(✰) message posté Mer 4 Mai 2016 - 23:51 par Invité
Echappée belle
Howard & Edgar
Brighton, baby ! (Ça sonnait presque aussi bien que Las Vegas baby.) Le trajet était passé plutôt vite, même pour Edgar qui avait habituellement un mal fou à rester assis aussi longtemps en voiture. Howard avait été suffisamment insistant pour qu'il laisse échapper quelques indices sur ses exploits à l'enterrement. (Il faut dire qu'apprendre que la nana du cercueil était jeune mariée était un peu la cerise sur le gâteau, il avait vraiment fait fort avec son mensonge improvisé.) « J'ai peut-être fait quelques allusions sur une éventuelle relation avec elle... M'enfin, au moins ça aidera le mari à passer à autre chose plus vite », avait-il relativisé avec un cynisme détaché. Et maintenant ils débarquaient à Brighton. Ça faisait, ouah, une éternité qu'il n'avait pas vu la mer ! Howard aussi probablement, parce qu'il était survolté et le secouait avec enthousiasme. Ce à quoi Edgar répondit en l'imitant, le saisissant également par les épaules en criant aussi fort que lui : « Oui, on y est ! » Le taxi les avait laissés près du centre-ville – et le chauffeur s'était finalement déridé en constatant que oui, ses passagers avaient réglé la course sans un sourcillement. Il n'y avait pas foule, par ici. Les magasins de souvenirs et les glaciers fermés rappelaient clairement qu'on était dans une station balnéaire prête à accueillir des hordes de vacanciers transpirants et rougis, mais que pour le moment, la ville n'était qu'en effectif réduit. Par contre, il y avait par intermittence ce bruit caractéristique, le son des vacances : le cri des mouettes. « Bon, première étape, trouver la mer !! » s'écria Edgar avec le ton d'un enfant au début d'une chasse au trésor Très modérément intéressé par les bâtiments qui l'entouraient, il fit un tour sur lui-même. Là-bas, au-dessus des toits, il venait de voir le haut d'une grande roue ! « Par là ! » décréta-t-il. Sans attendre une seconde de plus, il saisit le bras d'Howard et l'entraîna avec lui, au pas de course. Pas une seconde à perdre, il fallait trouver la mer ! Bien évidemment, dans la précipitation, ils firent un détour inutile, mais finalement… Victoire ! Edgar poussa une exclamation enthousiaste en voyant, au bout de la rue, une plane étendue bleue. Il accéléra encore, traversa la route du bord de mer avec son imprudence caractéristique, toujours accroché à Howard. Et pila enfin une fois au-dessus de la plage, les yeux brillants/ « Putain, ça fait des siècles que j'étais pas allé à la mer ! » (Et heureusement, diraient les esprits chagrins, parce que de toute évidence ça le faisait régresser de vingt bonnes années.) Il dévala les escaliers qui menaient à la plage. « Tu crois qu'elle est bonne ?? » Non qu'il ait beaucoup d'espoir, vu la saison. Mais quand même, ça donnait follement envie de se jeter là-dedans !
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(✰) message posté Jeu 5 Mai 2016 - 12:25 par Invité
Échappée belle
Edgar .D. Anderson & Howard. J. Taylor
Pendant que le taxi londonien était sur le point d'arriver à Brighton, Edgar révéla à Howard qu'il avait insinué (le brun n'aimait pas ce mot) qu'il était l'amant de Madame Williams. Le jeune Taylor serra les dents et détourna le regard. C'était trop tard et inutile de lui faire un sermon sur le respect des morts et surtout de la famille endeuillée. Il avait rencontré seul Monsieur Williams, et le pauvre homme était vraiment très épris de son épouse, et le rendez-vous avait été particulièrement émouvant et difficile. Encore un homme qui allait passer ses nuits à se ronger les sangs à se demander si sa tendre femme le trompait avant de mourir, avant de lui avoir donné son premier enfant. Quelle tragédie... ! En remarquant que le chauffeur empruntait le chemin du centre ville, Howard se ravisa d'autant plus de réprimander son ami en lui disant ses quatre vérités, à quoi bon ? Ce n'était pas le moment pour avoir de la compassion pour son client veuf, et puis de toute façon, même si c'était égoïste à penser, l'entreprise Taylor n'était pas responsable. Quand le véhicule s'arrêta enfin, les deux compères réglèrent le brave chauffeur qui avait du les supporter tout le trajet, et sautèrent d'un même mouvement du véhicule.
« Oui, on y est ! », s'extasia Edgar, bras dessus bras dessous avec Howard.
C'est vrai que l'endroit était particulièrement désert en cette période de l'année mais ça, Howard Taylor n'en avait que faire ! Il imaginait déjà l'agitation de la période estivale, les touristes de tous horizons, les tenues affriolantes, les chapeaux, les glaces et les crêpes fourrées à cet espèce de chocolat français, absolument infecte.
« Bon, première étape, trouver la mer !! », annonça son pote exalté pendant qu' Howard avait toujours le nez en l'air, admirant le moindre détail d'architecture. L'endroit le changeait tellement de son quotidien, c'était... Grisant. La mer, il ne la voyait pas encore, mais s'il se concentrait, il pouvait déjà sentir comme une odeur d'iode, probablement complètement inventée.
En suivant le cri des mouettes et surtout la tête de la grande roue, Edgar attrapa le bras du brun et l'obligea à presser le pas, le persuada de le suivre de près.
« Par là ! »
Howard n'avait que faire du chemin à emprunter. Pour être honnête, il n'en avait même rien à faire de trouver la mer ou non. Il était loin de chez lui, il était en pleine évasion, tel un fugitif sans cavalerie à ses trousses, c'est ça : un fugitif en vacances ! Tout était beau ici, même si objectivement, ce n'était pas nécessairement le cas. Il suivait aveuglément « le guide », même s'il n'était pas vraiment certain de la direction à emprunter.
