(✰) message posté Ven 6 Mai 2016 - 22:32 par Invité
Give me the serenity to accept the things I cannot change
La réunion terminée, Thad échangea quelques mots à droite et à gauche avant de s'éclipser discrètement. Il n'était déjà pas du genre à s'éterniser une fois les réunions terminées mais aujourd'hui, il filait encore plus vite que d'habitude. A peine arrivé dehors, il s'alluma une cigarette puis se mit en route direction un quartier dans lequel il n'avait pourtant pas pour habitude de se rendre.
Rejoindre Kensington lui prit du temps mais principalement parce qu'il avait décidé de profiter du soleil qui, pour une fois, avait prit le dessus sur la grisaille pour faire la majeure partie du chemin à pieds. Il avait finalement prit le bus que lorsqu'il avait dû se rendre à l'évidence et admettre qu'il avait réussit l'exploit de se perdre en route. Kensington était un très beau quartier, il devait l'admettre, mais il avait beau tenter, il n'arrivait pas s'imaginer à vivre là. Déjà parce qu'il n'en n'avait pas les moyens ce qui était tout de même un sacré argument mais ensuite aussi parce que c'était trop... Il ne trouvait même pas le mot. Snob ? Guindé ? Trop chic ! Thad avait trouvé la localisation parfaite pour vivre avec Camden Town. Il aimait l'ambiance qui se dégageait de là-bas, ces explosions de bruits et de couleurs. C'était vivant et décalé, comme lui.
Après avoir allumé une nouvelle cigarette, Thad passa machinalement une main dans ses cheveux pour les repousser en arrière puis commença à longer les maisons pour trouver celle qu'il cherchait. Ce n'était pas forcément facile avec toutes ses maisons identiques qui s'alignaient sans fin. Une longue ligne de façades blanche qui s'alignaient comme une immense toile vierge n'attendant qu'une explosion de couleur pour prendre vie.
Quand il arriva enfin à destination, Thad hésita une seconde et regarda autour de lui avant de jeter son mégot. Dans cette rue rutilante, il avait presque l'impression de commettre un acte de lèse majesté. Son acte de vandalisme discrètement commis, il sonna et attendit que Tristan – ou l'un de ses parents – vienne lui ouvrir. Par chance, ce fut directement Tristan et Thad le suivit à l'intérieur.
Je sors tout droit de la réunion, lui expliqua-t-il sans avoir besoin de lui préciser de quelle réunion il parlait. Vu les circonstances de leur rencontre, cela ne pouvait être que les Alcooliques Anonymes. J'espérais t'y revoir...
Certes, Thad n'était pas le parrain de Tristan mais dans le fond, le but était de se soutenir mutuellement. Et s'il y avait bien quelqu’un qui savait à quel point il était difficile de reprendre le dessus après avoir craqué, c'était bien Thad. Il lui en avait fallut des essais avant d'enfin réussir à fêter sa première année de sobriété. Et même maintenant, il n'était pas à l'abri d'une rechute même si la médaille qu'il gardait toujours sur lui l'aidait à garder confiance, un peu comme un grigri. Pourquoi tu ne reviens pas ?
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(✰) message posté Lun 9 Mai 2016 - 17:08 par Invité
i wanna dance with somebody
Il y a maintenant quelques semaines que je suis revenue, enfin plutôt que mon père est venu me chercher. Je ne m'attendais pas du tout à ce qu'il vienne. Il est plutôt du genre à me laisser faire ce que je veux habituellement, mais les circonstances étaient différentes. Pendant que je me fuyais, Ciaràn a eu un accident, je m'en suis voulu de ne pas avoir fait l'effort de rester et d'avoir choisi la solution la plus simple. Je serais sûrement resté si je n'avais pas eu cette vie là, si je n'avais pas fait parti de cette famille. On ne peut malheureusement pas changer ce que l'on est et il va falloir que j'assume tout ça, pour Ciaràn. Je ne lui ai pas encore dit tout ce que je ressentais pour lui, mais j'ai envie de le faire, après ce qui est arrivé, je ne voudrais pas le perdre et me rendre compte qu'il est trop tard. J'ai trop souvent pris cette option de ne rien dire, ça aurait pu arranger tellement de choses. Je ne veux pas faire les mêmes erreurs.
J'ai repris ma formation dans la fiance, c'est loin d'être évident. Je ne suis évidement plus les autres en soirée, mais je n'arrive pas à me défaire de ce manque, j'ai replongé tellement vite … Quelques fois je vais me planquer dans le toilettes pour ne pas qu'ils voient mes mains trembler. Je sais que je devrais me ficher royalement de ce que les autres pourraient dire, mais c'est aussi pour que Julian ne le voit pas. C'est toujours un peu bizarre qu'il soit mon formateur. Je crois que ça m'aide un peu à l'apprécier plus. Je ne le connaissait pas vraiment au fond. Il est beaucoup plus professionnel que je le croyait et mieux encore, j'arrive à apprécier ce qu'il raconte. Autant dire que c'est une première. Je me souviendrait toujours de notre première rencontre, je crois que j'y ai été un peu fort, à l'accuser à tort. Je m'en veux tellement. Je ne sais pas s'il m'a pardonné, mais j'espère qu'un jour il le fera.
