"Fermeture" de London Calling
Après cinq années sur la toile, London Calling ferme ses portes. Toutes les infos par ici Faster, faster, you won't go far _ Hayley&James 2979874845 Faster, faster, you won't go far _ Hayley&James 1973890357
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Faster, faster, you won't go far _ Hayley&James

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James M. Wilde
James M. Wilde
MEMBRE
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() message posté Jeu 9 Fév 2017 - 20:47 par James M. Wilde
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Hayley
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Cinq semaines... Cinq semaines depuis le cimetière. Cinq semaines d'enfer. L'enfer dans la tête, l'enfer dans le corps. Cinq semaines à attendre pour en sortir, des journées interminables et des nuits de cauchemars. Dans les bons moments, il a pu respirer l'air de l'extérieur, se nimber du mal être de la cité et travailler, se traîner jusqu'au studio pour faire bonne figure, aller jeter de la poudre aux yeux à ce prêtre trop crédule pour enregistrer la dernière chanson sur les grandes orgues d'une église. Lui, le cadavre ambulant, il a foulé un sol soi-disant sacré, pour y enregistrer une musique qui caresse les ténèbres qu'il vit, en continu. Il n'a pu retenir le léger sourire qui a éclairé son visage faussement angélique quand il a menti sur les paroles qu'il chanterait. Il paraît que depuis le prêtre fait une sorte de siège sur les lignes téléphoniques de la Oaks Production, quand ce n'est pas Holly qui fait face à sa ténacité pour le renvoyer dans sa chasuble, c'est Moira qui lui tient la jambe, pour lui dire que ce n'est pas possible, qu'on ne peut guère révéler cette chanson tant que l'album n'est pas dévoilé, même à l'écoute mutique d'un représentant de Dieu. James sait qu'elle finira bien par s'en débarrasser, puis lorsqu'on ne pourra plus rien planquer, il montera en chaire pour l'agonir dès que Megalomania passera sur les ondes. Ça et le foutu bouquin de la mineure devenue à peine adulte, ça promet une rentrée dont on se souviendra. Il déambule dans son appartement, il s'appuie avec régularité sur la baie vitrée, pour regarder le monde tourner. Un seul regard vers le canapé lui renvoie des images déplaisantes, des sensations encore arrimées à sa chair. Après qu'Isolde l'ait sorti de ses élans suicidaires, qu'elle eut joué les divinités vengeresses en le gardant du mal pour finir par s'éloigner de lui, après qu'il ait usé ses dernières forces à renouveler les idéaux éternels pour faire renaître un sourire sur le visage de sa productrice, il s'est tout bonnement écroulé. Ce soir-là, au Viper, alors que la musique paraissait trop forte, que tous ces gens étaient oppressants, des morts, des morts, partout, il a murmuré qu'il voulait rentrer chez lui, et il n'en est pas redescendu ensuite. On lui a laissé un jour, puis deux. Enfin Greg s'est trop inquiété pour ne pas venir frapper. En gardien des évasions funestes depuis toujours, il dut faire face à la vérité : ce que l'on avouait pas, ce que l'on préférait ignorer plutôt que de l'affronter fut criant de dévastation lorsqu'il a pénétré l'antre où James s'était retiré. Un regard fou, une maigreur alarmante, les traits rongés par le manque.

Il n'a strictement rien dit, à quoi bon, l'héroïne était de nouveau dans leur vie, et ils l'avaient déjà combattue. Greg et lui avaient passé un premier cap à Austin, puis James était parvenu à dissimuler une rechute, à leur retour en Angleterre. Jamais deux sans trois comme on dit, et si le batteur ne compte plus, il n'a pas joué les moralisateurs pour autant, il s'est contenté de rester avec lui. Chaque heure, chaque changement d'une humeur cyclique et torve, il les a subis, dans un silence entrecoupé de quelques mots rassurants. Il a fallu survivre aux vicissitudes du sevrage, à ses stigmates affreux, les tremblements et la fièvre, alors qu'il le tenait dans ses bras comme un enfant, pour qu'il ait moins mal. La colère et la haine qui flamboyaient sur des périodes intenses et courtes, mais qui ressemblaient à des éternités de torture, à le regarder tout détruire autour, on a perdu quelques meubles dans la bataille, des instruments aussi, tant pis. L'abattement qui le rendait amorphe, recroquevillé dans un coin, où il fallait se contenter d'attendre qu'il reparaisse à la vie, et à ce moment-là, il tournait un regard bleu si perdu sur lui, que les questions fusaient, toujours les mêmes, en boucle, dans un délire incessant. Dans la douleur, ce fut Isolde qu'il invoquait, son nom tel un talisman, son nom encore, son nom toujours. Il l'appelait, il croyait qu'elle était dans la pièce. Il faut dire qu'au départ, il ne savait plus où il était, chez lui, chez elle, là-bas, encore, dans cette maison de terreur. Dans des moments plus lucides, où il comprenait qu'elle ne viendrait plus jusqu'à lui, il y avait une faille dans son regard, puis plus rien, aucun son, aucun mot, aucun cri. Dans la panique et l'angoisse, il a voulu se lever, rejoindre Moira et le studio, il fallait qu'il tienne sa promesse, il le faut Greg, je ne l'abandonnerai plus, plus jamais. Elle va bien, hein, elle va bien ? Elle n'a pas appelé ? Greg ne mentait pas, il glissait sur les bordures ténues de la vérité. Oui, Moira appelait, mais elle appelait pour demander régulièrement des nouvelles, et Greg s'isolait pour lui en donner, pour supporter les jours et la peur qu'il nourrissait. La crise n'avait jamais été aussi longue, il avait fallu bannir tous les dérivés morphiniques de l'appartement, supporter qu'il hurle parce qu'il avait mal, qu'il menace, qu'il essaye d'acheter sa pitié. C'était si difficile que ces coups de téléphone permettaient à Greg de tenir, de se raccrocher à un avenir proche, où il n'y aurait plus que la sortie de l'album, et le futur concert au Royal Albert Hall. Il en venait à véritablement regretter les rails de coke, c'était une drogue plus facile à gérer, plus en accord avec ce caractère fantasque qu'affichait James, à l'imaginaire hyperactif, ce même imaginaire qui repoussait la compagne dépressive qui appelait toujours, immanquablement, les injections et cette mort lente qu'ils bravaient tous ensemble depuis des années. Il se contentait de répondre que Moira allait bien, qu'il ne fallait pas s'inquiéter. Dors maintenant. Dors James. Les derniers assauts du délire ont peint un autre nom, un nom qui attirait les blessures des remords, aussitôt sur son front. Et il murmurait, habité par une dernière conversation : où est elle ? Où est Hayley... Elle est partie n'est-ce pas ? Elle est partie... Et à cela, Greg ne pouvait rien répondre, car Hayley n'était pas reparue au Viper.

Il échappe un soupir. Cinq semaines et pourtant l'enfer a l'air d'être encore là, tout autour. L'enfer gronde en bas, les journalistes viendront bientôt en masse quérir leur scandale, lorsque ce dernier explosera au grand jour. Il ne pourra même plus sortir de chez lui. Sortir... Il renâcle mais l'austérité a suffisamment duré, il pense à elle bien trop souvent pour qu'il supporte le froid qui s'est installé par sa faute. Sa phrase revient lécher sa peau comme une langue de feu, cette phrase assassine qui lui a tenu compagnie lorsque la douleur déformait les souvenirs et les avenirs. Tu ne t'en sortiras jamais, tu finiras par crever tout seul. S'il y a bien une chose qui s'est gravée avec une certitude terrible dans tout son être, c'est qu'il a choisi de ne pas crever ce jour-là. De ne pas crever alors qu'Isolde lui montrait la seringue, la dernière injection qui lui aurait permis de s'envoler. Cinq semaines à s'enfermer la plupart du temps, hormis pour montrer sa gueule au studio ou foutre la frousse aux prêtres ? Il est temps de briser le schéma, il est temps d'aller jusqu'à elle plutôt que de continuer à attendre qu'elle vienne lui rappeler ses torts. Phil manque de dégringoler du tabouret où il discute avec Kaitlyn quand ils voient tous deux passer James, en trombe, qui récupère sa veste qui traîne sur le bar, depuis la fermeture.
_ Oh James, tu tombes bien, ya un ampli qui est foutu et je sais pas si tu as le temps de regarder mais...
_ J'ai l'air d'avoir le temps ? C'est mon pas volontaire ou bien mon air renfrogné qui t'indique que j'ai soudain envie d'avoir une conversation des plus passionnantes avec vous deux ? Ou bien mon ton mélodieux peut-être ? ... Je me barre, je ne sais pas quand je reviens.
La porte claque et le régisseur a encore le doigt en l'air, comme ces enfants qui demandent s'ils ont le droit de parler. James récupère sa Honda sur le parking et l'enfourche pour s'enfoncer dans un quartier plus lointain, Chinatown est déjà bondé, comme toujours à vrai dire. Il se gare n'importe où, et marche, court presque, jusqu'à une certaine porte à laquelle il frappe. Trois fois. Trois coups secs et déterminés. Il a une gueule de déterré, il a oublié ses lunettes de soleil si bien qu'il aimerait qu'elle ou son frère ou encore l'enfant ou même l'elfe de maison, on s'en tape, ouvre rapidement plutôt que de faire le planton, comme un gland, sur le trottoir. Il se passe une main dans les cheveux, un peu nerveux en vérité. Ils ont eu des moments de dispute, ils ont même eu certaines querelles titanesques, mais ça n'a jamais duré aussi longtemps que cette fois-ci. Il faut dire que la prise de tête n'a jamais coïncidé avec une virée aux enfers de la came, aussi. Il frotte ses joues creuses, mordues par le froid, malgré sa barbe qui s'installe. Il frappe encore, sa patience déjà envolée dans l'air grisâtre de l'hiver.
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() message posté Lun 13 Fév 2017 - 18:10 par Invité
Elle n'avait rien vu venir. Ou plutôt si, elle savait, alors elle avait foncé. Elle avait vu le danger pointer son nez, elle avait sentit le péril lui sauter à la gorge, mais elle avait foncer droit dessus, comme toujours. Pourquoi fallait-il toujours qu'elle agisse comme ça ? Elle savait bien sûr, du moins son inconscient faisait le travail pour elle. Elle avait beau se persuader qu'il n'y avait pas d'autres solutions, que c'était la seule chose à faire, elle savait dans le fond qu'elle aurait pu éviter tout ça. Elle avait sentit la douleur sifflante dans sa chaire, reconnue cette douleur lancinante qui empêche de respirer et elle l'avait accueilli comme une vieille amie. Masochiste, sûrement. Dangereuse, encore plus. Quand elle s'était lancée dans l'intervention, elle ne pouvait prévoir que cela déraperait. Elle avait prit les mêmes précautions qu'à chaque fois qu'elle était appelé sur une intervention. Elle avait accrochée son arme sur sa hanche, ajusté son gilet par balle de manière à ce qu'il lui brise presque les côtés, bref elle c'était correctement préparée. Dans la voiture, elle avait laissé son co-équipier installer le gyrophare sur le toit de la voiture tandis qu'elle démarrait en trombe, laissant un nuage noir derrière elle. Elle était dans son élément, dans le feu de l'action, dans l'adrénaline qui la faisait se sentir vivante. Près d'elle, son collègue se concentrait sur la route mais surtout prenait sur lui pour ne pas lui dire à quel point elle était dangereuse au volant. Sur la banquette arrière, les recrues se contentaient de regarder la route filer à toute allure. Mais aujourd'hui, elle avait une excuse en or pour griller le feu et se croire sur une piste de formule un. Il y avait eu une fusillade dans l'un des quartiers populaires de la ville, l'un de ces quartiers où les policiers de secteurs évitent soigneusement de faire trop de ronde, en tout cas pas sans avoir toute une brigade prête à fondre en cas de pépin. Hayley connaissait bien le coin pour l’avoir longtemps fréquentée en tant qu'infiltrée. Un temps lointain qui se rappelait à elle par des cicatrices et des blessures de l'âme qui ne la laisseraient jamais tranquille. Derrière son volant, elle se sentait invincible, elle oubliait presque ce qu'elle allait découvrir une fois sous les lieux. Elle imaginait sans mal le bordel que ça devait être, les flics postés un peu partout attendant la brigade d'intervention. Elle vu enfin les tours se profiler à l’horizon, sinistres, imposantes. Mais Hayley savait ce qu'il s'y cachait, elle savait ce qu'ils les attendaient une fois qu'ils seraient sur les lieux. A l'approche, elle mit le pied sur le frein, dans une posture moins désinvolte que jusque là. Son co-équipier dû le sentir car il glissa un regard vers elle, mais ne posa aucune question. Ce n'est pas comme si elle n'était jamais revenue par là, c'est simplement qu'elle ne pouvait jamais y revenir sans se souvenir.