Soudain, elle apparue devant leurs yeux attendis : la mer. Immense, imperturbable, grandiose. La mâchoire de l'anglais manqua de se décrocher. La vérité c'était... C'était que malgré son porte feuille bien garnit, c'était la toute première fois qu'il voyait un tel spectacle. Lors de leur précédente escapade en Irlande, il n'avait même pas pris le temps d'aller voir l' « Irish sea », bien trop préoccupés à trouver un endroit où crécher, et à se torcher dans tous les pubs qui se posaient en travers de leur chemin. Quand il fut confronté à l'étendue bleue qui refoulait ses petites vagues contre la rive, Howard déglutit. S'il commençait à s'émouvoir devant la mer, on était pas sorti de l'auberge... ! Edgar, dans un cri de joie le tirait toujours par le bras pour se rapprocher davantage. Arrivé devant le sable, Howard s'arrêta net.
« Edgar.... ? », Murmura-t-il d'une façon à peine audible. « Mec, faut que je te le dise... C'est la première fois. », bredouilla-t-il comme une jeune vierge farouche, pendant que son acolyte soulignait le fait qu'il n'avait pas vu la mer depuis des lustres. Pendant qu'il dévalait les escaliers de bois, usés par l'écume et le sable, Edgar lui demanda si la température de l'eau lui semblait raisonnable pour piquer une petite tête. La réponse à cette question, Howard n'en savait rien, et de toute façon qu'elle soit à point ou pas, ça lui faisait une belle jambe car il était hors de question qu'il se baigne ! (Dans la mer, non mais franchement!). Marcher sur le sable constituait déjà une épreuve, d'autant qu'il ne portait que son costume de cérémonie et ses petites chaussures cirées, pas très pratique, et franchement ridicule.
Pendant que le blond s'était déjà lancé à corps perdu sur la jetée, Howard posait un pied hésitant sur le sable. Son tout premier. Il avait l'air d'un chaton qui essayait d'apprendre à marcher...
« Seigneur, c'est... », bredouilla-t-il le sourire aux lèvres. Il hésitait à rire. Cette sensation était difficile à décrire. « C'est étrange.... ! », ajouta-t-il en s'en faisant très légèrement pour le sable fin qui s'obstinait à vouloir flinguer ses superbes petites chaussures hors de prix.
(✰) message posté Mer 11 Mai 2016 - 20:46 par Invité
Ça y est, Edgar se sentait en vacances. Les cris des mouettes, l'odeur de sel, la platitude bleu-gris qui s'étirait jusqu'à l'horizon... Il était le plus heureux du monde. Tout à son exaltation, il lui fallut quelques instants pour percuter ce que venait de dire Howard. « Hein, quoi ?! » Comment ça, première fois ? Attendez, il n'était jamais venu à la mer ? Genre, vraiment ? Edgar scruta son visage pour y détecter la trace d'une plaisanterie... Mais non, Howard avait l'air parfaitement sérieux. « Mais... Mais tu n'as jamais eu de vacances ? » questionna-t-il, incrédule (et incapable d'imaginer un genre de vacances qui n'impliquerait pas châteaux de sable, orgie de glaces et coulage des frangins dans les vagues). Cependant, la méfiance avec laquelle Howard avait entrepris de poser pied sur le sable semblait confirmer ses propos. Edgar secoua la tête, un peu dépassé par la nouvelle. Décidément, Howard ne cesserait jamais de le surprendre... Ce type n'avait jamais rien fait comme les autres. Mais quelque part, c'était rafraîchissant. Edgar s'amusait à le voir découvrir des choses aussi simples que le sable de plage ou la bière. En l'occurrence, la découverte du sable était franchement cocasse. Avec sa manière prudente de poser ses pieds, Howard lui rappelait le faon d'un dessin animé dont il avait oublié le nom, qui dans l'une des scènes faisait ses premiers pas sur la glace avec une circonspection assez similaire. « Attention, pas là ! s'écria-t-il brusquement en tendant le doigt vers l'endroit précis où Howard s'apprêtait à poser un pied hésitant, juste pour le plaisir de le rendre parano. Ouf ! Tu as failli marcher sur du sable » ajouta-t-il, ouvertement moqueur. Edgar retira une bonne fois pour toutes son noeud papillon et l'enfonça dans sa poche, puis il se délesta de sa veste de costume qu'il abandonna négligemment sur par-terre - c'était juste du sable, ça ne pouvait pas être sale. Voilà, c'était mieux. Faire le pingouin, c'était bien gentil, mais pas plus longtemps que nécessaire. « Tu devrais faire pareil, c'est vachement mieux ! » Dans sa lancée, Edgar retira également chaussures et chaussettes. Il n'avait pas tout à fait abandonné l'idée d'aller goûter l'eau, des fois qu'une baignade soit envisageable. « Bon, comme c'est ta première fois... entama Edgar avec un grand sérieux... il va falloir te baptiser. » Le regard presque machiavélique, il attrapa Howard par le bras pour le traîner jusqu'à la mer. Il n'avait pas encore tout à fait décidé s'il jetterait vraiment Howard à l'eau, mais en tout cas il comptait bien lui foutre un peu la frousse.
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(✰) message posté Sam 14 Mai 2016 - 21:21 par Invité
Échappée belle
Edgar .D. Anderson & Howard. J. Taylor
Alors qu' Howard avouait doucement que c'était la première fois de sa vie qu'il voyait la mer, les yeux d' Edgar manquèrent de simplement tomber de leurs orbites.
« Hein, quoi ?! Mais... Mais tu n'as jamais eu de vacances ? », demanda-t-il, ébahit.
