Don't go wasting my time ◊ Isaac C. Reeves

Elle était belle, il était riche. Un mannequin et son patron prospère, propriétaire d’une compagnie de publicité, de mode et de markething… Elle était amoureuse, il était intéressé et puis, comme de milliers d’autres amants avant eux, la chance leur a manqué ; Elle apprit qu’elle était enceinte. En son corps âgé de tout juste 17 ans, un petit être a pris place. Elle aurait pu s’en départir, mais elle était amoureuse. Il aurait pu l’épouser, mais il n’était qu’intéressé…

Dans un univers de richesse et de soie, Isaac vit le jour. C’était un bébé dont la bouille aurait fait craquer n’importe quel fier à bras tant il était mignon. Il avait une chambre dans l’appartement 5 étoiles de Sue, sa mère, payé par son père Adams, bien que ce dernier n’habitait pas avec eux. La plupart du temps, il était seul avec des nourrices puisque sa mère se trouvait beaucoup trop jeune pour rester cloitré chez elle à s’occuper d’un poupon. D’ailleurs, elle lui demandait de l’appeler par son prénom, trouvant le sobriquet « maman » très déprimant pour une jeune femme comme elle. Souvent, le soir, Sue rentrait saoule ou encore elle ne rentrait pas. Mais elle était bien présente lors des visites hebdomadaires d’Adams. Belle, soignée, prête à lui faire la cours pour une millième fois et tenter encore et encore de le séduire. De devenir sa femme officielle.  Une femme officielle, Adams en avait une. Il n’en était pas réellement amoureux puisque leur union était issue d’un arrangement. Du coup, il avait mainte et mainte maitresse. Mais suite à la naissance d’Isaac, il avait fait bien attention de ne pas laisser d’autres faux-héritier sur son chemin. Il avait attendu d’avoir ses deux enfants légitimes, puis s’était fait ligaturé. Père absent, mais pourtant aimant envers Isaac, il ne pouvait lui refuser quoi que ce soit. Il était même chagriné de ne pas pouvoir le ramener à sa propre maison. Sue ne le laissa jamais faire. Elle adorait raconter à Adams qu’Isaac était tout ce qu’elle avait depuis qu’il l’avait « abandonné ». Au final, cette situation rendit le jeune blondinet très gâté et capricieux. Gâté par son père, gâté par les nourrices, gâtés par tous qui le voyaient devenir si beau en vieillissant …

À 5 ans, il commença l’école dans un établissement privé. Il était doué, il fallait se l’admettre. Autodidacte, motivé et minutieux, l’enfant était solitaire, mais Oh! Combien talentueux. Évidemment, les avis sur son caractère étaient mitigés, mais aucun professeur n’aurait osé appeler le prestigieux Adams Reeves pour réprimander son fils.

Ce fut plus tard,  au lycée, qu’Isaac se passionna pour la photographie. Il avait toujours aimé faire un tour au studio de mannequinat au lieu de retourner vivre les gueules de bois de sa mère et, suite à quelques essais, il s’avéra qu’il était un réel prodige dans ce domaine plus que dans n’importe quel autre. Les années passèrent alors que le jeune Reeves, lui, passait le plus clair de son temps libre à prendre en charge des contrats privés de photographie, ici et là, dans ses temps libre.  Maintes fois, malgré son jeune âge, les séances et les publicités qui en découlaient étaient de grands succès. Tant et si bien que, bien vite, son père en eu vent et qu’il décida de l’annexer au volet publicité de sa propre compagnie.

Dans cette même période, surement étais-ce lié, Adams décida d’adopter son fils afin de rendre son héritage légitime. Isaac n’y voyait aucun intérêt et espérait surtout que son père ne lui demanderait pas de prendre suite de la compagnie : tout ce que le jeune homme voulait, c’était devenir photographe.  Adams le traîna pourtant dans des rencontres corporatives, des diners d’affaires et maints endroits luxueux qui l’embêtaient plus qu’autre chose.  Son regard arrogant et ses manières hautaines avaient beaucoup d’effet sur les gens de la sphère puisque la confiance en lui du jeune homme était sans borne. Peu osaient le contredire, malgré son jeune âge.

