ELIZABETH - LE DIABLE S'HABILLE EN PRADA (en cours)

 Elizabeth était stressée, elle attendait patiemment dans un immense hall dans lequel de nombreux hommes et nombreuses femmes s'affairaient en transportant des mannequins en plastique ou des vêtements soigneusement emballés. Elle devait absolument décrocher ce contrat et devenir l'apprentie de ce styliste italien réputé; à défaut des études et de l'expérience elle avait bien conscience que le caractère de la personne allait faire la différence pour cette place tant convoitée. Vêtue d'une robe chic qui attirait les regards et un sourire poli bien ancré sur les lèvres elle espérait faire bonne impression auprès de la secrétaire dans un premier temps. Une jeune femme légèrement plus vieille qu'elle venait de sortir de la porte sur sa gauche, l'air bougon. C'était purement égoïste mais Lizzie ne pouvait s'empêcher de jubiler en voyant une concurrente échouer, c'était un pas de plus vers la réussite et l'obtention de son contrat. Une voix haut perchée la tira de ses pensées, elle se tourna instinctivement vers la secrétaire dont le regard était dardé sur son visage : « Miss Lempicka ? Je vous en prie, c'est à vous. » Glissant la anse de son sac dans sa main elle suivait docilement la secrétaire en s'empêchant de pousser des cris de stupeur devant la beauté du lieu. Elle avait l'habitude de vivre dans le luxe mais ne pouvait s'empêcher d'être émerveillée devant autant de vêtements de grande marque rassemblés dans un même lieu, son regard divaguait tellement qu'elle manqua de se cogner contre le bureau de la secrétaire. « Très bien, asseyez-vous et parlez moi de vous. Votre prénom, nom, âge, situation familiale, vos passions, vos compétences. Tout ce qui vous passe par la tête, je veux tout savoir. Vous savez nous cherchons une personne authentique alors soyez vous-même. » Parler d'elle n'était pas quelque chose d'aisé, elle aimait certes être au centre de l'attention mais déballer ses qualités lui donnait la mauvaise impression de se vanter à l'excès. La jeune femme croisa les jambes et décontracta les épaules pour éviter de montrer son angoisse à son interlocutrice, elle devait être détendue et sûre de ce qu'elle allait lui raconter. De toute façon, elle ne pouvait douter de sa propre histoire n'est-ce pas ? « Je me nomme  Elizabeth Charlie Lempicka, comme la célèbre Lolita Lempicka ou encore la merveilleuse peintre qu'était Tamara de Lempicka. Je suis âgée de vingt-deux ans, avant de me lancer dans le domaine de la mode et de venir à vous j'ai obtenu une licence en droit international, j'ai finalement décidé d'arrêter là pour entreprendre une carrière autour de ma passion, la mode. Vous savez, depuis que je suis une enfant je côtoie de nombreux couturiers, notamment français, c'était donc la voie logique à mes yeux de m'intéresser à ce merveilleux milieu. J'ai d'ailleurs une lettre de recommandation de Hubert de Givenchy. » Elle marqua une pause le temps d'extirper la fameuse lettre de son sac et de la teindre à la secrétaire, elle remarqua d'ailleurs le regard de cette dernière sur ses ongles parfaitement vernis et un sourire se dessina sur son visage, la femme qui lui faisait face faisait vraiment attention à tous les petits détails afin de trouver la perle rare pour son employeur.  « Je ne peux pas vous cacher la fortune de mes parents donc je vais être franche avec vous : mes parents ont toujours eu les moyens de se vêtir des plus grandes marques, nous refusons cependant de porter de la fourrure vous en connaissez sûrement les raisons, la première étant la torture animale, mais je crois que vous-même avez signé pour ne plus utiliser de fourrure animale, n'est-ce pas ? Je suis une jeune femme très engagée dans la lutte contre la maltraitance animale, je suis bénévole d'une association que mes parents financent de longue date. » Elle tentait de suivre scrupuleusement les conseils de son père pour se vendre, il lui avait répété bon nombre de fois de mettre son expérience associative en avant pour prouver qu'elle était capable de tenir ses engagements et qu'elle s'intéressait au monde qui l'entourait. Il ne semblait pas avoir tord puisque la secrétaire bougeait la tête d'un air appréciateur en souriant. Elizabeth glissa rapidement sa main dans sa chevelure afin de réajuster sa coiffure puis commença à faire tourner sa bague autour de son doigt le temps que la femme finisse de prendre ses notes. Ceci fait, lorsqu'elle sentit de nouveau le regard de son interlocutrice sur son visage, elle reprit la parole. « Je suis une jeune femme curieuse qui aime découvrir de nombreuses cultures, j'ai voyagé dans plusieurs pays différents le dernier en date étant le Pérou. Je me rend à New-York pendant presque toutes les vacances mais j'ai également visité la Russie, le Japon, l'Australie, la France, la Suède, l'Irlande, le Maroc et je ne vais pas vous faire la liste entière mais je maîtrise l'anglais à la perfection, ainsi que le français et l'allemand ce qui me paraît important pour évoluer dans le milieu de la monde dont les créateurs surgissent de n'importe quel côté du globe. » Un nouveau sourire sincère et franc, l'entretien se prolongeait et la secrétaire semblait plutôt satisfaite de ce qu'elle entendait. Elle n'aimait pas parler d'elle et raconter sa vie, d'ailleurs elle avait presque peur d'ennuyer son interlocutrice en divaguant sur quelque chose d'inintéressant. Elle évoqua également sa passion pour le sport, après la question de la secrétaire sur son alimentation et sa taille de guêpe, mais ne préféra pas mentionner son amour pour les plats gras servis dans les différents fast-food. Elle passa également sous silence sa passion pour les films d'horreurs et jeux-vidéos, ne sachant pas si cela allait être vu d'un très bon œil par la secrétaire à la féminité extravagante. Un sourire crispé s'était emparé de ses lèvres à l'entente de la bonne conduite à avoir en dehors de la vie professionnelle évidemment il était hors de question de porter préjudice à la marque et les paparazzi n'hésitaient pas à suivre les nouvelles recrues dans les clubs branchés de Venise pour les prendre en flagrant délit de débauche. Elizabeth avait rassuré son interlocutrice en lui disant qu'elle se respectait et qu'il ne lui viendrait jamais à l'esprit de mettre en péril la bonne réputation de l'établissement. Sur ces belles paroles les deux jeunes femmes s'étaient serré la main et Lizzie était sortie sur un délicat  « Je vous tiendrais au courant par téléphone. »