Je suis rentré à la maison après ma journée de formation. Il faisait beau et j'aurais pu profiter du soleil et me balader, mais j'évite de sortir pour le moment, sauf si c'est pour voir Ciaràn, je peux bien faire ça pour lui après tout ce qu'il a fait pour moi. Mes parents ne sont pas encore rentrés, je me suis réhabitué à vivre avec eux. J'espère que je pourrais bientôt retrouvé un chez moi, je n'ai pas envie d'avoir cette impression qu'ils soient toujours derrière moi, même si pour le coup ça me fait plaisir, parce que ce n'est pas souvent arrivé quand j'étais jeune. La sonnerie à retentie, je n'attendais pourtant pas de visite et le moment était mal choisi. Je resté un moment avant de savoir si j'allais ouvrir avant de me décider à avancer et à ouvrir la porte.
Je suis surpris de voir Thad. Il était aux réunions des alcooliques anonymes. Je suis sensé retourné là-bas, mais je n'y suis pas allé, pas cette fois, ni la fois d'avant, en fait ça fait un mois que je n'y vais plus. Je n'ai pas le courage de leur avouer que j'ai replongé et je n'ai pas envie non plus qu'ils me voient comme ça. Ils comprendraient pourtant, mais j'ai trop honte. Je l'ai laissé entré. Je me doute de la raison de sa présence ici et ça n'y manque pas. Je ne m'attendais juste pas à ce que quelqu'un vienne me chercher, c'est toujours nouveau pour moi. Je suis plus habitué à ce qu'on me laisse de côté, enfin c'est surtout moi qui faisait tout pour. Je crois qu'il n'a pas tellement besoin de me la poser cette question au final. «Salut Thad. Je ne pouvais pas revenir … je ne peux pas, pas maintenant … »
Ma voix tremble légèrement et ce n'est pas seulement ma voix. J'ai refermé la porte après Thad et je lui ai montré mes mains qui tremblaient, comme c'est souvent le cas ces temps-ci.
«Je suis désolé.»
Je ne sais même pas pourquoi je m'excuse au fond, il faudra un moment que j'arrête de toujours m'excuser d'abord.
(c) chaotic evil
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(✰) message posté Lun 9 Mai 2016 - 18:28 par Invité
Give me the serenity to accept the things I cannot change
L'intérieur de la maison était agréable. C'était la première fois que Thad venait et il ne pouvait s'empêcher de regarder un peu partout autour de lui. C'était très différent des très nombreux endroit où il avait vécu avec ses parents, décorés de tentures colorées, de coussins en guises de meubles et aux nombreux bâtons d'encens brûlant en tout sens. Là, c'était l'intérieur que l'on pouvait s'imaginer pour un couple d'anglais vivant à Kensington. Et accessoirement, c'était également très différent de chez Thad qui avait changé son salon en véritable atelier de peinture avec juste un canapé et une télé casés dans un coin. Mais ici, c'était une véritable photo pour un catalogue de décoration classique et luxueux. Thad n'osait rien toucher de peur de laisser même une minuscule tâche dans ce cocon blanc.
Mais toute l'attention de Thad se refocalisa sur Tristan quand il prit la parole. Il n'avait pas besoin d'en dire plus, Thad voyait parfaitement de quoi est-ce qu'il voulait parler. À vrai dire, tout le monde aux AA savaient de quoi est-ce qu'il voulait parler.
T'as pas à t'excuser et tu le sais, le rassura-t-il en posant une main amicale sur son épaule. Et encore moins devant moi.
Mais pour le coup, Thad ne partageait pas son avis. Au contraire, c'était surtout maintenant qu'il avait besoin d'un maximum de soutien pour tenir le coup. Du soutien de personne qui ne le jugeraient pas surtout et ça, c'était rare à trouver. Les non-alcooliques ne comprenaient généralement pas à quel point il était difficile de rester sobre. La plupart disaient que ce n'était qu'une question de volonté, que si on le voulait, on pouvait. Si seulement c'était aussi facile.
Avec seulement un an de sobriété, Thad n'était pas encore apte à se proposer comme parrain, une autre particularité des AA, mais cela ne l'empêchait pas de s'inquiéter pour ses compagnons de galère pour autant. Tu sais très bien que tu n'as pas à avoir honte. Si c'était aussi facile de rester sobre, les groupes de soutiens n'existeraient pas.
Et Thad savait de quoi il parlait. En 3 ans, il comptabilisait pas moins de 5 rechutes avant d'avoir enfin réussit à fêter sa première médaille.
Relâchant l'épaule de Tristan, Thad observa le tremblement de ses mains. C'était un signe de manque donc, cela voulait dire qu'il n'avait pas bu depuis déjà quelques temps. Quelques jours peut-être. C'était déjà une bonne chose, au moins il avait commencé à essayer de rattraper le coup.
C'est maintenant la partie la plus dure, quand le manque se fait trop ressentir... Tu ne devrais pas rester seul avant que cela passe.
Et seul, il l'était visiblement. Ou tout du moins pour le moment en tout cas.
Thad avait parlé tranquillement. Il n'y avait aucune pointe de jugement dans sa voix, juste de la compréhension. Il était passé par là, il n'était pas à l'abri de le vivre à nouveau alors ce n'était en tout cas pas lui qui allait le juger pour cela. Et de toutes façons, c'était la dernière chose dont Tristan avait besoin.
Je peux rester, ou tu peux venir chez moi quelques jours.
