ana ▬ nuits fauve

❝ Stan, tais-toi ! J'vais te tuer si tu fais ça! ❞ Ton frère, avec la complicité de ta soeur bien sûr, avaient décidés de te mener la vie dure aujourd'hui. Après avoir réduis en lambeau ton t-shirt préféré, il s'apprêtait à lire tes messages. Et ça, bizarrement, ça te faisait beaucoup moins rire que lorsque tu l'avais espionné la semaine passé, avec sa nouvelle copine. Oui, vous étiez un peu bizarre chez les Halborn. Il n'y avait surement aucun des trois enfants pour rattraper l'autre. Vous étiez des spécialistes pour vous rendre la vie impossible. ❝ C'était vraiment bien cet aprem, promis la prochaine fois, j'aurais plus de temps pour toi.. ❞ Ces deux idiots pouffaient de rire à chaque mots, comme si ils avaient trois ans et demi. Tu te demandais des fois si vous étiez de la même famille, tellement leur bêtises allaient loin. ❝ T'étais belle dans ta petite jupe grise moulante aujourd'hui! Pense à la mettre plus souvent, ça t'fais un cul de dingue "clin d'oeil" ! ❞ Stan et Lizzie s'esclaffaient et toi tu les regardait faire sans rien dire. Finalement, t'en avais rien à faire de ce qu'ils pouvaient penser. Tu savais que la revanche serait délicieusement savoureuse.. ❝ Et sinon, c'est un bon coup ce.. Jackson? parce que ça à l'air d'être passionnant entre vous! ❞ ❝ Ferme la la frustrée du string! C'est pas parce que t'es encore vierge que tu dois te régaler de ma vie sexuelle! ❞ Lizzie s'apprêtait à se jeter sur toi mais Stan l'attrapait au vol, comme très souvent quand ça chauffait un peu trop entre vous deux. Elizabeth, Lizzie, c'était la plus jeune de vous trois. Celle au tempérament de feu, un peu trop volcanique quand il ne le faut pas, celle qui est désinvolte et je m'en foutiste. Celle qui désobéit, celle qui pense tout savoir alors qu'elle n'a encore rien vécue. Elle affichait toujours cet aspect sûr d'elle, alors que tu sais pertinemment qu'elle n'a absolument aucune confiance en elle. Stanislas, Stan, c'est un dragueur, celui qui choppe tout ce qui bouge. Celui qui a une confiance en lui excessive, et qui peut l'avoir car il réussit tout ce qu'il entreprend. Il mène une scolarité sans faute, fais des sports à au niveau, drague et sort avec les plus belles filles de Newcastle... Et toi, finalement tu réunis une tout autre personnalité que ces deux là. Tu es calme, tu n'en fais pas trop, tu sais t'affirmer quand il le faut, tu travailles assez, tu restes raisonnable tout le temps. Ta seule faille, c'est la nourriture. Tu sais pas pourquoi. T'as jamais su. T'as toujours eu c'problème d'anorexie/boulimie. Tout le monde le sait dans la famille. Mais personne n'en parle. C'est un sujet taboue, parce que ça effraie tout le monde. Ca fait peur de t'voir faire des crises plus ou moins violentes. Et la seule personne qui t'aide c'est Stan. Bizarrement, c'est le premier à t'faire chier mais le premier à t'aider, te protéger. C'est comme si c'était lui l'ainé de vous trois, très souvent. Le silence c'était installé subitement à l'entrée de votre père dans la pièce principale de la maison. ❝ Salut les jeunes! Bon, ce soir c'est pizzas, votre mère rentre tard du travail et je n'ai pas envie de cuisiner vous vous en douter! Qu'est ce que vous avez fait de votre première journée de vacances?  ❞ Il s'installait à côté de toi, prêt à vous écoutez parler de votre journée, un par un. Pourtant, il était fatigué de s'être levé tôt, d'être parti travailler, pour faire vivre cette famille si durement, comme il l'avait toujours si bien fait. Tu éprouvais un respect profond pour tes deux parents, et Stan et Lizzie, tu en était sure, partageait aussi ton point de vue à ce propos.