Elle gara la volvo au plus proche de l'intervention sans pour autant se faire voir. Ils devraient faire le reste à pied, à découvert. Le coin était silencieux, si bien qu'il était impossible de croire qu'une fusillade avait lieu à seulement quelque mètres. Ils descendirent de voiture dans le plus grand silence, armes en main, sur leurs gardes. Puis Hayley entendit un juron derrière elle, de ceux qui savent qu'ils ont fait une connerie. « J'suis désolé lieutenant, j'ai oublié mon gilet... », gémit le bleu. Elle se stoppa net, observant par elle-même la connerie de son idiot de collègue. Elle allait lui répliquer une remarque bien sentit quand elle entendit des balles siffler dans leur direction. Hayley se baissa et courut se mettre à l’abri derrière la voiture la plus proche. Ils avaient été repérés et ils ne mettraient pas longtemps à faire d'eux des petits lapin apeurés. « Fais chier », beugla-t-elle tout en posant son arme sur le sol, arrachant son gilet et le balançant dans la tête de la jeune recrue. Son co-équipier lui jeta un regard noir, mais n'eut pas le temps de répliquer. « Dépêche toi de mettre ça sur le dos et pas le temps de négocier, on fonce ». Voilà comment Hayley Montgomery c'était retrouvé au beau milieu d'une fusillade sans la moindre protection. L'adrénaline la protégerait et si ce n'était pas le cas, sa hargne le ferait à sa place. Ils avaient réussi à se frayer un chemin vers l'équipe la plus proche qui, les voyant approcher, avaient couvert leurs arrières. Hayley demanda un briefing rapide au plus gradé sans quitter des yeux les environs. A priori, si les flics n'étaient pas les cibles au départ, ils l'étaient devenus par leur simple présence sur ce territoire. Pendant plusieurs minutes, le silence se fit tout autour d'eux. Hayley ne prit pas ça comme un signe de cesser le feu mais plutôt comme une mise en garde sur la suite. Néanmoins, ils ne pouvaient pas passer la nuit à camper dans un camp de fortune en attendant que les tireurs prennent congé. Avec quelques flics, ils décidèrent de tenter une percée jusqu'au premier bâtiment, histoire de gagner un peu de terrain. La décision prise, ils se mirent à courir dans la direction choisie. C'est là qu'elle la sentit. La balle avait traversée son flan, la coupant de son élan, la privant d'air. « Montgomery ! », entendit-elle derrière elle mais elle devait se mettre à couvert alors elle avança du mieux qu'elle pouvait avant de s’effondrer contre la paroi le plus proche.

Quelle heure était-il ? Elle n'en n'avait aucune idée, le temps passait à une vitesse autrement plus lente quand on passait ses heures dans un fauteuil. A priori, c'était encore la journée puisqu'il faisait jour dehors. Hayley apporte le verre à ses lèvres. Le liquide ambré semble lui apporter une certaine tranquillité, du moins jusqu'à que cela ne suffise plus et qu'elle prenne une autre gorgée. Elle jette un regard à la bouteille posée près d'elle, son contenu ou plutôt son absence de contenu devenant assez alarmant. Elle sait que Peter ne rentrera pas avant un moment, elle a encore le temps de terminer la bouteille et de jeter le cadavre avant son retour. Elle grimace de douleur tandis qu'elle tente de se redresser. Elle ignore si c'est la douleur ou le triple bandage autour de son torse qui lui fait aussi mal. Peu importe, la finalité est la même. Alors qu'elle était sur le point de somnoler, elle entend quelqu'un frapper. Qui vient la faire chier alors qu'elle est gentiment entrain de déprimer ? Elle se retient de dire à la personne d'aller se faire foutre parce qu'il peut s'agir d'une amie de Peter et qu'elle s'en voudrait de la faire fuir tout de même. Elle soupire, pas vraiment d'humeur à faire la discussion mais elle va expédier ça rapidement et retourner à sa morosité ambiante. Elle tente de se redresser au mieux mais elle sent une certaine raideur, alors elle abandonne, de toute façon, au vu de sa gueule, elle ferait fuir n'importe qui. Elle ouvre la porte, prête à débiter un discours rapide mais courtois afin de proposer à la personne de repasser, que Peter n'est pas là... Et c'est le visage de James qui apparaît sur le seuil. Elle le toise une fraction de seconde, observant son visage similaire au sien. Lui aussi il a une salle gueule, c'est presque réconfortant. « James Wilde, quel honneur. Tu avais personne d'autre à aller envoyer chier aujourd'hui ? Je t'avertis, j'suis pas d'humeur », dit-elle en retournant à l'intérieur. Il pouvait rester ou partir, après tout il paraîtrait qu'elle manquait de courage.
@James M. Wilde
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James M. Wilde
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() message posté Mer 22 Fév 2017 - 18:31 par James M. Wilde
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Il enfonce ses mains gelées dans les poches de son blouson ce qui lui donne aussitôt une mine patibulaire. Perché sur le perron, son visage renfrogné et les nombreux stigmates conservés des baisers mortuaires forment un tableau qui ne manque pas d’attirer les regards des quelques passants qui fuient bien vite lorsqu’il leur retourne son oeil bleu froid qui vaut bien la terreur des trompettes célestes du jugement dernier. En certes plus mutique… Quoique, s’ils continuent, il risque de trouver soudain de vieux travers qui lui feront éructer quelques injures pour les éloigner. Une adolescente qui hésite encore à s'élancer dans l’âge adulte le dévisage plus longuement que tous les autres mais l’absence de sourire en réponse du sien la fait douter de l’identité de son chanteur favori. Il ne serait pas austère, impossible, James Wilde porte toujours tant de paillettes que ses sourires et ses regards caressants brillent de mille feux sur scène. Il termine d’apposer le malaise sur son front en esquissant une moue moqueuse, bientôt dissipée par la porte qui dévoile enfin la seule personne qu’il désire voir aujourd’hui. Ils s’observent de longues secondes sans que les mots ne franchissent leurs lèvres. James ne dit strictement rien car les ravages de la dureté des âges traversés loin l’un de l’autre semblent les accabler plus durement que d’habitude. Il y a comme une déliquescence de leurs peaux, plus blanches, presque grisâtres, qui font ton sur ton sur la grisaille de cet hiver interminable. Elle a définitivement une tête à faire peur, et lui aussi, un duo de fantômes pour une vie engluée par le froid. Il enfonce plus profondément ses mains dans ses poches mais ne détourne pas ses yeux alors qu’elle le toise. La remarque cinglante ne le surprend guère, elle se détourne de lui comme si les mots lui coûtaient déjà trop et il hésite une fraction de seconde à s’engouffrer à sa suite car elle ne l’a guère invité. Mais depuis quand se soucie-t-il donc de ce qui coule de source ? S’il a envie de rentrer, il rentrera, et telle cette évidence si bien gravée en ses esprits, il la suit d’un pas volontaire, sa morosité en bandoulière. Morosité que son ton ironique vient bientôt perturber quand sa voix approfondie par la rugosité météorologique porte jusqu’au dos de Hayley :
_ J’ai usé tous les autres, il ne restait plus que toi.
Il flotte un silence de plus habillé par leurs pas qui se rangent étrangement dans un rythme similaire. Il demeure derrière elle, observe sa silhouette de pieds en cap, note la rigidité différente de ses lombaires, devine le bandage qui gêne le naturel de ses mouvements. Quelque chose en lui se serre, il y a cet élan coupable de l’avoir laissée derrière, de s’être éloigné pour se confronter à toutes les froideurs d’un monde où elle n’existait plus. Il y a ses interrogations qu’il collectionne pour ne pas l’effaroucher, par une sorte de pudeur déplacée également. Il y a tous les non dits qu’il sème dans son sillage, il y a aussi la chaleur recouvrée de juste l’apercevoir, de recouvrer son foutu caractère si semblable au sien au point que sa nature cherche à fusionner et à s’étendre comme s’il s’agissait d’un terrain conquis. Mais il la musèle avant de se poser dans un fauteuil qui jouxte très visiblement celui où elle a élu un domicile constant. La bouteille en atteste, la bouche de James se tord légèrement et l’on ne peut analyser s’il s’agit d’une sorte de sourire ou bien une remarque qu’il garde et qu’il substitue à une phrase évanescente, alors que ses yeux sont attirés par l’extérieur qui peint une drôle de couleur sur leur mine déjà cadavérique.
_ Je vois que nos routes n’ont pas été si lointaines si tes propres enfers sont venus te caresser.
Ses iris de ce bleu magnétique reviennent aussitôt à elle, puis se fixent à cette blessure qu’il ne fait qu’envisager, qu’il localise à cause d’un don pour l’observation des ravages du sort. Ils ne lui échappent jamais alors qu’il loupe de plus en plus les délicatesses dont le monde se pare, monde qui lui devient parfois si abscons qu’il s’y sent étranger. Sa bouche s’entrouvre, la silence exhale une sorte de soupir qui termine sur une phrase :
_ Tu as mal ?