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(✰) message posté Sam 21 Mai 2016 - 0:33 par Invité
i wanna dance with somebody
Je ne m'étais pas attendu à recevoir la visite de Thad. On ne s'est pas parlé énormément lorsque j'étais aux réunions, on a échangé un peu, je l'avais trouvé sympathique et ça c'était arrêté là, puisque j'ai commencé ensuite ma formation et que j'ai replongé dans l'alcool. Je n'ai pas repris de drogue, j'ai arrêté juste à temps pour me rendre compte que tout ça était une énorme connerie, mais c'était déjà trop tard. J'aurais peut-être du écouter Shiraz. Je la revois encore me dire que je n'avais pas besoin de cette merde, qu'elle était bien mieux sans. Je ne l'avais pas cru sur le moment, parce que c'était la seule chose qui me tenait encore vivant, qui arrivait à me faire tenir debout. Je ne suis pas d'accord avec les propos de Thad, je devais bien m'excuser, pour ça, pour me présenter à lui de cette façon et pour avoir fait le con une fois de plus. Je pourrais m'excuser pour tellement d'autres choses. Quand à avoir honte … je crois que c'est pour ça que je n'ai pas revu tout de suite Ciaràn, j'avais trop peur de lui avouer que j'avais replongé alors qu'il venait d'avoir son accident et je me suis enfuis comme un voleur. Je cache ma main en croisant les bras, je n'aime pas vraiment ce sentiment d'impuissance, je ne peux pas contrôler les tremblements, c'est comme pour les crises d'angoisses, je ne les contrôles pas.
« Si, je suis désolé parce que je suis parti comme un voleur. Je pensais qu'en m'éloignant ça irait mieux, j'ai perdu connaissance après une soirée trop arrosé un soir après ma formation, je me suis disputé avec mon père et je suis allé prendre le premier avion qui m'a emmené loin d'ici. Je pensais qu'en fuyant, tout reviendrait à la normal, que ça serait différent ailleurs. Mon père est venu jusqu'en Inde pour me récupérer, je n'aurais jamais imaginé qu'il vienne, encore moins pour me dire que l'homme que j'aime avait eu un accident et que je n'étais pas là pour lui, bon il ne sait pas encore que je l'aime ... mais ça ne change pas que je n'ai pensé qu'à moi . Alors si, je dois m'excuser, parce que je n'ai pas été à la hauteur et que je ne le suis toujours pas. Je ne me sens pas capable de revenir pour le moment. C'est trop … »
Trop tôt, trop présent, trop angoissant, trop de trop. Je ne pourrais pas affronter leur regard alors que j'avais juré que ça allait bien. Je suis touché que Thad soit venu jusqu'ici pour voir ce qui se passait, je suis même étonné qu'il se soit souvenu de moi à vrai dire et je le suis encore lorsqu'il me propose d'aller chez lui et qu'il ne veut pas me laisser seul. La solitude est devenue ma meilleure amie pourtant, même si je préfère quand je ne le suis pas.
« Tu ne devrais pas t'occuper de moi comme ça tu sais, y a d'autres types qui méritent d'avoir plus d'aides et puis, je ne sais pas si je devrais partir d'ici, mes parents reviennent ce soir, ils vont s'inquiéter s'ils ne me voit pas, mais toi tu peux rester là et les attendre si tu veux. Cette baraque est trop grande pour moi tout seul, y a de la place pour deux. »
J'aurais évidement préféré que Ki soit là et sans doute que l'on se verra prochaine, je sais que j'aurais un sms ou un appel dans la soirée, mais je ne peux pas le faire venir à chaque fois que ça ne va pas, ce n'est pas une énorme crise, sinon je sais qu'il serait déjà là.
(c) chaotic evil
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(✰) message posté Lun 6 Juin 2016 - 18:33 par Invité
Give me the serenity to accept the things I cannot change
Thad écouta patiemment Tristan, sans la moindre trace d'agacement ou de condamnation dans son regard. Au contraire, il semblait compatissant et pour cause, il savait que trop bien par quoi l'homme en face de lui était passé pour être lui aussi passé par là plus souvent qu'à son tour. Quand Tristan lui fit remarquer qu'il ne devrait pas s'occuper ainsi de lui, Thad balaya cette réflexion d'un geste de la main. L'entraide était le principe même des Alcooliques Anonymes et c'était ça qui l'avait aidé à tenir le coup pour l'instant alors s'il pouvait rendre la pareille à un autre dans le besoin, Thad le faisait sans la moindre hésitation. Ma foi, j'ai squatté dans des endroits pires qu'ici, répondit-il avec un sourire tout en observant le magnifique salon avant d'enfin se décider à s'installer dans le canapé qui, il fallait l'avouer, était bien plus confortable que le sien. Tu sais comment ça marche. On se bat contre la dépendance et quand on perd un round et bien... Et recommence à zéro et on s'accroche.
C'était chiant mais c'était comme ça. Malheureusement, quand ils craquaient, ils ne pouvaient pas juste reprendre là où ils en étaient, il fallait se retaper tout le processus.
Je suis sûr que c'est dans le but de nous gaver. Tu vois comment ? La première fois tu connais pas, c'est tout nouveau. La seconde... Bon ok. Mais au bout de la 3ème, 4ème et autres tu finis par en avoir tellement ras-le-bol que finalement tu finis par tenir le coup juste parce que la simple idée de tout recommencer encore te donne envie de chialer tellement tu en as marre. Perso, c'est ce qui me fait tenir. Je crois que si je devais tout refaire encore une fois, je serais capable de tuer quelqu'un de dépit.