Quel crétin... ! Bien sur qu' Howard avait déjà eu des vacances ! Enfin... Disons que... Il avait connu des jours de temps (plutôt) libre quoi ! Bon, d'accord, c'est vrai, il n'avait jamais eu de VRAIES vacances ! Chez les Taylor, on travaillait tout le temps, les gens ne cessaient jamais de mourir vous savez ! D'autant plus que quand son paternel lui accordait quelques moments de répit, Howard devait passer ce laps de temps à réviser, ou en tout cas, « à s'occuper intelligemment », comme James aimait répéter d'un ton glacial. Les seuls petits moments de repos qu'il avait eut c'était quand il était à l'école, et encore, il ne fallait pas qu'il s'avise de ramener une note en dessous de dix-huit, alors c'était pas la débandade tous les soirs... Son père lui, en revanche, voyageait beaucoup pendant ses « congés », il partait prospecter la plupart du temps, et tentait apprendre le plus de langues possibles pour de potentiels clients (autant exporter la réputation Taylor!), mais il n'emmenait jamais son fils unique dans ses expéditions.
« Hum... Si ! C'est juste que la mer tu vois... Ben... Jamais, j'ai... J'ai jamais vu la mer, et alors c'est un crime ? », brailla-t-il contre le vent qui soufflait par rafales.
Son air laissait transparaître la vérité, sa petite mine honteuse et accablée de travail (et de manque de distractions) avouait d'elle même qu'il s'ennuyait à mourir dans sa vie. Pendant qu'il se frottait vigoureusement les bras pour se réchauffer, il regardait Edgar agir comme un chien fou sur le sable humide. Howard, quant à lui, n'était pas rassuré sur cette étendue « non identifiée ». Bon ça va, il avait affronté bien pire que du sable dans sa vie, d'ailleurs il en avait déjà touché un jour ! Il avait du en verser une poignée dans un cercueil, c'était un surfer confirmé qui avait demandé à être enterré avec, alors... Mais cela n'empêchait pas de ressentir quelque chose d'étrange en avançant prudemment sur la baie. Ça ressemblait presque à de l'émotion, comme la première fois qu'on est assez grand pour se souvenir de son premier sprint ou du premier bain de pieds dans la rivière. C'était simple comme sensation, naturel, il n'y avait pas besoin d'en faire des tonnes, de dépenser une fortune, c'était tout simplement...-
« Attention, pas là ! », hurla Edgar en provoquant la tachycardie d' Howard. Ce dernier se figea sur place et s'arrêta de respirer avant que le blond ne reprenne d'un air taquin : « Ouf ! Tu as failli marcher sur du sable. »
Howard leva les yeux au ciel, ne pouvant s'empêcher de laisser apparaître un tout petit sourire en coin (pourtant il essayait très fort de le retenir cet éclat de rire d'auto dérision). C'était fou à quel point Edgar avait l'air dans son élément, et même de faire parti du paysage. « Joli paysage.... », songea Howard d'un air blasé quand son ami arracha négligemment son nœud papillon, et jeta sa veste au sol.
« Tu devrais faire pareil, c'est vachement mieux ! », s'écria-t-il en se rapprochant de l'étendue bleue.
C'est ça oui ! Comme s'il allait se déshabiller pour fanfaronner, déjà qu'il était gelé, il n'allait pas tenter le Diable en risquant une pneumonie ! Il arqua un sourcil d'un air légèrement condescendant quand Edgar retira ces chaussures et chaussettes. Nan mais attendez, ce taré projetait sincèrement d'aller à la flotte là ? On dirait qu'ou..-
« Bon, comme c'est ta première fois... Il va falloir te baptiser.»
Sans qu'il ait le temps de dire « ouf », Howard sentit son bras devenir la proie de la force d' Edgar qui le tirait vers les vagues.
« Alors là mon pauvre... ! », menaça-t-il en tentant tant bien que mal de se défaire de l'emprise de son meilleur ami. « Non mais, n'y pense même pas ! » , s'égosilla-t-il en avança tout de même malgré lui. En un rien de temps, les deux hommes s'étaient retrouvés aux pieds des vagues qui mouillaient leurs chaussures (et les orteils d' Edgar, accessoirement). Le brun poussait des cris de de rébellion en sentant l'eau (glacée) s'infiltrer, et tremper ses chaussettes.
Ils allaient y aller, Howard le sentait. Il se sentait déjà perdre l'équilibre, et pour tenter de sauver l'honneur, s'accrocha de toutes ses forces à la chemise d' Edgar qui du même coup, se déchira.
« Si je finis dans l'eau, tu plonges aussi, triple idiot ! », cria-t-il en sentant le lourd poids de son ami qui lui tombait dessus.
Il y eut un énorme bruit sourd quand les deux hommes plongèrent (grotesquement) dans la mer. Elle était tellement froide, qu' Howard (en exagérant très légèrement), eut l'impression qu'une force invisible lui obstruait le sternum de toutes ses forces. Il n'avait pas lâché la chemise déglinguée d' Edgar en remontant à la surface. Ses cheveux (noirs, du coup), dégoulinaient sur ses cils trempés, le goût salé de l'écume tapissait sa bouche, et il grimaça en crachant tout ce qu'il pouvait sur le visage déjà détrempé du blond.
Il avait HORREUR de cette sensation : être entièrement habillé (puis le costard en plus!), et trempé comme une soupe ! Enfin, c'était la première fois qu'il plongeait habillé dans l'eau, mais il détestait ça, et ce n'était pas une grande surprise ! Il fulminait de rage et s'apprêtait à mugir sa colère quand... Quand le spectacle d'Edgar, chemise ouverte, trempé, dont les vagues collaient (effrontément) son corps au sien, lui supprima toute velléité de brailler. Un de ces silences atrocement gênants planait au dessus d'eux, et si le bruit des vagues ne masquait pas cet instant, ils auraient pu en devenir sourds. Il y avait ce moment, ce tout petit instant qui parlait de lui-même... Howard en eut presque la nausée en subissant le dilemme le plus cruel de sa vie. Il ne pouvait pas effacer ni nier ce à quoi il était en train de penser (« Seigneur, épargnez-moi »), mais il avait tellement, tellement peur de voir à nouveau Edgar s'en aller que... Que malgré sa respiration trouée à la fois d'un reste de colère et d'un début de désir, il poussa violemment son ami en arrière.