Est-ce de l’inquiétude ou de la politesse ? Difficile d’en décider si ce n’est sa main qui se contracte sur l’accoudoir au moment où il échappe cette question certainement sincère. Son regard revient à son visage qu’il détaille avec la minutie caractéristique de ses propres névroses, considérant le présent légèrement noirci par ce passé trop proche qui a encore tendance à l’enfermer comme une gangue. A-t-il strictement tout détruit autour de lui à cause de cette évasion conjuguée à ses instincts nocifs ? A-t-il oublié des heures arrachées à l’horreur au profit d’un endormissement pris comme un palliatif, cette sorte de fausse tranquillité qu’il affiche aujourd’hui comme hier, et encore hier, à faire mine que tout est réparé alors que des lambeaux de l’existence suintent encore d’infinies douleurs ? Son regard se baisse, il rencontre la bouteille, ne demande pas la permission lorsque sa main l’enserre pour la porter directement à ses propres lèvres, il y a une saveur de perdition notable à partager la liqueur des jours à désespérer aux côtés de quelqu’un. Surtout d’aussi proche qu’elle. Si tant est qu’elle le soit encore. Il prend une longue gorgée qui secoue toutes ses terminaisons nerveuses et réchauffe son corps froid et livide. Il la lui tend, comme un gage de paix, comme une inflexion au dialogue qui a tant manqué à James même s’il lui serait très difficile de l’avouer aussi clairement qu’il ne le pense. Il tournoie autour des questions sans réponse, ses lèvres s’étirent sur un sourire triste, qui porte encore le goût de la cendre sur la langue. Il murmure en revenant à elle, cherchant ses yeux, cherchant cette douleur qui communie en un jour de retrouvailles :
_ Tu avais raison tu sais. Tu avais raison mais parfois le raisonnable ne suffit pas. Ça ne suffit juste pas, et il faut s’enfermer pour voir ce que l’on devient. Je ne suis pas devenu grand chose, j’ai juste un peu plus froid qu’avant…
Il hausse les épaules comme si c’était logique, implacable, classique lorsque l’on se bat dans le vide d’une vie impropre à sa colère, à une rage d’exister que l’on assume pas véritablement. Une rage d’exister qui cette fois-ci n’aurait sans doute pas suffi si Isolde n’était pas venue jusqu’à lui, jusqu’à froisser la peau, ressusciter les chairs. Il n’assume pas le glas de cette absence obtenue en échange, il ne l’assume guère, les gens désertent, disparaissent, ils n’ont pas vraiment tort. Ça n’ôte en rien la douleur de la perte. Il tapote l’accoudoir, y pianote deux sons qui sonnent très clairement sous son crâne, deux sons contraires, discordants. C’est si laid qu’il grimace mais ne cesse pas pour autant, c’est un rythme pour malmener ses sens assoupis. Il se renfonce dans le fauteuil, y prend des aises sans pour autant recouvrer cette même familiarité qu’ils ont déjà eu, ici, dans la même pièce. Il jette un coup d’oeil à la fenêtre une fois encore, laisse doucement en offrande, l’air renfrogné :
_ Je serais venu cracher sur ta tombe si tu ne m’avais pas laissé l’occasion de te revenir en te faisant trouer la peau. Car j’imagine que c’est ça, une nouvelle blessure consentie pour étoiler les autres…
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() message posté Ven 3 Mar 2017 - 20:09 par Invité
Elle observe ce verre et elle a envie de se noyer dedans. Pas une vrai noyade, non, plutôt une impression de sentir tous ses organes se rétrécir un à un, de sentir l’oxygène lui manquer ainsi que sa cage thoracique se refermer lentement dans sa poitrine. Elle a envie de sentir ça. Pour se sentir vivante. Le paradoxe de la douleur, de celle qui nous étrangle, qui nous fait comprendre que l'on vit encore, que ressentir c'est vivre, que vivre c'est douloureux. Pour autant, elle n'était pas suicidaire. Hayley n'avait jamais eu envie de mourir, pas vraiment, pas consciemment en tout cas. Elle voulait simplement ressentir quelque chose et cela passait par la douleur, uniquement par ça. Lorsqu'elle prenait une douche, elle faisait couler l'eau brûlante sur sa peau abîmée, elle se moquait que cela la brûle du moment qu'elle ressentait sa chaire la piquer. Certains pourraient appeler ça du sadomasochisme, c'était peut être le cas. Pour Hayley, c'était surtout une manière de rester consciente, assez proche de l'anesthésie mentale mais pas encore de la perte de conscience. Elle ne pouvait pas parler de ça à un psy sans passer pour une déséquilibrée, sans prendre le risque qu'on lui retire son arme et sa plaque. Et que lui resterait-il si elle perdait ça ? De toute façon, Hayley n'était pas le genre à voir un spécialiste. Elle l'avait fait autrefois, seule condition pour qu'elle puisse retourner travailler. Son chef n'avait pas trouvé mieux pour la juger apte à reprendre du service. Encore aujourd’hui, Hayley restait persuadé qu'il en avait prit un malin plaisir. Il avait sans doute espéré se débarrasser d'elle une bonne fois pour toute, avoir l'excuse rêvé pour la renvoyer tout sauf dans sa brigade. Mais Hayley était maligne, bien plus qu'il ne le pensait, bien trop tenace surtout. Elle avait une capacité de résilience assez incroyable, si bien qu'elle avait dupé le psychologue, qu'elle s'était sans doute trompé elle-même. Mais elle était là, bien vivante, malgré son envie irrésistible de se noyer dans ce verre d'alcool qui lui faisait de l’œil. Et un signe, ou plutôt une sonnette, l'avait rappelé à la réalité. Sa réalité, aussi morne soit-elle. Et sa confrontation avec James l'avait miné un peu plus. D'ordinaire, le voir la réjouissait. Il était le seul de ses proches à la comprendre, à voir la noirceur qui l'habitait sans trouver cela rebutant, sans s'inquiéter outre mesure. Il était celui qui savait mais qui le gardait pour lui. Seulement là, le voir ne faisait que l’agacer un peu plus. «J’ai usé tous les autres, il ne restait plus que toi. » En même temps, la liste n'avait jamais été bien longue. James était comme elle, un solitaire, un gars qui s'entourait sans vraiment y regarder. Il ne comptait pas beaucoup d'amis, il était vu comme un type insupportable par le commun des mortels. Rare étaient les personnes qui arrivaient à le supporter, à l'apprécier, à le comprendre. En cela aussi ils étaient semblables. Mais jusqu'à récemment, il ne s'était jamais montré aussi odieux avec elle. Hayley pouvait encaisser, elle le faisait en règle générale, mais pas avec lui. Avec lui, elle n'avait pas a prendre ce rôle, elle ne voulait pas prendre ce rôle. « Tu m'étonne », dit-elle, cinglante. Autant y mettre les formes d'entré de jeu. Elle s'éloigne de lui pour rejoindre son fauteuil, devenu son meilleur ami depuis quelques jours.  Elle grimace pour s'asseoir avant de trouver une position acceptable. « Je vois que nos routes n’ont pas été si lointaines si tes propres enfers sont venus te caresser. »Elle lève les yeux vers lui avant d'attraper son verre. L'enfer... Hayley ne savait pas si il existait vraiment un enfer ou même un paradis. Elle savait seulement qu'elle menait une vie qui n'avait rien de très agréable, qu'elle avait fait des bons et surtout des mauvais choix, mais elle se foutait bien de savoir où cela allait la mener. Quant à l'enfer de James, elle avait décidé de prendre ses distances. Il avait été trop loin, même pour elle, même pour eux. «Tu as mal ? ». Elle fixe le mur dans le fond, pousse un léger soupire. La douleur, elle connaît, elle gère. Le plus dur, c'est pas tellement la douleur physique, mais celle qui abîme l'âme, qui vous réveille la nuit, qui vous empoisse l'existence. James le sait. James a toujours su, c'est en partit pour ça qu'ils se sont entendu, qu'ils sont devenus complices. Parce qu'ils se comprennent sans se juger. Hayley ignore s'il pose la question par réelle empathie ou juste pour combler le blanc entre eux. D'ordinaire, cela ne les gêne pas. Ils font partit de leur relation comme d'autres se lancent des blagues sans arrêt. Mais là, ils semblent prendre trop d'ampleur au goût de James. « J'ai connu pire », minimise-t-elle, comme elle le fait toujours. Le pire, c'est pas la balle, c'est pas le trou entre ses côtes. Le pire c'est de s'être jeté dans la gueule du loup, d'avoir provoqué tout cela.