Thad parlait, parlait parlait, un vrai monologue mais ce n'était pas dans le but de combler un quelconque silence gênant, c'était le but de mettre Tristan plus à l'aise, lui rappeler que lui aussi était passé plusieurs fois par là, qu'il savait que trop bien ce qu'il endurait en cet instant. Bon ok, et aussi pour détendre un peu l'atmosphère et éviter un long silence gênant.
Enfin pour le moment, le sevrage !, lança-t-il soudainement en se relevant comme un diable sortant de sa boite. Il n'était pas encore habilité à être parrain mais peut importait dans le fond. Thad avait grandit entouré de parents pour qui les entorses aux règles étaient justement une règle. Tu vas planquer tout objets avec les quels tu serais tenter de m’assommer pour partir dans le pub du coin et moi je vais commander des pizzas. Il y a Captain America et le soldat givré ou je sais plus quoi à la télé ce soir, tu pourra te changer les idées en fantasmant sur Natasha Romanoff...
A nouveau debout et se dirigeant vers la fenêtre pour jeter un coup d'oeil dehors, Thad marqua un petit arrêt.
Ou sur Bucky... Suivant tes goûts. J'ai crû entendre parler d'un gars que tu aimerais mais qui ne le sait pas ou un truc du genre c'est ça ?
Planté devant la fenêtre, Thad fit tout à coup volteface pour regarder à nouveau Tristan en reprenant un air plus sérieux.
A quand remonte ton dernier verre ?
Spoiler:
HJ : la référence était trop tentante, sorry
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(✰) message posté Mer 15 Juin 2016 - 0:52 par Invité
Je ne sais pas pourquoi les gens veulent tant m'aider. Il y a pourtant tellement de raisons de ne pas le faire. J'ai fuis, j'ai été lâche et pourtant ils sont tous là à vouloir m'aider et à m'accorder une deuxième chance. Je devrais être content, mais je me sens surtout minable. Je ne pensais pas que mon agression aurait changé autant de choses. C'est de là que tout est parti, que j'ai eu ce besoin d'oublier. Je n'en ai jamais vraiment parlé aux alcooliques anonymes, Ciaran est au courant, Nate aussi, quelques autres personnes le sont simplement parce c'était dans la presse, mais je n'en parle jamais. C'est assez étrange de me dire que j'aurais pu gérer les choses autrement, en parler et éviter de passer par cette case, mais je n'y arrive pas. C'est leur visage que je vois dans mes cauchemars. Ce n'est pas seulement la dépendance qui me fait trembler, mais le fait que tout ça pourrait recommencer. Je crois qu'il ne pourrait pas comprendre. Il a l'air de bien connaître le fait de replonger, mais je ne suis pas sur que nous ayons la même histoire. Je croise les bras et hausse les épaules avant de lui dire.
« Quand je buvais où quand je me droguais, c'était facile d'oublier. J'arrivais à tenir le coup grâce à ces merdes, mais dès que j'arrêtais tout revenait et c'est encore là, c'est constant. Je ne sais pas comment je vais faire pour ne plus y penser. Je vois partout leur visage. Je n'arrive pas à mettre ça de côté, même si parfois j'y pense moins, le soir ça revient. Quoi que je fasse j'ai l'impression que je n'arriverais jamais à me défaire de tout ça. »
C'est bizarre de parler de ça avec quelque d'autre que Ciaran, mais je pense que c'est la seule manière de lui faire comprendre que c'est difficile pour moi de croire que tout pourrait s'arranger. Je l'espère, mais j'avoue que les doutes sont plus fort. Je souris lorsqu'il me dit que je dois planquer tous les objets avec lesquels je pourrais l'assommer.
« Le soldat de l'hiver, quoi que … il est peut-être un peu givré aussi. Mais je t'avouerais que j'ai une préférence pour Captain, mais bien sur ça reste entre nous et oui il y a bien quelqu'un qui me plaît, mais je crois que j'ai fait encore une bêtise en partant comme un voleur. Il a eu un accident le même jour. Je ne l'ai pas encore revu. Je ne sais pas s'il va me pardonner. Pour la pizza prend ce que tu veux, tu n'es pas forcé de commander, on a du surgelé dans le congélateur. Mes parents ne dînent pas souvent ici et Wally n'est plus là pour me faire la cuisine, mais de toute manière je ne mange pas tellement en ce moment. J'ai plus souvent envie d'une clope que de manger.»
C'est beaucoup plus difficile que je l'avais imaginé de reprendre une vie normale. Je me suis installé dans le canapé tandis que Thad me demande soudainement depuis combien de temps je n'ai pas bu. Je réfléchis, ça me semble une éternité pour moi alors que ce n'était qu'il y a trois jours.
« Trois jours … j'ai essayé de diminuer la dose.»
Ça n'avait pas été une franche réussite. La bouteille était presque vide et mon père m'avait crié dessus une fois de plus. Nos rapports se sont un peu amélioré mais ce n'est pas encore la mer à boire. Je ne sais pas si un jour ça le sera. Je ne suis pas vraiment le fils qu'il espérait.