« T'es vraiment débile ma parole ! R'garde nous ! On va faire quoi maintenant, on a rien pour se changer ! … Oh Seigneur, elle est gelée !! ».
(✰) message posté Dim 15 Mai 2016 - 20:55 par Invité
Howard se débattait avec force vitupérations, mais ça n'empêcha pas Edgar de le tracter sur quelques mètres, direction la mer. Lorsqu'ils parvinrent à la lisière des vagues, Howard tenta de derniers efforts désespérés pour se libérer et, dans la bataille, Edgar sentit sa chemise céder et s'ouvrir dans un intéressant bruit de déchirure. « Si je finis dans l'eau, tu plonges aussi, triple idiot ! » Bah, c'était un dommage collatéral acceptable (et puis au moins Edgar saurait pour de bon si la mer était bonne ou pas). Il se contenta de répondre par un sourire maléfique qui clamait "il en faudra plus pour me convaincre". D'une brusque poussée, il projeta son poids contre Howard qui bascula en arrière - l'entraînant dans sa chute comme promis. Splash retentissant. Froid soudain. Puis ils remontèrent à la surface, essoufflés et crachotant. A Howard qui visa son visage pour rejeter l'eau qui lui était entrée dans la bouche, Edgar répliqua en frappant la surface pour lui balancer une gerbe d'éclaboussures vengeresse. Il pouvait être fier de lui, Howard était dans un sacré état (lui aussi, mais c'était un détail). Il considéra un instant son visage ruisselant et ses cheveux en pagaille, un coin brumeux de son esprit notant le frôlement de leurs corps sous l'eau, la chaleur d'Howard dans cet univers glacé. Un sombre instinct le poussait vers cette chaleur mais avant d'avoir pu analyser ces pensées, il se fit repousser avec colère. « T'es vraiment débile ma parole ! R'garde nous ! On va faire quoi maintenant, on a rien pour se changer ! … Oh Seigneur, elle est gelée !! » Edgar lui lança une grande brassée d'éclaboussures pour faire taire ses récriminations (le couler aurait été plus radical, mais il ne tenait pas à se faire assassiner dès qu'Howard remonterait à la surface). Puis il explosa d'un rire immense, irrépressible. La vue de son ami fulminant et détrempé valait bien le sacrifice de sa chemise. Un reste d'eau de mer le fit s'étouffer à moitié, sans cesser de rire pour autant. Il fit trois pas en arrière, revenant vers la plage, et une fois hors de l'eau un coup de vent le cueillit d'une gifle frigorifiante. « Putain t'as raison, elle est gelée ! » vociféra-t-il en sautillant sur place comme si ça pouvait le réchauffer. Ça le fit rire de plus belle, parce qu'il était tout à fait d'accord avec Howard sur la stupidité de leur situation, et parce que ce n'en était que plus hilarant. « Bon ben du coup, on reste dans l'eau » décréta-t-il comme solution valide à leur problème de vêtements. Sur ce, il se mit à courir sur Howard et le percuta pour le faire tomber à nouveau. « Fais gaffe, je vais te couler jusqu'à ce que t'arrêtes de râler » menaça-t-il (même si voir son ami furieux était quelque chose de plutôt amusant, fallait avouer).
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(✰) message posté Lun 16 Mai 2016 - 19:19 par Invité
Échappée belle
Edgar .D. Anderson & Howard. J. Taylor
Comme si cela ne suffisait pas d'avoir fini dans l'eau (glaciale!) tout habillé, ou supporté la proximité insolente d'Edgar, il fallait en plus que ce dernier s'acharne à l'exaspérer ! Il avait l'air de trouver désopilant le fait de l'éclabousser comme le ferait un gamin. Howard protégea son visage de ses deux bras comme si l'eau qu'il recevait en pleine figure était de la lave en fusion ou des éclats d'obus. Il n'était pas habitué à tant de candeur, tant d'innocence. Si leurs vies à (Edgar et à lui), avaient été inversées le temps d'un instant, il aurait fulminé en constatant l'état de sa belle chemise à présent déchirée. Cependant, Edgar, bien loin de monter dans les tours, éclata d'un rire tellement sincère qu'il déchira le cœur givré de l'anglais. Ce rire là était de l'eau de vie. Le genre de liqueur qui remplissait les tonneaux des saint Bernard en montagne. Quelque chose qui vivifie, quelque chose qui réchauffe, quelque chose de fort qui serpente dans l’œsophage et cicatrise les plaies ouvertes. Le frisson qui parcourut l'échine d' Howard pouvait très bien passer pour un grelottement de froid, c'était plutôt commode finalement cette chute. Edgar sorti de l'eau et se plaignit du vent glacial. Howard quant à lui, ne put réprimer l'envie de lever les yeux au ciel, désespéré par le comportement puérile de l'américain. En essayant à son tour de revenir sur la terre ferme, il fut lui aussi poignardé par le vent qui pétrifia ses os. C'était intolérable... Il avait envie de feu de cheminée et de thé au citron. Il visualisait son peignoir bleu et ses petits chaussons en fourrure, le froid lui aurait presque fait regretter la cérémonie d'enterrement, non... Non, quand même... Penser à son père était encore plus douloureux que la morsure du vent sur ses vêtements détrempés.
« Bon sang Anderson, t'as plutôt intérêt à nous sortir du pétrin où tu nous a plongé, parce que je te le dis tout net, mon corps ne supportera pas de telles températures! », beugla Howard en grelottant des pieds à la tête. « Je sais pas, trouve un magasin de fringues ouvert dans ce trou, fais du feu, débrouille toi mais..- »
« Bon ben du coup, on reste dans l'eau » s'exclama-t-il dans un autre éclat de rire qui venait de nulle part.