❝ Londres.. Putain Addi.. Londres quoi!  ❞ Tu t'affales sur le canapé qui occupait la grande pièce de votre appartement. Tu étais un peu beaucoup enivrée d'alcool ce soir. Tu devais sentir le rhum à des kilomètres à la ronde et tu n'en avais que faire. Londres t'avais ouvert ses bras. La capitale accueillait deux fraiches jeunes et belles filles. Dix huit ans de vie, et déjà la liberté. Loin de tes parents, de ton frère et de ta soeur, tu te retrouvais a vivre loin de ton Newcastle habituel, avec et pour seule -et merveilleuse- compagnie, ta meilleure amie d'enfance, Addison Miller. Elle et toi, c'était une longue histoire d'amitié. A Newcastle, elle était ta voisine et maintenant, vous vous retrouviez dans une ville inconnue, dans votre appartement, non plus voisine, mais colocataire. ❝ J'suis complètement mais alors complètement bourrée et p'tain, j'aime déjà cette ville! ❞ Londres, c'était loin d'être comme Newcastle. Pas de nanas maquillées comme des voitures volées et habillées comme si elles allaient à la plage. Addison et toi, vous avez toujours été là l'une pour l'autre. Elles se l'étaient promis; qu'elles allaient s'aider, se soutenir, s'aimer, s'amuser. Deux âmes soeurs, inséparable. Comme les doigts de la main. Et pas un jour passait sans qu'elles ne se voient ou ne se parlent depuis qu'elles se sont rencontrés. Elles se sont supportés dans leurs pires moments comme dans les meilleurs. Les problèmes d'alimentation d'Ana. Les problèmes d'addiction d'Addi. ❝ Byyye Newcastle! A nous la vie londonienne! ❞ Addison criait, dansait, sautillait dans ce qui était votre nouveau chez vous. La fête était finie mais pourtant elle commençait à peine.


❝ Ania.. je.. je suis désolé. Je voulais pas faire ça, vraiment. C'est.. j'sais pas, c'est l'alcool et les nerfs. Je suis désolé, pardonne moi.. ❞ Quelques secondes plus tôt, sa main s'était déposée violemment sur ta joue. Ce n'était malheureusement pas la première fois qu'un acte de violence se produisait entre toi et celui que tu avais épousé quelques années en arrière. Tu avais reculé pour t'éloigner de lui. ❝ Aiden.. c'est plus possible. Je veux plus que ça se reproduise. J'arrive plus à vivre dans la crainte que tu rentres à nouveau alcoolisé et que tu agisses comme ça! ❞ Tu savais qu'en prononçant ces mots, tu pouvais attiser la fureur de ce dernier. Ca te faisait flipper, mais tu savais que tu ne pouvais plus vivre de cette manière. C'était devenu insupportable. Tu n'étais pas un punching ball, tu pouvais vivre librement, sans lui, et sans crainte de devoir camoufler des bleus le lendemain. ❝ T'as rencontré quelqu'un d'autre? Me dit pas qu'tu me trompes Ania, je l'encaisserais pas! J'suis pas violent, tu l'sais. C'est juste.. que j'sais pas me contrôler. Je peux arrêter de boire, demain j'arrête, j'te le promet! Pardonne moi.. Me quitte pas! ❞ Tu le regardais dans les yeux, et tu voyais les larmes qui s'accumulaient dans son regard. Tu le savais fragile et tellement amoureux que ça risquait de le détruire. Mais à ce stade, c'était lui ou toi. Et tu voulais pas te mener à ta propre perte. ❝ Pourtant, j'y arrive plus. Prendre sur moi par peur que tu ne détruises encore des milions d'objets ou de meubles. Que tu lèves une fois de plus la main sur moi. J'suis pas là pour ça Aiden.. J'veux plus de tout ça! J'voulais que tout ce passe bien. Qu'on s'marie, qu'on ait des enfants, et qu'on soient heureux pour le reste de nos jours. Mais c'est pas ce qu'il se passe. ❞ Son souffle se coupait. Il était prêt à tout casser, à nouveau, mais il se contenait, parce qu'il savait que ça pouvait être décisive. ❝ J'veux divorcer, Aiden. ❞ Son poing partait alors en plus dans le mur. Tu fermais les yeux pour ne pas voir ça. Un bruit sour se faisait entendre et puis plus rien pendant un micro laps de temps. Tu rouvrais tes yeux avec la crainte de le voir souffrir. Il n'allait pas bien, et ça s'empirait de jour en jour. Sans un mot, ni de ta part, ni de la sienne, tu te dirigeais vers lui. Il se blottissais dans tes bras et laissais ses larmes couler. Il laissait tomber son masque d'homme fort pour laisser parler son coeur. ❝ J'suis rien sans toi Ania. T'es la seule qui me fait vivre. La seule que j'veux, que j'aime. T'es mon pilier, si tu pars, j'suis perdu. ❞ Tes paroles t'allais droit au coeur, bien évidemment. Mais tu savais que tout ça ne durerait qu'un temps, tant qu'il n'aurait pas résolu ses problèmes. Tu l'aimais. Mais tu t'aimais plus pour savoir qu'il n'était que néfaste pour toi. Tu ne répliquais pas à ses mots. Tu prenais sa main, ou le sang s'était mit à couler. Tu te relevais et tu l'emmenais vers la salle de bain. A nouveau, tu prenais soin de lui. Autant que tu avais pu le faire pendant vos belles années de mariage. Car tout n'avait pas été tout noir auparavant.