instinct. La nuit s'adoucait douce et étoilée, était-ce trop lui demander qu'on puisse s'aimer, juste ce soir? Un peu comme avant. Pour se donner l'espoir qu'on pouvait tout arranger, qu'on en aurait d'autres, des moments comme ceux-là. Avec ou sans Kala.


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() message posté Mer 26 Sep 2018 - 4:58 par Rioja Ibanez

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La dernière fois que Rioja s’était retrouvé à Bali, elle avait été entourée des deux personnes qui comptait le plus à ses yeux. Maintenant, il n’en restait qu’une sur deux : Bodevan. Son mari. L’homme dont elle était tombée amoureuse à l’université d’Oxford, l’homme qui lui avait donné un enfant et une belle vie. Pendant une bonne dizaine d’années, Rioja avait eu tout ce qu’une femme désirait d’avoir, un jour : un mari qui l’aimait plus que tout, une petite fille merveilleuse et un emploi. Pendant une décennie, Rioja avait été heureuse. Alors, se retrouver ici, après toutes ses années ça lui donnait une sensation bizarre. Comme si elle ne méritait pas d’avoir sa place ici. Qu’elle ne méritait pas d’être heureuse à nouveau. Parce que la dernière fois, ils s’étaient mariés avec comme seul témoin : leur fille. Leur fille qui n’existait plus désormais sauf dans leurs cœurs et souvenirs. Entre eux, elle résidait toujours. « Je sais pas. Je m’en fous. J’ai pas envie d’en parler : c’est les vacances. » Rioja avait oublié que, parfois, son propre mari pouvait agir comme un enfant. C’était peut-être les vacances pour lui, ça ne l’était pas pour elle. Au contraire, Rio avait forcé ce voyage sur son patron lui promettant de tout faire avant la date limite entre-temps. Mais ce qui frustrait le plus Rioja était le manque de réponse de Bodevan. Pour la première fois, elle se sentait démunie de son aide. Il ne l’aidait pas à vouloir lui faire croire que ce texto ne signifiait absolument rien. Qu’il était le seul homme qui comptait à ses yeux. Les mots qu’elle prononçait entraient dans une oreille pour en ressortir par l’autre immédiatement. Il faisait son têtu. Son enfant. Rioja n’avait plus la patience nécessaire pour endurer une attitude aussi enfantine et en temps normal, elle aurait abandonnée en le laissant faire son enfant. Pas maintenant. Parce qu’elle avait voyagé des centaines de kilomètres pour être auprès de lui et elle n’allait pas le laisser abandonner et ce, même si visiblement lui semblait le faire. Du regard, elle suivait ses mouvements. Bodevan qui retirait son tee-shirt. Bodevan qui retirait son short et caleçon. Bodevan qui se retrouvait nu comme un ver devant ses yeux. Un corps longtemps non touché. Non vue également. « Viens te baigner ! » Il était loin d’elle pourtant elle l’entendait très bien. Peut-être parce qu’ils étaient que tous les deux présents sur cette plage. Rioja, elle, hésitait à le suivre dans sa folie. Elle restait assise sur le sable encore deux bonnes minutes. Finalement, avec un léger soupir, Rioja se relevait du sol après avoir retiré ses escarpins et tout en s’avançant, elle retirait ses vêtements. Des vêtements enfilés il y a dix-huit heures auparavant. Mais contrairement à Bodevan, Rioja était pudique alors elle avait conservé ses sous-vêtements. Elle n’était pas comme Bodevan. Bodevan, c’était Tarzan. Malgré la chaleur de Bali, elle s’avançait dans l’eau froide de la plage, rejoignant doucement Bodevan. « Heureux ? » Se pinçant le nez avec ses doigts, Rioja plongea sous l’eau pour en ressortir quelques secondes plus tard. « Tu sais que c’est dangereux de se baigner nu… T’as pas peur d’attraper quelque chose ? » Le système de santé n’était certainement pas le même qu’à Londres. « C’est quand la dernière fois qu’on a été heureux toi et moi, Bodevan ? J’ai l’impression que ça fait un siècle. » Ajoutait-elle en faisant bouger ses mains sur la surface de l’eau. Bon, elle exagérait peut-être, mais c’était l’impression qu’elle avait maintenant.
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() message posté Mar 23 Oct 2018 - 12:37 par Bodevan H. Andrews