«Je n'ai pas la clé du placard à alcool … on me l'a confisqué.»
J'ai parfois l'impression d'être redevenu un adolescent. Je faisais souvent des entorses aux règles qu'on m'imposaient, ne pas sortir après minuit, ne pas aller dans le placard à alcool, ne pas ramener de filles à la maison … ah non celle-là c'est peut-être la seule que j'ai respecté, simplement parce que c'était des garçons que je ramenais en cachette, il ne fallait surtout pas que mes parents nous voient.
« Mes parents n'ont pas confiance en moi et pour une fois je suis d'accord avec eux. »
Je m'en veux tellement de leur avoir fait subir tout ça, mais je leur en veux parfois aussi de ne pas avoir été là pour moi. J'ai toujours été livré à moi-même, ils ne m'ont pas vu grandir, ils n'étaient pas là. Ils travaillaient trop pour se rendre compte que tout ce que je faisais contre eux n'était que de la vengeance.
« Je me demande parfois ce qu'ils pensent de moi. Mon père aurait voulu que je sois comme lui, hétéro, rangé, intelligent, bref son digne hérité. Ma mère … je n'en sais rien. Avant que je me fasse agressé on ne parlait jamais. C'est toujours mon père qui menait tout à la baguette, elle le laissait m’engueuler alors qu'elle savait très bien que je ne respectais pas leur règles, mais elle ne disait rien tant qu'il ne le voyait pas. J'ai su qu'elle avait fait les mêmes erreurs que moi, croire que tout était plus beau avec l'alcool et la drogue. Ce qui est fou c'est que c'est grâce à mon père qu'elle s'en est sorti. Elle m'a dit aussi qu'il ne voulait pas que ça m'arrive et que c'était pour ça qu'il l'avait éloigné et qu'on ne se parlait pas. Ça n'a pas servit à grand chose au final, je me demande s'il a des regrets lui aussi. Pas une seule fois il m'a dit être fier de moi, pas une fois j'ai vu dans ses yeux qu'il était heureux. Je n'ai vu que de la colère et de la déception, comme si tout ce qui arrivait était entièrement de ma faute et que j'avais mérité de me faire tabasser, que je ne devais m'en prendre qu'à moi même parce que mon cœur aime les hommes, comme s'il me condamnait d'avance. Le pire c'est d'avoir vu la honte dans ses yeux, lorsqu'il a apprit que j'étais gay. Je n'ai pas choisi de l'être, je ne sais pas ce qu'il n'arrive pas à comprendre ou ce que les gens comme lui ne comprennent pas. Ce n'est pas un choix, c'est comme ça. Ça ne me rend pas plus différent que les autres. J'aimerais juste qu'il le comprenne. »
C'est la première fois que je raconte ça à quelqu'un. Je ne sais pas pourquoi c'est avec lui, peut-être parce qu'il est là et que j'ai sans doute trop de choses sur la conscience. Je me demande ce qu'il va penser de tout ça, s'il pense pareil où si il a l'esprit plus ouvert. Il serait temps que le monde accepte les différences.
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(✰) message posté Lun 27 Juin 2016 - 16:36 par Invité
Give me the serenity to accept the things I cannot change
Thad, malgré ses airs légèrement distrait, ne perdait pas une miette de ce que lui racontait Tristan. Parler et écouter, encore et encore jusqu'à tout extérioriser, c'était à la base même de ce groupe qu'ils fréquentaient tout les deux. Certaines histoires étaient parfois ennuyeuses à mourir, surtout répétées pour la 10èmes fois, d'autres donnaient froid dans le dos. L'histoire de Thad se tenait dans la catégorie des banalement navrantes. Il n'avait pas d'excuses pour justifier son addiction, c'était juste ainsi, tout simplement. Pour Tristan, c'était différent. Il en parlait très peu généralement et c'est pour cela que Thad le laissa faire sans l'interrompre. Parler, encore et toujours. La question n'est pas de t'en défaire, ça fera toujours partie de toi, lui répondit finalement Thad. Ce qu'il faut, c'est que tu apprennes à vivre avec et à continuer à aller de l'avant malgré tout.
C'était probablement l'un des autres avantages du systèmes des AA, à la longue, on devenait psychologue malgré soi.
Le soldat de l'hiver, voilà le nom qu'il cherchait. La télévision à domicile était une chose plutôt récente pour Thad qui avait grandit sans la télé. Et même maintenant qu'il en avait une, il avait cette tendance à oublier qu'elle était là. Du coup, il n'était pas vraiment très au courant pour ce qui concernait les films, émissions et autres séries. Il se rappelait juste avoir vu ce film au ciné, tiré là-bas par un pote particulièrement fan de la chevelure rouge et de la tenue ultra moulante de Scarlett Johanson.
Thad fit une grimace quand Tristan lui avoua préféré Captain Patriote. Ce n'était pas qu'il avait quelque chose contre les blond, il n'était juste pas son genre. S'il devait choisir entre les deux en combi moulante, il préférait encore Black Widow.
Entendant parler de surgelé, la tête de Thad disparu dans le congélateur avant d'en ressortir finalement 2 pizzas qu'il déposa sur le plan de travail pour les laisser décongeler avant de revenir à Tristan
C'est qui ça Wally ?
Il imaginait déjà le majordome en costume et aux cheveux grisonnant qui s'occupait de la demeure comme si sa survie en dépendait.