Dans un élan qui ne présageait rien de bon, il se rua sur Howard et le percuta violemment, l’entraînant à nouveau sous les vagues. Howard but la tasse. C'était une sensation absolument écœurante, ce goût trop salé en affluence dans sa bouche, cette douleur inconnue dans son nez, cette oppression dans ses poumons ! Il remontait à la surface pour prendre un peu d'oxygène et tousser comme la première fois qu'il avait fumé une cigarette.
« Fais gaffe, je vais te couler jusqu'à ce que t'arrêtes de râler » menaça Edgar en s'appuyant sur lui.
« T'es en train de me noyer ducon ! », cria Howard en étant plus ou moins conscient qu'il était au maximum de sa grossièreté.
Un remous particulièrement contrariant le poussa à nouveau contre son assaillant. Howard était parvenu à faire taire des émotions dérangeantes en nourrissant une colère inutile, et il avait été si consciencieux qu'il remarqua à peine qu'il était désormais complètement dans les bras d' Edgar. Il tira sur ses cheveux, malgré la température de l'eau, il sentait son sang bouillonner dans ses veines. Ce n'était pas la première fois qu'il ressentait sans raison une telle animosité envers lui, une telle haine qui était née de rien de bien méchant, mais qui était si vorace, si profonde qu'il n'arrivait pas à la maîtriser. Edgar était la seule personne qui parvenait à le mettre hors de lui comme ça. Une main refermée sur une mèche de cheveux blonds tirait sa tête en arrière, pendant que l'autre, à plat sur son torse, tentait de désolidariser leurs deux corps. Il abhorrait la mer désormais. Il détestait les vagues et les remous. Les secousses, le froid, le sel. Il détestait cette sensation d'être bercé par le rythme des vagues, d'être caressé par la fraîcheur de l'eau ou par les frottements éparses de la cuisse d' Edgar contre son propre corps. C'était trop là ! Le subir une fois d'accord, mais replonger sur lui et recommencer, cette fois son « ami » allait trop loin ! Il serra les dents, une haine brûlante fulmina dans ses yeux bleus, et alors qu'il abandonna toute tentative d'éloigner Edgar, il posa ses deux mains autour de sa nuque. Leurs corps fusionnaient complètement maintenant, et quelque fois même, leurs peaux entraient en contact sous leurs chemises débraillées. Sans les manifestations évidentes de haine de la part d' Howard, cette scène n'aurait dupé personne... L'anglais sentait son cœur battre à tout rompe dans ses mains, dans ses doigts, dans son cou, et dans des endroits qu'il ne soupçonnait même pas. Il savait qu'une telle réaction pouvait complètement enflammer Edgar, qu'il n'était pas du genre à se laisser dominer, une fois même ils s'étaient vraiment battus.
Pendant qu'il hésitait à l'étrangler, Howard remonta un pouce seulement contre le menton fier et hautain d'Edgar.
« C'est de ta faute tout ça Anderson... » , siffla-t-il d'un air menaçant en sentant ses rétines picoter. Il portait une affliction sur le visage, et pas celle qu'il arborait un peu plus tôt dans le taxi quand il se sentait rassuré par la présence de son ami, non... Là c'était totalement l'inverse, il était en danger.
« Pourquoi t'es revenu nom de Dieu ? Tu me testes c'est ça ?! », demanda-t-il entre deux sanglots étouffés, pendant qu'il reprenait le combat contre les vagues. Cette fois, le courant semblait jouer dans son camp, et il pu doucement se défaire de son emprise.
(✰) message posté Mer 18 Mai 2016 - 21:55 par Invité
La méthode expéditive d'Edgar pour mettre fin aux récriminations d'Howard n'avait pas spécialement l'air de porter ses fruits. Oh bien sûr, Howard avait été bien obligé de se taire, une fois enfoncé sous l'eau par le poids et l'élan brutal de l'américain. Mais dès son retour à la surface, sa véhémence avait été décuplée. L'opération pour le faire arrêter de râler avait donc été efficace environ trois secondes et demie au total, belle performance. Tant pis, Edgar allait devoir mettre sa menace à exécution et le couler encore et encore jusqu'à ce qu'il se calme. Après tout, la technique avait été testée et approuvée sur Edgar lui-même par son frère aîné, ça allait finir par marcher. … Ou pas, en fait, parce qu'Howard manifestait une colère beaucoup plus significative que celle d'un enfant de six ans, surtout un enfant de six ans tel qu'Edgar qui oubliait qu'il était énervé au bout d'une dizaine de secondes en moyenne. Edgar agrippait fermement Howard, au cas où son hésitation disparaisse et qu'il se décide pour de bon à lui replonger la tête sous l'eau. En retour, Howard avec fureur tentait de toute évidence de pratiquer sur lui une épilation du cuir chevelu, étant donné l'énergie avec laquelle il tirait sur sur ses cheveux. Plus l'anglais se débattait, plus Edgar le retenait, par pur esprit de contradiction, et aussi parce qu'un Howard libre de ses mouvements serait beaucoup plus dangereux que ce même Howard entravé contre lui, si enragé qu'il soit. Finalement, petite victoire, l'anglais cessa ses gesticulations et ses agressions capillaires. Toutefois à en juger par son expression, il était loin d'être calmé. Heureusement que les regards étaient inoffensifs, sinon Edgar serait promptement passé de vie à trépas. Les mains d'Howard vinrent se poser sur son cou, geste qui le mit instantanément sur ses gardes. Qu'il s'avise de serrer et Edgar l'assommerait contre le plancher marin. Mais l'américain ne broncha pas car il y avait autre chose. Le contact du torse d'Howard maintenant contre