(Sylas) you make me feel invicible.

you make me

feel invicible

L’amour est un vaste sujet. On en a fait des livres, des films et même des chansons. Quand mon frère a eu le cœur brisé en mille morceaux par une pétasse au cœur de glace, il en a fait sa matière première en se jurant de ne plus jamais tomber amoureux. Il a tenu cette promesse. Pour Sylas, je ne savais pas ce qu’il en retournait. Je l’avais vu avec de nombreuses conquêtes mais je ne l’avais jamais entendu dire les mots. Les mots que je n’avais aucun mal à prononcer. Je t’aime. Pour ma part, je les disais sans doute trop souvent. A mon frère, mes meilleurs amis Nollaig et Chris ainsi qu’à Sylas. Une fois. Mais il m’avait brisée le cœur tellement rapidement que j’en avais eu le souffle coupé. Je me souviens encore de tout. Moi qui lui avais dit que j’avais tout oublié. Je me souviens du coup de poing dans le ventre imaginaire que j’avais reçu. De cette peine. Au point de m’effondrer dans les bras de Chris pendant de longues heures le soir venu. J’en avais voulu à ceux qui m’avaient dit de me déclarer. Nourrissant une rancœur que je ne me connaissais pas. Et puis ne dit-on pas que le temps guérit toutes les blessures, même les plus profondes ? Je pourrais lui en vouloir. Lui trancher la tête avec mes mots. Mais non. Je ne suis pas comme ça et je sais que dans le fond, il ne voulait que mon bien. Mon pardon a pris un an à faire le chemin jusqu’à lui. Je le regardai sans baisser le regard, sans rougir, même sans bafouiller. Je devrais me sentir honteuse, en colère mais non. Rien de tout ça. Je suis juste contente de le revoir. De pouvoir le toucher à nouveau. Lubie d’adolescente. Non. C’était une maladie. Elle se propageait en moi à la vitesse d’une épidémie mortelle pour ne laisser que des cendres de moi. Cet amour impossible ne laisserait donc plus rien de moi.

J’accepte le verre de l’inconnu avant de sourire à Sylas. Un sourire timide. Celui qui faisait craquer tous les mecs. Soi-disant. Selon mes ex et Chris bien entendu. Il m’avait longtemps épaulé dans les soirées me sortant de beaucoup de mauvais pas. Je reposai ce dernier sur le bar pour commander autre chose. Je me penchai alors à l’oreille de Sylas non sans effleurer son bras de ma main valide. Juste effleurer. Je suis quelqu’un de tactile donc je ne pense pas que ce geste soit déplacé. Ma chérie. C’est quoi ce nouveau surnom ? Je tique avant de boire une gorgée. « Pourquoi me servir de toi quand je peux le faire avec mes charmes ? Je sais que tu ne me vois comme une enfant mais je suis une femme maintenant. Enfin à moitié. Donc c’est bon pour mon ego. » Je battis des cils avant de passer une main dans ses cheveux. J’adorai ses cheveux. Depuis toujours. « Je suis son obsession que veux-tu. Dangereusement addictive. » Je ris avec inconscience tandis que je penchai légèrement la tête sur le côté en me mordillant la lèvre inférieure. « Je… Entendu. » Je m’approche alors de lui pour attraper sa main et lui glisser un porteclé avec un panda-licorne dessus. « Petit souvenir. J’espère qu’il te portera bonheur. » Mes doigts s’attardent tout près des siens tandis que mon regard charbonneux capture le sien. Intense. J’inspire une goulée d’air avant de refermer ma prise sur sa main et de l’entrainer dans la foule mon verre dans l’autre. On arrive jusqu’à mon groupe d’amis qui discutent vivement avec mon frère et ses potes. Puis sans ménagement, je passe en travers de tout le monde pour attraper Chris. « Baiser passionnel. » Oui, bien entendu. Ce n’est qu’une vaste fumisterie. Et pendant un temps, je ferme les yeux et j’imagine qu’il est un autre. Qu’il est celui qui est juste à quelques mètres de moi.

