Mama, just killed a man put a gun against his head
pulled my trigger, now he's dead.Vancouver, Canada (11 novembre 2005 — dix ans).Va jouer à l’extérieur, ma princesse. C’était les mots que sa mère lui avait rapidement dit avant de lui montrer la porte afin qu’elle s’en aille. Qu’elle ne soit pas dans la maison lorsqu’il allait rentrer puant l’alcool, la cigarette et déblatérant des mots incompréhensibles – comme à tous les lundis – afin de lui infliger une vision d’horreur. Sauf que Lola avait déjà vue cette vision. Elle savait à quoi ressemblait son père les lundis à 16 heures. À tous les vendredis, la cassette se mettait sur le bouton répéter. Son père terminait sa journée de boulot et ne rentrait pas avant lundi 16 heures. Il avait pris l’habitude de passer les fins de semaine éloigné de sa famille à dépenser l’argent qu’il gardait. Le lundi, il ne restait pas grand-chose. Si la famille Woodhull-Barnett réussissait à manger, c’était grâce au métier d’infirmière de la mère. Ça et le fait qu’elle offrait aussi ses services au voisinage le plus près. Garder la tête hors de l’eau. Voir ses enfants grandir comme les autres enfants du coin. Voir un sourire s’afficher sur leurs visages enfantins. Elle ne voulait que leur bien. Qu’ils puissent avoir une enfance, adolescence normale. Au moins, jusqu’à ce qu’il soit en âge de quitter le domicile familial, voler de leurs propres ailes. Donc, comme toujours, elle lui avait dit d’aller jouer à l’extérieur demandant par la suite à Levi ne l’emmener à l’extérieur. Sauf que même à l’extérieur, elle pouvait voir la démarche pas très droite de son père. Elle comprenait parce que Lola comprenait tout rapidement. C’était la petite futée. Elle savait que les lundis, ce n’était pas une belle journée. Ô grand jamais. Même si le soleil était haut dans le ciel, ce n’était pas une belle journée. À partir de 16 heures, ce ne l’était jamais. Sauf qu’aujourd’hui, c’était différent. Lola et Levi entendirent un cri provenir de l’intérieur de la maison et bien que Lola veuille se diriger vers la maison, son frère ne lui laissa pas le temps qu’il l’attrapait par la main et tirait sur celle-ci afin qu’elle continue d’avancer. Sauf que Lola ne voulait pas continuer jusqu’au bord du lac. Elle ne voulait pas. Elle voulait comprendre ce qui clochait. Habituellement, le lundi, sa maman ne criait pas. Non, elle entendait uniquement la voix grave et les mots salaces de son père. Sa mère répondait simplement un mot : oui. À tout. Toujours. Mais cette fois, elle avait criée. Qu’est-ce qui allait de travers ? Lola devait savoir. «
Lâche-moi Levi. Maman a besoin de nous. » Elle aurait pu se répéter un million de fois, Levi n’allait pas lâcher sa main. Oh non. Levi n’avait qu’un objectif : éloigner Lola le plus possible jusqu’à ce que leur père s’endorme sur la télévision. «
LEVI ! LÂCHE-MOI !! » Cette fois, Lola avait élevée la voix. «
Tu ne peux pas y aller, Lola. C’est trop dangereux alors reste avec moi jusqu’à ce que papa s’endorme. » Lui avait-il dit et Lola pouvait constater la peur dans son regard. Il avait peur. Elle aussi, mais sa curiosité l’emportait. «
Ok, je reste. » C’était les seuls mots qui allait fonctionner avec lui. Il allait lâcher sa main dans quelques minutes puis elle allait trahir sa confiance. Levi allait lui en vouloir, c’était certain. Tout se passa exactement comme elle l’avait prévu. Levi lâcha sa main lentement sa main et Lola resta près de lui, un petit moment parce que son regard était toujours sur elle. Lorsque finalement, il cessa de la regarder, Lola tourna les talons et commença à courir en direction de la maison. À courir le plus rapidement possible. Elle pouvait entendre la voix de Levi derrière elle puis ses pas. Il l’arrêta au moment où le coup de feu retentit faisant enfuir tous les oiseaux dans les arbres. Mais c'était trop tard. Lola était à l'intérieur et elle avait dit maman ce qui avait surpris sa mère. Les voisins devaient avoir entendus ce coup de feu. Il n’était pas passé inaperçu alors forcément, une personne était en train de composer le numéro. Dans quelques minutes, les sirènes allaient se faire entendre et tout le voisinage allait s’approcher de la maison. Envahir leur espace.