«Tu avais raison tu sais. Tu avais raison mais parfois le raisonnable ne suffit pas. Ça ne suffit juste pas, et il faut s’enfermer pour voir ce que l’on devient. Je ne suis pas devenu grand chose, j’ai juste un peu plus froid qu’avant… » Elle termine de l'observer tandis qu'il se sert un verre. L'alcool a toujours été leur meilleur allié. Une fois encore, il semble combler leurs blessures et apaiser leurs traumas. Hayley prend une autre gorgée, lève enfin le regard vers lui. « Tu as mal comprit James. Je ne parlais pas de raisonnable, je parlais simplement de prendre une bonne décision. Tu pense que je serais la mieux placée pour parler d'être raisonnable ? ». Sa voix est laconique, blanche. Elle s'étonne de ne pas y mettre plus de rage. Est-ce l'alcool qui commence enfin son travail ? Ou alors la semi repentance de James ? Elle se souvient de leur dernière échange, des mots qu'il a employé, de la colère dans sa voix. Elle se rappelle de son regard noir et de sa soudaine cruauté. Hayley encaisse, mais pas venant de lui. Tout est différant quand ça vient de lui. « Je t'ai parlé de ma peur d'aller le voir et tu t'es servis de ça contre moi », ajoute-t-elle finalement. C'était ça qui lui faisait le plus de mal. Personne n'avait le droit de lui parler de ça, pas quand elle se battait depuis des années pour vivre avec, pas quand elle se détestait chaque jour pour n'avoir pas réagit, pas quand elle subissait cette perte à longueur de temps. Elle n'était pas entrain de se plaindre, elle voulait simplement le lui dire. Peut importait qu'il reparte en vrille, qu'il claque la porte et s'enfonce à nouveau dans son mutisme, au moins cela était clair. Elle avait un bandage autour des côtes et grimaçait à chaque mouvement, aussi se sentait-elle le droit de lui balancer sa connerie. « Je serais venu cracher sur ta tombe si tu ne m’avais pas laissé l’occasion de te revenir en te faisant trouer la peau. Car j’imagine que c’est ça, une nouvelle blessure consentie pour étoiler les autres… ». Malgré elle, un rictus s'affiche entre ses lèvres. Ils frôlaient la mort et cela en devenait presque banale. Hayley était devenue hermétique à la prudence, parce que se mettre en danger lui rappelait ce qu'elle était, ce qu'elle devait supporter pour avoir vu Dan prendre la balle à sa place. Un jour, elle le savait, elle y resterait. Un jour, la balle qui lui était destiné des années plus tôt la rattraperait et terminerait le travail. Elle avait toujours su que cela finirait comme ça et c'était faite une raison. Elle n'était pas faite pour la retraite confortable, elle n'attendrait jamais cette période. Sans son travail, elle finirait pas mourir de toute façon, alors c'était sans doute la meilleure façon de partir. Dans le fond, James le savait aussi. Mais il se trompait sur ce dernier point, elle ne faisait pas ça pour que les autres deviennent des héros. Elle faisait cela pour ne pas en devenir un. Elle n'avait jamais voulu ça, elle détestait devenir ce genre de personne. Hayley ne serait jamais encensé, ni étoilé. Elle voulait gravir les échelons mais pas pour une médaille, ni pour les honneurs, simplement parce que cela lui donnait une nouvelle envie de se lever le matin. « Je pourrais te retourner le compliment. » James était fait du même acabit. Lui aussi il finirait par être rattrapé définitivement. Et très probablement qu'elle aurait la même réaction. « La balle n'as pas touché d'organe vitale, c'était pas encore mon jour ». Elle leva son verre à la hauteur de son visage, comme un signe de trêve, du moins pour le moment.
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James M. Wilde
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() message posté Dim 12 Mar 2017 - 17:59 par James M. Wilde
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Il la regarde et c’est la douleur qu’il lit dans ses traits, dans sa posture, dans ses mots tendus. La douleur qu’il a portée, la douleur qui l’a rattrapée sur le champ de bataille que peut être sa profession. La douleur qui vibre dans ses regards et qui vient chercher la sienne, si proche encore, si vile aussi, car il y a dans l’absence survécue un besoin inavouable de s’y confronter. La douleur est une plaie qui suppure de toute leur existence et qui la rend difforme, impossible à regarder pour quelqu’un qui tenterait d’y chercher une quelconque appétence à la normalité. James a porté les semaines de désespoir comme une croix, un désespoir qu’il a subi autant qu’il l’a dévoré pour s’y complaire des jours entiers. Il s’est repassé en boucle la nuit de ses aveux mortifères, il a gravé sous sa peau frémissante les instincts arrimés à l’héroïne, les sensations funestes et pourtant si nécessaires quand les jours semblent amorphes à ne rien ressentir. La perte des sens, la peur de les renier dans des erreurs malsaines, d’aller trop loin pour les conquérir et en réalité tous les briser. Alors quand la corde raide est sous ses pieds, il n’y a plus que la souffrance à se réinfliger, pour croire, croire encore que l’on respire pour ces quelques secondes d’intensité. Il n’a pas échappé à la crainte de voir les personnalités de son fragile quotidien disparaître une à une, même Greg semblait lui échapper alors qu’il était là à chaque heure, des heures distendues dans des troubles déviants. Il a convoqué des souvenirs qui se sont empilés à d’autres, la sensation de la peau d’Isolde s’est navrée dans les trivialités infligées à la gamine, un voyage aussi atroce que pervers, aussi défendu que désavoué. Il a recouvré faute de souvenirs d’une réalité plongée dans l’alcool des sensations qui dégoulinaient sur sa peau à l’en rendre malade, et surtout ce sentiment d’exister au moment même où il s’octroyait le droit de prendre quand la morale le lui interdisait. Frôler la ligne, la déchirer. Son corps s’est retrouvé endiablé, son esprit gémissant des tortures de se recouvrer semblable, identique, inchangé. Au matin, tout a été repoussé, la négation pour continuer à se regarder sans frémir, la sensation au creux du ventre, abreuvée par la bête trop souvent réveillée. Alors voir les démons s’accrocher aux basques de son amie n’est ni choquant, ni étonnant, c’est une réalité torve que suivent ceux qui doivent vivre après les morts pour éviter de s’enterrer avec eux. Il plaisante pour chasser l’opacité des envies bousculées, elle le cingle en retour avec un ton abrupte, la griffure de l’amour propre est presque délectable. Lorsqu’on choisit de venir rendre les armes sur un seuil, il y a des évidences à dévoiler la peau pour qu’elle se voie mordue par l’aigreur. Une fois assis, il est raidi dans ses appréhensions, il souhaite éviter le rejet même s’il lui faut pour cela convoquer la hargne. Tout est plus supportable que la froideur lointaine, alors il s’immisce dans ses blessures, se glisse dans ce qu’il y a de plus trivial, gagner le corps pour tenter de toucher l’âme. Il laisse glisser son soupir, y note les non-dits d’une relation en dents de scie, et dans le silence amoindri par leurs souffles il se souvient de sa désobligeance. Elle se fraye dans ses propres blessures, s’agenouille dans le creux des stigmates de son épuisement, il a l’air soudain ravagé par la peine. L’enfer sur sa langue, l’enfer sur son front, l’enfer… Il est certain qu’il existe, ils y sont en ce moment même. Il hoche la tête, péniblement, sa réponse ne dit rien si ce n’est qu’il souhaite habiller son silence pour ne plus avoir à s’y confronter. Le déclic est terrible, il parle sans doute avec des libéralités étranges, son murmure est fervent, comme s’il portait l’aveu et qu’il fallait le délivrer pour ne pas l’étouffer. Il sirote la bouteille, secouant la tête en la lui rendant d’un geste où tremble les maux du manque et des angoisses incessantes. Une bonne décision… Comme s’il était capable de prendre une bonne décision. Il a presque l’impression d’entendre son père, la blondeur en moins, le ton sec en plus. Il croise les yeux de Hayley et les accroche comme une distinction à leurs exploits qui ne méritent que les médailles de l’opprobre, avoue sans mentir :
_ Tu es en train de me dire qu’après toutes ces années tu attends à ce que je prenne… une « bonne » décision ? Je prends la décision qui vient Hayley, tu le sais très bien. Celle qui vient, celle qui doit, je pèse pas le pour et le contre, je me fais pas chier avec tout le concept de la réflexion. Surtout pas… (Il détourne le visage, ne prononcera pas le mot de deuil qui ne passe presque jamais ses lèvres, le deuil c’est aussi un concept qui ne cesse de lui échapper) Surtout pas à ce moment-là. Je dis pas que c’est sain, je dis pas que c’est bien, je dis que c’est comme ça et que j’y peux pas grand chose. J’avais besoin de me confronter à tout ça, parce que c’est souvent tout ce qui reste. Tout ce qui me reste.

Il revient à elle, la voix encombrée d’un trouble grandissant, parce qu’il n’accroche ni sa colère, ni son intérêt, il a l’impression de ne pas la toucher totalement et la distance devient une plaie supplémentaire. Il bouge dans le fauteuil, la nervosité galope dans ses doigts qui pianotent, nervosité grandissante, aussi harassante que ce mal qui s’accroche, cette putain de douleur qui lui fait se frotter les bras comme le camé qu’il est. Elle finit par venir chercher ce qu’il évade encore, en parlant des travers mais pas des fautes. La seule faute réelle qui fut portée sur elle, qui fut sciemment balancée dans la conversation. Il pince les lèvres, son arrogance trahit toute sa posture qui se fige un instant, il a très peu l’habitude de se voir adresser des reproches, et encore moins que ces reproches aient un poids. Mais qu’elle le formule à voix haute le gifle et lui renvoie le dessin de son caractère en pleine gueule. Il regarde sa main, reprend une gorgée à même la bouteille, comme il le fait depuis le départ et balbutie :
_ Non… C’est pas… Tu…
Mais son éloquence se blesse face à la vérité, peine à étayer les faux semblants, à maquiller l’instinct, la fuite n’est plus possible, venir jusqu’à elle admettait les concessions qu’il murmure, le véritable aveu enfoui sous tout le reste :
_ Je l’ai fait. J’avais mal et j’ai voulu te faire mal avec la même intensité. Je n’aurais pas dû utiliser ta peur alors que c’est moi qui crevait de trouille. Je…
Ses yeux reviennent à elle, il cherche ses prunelles pour y trouver ce contact nécessaire, l’ébauche d’une compréhension, de ce pardon qu’il est venu quérir sans qu’il ne puisse réellement le prononcer, comme s’il s’agissait là d’un langage inconnu entre eux. Ses iris bleues sont tristes, la honte de ses torts s’y lisent tout comme l’étreinte du remords. Elle ne mérite pas de ployer sous la rage qui parfois le submerge, et encore moins de se voir traitée telle une pleutre quand elle assume mieux le deuil que lui ne sait le faire et qu’elle se relève des mêmes peurs, qui pourtant n’ont pas exactement une source commune. James baisse son regard, laisse filtrer une remarque sortie du coeur, cette impossibilité de l’envisager six pieds sous terre s’il n’y est pas déjà. Ce serait pire qu’une insulte. Il cueille l’ébauche de son sourire, sourit en coin à son tour, un mimétisme arraché à leurs années d’amitié. La course avec la mort, ils connaissent, ils y concourent chaque année, avec une assiduité confondante. Il grogne, commente sur un ton où l’ironie devient tranchante :
_ Pareil, j’ai pas réussi à atteindre l’overdose. Je commence à croire que c’est un mythe sociétal pour empêcher nos chers enfants de se piquer. Ils savent pas ce qu’ils loupent… Même si les balles, je connais pas, j’avoue, je fais presque petit joueur. La prochaine fois, colle m’en une, si je vais trop loin, ça me fera une expérience.
Il consent à se servir un verre pour trinquer avec elle et abandonner ses moeurs de rustre, lui faisant un léger clin d’oeil, la trêve s’instaurant dans l’aube d’une guerre qu’ils ne peuvent totalement mener, étant indéfectiblement dans le même camp. Cependant, il tient à lui donner l’éventail des armes dont elle pourrait se servir à son tour contre lui si l’envie lui en prenait. Il est venu en paix après tout, alors après une longue gorgée, il se calme peu à peu, trouve le fauteuil éminemment confortable et comprend qu’elle y passe ses journées :
_ Je vais peut-être venir squatter ici, ça évitera à tous ces connards de venir me chercher. Ah au fait, tu le liras tôt ou tard, j’ai baisé une mineure, ça fait un bail, ça se saura demain, ça choquera tout ça, ça occupera ceux qui n’ont visiblement rien à foutre. Si jamais tu te posais la question, ouais, j’en ai plutôt un bon souvenir. Si jamais tu te posais pas la question, c’est cadeau.
Provocateur, il termine son verre, mais sous la gouaille il y a l’évocation d’un présent vacillant qui l’emmènera plus loin qu’il ne le dit, et auquel elle peut toujours se raccrocher si jamais elle se sent encore concernée par son existence et ses immanquables frasques. Il désigne ses propres écarts, en pointant la zone amochée de son abdomen :
_ Tu t’es pris combien de séances de psy supplémentaires avec cette connerie d’ailleurs ?
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() message posté Mar 21 Mar 2017 - 11:40 par Invité
Vouloir se noyer dans l'alcool n'avait rien de salutaire, elle devait bien l'avoir comprit depuis le temps. Alors pourquoi s'enfoncer d’avantage à chaque fois que la vie la blessait, à chaque fois que la mort se rappelait à elle comme une vieille amie ? Comme si ce simple contact avec sa gorge pouvait atténuer un peu cette douleur, cette perte de l'autre alors que c'est impossible. La seule chose qui peut faire la différence est ce moment où l'on est si proche de la fin que même notre esprit se met en pause, nous accordant une trêve dans notre nébuleux dessin. C'est sans doute cette sensation que recherchait Hayley depuis qu'elle avait sentit la balle la traverser. Allongée sur ce brancard, elle ne pensait même pas à la douleur lancinante, elle luttait simplement pour respirer, pour que l'air tente vainement de se frayer un chemin entre ses poumons entrechoqués. A cet instant, elle ne connaît pas le diagnostic médical, elle ignore si elle est condamnée ou non. Alors, le plus logiquement du monde, elle songe à Dan. Elle imagine ce qu'il a ressentit quand il était à sa place, allongé presque inerte dans l'ambulance. Elle tourne un regard las vers sa gauche où se tient un urgentiste qui fixe ses constantes sur la petite boite rouge au dessus de sa tête. A voir sa tête, il semble inquiet ou du moins, il n'affiche pas de signes encourageant. Elle s'en moque. Elle sait que quelques années plus tôt, c'était elle à la place de cet homme, tenant fermement la main ensanglantée de Dan dans la sienne, espérant qu'il reprenne connaissance, pour qu'il se batte jusqu'à ce que les dommages causés par la balle soient réparé. Elle avait souhaité prier, mais prier qui ? Hayley n'avait jamais cru en Dieu mais tandis qu'elle sentait la vie fuir le corps de l'homme qu'elle aimait, elle se surprenait à espérer que quelqu'un puisse le ramener. Hayley refusait de lâcher cette main qu'elle avait elle-même condamnée alors que les ambulanciers se pressaient pour l'emmener au bloc. Alors que c'était son tour d'affronter la mort, elle se sentait étrangement apaisée. Même si l'air venait à lui manquer cruellement, elle se dit que c'était une fin enviable à toutes celles qu'elle pourrait connaître. Mais quelques heures plus tard, elle devait reconnaître que la mort elle-même n'avait pas voulu d'elle. Allongée sur son lit d'hôpital, elle fixait le dehors sans aspiration. Elle savait que cet accident ne resterait pas sans conséquence, que d'une minute à l'autre, son supérieur viendrait constater les dégâts et ne se générait pas pour l'enfoncer un peu plus. Elle y survivrait, elle avait perdu depuis longtemps l'envie de lui plaire. « Tu es en train de me dire qu’après toutes ces années tu attends à ce que je prenne… une « bonne » décision ? Je prends la décision qui vient Hayley, tu le sais très bien. Celle qui vient, celle qui doit, je pèse pas le pour et le contre, je me fais pas chier avec tout le concept de la réflexion. Surtout pas… Surtout pas à ce moment-là. Je dis pas que c’est sain, je dis pas que c’est bien, je dis que c’est comme ça et que j’y peux pas grand chose. J’avais besoin de me confronter à tout ça, parce que c’est souvent tout ce qui reste. Tout ce qui me reste. » Le concept de réflexion. Ces mots glissent lentement vers elle tandis qu'elle prend une autre gorgée. En ça, elle est semblable. Hayley n'était pas réputée pour sa réflexion mais plutôt pour son empressement. Son discours lui semblait censé, cohérent. Elle le fixa quelques instants avant d'étirer sa colonne non sans une grimace de protestation. Hayley ne lui avait jamais parlé d'être raisonnable, elle n'était pas un exemple en la matière. Quant il s'agissait de sa vie, elle était plus qu'instable. Et concernant les bonnes décisions, elle en avait prit un tas de mauvaises, seulement elle espérait changer cela. James, lui, semblait avoir accepté l'idée que rien ne change, jamais. « Prendre une bonne décision une fois dans ta vie, c'est pas grand chose. Le truc c'est d'écouter et excuse moi, mais t'es vraiment pas douer la dessus. T'as même pas entendu ce que j'te disais, t'as juste foncé comme un con » Elle le toisa avant de reprendre « Oui j'te connais James et c'est pour ça que je voulais que t'entende. T'es comme moi, t'as peu de personne derrière toi, alors essai de pas foutre en l'air les derniers rapports amicaux que tu as ».