Et pour le type de l'accident, pourquoi tu ne lui mets tout simplement pas un SMS ? Tu verra bien s'il te répond ou pas.
Trois jours qu'il était sobre. Ou plutôt, qu'il essayait de diminuer la dose visiblement. En tout cas, pour le moment il ne semblait pas ivre, c'était déjà un bon point. Ah bah au moins ça m'évitera d'avoir à m'interposer entre toi et le placard.
Surtout que vu leurs gabarits respectifs, Thad n'était pas sûr qu'il aurait tenu bien longtemps avant de voler. Cela dit, Thad songeait que les parents de Tristan auraient quand même pu vider le placard en question histoire de faciliter les choses à leur fils. Serrure ou pas serrure, pour un alcoolique c'était horrible de savoir de l'alcool à portée de main et pourtant inaccessible.
Alors que Tristan reprenait la parole, Thad s'installa sur le tapis à côté de la table basse et sortit son paquet de cigarettes. Il en prit une qu'il alluma et posa le paquet, neuf, sur la table en faisant signe à Tristan qu'il pouvait se servir.
Il aurait bien voulu pouvoir lui dire qu'il le comprenait mais ce serait mentir. Sa vie de famille n'avait absolument rien à voir avec celle de Tristan. Thad avait grandit avec des parents bohèmes et à l'esprit parfois même trop ouvert justement. Mais cela lui avait entre autre évité la scène gênante de la révélation quand il avait comprit qu'il n'avait aucune préférence en matière de sexe. Bien au contraire, ses parents furent même ravit de le savoir bi. Mais venant d'un couple qui avaient vécu pendant plus d'un an en couple avec un autre couple... Rien de bien étonnant.
Mes parents refusent de croire que je sois alcoolique, fini par expliquer Thad après avoir tiré sur sa cigarette. Pour eux, l'alcool et la drogue, c'est normal dans leur vie. Quand je leur ai dis que j'allais aux alcooliques anonymes ils m'ont regardé comme si j'étais tombé sur la tête. Encore maintenant, ils pensent que c'est juste une espèce de lubie de ma part. Tu vois, aucun parents n'est parfait en ce monde.
Mais au moins, même s'ils n'y croyaient pas, Thad savait qu'il pouvait compter sur leur soutien, ce qui n'était pas le cas de tout le monde.
Et pour ce qui est de tes penchant dis toi que dans le fond, c'est son problème, pas le tiens. Tu es comme tu es s'il arrive pas à se faire à l'idée tant pis pour lui. Je dis pas que tu dois devenir une icône militante incontournable. Perso, je suis bi mais j'ai jamais foutu les pieds à une gaypride parce que je trouve ça malheureux de devoir en arriver là pour montrer qu'on existe et qu'on mérite d'être reconnu tel qu'on est. On a jamais vu d'hétéropride après tout. On est des personnes normales et on devrait être tout bêtement vu comme des personnes normales.
Tristan n'était pas le premier homosexuel à mal vivre sa situation que Thad rencontrait. Plus jeune, quand il vivait au Maroc, il avait rencontré un jeune gay à peine plus âgé que lui qui avait finit par se suicider à cause de cela. Ce jour-là, Thad avait éclaté en sanglots en remerciant ses parents de l'accepter tel qu'il était.
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(✰) message posté Mar 19 Juil 2016 - 12:30 par Invité
Vivre avec, c'est bien ça qui est difficile. Comment vivre avec quand c'est quelque chose qui nous fait souffrir? Quand les souvenirs sont impossible à effacer, comment est-ce que je suis sensé faire pour avancer alors que je n'arrive pas à oublier le passé? Je n'en sais pas plus aujourd'hui, mais je me dis que ça viendra sans doute avec le temps. La présence de Thad me permet en tout cas de pouvoir en parler. J'ai fini par lui proposer de rester, je préfère ne pas aller chez lui, je ne sais pas si je pourrais résister à tout ce qui se trouve dans les commerce si jamais je sortais. Il a proposé qu'on regarde Captain America. J'ai souris lorsqu'il m'a dit que je pourrais mater et je fini par ajouter :
« Mais toi aussi tu pourra te rincer l’œil. Black Window est plutôt jolie.»
Ce n'est pas parce que je suis gay que je ne peux pas parler filles avec lui. Je ne connais pas grand chose de lui. C'est peut-être une bonne occasion pour me faire un nouvel ami, ce n'est pas tous les jours que ça arrive. Quand je lui dis qu'il y a de la pizza dans le congélateur je le laisse aller réchauffer pendant qu'il me demande qui est Wally. C'est vrai que j'ai pas précisé, je n'ai jamais parlé autant de moi.
« C'était mon majordome depuis que j'étais gosse. Mes parents travaillaient, il s'occupait de moi. C'était un peu plus une nounou qu'un majordome en réalité.»
