Dancing with the devil -Marlon

-Alors Marlon, comment vas-tu depuis la dernière fois? Tu as encore raté notre rendez-vous la semaine dernière? Tu sais que si tu loupes encore un de nos rendez-vous, je serai forcée de le dire à ta mère?

À peine arrivé et assis qu'elle m'agaçait déjà avec son petit air sérieux et sa voix ennuyante à mourir. Je ne comprenais toujours pas pourquoi ma chère mère m'avait forcé à aller voir cette connasse de psychologue qui croit tout savoir sur moi, sur ce que je ressens, sur mon comportement alors qu'elle ne sait rien. Je la regardai avant de lui sourire très hypocritement.

-Oh mais je vais bien, très bien même. J'aurais aimé vous dire que vous m'avez manqué mais maman m'a toujours appris que mentir, bah c'est mal vous voyez?, dis-je avant de croiser les bras en gardant mon regard mesquin,Ouais, j'ai raté votre rendez-vous qui plus est ne me sert strictement à rien mais qu, à vous, vous fait gagner du blé... J'avais autre chose bien plus intéressant à faire...

-Comme draguer une fille, c'est cela?Me coupa-t-elle tout en gribouillant sur son carnet.

Elle était censée m'écouter mais elle ne faisait que de me couper ce qui m'agaçait terriblement. Je toussotai d'un air énervé et repris d'un ton neutre:
-Exactement, en plus, elle était grave sexy.. Non en vrai j'étais avec un ami..., expliquai-je un peu plongé dans mes pensées avant de reprendre le sujet de notre conversation sur nos rendez-vous, oh et vous pouvez prévenir ma mère, j'm'en fous un peu, elle m'a forcé à venir, elle assume les conséquences!

Je soupirai bruyamment. J'étais énervé contre ma mère ça c'était sûr et la psychologue venait de le remarquer.

- Es-tu en froid avec ta mère, Marlon?

Elle écrit toujours dans son carnet, chaque parole sortant de ma bouche se trouvait là-dedans et je détestais ça. Même si je détestais ma psychologue, j'avoue que sa question avait touché une corde très sensible au fond de moi et je devais lui raconter ce que je pensais pour me sentir mieux car même si je n'arrivais pas à la sentir, je n'avais personne d'autres à qui raconter mes gros secrets à part mon père, ma soeur et... Ma mère. Mais il y avait toujours des choses que je n'arrivais pas à leur dire. Je regardais la dame, je m'étais calmé. Je jouais nerveusement avec mes doigts avant de passer une main sur ma nuque.

- Ce... Ce n'est pas que je la déteste loin de là mais je n'arrive juste pas à avaler le fait qu'elle couche à droite à gauche alors qu'elle est mariée... MARIÉE... Je ne comprends pas  pourquoi elle trompe mon père. Est-ce qu'elle se rend compte combien ça blesse mon père? Est-ce qu'elle se rend compte que ça me blesse aussi de voir mon père triste, de l'écouter me parler du fait qu'il est peiné à cause de ma mère et que parfois je pleure, juste en écoutant mon père? J'en veux à ma mère... Je ne comprend pas... Je sais que je ne suis pas le meilleur modèle du monde... Je sais que je baise à droite à gauche, que je ne peux rester en couple plus d'un mois sans me sentir emprisonné... C'est ironique hein? J'en veux à ma mère pour ce qu'elle fait alors que je suis comme elle... J'aime la liberté

Je ris nerveusement et je me rendis compte que j'étais debout, une larme coulant le long de ma joue. Je m'assis de nouveau avant de regarder ailleurs, honteux d'avoir parlé, honteux qu'elle écrive sur son monstrueux carnet tout ce que je viens de dire. Mais le regard de la psychologue s'est changé en une forme de compassion, elle me tendit un mouchoir et j'essuyai ma larme avant de la regarder attendant sa réponse.

- Marlon, je peux comprendre que tu en veuilles à ta mère et ce n'est pas très ironique du sens que tu es jeune, que tu découvre les choses alors que ta mère est une adulte et c'est sûrement pour cela que tu lui en veux. Tu lui en veux parce qu'elle est adulte et mariée et qu'elle trompe ton père et que voir ton père mal te fait du mal ce qui est tout à fait normal. Je vais te faire une confidence... Quand j'étais un petit peu plus jeune que toi, j'ai découvert que mon père trompait ma mère et j'ai eu le même ressenti que toi. Il faudrait peut-être que tu en parles avec ta mère pour comprendre son point de vue? Pas tout de suite, seulement quand tu te sens prêt... Mais sinon, quoi de nouveau dans ta vie?

Je la regardais encore un instant avant de fixer le mur. Elle avait raison. Je devais en parler avec ma mère, c'était la meilleure solution. À sa question, je réfléchis un instant avant de sourire.

- Vous savez, je vous avais dit la dernière fois qu'un ami à moi était en quelque sorte sourd et que je l'apprécie beaucoup? Je vous avais dit aussi qu'il m'apprenait la langue des signes et je m'améliore! Je suis sûr que si au lycée il y avait des cours de langues des signes, j'aurais bien plus que la moyenne! Mais sinon rien de très intéressant... Est-ce que je peux vous parler de quelque chose s'il vous plait? Mais seulement si vous me promettez de ne rien dire à ma mère, ni à personne de ma famille ok? Je vous fais confiance!

Je la regardais sérieusement. Ce que j'allais lui dire était mon plus grand secret depuis maintenant deux ans. J'avais peur du regard de ma famille face à mon secret mais il fallait au moins que je le dise à quelqu'un pour avoir un léger point en moins. La psychologue me regarda avant de dire qu'elle ne dirait rien seulement si elle ne juge pas mon secret trop grave.

- Je... Cela fait deux ans que je suis bisexuel enfin que j'ai appris que je l'étais... Mais vous voyez... Mon père est très réticent sur ce sujet et lui et moi sommes proches vous voyez? Je ne veux pas le déshonorer... Qu'il me haïsse.... Pourtant je pourrai le dire à ma mère, elle est aussi bissexuelle, elle me comprendra mais je suis en froid avec elle vous voyez?

Mme Perkins inscrit tout ceci dans son petit carnet avant de me regarder et de sourire d'un sourire réconfortant.

- Tu n'as pas à avoir honte d'être bissexuel... Peut-être faudrait-il essayer d'en discuter avec tes parents indirectement et voir si tu peux leur avouer? elle regarda sa montre puis me regarda à nouveau bon il me semble que c'est l'heure, à la semaine prochaine Marlon

Je me levai avant de prendre mon sac de cours et lui adressai un "à la semaine prochaine" avant de sortir du cabinet et de m'enfuir sous le ciel gris de Londres. Je rentrai chez moi, adressai un bref salut à ma famille et m'enfermai dans ma chambre.