Talk to me brother ♢Alessio

Elio jeta un coup d’œil à la montre qu'il avait soigneusement accroché à son poignet droit le matin même. Les aiguilles lui annonçaient qu'il était presque midi et quart et l'homme se mettait dangereusement en retard en restant assis devant son bureau. Ce n'était pas quelque chose qu'il appréciait, il essayait le plus possible d'être toujours à l'heure, voire en avance, mais il savait bien que lorsqu'il travaillait, il n'était pas rare qu'il se perde entre les dossiers et les futurs romans. Son métier le passionnait et il aurait bien pu passer deux heures de plus sans manger s'il n'avait pas quelque chose de prévu ce jour là. Après tout, ce n'était pas forcément une mauvaise chose, si quelques secondes avant de regarder sa montre Elio ne se rendait pas compte qu'il avait faim, maintenant qu'il savait l'heure il ne pensait plus qu'à partir pour se remplir l'estomac. Ce n'était pas habituel pour lui d'avoir des choses de prévues sur sa pause de midi, pas en semaine en tous cas. Celle-ci passait toujours bien trop vite à son goût et jugeant qu'il n'avait pas assez de temps pour profiter complètement de la compagnie avec laquelle il passait le repas, il mangeait généralement seul, ou entre collègues. Il rejoignait parfois sa femme et ces midi-là étaient évidemment plus agréables que les autres mais ils restaient rares et c'était peut-être une bonne chose.

Aujourd'hui, c'était Alessio qu'il devait voir et rien qu'en y pensant, un léger sourire se dessina sur les lèvres fines de l'homme. Il lui semblait que des semaines avaient passées depuis la dernière fois qu'il avait vu son petit frère et il avait hâte de prendre de ses nouvelles, de savoir comment se passait la saison sportive et ce qui se passait dans sa vie ces derniers temps. La différence d'âge entre eux avait créée une relation qu'Elio appréciait particulièrement. Les deux frères étaient maintenant comme des égaux, ils étaient tous les deux adultes et vivaient des vies opposées, ce qui leur permettaient, de par leurs expériences différentes, de donner des conseils et des points de vue uniques sur la situation de l'autre. Le plus âgé prenait tout de même son rôle de grand frère toujours à cœur, et jamais il ne pourrait voir Alessio comme un homme à part entière. C'était peut-être un peu cruel et le jeune homme n'apprécierait sans doute pas cette vision des choses, mais aux yeux du lecteur, son frère serait toujours ce petit garçon qui avait peur des orages et de la forte pluie.

Elio rangea de manière un peu brouillon son bureau et attrapa sa veste sur le dossier de son fauteuil en se levant. Il était décidément temps de se mettre en route, s'il ne voulait pas le faire attendre trop longtemps. Il adressa un sourire à la secrétaire de l'accueil, lança quelques regards et hochements de tête à des collègues et s'engouffra dans l'ascenseur. Il prit soin de resserrer légèrement sa cravate et de remettre le col de sa chemise parfaitement droit. Son métier n'exigeait pas d'ordinaire une tenue aussi stricte, mais il avait une rencontre avec un grand auteur dans l'après-midi et rien n'avait été laissé au hasard. Décidément, il n'avait peut-être pas choisi le meilleur jour pour proposer à Alessio de manger ensemble, mais avec les allés-retours entre Venise et Londres du sportif, Elio saisissait n'importe quelle opportunité.

Une fois sorti du bâtiment majestueux qui abritait la maison d'édition, Elio se faufila un chemin sur les trottoirs londoniens encombrés par tous les autres travailleurs en costumes, eux aussi sur leur pause de midi. Heureusement pour lui, cela faisait assez longtemps qu'il traînait dans les environs pour savoir où il allait. L'italien marcha aussi vite qu'il pu jusque Oxford Street où la foule lui donna presque envie de faire demi-tour et de se nourrir de papier pour le reste de la journée. Il espérait que son jeune frère ne l'attendait pas déjà, le chemin jusqu'au restaurant lui semblait une réelle quête à travers un monde inconnu. Mais encore une fois, l'esprit du plus âgé de la fratrie était un peu trop imaginatif et en quelques minutes, il se retrouva devant Beth's Bistrot, rendez-vous de la cuisine française. Il ne lui fallu pas longtemps pour distinguer la silhouette élancée de son jeune frère et un sourire chaleureux prit place sur son visage lorsqu'il lui adressa un signe de la main.

« Ciao Alessio ! » Sa langue maternelle n'avait pas eu de mal à se frayer un chemin à travers ses lèvres et même s'il utilisait maintenant plus souvent l'anglais que l'italien, cela faisait du bien de retrouver ces sonorités familières qui sonnaient comme une mélodie à ses oreilles. « Tu n'attends pas depuis trop longtemps j'espère. » Elio s'approcha et prit furtivement son frère dans ses bras avant de pousser la porte du restaurant. La faim commençait à gronder et il avait hâte de s'asseoir devant une bonne assiette en compagnie d'Alessio.

talk to me brother.

