Mama is old. Come and make her feel young.

40 ans. Cela faisait aujourd’hui quarante années que je vivais. Passer une dizaine n’est jamais facile, alors j’avais invité mes plus proches amis à passer la soirée à la maison. Je préférais faire la fête ce soir, plutôt que de ruminer. L’année précédente, j’étais restée chez moi avec mes enfants. Ce n’était que nous trois à l’époque. Mais aujourd’hui, un an après, nous étions cinq. Un an auparavant, Owen m’avais donné la lettre qui avait tout changé. Puis nous avions accueilli William. J’étais comblée pour mon anniversaire. Je n’avais besoin de rien, juste de fêter ça avec mes amis et ma famille. Le champagne était au frais, les flutes en cristal étaient sur la table du salon, j’avais appelé un traiteur qui avait préparé l’apéro dinatoire. Tout était en place, prêt à accueillir mes invités. Il ne restait plus qu’à ce que je me fasse belle. J’enfilais une jupe blanche et un haut violet, puis retouchais légèrement mon maquillage. Une fois prête, je rejoignais Teddy, Lily et Will dans le salon. Ils étaient déjà en train de picorer des gâteaux d’apéro et de siroter leur verres de jus de fruit. Je les laissais tranquille et allais à la cuisine pour finir de sortir les canapés. Quelqu’un sonna à la porte, et j’entendais les enfants aller ouvrir et faire entrer les premiers arrivés. Je me dépêchais de les rejoindre pour leur souhaiter la bienvenue.

Spoiler:

Si le commun des mortels considéraient ce jour, comme un jour normal parmi tant d'autre, moi je m'apprêtais à fêter les 40 ans de la femme de ma vie. Bien-sûr, au préalable j'avais passé la journée à l'hôpital à rattraper mes heures. Je ne pouvais lutter contre la fatalité administrative et même si Julia pouvait se targuer de diriger le service traumato, le personnel administratif avait la dent dure contre moi et "mon impertinence". Ca explique donc pourquoi je suis d'astreinte et que je porte aujourd'hui la blouse. Mais ça n'est qu'une question de minutes avant que le supplice cesse. Tic et tac fidèles au poste, se sont "proposées" pour terminer les visites, elles me permettent ainsi de mettre les voiles plutôt que prévu. Donc sans plus attendre, je rejoins les vestiaires, à la volée j'ouvre mon casier dans lequel se trouve encore sous housse, le costume que j'ai loué pour l'occasion. Car oui, les 40 ans de la femme de votre vie, sont une occasion qu'il faut impérativement fêter. Julia n'est pourtant pas de cet avis, car cette  nouvelle bougie qu'il lui faut souffler, lui rappelle qu'elle a "pris un an de plus". Oui c'est évident, mais je pense que peu de femmes peuvent se targuer d'être aussi sexy a 40 ans. Bon oui, mon objectivité est contestable, mais avouons que le temps ne semble avoir aucun impact sur elle. Parfois, je me surprends même à avoir l'impression de revoir la Julia avec qui je partageais un appartement vingt ans auparavant. Cela vient surement de ses cheveux qu'elle s'est enfin décidé à laisser pousser. Bon, il faut que j'arrête de m'égarer là.

Ni une ni deux je me pare du costume de pingouin, par-dessus lequel j'enfile un long manteau, histoire de ménager la surprise. Une fois paré, je retrouve l'ascenseur qui me mène à l'accueil. Je pique un sprint vers l'entrée en saluant Clarisse de la main. Au pas de course je rejoins le parking et je ne peux que me féliciter d'avoir cédé à Teddy qui m'a longtemps supplié d'acheter une voiture. Clé en pain, je déverrouille fièrement ma nouvelle acquisition, une Toyota prius bleue nuit dans laquelle je m'engouffre sans ménagement. Avant de démarrer j'adresse une prière à une quelconque divinité pour que cette dernière concède à rendre la circulation praticable, puis je quitte enfin le parking, direction la bijouterie où j'ai fait mettre de côté une magnifique parure comprenant une bague au motif flocon de neige cristallisée et un collier en argent surmonté d'une jolie pierre bleue dans la même optique que le motif de la bague. Une fois sur place, je récupère la commande et c'est une fois encore au pas de course que je fonce chez le fleuriste pour récupérer les quarante roses commandées plutôt dans la journée. Et c'est les bras chargés que je rejoins mon véhicule pour reprendre la route. Guidé par l'un des cd que m'a gentiment prêté Teddy, je brave tranquillement la circulation, qui ce soir n'est pas si dense. Peut-être aies-je vraiment de la chance tout compte fait. Je penserai à allumer un cierge plus tard pour rendre grâce à cette quelconque divinité qui semble avoir eu pitié de moi ce soir.

Arrivé à la maison, je me félicite d'être le premier. Aussitôt, je récupère le cadeau et toutes les roses. Il me faudra au moins deux passages pour toutes les faire sortir. Soit ! Je dégage la première vingtaine que je viens discrètement poser devant la porte, puis j'en fais de même avec l'autre vingtaine et frappe enfin à la porte, tout sourire.

"-Bonsoir, je crois qu'il y a un anniversaire ce soir !"

Evidemment, le premier à arriver était Owen. Je souriais en le voyant avec son bouquet géant. "Bonsoir, je crois qu'il y a un anniversaire ce soir !" lança-t-il en entrant. Je courais à son secours et le débarrassais. « Tu sais très bien que tu n’as pas besoin de sonner, tu es chez toi ici. » lui dis-je avant de l’embrasser furtivement. « Les roses sont magnifiques, merci. » Je rougissais comme une adolescente. Il faut dire qu’avant de me mettre avec Owen, je n’avais plus connu ce côté romantique qu’ont parfois les hommes. Je disposais des roses dans la cuisine, les mettais dans l’eau pour m’en occuper plus tard. J’entendais les enfants jouer dans le salon puis Owen qui venait à la cuisine. « Les autres ne devraient pas tarder. » soufflais-je en me tournant vers lui. Je passais mes bras autour de son cou et l’embrassais passionnément alors que la sonnette retentissait de nouveau. 