Ça fait juste plus classe de dire majordome. Ça me fait tout drôle de parler avec Thad de Ciaràn. Je n'ai pas encore parler de lui à beaucoup de monde, sauf à Robin bien sur. Dès que je suis rentré je lui avais parlé de lui. Je ne sais juste pas quoi faire depuis mon retour d'Inde. Je ne sais pas s'il a envie de me voir. Ce serait normal qu'il ne veuille pas après tout, je suis parti sans le prévenir. Il a du s'inquiéter et maintenant que je suis revenu je n'ai toujours pas été le voir. Je ne sais pas quoi faire. Je n'ai jamais été doué pour les relations. J'ai souvent eu des relations courtes qui ne m'ont menés nulle part, sauf avec Dimitri, mais c'était encore différent, parce que nous ne sommes pas restés si longtemps ensemble, mais le mensonge à tout fait foiré. Il n'avait pas assez confiance en moi pour tout me dire. Je ne sais pas comment faire pour être avec quelqu'un.
« Je ne sais pas, je ne serais pas surpris qu'il ne veuille pas me voir. Je suis parti comme un voleur sans dire à personne où j'allais, même pas à lui. J'avais besoin de prendre le large, je sais qu'il pourra le comprendre, mais j'ai peur qu'il ne veuille pas me pardonner, parce que je suppose qu'il sera déçu.»
Je me fais peut-être trop d'idées d'un coup, trop de jugement rapide sans avoir l'occasion de poser directement la question. Je me monte trop la tête. Il ne s'est pas moqué de moi en tout cas lorsque je lui ai dit que mes parents m'avaient interdit le placard à alcool. J'ai eu trente ans après tout, je devrais pouvoir me débrouiller seul, mais ce n'est pas le cas. C'est lui qui a fini se confier à moi, peut-être pour me rassurer. Je l'écoute et me rend compte que les parents sont parfois vraiment nuls. Je me rends compte que je ne suis pas seul, je le savais déjà mais c'est encore plus crédible lorsque quelqu'un sait par quoi je passe. Comme Ciaràn, c'est peut-être aussi pour ça que je suis tombé amoureux de lui, parce qu'il sait ce que je vis, parce qu'il me comprend et qu'il ne me juge pas. Je viens de dire que j'étais tombé amoureux de lui? Wouah, c'est une grand première. Thad fini par m'avouer qu'il est bi, je suis étonné, mais pas autant que ça , après tout il est très ouvert. Il n'a pas tout à fait tort, même si pour moi j'aime participer à la gaypride parce que c'est justement le but de montrer qu'on est là, pour ne pas nous oublier quelque part, c'est important à mes yeux, même si dans le fond il a raison, mais la différence fait parti de l'humain et c'est bien dommage. On devrait tous être à égalité.
« Oui, c'est sans doute vrai, je suppose que mon père finira par accepter. Je crois qu'il a du progrès. J'ai été surpris de le voir débarquer en Inde. Il m'a retrouvé et m'a ramené. Je n'aurais jamais imaginé qu'il vienne. C'est ce qui m'a finalement convaincu de continuer ma formation dans la finance. S'il a fait des efforts, je peux en faire un peu aussi et puis ça me plaît aussi.»
Je ne sais pas ce que je vais faire de ma vie alors autant continuer cette formation. Je veux pouvoir faire quelque chose de bien par la suite. Je n'ai plus envie d'être ce type que j'étais avant et je crois que je suis sur la bonne voix.
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(✰) message posté Sam 30 Juil 2016 - 13:30 par Invité
Give me the serenity to accept the things I cannot change
Quand Tristan évoqua Black Widow, Thad eu l'image que Scarlett Johanson moulée dans sa combinaison en cuir et eu une petite mimique appréciateur. C'est vrai qu'il y avait pire à regarder quand même.
Mais quand il fut question de Wally le Majordome, Thad ouvrit des yeux comme des soucoupes avant de se retenir clairement de rire. Un majordome, rien que ça ? Ce n'était pas la première fois qu'il était confronté à ce genre de chose car il avait vécu dans beaucoup de pays où il était normal pour les familles riches d'avoir des domestiques mais tout de même, cela revêtait une forme bien plus formelle en Europe.
Oh, excusez-moi Votre Altesse, déconna-t-il clairement en offrant à Tristan une courbette ridicule avec un nombre impressionnent de moulinage de bras, ses cheveux lui retombant sur le visage alors qu'il se penchait largement en avant, le forçant à les repousser d'un geste de la main quand il se redressa.
Thad avait bien eut une espèce de pseudo nounou en Afrique du Sud pendant quelques mois mais c'était uniquement parce que ses parents avaient dû partir sans lui quelques temps sinon quoi, ils avaient mit un point d'honneur à éduquer eux-même leur fils.
Il retrouva son sérieux quand Tristan se mit à lui parler de ses problèmes de coeur. Thad était bon psychologue en règle générale et surtout, il pouvait passer des heures à écouter les gens parler sans s'en fatiguer ou s'en lasser e qui faisait généralement de lui un confident de premier ordre.
Je ne vais pas te dire comment gérer ta vie et tes amours, t'es assez vieux pour te foutre dans la merde tout seul mais... Si tu n'essaie pas de lui reparler alors tu ne saura jamais à quoi t'en tenir. T'as quoi à perdre au final ? S'il te rejette, tu te retrouvera qu'au même point que maintenant et s'il te pardonne alors, c'est tout bénéf. Mais si tu fais rien, tu le saura jamais.
Mais au moins l'avenir de Tristan ne semblait pas si sombre que cela en fin de compte. Il fallait juste qu'il apprenne à se faire plus confiance et qu'il parvienne à tenir le coup pour rester sobre. Plus facile à dire qu'à faire, Thad en avait parfaitement conscience. Lui-même en avait mit du temps à enfin fêter sa première année sans alcool.
