suis moi je te fuis, fuis moi je te suis « Salut les filles, je vous offre un verre ? » Oh non, encore un relou ! Roxanne répond un 'non merci' froid et direct en levant les yeux au ciel afin de montrer son agacement. Pourtant, il ne se laisse pas démonter. Il ne va pas jusqu'à les harceler, elle et sa sœur, mais il essaie quand même de tenter sa chance. Après plusieurs tentatives toutes vouées à l'échec, il finit par abandonner. Tant pis ! Pourtant, le hasard les fait se rencontrer de nouveau à la sortie du concert auxquels ils assistaient. Il fait froid, tous les taxis sont pris et Roxanne n'arrive pas à joindre ses parents pour pouvoir les ramener.
« Je peux peut être vous aider ? » propose-t-il malgré tout. Parce que oui, même s'il s'est fait rejeté comme un sac de chaussettes sales, il est quand même assez généreux quand il voit des personnes dans la mouise totale. Roxanne lève les yeux vers lui, elle le reconnaît et hésite sur le moment. Risquerait-elle de se faire ramener avec sa sœur par un parfait inconnu ? Malheureusement, elles n'ont pas le choix. Et même s'il a été un peu lourdeau, il ne semble pas bien méchant, alors, elle finit par accepter, c'est la meilleure solution. Bavard comme il est, il parle beaucoup durant le trajet. Roxanne fait un effort pour lui répondre, se sentant redevable. Elle avait raison, il est plutôt sympathique, mais elle reste quand même encore effrayée. La gente masculine lui fait très peur depuis son agression et elle se méfie de tout le monde mais bizarrement, moins d'une personne qu'elle ne connaît absolument pas que le contraire. Sans doute parce qu'elle s'est fait agressée par quelqu'un de son entourage, justement, comme c'est le cas dans la majorité des cas.
« Déposez nous juste là s'il vous plaît, on fera le reste à pieds. » le coupe-t-elle lorsque la fin arrive. Assez surpris par cette demande, il tente de la rassurer en lui disant qu'il ne compte pas passer devant chez elle comme un psychopathe. Bizarrement, ça la fait rire et c'est la première fois qu'il la voit sourire.
« Non, ça n'est pas ça, c'est juste une question de discrétion. » Ça n'a pas beaucoup de sens, mais il finit par accepter. Elles descendent toutes les deux et Roxanne sort même un peu d'argent pour le remercier.
« Non, non, pas de monnaie ! En revanche, si je peux avoir un prénom à la place... » L'expression de Roxanne devient grave et il comprend qu'il n'aura pas ce qu'il veut.
« Hum, c'est bon, je laisse tomber. Peut-être une autre fois ! » ***
Et quel n'est pas le hasard quand, dans la boutique de chocolat où elle a été employée à mi-temps, elle le voit entrer. Il la reconnaît aussitôt.
« Toujours pas décidée à me dire comment vous vous appelez ? » « Non et qu'est ce que ça peut vous faire de toutes façons ? Je pourrais bien m'appeler Josianne que ça serait la même chose pour vous. » « Vous vous appelez Josianne ? » « Bien sûr que non ! » « Tant pis, pour moi vous serez quand même Josianne. Je voudrais trois paquets de ces chocolats là s'il vous plaît. » Le lendemain, le voilà qui revient. Il lui demande son réel prénom qu'elle refuse une fois de plus de lui donner. Alors il achète d'autres chocolat. Le jour d'après, même cinéma et cela durant une semaine. Puis arrive le jour où elle ne le voit pas. A la fin de la journée, elle se demande si c'est bon signe, à force d'avoir sa visite. Rentrée chez elle, elle vient même jusqu'à s'inquiéter. Pourtant, elle devrait être contente puisqu'il ne l'a plus embêtée ! Pourtant.. il lui est difficile de l'admettre, mais elle aurait quand même bien aimé le voir. Le lendemain, il n'est toujours pas revenu. Elle vient jusqu'à s'en inquiéter. Peut-être a-t-il simplement lâché l'affaire, mais... elle n'en a pas envie ? Elle rougit à cette idée, c'est ridicule !
***
Heureusement, c'est deux semaines plus tard qu'elle tombe nez à nez sur lui en entrant dans un starbucks alors qu'il en sort.
« Oh, vous ! » lâche-t-elle presque rassurée, mais quand même étonnée. Il est tout aussi surpris qu'elle.
« Toujours pas de prénom alors ? » « Vous vous appelez Axel ? » « Comment vous savez ? » « C'est marqué sur votre gobelet. » Il baisse le regard et frissonne à l'idée de s'être fait démasqué de la sorte. Il aurait aimé échangé son prénom contre le siens ! Quoique, il n'avait pas pensé la revoir de toutes manières.
« Vous ne venez plus à la boutique ? » demande-t-elle.
« Bah, je me suis dit que je devais vous embêter alors j'ai arrêté. » « Oh. » -
Excusez nous de vous déranger en pleine conversation mais on aimerait bien rentrer vous voyez ! crie un futur client derrière Roxanne.
Ils finissent par s'écarter et s'asseoir tous les deux à une table à l'extérieur. Elle n'a pas de café mais tant pis, elle n'a plus envie d'aller en chercher.
« Vous voulez mon réel prénom alors ? » « Je ne sais pas. Je me suis fait une raison en me disant que c'est devenu un but dans ma vie de le savoir. Et si tout à coup le mythe s'effondre ? Je n'aurais plus rien sur quoi m'accrocher ! » Roxanne se met à avoir le fou rire.
« Vous racontez n'importe quoi ! On pourrait presque penser que vous continuez à me draguer ! »« Ça dépend... est ce que ça marche ? » Elle se tait soudainement. La réponse était 'oui' mais c'était trop embarrassant de le dire. Elle finit par baisser les yeux, ses joues s'empourprant.
« Je n'aurais jamais cru dire ça un jour mais... j'aurais bien aimé vous revoir au magasin. » « Vous ne répondez pas à la question. » « Je m'appelle Roxanne. » Il s'immobilise aussitôt, les yeux grands ouverts.
« C'est vrai ? » « Aussi vrai que le soleil se lève chaque jour ! » « C'est un joli prénom. » « Merci ! » Malheureusement, le devoir les attends tous les deux. Roxanne lui donne d'elle-même son numéro de téléphone afin de pouvoir garder contact. Un gros effort, puisqu'un mois avant, elle n'aurait jamais fait ça. Elle se sent même contente de l'avoir fait, c'est comme une libération ! Alors qu'elle reprend le chemin, son téléphone vibre.
« Tu fais quoi ce soir ? » lit-elle en ouvrant le message.