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Ce soir, je ne voulais pas comprendre. Depuis le décès de notre fille, je n'avais jamais cessé de faire des efforts afin d'essayer d'accompagner le deuil de ma femme. J'avais accepté les compromis, j'avais sacrifié mon propre bonheur pour celui de la femme qui j'aimais. Alors ce soir, je ne voulais pas comprendre. Je ne voulais pas faire attention à ses explications parce qu'elles étaient arrivées trop tard. Le mal avait été fait. Pendant presque deux ans, Rioja m'avait détruit à cause de son incapacité à m'aimer encore. Je me foutais des promesses, je voulais des actes sur cette plage où nous nous étions promis l'éternité ensembles. Sans répondre à ses questions, je m'étais déshabillé pour entrer nu dans l'eau. Je voulais un peu de liberté, un peu d'insouscience. Depuis Oxford, depuis ma rencontre avec Rioja, j'avais laissé derrière moi toute cette étape de mon passé car il m'avait tenu à l'écart de la vraie vie. Celle entouré de la société, celle où j'avais fondé une famille, où j'avais connu l'amour et l'abandon au profit du bonheur. Je fermais les yeux au contact de 'l'eau chaude sur ma peau blanche. Je plongeais la tête sous haut et fis quelques mouvements avant de ressortir de l'eau. La nature m'avait manqué. Cette connexion avec la nature m'avait manqué. Il y a quelques mois, j'avais découvert les forêts boréales d'Ontario aux côtés de Benedict. Cette petite escapade m'avait libéré à cette époque où mon coeur était plus brisé que jamais. J'étais parvenu à faire le deuil de mon enfant là-bas, quelque part dans ces forêts canadiennes. Loin de tout ce qui me rappelait tout ce que j'avais perdu en route. Je tournais la tête vers ma femme et l'invitais à me rejoindre. Hésitante, elle décida finalement de me rejoindre sans enlever un seul vêtement. Je grimaçais, car la mort de Kala avait véritablement changé le rapport que Rioja entretenait avec son corps. Ce si beau corps dont j'avais embrassé chaque parcelle de peau avec délicatesse, dans l'obscurité, éclairé par les éclats de lune dans des nuits d'amour. Elle semblait en avoir honte désormais, alors que pour moi, elle demeurait la plus belle chose que la terre ai créé. Elle s'approcha de moi et me demanda si j'étais heureux. Un grand sourire aux lèvres, je hochais la tête tout en l'observant. Elle plongea la tête sous l'eau. En ressortant la tête de l'eau, le maquillage avait coulé, mais ça n'enlevait rien à sa beauté. Mon coeur tambourinait dans ma poitrine. Je voulais tenir ma femme dans mes bras. « On risque plus sa vie en vivant à Londres. Ici, les choses sont pures... » Comme notre amour l'avait été autrefois. Je détournais le regard. J'en avais assez de Londres, de ses taxis, de ses touristes, de ces gens stressés et hautains dont j'étais devenu l'exemple même. Cette endroit, je m'y étais installé pour Rioja. Parfois, j'avais songé à tout quitter pour aller m'installer sur une petit bout de paradis terrestre, comme mes parents adoptifs l'avaient fait, mais sans en avoir le courage, car c'était aussi renoncer à Rioja que de partir. Je ne voulais pas y renoncer, je ne pouvais pas y renoncer. Je posais mes yeux sur elle lorsqu'elle parla et un léger sourire triste apparut sur mes lèvres. « Elle était encore là. C'était quelques jours avant que.... On avait passé l'après-midi à regarder des dessins animés en famille, tu avais fait du pop corn... Elle s'est endormie dans nos bras, puis tu as fini par t'endormir dans les miens. Et plutôt que d'aller vous coucher, je suis restée là dans le canapé, avec les deux petites femmes de ma vie, malgré l'inconfort, parce que je ne voulais pas briser cet instant... » Je déglutis, et une larme roula sur ma joue. Relevant les yeux vers Rioja, je vis qu'elle tremblait. Je ne voulais pas la faire pleurer, alors je repris : « Ca ne te manque pas? D'avoir une famille? On parlait d'avoir un deuxième enfant, l'as -tu oublié? Tous ces projets là ne sont pas morts avec Kala, Rioja. Pas pour moi. Je veux encore t'offrir tout ça, je veux recommencer. Avoir d'autres petits à qui nous parlerons de leur grande soeur, des petits sur qui elle veillera de là haut. Elle n'aurait pas aimé qu'on se déchire, elle nous aimait trop pour ça. On a été de bons parents, mais le malheur nous a touché. C'était pas notre faute Rioja... » A mesure que e parlais, je m'étais rapproché d'elle, et désormais, je tenais ses doigts entre les miens. Doucement, je replaçais une mèche de cheveux derrière son oreille et caressais son visage. J'avais cessé de parler car je ne trouvais plus les mots justes. Je la pris contre moi et la serrais dans mes bras. Je posais ma tête sur la sienne. Je fermais les yeux. « La seule chose qui m'a rendu heureux, c'était de voir chaque jour que mon amour comblait ma femme, et mon enfant. Je ne veux plus vivre sans ça, je n'y arrive plus... » Je soupirais, et la serrais d'avantage contre moi, tout en pleurant comme un bébé. « Laisse moi essayer à nouveau... » Les paupières closes, je me laissais tomber en arrière et l'entraînais doucement avec moi, avant de me mettre à nager en la gardant dans mes bras, accrochée à mon cou. Je posais une main sur sa taille et nous balladait dans l'eau, comme je l'avais fait avec Kala à l'époque. C'était apaisant, et je la sentais se radoucir, là, dans mes bras. Finalement, je m'arrêtais à un endroit où nous avions pieds et rouvrais les yeux, pour la regarder. Le coeur battant.