Je peux te poser une question très indiscrète ? Mais qu'est-ce qu'il t'a prit d'aller t'exiler un Inde ?, lança Thad avec l'air choqué de celui qui aurait écouté quelqu'un annoncer s'être fait volontairement amputé d'un membre par plus plaisir. Il fait chaud, c'est bondé de monde, n'importe quelles petites bestioles peut te tuer d'une morsure et ils foutent du curry partout !
Bon, il avait tout de même terminé sa phrase avec un sourire rieur, prouvant qu'il plaisantait quand même en partie mais tout de même, quelle idée d'aller là-bas. Généralement, les fugueurs majeurs optaient pour des pays comme les Etats-Unis.
Et je sais de quoi je parle, je suis à moitié indien, ajouta-t-il, levant le voile sur ses origines très clairement métisses. Car certes, le nom de Whitefern ne le laissait pas clairement supposé mais c'était uniquement parce que ses parents ne s'étaient jamais mariés et qu'il avait dont prit le nom de sa mère. Dans le cas contraire, le nom de Paivan aurait plus facilement mit sur la piste.
J'ai souris en voyant Thad me faire une courbette, même si au fond ça m'agace plus qu'autre chose. Avant ça m'aurait fait carrément rire, mais aujourd'hui tout ça me dépasse. Je sais qu'il n'est pas sérieux, ça se voit dans son regard, même s'il a l'air quand même impressionné. Je suis toujours passé pour le fils à papa. Ça me plaisait beaucoup avant, j'en jouais même. Je montrais toujours que j'étais plus riche que les autres, que j'avais les moyens, ça m'est passé depuis. J'étais sans doute bête et con. Ce n'est pas sans doute c'est même certain. J'étais tellement idiot de croire que je pouvais être supérieur, tellement bête de croire que l'argent faisait le bonheur. C'était simple de me procurer de la drogue si simple … pour d'autres ça devait être plus compliqué, mais je suis content d'en être sorti.
Thad n'avait pas tort en ce qui concerne Ciaran, si je ne lui dis pas, il ne saura jamais mais si je lui dis et qu'il me repousse je crois que je ne m'en remettrais pas. J'ai donc dis d'un ton très sérieux :
«Je crois que je ne m'en remettrais pas s'il me repousse. Ce serait logique qu'il le fasse vu la façon dont je l'ai traité en partant comme un voleur mais … ça serait trop. Je n'ai pas eu tellement de chance avec mes derniers petits amis, surtout le dernier … je ne veux pas que se soit pareil. S'il me repousse je crois que je m'arrêterais là et que je ne cherchais pas à retomber amoureux.»
C'est sans doute un peu trop radical de penser ça mais j'ai trop souffert par amour. Dimitri m'a menti tout le temps où nous étions ensemble, quand aux autres il y avait toujours quelque chose, j'étais trop riche, trop arrogant, trop ci ou trop ça. Je finissais généralement seul et je ne supporterais pas de donner mon cœur à nouveau pour qu'il soit encore brisé, je ne sais même pas si les morceaux sont entièrement recollé, un jour il finira par ne plus rien en rester.
Il me demande ensuite ce qu'il m'a prit de m'exiler en Inde. J'ai haussé les épaules. C'était un coup de tête, je ne savais pas où aller, il fallait que je parte.
« J'ai pris le premier avion qui m’emmènerait loin d'ici et c'était Bombay. Je n'avais que mon téléphone et mon portefeuille, enfin j'ai laissé mon téléphone sur un banc à l'aéroport. Je ne comptais pas tellement revenir … quand je suis arrivé à Bombay j'ai pris un bus pour aller en dehors de la ville. J'ai marché ensuite et je me suis retrouvé dans un petit hôtel. Je les ai payé en cash et j'ai attendu ...»
C'est la première fois que je raconte ça à qui que se soit. Je me revois là-bas, je revois les gens et leur regard, ils devaient se demander ce que je fichais là. Ils ne m'ont jamais rien demandé cependant. J'avais assez d'argent pour tenir un an là-bas.
« J'étais tellement en manque … je ne savais pas comment faire pour y échapper. Je me suis enfermé dans la chambre et j'ai attendu que les heures passent, que la nuit tombe. J'ai une plusieurs crises de panique. J'entendais parfois frappé à la porte mais je ne voulais voir personne et puis un jour j'ai ouvert parce que j'avais faim. Je suis allé me chercher quelque chose à manger, je suis revenu et j'ai encore attendu. Je ne sais pas combien de temps ça a duré, deux ou trois semaines. Tout ce que je sais c'est que j'étais encore plus mal qu'avant. Quand mon père m'a trouvé j'ai presque eu l'impression que c'était une nouvelle délivrance. Je ne voulais pas rentrer pourtant et quand il m'a annoncé pour Ciaran j'ai changé d'avis. Je l'ai suivi. Il m'a d'abord fait voir un médecin là-bas. Je n'étais pas en état de voyager tout de suite. On est reparti trois jours après et je suis revenu.»
Je ne sais pas si ça aurait été différent dans une autre ville, si je m'en serais sorti ou non. Je sais juste que j'ai eu besoin de m'exiler, de partir d'ici, que c'était vital. Maintenant que je suis de retour je me dis que les choses devaient sans doute se passer comme ça et ce n'est pas plus mal.