C’était inévitable. Avec toute la force dont Lola possédait, elle avait dégagée son bras de la prise de son frère et s’était dirigé vers l’extérieur de la maison. Elle s’était arrêtée au pas de la porte, voyant la nourriture sur le sol, les assiettes éclatées en mille morceaux ainsi que les vases. On avait l’impression que c’était un champ de bataille. Puis, à la fin, elle constata la flaque de sang rouge qui commençait à se répandre sur le plancher de la maison. Elle se souvient avoir pensé que sa mère allait avoir du mal à nettoyer tout ce sang. Son regard s’attarda seulement quelques secondes sur le corps de son père avant qu’elle ne s’approche de sa mère. Sa mère qui pleurait, mains tremblantes et couvertes de sang. L’arme gisait près d’elle. «
Maman ? » S’était-elle enquit en prenant sa mère dans ses petits bras. Quelques minutes après, les policiers étaient dans la maison. Lola se rappelait qu’un avait demandé une ambulance et elle s’était demandé pourquoi. Pour son père. Mais pourquoi ? Il était
mort. Le reste, Lola était incapable de se rappeler. Elle avait l’impression d’avoir un brouillard qui couvrait ces derniers moments.
Par contre, elle savait que le tribunal avait donné comme verdict
légitime défense. Les bleus, les cicatrices ainsi que les quelques visites à l’hôpital confirmait la violence dont Monsieur Woodhull était capable. Même quelques voisins pouvaient confirmer cette affirmation. Il l’était, mais uniquement lorsque la boisson prenait possession de son corps. Ce qui arrivait souvent ces dernières années. Mais malgré le verdict tombé, la population et les journaux en parlèrent pendant près de 6 mois. Assez pour faire déménager la famille ailleurs.
Londres, Angleterre (7 août 2009 — 14 ans).«
Fais-le Lola. Arrête de faire ta poule mouillée. » Elle lui avait lancée un regard noir. Un regard qui tue sur place. Un regard qui fait froid dans le dos. Malgré son jeune âge, Lola était dans la capacité de faire peur à son frère jumeau bien qu’il soit le plus téméraire des deux. «
Je n’ai pas envie Levi. Je ne pense pas que ce soit une bonne idée. » Celle qui avait rapidement les pieds froids ? Lola. Lola, elle était logique. Elle réfléchissait toujours avant de faire un mouvement, le ridicule la terrifiait. Par contre, c’était la plus indépendante, celle qui avait une chance de survivre dans le monde réel. Oui, elle était orgueilleuse, mais c’était pour des trucs ridicules comme lorsqu’elle prétendait ne pas avoir effacé un épisode enregistré par son frère. Sauf qu’elle ne comprenait pas pourquoi il s’intéressait à des séries stupides pour adolescents. «
Je n’ai pas envie de le faire, Levi. J’ai peur. » Il lui tenait la main, serra celle-ci dans la sienne en lui faisant un sourire rassurant. «
Je vais être avec toi tout le temps. » Habituellement, il disait
je vais te protéger, mais depuis qu’ils avaient déménagés à Londres, Levi ne disait plus ces mots. C’était comme s’ils s’étaient effacés de son vocabulaire. Et Lola savait que c’était parce qu’au fond, Levi ne savait pas s’il était capable de protéger sa famille. Maintenant, il était l’homme de la famille et cette responsabilité lui pesait sur les épaules. Il n’en voulait pas. Lola était plus courageuse, il le savait. «