le sien, chaleur diffuse. Ça lui plut. Mais uniquement parce qu'il était frigorifié au dernier degré et de surcroît, immergé dans un environnement encore plus froid que son propre corps. Alors toute source de chaleur était bonne à prendre, n'est-ce pas ? Il avait beau retenir encore Howard entre ses bras, Edgar ne se priva pas de le gratifier d'un regard noir. Et c'était quoi ce pouce sur son menton ? Il ne savait pas l'interpréter mais il savait qu'il n'aimait pas ça. « C'est de ta faute tout ça Anderson... » Edgar haussa un sourcil. Alors là, c'était discutable. Qui avait proposé Brighton, d'abord, hein ? Et puis même si c'était Edgar qui l'avait jeté à l'eau, il ne démordrait pas qu'Howard avait sa part de responsabilité dans leur pneumonie à venir, pour être aussi insupportable, coincé, râleur, et tout ce que vous voulez. « Pourquoi t'es revenu nom de Dieu ? Tu me testes c'est ça ?! » Là par contre, la discussion devenait méchamment trop sérieuse, et se glissait vers des régions qu'Edgar ne tenait absolument pas à explorer. Il se contenta de lever les yeux au ciel et de répliquer, ouvertement moqueur : « Mais oui, c'est ça, et je n'aurai de repos que quand je t'aurai emmené en enfer ! » Il haït la fugace sensation de quasi déception que créa le recul d'Howard – son radiateur improvisé remplacé par de l'eau glacé, c'était juste ça le problème. « Tu crois pas que tu te donnes trop d'importance, Taylor ? reprit-il méchamment. [color:d264=4db30f]J'ai dû retourner à Londres pour mon taf. J'suis allé à un enterrement histoire de savoir à quoi ça ressemble avant le mien. Où est le putain de lien avec toi ?! » Sa voix avait enflé graduellement tandis que sa propre conscience lui faisait remarquer la qualité de plus en plus foireuse de ses arguments. Jusqu'au dernier mot qu'il finit par hurler. Car il était d'une importance majeure que tous les deux comprennent bien que, bordel, Edgar n'aurait pas traversé un océan pour retourner voir Howard.
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(✰) message posté Jeu 19 Mai 2016 - 1:12 par Invité
Échappée belle
Edgar .D. Anderson & Howard. J. Taylor
Howard avait (presque) oublié ou plutôt occulté à quel point la présence d' Edgar avait tendance à le mettre hors de lui pour rien du tout. C'était la seule personne au monde à pouvoir le faire sortir de ses gonds comme ça. Il ne lui fallait pas grand chose, un sourire un peu trop fumant qui ne présageait rien de bon, une pichnette sur la joue, ou une noyade dans la mer, par exemple ! Il avait passé un an sans lui, un an à guetter son retour, stupéfait que l'on puisse ainsi lui tourner le dos sans vergogne, et voilà qu'il réapparaissait comme par enchantement ! Il lui faisait goûter à une douce illégalité, le mettait dans le premier taxi, il l'arrachait des griffes de son père, il ne cessait de lui rappeler combien c'était bon de partager ses aventures, et d'un seul coup... D'un seul coup il faisait cette chose intolérable d'immerger leurs deux corps dans l'eau salée et ça, c'était condamnable ! Seulement toutes les fois où Howard se rebiffait et pestait contre lui, il s'en voulait immédiatement par la suite. Ce n'était tellement pas son genre de monter les crocs comme ça, et il trouvait les raisons de ses colères franchement puériles et infondées, mais c'était plus fort que lui ! Edgar s'était collé à lui, ils flottaient comme en apesanteur, rien que tous les deux, et cette situation ne l'avait pas enchanté du tout, oh non ! Chaque seconde qui passait dans ces eaux glacées en sa compagnie l'éloignait un peu plus de Dieu, et sentir sa foi s'envoler il n'y avait rien de plus atroce. C'était comme si le Seigneur lui refusait les portes de Paradis, qu'il l'observait avec un air suffisant du haut de son nuage, humilié par un tel comportement.
Quand il posa impulsivement ses mains autour du cou d'Edgar c'était dans l'intention d'assouvir sa hargne et sa rage. Serrer un bon coup, lui faire payer l'état de manque dans lequel il avait osé le plonger durant 365 jours et 365 nuits, lui faire regretter d'utiliser le verbe« manquer » pour qualifier son absence. A peine avait-il touché sa peau ruisselante, que toutes ses forces l'avaient abandonné. Le regard d' Edgar lançait des éclairs, des menaces et les muscles d' Howard s'étaient docilement pliés à son autorité silencieuse, il était devenu plus vulnérable encore. Il était physiquement incapable de faire du mal. Les mots étaient tout ce qu'il lui restait, il tenta donc d'accabler Edgar en lui attribuant tous les torts, mais encore une fois, il se trouvait ridicule, comme un petit garçon entêté qui braille « c'est lui qu'a commencé ! ».
« Mais oui, c'est ça, et je n'aurai de repos que quand je t'aurai emmené en enfer ! »
Il pris une grande inspiration et désolidarisa son corps de celui d'Edgar. Soudain il avait très froid comme si l'on venait de lui arracher une extension de lui-même, mais les mots de son ami firent trop mouche pour se préoccuper de toutes autre chose. Il crispa la mâchoire, et dans un nouvel élan de colère (mais cette fois, Edgar l'avait cherché), il s'empara avec violence de la chemise déjà mal en point de son interlocuteur. Il avait envie de mourir ou de le tuer, ou les deux. Ce crétin ne devait pas vraiment s'entendre parler, ni même penser, c'était assommant ! Il se mit à hurler, littéralement. Il ne se doutait pas qu'un tel volume puisse un jour provenir de ses cordes vocales.