Tout ce qu'Hayley à gardé en elle semble peu à peu sortir de la cage. Revoir James lui rappelle leur dernier échange, les derniers mots brûlants qui lui a tenu. Elle avait besoin de lui quand lui était ailleurs, partit, qu'il avait fuit pour son monde d'obscurité. Elle n'était pas revenue au Viper, sachant très bien qu'il n'y serait plus. C'était comme si la ville elle-même lui avait soufflé son départ. Alors elle s'était contenté de sa rage, de sa rancœur envers lui pour se persuader qu'il était mieux la-bas qu'à Londres. Bien sur, elle savait qu'il y retrouverait ses démons, que la drogue viendrait éteindre quelque peu ses idées noir et elle ne voulait pas assister à ça. Elle avait elle-même mit de côté les seringues et les assortiments explosifs. Elle s'était guéri de cette emprise qu'avait eu la drogue sur son organisme, sur son âme également. Hayley se doutait que James n'était pas revenu tout seul de son enfer parce qu'il était incapable de s'écouter, de se remettre. Il lui fallait un appui, une bonne âme susceptible de le ramener sur terre en limitant les dégâts. A priori, Hayley n'était pas cette personne, comme il le lui avait sauvagement fait remarqué des semaines plus tôt. « Non… C’est pas… Tu…Je l’ai fait. J’avais mal et j’ai voulu te faire mal avec la même intensité. Je n’aurais pas dû utiliser ta peur alors que c’est moi qui crevait de trouille. Je… » Il est rare de retrouver cela dans le regard de James. Hayley semble hésiter à en décoder le sens. Pendant une seconde, elle lit sa honte dans ses yeux et elle sent une pointe dans sa poitrine. Elle l'avait su à la seconde où il l'avait attaqué, qu'il se servait de ça pour ne pas affronter ses propres problèmes. Mais le voir se repentir aujourd'hui lui accordait plus de crédit. Elle se contente de soutenir son regard, ne souhaite rien apposer de plus à ce débat. Elle a assez ruminé comme ça et elle espère qui lui aussi.

Ils passent quelques instants en silence, se toisant comme des bêtes blessées. Hayley n'as jamais eu de problème avec l'animosité des gens. Elle est y habitée depuis tellement longtemps à présent... Elle a toujours suscité cela chez les autres et elle sait que c'est sa manière à elle de mettre le monde à distance. Parce qu'elle est méfiante, parce qu'elle ne veut plus s'attacher en prenant le risque de perdre. Alors elle est froide, introvertie, elle n'offre aucune possibilité de contact. Seulement avec James, elle ne veut pas de ça. Ils ont des démons communs, ils le savent bien. Ils sont trop semblables pour se mener une guerre sans merci. Ni l'un ni l'autre n'ont beaucoup de personne capable de comprendre, de les comprendre. « Pareil, j’ai pas réussi à atteindre l’overdose. Je commence à croire que c’est un mythe sociétal pour empêcher nos chers enfants de se piquer. Ils savent pas ce qu’ils loupent… Même si les balles, je connais pas, j’avoue, je fais presque petit joueur. La prochaine fois, colle m’en une, si je vais trop loin, ça me fera une expérience ». Hayley affiche un sourire amer. Ils savent tous les deux que la drogue est l'un des pires fléaux qu'ils connaissent. Si Hayley en est revenue, James semble encore incertain quant à cette prise de recul. En travaillant comme infiltrée chez les stups, Hayley à fréquenté de près, de beaucoup trop près, cet univers de drogué. Un univers qui l'a affaibli, qui a fait d'elle une autre. Un univers qui a bousillé son corps autant que son esprit. « Ne me tente pas », réplique-t-elle, un léger rictus aux lèvres. Les armes à feu avaient cette fascination de tout pouvoir. Le pouvoir d'ôter une vie en quelques secondes, tandis que la seringue apportait avec elle cette notion de temps, d’adrénaline non contenue. Ils trinquent alors à des meilleurs jours, même si ces jours sont sûrement derrière eux à présent. « Je vais peut-être venir squatter ici, ça évitera à tous ces connards de venir me chercher. Ah au fait, tu le liras tôt ou tard, j’ai baisé une mineure, ça fait un bail, ça se saura demain, ça choquera tout ça, ça occupera ceux qui n’ont visiblement rien à foutre. Si jamais tu te posais la question, ouais, j’en ai plutôt un bon souvenir. Si jamais tu te posais pas la question, c’est cadeau ». Hayley pousse un gros soupire, exaspérée. Elle est habituée aux frasques de son comparse seulement celui-ci ne s'accorde jamais de pause dans l'adversité. James lui dit ça calmement, ayant sûrement encaissé l'idée depuis un bout. Elle fait la grimace, non par dégoût, mais plutôt par surprise non déguisée de son acte. Elle se lève, lui vole la bouteille des mains avant de reprendre sa place, toujours dans la douleur. « Sérieusement ? Tu lui avais pas demandé son âge, pas vrai ? Tu sais que tu peux te taper n'importe qui, alors pourquoi t'emmerder avec les mineurs ? La prochaine fois, contente toi de coucher avec un mannequin adulte aux narines enfarinés, tu te mettra moins dans la merde ». Et elle se sert un nouveau verre, constatant qu'elle n'aura pas besoin de cacher la bouteille avant le retour de Peter, celle-ci étant presque terminée. Elle ne juge pas James, elle sait qu'il agira toujours comme il le souhaite, qu'il ne met pas de protection dans ses phases déconnantes. Elle ne lira sans doute pas les journaux de toute façon, elle a un vrai problème avec les journalistes en tant normal. «Tu t’es pris combien de séances de psy supplémentaires avec cette connerie d’ailleurs ? ». Hayley se redresse, tentant maladroitement de se mettre en tailleur. Il n'y a pas de bonnes positions, son flanc étant traversé de part en part. Elle ne peut s’empêche de penser que si cette foutue balle a épargné des organes, elle n'a pas épargné son ventre, elle a même tracée un sillon grossier entre ses côtes. Elle est venue s'ajouter aux autres cicatrices et marques de blessures des autres jours. « J'ai pas encore le nombre, mais j'imagine que mon boss me fera encore gagner deux bonnes semaines de congé pour éviter de m'avoir au bureau ». Une vérité plutôt risible, si bien qu'ils lèvent tous deux leur verre à cette nouvelle. « Dit moi... C'était qui ? C'était qui la personne qui t'a ramené parmi les vivants ? ».
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James M. Wilde
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Hayley
& James




Et la mort n’avait pas voulu de lui non plus, la mort persiste à lui cracher dessus comme s’il remuait déjà suffisamment ciel et terre dans le monde des vivants pour gagner le droit de venir perturber les trépassés. Il y aspire pourtant, à ce repos définitif qui le glisserait dans la gangue du néant, il y aspire mais l’idée même de l’absence de tout le fait frémir, la disparition de ses sens l’angoissent avec une régularité qu’il a héritée des heures sombres où l’enfermement rythmait son quotidien. Ne plus rien sentir serait sans doute la punition la plus appropriée pour une créature telle que lui, une créature d’instincts qui ne sait se repaître que des infinis pour continuer à enrichir la palette luxuriante de sa survie. Le néant se voit donc remis à plus tard, il figure sur son agenda à des dates fluctuantes qu’il se détermine toujours à repousser, un jeu malsain où il parie avec lui-même du vainqueur de l’éternelle joute, lui ou le destin. À moins que le destin ne soit irrémédiablement de son côté… Ce qui équivaudrait à peindre une route bien longue. Trop longue sans doute.Trop longue si elle ressemble à ce dernier mois écoulé, à sentir le vide dévorer tout autour, les grandes désespérances revenir le noyer, et les rêves tous s’échouer dans une absence devenue une infamie. Il ferme les yeux et cherche à s’apaiser en écoutant le phrasé d’Hayley, le métronome des dernières années qui furent parfois pires qu’aujourd’hui… Souvent meilleures cependant. Il rouvre ses prunelles pour noter son changement de posture et esquisse une moue désapprobatrice alors qu’elle tente de se redresser pour le braver lui ou la douleur. Qu’importe la cause, ces deux présupposés sont aussi ridicules l’un que l’autre. Il la considère en haussant un sourcil, sans doute déjà prêt à son argumentaire, avant de rire de bon coeur devant sa répartie complètement frappée au coin du bon sens. Il comprend qu’elle lui a manquée… Elle lui a terriblement manquée en vérité. Son regard s’adoucit et il recouvre des aises qui l’amènent à croiser ses jambes avec nonchalance, avant de lui répondre, une main sous le menton pour souligner la théâtralité de sa réplique :
_ Il y a deux choses qui sont vraies dans ce que tu baragouines, jeune fille. Que je ne suis pas doué pour écouter, et que j’ai un cercle si restreint qu’il se compte sur les doigts de la main. Le reste tient du détail. S’il s’agit de prendre une bonne décision au moins une fois, comme tu dis, j’ai encore de la marge pour y parvenir non ? Rien n’est perdu, je suis rassuré !
La fin de la phrase est grinçante, voire profondément moqueuse mais c’est en général le signe qu’il ne se braque nullement face aux reproches que l’on peut lui servir. Et c’est sans doute rare que quelqu’un sache ainsi désamorcer ce genre de situation avec lui, réputé pour avoir une tête encore plus dure que du granit. Greg y parvient à force de le pratiquer quotidiennement (à croire qu'il tient d'ailleurs un guide de l'espèce James Matthew Wilde en grand secret), Hayley a su prendre le pli assez rapidement, sans doute parce qu’elle est comme lui. Moira également… Moira sait d'ailleurs toujours comment l’aborder, une grâce qu’il aimerait sans doute lui ôter s’il en avait la quelconque capacité. Un pouvoir qui le menace autant qu'il ne sait le rassurer.