Je décide tout de même de rejoindre Sylas dehors non sans avoir réprimandée mon frère qui ne l’avait pas mis au courant de mon retour et du fait que j’étais « en couple » avec Christopher. J’arrive facilement à le retrouver. Je connaissais cette planque à force. J’arrache le paquet de ses mains pour allumer sa cigarette en essayant de plaisanter pour détendre l’atmosphère. Mais sa remarque me fait l’effet d’un nouveau coup de poing. Je sens alors monter cette colère que j’aurai dû ressentir auparavant. Je passe alors une main dans mes cheveux pour déglutir. « Tu vas te calmer de suite Sylas Zajac parce que je vais m’énerver. T’as pas le droit de réagir comme ça. » Pas après ce qu’il s’est passé l’année dernière. Je me radoucis cependant avant de me mettre devant lui. Ma main cherche la sienne tandis que l’autre le force à me regarder. Je vois cette douleur que j’ai si souvent vu chez moi auparavant. Je me colle alors doucement vers lui. « Pas maintenant s’il te plait, murmurai-je, pas alors que je viens de te retrouver. » Je le force à s’asseoir par terre avant qu’il ne tombe dans les pommes pour poser ma tête sur son épaule. J’inspire doucement. Je suis triste. Il a réussi à me rendre triste et je sens une larme qui coule sur ma joue. « Moi aussi, avouai-je finalement, faire la fête, sortir, jouer du violoncelle je faisais tout pour ne pas penser… » Ma voix meurt avant même d’achever la phrase. A toi. Je ne voulais pas penser à lui. La douleur était trop vive. Cette relation que nous avions, elle était morte. Je le savais. Lui aussi. Quelque chose avait changé ce soir. « Visiblement non. » Puis mon téléphone vibre. Je montre le téléphone à Sylas avant de l’aider à se relever. Puis, je lui fais face pour le regarder. Moi qui évitais tout le temps son regard avant. Je passe alors ma main vacante sur sa joue pour lui sourire. Un sourire triste. Enfin, je me mets sur la pointe des pieds pour déposer un baiser chaste sur ses lèvres. Je redescends sur terre sans ajouter un mot. Je le regarde passer devant moi sans un regard et s’en est trop. Je passe devant tout le monde pour aller trouver Chris. Je suis en larmes. Je me colle contre lui dans ce qu’on pourrait être une étreinte affectueuse mais en vérité, mes nerfs lâchent. « Je ne comprends pas son comportement. Je ne le comprends pas. » Chris se contente de me caresser le dos avant de fusiller Sylas du regard. « Je vais le tuer ce mec s’il continue à te faire souffrir. » Je fouille dans ma poche pour chercher un mouchoir mais j’y trouve le paquet de cigarettes de Sylas. Je le sors alors pour le regarder. « T’as un stylo ? » Il m’en tend un à contrecœur. Je ne fais pas de cœur, je me contente de trouver une serviette sur le bar pour écrire ses mots que j’avais entendu quelque part. « Il faut de tout pour faire un monde. Il ne faut qu’une personne pour faire le mien. Mon monde à moi, c’est toi. » Puis, je retourne mon support pour écrire. « Si tu veux que je le quitte, je le ferai. » Juste ça. Je signe d’un L bien entendu. Avec un cœur à côté pour glisser le message dans le paquet. Puis, je m’approche de la scène pour sourire à Charlie avant de lui faire signe qu’on allait y aller. Puis sans regarder Sylas, je pose le paquet sur scène. Après, je repars dans le chemin inverse pour sortir mon téléphone et expirer longuement avant d’envoyer un message à Sylas. « Regarde dans le paquet. Lulla. » J’ignorai s’il avait conservé mon numéro. Après j’éteins mon téléphone et accompagnée de ma bande d’amis, on s’évanouit dans la nuit.