« Non mais tu te fiches de moi ?! Qu'est-ce qui te donne l'impression que je n'y suis pas déjà en Enfer, hein ? Dis-moi, d'après toi Edgar ! REGARDE-MOI nom d'un chien ! », brailla-t-il en tremblant, sa voix trouée d'affliction. En pensant brièvement à tout ce qu'il avait du subir jusqu'ici, il sentait l'hématome brûler autour de son œil violet. Plus il criait, plus il tremblait. Un grelottement qui venait de l'intérieur de ses entrailles et qui n'avait rien à voir avec l'eau, en fait il avait même plutôt chaud à l'heure actuelle. Il sentait ses rétines piquer, mais il laissa volontiers sa colère remplacer ses larmes cette fois-ci. C'était assez, il avait trop de fois montré ses fêlures et sa vulnérabilité face à Edgar qui l'avait vu trop de fois pleurer, il devait comprendre maintenant ! Il le secoua comme un prunier.
« Oui, tu penses sans doute que pendant ton départ un tantinet précipité aux Etats-Unis, je me suis éclaté ici ! Tu dois penser qu'à force de mâcher docilement mes prières tous les jours, j'étais protégé, j'étais lavé du fait de constituer la plus grosse humiliation de toute ma famille ?! ». C'était la première fois qu'il exprimait son mal-être à haute voix, à très haute voix. Bien sur, il n'avait parlé de ça à personne, oh non, chez les Taylor on n'était pas des fous, on ne voyait pas de psychologues ! Pendant qu' Howard revenait sur la plage pour éviter d'avoir un geste déplacé qui lui ferait davantage regretter sa naissance, Edgar surenchérit :
« Tu crois pas que tu te donnes trop d'importance, Taylor ? J 'ai dû retourner à Londres pour mon taf. J'suis allé à un enterrement histoire de savoir à quoi ça ressemble avant le mien. Où est le putain de lien avec toi ?! »
Son nom de famille dans la bouche du blond sonnait comme une insulte. Ce qu'il était en train de vivre à ce moment très précis, c'était sans doute pire que de vivre dans une maison funéraire. C'était pire que la violence à laquelle il était habitué, c'était pire encore que l'épisode au creux des vagues tout à l'heure. Il lui tourna le dos pour ne pas qu'il remarque la grimace de douleur qui stria son visage. Il sentit une affreuse nausée monter pendant qu'il enfonçait ses ongles dans les paumes de ses mains. Il n'écoutait même plus ce que braillait Edgar au loin, tout bourdonnait dans ses tympans, il avait la tête qui lui tournait, et il eut juste le temps de faire quelques pas avant de s'écrouler. Il ne s'était pas évanouit, c'était simplement que d'un seul coup, ses deux jambes s'étaient mises en grève et ne supportaient plus le poids de son corps. Il se fichait pas mal du sable qui collait à son costume inondé désormais, il ne se souciait même plus d' Edgar d'ailleurs. Là, il avait simplement la sensation d'avoir perdu son seul et unique ami. Pas perdu parce qu'il était parti soudainement et qu'il avait pu lui inventer mille et une excuses et mille et une bonnes raisons, non... Cette fois Edgar avait été très clair. L'ironie du sort c'était qu'il venait tout juste de le retrouver, et quils en étaient déjà là. Cette relation était vraiment undeniablement toxique et éphémère... Sa colère s'apaisa instantanément pour laisser place à un hébétement non dissimulé.
« Oh... Je suis vraiment débile parfois ! », s'exclama-t-il en riant de lui-même. Un rire jaune, un rire nerveux et terrifiant. Un de ceux qui faisait mal à chaque saccade. « Bien sur, tu as raison Edgar... C'est vrai, j'ai... Et dire que j'ai bêtement cru que tu pouvais avoir quelques remords... En fait c'est... Nos retrouvailles... C'est du hasard, n'est-ce pas ? ». Il marqua une brève pause. « Non, ne réponds pas, j'ai compris. T'en fais pas va... Excuse-moi pour tout à l'heure. J'ai pété un câble. », murmura-t-il en sentant un tel vide en lui qu'il n'était pas vraiment sur de ce qu'il pouvait faire dans la seconde. Comme si on l'avait tout simplement débranché.
« Tu as soif... ? », demanda-t-il complètement hors contexte en fixant vaguement un point à l'horizon.
(✰) message posté Jeu 19 Mai 2016 - 18:18 par Invité
Alors qu'Edgar parlait, s'élevait dans sa tête une petite voix désagréablement sceptique qui se permettait des "euh t'es sûr de ce que tu racontes j'suis pas convaincue moi", le forçant à parler de plus en plus fort pour la faire taire. De toute façon pour avoir raison, il suffit d'être celui qui crie le plus fort non ? Donc c'est ce qu'il s'appliqua à faire, au point qu'il se retrouva à atteindre un volume sonore plus que conséquent. Lorsqu'il referma la bouche il avait le souffle court et - voilà, ça y était, il était en colère aussi. « ... Nos retrouvailles... C'est du hasard, n'est-ce pas ? ... » Voiii-là, exactement ! Il avait réussi à faire passer le message, et pourtant il ne se sentait pas spécialement satisfait. Pas du tout même. La faute à Howard avec son ton défait, tendance désespéré. Edgar n'était pas un fin psychologue et il avait tendance à manquer d'empathie (et tant mieux, la vie serait drôlement compliquée si en plus il fallait se préoccuper de ce que ressentaient les autres). Mais là quand même, il sentait que ça n'allait pas. Il se laissa couler en désespoir de cause, comme si une fois sous l'eau il serait débarrassé de la sale amertume qui lui était venue au fond de la gorge. Deux secondes plus tard il refit surface, le froid ayant partiellement neutralisé sa colère, et il rejoignit Howard sur la plage, se laissa tomber sur le sable. Le silence après leurs éclats de fureur était toujours assourdissant, plus encore que leurs vociférations. Howard le rompit rapidement avec une question improbable. « Tu as soif... ? » Edgar eut une grimace explicite. « Bof, je viens de boire pas mal de tasses. » Ça n'avait pas très bon goût d'ailleurs. « Sauf si t'as une bouteille de vodka sur toi » tenta-t-il en se faisant la réflexion qu'il n'aurait rien contre le fait de se démonter la tête un bon coup. En plus, ça aurait peut-être le mérite de le réchauffer. Parce que là, putain, il caillait comme pas possible. Ses mains étaient rouge vif à cause de l'eau froide et le bout de ses doigts virait gentiment vers le violacé, signe qu'il était temps d'arrêter les bêtises et de se trouver un bon radiateur. « T'sais, mec, je vois pas pourquoi tu serais une humiliation pour eux, t'es très bien » reprit-il en parlant de la famille d'Howard. Il n'en avait pas eu l'air, mais il avait quand même écouté tout ce que ce dernier lui beuglait à la figure tout à l'heure. Il lui semblait qu'Howard dramatisait totalement en se voyant comme la honte de la famille, alors qu'il n'était que sens du devoir et respect des règles. Mais s'il avait raison, alors les Taylor étaient stupides. CQFD. La détresse qui avait percé dans les mots de l'anglais l'obligeait à réagir, maintenant qu'il était assez calme pour en prendre la mesure. Après cette tentative de réconfort Edgar changea vivement de sujet, peu désireux de laisser planer dans l'air son dernier compliment « Tu crois qu'on en meurt encore de la pneumonie, de nos jours ? » se renseigna-t-il alors qu'un vicieux coup de vent lui rappelait sa condition d'homme trempé et grelotant.