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() message posté Jeu 15 Nov 2018 - 5:17 par Rioja Ibanez

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Toute sa vie, Rioja avait ressentie le besoin d’avoir le contrôle sur tout ce qui l’entourait. Depuis son enfance à son adolescence à sa vie d’adulte et finalement, jusqu’à maintenant. À vingt-neuf ans, pas une seule fois, elle avait laissé une autre personne dicter ce qu’elle comptait faire. Bodevan avait appris à l’aimer ainsi comme elle avait appris à le laisser en dehors de son contrôle. Pas une fois avait-elle réussi à lui imposer son contrôle. Et ce soir, ici, dans ce pays qui lui rappelait une époque différente et joyeuse, Rioja laissait Bodevan lui dire quoi faire. Elle se laissait aller comme elle ne l’avait jamais fait auparavant. À une autre époque, Rioja n’aurait pas ses vêtements afin de suivre son mari dans son envie d’aller dans l’eau. À cette époque, Rioja aurait rigolé parce qu’ils auraient été heureux. Peut-être même que Kala aurait été dans les bras de Bodevan et Rioja, là, sur la plage à prendre des photos d’eux. Pourtant, là, elle était là. Face à Bodevan, toujours dans ses sous-vêtements. « On risque plus sa vie en vivant à Londres. Ici, les choses sont pures... » Pas une fois, elle aurait pensé devoir retourner dans son paradis personnel afin de sauver son mariage. Pas une seule fois, cette possibilité lui avait traversé l’esprit. Bali resterait marqué dans son cœur pour être le lieu de son mariage. Cette fois où Bodevan et elle avaient décidés d’embarquer dans un avion avec leur fille afin d’échapper à une cérémonie de mariage trop traditionnelle. Elle préférait se rappeler Bali de cette manière. Pour toujours. « Elle était encore là. C’était quelques jours avant que… On fait du pop corn… Elle s’est endormie dans nos bras, puis tu as fini par t’endormir dans les miens. Et plutôt que d’aller vous coucher, je suis restée là dans le canapé, avec les deux petites femmes de ma vie, malgré l’inconfort, parce que je ne voulais pas briser cet instant... » Bodevan n’employait peut-être pas le prénom de leur fille, mais le simple fait de savoir que le pronom « elle » la représentait, faisait apparaître une boule dans son ventre. Celle qui se formait toujours lorsqu’on mentionnait son enfant. Généralement, les gens ne prononçaient pas son prénom en sa présence. Et parce que la plaie était toujours ouverte, le simple fait d’en parler faisait du mal à Rioja. « Ça ne te manque pas? D’avoir une famille? On parlait d’avoir un deuxième enfant, l’as-tu oublié? Tous ces projets là ne sont pas morts avec Kala. Avoir d’autres petits à qui nous parlerons de leur grande sœur, des petits sur qui elle veillera de là haut. Elle n’aurait pas aimé qu’on se déchire, elle nous aimait trop pour ça. On a été de bons parents, mais le malheur nous a touché. C’était pas notre faute Rioja... » Son cœur se brisait parce que Rioja savait que Bodevan avait raison. Pour la millième fois. « Alors, pourquoi j’ai l’impression que c’est de notre faute? Qu’on aurait pu éviter sa mort si on n’avait pas décidé de se faire une soirée que tous les deux? Bien sûr que ça me manque d’avoir une famille Bodevan, avoir Kala a été le plus beau cadeau que je puisse avoir. Je ne sais pas si j’en aurai la force. » Trop terrifiée à l’idée qu’un autre malheur leur tombe sur la tête. Parce que si ça devait arriver à nouveau, Rioja ne se relèverait pas, c’était certain. Tandis que Bodevan avait fermé les yeux, Rioja les avait conservé ouvert, sa main se déposant sur son épaule. Elle était sur le point de pleurer. De montrer sa sensibilité. « La seule chose qui m’a rendu heureux, c’était de voir chaque jour que mon amour comblait ma femme, et mon enfant. Je ne veux plus vivre sans ça, je n’y arrive plus... » Elle le laissait la serrer contre lui, appréciant ce contact, au final. Ça lui manquait. Ça ne la terrifiait plus. « Laisse moi essayer à nouveau... » Elle lui faisait confiance, mais restait tout de même hésitante. Finalement, lorsqu’ils retrouvèrent le sol, elle plongea son regard dans le sien. Elle ne pouvait pas le repousser à nouveau. Elle n’en avait même pas envie. « D’accord. Essayons à nouveau. » Elle essayait de ne pas paraître sceptique quant à tout cela, mais elle désirait essayer.
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