Alors, tu le fais ou pas ? » Comme toujours lorsqu’elle réfléchissait, Lola alla se mordre l’intérieur de la joue. Elle voulait prouver à Levi qu’elle était aussi téméraire que lui alors que ce n’était pas le cas. «
Non, désolée. » Avait-elle répondit d’une toute petite voix sans regarder Levi. Forcément, il devait s’en attendre. Lola n’était pas comme lui, mais c’était certainement pour cette raison qu’ils étaient proches l’un de l’autre. Lola était le cerveau et Levi était les muscles. Elle réfléchissait à sa place et il se bagarrait à sa place. Par contre, ils étaient tous les deux terribles lorsqu’ils décidaient d’unir leurs forces communes. Le duo terrible. C’était eux. «
Je me doutais bien que tu allais répondre cela. » Un rictus s’afficha sur le visage de Levi et Lola avait compris. Elle était foutue. Levi avait reculé de quelques pas, tirant Lola avec lui tenant sa main fermement et commença à courir jusqu’à sauter du toit. Un cri strident s’échappa d’entre les lèvres de Lola, yeux fermés elle espérait que leurs corps ne s’écrasent pas sur le sol, mais dans l’eau. Elle ne désirait pas avoir une nuque fracturée ou même un membre de son corps. Lola ignorait combien de secondes s’étaient écoulés depuis le moment où ils s’étaient retrouvés dans le vide, mais à un moment ses pieds touchèrent la surface de l’eau suivie de tout son corps. Okay, elle était toujours vivante. Levi, par contre, était mort. «
Levi, je vais te tuer. » Elle ? Elle reprenait son souffle après s’être étouffée avec de l’eau. Lui ? Il riait. C’était amusant pour lui. «
Tu vois que ce n’est pas la fin du monde. Tu es toujours vivante et ce n’est pas si haut. » Lola avait roulée des yeux. «
Pourquoi tu agis comme un petit con qui cherche à faire son intéressant ? » Voilà, c’était dit. «
Pourquoi tu agis comme celle qui sait tout et qui pense qu’elle a toujours raison ? Parce que tu ne sais rien, Lola. » De quoi est-ce qu’il parlait ? What the fuck ? «
Ne fais pas ton idiote., Lola. Depuis que nous avons emménagés à Londres, tu penses être celle que maman à besoin le plus. Ce n’est pas le cas. Elle a besoin de moi aussi alors laisse-moi l’avoir. » Levi ne lui avait pas laissé le temps de répondre qu’il retournait déjà sur le toit. De toute manière, Lola n’avait pas besoin d’une explication, Levi lui en voulait toujours de ne pas l’avoir écouté il y a quatre ans.
No place big enough for holding all the tears you're gonna cry
Cause your mama's name was lonely and your daddy's name was pain
And he called you little sorrow cus you'll never love again.Londres, Angleterre (26 novembre 2012 — 18 ans).Lola vers Levi —
Tu peux rentrer à la maison?
Message envoyé le 26/11/12 à 8:15
Levi vers Lola —
Non. Pouquoi ?
Message envoyé le 26/11/12 à 10:41
Lola vers Levi —
Maman veut te voir. Arrête de faire l'idiot et rentre à la maison, Levi.
Message envoyé le 26/11/12 à 10:42
Levi vers Lola —
Je vais rentrer quand je vais rentrer.
Message envoyé le 26/11/12 à 15:53
Lola vers Levi —
Idiot. Elle a une nouvelle importante à t'annoncer.
Message envoyé le 26/11/12 à 15:55
Levi vers Lola —
Dis-le moi.
Message envoyé le 26/11/12 à 15:59
Lola vers Levi —
Non, rentre à la maison pour cinq minutes.
Message envoyé le 26/11/12 à 16:14
Levi vers Lola —
Je vais y réfléchir. Bye.
Message envoyé le 26/11/12 à 16:36
Lola vers Levi —
T'ES CON ! ELLE VA SE MARIER.
Message envoyé le 26/11/12 à 17:00
Levi vers Lola —
Tant mieux pour elle...