Et les femmes. Un ennui de plus parmi tant de choses qu’il détestait à ces évènements. Les jeunes filles étaient collantes via le jeune blond dû à son charisme.   Elles se pâmaient toutes, mannequins, héritières, etc. Cela lassait beaucoup Isaac. Il n’aimait pas particulièrement leur présence et elles étaient toutes si faciles à faire tomber dans sa main qu’il n’y voyait aucun défi. Elles ressemblaient toutes à sa mère, prête à n’importe quoi pour atteindre un simple homme. Cela le dégoutait. C’est toutefois dans l’une des ces ennuyeuses soirées qu’Isaac, qui ne se sentait nullement à sa place, finit par faire la rencontre de Beverly. Une jolie blonde avec qui il s’efforça de passer le plus de temps possible lors de ces évènements. Elle ne le courtisait pas et les gens les laissaient un peu plus tranquilles puisqu’ils étaient ensemble. Cela leur allait et ils finirent par plutôt bien se connaitre. Si bien qu’un jour, leur pères voulurent les fiancer… c’était impossible. Leur relation était tellement bien ancrée dans les termes amicaux qu’il ne pouvait réellement imaginer un amour quelconque. Ils firent des apparitions ensemble, mais être un couple leur était impossible et leur pères finirent par renoncer à cette idée.

Mais si Adams renonça à fiancer son fils à Beverly, un pacte étrange entre Reeves-père et Reeves-fils ressortit de cette expérience. Comme Isaac se refusait à regarder les jeunes femmes de son âge, Adams avait le droit de lui choisir une fiancée que son fils devait fréquenter un certain temps. En échange, Isaac pouvait rompre les fiançailles dès qu’il convenait que la relation ne mènerait nulle part. Nul ne sait comment l’homme d’affaire réussit à embarquer son héritier dans ce jeu, mais l’entente fut scellée. Ainsi, entre ses 18 et ses 24 ans, Isaac fût fiancé plus de 20 fois. Le tout durait entre un, deux mois et son record : cinq mois. À chaque fois, il rompait le contrat de fiançailles, n’arrivant pas à supporter d’être lié à des femmes qu’il ne tolérait pas. Tout ce temps, Adams resta certain que Beverly était la bonne pour son fils et qu’il finirait par revenir le voir pour organiser un mariage de lui et la jeune femme. Un peu peine perdue. Ses dernières fiançailles se firent, comme à l’habitude, avec une fille fraichement débarquée aux Bahamas qu’il n’a encore jamais vu.  Kaythlin M. Gallagher, Irlandaise, père propriétaire d’une compagnie d’hôtellerie. C’est bien tout ce qu’il savait sur elle au commencement.

Rien ne commença du bon pied pour eux. Du bon pied, c’est un joli jeu de mot. Effectivement, lorsque celle que Reeves appelle Caroline ont eu leur première rencontre et qu’elle a appris qu’ils étaient fiancés, elle lui  a tout bonnement envoyé son pied dans la mâchoire. Le jeune homme l’avait peut-être un peu cherché. Bousculé dans son horaire pour cette rencontre, son caractère habituel s’était vu aggravé par sa mauvaise humeur. C’est pourtant ainsi que son intérêt incompréhensible pour Caroline s’est éveillé. Une femme pleine de répartie qui ne veut rien savoir de lui, c’était rare dans son monde de riche héritier et homme d’affaire.

Pendant l’année qui suivit, les querelles et les boutades se sont enchainés. Ni l’un ni l’autre n’acceptant de céder un seul centimètre à l’autre, ceux qui ne forment pas réellement un couple s’en ont fait voir des vertes et des pas mures. Pourtant, un an plus tard, le contrat tient toujours et ils sont encore fiancés. En tout cas, sur papier.

C’est sur cette note qu’Isaac et Caroline s’envolent pour Londres. Elle, certaine qu’il ne s’agit là que d’une visite chez sa famille et lui, sachant très bien qu’elle reprendra la route des Bahamas sans lui à la fin de ses vacances. La Reeves Corporation a des projets en Angleterre dont il est l’émissaire.