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(✰) message posté Jeu 19 Mai 2016 - 20:34 par Invité
Échappée belle
Edgar .D. Anderson & Howard. J. Taylor
Howard s’était éloigné après avoir vomit toute sa colère. Au loin il entendait le bruit des vagues et refusait de se retourner. Il venait d’apprendre que son soit disant meilleur ami n’en avait définitivement rien à faire de sa pomme. Oh, il ne s’était pas attendu à des éloges en posant la question, mais visiblement il s’était trompé sur son compte, peu importe. Au fond ce n’était pas de sa faute, c’était à Howard d’être plus vigilant, moins naïf… Idiot ! Il avait eu beau crier toute la rancœur qu’il avait en lui, son « ami » n’avait même pas réagit, il préférait barboter dans les vagues, soit. Quand son ami vint s’asseoir à ses côtés, Howard soupira de lassitude. Il planait au dessus d’eux un silence désagréable, un silence gênant, et à cet instant, Howard était incapable de croiser son regard. C’était justement le moment où chacun attend des excuses de la part de l’autre, mais qu’une certaine fierté dissuade de faire le premier pas. Howard avait eu sa dose de désillusions, alors autant accepter qu’il n’était qu’un jouet, oui un… Une petite distraction, et carrément changer de sujet. Il lui avait demandé s’il avait soif, n’importe quoi… A vrai dire, il ne savait même pas pourquoi il avait demandé ça, il aurait pu dire n’importe quels autres mots, dans n’importe quel ordre, c’était pareil. Il fallait juste rompre le silence, avancer.
« Bof, je viens de boire pas mal de tasses. Sauf si t'as une bouteille de vodka sur toi »
Le regard toujours fixé à l’horizon, Howard se mit à rire. Il plaqua son front sur ses genoux repliés et n’arrivait pas à lui en vouloir davantage. Il était hors de question qu’il s’excuse mais la guéguerre ne rimait vraiment à rien maintenant que la rage s’était volatilisée. Il se mit à trembler de froid.
« Brrrr ! Non j’ai pas ça Edgar, par contre j’me fumerais bien une cigarette là tu vois, mais devine quoi ? Ohhhhh ! », s’exclama-t-il d’un air moqueur en sortant un paquet détrempé de Lucky Strike de la poche intérieure de sa veste qu’il n’avait toujours pas retirée finalement. « Vraiment, une brillante idée que tu as eu là… Tsss, regarde-nous ! », ajouta-t-il en grelottant, le sourire aux lèvres.
Alors qu’il allait lui proposer de bouger, histoire de se réchauffer un peu (qui ne tente rien n’a rien), Edgar le devança et pris la parole :
« T'sais, mec, je vois pas pourquoi tu serais une humiliation pour eux, t'es très bien »
Howard, un peu stupéfait que l’américain ai retenu un traître mot de son discours, fit mine de déterrer un coquillage sur la plage. Il essayait d’assimiler le fait qu’il venait de lui faire un compliment. Ben oui « être très bien », pour Edgar c’était quand même une haute distinction hein ! Howard rougit malgré lui, et se tourna vers son pote avec un petit sourire soulagé sur les lèvres :
« Arrête ça tu veux, mon égo démesuré va bomber le torse pendant des semaines après ! », plaisanta-t-il en poussant très légèrement l’épaule du blond, comme pour dire « c’est bon, on est toujours copains ? ». Dire merci le mettait tellement mal à l'aise, et il avait le sentiment qu'il mettrait également Edgar dans l'embarras, mais il présumait qu'il entendrait le message.
« Tu crois qu'on en meurt encore de la pneumonie, de nos jours ? »
« Bon sang, c’est juste a-troce ! », se plaignit-il pendant que sa fine lèvre perdait de plus en plus d’éclat, et que le son de ses dents s’entrechoquant faisait presque plus de boucan que les rafales du vent.
« Je sens plus mes mains ! », dit-il en soufflant dessus. « Si tu savais comme j’ai envie d’un… Ouais, un feu de camp, de la musique, oh pitié des nouvelles fringues ! Non attends mec, faut vraiment qu’on trouve un troquet là… Y’a bien un truc d’ouvert non ? On ramène ça sur la plage, on se réchauffe et on évite de mourir noyés ! Bon… Allez viens ! On est en plein courant d’air en plus ici et à part se regarder dans le blanc des yeux, y’a rien à faire, je ne crois pas que tu tiennes à repiquer une tête… ! ».