Message envoyé le 26/11/12 à 19:01
Londres, Angleterre (4 mai 2015 — 20 ans).Concentrée sur le papier devant elle, Lola ne s’intéressait pas aux gens autour d’elle. Oui, elle pouvait entendre les gens parler, rire et même se prendre en photo, mais cela ne l’intéressait pas. Lola était impatiente que le cours débute. Ce qu’elle étudiait l’intéressait réellement. Le droit avait toujours attisé sa curiosité puis on lui avait dit à quelques reprises, au collège, qu’avec le fait qu’elle soit une madame-je-sais-tout elle avait une bonne chance de faire une bonne avocate. «
Tu n'es pas du genre stressée comme nana, toi. » Lorsque cette voix lui était parvenu aux oreilles, Lola sursauta foutant en l’air le fait que non, elle n’était pas stressée. «
Habituellement non. Là, j’ai été à deux doigts de faire un AVC. » Avait-elle répliquée, une main sur son torse. «
Ne t’inquiète pas, je peux te faire revenir à la vie. J’en ai fait mon métier les étés. » Okay. Intéressant. Pas du tout. Lola s’en moquait. Probablement pour cette raison qu’elle n’avait pas répliquée cette fois. Qu’elle s’était contentée de lui faire un léger sourire et d’hocher la tête. «
Dis, tu peux m’aider ? Je n’arrive pas à me décider si je dois envoyer ou non cette photo. » Il était sérieux ? Apparemment oui puisqu’il lui montrait l’écran de son Iphone. Lola n’avait aucune envie de regarder l’écran ni même de l’aider. Sauf qu’il ne semblait pas comprendre ce message alors en soupirant, elle releva le regard et regarda la photo. Rapidement, elle avait regrettée. «
Nooooooooooon ! Mais non. Pourquoi ? » Lola s’était frottait les yeux en espérant que cette image quitte son cerveau rapidement. «
Quoi ? » Il osait sérieusement lui quoi ? «
Tu es sérieux ? Tu viens de me demander si tu dois envoyer cette photo de tes parties intimes. Primo, non. Tu ne l’envoies pas. Nous, les femmes n’aimons pas cela. Sauf quelques-unes. Secundo, si tu envoies cette photo à cette fille, tu peux l’oublier immédiatement. Tertio, qu’est-ce qui t’a fait pensé qu’elle voulait recevoir cette photo ? » Elle espérait qu’il comprenne son message et qu’il lui donne une réponse honnête. S’il était en droit, il devait bien être intelligent, pas vrai ? Lola l’espérait. «
Je ne sais pas, elle semblait vouloir m’en demander une. » Lola avait roulée des yeux. Quel imbécile. «
Incroyablement stupide. » «
Bah alors, je fais quoi ? » Lola n’avait pas envie de l’aider. C’était une cause perdue. Sauf qu’elle avait pitié de lui. Il faisait pitié. «
Je ne sais pas. Fais-lui la conversation, intéresse-toi à elle. Invite-là quelque part. Fais quelque chose que les garçons d’hier ne faisaient pas aujourd’hui. » Lola était un peu vieux jeu. Elle voulait un amour digne de
The Notebook. Elle voulait aimer à la folie. Comme Carl aime Ellie dans
Up. Lola ne comprenait pas la mentalité des gens d’aujourd’hui. La manière dont ils draguaient, c’était pathétique. «
Pourquoi tu ne commences pas par lui demander comment sa journée a été ? » Avait-elle ajoutée en le voyant désemparé. «
Ouais, bonne idée. Merci, inconnue. » Puis, il s’était retourné et cinq minutes plus tard, le cours débutait. Sauf que cela ne l’avait pas empêché de se retourner à tous les cinq minutes pour lui poser une question. Jusqu’à ce qu’il décide de venir s’asseoir près d’elle. À tous les dix minutes, il lui demandait des conseils. Agaçant, il l’était, mais elle l’aimait bien. À la fin du cours, il lui avait annoncé qu’il avait rendez-vous. Deux jours plus tard, il lui avait dit que finalement, cela n’allait pas fonctionner, mais qu’il en avait profité au maximum si elle voyait ce qu’il voulait dire. Bien sûr. Lola n’était pas née de la dernière pluie. Elle comprenait rapidement. Il avait couché avec elle, il ne fallait pas la tête à Papineau pour comprendre cela. Lorsqu’il lui avait dit, Lola avait secoué la tête, déçue, mais il l’avait fait rire par la suite en lui demandant encore des conseils parce qu’il avait une nouvelle fille.
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