Les mots se délient suffisamment pour qu’il parvienne à lui présenter l’ébauche de ses excuses ou tout du moins ce qui pourrait s’en approcher. Il y a dans le trouble qui plane sur son front tant de désaveu pour ses paroles que l’expression des regrets qui se peignent dans ses iris assombries ne peuvent qu’être sincères. Il est parti, parti sans prévenir, parti s’enferrer dans un passé qui l'a recraché presque mort, parti sans appeler personne si ce n’est elle. Elle par erreur. Elle alors qu’il n’aurait pas dû céder à cette faiblesse. À toutes les faiblesses d’ailleurs, dont celle qui l'a poussé à se relever, se relever boitillant, mal assuré, handicapé par ce passage à vide qui continue de le hanter et de donner à ses airs quelques errances qui le poussent dans des lointains que personnes ne semblent pouvoir atteindre. D’aucuns prétendraient que ce sont les ravages de la drogue, qui le kidnappent dans des mondes intérieurs proches des sphères confinées de la folie, James y voit quelque chose de plus poétique, il croit qu’il s’agit du vagabondage de ses esprits pour se rasséréner alors qu’ils faillirent connaître le naufrage. Mais ses esprits n’ont pas besoin de s’évader aujourd’hui, pas en sa présence alors qu’elle cherche à lire les remords qui se gravent dans leur échange rendu muet. Il se mord la lèvre inférieure et finit par hocher doucement la tête, pour indiquer qu’il comprend que l’affaire est close et qu’ils n’auront guère à revenir dessus. Le souvenir de sa vileté se range auprès de tous ceux qui furent excavés dans la maison de ses cauchemars, l’héroïne scande les visages, rappelle les cris, il boit une longue gorgée de whisky pour faire passer l’aigreur qui manque de l’étouffer. La plaie est encore neuve, trop neuve pour qu’il puisse totalement la masquer et cette faiblesse supplémentaire, ajoutée au cadavre ambulant de sa carcasse qui se perd dans des vêtements qui paraissent presque trop grands l’enrage davantage. Et pourtant il se dévoile aujourd’hui à sa vue, il sait qu’elle ne s’en servira pas contre lui, elle n’a jamais eu le comportement désobligeant qu’il s’est permis d’endosser pour qu’elle souffre de seulement croire lui donner un conseil. Mais James est ainsi fait que la souffrance la plus vive le pousse à attaquer d’abord, à se complaire dans la douleur portée pour oublier la sienne. La douleur toujours… Celle qu’il s’inflige dans cette descente est pire que toutes celles qui furent ses compagnes lors des précédentes. Les doses ont été trop fortes, trop soutenues, les aveux trop durement arrachés, et l’abandon trop vif. Il se sent si blessé, qu’il met quelques secondes à réagir à sa boutade, avant de désigner son coeur. Comme pour lui indiquer que si elle vise, par pitié, qu’elle n’ait pas l’outrecuidance de le louper. Pour dissiper son propre malaise, il lâche l’information qui finira bientôt à enrichir d’autres rumeurs qui frôleront ainsi l’obésité. Elles dégueuleront l’ensemble de leurs hérésies publiquement et le Viper ne sera plus un endroit où il fera bon vivre tant que les journalistes chercheront à l’y traquer pour obtenir ne serait-ce qu’une déclaration. Il semble détendu quant à toute cette histoire, mais les retombées le navrent plus qu’il ne l’aurait imaginé à l’époque. Le soupir d’Hayley est si éloquent qu’il roule des yeux, presque amusé de sa réaction perdant son butin difficilement acquis lorsqu’elle profite de son attention détournée pour lui reprendre la bouteille des mains. Il grogne un « hé » qui filtre sa jalousie de mauvais garnement avant de se contraindre à cette absence de distraction supplémentaire en croisant les bras, faussement renfrogné. Une attitude qu’il perd au fur et à mesure que les mots viennent gratifier ses aventures sur un ton qui flirte avec une dérision flagrante. Il lève les deux mains comme s’il était l’innocence même :
_ Bah ouais… Qu’est-ce que tu veux, la fille est jolie et entreprenante, pourquoi j’aurais demandé son âge ? Et au final, qu’est-ce que j’en ai à taper ? Même à 16 ans, en se faufilant jusqu’à moi avec son corps de rêve là, elle savait bien qu’on allait pas organiser un atelier Feng-Shui. Même si j’ai déplacé quelques meubles au final pour… (Il mime visiblement les courbes de la fille, avec un sourire très appuyé avant de laisser flotter dans l’air entre eux l’idée de ses ébats) Qu’importe ! À la santé des mannequins et de leur propension à vouloir se détruire en me fréquentant !

Il lui fait un clin d’oeil, amoral jusqu’au bout des ongles, plus détendu à ses côtés qu’avec quiconque lorsqu’il s’agit de discuter de ses écarts qui ne reçoivent jamais l’ébauche d’un seul jugement. Hayley a beau être flic, elle ne s’est jamais planquée derrière un ton moralisateur et c’est une qualité si rare que cette ouverture d’esprit, qu’il la regarde un instant avec une once d’affection qui se grave dans son sourire mourant. Il tend la main, pour redemander d’autorité l’objet du vol caractérisé et s’empare de nouveau de la bouteille alors qu’il commente :
_ Comme si causer de nos soucis à ces cons allait les faire disparaître. Putain, je n’ai jamais pu supporter ce genre d’écoute. Même si j’aimerais bien essayer pour voir en combien de temps je peux parvenir à faire sortir un psy de son masque d’austérité.
Il secoue la tête alors qu’il ponctionne une nouvelle gorgée et zyeute la tentative de son amie pour trouver une position qui la ferait moins souffrir, mais il ne commente pas, il n’a pas envie de la diminuer plus encore en s’improvisant infirmière, un rôle qu’il tiendrait de toute façon très mal. La question suivante le surprend, le laisse pantois alors qu’il repose avec un soin calculé son verre parce que ses doigts tremblent. Sa voix, devenue blanche et ténue articule difficilement :
_ J’imagine qu’il ne sert à rien de prétendre que j’aurais très bien pu m’en sortir seul…
Ses yeux fouillent le sol puis se fixent sur ses doigts qui s’entrecroisent, il ne sait pas trop comment présenter toute cette histoire, ni s’il y en a réellement une en fin de compte. Mais le silence qui s’installe indique sans doute qu’elle a su frapper juste dans la carapace qui ceint sa vie privée bien trop souvent étalée dans les journaux pour qu’elle le demeure ou qu’elle ne le soit. D’habitude, seules ses frasques publiques semblent l’intéresser. Il reprend la mesure de son souffle avant de dire doucement :
_ Il y a… une femme. Que j’ai rencontrée, ça fait quelques semaines maintenant. Elle compte je crois, elle compte peut-être un peu trop. Elle m’a trouvé, tu imagines mon état. Elle a compris certaines choses, elle m’a relevé, malgré le dégoût qu’elle devait concevoir. Ouais…
Une autre gorgée alors qu’il s’interrompt. Ses yeux reviennent sur Hayley. Tristes.
_ Elle n’est pas revenue. Je ne peux pas lui en vouloir, pas après ça. Je ne devrais m’attendre à rien, c’est complètement con. Elle s’appelle Isolde, elle n'aurait pas dû croiser ma route. C'est sans doute mieux comme ça.
Il termine son verre d’une traite et le pose de nouveau, se passe une main sur l’arrière du crâne, presque gêné visiblement, gêné de dévoiler l’aube de quelques sentiments qui s’attardent sur sa peau et qui continuent de le hanter.
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() message posté Mar 9 Mai 2017 - 18:47 par Invité
Deux paumés. Deux âmes torturées qui s'affrontent dans un combat de regard, dans un silence des plus éloquent. Hayley profite du silence car il ne l'a jamais gêné. Loin d'être bavarde, elle se complet dans les phrases directes, sans fioritures. Seulement ils finissent tous deux par se détendre, comme si ces dernières semaines l'un sans l'autre avaient été bien suffisante à leur malheur. Hayley avait pensé qu'elle mettrait bien plus de temps que cela à lui parler à nouveau. Elle était sortit tellement furieuse de son Pub qu'elle aurait pu le frapper si un minimum de bon sens ne l'avait pas retenu. Elle avait beau être imprévisible, elle ne voulait pas devenir une de ces femmes qui en viennent à frapper un ami. Il y avait des limites à la violence et à la connerie, même la plus belle des conneries. Et puis elle aurait pu parier sur le sadisme de James pour qu'il aime ça. Après tout, il se frottait à la femme flic depuis assez longtemps pour être à la fois curieux et amusé de savoir comment elle lui réglerait son compte. Alors elle n'avait pas songé à le recevoir dans son salon. Ni à lui offrir un verre non plus, mais pour ça, il n'avait pas besoin de son accord, James avait toujours eu tendance à se passer d'autorisation. Sa non-conformité aurait dû l'agacer mais elle avait fini par trouver cela presque normal. James était l'opposé du gentleman. Hormis sa belle gueule et sa mélomanie, il était sans doute le gars qu'il fallait le plus fuir. Les filles ne pouvaient tomber amoureuse sans se prendre en plein visage son sale caractère et ses mauvaises habitudes. Les filles ne devaient pas tomber amoureuses, pour leur bien. Seulement Hayley pouvait discerner les contours, les failles, de cette carapace qu'il s'était construit avec le temps. Elle était sa meilleure amie, aussi elle connaissait ses bons côtés, ceux qui faisaient qu'elle était encore là. Mais elle n'avait aucun doute sur la consistance de leur amitié, celle-ci ne tenait qu'à leurs similarités. Ils étaient fait pour se comprendre là où les autres ne comprenaient rien et ne voyaient que de l'obscurité. C'était sans doute ça qui faisait qu'Hayley ne lui avait pas refermé la porte au nez quand bien même elle en avait rêvé. Parce qu'après l'avoir renvoyé sèchement, que ce serait-il passé ? «Il y a deux choses qui sont vraies dans ce que tu baragouines, jeune fille. Que je ne suis pas doué pour écouter, et que j’ai un cercle si restreint qu’il se compte sur les doigts de la main. Le reste tient du détail. S’il s’agit de prendre une bonne décision au moins une fois, comme tu dis, j’ai encore de la marge pour y parvenir non ? Rien n’est perdu, je suis rassuré ! » Elle leva les yeux au ciel, mi-amusée, mi-agacée. James avait une tendance à la nonchalance qui frisait l'arrogance. Seulement elle savait avoir également ce côté là, même si face à lui, elle faisait petite joueuse en cet instant. « Par contre si tu t'avise encore une fois de me parler comme la dernière fois, tu n'aura plus jamais l'occasion de prendre une bonne décision. Crois moi ». Même si un léger rictus soulignait ses lèvres, James devait percevoir la vérité sur ses traits. Elle lui offrait une trêve, à lui de ne pas la gâcher. Même s'il lui avait manqué, même s'il était sans doute la seule personne sur terre à la comprendre parfaitement, elle n'était pas prête à encaisser une nouvelle déconvenue amicale de cet ordre.