L'anniversaire de Julia. Comment peut-on déjà être ce jour-là ? J'ai veillé la date pendant des jours, pour être sûre de ne pas le rater et comment toujours le temps est passé bien trop vite. Vendredi 11 décembre 2015, les quarante ans de Julia. Je l'ai déjà inondé de message, sans parler des réseaux sociaux. Mais ce soir c'est en personne que je vais pouvoir lui souhaiter, ayant été invitée à passer quelques heures plus tôt. Il est rare que je laisse tout sur un coup de tête, mais pour Julia je peux faire une exception. J'ai coupé mon ordinateur rapidement, histoire de ne pas craquer et de ne pas rester plus longtemps. Mais aussi, afin de pouvoir faire une course avant de me rendre chez mon amie. Des fleurs, c'est bien trop prévisible, j'ai donc opté pour des chocolats, totalement de saison. Au moins elle pourrait les garder plus longtemps, enfin en toute logique. Et parce que quarante ans, ce n'est pas n'importe quel chiffre, j'ai aussi pris une bonne bouteille de champagne, même si j'ai hésité à cause de son fiancé. Je ne veux pas mettre quiconque mal à l'aise, mais je ne peux pas faire l'impasse pour son anniversaire, c'est impossible. Après avoir envoyé un message à mon frère, j'arrive enfin chez mon amie, les bras pleins. Deux boîtes de chocolat et une bouteille, voilà de quoi marquer son anniversaire en bonnes et dues formes ! Après avoir payé le taxi, c'est totalement encombrée que j'avance vers sa porte. Mon téléphone toujours en main, comme d'habitude, je me demande comment je vais arriver à sonner. Il me faut au moins deux minutes pour réussir à signaler ma présence. Je range mon téléphone dans la poche de mon jean et reprends rapidement ma bouteille en attendant que la porte s'ouvre. Je n'ai pas à attendre longtemps pour voir Julia, ravissante devant moi. « JOYEUX ANNIVERSAIRE ! » Il ne manque que les confettis et serpentins pour accompagner mon arrivée. « C'est pour toi. » Je lui tends les bras, pour qu'elle me débarrasse,  « pardonne-moi, j'ai pas eu le temps d'emballer tout ça. » J'attends qu'elle prenne un bout de mes achats, pour la suivre à l'intérieur. J'ai bien l'impression d'être dans les premières.

Je détachais mes lèvres de celles d’Owen puis accourrais ouvrir la porte. « JOYEUX ANNIVERSAIRE ! » C’était Chuck qui arrivée, les bras plein de cadeaux. Elle avait amené avec elle sa bonne humeur habituelle. « C'est pour toi. » Me dit-elle en me tendant ses présents. Je les pris bien volontiers de la débarrasser. « pardonne-moi, j'ai pas eu le temps d'emballer tout ça. » « Ce n’est pas grave, ne t’en fait pas ! Allez entre ! » Je la laisser passer la porte et la menais vers le salon. Je déposais les boîtes de chocolat dans la cuisine et la bouteille de champagne au frais. Je retournais rejoindre Chuck et Owen dans le salon et nous servais du champagne, alors que mon fiancé se débrouillait. « On ne va pas attendre que tout le monde arrive ! Trinquons ! » Lançais-je en donnant son verre à Charlotte. « Dois-je m’attendre à ce que la moitié des chocolats soient entamés ou tu t’es retenue ? » Je savais que je pouvais la taquiner sans peurs. Nous nous connaissions depuis suffisamment longtemps pour que je me le permette.  

Elle se retrouva sur la pointe des pieds pour me gracier d'un baiser teinté d'une chasteté vite balayée par la passion des deux amoureux que nous sommes au quotidien. Pour un peu plus de promiscuité (comme si c'était possible) je dispose mes mains autour de sa taille, mais avant que la passion ne nous alourdisse d'ivresse, une fois encore la sonnerie retentit nous sortons de ce petit moment d'intimité. "-Va ouvrir, je ne bouge pas !" dis-je le sourire aux lèvres. Je suis ravi de la voir comment ça, aussi pimpante, exaltée comme lorsque nous étions de jeunes internes enclins à faire quelques petites bêtises. La porte s'ouvre donc sur Chuck, qui elle aussi a les bras chargés. Tout sourire je m'approche et lui fait la bise "- Tiens tiens, n'est-ce pas Chuck qui est à l'heure en plus. " Tout sourire elle répond à mon salut et après que Julia ait déposé les boîtes de chocolat dans la cuisine ainsi que la bouteille de champagne, nous nous retrouvons enfin tous les trois au salon. Je prends alors deux coupes que j'emplis d'alcool et que je tends à ces deux charmantes jeunes femmes, pour ensuite me servir une coupe de ...jus de fruit.

"-Bon bah je porte un toast au 40 printemps de notre chère Julia, qui n'a pas à rougir d'avoir à souffler cette autre bougie que j'ai dû souffler avant elle. A tes 40 ans mon amour 40 ans et toujours aussi sexy. 40 ans et tous un tas de péripéties. Je t'aime" lui dis-je en posant mes lèvres sur les siennes et en portant enfin ce fameux toast. "-Bon je suis content parce que je suis bien entourée là et en plus Chuck nous ramène une très bonne boîte de chocolat. Que demandez de plus ?