alessio & elio

Assit sur le lit, le dos contre l’un des quatre murs de sa chambre, Alessio a son ordinateur portable sur ses jambes en position « de croix. » A sa droite et à sa gauche, des tonnes de papiers trônent sur la couverture. Ce sont ses cours de Vietnamiens que le « joueur » professionnel de Hockey sur Glace prend à distance depuis qu’il a pris la décision de s’engager avec l’ONG : Plan International. Mais aussi, un dictionnaire. Sur l’écran de son appareil se trouve un mail de son « filleul » Vietnamien. Jusqu’à aujourd’hui les deux garçons s’échangeaient des courriers électroniques dans la langue anglaise parce qu’ils la parlent tous les deux. Ceci en y glissant des termes entre parenthèse de la langue natale de chacun d’entre eux. Mais là, Alessio a voulu se faire un « test »  personnel. Verdict, les quelques lignes en Vietnamiens n’engendrent pas de « soucis » particuliers chez le sportif professionnel au niveau de la compréhension ! Par contre, devant les secondes qui s’écoulent sans que les dix doigts d’Alessio « pianotent » sur les touches de l’ordinateur portable autant dire qu’au niveau de la rédaction des « soucis » sont bel et bien là. Mais, lesquels ? Ce n’est pas certain que son niveau en Vietnamien « pêche » autant ! C’est sans aucun(s) doute(s) le contenu de ce mail qui le rend si « lent » dans la rédaction de la réponse à ce garçon venu « d’ailleurs. » A vrai dire, le « J’espère que tu pourras venir bientôt. J’aimerai bien rencontrer ta soeur, aussi. » a « perdu » à nouveau le sportif professionnel dans les problèmes relationnels que les deux jeunes adultes ont depuis l’apparition de la dernière de la fratrie. Sans cela, en un coup de fil ou l’échange de message(s) avec son « double », Alessio aurait eu l’accord d’Elizabeth en « poche » sans aucun(s) doute(s). Mais là, ce n’est pas envisageable ! Qui sait, peut être dans les prochains jours ou dans les prochaines semaines ou encore dans les prochains mois. Du coup, dans un certain « espoir » ses doigts « tapent » au final sur les touches de son ordinateur portable un, « J’espère aussi. Je suis sure que si c’est possible, Elizabeth serait ravie de venir au Vietnam ! »  avant que l’un de ces derniers glissent la « souris » sur le bouton d’enregistrement afin que le mail se déplace dans la partie des « brouillons » et que quatre d’entre eux agrippent le haut de l’écran de l’appareil et le baisse. De là, le sportif professionnel de Hockey sur Glace le pose dans le « tas » de papiers trônant sur la couverture et se tourne vers la table de chevet où Alessio constate qu’aucun(s) aliment(s) de son repas a disparu de son repas. Après un,  « Zut ! » dans un léger mouvement d’épaules de haut en bas, l’italien le prend dans les mains et se rend dans la cuisine afin d’y faire « glisser » le contenu dans la poubelle avant d’y déposer l’assiette et les couverts dans l’évier du lavabo. Puis, Alessio rejoint à nouveau sa chambre dans lequel son corps dévêtu de ses vêtements prend place dans le lit jusqu’au lendemain matin.

Vers dix heures trente, le « bip » en continu de la sonnerie du réveil sort le « joueur » professionnel de Hockey sur Glace de sa « courte » nuit. Ses pieds touchant le sol de la pièce, une de ses mains vient dégager le reste de son corps de sous la couverture. Ces dernières « frottent » son visage avant qu’Alessio ne donne une impulsion sur ses « gambettes » afin de se retrouver en position verticale. En « traînant des pieds », l’italien rejoint la salle de bains. Sans son dernier bout de tissus de vêtements, son corps entre dans la douche où il en sort de longues minutes après dans les vapeurs de l'eau extrêmement chaude dont il s'est servi. Après le lavage des dents, le déodorant et le coup de peigne dans les cheveux, Alessio se rend à nouveau dans la chambre afin d’y prendre des habits : un jean et un tee shirt bleu. Après les chaussettes et les chaussures, le jumeau Lempicka prend la direction de la cuisine sans y faire un arrêt. Ceci bien qu'il ressent une sensation de « faim » dans son ventre. Mais, il n'y prête aucune(s) attention(s). Non, ça ne sert à rien de prendre un petit déjeuner maintenant alors qu'il doit rejoindre son frère au Beth's Bistrot pour le repas du midi. Du coup, son ventre n'a le droite qu'à une pression d'une de ses mains avant qu'Alessio ne prenne ses clefs, son portefeuille et son portable et que son corps ne sorte de l'appartement de Shoreditch à l'est de la capitale londonienne.

Après un court trajet sur l'une des onze lignes, Alessio sort à l'une des deux cent soixante dix stations du plus vieux transport souterrain qui se trouvent au plus près de Oxfort Street dans le centre anglais. Il se « faufile » un chemin à travers la foule londonienne jusqu’à la brasserie française devant laquelle le « joueur » professionnel de Hockey sur Glace se « poste » devant la devanture dans l’attente de l’arrivée de son grand frère. Ce dernier ne tarde pas à faire son apparition dans un « Cia Alessio » dans la langue natale des deux Lempicka suite au signe de la main du jeune homme. Un sourire en coin accompagne son, « Salut, frangin. » Après son, « Tu n'attends pas depuis trop longtemps j'espère. » alors que le lecture d’une maison édition le prend furtivement dans les bras. Alessio fait un signe de la tête de droite à gauche suivi d’un, « Non, t’inquiètes. » Son frère pousse la porte du restaurant à la carte française. Ils y entrent avant de se diriger vers l'une des nombreuses tables libres du lieu. Un rire accompagne le « Tu sais, tu n’étais pas obligé de te faire aussi beau pour moi ! Mais, j'apprécie. » d'Alessio alors qu'ils s'assoient l'un en face de l'autre. Il pose son téléphone portable sur la table. « Alors, je te manquais tant que ça que tu décides de m’inviter au restaurant ?! » L’expression du chat de Shrek apparaît sur son visage : il se moque gentiement de son grand frère et le remercie sans que ce soit vraiment son intention première de payer la note de ce repas.