Pendant une seconde, elle imagina devoir protéger un enfant des dangers du monde. Cette image est risible tellement elle est impossible. Quand elle regarde James, elle est un peu rassuré de n'être pas la seule personne à n'être pas capable de devenir parent. Elle n'a jamais songé à la maternité, même quand elle était avec Dan, même quand elle était avec un homme capable de l'aimer comme elle était. Elle serait une mère lamentable. Elle préférait protéger les enfants des autres comme les monstres de la nuit. Et puis elle avait Beth, c'était suffisant. Ça devait suffire. « Bah ouais… Qu’est-ce que tu veux, la fille est jolie et entreprenante, pourquoi j’aurais demandé son âge ? Et au final, qu’est-ce que j’en ai à taper ? Même à 16 ans, en se faufilant jusqu’à moi avec son corps de rêve là, elle savait bien qu’on allait pas organiser un atelier Feng-Shui. Même si j’ai déplacé quelques meubles au final pour…Qu’importe ! À la santé des mannequins et de leur propension à vouloir se détruire en me fréquentant ! ». La bouteille bien en main, elle est plutôt heureuse de le priver d'alcool à ce niveau là. Elle pousse un long soupire avant de lui jeter à la figure un coussin qui traîne au sol. Elle lui fait signe qu'il ne peut pas se venger sans prendre le risque de la faire bouger et donc de provoquer une nouvelle grimace de douleur. « T'en rate pas une quand même ! Et si tu dois squatter ici, fais toi oublier. Parce que si les vautours viennent à tourner autour de chez moi, je risque de devenir un peu hargneuse. Et puis s'ils apprennent que ta meilleure amie est un lieutenant mise à pied, ça risque de devenir un poil plus compliqué ». Pourtant, elle aimerait leur dire le fond de sa pensée. Hayley a toujours eu une dent contre les journalistes. Elle ne comptait plus le nombre de fois où ces abrutis avaient mit en danger une enquête en publiant des informations sensibles. James lui reprend de force la bouteille, tout heureux de son geste. «Comme si causer de nos soucis à ces cons allait les faire disparaître. Putain, je n’ai jamais pu supporter ce genre d’écoute. Même si j’aimerais bien essayer pour voir en combien de temps je peux parvenir à faire sortir un psy de son masque d’austérité. » Elle le regarde boire à même la bouteille et agite son verre vide dans sa direction. A les voir comme ça, il est difficile de croire qu'ils étaient prêt à s'étrangler quelques minutes plus tôt. « J’imagine qu’il ne sert à rien de prétendre que j’aurais très bien pu m’en sortir seul… ». Hayley le toise rapidement. « Inutile, en effet ». Elle le regarde intensément, histoire qu'il se livre totalement. « Il y a… une femme. Que j’ai rencontrée, ça fait quelques semaines maintenant. Elle compte je crois, elle compte peut-être un peu trop. Elle m’a trouvé, tu imagines mon état. Elle a compris certaines choses, elle m’a relevé, malgré le dégoût qu’elle devait concevoir. Ouais… Elle n’est pas revenue. Je ne peux pas lui en vouloir, pas après ça. Je ne devrais m’attendre à rien, c’est complètement con. Elle s’appelle Isolde, elle n'aurait pas dû croiser ma route. C'est sans doute mieux comme ça. » Hayley pose également sa tête contre le fauteuil, réfléchissant à ce qu'il vient de lui livrer. Elle sent chez lui quelque chose de nouveau, mais elle ne sait pas encore si cela est dangereux ou non. James semble lointain tout d'un coup. Il la regarde, comme pour sonder son esprit, savoir ce qu'elle pense de tout ça. « Elle a vu le plus sombre chez toi, je peux comprendre qu'elle n'est pas envie de te revoir », dit-elle lentement, plus pour elle-même que pour lui. Elle n'a pas envie de lui raconter d'histoires, elle n'a jamais été malhonnête envers lui et elle ne va pas commencer aujourd'hui. Pendant une fraction de seconde, elle croit apercevoir de la douleur dans le regard de son ami, mais très vite, James semble reprendre le dessus. « Elle est venue te chercher, elle aurait pu te laisser crever la-bas. Tu l'as appelé au moins ? ». Parce qu'elle connaît son ami, il est trop fière, trop seul le plus souvent pour comprendre certains enjeux en terme de relations humaines. Elle ne le blâme pas, elle est pareille. « Quand tu dis qu'elle compte, tu veux dire que tu l'aime ? ». Elle dissimule un sourire, se contente d'afficher un visage de circonstance.
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James M. Wilde
James M. Wilde
MEMBRE
Faster, faster, you won't go far _ Hayley&James 1542551230-4a9998b1-5fa5-40c1-8b4f-d1c7d8df2f56
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() message posté Jeu 25 Mai 2017 - 18:54 par James M. Wilde
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« Faster, faster, you won't go far
Shouldn't leave, feeling faith, we both know why
You got to show me, both knees, cold I lie
Hold me slowly, hide me 'til I can fly »

Hayley
& James




La trêve acceptée, sa posture se modifie, change de contours pour devenir le reflet de ce qu’il renferme, l’épuisement affaisse ses épaules, les douleurs difficilement tenues en respect éclaircissent ses yeux qui brillent du malêtre et de ces jours passés à désespérer. La retrouver l’apaise, il choisit de ne plus prétendre, comme par égard pour elle, qui pâtit de ses échappées maladives, à se croire pare-balle quand elle ne fait que percer ses chairs, encore et encore, pour se souvenir d’exister. Il comprend les menaces pour ce qu’elles sont, cette amitié qu’il a froissée à escient, projetant sa propre terreur pour l’infliger à celle qui ne souhaitait pourtant que la dissiper. Il cesse pour l’heure de boire, ne dispute plus le rapt de la bouteille, la lui abandonne, demeurant solitaire dans son fauteuil, à en tirer les fibres du bout des doigts tandis qu’il parle. Il n’a pas le réflexe d’esquiver le coussin qu’il reçoit en pleine gueule, ce qui le fait marrer, un rire un peu rauque d’avoir si peu usé de son langage prolixe ces derniers jours. Il conserve le projectile contre lui, comme un bouclier, avant d’arguer sur un ton franchement ironique :
_ Toi, hargneuse ? Vraiment ? Dans quel monde dis-moi un tel comportement serait-il possible ? Mais range tes griffes, folle furieuse, ils ne me trouveront pas jusqu’ici, notre fréquentation continue de leur échapper, ça doit être parce que je ne t’arrache pas ton soutif, sans doute que ça les intéresse moins. Au pire, s’ils trainent, on tirera à vue, comme dans le grand Ouest, j’ai toujours rêvé de faire ça… Avoue que ça te divertirait.
Mais les plaisanteries font long feu, il y a dans le regard de Hayley une sorte de convoitise quant à ses envolées dans les ombres et il ne parvient plus à maquiller le bordel qui se trame dans ses esprits. Lui dérober son existence n’est pas dans ses habitudes, il choisit donc de se livrer sans renâcler, même si chaque mot lui coûte bien plus qu’il n’y paraît. Encercler des incertitudes les font devenir prégnantes, plus rangées que la place aléatoire que le marasme de l’héroïne a porté sur ses songes, il doit faire un effort pour catégoriser. Les ténèbres plus proches, son regard s’obscurcit, il récupère un verre plein, la renonciation quant à l’alcool aura su durer quelques minutes seulement. La gêne fait trembler son souffle, mais les mots filtrent les peurs, les incohérences d’un caractère mis à mal par des rencontres presque importunes. L’on ne sait s’il aurait préféré les éviter, ou les provoquer au contraire. Il regarde sa meilleure amie, les prunelles dans les siennes, la conclusion s’alanguit alors qu’il semble perturbé, il réitère son geste, se frotte la nuque une seconde fois. La nervosité le fait déraisonner, et il n’y a plus que le silence pour le happer. Il se mord la lèvre, tout en serrant un peu plus le coussin contre lui, il a l’air soudain d’avoir dix ans de moins. Il attend le fruit de ses réflexions, lui-même paumé entre ce qu’il vient de confier et ce qu’il ne confie pas encore. Trop de trouble, tant d’affects. Tant de non-dits. Mais avec elle, avec elle... Tout se brouille, peut-être pourrait-elle comprendre ? Sa vie cantonnée à passer sur le corps de quelques trainées était si simple, si mesurée, dans sa prison aux murs oubliés, déshumanisés. Lui qui se targue de s’affranchir de tout, il ne sait plus exactement où sont les chaînes et qui en sculpte les rivets. Le premier constat tombe, sa bouche se pince, il ne peut guère lui donner tort. Il encaisse le coup légitime, qui n’est porté que par déférence pour leur franchise habituelle. James semble plus misérable encore mais il se rencogne dans une attitude plus figée, afin de passer outre. Il soupire enfin, parce qu’elle continue de creuser et qu’il s’aperçoit que les stigmates de cette nuit-là ouvrent encore sur des plaies béantes qu’il ne parvient pas à laper. Il laisse un blanc, sa carnation plus blême encore que lorsqu’il n’est arrivé.

Il ravale son orgueil en frissonnant légèrement :
_ Je ne l’ai pas appelée… Pas appelée pour qu’elle vienne. Ou peut-être que si, qu’est-ce que j’y pouvais, j’étais tellement shooté que je ne sais pas ce que j’ai pu lui raconter. Il y avait son nom, son nom sur l’écran de ce putain de smartphone et oui, j’ai rappelé, parce que ça semblait être la seule chose à faire et… et…
Le phrasé devient rapide, chaque mot hérisse un peu plus des défenses déjà fortement malmenées par l’abandon qu’il ressent comme une trahison de la part d’Isolde, alors qu’il se sait illégitime. Il se passe une main tremblante dans les cheveux, mais sa contenance l’abandonne tout à fait, pourquoi se sent-il le besoin de se justifier alors que son amie ne cherche qu’à expliciter ce qui peut bien se tramer à l’intérieur de son putain de crâne. Il secoue la tête, souffle comme pour s’excuser de ne pas parvenir à traiter ce genre d’informations calmement et sa question le déroute, le laisse soudainement et complètement interdit. Son regard s’écarquille quelques secondes avant qu’un rire amer ne s’échappe de sa bouche. Le mot sonne comme une injure ou une moquerie. L’amour. L’amour c’est quoi, c’est quoi depuis... depuis... depuis celle qu'il a véritablement aimée ? C’est quoi depuis qu’il a su le tuer de ses mains ? L’amour. L’écho des paroles de son juge aveugle dans cette foutue maison, ce regard froid porté sur son histoire passée, un amour si possessif qu’elle n’a pu que vaciller d’horreur. Il ne sait pas la signification que ce mot renferme, sans doute pas celle qu’il est capable de déployer. Il met quelques secondes à considérer sa question, pour n’avouer que doucement, dans un sursaut de peine très visible :
_ Je dis seulement que je crois… j’ai cru pendant quelques minutes pouvoir me confondre à des attentes que je ne parviendrai jamais à remplir. Regarde-moi, regarde-moi Hayley… Tu me connais par coeur, c’est une fille bien, je ne pourrai que la détruire, ou pire encore, la plonger dans le désespoir. Je cours après quelque chose que je ne mérite pas… Et ma tête est remplie d’autres envies qui viennent déjà mettre en péril un idéal fantasmé dans lequel j’ai souhaité m’infiltrer.
L’amertume est partout, sur ses traits fatigués, sur le bout de sa langue qui pique les mots pour les précipiter entre eux, son visage creusé par une douleur qui ne le quitte jamais plus. Comment a-t-il pu imaginer pouvoir la valoir, la vouloir même quand d’autres désirs viennent envahir ses nuits. Les nuits qu’elle a su déserter, et qu’il corrompt au moyen d’un autre visage, celui d’une femme qui sait réveiller toutes les frénésies qui gisent encore à l’intérieur de lui. Il conclut, sans sourire pour sa part, mais sans se dérober à l’inquisition de la belle flic qui le tient en tenailles sans qu’il ne songe même à lui échapper. Qu’importe, elle peut bien savoir, il se doute qu’elle ne s’en servira pas contre lui. Les épaules basses, ses mains croisées pour cesser de les tordre par nervosité, il est l’image même d’une perplexité terrible :
_ Je suis paumé, putain, Hayley. Je suis paumé parce que je veux tant de choses qu’elles m’enivrent, tant de choses que je n’ose jamais avouer. Il y a Isolde, si tu savais ce qu’elle parvient à faire… Elle me fait oublier que parfois je suis une erreur de la nature, et c'est si bon de le croire... mais la voilà envolée, inaccessible dans sa foutue froideur et il y a… il y a… il y a des images provoquées par une autre. Je ne parle pas d’une simple envie, je parle de quelque chose de déraisonnable. Et je veux l’une pour sa pureté. Et je veux l’autre pour me damner.
Le soupir est si éloquent qu’il ponctue l’indicible. Ses yeux n’ont pas quitté Hayley, il semble suspendu à son jugement, même s’il concède sombrement :
_ Je n’ai jamais pu me contenter de ne pas tout avoir. Tu comprends ce que c’est, cette soif, ce besoin dévorant ? Pourquoi devrions-nous transiger, pourquoi ?
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() message posté Mar 6 Juin 2017 - 17:45 par Invité
Elle aurait dû apprécier le repos que lui offrait cette mise à pied. Oui, elle aurait pu profiter de ces moments de répit pour souffler un peu, pour éloigner quelques temps le danger constant de son sale boulot. Mais non. Depuis qu'elle avait choisi d'être flic, elle avait choisi de flirter avec le crime, avec la violence, avec les délits. Elle avait accepté cette adrénaline qui lui permettait de tenir debout, de continuer à avancer malgré les cadavres sur son passage. C'était sans aucun doute cette folie particulière qui lui permettait de conserver l'insigne et l'arme après la drogue, après les coups, après les pertes, après tout ce que sa courte carrière lui avait déjà coûté. Mais elle n'était bien que dehors, que lorsqu'elle portait sa plaque, quand elle faisait régner un semblant de justice alors qu'elle pouvait flirter très sérieusement avec des écarts de conduite. Seulement elle n'avait jamais dit qu'elle était une grande flic, non, juste une flic qui faisait son possible. Si ses premiers idéaux avaient été d'être droite et respectueuse d'un code moral, ils étaient bien loin à présent. Elle avait assimilé depuis un moment qu'il était parfois nécessaire de contourner quelques règles pour obtenir gain de cause. Mais cette bravoure lui avait coûté une nouvelle blessure à ajouter à son corps déjà bien abîmé en plus d'une « obligation » de congé forcé qui lui faisait sans doute aussi mal. Et là encore, elle ne trouvait rien de mieux que de côtoyer de vieux clichés comme l'alcoolisme pour soigner ses plaies. Ouais, son père ne devait pas être si fière que ça de sa fille qu'il avait prédestiné à une grande carrière dans les forces de l'ordre. «Toi, hargneuse ? Vraiment ? Dans quel monde dis-moi un tel comportement serait-il possible ? Mais range tes griffes, folle furieuse, ils ne me trouveront pas jusqu’ici, notre fréquentation continue de leur échapper, ça doit être parce que je ne t’arrache pas ton soutif, sans doute que ça les intéresse moins. Au pire, s’ils trainent, on tirera à vue, comme dans le grand Ouest, j’ai toujours rêvé de faire ça… Avoue que ça te divertirait. » Hayley lève les yeux au ciel, ne voulant pas l'encourager dans ce nouveau délire. Elle sait qu'il plaisante, mais elle doit reconnaître que par moment, elle le sent flancher. Elle avait déjà rencontré des torturés, des mecs à l'âme abîmée qui pouvaient déraper à tout moment. Elle avait beau connaître James par cœur, elle savait que sa part d'ombre ne le quitterait jamais et que les produits dont il avait tendance à abuser pouvaient faire remonter des gestes insoupçonnés. Elle ne pouvait blâmer cela. Elle même avait déjà perdu son sang froid, elle avait placé sa lame sous le cou d'un homme, à seulement quelques millimètres de lui ôter la vie. Mais elle l'avait à l’œil, tout comme lui, c'était un tandem explosif constamment sur la sellette qui se jaugeait à longueur de temps, dans l'ombre de l'autre, prêt à intervenir au moindre écart.  

Mais il semblerait qu'Hayley avait manqué son rôle cette fois-ci. Elle n'était pas présente quand James avait renoué avec son sombre passé. Mais elle-même n'était-elle pas entrain de renouer avec le sien ? C'était comme s'ils étaient obligé de se mettre en compétition en même temps, de frôler la mort avant de se retrouver pour presque en rire une fois le danger écarté. «Je ne l’ai pas appelée… Pas appelée pour qu’elle vienne. Ou peut-être que si, qu’est-ce que j’y pouvais, j’étais tellement shooté que je ne sais pas ce que j’ai pu lui raconter. Il y avait son nom, son nom sur l’écran de ce putain de smartphone et oui, j’ai rappelé, parce que ça semblait être la seule chose à faire et… et… ». James était soudain tendu, loin de sa décontraction habituelle. Les mauvaises blagues avaient été remplacées par des vérités qui semblaient lourdes à dire. Hayley pouvait voir ses mains se crisper, son corps se tendre, serrant d'une main de fer son verre. Elle l'avait rarement aussi vrai, aussi vulnérable. Même avec elle, il avait toujours gardé une certaine retenue, comme s'il avait craint qu'elle puisse en découvrir trop. Hayley étant pareille, elle avait toujours assimilé cela à son propre moyen de défense. La question qu'elle lui pose ensuite le déstabilise et il éclate de rire. Hayley ne se vexe pas, elle sait combien ce mot, dans les oreilles du musicien, peut paraître absurde. Elle le fixe de ses grands yeux vert, l'encourageant presque à rire de nouveau. Elle le sait mal à l'aise avec ça, parce que l'amour a une place bien particulière dans sa vie, parce qu'il est toujours plus facile de coucher avec une fille différente chaque nuit sans risque de s'attacher, de se donner tout entier à l'autre. Le reflet de sa propre déchéance amoureuse lui fait échos et elle choisit de l'éloigner avec une nouvelle gorgée, abaissant le contenu au seuil critique. «Je dis seulement que je crois… j’ai cru pendant quelques minutes pouvoir me confondre à des attentes que je ne parviendrai jamais à remplir. Regarde-moi, regarde-moi Hayley… Tu me connais par coeur, c’est une fille bien, je ne pourrai que la détruire, ou pire encore, la plonger dans le désespoir. Je cours après quelque chose que je ne mérite pas… Et ma tête est remplie d’autres envies qui viennent déjà mettre en péril un idéal fantasmé dans lequel j’ai souhaité m’infiltrer. »   Hayley joue le jeu, elle se redresse, elle le toise de son regard le plus franc. Elle le voit tressaillir, elle le voit mal, elle ressent sa peine et sa peur aussi. Après toutes ces années, elle ne l'a jamais connu ainsi. Elle le connaît fanfaron, cynique, cruel, mais pas aussi éteint qu'en cet instant. « C'est toi qui met tous ces obstacles entre elle et toi. Seulement toi. Je te regarde James, je te connais, je te connais très bien même. Et je sais que tu as déjà aimé, même si ça te fait rire aujourd'hui, je sais que tu aimais Rebecca. Tu veux vraiment laisser filer la seule femme, à part moi, capable de te supporter plus d'une journée ? ». Elles auraient au moins cela en commun. Et ce n'était pas chose aisée. « Je suis paumé, putain, Hayley. Je suis paumé parce que je veux tant de choses qu’elles m’enivrent, tant de choses que je n’ose jamais avouer. Il y a Isolde, si tu savais ce qu’elle parvient à faire… Elle me fait oublier que parfois je suis une erreur de la nature, et c'est si bon de le croire... mais la voilà envolée, inaccessible dans sa foutue froideur et il y a… il y a… il y a des images provoquées par une autre. Je ne parle pas d’une simple envie, je parle de quelque chose de déraisonnable. Et je veux l’une pour sa pureté. Et je veux l’autre pour me damner. » Cette fois-ci, Hayley ouvre de grands yeux surprit. Elle ne l'avait pas vu venir celle-là. Deux femmes ? Elle pousse un profond soupire et s’affaisse dans son siège, tournant son regard vers le regard perdu de son ami. «Tu me tue Wilde ! Pas une seule fille qui mérite qu'on en parle vraiment pendant des années et là, tu me parle de deux nanas d'un coup ? ». Elle se met à rire, un rire discret mais qu'elle ne veut pas qu'il interprète mal. Seulement Hayley n'a jamais été une experte avec ce genre de révélations. Elle a toujours tout gardé pour elle et avant tout ses sentiments, ses ressentis. James s'ouvre à elle et elle ignore comment elle doit y répondre. Seulement elle lit la détresse dans ses yeux, elle sait à quel point se livrer ainsi doit lui coûter en cet instant. Mais il lui laisse un répit nécessaire en ajoutant : « Je n’ai jamais pu me contenter de ne pas tout avoir. Tu comprends ce que c’est, cette soif, ce besoin dévorant ? Pourquoi devrions-nous transiger, pourquoi ? ». Elle ne peut qu'être d'accord avec ça. Il est des personnalités comme celle de James, dévorante, passionnée. Hayley est plus mesurée, moins exigeante sans doute. « Personne te demande de te contenter d'une seule. Tu peux très bien avoir les deux, du moins du moment que tu ne décide pas de leur passer la bague au doigt. Seulement je connais peu de femme qui accepterait ce genre d'arrangement ». Elle sait que cela n'est pas ce qu'il veut entendre. « Tu pourrais aussi accepter qu'on t'aide, vraiment je veux dire. Tu peux pas continuer d'envoyer chier tout le monde dés que tu ne vas pas bien. Si tu tiens vraiment à ces filles, alors laisse les entrer, laisse les choisir. Montre leur ton vrai visage. » Elle réfléchit une minute, passe une main dans le creux dans son dos. « Je sais que ça te fais peur. Je sais ce que tu te dis quand tu te regarde dans une glace, crois-moi, je sais. Mais tu pourra pas tout avoir, comme tu dis, si tu fais le con dés que ça devient chaud ou que tu perds les pédales ».
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